Défi n°44 du Poney Fringant : "La première vie de Dard".


Lorsqu'il ouvrit la porte, le seigneur nain savait déjà ce qu'il allait y découvrir derrière. Rien ne pouvait être aussi bien gardé que le plus grand trésor du royaume. Non pas celui qu'il était venu chercher, déjà inestimable à ses yeux. Allez savoir… les elfes ont des goûts si étranges.

"Vous savez pourquoi nous sommes présent ici, Madame. Croyez bien que nous ne voulions pas en arriver là, mais certains actes ne sont pas sans conséquences. Et cela je le regrette."

La sincérité du nain était inattaquable.

"Il est désormais temps de nous rendre ce qui est nôtre."

Malgré la froideur et la sévérité de son discours, le Nain ne pouvait masquer son émoi. Sa cause était juste, cela va sans dire, et sa colère immense… Oui mais voilà : devant ses yeux bouffis se tenait la plus belle créature ayant un jour foulé la Terre du Milieu. Il avait bien sûr déjà entendu des histoires sur la reine, mais il devait bien avouer que le spectacle qui s'offrait à lui ce jour-ci transcendait tout ce qu'il avait pu imaginer de plus beau jusqu'alors. Mais l'heure n'était pas à l'art : il était temps, pour lui, de justifier la guerre.

"Le collier ! Rendez nous le collier !"

La reine demeurait silencieuse, le menton levé. Le seigneur nain, lui, se forçait. Tout son corps lui réclamait de se mettre à genoux devant une telle vision. Seuls sa fierté et son amour pour la richesse lui permettait alors de tenir tête à la reine :

"Nous sommes dans notre droit ! Nous l'avons forgé, il est à nous !"

Tirant son épée du fourreau, le nain se faisait de plus en plus menaçant. Mais son numéro n'aurait trompé personne, heurté qu'il était par les trop nombreux instants de contemplation que trahissait son visage. Le nain ne comprenait pas ce qui lui arrivait : comment pouvait-il, à un moment pareil, alors qu'il lui fallait récupérer son trésor, qu'il avait dû faire preuve d'une cruauté sans nom pour parvenir jusqu'ici, être fasciné à ce point par les pommettes de son opposante ? Quelque charme, sans aucun doute.

Il fallait en finir, et récupérer une fois pour toute ce qui leur avait été volé. Mais alors que le nain s'approchait, la reine de Doriath brisa son silence.

"Ne me forcez pas. Je ne souhaite pas vous faire de mal."

La voix de Melian ensorcelaient les oreilles du nain. Après tout, les légendes ne racontaient-elles pas que la maïa parlait aux oiseaux ?

"Aah ! Tais-toi, sorcière !"

"Ne me forcez pas."

Alors que le nain empoigna son épée des deux mains, ce fut Melian qui fit la première un pas en avant. Mais pourtant conscient qu'il devait se défendre, le nain s'immobilisa. Il fut comme hypnotisé par les mouvements mélodieux de la robe de Melian, qui laissèrent apparaître alors une ligne de hanche si parfaite que même les guêpes en auraient été jalouses. Le seigneur nain en oublia le Nauglamir, et ne vit même pas la dague qui sortait outrageusement devant ses yeux. La lame perça avec force le ventre du seigneur nain, pourtant bien couvert. Il leva alors la tête et put lire une profonde tristesse dans les yeux gris-bleu de la maïa.

Melian ressortit la dague maculée du ventre du nain. Elle venait de piquer pour la première fois.