A l'image de tes veines, tu te pers dans du coton, et tu déteste ça.

L'alcool, c'est pour oublier que tu as oublié ce que c'est la vie. Mais tu es Tony Stark. Tu sais très bien qu'un jour, tu laisseras ces liquides insipides pour un autre mille fois plus coloré, mille fois moins autodestructeur.

Parce que t'as beau savoir des milliers de choses, si tu devais en savoir qu'une, ce serait que tu veux vivre.

Vivre aussi vite que la vitesse du bouclier de Rogers en plein combat.

« Come on, it's exactly what you need »

Bon, c'est la première fois que je publie sur ce site, j'espère que je n'ai pas merdé quelque part...

Les choses d'usage et de base:

Je ne possède pas les personnages, je n'en tire aucun bénéfice, je ne connais pas particulièrement bien l'univers Marvel donc, oui, il y a des incohérences comme, Tony a son réacteur, à part nos protagonistes tout est vague (j'aime bien quand on ne sait pas tout surtout quand c'est pas utile), etc., je n'ai pas de béta pour corriger mes fautes, il y aura une dizaine de chapitre de tailles variables.

Le sujet de la fic peut paraitre choquant, en plus du Stony (mais ça, bon...).

C'est un récit à la deuxième personne, centré sur Tony.

Bonne lecture!


P1. When I'm gone

Tu te réveilles : ton bras, ton poignet te démangent.

C'est le matin.

Tu sais. Tu sais que l'envie est de retour.

Tu ne sais pas pourquoi elle est là, enfin, tu t'en doutes. Mais l'envie est là. Indéniable.

Tu luttes trois jour. C'est un record, il te semble.

C'est un record comme tu semblais sevré.

Tu sais qu'il ne faut plus rien attendre de cette envie là.

Ça fait trois jours que tu es dans ton atelier. Trois jours que tu travailles. Mais les idées ne sont plus vraiment là. Ça fait bien plus que ça mais tu n'y avait pas fais attention. Trois jours que tu bidouilles sans vraiment avancer. Ça ne sert à rien.

Tu connais la solution.

C'est arrivé à maturité. Tu en a besoin.

Il a fallu trois jour pour en être sur, sur que c'est bien ça. Ça te rassure. Maintenant que tu sais que tu y vas, tes mains, tu crois, cessent de trembler. Tu n'avais même pas remarqué.

Tu remontes manger avec les autres. Tu réapprends à respirer autour d'une pizza. Tu as le temps. Tu respires à pleins poumons, tu savoures les textures, les goûts, les odeurs, l'avant-goût des sens. Ils sont heureux de te voir. Toi aussi. Tu te sens bien. C'en est presque parfait. Tu revis presque. Mais au détour de la conversation, le besoin te rappelle. Alors tu te lèves et tu prétextes le manque de sommeil, peu importe que l'on soit l'après-midi. En vrai, tu es presque surexcité.

Tu t'enfermes à la salle de bain. Ta grande salle de bain. Oui, tu ne pousseras quand même pas le vice de le faire dans les douches des vestiaires. Tu fouilles avec empressement dans tes tiroirs ? Où l'as tu mis ? Tu laisses tout parterre. Tout ce qui n'est pas ce foutu rasoir.

Les volutes de buées chaudes réduisent drastiquement l'impression d'être exposé. Tu es serein. Tout nu sur le bord de ta baignoire. Ridicule certes, mais serein. Le grand Tony Stark dépouillé d'élégance. Tu rirais presque si tu n'étais pas aussi sérieux. Il n'y a aucune classe dans tes gestes. Aucune gloire à le faire, presque de l'amertume et du blasement. Tu prends le petit rasoir Bic dans ta main. Le manche dans tes doigts. Il n'y a rien de meilleur à cet instant là que de tenir ce rasoir jetable premier prix entre les doigts. Personne n'y croirait. Et justement, personne n'y croit.

Tu regardes les trois lames fixées au plastique. Tu as déjà tout essayer. Et tout était trop facile.

Le scalpel, trop propre : une fois que la coupure est faite, tu ne sens plus rien.

Une lame de rasoir seule, trop petite : elle t'échappe des doigts, elle glisse, tu peux pas appuyer dessus.

Le couteau, les ciseaux : ça coupe pas, à moins d'être boucher et de se charcuter véritablement avec tout le masochisme nécessaire. Ce n'est pas ton cas.

Le rasoir de pro : électrique, y'a pas vraiment de lame.

La lame de rasoir de western : c'est trop facile, trop propre.

Alors que ça, ce petit rasoir Bic tout merdique : il coupe, laisse des traces, des bouts de peau à moitié arraché, il faut repasser plusieurs fois, ça n'entaille pas vraiment, mais ça fait mal. Après surtout. Une fois que tu n'as plus la volonté de la piqûre sur la peau, ça brûle encore. C'est donc super. La meilleur chose que t'as trouvé pour l'instant.

Tu poses ce petit machin sur ta peau. Sur l'extrémité du radius, au niveau du poignet, tu appuis juste un peu, puis un peu plus, tu coulisses la lame sur toute sa longueur. Ta peau coincée entre l'os et le métal s'ouvre avec tendresse pour déverser toute ta rougeur. Tu te rends compte que tu avais arrêter de respirer. Comme d'habitude. Tu fermes les yeux et tu soupires.

Ça fait du bien. Ça coule. Tu ne le sens même pas. Tu continus. Juste à coté. Tu remontes un peu plus sur le bras. Ça coule le long de ton poignet, à tes pieds.

C'est bon pour aujourd'hui.

Tu entres sous l'eau et l'eau chaude t'arrache un gémissement de douleur. Les gouttes rouges-oranges explosent contre l'émail blanc. Le sang devient sombre sous la peau racolée. Le reste est engloutis par le siphon. C'est tellement rapide.

Sans plus trop réfléchir, tu recommences. En plein biceps brachial. Ça pique sous la lame. Ça brûle sous l'eau. Tu ne vois plus rien avec tes cheveux sur les yeux. Tu regardes tes pieds. Tu regardes le miroir pas loin, tu vois les coulées de rouge translucide qui dévalent ton corps. Le ploc-ploc-ploc noyé dans le brouhaha du jet d'eau.

Tu te sens beau et très sale à la fois.

Tu te sens toi même. Aimé et haïs.

Après, tu désinfectes les plaies.

Tu demande à JARVIS de remettre les draps rouges. Ces magnifiques draps rouges où tu ne laisses que de discrètes taches sombres quand ta peau est mal-cicatrisée. En faisant ça tu as l'impression d'harmoniser ton corps nu avec le lit. Une sorte de beauté cru et totale sur un ensemble de choses définies.

Avant de t'endormir, tu repenses à ta douche. Tu repenses à la douleur froide de ta peau. Tu repenses à tout ton corps. Tu sens ton sang pulsé dans tes bras. Tu sens tout ton corps sous les draps chauds avec le courant d'air froid. Tu savoures. Tu te concentres sur ton corps, toi. Tu oublis tout le reste. C'est toi qui est en train de vivre. Tu te dis que définitivement, c'est ça.

Ton attention sur les draps froissés, sur les cliquetis discrets de la tour, sur les rumeurs de la ville, sur ton cœur qui bat, sur le vrombissement du réacteur ARK. L'odeur de tes draps, de ta peau, de ton gel douche, de ton sang, ça t'enivre. Tu glisses dans le sommeil. Un sommeil heureux et réparateur.