Une
brume livide effleurait les pierres tombales dont les inscriptions
s'étaient effacées avec le temps. Les corps étaient à moitié
enterrés, quelques membres putrides semblaient déborder des flaques
de boues causées par les abondantes pluies qui se déversaient dans
cette région isolée du monde.
Un homme au teint ivoire traversa
le cimetière, trainant un cadavre par le col de sa chemise maculée.
Il impregna ses lèvres du sang qui bouillonait encore sur son
palais.
Il jeta le mort dans une fosse, le recouvrit de terre,
puis s'en alla.
Une victime de plus, l'extase, découvrir les
saveurs secrètes de son sang au goût mielleux, le faire rouler le
long de sa gorge puis faire glisser à nouveau sa langue sur son cou
fragile.
Excitant, vraiment excitant.
Le vampire à la cape
noire retourna dans son manoir en ruines, sans cesse contourné par
les oiseaux nocturnes malveillants qui cherchaient de minuscules
parcelles de chair à engloutir.
Il monta une à une les marches
du donjon de pierre, longea un long couloir aux tapisseries
poussièreuses, puis traversa de hautes portes de bois.
Ainsi, il
arriva dans sa chambre spacieuse, où le vent se promenait,
insouciant, passant à travers les longues meurtrières du
château.
Le suceur de sang s'affala sur son canapé baroque, puis
rejeta sa tête en arrière, les yeux clos.
Il poussa à nouveau
un soupir de plaisir.
Un peu de sang était resté collé au coin
de ses lèvres.
* *
Le comte Hidan était un
personnage bien mystérieux, d'une nature calme et silencieuse. Un
homme craint et respecté par tout le monde.
Il voyageait souvent,
seul, et aimait s'installer dans des endroits discrets et
morbides.
Sa beauté maléfique charmait malheureusement les
jeunes femmes au coeur pur.
Dont une, qui était sans doute la
plus belle femme du pays.
Elle et ses grands yeux blancs. Sa
figure pâle et ses traits fins.
Ce soir-là, elle était accoudée
aux rebords de la fenêtre de sa chambre. Elle observait les millions
d'étoiles tissées dans le ciel, l'air rêveur, écoutant avec
attention le bruit des vagues qui s'écrasaient contre la falaise. Un
vent frais la fit frissoner. Tant pis si elle attrappait froid.
Elle
rêvait de courir le monde aux côtés de son bien aimé, d'intégrer
son monde obscur, de s'isoler. Elle ne supportait plus sa vie, n'en
avait plus la force.
Issue d'une famille aristocrate, elle était
souvent privée de beaucoup de choses, ne pouvait sortir que sur
l'ordre de son père, n'avait pas le droit de recevoir ses amis.
De
plus, sa mère étant très malade, elle devait rester des heures et
des heures à son chevet car personne ne souhaitait s'occuper
d'elle.
Et son cousin, qui enviait les richesses que la belle
brune possèdait, ne lui rendait pas la vie facile.
" Hinata, je compte te marier avec Neji. Tu verras, il prendra soin de toi. " lui avait dit son père.
Evidemment, elle ne pouvait
qu'accepter. Jamais elle ne devait contredire son père, ou être en
désaccord avec lui. Sinon, elle se faisait battre à coup sûr.
Neji
était beau, intelligent, gentil, mais jaloux. Il lui a toujours
envié l'héritage que lui ont laissé ses grands parents. C'est
pourquoi, il tentait tout pour la faire plonger dans des situations
délicates.
Oh, qu'elle détestait sa vie.
Elle devait faire
quelque chose pour s'en sortir, mais quoi ? S'enfuir, oui, mais où
?
Une idée lui traversa l'esprit.
Elle n'avait plus vraiment
le choix, sa vie était trop insupportable. Elle n'avait plus de
force pour continuer.
Malgré le froid qui planait sur le
village, la belle se vêtit simplement d'une robe blanche et d'une
paire de bottines de couleur similaire.
Elle souffla sur la bougie
qui était posée sur sa commode, puis sortit en silence de sa
demeure sans se faire remarquer.
Dans sa course folle vers le
manoir, elle se fit blesser à plusieurs reprises par des ronces.
Quelle importance, elle allait bientôt rejoindre celui qu'elle
désirait plus que tout.
Une fois sur les ruines, elle monta en
courant les marches de l'aile Ouest du chatêau, fouilla chaque
chambre, redescendit, fit de même avec le donjon.
Au dernier
étage, une porte immense.
Ses doigts fins s'appuyèrent dessus,
l'ouvrirent.
Son coeur manqua un battement, il était là. Son
torse pâle et parfaitement dessiné, son regard de glace, ses lèvres
gonflées, rougies par le sang.
Il l'observait sans dire mot, fit
glisser sa langue sur ses canines, puis dit d'une voix envoûtante
:
" Sais-tu que ces lieux sont dangereux pour une aussi belle jeune fille ?
Elle s'avança vers le vampire, puis, brusquement, se jeta à son cou et s'aggripa fermement à sa cape.
- Je vous en supplie, prenez mon sang si cela peut vous faire plaisir ! Prenez-le !
La respiration froide du monstre fit frissonner Hinata.
- ... s'il vous plaît...
Sa bouche s'approchait dangereusement de sa peau douce. S'apprêtant à la mordre, il murmura :
- Tu es bien étrange.
- Je suis
torturée par l'espoir d'un amour impossible.
- Vraiment ?
demanda-t-il, avec ironie.
- Vous me faites tant souffrir, si vous
saviez...
Son visage se redressa, puis il ancra son regard dans celui de sa victime.
- Veux-tu être mienne ?
Elle
ne dit rien.
Il s'avança de nouveau vers son cou, passa sa langue
humide sur sa peau, puis enfonça ses crocs dans sa chair tendre et
chaude.
Une forme de peur mêlée à l'amour s'empara d'elle, elle
écoutait avec effroi le sang couler dans la gorge du vampire, qui
accrochait ses doigts à ses hanches délicates. Sa respiration était
saccadée, il ressentit un instant l'effet d'une décharge
électrique, planta ses ongles dans son dos et se pressa encore plus
contre elle.
- Mon sang est-il si délicieux que ça ?
Il
releva la tête et l'embrassa doucement.
Ses lèvres chaudes au
goût de fer se promenaient sur sa mâchoire, glissaient sur ses
lèvres, longeaient lentement son cou. Sa langue humide et brûlante
rencontra la sienne, et ils goûtèrent ensemble à ce sang
merveilleux aux vertus apaisantes, qui rendait complètement fou.
Le
baiser se fit de plus en plus violent, leurs dents s'entrechoquèrent,
provoquant des effusions de sang, des coupures de lèvres, un double
plaisir pour le vampire qui adorait ce liquide vermeil, qui le
rendait tant machiavélique.
Hinata s'écarta de son amant, goûta
à nouveau à ses lèvres puis posa ses doigts sur sa bouche...
- On dirait que tes canines s'allongent déjà " dit Hidan avec un sourire démoniaque aux lèvres.
