Et c'est un ... nouveau one-shot que je vous propose aujourd'hui ! Je tiens à remercier mon amie Fely' (si tu passes par ici un jour) car nos rpg m'ont grandement inspirés pour ce petit texte. En attendant, bonne lecture à vous !

Contrat et pressions

Un vinyle enchanté jouait du Franz Liszt tandis qu'une jeune fille passait et repassait une brosse dans sa chevelure dorée. Le geste était devenu automatique et tout en organisant ses longues mèches la demoiselle songeait au programme de sa journée.

- Tu devrais te dépêcher de venir Cissa, Ils arrivent ! La prévint Andromeda à travers la porte.

Le nécessaire de coiffure fut aussitôt rangé, et la jolie blonde vérifia sa tenue d'un regard sévère. Satisfaite, elle sortit de sa chambre pour descendre les escaliers d'un pas mesuré, comme on le lui avait appris.

Dans le hall du Manoir Black, se trouvait la famille Malfoy. Le patriarche Abraxas tenait fermement l'épaule de son héritier d'une main, et son autre bras était tenu par son épouse. Celle-ci se tenait en retrait, yeux baissés humblement. Lucius avait l'habitude de cette attitude de la part de sa mère, toujours à approuver le moindre mot de son mari. Cette soumission lui faisait froid dans le dos à vrai dire, lui rappelant que sa génitrice n'avait jamais tenté de prendre sa défense ou d'empêcher son père de le corriger sévèrement.

- Voilà Narcissa. Venez donc saluer, ma chérie.

- Oui Mère.

En son fort intérieur, la jeune femme grimaça. Entre les trois filles Black, elle était la seule à être appelée « ma chérie » et ne pouvait s'empêcher de détester cette appellation qui lui rappelait que son rôle était d'être la parfaite poupée destinée à un grand mariage pour lier les maisons Black et Malfoy.

- Lord et Lady Malfoy, c'est un plaisir de vous revoir. J'ose espérer que vous vous portez bien. Souffla-t-elle en effectuant une légère révérence devant le couple.

- Le plaisir est réciproque, chère enfant. Répondit doucereusement le chef de famille tout en poussant son fils en avant pour qu'il salue sa promise. Le jeune homme évita le regard de sa collègue Slytherin et se saisit en silence de sa main pour la baiser.

Narcissa rougit légèrement sous le baisemain et leva son ravissant regard jusqu'à celui de Lucius. Le jeune homme ne put l'éviter cette fois-ci et se plongea dans leur contemplation quelques instants avant de se reprendre et de reculer pour se retrouver de nouveau aux côtés de son père.

- Vous êtes toujours aussi ravissante, Narcissa. Susurra Abraxas Malfoy tout en effleurant de son pouce la joue encore rosie de sa belle-fille en devenir.

- Nul doute que leurs enfants seront beaux et vifs. Ajouta de son côté Cygnus, augmentant plus encore si c'était possible la gêne de sa fille. Leurs parents pouvaient-ils éviter de parler de choses aussi privées comme si la procréation et tout ce qui allait avec étaient des sujets publics ?

Lucius détestait chaque instant de sa vie actuellement.

Non pas qu'il haïsse les Black en soit, mais cette manœuvre de mariage arrangé auprès d'une de leur fille ne lui convenait guère. C'était un bon parti, il le reconnaissait bien volontiers. Narcissa était la plus ravissante des trois sœurs, et d'après ce qu'il avait pu observer durant sa scolarité à Hogwarts elle était également une sorcière douée. Le nom des Black associé à celui des Malfoy ne pourrait qu'ouvrir de nouvelles portes à sa famille déjà immensément riche et respectée. En soit, cette union était prometteuse.

Le problème résidait autre part, au sein même de la famille Malfoy. Ayant grandi sous la garde d'Abraxas, le jeune homme savait pertinemment que son père était un homme dur voire même cruel. Il ne comptait plus les doloris qu'il avait déjà subi lorsque son attitude était jugée inopportune. Dans ces conditions, Lucius ne pouvait s'empêcher de craindre les mesures que prendrait le patriarche pour mettre la future Lady au pas et s'assurer qu'elle saurait être fidèle et discrète comme il sied aux épouses Malfoy.

Durant sa dernière année scolaire à Hogwarts, Lucius s'était penché plus sûrement sur le cas de Narcissa et l'avait espionné sans vergogne. Si la demoiselle avait remarqué son manège, elle n'en avait rien dit car il n'avait subi aucune conséquence. Tout en faisant preuve de beaucoup de prudence, l'héritier Malfoy avait collecté de nombreuses informations. Cette démarche quelque peu étrange lui avait permis d'en apprendre plus sur sa fiancée, et ce qu'il avait découvert l'avait rassuré. Loin de faire des esclandres, la jeune femme agissait toujours en parfaite Slytherin et faisait régner sa loi sans attirer l'attention. Elle semblait parfaite pour remplir le rôle que l'on avait choisi pour elle... Mais saurait-elle résister au grand Abraxas et à sa cruelle baguette ?

Les adultes passèrent ensemble dans un petit salon pour discuter des derniers détails du contrat définitif de fiançailles. Pour être totalement honnête, seul les hommes parlaient et se trouvaient soutenus chacun de leur côté par leur épouse respective. De leur côté, les deux jeunes furent envoyés dans une salle annexe sous la surveillance d'un elfe chaperon.

Assis confortablement sur un fauteuil en face de Narcissa, l'héritier Malfoy ne se priva pas pour la dévisager. Maintenant que son père n'était plus là pour noter chacun de ses faits et gestes, le jeune homme était bien plus détendu. Son regard s'attarda sur les longues boucles blondes qui ruisselaient sur les fines épaules, avant de s'attacher aux lèvres pleines de la demoiselle. Hm. Sous ses airs froids - garantis pur Black - Narcissa était pleine de vie et de promesses. Le cœur de l'héritier Malfoy loupa un bond lorsque une image de la demoiselle bien moins vêtue se fraya un chemin dans son esprit. Par Merlin et les quatre fondateurs, ce n'était pas une pensée décente !

Après une année complète à observer les faits et gestes de la superbe femme en devenir, Lucius ne pouvait nier sciemment qu'elle avait un charme certain. Il savait d'elle qu'elle aimait particulièrement lire près d'une fenêtre - toujours la même - à la bibliothèque, et qu'elle remettait une mèche de cheveux derrière son oreille gauche lorsqu'elle était concentrée sur un passage particulièrement intéressant. Alors que ses yeux s'égaraient sur la peau satinée, une autre chose vint à l'esprit du blond. Malgré sa riche naissance, la jeune femme avait compris qu'elle avait besoin de peu pour être rayonnante et ne portait quasiment jamais de bijoux. Lucius approuvait d'ailleurs totalement ce choix, trouvant que sa gorge nue était ravissante.

Lucius dût se rendre à l'évidence. Sa promise avait bel et bien moins d'expérience que lui dans l'art de la séduction et pourtant elle était loin de le laisser indifférent.

Le silence qui s'était installé ne dérangeait pas Narcissa, elle appréciait ce moment de presque intimité avec son futur compagnon de vie. La seule chose légèrement perturbante était son regard gris sur elle, semblant presque la déshabiller mentalement. Intimidée, la jeune blonde se redressa pour aller ouvrir un meuble en bois sombre.

- Que diriez-vous d'écouter un peu de musique, Lucius ?

- Je vous en prie, faites. Répliqua laconiquement celui-ci.

Tout en grâce, Narcissa sortit alors un vinyle et alla le déposer sur le lecteur. La mélodie s'installa paisiblement, prenant de l'ampleur. Reconnaissant une valse, Lucius osa se redresser et alla inviter sa promise. Celle-ci se fit une joie d'accepter sa main, sachant que de toutes façons l'elfe présent empêcherait le jeune homme de profiter de la situation. Se découvrant sans le savoir, ils prirent position pour une valse courte mais non moins charmante pour eux deux, bien qu'ils le taisent par pudeur.

Une seconde mélodie débuta alors que tous deux se séparaient. La jeune femme rejoignit son siège sans même qu'elle s'en aperçoive tant la musique la transportait. Lucius était pour ainsi dire dans le même état, et attendit que la dernière note laisse place au silence pour prendre la parole.

- Fantaisie Impromptu de Chopin... Un de mes morceaux favoris.

Se pourrait-il qu'elle l'ait fait exprès ? Un sourire ironique alla se percher sur les lèvres de Narcissa avant qu'elle ne le regarde avec un franc amusement.

- Vous pensiez réellement être le seul à savoir espionner ?

Lucius tenta de retenir le demi-sourire qui lui venait naturellement, mais ne put y parvenir lorsqu'un éclat de rire cristallin s'échappa de la bouche de sa future femme.

- Ne soyez pas naïf Lucius, je n'ai parlé de vos petites occupations à personne car j'en ai fais de même de mon côté. Sachez que je connais le rôle que doivent tenir les femmes dans notre milieu et que je m'y tiendrai. Malgré cela ne comptez pas sur moi pour jouer le rôle de la potiche en privé. Je suis largement aussi capable que vous d'utiliser ma tête... ou ma baguette.

Cette phrase sonnait vaguement comme une menace. Ou était-ce une promesse ? Lucius n'eut pas le temps d'en apprendre plus car la porte s'ouvrit et le jeune couple fut invité à rejoindre les adultes pour la signature du contrat.

J'espère que vous aurez apprécié cette petite immersion au sein de la tête de ces deux jeunes personnes. De mon côté j'adore imaginer ce genre de situations, compliquées et où on peine parfois à trouver de l'espoir.

La valse à laquelle je fais référence à la fin est la valse Op.69 No.2, de Chopin.

Merci à #Katie qui a encore une fois relu et m'a donné son avis héhé.

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