Titre : Biscuits à la cannelle
Auteur : Myfanwy
Fandom : Harry Potter
Pairing: Harry/Draco
Genre : romance et fluff
Note : Me revoilà avec une jolie histoire de Noël. A la base, il s'agissait d'une fanfiction écrite pour un fanzine. Sauf que voilà, l'histoire s'est emballée et elle s'est avérée beaucoup trop grosse pour être publiée en version papier. Elle comporte six chapitres et un épilogue. Pour moi, il y a plusieurs choses qui représentent vraiment Noël et les petits biscuits à la cannelle en font définitivement partie.
Merci à Camille pour sa relecture et ses encouragements au quotidien pour l'écriture de cette histoire. Un grand merci à Elwan qui a assuré la bêta de ce chapitre un 25 décembre.
Je pense publier un chapitre par mois, le 25 de chaque mois. Bonne lecture!
Biscuits à la cannelle
Partie 1
Draco Malfoy se laissa tomber plus qu'il ne s'assit dans sa chaise et sa tête atterrit dans un bruit mat et fort peu élégant sur son bureau. Cette journée était sans fin. D'ailleurs pour être exact, il en était déjà à bien plus d'une journée ! Voilà maintenant trente-six heures que la garde du médicomage Malfoy avait commencé et elle ne semblait pas prête de se terminer. Il n'était plus censé être à l'hôpital depuis déjà douze heures. Nous étions le 24 décembre et il était déjà 20h.
Ce matin, après un longue et épuisante garde de vingt-quatre heures continues, il était en train de ranger sa blouse dans son placard lorsque l'infirmière en chef fit son entrée.
-Par la barbe de Merlin, infirmière Chapel, c'est le vestiaire des hommes ! s'écria Draco d'un air las.
Las et surtout résigné car il savait très bien, que peu importe ses cris et ses vociférations, elle attendrait, plantée là, qu'il ait terminé de s'égosiller pour "ensuite" dire ce qu'elle avait à dire. C'était un sacré petit bout de femme. Blonde, la trentaine, jolie. Très jolie. Si les femmes avaient été son truc, il se serait surement empressé de la courtiser, comme à peu près tous les hommes de cet hôpital. A ceci près que lui préférait les mecs comme il avait pu s'en rendre compte à Poudlard, alors les jolies blondes, très peu pour lui. La belle blonde, elle, en tout cas, l'avait trouvé à son goût et le lui avait fait comprendre assez rapidement. Il avait dû repousser ses avances une énième fois et menacer de la changer de service pour qu'elle cesse enfin de le harceler. Enfin, pour être plus exact, il l'avait menacé, elle avait continué et il avait fini par éclater et cracher le morceau. Dès lors, son attitude avait totalement changé. Elle veillait maintenant sur lui comme une mère poule et essayait de lui arranger des rencards régulièrement car elle trouvait que c'était du gâchis que "une bombe sexuelle telle que lui reste célibataire" .
Il secoua la tête et lui fit signe qu'il écoutait.
-Docteur, il y a eu un accident. Une voiture ensorcelée a perdu le contrôle et a foncé dans la foule, percutant une chorale d'enfants. Ils arrivent par portoloin. Ah et Nichols est malade, il n'est pas sûr de pouvoir venir, acheva-t-elle en passant la porte.
Draco soupira. Comme par hasard, son collègue qui devait être de garde en ce 24 décembre était malade... Idiot pour un médicomage. Il se tapa la tête plusieurs fois contre la porte de son casier avant d'en rouvrir la porte, de repasser sa blouse et de remettre son stéthoscope autour de son cou.
"C'est reparti"
La journée fut répartie entre réparer des os, recoudre des plaies, effectuer des examens cliniques à l'aide de sortilèges plus ou moins complexes mais tous aussi épuisants les uns que les autres. Il avait aussi eu en charge de rassurer et d'expliquer à une nuée de parents hystériques l'état de leurs progénitures. D'ordinaire, il évitait autant que faire se peut d'être au contact des familles. Il était un bon médicomage. L'un des meilleurs même si l'on écoutait l'infirmière Chapel, mais son nom continuait régulièrement à faire tiquer dans les chaumières et il préférait donc s'abstenir quand il le pouvait. Cependant, en cette veille de Noël, l'hôpital tournait en effectifs réduits et aucun membre du personnel n'était disponible. Il avait été bref, concis, mais aussi rassurant qu'il le pouvait. A 19h30, la plupart des enfants étaient rentrés chez eux auprès de leurs proches, prêts à réveillonner. Il n'en avait gardé que trois en observation, les cas les plus critiques qu'il avait dûs opérer. Nous n'étions pas à Sainte-Mangouste ici, avec ses dizaines de médicomages et de soigneurs au mètre carré. Non, ils étaient trois médicomages et faisaient de la médecine sorcière, parfois même moldue, de la chirurgie et, pour sa plus grande horreur, de l'administratif.
Draco était donc dans son bureau après une garde de plus de trente-six heures, goûtant à quelques minutes de calme et de repos bien mérité. Son collègue censé le remplacer n'avait toujours pas pointé le bout de son nez et il s'était maintenant fait une raison : il allait passer son réveillon de Noël ici. Heureusement, nous étions loin de la folie de Londres. Les catastrophes et urgences telle que celle de cet après-midi étaient rares. Il espérait pouvoir passer une soirée dans le calme et pourquoi pas, récupérer quelques heures de sommeil. Il avait déjà prévenu sa mère qu'il ne pourrait être présent pour le réveillon, et qu'il ne pouvait rien promettre pour le repas de Noël du lendemain. Elle ne lui avait pas répondu et il savait qu'elle devait être fortement contrariée. Même durant ses études qui s'étaient avérées longues et fastidieuses, il n'avait jamais raté le réveillon ni le repas de Noël, malgré la tonne colossale de travail qu'il avait dû abattre et la distance géographique non négligeable.
Naïvement, après avoir enfin obtenus ses ASPICS, il s'était inscrit à la faculté sorcière anglaise de médicomagie. Quelle ne fut pas son erreur. Si son inscription fut acceptée plus facilement qu'il ne l'avait espéré, les cours, eux, furent un véritable enfer. Il s'était attendu à la méfiance et à la haine de ses camarades. Il s'y était préparé et restait digne en toute situation, arrivant le plus souvent à ignorer les piques et les insultes. Le problème était venu de ses professeurs. Il était un bon élève. Un excellent, même. Cependant, il n'obtenait jamais aucune note au-dessus de la moyenne. Il mit plusieurs semaines avant de décider que quelque chose n'allait pas. Ses réponses étaient exactes, il en était certain. Il avait travaillé, travaillé et retravaillé encore le dernier examen tant et si bien qu'il pouvait même citer la préface et le quatrième de couverture de chacun de ses livres. Quelque chose clochait. Il essaya de parler à quelques-uns de ses professeurs, sans succès. Ils prétendaient tous être trop occupés ou en retard pour leur prochain cours alors même que Draco s'était assuré qu'ils n'avaient rien par la suite. Il arriva enfin à obtenir un entretien avec son professeur de biologie. Ce dernier lui demanda de repasser à la fin de la journée. Il allait enfin avoir des réponses. Malheureusement, ce fut tout sauf ce qu'il espérait. A peine la porte passée, l'homme le plaqua contre un mur et commença à le caresser à travers ses vêtements et à poser sa bouche répugnante contre son cou. Passé l'instant de stupeur, Draco le repoussa violemment avec une bonne droite, lui fendant la lèvre. L'homme recula en trébuchant.
-C'est pas ça que tu es venu chercher Malfoy ? Ta famille et toi vous étiez bien les chiennes de Tu-sais-qui? Faire la pute pour quelques points ne devrait pas te déranger ? lui dit l'homme en s'essuyant la lèvre et en posant sur lui un regard appréciateur.
-Ne refaites plus jamais ça, professeur sinon je.., commença Draco de sa voix traînante qu'il tentait de retrouver.
-Tu vas quoi, Malfoy ? Le raconter ? Comme si quelqu'un en avait quoi que ce soit à foutre! On a tous décidé de te clasher, alors je suis ton seul moyen de réussir, vois-tu. Allons, écarter les cuisses ne doit pas être bien compliqué pour toi ? Je parie que tes copains mangemorts ont dû bien profiter de ton petit cul. Après tout, tu aimes ça, te faire mettre, non ? lui débitait le professeur en s'approchant à nouveau.
Draco le regarda s'approcher et, contre toute attente, ouvrit la porte d'un coup et s'enfuit en courant. Il se sentait honteux et sali. Oui, sa famille avait fait des erreurs, oui lui AUSSI en avait fait, mais par Merlin il n'était qu'un gosse, un gosse terrifié.
Le soir même, il remballait toutes ses affaires et quittait l'académie. En rentrant de cet affreux entretien, il avait réfléchi pendant des heures. Il voulait être médicomage, et il le serait, n'en déplaise à cette bande de connards. Il rédigea donc plusieurs longues missives à différentes facultés sorcières dans le monde, joignant ses résultats aux ASPICS et les lettres de recommandations que certains de ses professeurs de Poudlard lui avaient faites, pensant l'aider lors des inscriptions à la faculté d'Angleterre. Il empaqueta ensuite ses affaires et transplana au manoir Malfoy. De là, il se rendit directement à la volière et envoya toutes ses lettres. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre et espérer.
Il avait passé pratiquement trois jours enfermé dans sa chambre à broyer du noir et à osciller entre crise de colère et crise de panique. Si aucune école ne voulait de lui, qu'allait-il devenir ? Reprendre les affaires de sa famille ? Il n'y entendait absolument rien... Trois long et terribles jours passèrent avant, qu'enfin, un matin, un hibou ne vienne frapper à sa fenêtre. Il le fit entrer et détacha fébrilement la lettre qui pendait à sa patte. Son cœur sembla s'arrêter un moment avant de repartir à une allure endiablée au fur et à mesure de sa lecture.
La faculté sorcière de Salem, aux Etats-Unis, acceptait sa demande et le priait de venir à l'académie dans les plus brefs délais. Il allait devoir passer un test d'entrée et aurait des cours de rattrapage pour le semestre en cours, mais il était pris. Son avenir était en marche, et il ne laisserait pas cette chance lui échapper.
C'est ainsi qu'il se retrouva cinq ans plus tard, plusieurs diplômes en poche à chercher un emploi. Il avait choisi de suivre un double cursus, médicomage et chirurgien, avec option médecine moldue. Cela lui avait ajouté une année d'étude supplémentaire mais lui permettait, s'il le souhaitait, de pratiquer dans le monde moldu comme n'importe lequel de leurs médecins ou chirurgiens. Ne sachant pas exactement ce que le monde magique lui réservait comme accueil, il avait choisi la prudence, encore échaudé par son expérience à la faculté sorcière d'Angleterre. Il se gardait donc cette option en réserve. C'est d'ailleurs grâce à cette spécialité qu'il avait obtenu son poste actuel. Il n'avait pas souhaité rester aux Etats-Unis, même s'il avait reçu plusieurs propositions d'emploi. L'Angleterre était sa maison et il désirait revenir près de sa mère, c'était la seule famille qui lui restait.
Sainte-Mangouste n'était pas une option pour lui. Il se mit donc à faire le tour des petits hôpitaux dans toute l'Angleterre. Il décrocha un entretien dans un hôpital un peu au nord de Southampton, non loin du manoir. C'était parfait. Un de leurs médecins partait à la retraite et ils peinaient à attirer de jeunes médicomages dans la région. Après trois longs entretiens ainsi qu'une journée d'immersion auprès de ses potentiels futurs collègues, Draco fut engagé. C'était il y a deux ans.
-Docteur, un patient ! hurla Christine Chapel en entrant dans la pièce.
-Non, pas encore..., dit Draco en relevant péniblement la tête.
Après avoir jeté un œil dans le couloir pour vérifier qu'il n'y avait personne, l'infirmière se rapprocha en quelques pas du bureau.
-Allez Draco, lève-toi. C'est un Auror, et il est canon ! dit-elle sur le ton de la confidence, adoptant la voix amicale qu'elle ne prenait que lorsqu'ils n'étaient pas en service à l'hôpital.
Elle tenait à restait professionnelle sur leur lieu de travail bien que la moitié du personnel était persuadée qu'ils couchaient ensemble.
-Christine... Canon ou pas, c'est un patient. Puis les Aurors, c'est pas trop mon truc, grimaça-t-il.
-T'aime pas les mecs en uniforme, mon chou?
-Je n'aime pas "cet" uniforme en particulier. Ils ont été un peu trop présents auprès de ma famille, si tu vois ce que je veux dire, dit-il en grimaçant, une fois encore.
Il avait subi des perquisitions d'Aurors au manoir une partie de son enfance et durant toute son adolescence donc les mecs en uniforme d'Auror, définitivement, ce n'était pas pour lui.
-Allez Docteur Malfoy, bouge ton joli petit cul, je l'ai installé en salle d'examen numéro 2 et il est quand même dans un sale état, dit-elle avant de sortir, laissant la porte ouverte en grand.
Draco soupira et s'étira en se levant. Il remit de l'ordre dans ses cheveux ainsi que dans sa tenue et sortit de son bureau en refermant la porte. Tout en se dirigeant vers son patient, il se laissa aller à imaginer la grande table dressée au manoir, avec bon nombre de plats délicieux et soupira. Si sa mère n'était pas trop en colère, elle aurait peut-être demandé aux elfes de lui garder une assiette sous un sort de conservation dans la cuisine. Peut-être même qu'il resterait quelques délicieux biscuits de Noël. Il avait une réelle addiction pour ces pâtisseries. Avec leur léger glaçage au sucre et ce bon goût de cannelle... Il pourrait en dévorer des tonnes. Son estomac décida de se manifester de façon fort peu élégante. Il n'arrivait même plus à savoir à quand remontait son dernier repas. Après ce patient, et avant la prochaine catastrophe, il se promit d'avaler un de ces immondes sandwiches de la cafétéria et de prendre une, voire deux, potions revigorantes ou il allait s'écrouler et se retrouver dans un lit à la place d'un de ses patients. Ceci dit, étant donné qu'il était le seul médecin présent, il allait toujours pouvoir attendre pour qu'on s'occupe de lui. Des voix venant de la salle d'examen le firent stopper. Il connaissait ces voix. Son teint devint encore plus pâle qu'il ne l'était déjà.
"Tout mais pas lui"
Il regarda à gauche puis à droite mais personne ne se trouvait nulle part. Presque tout le personnel était rentré chez lui pour fêter Noël en famille. Ils ne devaient pas être plus de quatre ou cinq membres du personnel à se retrouver bloqués ici. Ils se retrouveraient d'ailleurs sûrement un peu avant minuit pour boire un petit verre de lait de poule que Christine faisait chaque année ainsi que... Ses yeux brillèrent d'envie. Oh oui, il y aurait sûrement quelques-uns de ces succulents biscuits de Noël. Il retrouva sa motivation et inspira un grand coup, prêt à faire face à ce qui l'attendait dans cette salle et poussa la porte.
-Bonsoir, dit Draco d'une voix neutre en entrant.
-MALFOY ! s'écrièrent deux voix parfaitement à l'unisson. Draco grimaça sous l'attaque vocale. Il connaissait son nom, merci pour lui.
-Qu'est-ce que tu fous là ? lui demanda l'une des personnes présentes.
-Je travaille, Weasley, répondit Draco, le plus neutre possible en montrant sa blouse et son stéthoscope. Les deux autres le regardèrent ébahis en remarquant enfin sa blouse sur laquelle était inscrit "Docteur Draco Malfoy"
-Y a pas moyen que tu t'approches d'Harry, on veut voir un autre médecin !
-C'est dommage pour vous, parce que nous ne sommes pas à Sainte Mangouste ici et je suis le seul médecin, c'est à prendre ou à laisser, répondit vivement Draco, sentant l'agacement pointer le bout de son nez.
C'était plus fort que lui, la belette avait toujours eu le chic pour lui taper sur les nerfs. Son regard passa du rouquin énervé à celui qui serait peut-être son patient, à savoir Potter. Ce dernier, hormis son cri de surprise à son entrée n'avait plus rien dit. Il comprit rapidement pourquoi. Il était à moitié allongé sur la table d'examen et saignait abondamment. Il avait un immense morceau de bois ainsi que plusieurs gros éclats logés dans sa cuisse droite. Cela avait dû lui sectionner l'artère ou du moins bien l'endommager et il avait déjà dû perdre une grande quantité de sang car il était bien plus pâle que dans son souvenir. Son instinct de médecin reprenant le dessus, il écarta brusquement le rouquin de son passage et se précipita vers le brun.
-Qu'est ce qui s'est passé ? demanda-t-il en commençant à lancer plusieurs sort de diagnostics.
-Tu crois faire quoi là, Malfoy ?!
-Ron... Laisse-le..., commença Harry. On est tombé dans une embuscade. La cabane dans laquelle nous étions a explosé, j'ai pris des éclats, finit-il en grimaçant.
-Tu saignes comme ça depuis le début ? demanda Draco analysant rapidement les résultats envoyés par les sortilèges.
-Non. On a essayé de retirer les plus gros pour faire un pansement, c'est là que ça s'est mis à beaucoup saigner. Je n'arrivais pas à transplaner et on était trop loin de Londres, alors on a cherché un hôpital dans le coin.
Il était de plus en plus pâle. Draco lui avait lancé un sortilège d'urgence pour endiguer le saignement, mais ce n'était pas assez puissant. Merde, il allait devoir l'opérer.
-Infirmière Chapel, hurla-t-il.
Il entendit des pas précipités dans le couloir et se dirigea vers l'entrée de la pièce.
-Christine, je vais devoir opérer, prépare le bloc, demanda-t-il sans réaliser que dans la précipitation, il était resté sur leur tutoiement extra professionnel.
-Oui Docteur, je prépare la salle d'opération immédiatement, annonça-t-elle. Ca va aller ? demanda-t-elle plus bas.
-Il faudra bien, répondit-il avec un faible sourire qui ne la rassura pas.
-Bon, Potter. Tu as l'artère sectionnée en divers points. Tu es en train de te vider de ton sang et les éclats dans ta cuisse sont trop nombreux pour les retirer à l'aide d'un sort. Je vais devoir t'opérer, annonça Draco.
-Même pas en rêve Malfoy! Harry, je te ramène à Londres!
Draco ne s'occupa pas du rouquin. Il regarda Potter droit dans les yeux.
-Tu vas mourir si tu pars d'ici. Tu n'as peut-être pas confiance en moi et je m'en fous, mais tu es mon patient et il est hors de question que je perde un patient, ni maintenant ni demain, est-ce que c'est clair ?
-Très clair. Très bien. Opère-moi, déclara Harry, ses yeux toujours ancrés dans ceux de Draco.
-Que... Quoi ? bafouilla Ron.
-Ron, je n'ai pas franchement envie d'y passer ce soir, et il est médecin ! argumenta Harry comme il pouvait.
Draco s'éloigna un peu pour les laisser discuter mais garda tout de même une oreille sur la conversation.
-Ron ça suffit. J'ai confiance en lui, fin de la discussion!
-Très bien, très bien, capitula Ron en levant les mains en signe de paix. Mais si tu y passes, je traine moi-même cet enfoiré à Azkaban.
"Génial" , soupira Draco. Voilà que sa vie était, une fois encore, reliée à Potter. Ce maudit survivant allait-il un jour le laisser en paix ? "Tu t'ennuierais sans lui", lui murmura une petite voix énervante imitant à la perfection le timbre de voix dudit survivant. Il revint vers les deux Aurors.
-Ce n'est pas une opération compliquée, commença-t-il en faisant apparaître une projection simplifiée de la blessure au-dessus du patient. Cependant, je vais ralentir ton rythme cardiaque afin de diminuer l'afflux sanguin. Je vais cautériser avec un sort la plaie à l'artère, et ensuite, tour à tour je vais enlever les éclats et refermer chaque plaie. Dans une heure, tu es sorti du bloc. Par contre, n'espère pas rentrer chez toi avant au moins un jour, voire deux s'il y a des complications...
-Il ne va pas passer Noël ici quand même, s'offusqua le rouquin.
-Tu préfères qu'il le passe dans un cimetière? Parce que c'est ce qui va arriver si tu continues à me mettre hors de moi, WEASLEY, dit Draco d'un ton passablement énervé.
Ça y est, il avait fini par perdre son sang-froid. Après des années à tout encaisser sans rien dire, il avait suffi de vingt minutes avec ces deux-là pour que son mauvais caractère revienne au galop. Il devait absolument retrouver son calme.
-Excusez-moi, je vais voir si tout est prêt. Une infirmière va venir te chercher, Potter. Weasley, tu peux te rendre à l'accueil et pré-remplir certains papiers pour gagner du temps si tu veux bien, finit-il par dire plus doucement avant de sortir.
-Il a changé, dit Harry, l'air ailleurs.
-Harry..., commença Ron.
-Non Ron, il a changé. Laisse-le tranquille.
-Tu as toujours été beaucoup trop indulgent avec lui, dit Ron.
-Je sais.
L'infirmière revient dans la pièce et remonta les barrières du lit pour emmener Harry en salle de préparation.
-Ron, rentre chez toi, c'est Noël!
-Harry, je ne vais pas te laisser ici tout seul!
-Je ne suis pas tout seul, il y a Malfoy, après tout, dit Harry en riant.
-Ha ha, très drôle Harry.
-Je suis sérieux Ron. Je vais sûrement être dans le cirage un bon moment, rentre.
-Très bien, j'attends la fin de l'opération et je rentre, c'est promis. Je reviendrai demain.
-Embrasse Lavande et les jumelles pour moi.
Le rouquin salua son ami et laissa l'infirmière l'emmener en salle de préparation.
De son côté, Draco était parti se changer et avait revêtu une tenue de chirurgien similaire à celle que portaient les moldus. Même si ici des sorts empêchaient toute propagation de microbes ou virus, ces tenues étaient pratiques. Il n'avait pas eu le temps de prendre un sandwich mais avait avalé deux fioles de potions énergisantes et il était fin prêt à opérer, toute trace de fatigue disparue. Pour le moment.
Il entra dans le bloc et retrouva Christine qui avait recouvert le corps d'Harry jusqu'en haut du torse d'un drap, laissant seulement sa jambe droite découverte.
-Comment ça se passe Malfoy ? demanda Harry d'une voix peu assurée.
-Je vais t'endormir à l'aide d'un sort. Tu ne sentiras rien du tout. Reste calme, d'accord? Ca va bien se passer.
Le brun hocha simplement la tête. Draco lança le sortilège et Harry sentit ses paupières devenir lourdes, très lourdes.
-J'ai confiance en toi Draco, murmura-t-il avant de sombrer dans l'inconscience.
Draco le regarda quelque instant, troublé.
-Docteur, vous commencez ? demanda Christine, le sortant de sa torpeur.
-Oui, allons-y.
Comme annoncé, il passa une heure à suturer et à retirer les éclats de bois un par un. Certains ne faisaient que quelques centimètres à peine. Il commençait à sentir les effets des potions s'estomper, il était grand temps de finir. Il lança un dernier sort de détection qui se révéla négatif. Il pouvait refermer les dernières plaies extérieures et lancer la procédure de réveil. Potter était hors de danger. Il laissa le soin à Christine d'emmener le patient dans une salle de réveil tandis que lui se dirigeait vers la salle d'attente. Elle était vide à cette heure hormis un certain rouquin qui avait fini par arrêter de faire les cent pas et s'était écroulé sur un siège en plastique.
-Weasley, c'est bon, il est hors de danger.
-Je peux le voir?
-Il ne se réveillera pas tout de suite, prévint Draco.
-Oh... Je veux juste voir s'il va bien, ok ?, dit Ron en se passant une main dans les cheveux, épuisé.
Draco eut "presque" pitié de lui. Normalement, seul un conjoint ou un membre de la famille pouvait venir voir un patient en salle de réveil mais il était bien trop tard pour une dispute et en plus, il savait que Weasley était comme un membre de la famille pour Potter.
-Suis-moi, dit Draco, magnanime.
Le rouquin ne dit rien mais lui en fut reconnaissant, s'étant visiblement attendu à devoir batailler. Ils montèrent au premier étage et Draco le guida jusqu'à la dernière chambre du couloir.
-Je reviens dans cinq minutes, dit Draco en s'éloignant.
-Malfoy... Merci.
Draco hocha simplement la tête et reprit sa route tandis que le rouquin entrait dans la chambre. Harry semblait dormir et avait repris des couleurs. C'était bon signe.
-Bon vieux, je venais juste voir si la fouine ne t'avait pas achevé! Ça n'a pas l'air d'être le cas. Je vais rentrer comme je te l'ai promis. Ne fais pas trop de bêtises en mon absence hein, vieux frère!
Il attendit que Draco revienne et se leva lorsqu'il entendit de légers coups à la porte avant que le blond n'entre dans la pièce.
-Je vais y aller. Tiens, voilà mon adresse. Tu me contactes s'il se passe quoi que ce soit ?
-Rentre chez toi Weasley. Il sera réveillé demain.
Ron le regarda fixement, pas entièrement satisfait de sa réponse.
-Par la barbe de Merlin Weasley, OUI, je te contacte s'il y a quoi que ce soit! Maintenant rentre chez toi!
Ron partit en grommelant quelque chose que Draco ne comprit pas, pas que ça l'intéresse vraiment de toute façon. Il avait remis ses vêtements et avait revêtu sa blouse, à nouveau. Il lança un sort de diagnostic pour vérifier que l'état de Potter était stable. Tout était normal. D'ici une petite heure, le brun devrait commencer à se réveiller. Il décida de s'installer sur un fauteuil près du lit, en attendant le réveil de son patient. Il présuma un peu trop de ses forces car à peine ses fesses avaient-elles touché le siège qu'il sombra dans un sommeil profond.
Harry était dans un brouillard monstrueux. Il n'était pas vraiment endormi, mais pas vraiment réveillé non plus. Il sentait sa cuisse droite le tirailler affreusement. Ses pensées se remirent en ordre petit à petit. La mission, la cabane, l'explosion... Malfoy ! Il avait été à l'hôpital et Draco Malfoy l'avait soigné. Non, Draco Malfoy lui avait sauvé la vie! Il essaya d'ouvrir les yeux. Heureusement, la lumière de la pièce était tamisée et il n'eut pas à froncer les sourcils ni à lutter contre l'éblouissement. En matière de réveil des patients, Sainte-Mangouste et leur plafond blanc agressif auraient bien quelques petites choses à apprendre de ce petit hôpital de campagne. Un léger mouvement sur sa droite attira son attention.
Draco Malfoy s'était visiblement assoupi en attendant son réveil. Il ne sut pas réellement ce qui le troubla le plus. De voir qu'il avait attendu près de lui ou de le voir si vulnérable. Harry en profita pour le détailler. Il avait toujours un corps à se damner, des lèvres rouges, pulpeuses, une peau d'albâtre, des cheveux fins comme la soie... Il avait toujours trouvé Draco très beau, même si à l'école il ne l'aurait jamais avoué, pas même sous les doloris de Voldemort. Cependant c'était un fait, celui qui avait été son ennemi d'enfance était totalement son type. Malheureusement à l'époque, il suffisait que ce joli blond ouvre la bouche pour qu'il ait immédiatement envie de l'encastrer dans le mur le plus proche, et pas pour lui faire subir les derniers outrages mais bien pour lui casser la figure. Ça et le fait qu'à l'époque, il n'aimait pas du tout ce début d'attirance et avait préféré se mettre en couple avec Ginny Weasley afin de se rassurer. Leur couple avait tout de même tenu trois ans. Cependant, malgré sa beauté, sa fougue et sa douceur dans l'intimité, il ne pouvait rien y faire. Elle ne déclenchait en lui aucune envie, aucune passion, là où la simple pensée d'un Draco Malfoy chemise entrouverte et cheveux en bataille lui provoquait une érection interminable. Ginny était pourtant tout ce dont un homme pouvait rêver.
Il avait cependant dû se faire une raison et, la mort dans l'âme, avait mis fin à sa relation avec elle. Il s'était attendu à ce que la famille Weasley entière le rejette, mais, à sa grande surprise, ce ne fut pas le cas. Il avait été honnête et leur avoua sans détour préférer les hommes. Ginny lui en avait terriblement voulu. Elle l'aimait depuis qu'elle avait dix ans. Pour elle, il n'y avait toujours eu que lui et affirmait, même encore maintenant, après plusieurs années de séparation qu'ils étaient fait l'un pour l'autre. Les autres membres de la famille n'avaient pas pris parti et lui avaient assuré qu'il était toujours l'un des leurs. Ron et Lavande parlaient beaucoup avec Ginny afin de l'aider à passer à autre chose et Harry leur en était infiniment reconnaissant. Il s'était toutefois bien gardé de leur dire que celui qui avait alimenté bon nombre de ses rêves humides était Draco Malfoy.
Le blond en question remua un peu dans son sommeil et poussa un petit soupir de bien-être qui fit monter la température d'Harry de quelques degrés. Il n'était plus un adolescent guidé par ses hormones, mais avoir son fantasme sous les yeux émettant ce genre de bruit aurait le don d'échauffer les sens de n'importe qui. Comme son karma n'était de toute façon jamais de son côté, c'est ce moment que choisit Draco pour papillonner des yeux et se réveiller. Son regard se posa immédiatement sur un Harry Potter rouge de gêne. Draco se leva rapidement de son fauteuil et se mit à ausculter son patient, inquiet de cette soudaine rougeur qu'il jugea anormale.
-Potter? Comment tu te sens? Tu as du mal à respirer ?, demanda-t-il rapidement, lançant une flopée de sorts.
Il descendit le drap qui couvrait le torse d'Harry pour écouter son cœur à l'aide de son stéthoscope, qu'il jugeait toujours plus fiable que les sortilèges.
-Par Merlin, ton cœur bat beaucoup trop vite, on a du rater quelque chose, déclara Draco, la voix légèrement paniquée.
-Ecoute non, tout va très bien, ce n'est pas..., tenta de dire Harry.
Seulement, Draco relisait ce qu'il avait inscrit sur le dossier quant au détail de l'opération et ne l'écoutait pas. Il avait dû commettre une erreur. Il était tellement fatigué qu'il avait raté quelque chose. Harry lui attrapa le poignet pour attirer son attention mais sans succès. Le blond semblait au bord de la panique. Harry se força à prendre plusieurs grandes respirations afin de calmer son rythme cardiaque qui avait malheureusement redoublé de cadence lorsque Draco avait baissé son drap et s'était penché sur lui pour l'ausculter, posant une de ses mains sur son torse. Quand il se sentit prêt, enfin autant que possible, il tenta une fois de plus d'attirer l'attention du blond.
-Par la barbe de Merlin, Draco, assieds-toi et écoute-moi !, cria Harry.
L'emploi de son prénom eut le mérite de couper court à tous les scénarios que Draco était en train d'imaginer. Docilement, il se laissa entrainer par la poigne douce, mais ferme, qu'exerçait Harry sur son poignet et vint s'asseoir près de lui, sur le bord de son lit. Le brun se redressa tant bien que mal en position assise et tassa un oreiller derrière son dos.
-Calmé? C'est fou ça que ce soit au patient de rassurer le médecin, le taquina Harry pour détendre l'atmosphère.
-C'est pas toi que Weasley veut traîner à Azkaban si jamais tu y passes, rétorqua Draco du tac-au-tac.
Harry sourit. L'ambiance semblait s'être détendue et avec un peu de chance, il n'aurait pas à expliquer son état à son réveil.
C'était sans compter sur son ami le karma.
-Alors, pourquoi étais-tu dans un tel état si ce n'est rien de médical, Potter?
Harry se mit à nouveau à légèrement à rougir et son cœur reprit un rythme rapide au point qu'un sortilège de détection que Draco avait placé en prévention se déclencha.
-Ha tu vois, j'avais raison, il y a bien quelque chose, c'est...
-Oui, il y a quelque chose, le coupa Harry. Cependant ce n'est pas forcément le meilleur moment pour en parler.
-Je ne vois pas pourquoi, Potter! Jusqu'à nouvel ordre, il me semble que c'est moi ton médecin, non? Tu as bien dit que tu me faisais confiance, commença à s'agacer le blond.
Harry soupira. Jamais au grand jamais il ne s'était dit qu'un jour il se retrouverait dans cette situation où il allait devoir dire à Draco Malfoy qu'il lui plaisait beaucoup. Vraiment beaucoup. Cependant il n'était plus un enfant. Il avait fini par accepter cette attirance et se dit que cette chance ne se reproduirait peut-être jamais. On était la veille de Noël, après tout. S'il était bien un moment pour qu'un vœu se réalise, c'était bien celui-là. Qu'avait-il à perdre?
-Je connais le déclencheur... Il est juste devant moi, dit doucement Harry, décidant de se lancer.
Draco fronça les sourcils.
-Je ne comprends pas...
-Ecoute mon cœur, dit-il à Draco en posant le stéthoscope sur son torse.
Draco s'exécuta.
-Il bat vite, constata-t-il.
-Et tu as encore rien vu. Donne-moi ta main.
Il s'exécuta et tendit sa main à Harry, qui la prit et la posa à plat sur son torse. Draco sursauta quand il entendit le cœur de Harry faire une embardée et battre encore plus vite. Il entendit aussi nettement sa respiration s'accélérer. Le brun tenait toujours sa main et la guida sur son torse, jusque sur son flanc en une caresse sensuelle. Harry en aurait gémi de plaisir. Il lâcha alors la main de Draco mais ce dernier ne la retira pas, continuant distraitement à flatter les côtes du brun. Harry leva doucement sa main jusque sur la joue de Draco en une caresse aérienne et ne put s'empêcher de passer son pouce sur les lèvres rouges qui l'avaient tant obsédées. Il avait beau essayé de résister, il n'en pouvait plus. Il était en train de vivre l'instant le plus érotique de toute sa vie et priait pour que rien n'arrête ce moment. Draco semblait avoir cessé de respirer et sa main continuait son exquise caresse. C'était maintenant ou jamais. Doucement, Harry se pencha avec une lenteur insoutenable pour réduire l'espace entre eux. Ses paupières descendirent lentement et Draco ferma les yeux à son tour. Les lèvres de Harry se posèrent enfin sur celles tant désirées, en une légère caresse. Il se recula pour mieux revenir prendre cette bouche dont il rêvait tant quand Draco baissa soudainement la tête, échappant au baiser.
-Non, murmura le blond.
Harry rouvrit les yeux instantanément et s'éloigna. Le blond avait baissé la tête et fuyait son regard. Avait-il mal interprété? Une seconde avant, il était persuadé d'avoir lu de l'envie et du désir chez Draco et maintenant...
-Excuse-moi, je n'aurai pas dû, dit Harry plus froidement qu'il s'y attendait, en reprenant contenance.
Draco releva la tête et, pour la forme, leva les yeux au ciel.
-Imbécile, dit-il avec un petit sourire que Harry jugea définitivement craquant. Tu es mon patient, et je suis en service. C'est contre l'éthique.
-Oh..., fut tout ce que Harry fut capable de dire.
Il ne savait pas s'il devait se traiter lui aussi d'imbécile, insulter Draco ou complètement fondre devant l'air atrocement adorable du blond. Il était totalement foutu... Draco se leva et lissa sa blouse pour reprendre contenance.
- Je dois faire le tour de mes autres patients pour la nuit. Je repasserai te voir plus tard, repose-toi.
-Dis... Si tu n'étais pas en service ? demanda tout de même Harry avant que le blond ne passe la porte de sa chambre.
-Nous verrons à ce moment-là, répondit Draco sans se retourner et ne permettant pas à Harry de voir le sourire idiot qu'il essayait de refréner.
Une fois sorti de la chambre et la porte refermée, Draco s'effondra contre le mur et mit une main sur sa bouche pour chasser ce sourire stupide. Pourquoi souriait-il d'ailleurs? Ah oui, parce qu'il venait d'embrasser Potter. Harry Potter, par Merlin! Mais qu'est-ce qui lui avait pris? Non, c'était ce... ce... C'était lui, d'ailleurs, qui l'avait embrassé! Bon, "réfléchis Draco", se dit-il. Sur le moment, en avait-il eu envie? Oui... Oooh oui. Le brun l'avait attiré comme jamais. Déjà à Poudlard, en dernière année, quand il l'avait vu se changer dans les vestiaires de Quidditch qu'il pensait vides, il était resté figé, observant sans gêne le corps du Gryffondor. Le brun avait été pour beaucoup dans sa prise de conscience qu'il était gay. Et il aimait définitivement, les bruns. Bruns aux yeux verts. Par Merlin OUI, Potter était totalement son style, Auror ou pas. Il pouvait déjà entendre la voix moqueuse de Christine quand elle allait découvrir ça, parce, que aucun doute là-dessus, elle allait le savoir. Cette femme était vraiment effrayante parfois, elle savait TOUT! Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il était toujours de garde et il avait des patients dont il devait aller vérifier les constantes, joies d'un petit hôpital une veille de fête où il fallait tout faire soi-même. Il râla pour la forme mais jamais au grand jamais il n'échangerait sa place ici contre un soit disant poste prestigieux à Sainte-Mangouste.
Il arriva dans la salle de pause une fois sa tournée terminée. Il avait passé une demi-heure à rassurer un des enfants qu'il avait opéré dans l'après-midi. Le petit garçon tentait de pleurer en silence quand il était arrivé. Il avait passé un long moment avec lui jusqu'à ce que l'enfant se rendorme enfin, sous un sort sédatif léger. Il prit le verre de lait de poule que lui tendit Christine et put enfin atteindre le nirvana. Il avala goulûment son premier gâteau à la cannelle et en saisit immédiatement un deuxième qu'il dégusta plus lentement. Quand minuit sonna, les quatre présents échangèrent de franches accolades et Christine lui tendit un petit tas de biscuits dans une serviette.
-Tiens, tu devrais retourner le voir et lui en apporter, dit-elle avec un petit air malicieux.
E-FFRA-YANTE !
Draco ne s'interrogea pas plus sur ce qu'elle essayait de lui faire comprendre ni sur ce que potentiellement elle savait. Il avala le reste de son énième gâteau, prit les biscuits qu'elle lui avait emballés et sortit de la pièce en direction du premier étage. Arrivé devant la porte, il se demanda pendant une seconde ce qu'il faisait là, avant de se dire qu'il était le médecin et qu'il était tout à fait normal qu'il passe voir son patient. Il toqua très doucement à la porte, assez pour se faire entendre si la personne était éveillée mais pas assez pour la déranger si elle dormait.
"Oui", lui répondit une voix. Il entra et referma la porte derrière lui.
-Je venais voir comment tu allais, dit Draco en lançant quelques sorts de contrôles.
-Toujours en vie, désolé.
-Weasley en serait presque déçu de ne pas pouvoir me traîner à Azkaban.
-Il se fera une raison, lui dit Harry en souriant.
Draco savait qu'il n'avait plus rien à faire là mais se souvint des gâteaux dans sa poche. Il revint près du lit et hésita une seconde, son regard allant du fauteuil au rebord du lit où il s'était assis précédemment. Harry choisit pour lui en se décalant, lui refaisant une place sur le bord. Draco ne dit rien et s'assit le plus dignement qu'il put. Il sortit les gâteaux de sa poche.
-Christine a fait des gâteaux..., commença Draco, ne sachant trop quoi dire.
-C'est des gâteaux de Noël?
-Oui, à la cannelle.
Harry éclata de rire devant le ridicule de leur conversation et Draco ne tarda pas à le rejoindre. Harry avait toujours été un homme d'action et il le démontra une fois encore. Il attrapa Draco par sa blouse et l'attira à lui pour un baiser qui n'avait plus rien de chaste. Il prit ses lèvres de manière possessive et, après avoir passé sa langue plusieurs fois sur les lèvres du blond, il l'introduisit dans la bouche de Draco pour aller jouer avec la sienne. C'était bon, chaud, humide... Putain c'était le meilleur baiser qu'il avait échangé.
Draco, qui avait dû poser ses mains de part et d'autre du brun sous la brusquerie du mouvement, se laissa aller quelque instant à ce baiser à couper le souffle. On ne l'avait jamais embrassé comme ça, si profondément, si intimement. Le manque d'air sembla tout de même se rappeler à lui ainsi que sa conscience professionnelle. Il s'écarta d'un coup et se redressa sur le lit, dardant sur le brun un regard sévère.
-Je... Je t'ai dit que j'étais en service, Potter ! dit-il entre deux respirations haletantes.
Les lèvres rougies par leur baiser, les cheveux décoiffés, la respiration saccadée... C'était purement le Draco de son fantasme et Harry remercia la couverture de son lit qui cachait sûrement sa plus grosse érection depuis ces cinq dernières années.
-Potter! Tu m'écoutes au moins ?
-Harry, je m'appelle Harry! Et non, je ne t'écoute pas, tu as grillé mes derniers neurones si tu veux tout savoir..., dit Harry lui aussi encore haletant. Puis ce n'est pas ma faute...
-C'est la mienne peut-être ? s'indigna Draco.
-Bah... Je ne crois pas que tu te rendes compte de l'effet que tu me fais, avoua Harry sans en avoir eu l'intention.
-Potter ! s'écria Draco rouge d'embarras.
On n'avait pas idée de lui dire des choses pareilles après un tel baiser. Lui non plus, ses neurones n'étaient pas tout à fait remis...
-Oh, je ne parlais pas de "ça". Enfin si, aussi, tu m'excites c'est plus que certain, dit-il faisant encore plus rougir Draco. Non, je parlais de ma magie, et de ça..., finit-il en montrant quelque chose au-dessus d'eux.
Draco releva la tête et ne put s'empêcher de sourire. Au-dessus d'eux, étant apparu de nulle part, se tenait une branche de gui.
-Tu vois, pas de soucis pour ta conscience professionnelle, c'est juste la tradition, reprit Harry.
-Elle a bon dos la tradition avec toi Potter, dit Draco légèrement boudeur, pour la forme.
- Harry ! Puis la tradition, c'est la tradition, et j'aime vraiment le goût de ces biscuits à la cannelle...
-Tu n'en as même pas gouté.
-Oh, ce n'est pas vraiment les biscuits en eux-même que j'aime, mais j'adore décidément trop leur goût sur tes lèvres, dit-il tout en attirant une deuxième fois Draco à lui.
Afin d'être sûr que le blond ne lui échappe plus, il entoura sa taille de ses bras et l'incita à s'allonger sur le lit près de lui avant de reprendre ses lèvres avidement. Draco abandonna rapidement l'idée d'échapper au brun. Après tout c'était vrai, c'était la tradition. Il se laissa aller à un autre baiser. Peut-être aussi à un troisième et ensuite, il lancerait un sortilège sédatif afin que le brun se repose. Ou peut-être après un quatrième baiser... Puis ils avaient encore pleins de délicieux gâteaux, que lui devait manger et dont Potter "Harry!" apprécierait le goût à travers ses baisers.
Décidément, ces biscuits à la cannelle étaient vraiment, vraiment délicieux, se dit une fois de plus Draco avant de sombrer dans le sommeil, lové contre le corps d'Harry Potter.
A suivre.
Fin de la partie 1
Note : j'espère que cette première partie vous a plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire. C'est sans prétention, juste une petite histoire de Noël. Passez tous de belles fêtes et au 25 janvier pour la suite.
