Il fait nuit noire. Les nuages cachent la lune. Malgré tout, les yeux clairs tentent de percer cette noirceur. Toujours aussi têtue sœurette. Les lèvres s'étirent dans un sourire. Paul. Il est toujours là. Un chuchotement au creux de son cou. Des ordres, des conseils, des moqueries. Toujours. Soudain d'autres murmures se détachent du bruit du vent. Des brides de conversation. C'était des vivants. Ils sont proches. En observant un peu plus, elle discerne une lueur entre les troncs. Un feu probablement. Elle fait claquer sa langue contre son palet. Ce n'est pas une bonne idée. Ils trahissent leur présence. Tout le monde ne sait pas grimper aux arbres et ne redoute pas le noir. C'est vrai. D'ailleurs cela lui a de nombreuses fois sauver la vie. Mais cela reste pas bien malin de faire un feu en pleine nuit ces temps-ci. Des grognements sourds et rauques se font entendre. Un nuage permet à un rayon lunaire de rendre plus claire la scène qui se passe en bas de l'arbre. Un ricanement émerge de ses poumons quand elle reconnait les silhouettes vacillantes. Eux aussi les avait sentis, vu.. Elle ne sait pas trop ce que ressentes ces saloperies.. Corps qui se redresse, empoigne les branches. Énergie qui vrombit dans ses veines. N'oublie pas. Ils sont dangereux. Bien sûr que ces cadavres ambulants sont dangereux. Ce n'est pas tout de suite qu'elle arrive à déterminer leur nombre, mais elle sait que des copains peuvent émerger des ombres à tous moment.. Et puis les souvenirs sont trop frais dans son esprit pour être négligés. Film troué par son cerveau qui tente de ne pas trop la traumatiser mais rien à faire. Elle est déjà à moitié cassée la gamine. Cris de douleur qui explosent à ses oreilles dans ses cauchemars. Des coups de feu. La chair que l'on déchire, la douleur qui émerge des gorges des corps devenus repas. Et l'odeur écœurant de la pourriture. La course, la main qui enserre la sienne.. Ne te laisse pas distraire. Sa main ripe sur l'écorce, manque de se péter la gueule. Il faut qu'elle reste concentrer. Attentive. Sinon elle finira boulotter parles cadavres. La voilà enfin deux pieds au sol. Il ne faut pas perdre de temps. Tuer , tuer ces décharnés. Un sourire un peu trop grand sur le visage, le manche de son arme solidement ancré dans sa main, la demoiselle avance. Les morts vivants ne font pas gaffe à elle, trop omnibulés par la lueur du feu. Petits papillons nocturnes. Petit à petit, le noir disparaît. Un tous petit peu. Elle distingue les silhouettes, les conversations qui se font plus clairs. Ils allaient crever ce soir le petit groupe. Peut-être qu'elle aurait dû les laisser.. Buter les cadavres après.. Pas confiance en l'espèce humaine. Surtout pas suite à cette apocalypse. Vivant, comme mort sont à éviter. Dépêche toi avant qu'on te voit. L'air rentre dans ses poumons avant d'être expiré en un sifflement. Pas bien fort mais cela suffit. Les têtes des zombies se tournent vers elle. Les yeux morts la fixant. Mots soufflés. Mots grognés. Bras qui partent en arrière alors que la jeune femme s'avance sans hésitation. Lame qui siffle dans le silence. Un cou est tranché. Pas d'effusion de sang, Corps périmé depuis trop longtemps. Il se stoppe simplement et s'écroule. Derrière. Corps délicat qui pivote. Arme qui fend l'air de nouveau. Corps qui s'écroule. Les membres détachés du corps s'échoue sur le tapis d'épine. Pas un bruit. Pas un cri. Seulement les grognements des morts ambulants. Plus que deux calcule t-elle après avec fait taire celui en train de se traîner, infatigable vers elle. Faim insatiable. Pas de douleur pour eux.. Les coups continuent. Mots grognés qui émerge de sa poitrine alors que la lame sépare le buste du mort, du reste du corps s'abaisse, évite la main déchiquetée qui tente de l'attraper. Gueule éclatée par le manche. Plus de mort debout, plus qu'elle, les poumons se gonflant avec force d'oxygène, la hache pendant au bout de son bras. Puis elle les entend. Les pas qui s'approchent, la conversation qui s'est stoppée. Il est temps de se bouger soeurette.

Darryl et Rick, attirés par les bruits de combats s'avancent à travers les arbres. Les armes brandies prêtes à être utilisées. Mais ils ont seulement le temps de voir une silhouette filiforme disparaître à travers les branches. Silhouette humaine, vive et parfaitement silencieuse. Un instant le chasseur repense aux histoires que lui racontait son frère alors qu'ils partaient dans les bois. Histoire de créatures habitants les bois, se planquant dans les fourrés.. Un fantôme ?Puis Rick attire son regard sur ce qui trouve au sol. Quatre cadavres définitivement morts. Corps massacrés par des coups répétitifs. Un fantôme n'aurait pas pu faire ça. Quelqu'un semble leur avoir sauvé la mise.. Pourquoi ?

Ce fut la première fois.