Chapitre 1
Au Coeur de la Nuit
Je ne voyais plus que lui.
Lui, au cœur même d'une pièce d'aspect sombre et humide.
Au centre, un homme y était enchainé. Hélas l'obscurité m'empêchait d'entrevoir son visage. Cependant, je pouvais distinguer des liens qui lacéraient ses poignés jusqu'à son sang. Son torse nu était recouvert de profondes blessures. Il n'y avait plus aucun doute sur ce point: on l'avait torturé
Soudain, des pas se firent entendre. Au début d'une faible intensité, puis de plus en plus fort.
Des pas lourds…
La porte que je n'avais jusqu'à présent pas remarquée, grinça et un Ra'zac fit son apparition. C'est alors qu'une voix familière retentit. Elle provenait du prisonnier.
- Je vous ai déjà dit que je ne vous dévoilerai rien: dit t'il avec une voix pleine de détermination.
Le Ra'zac, le frappa avec sa cravache. Un cri étouffé se fit alors entendre, provoqué par la violence du coup porté. Ces créatures étaient vouées au mal.
Ma surprise fut totale lorsque surgit une mystérieuse femme. Je ne l'avais point entendu approcher. Vêtue d'habits pratiques pour de longs voyages, elle était recouverte d'une grande capuche qui dissimulait ses traits.
- Tu peux disposer maintenant lui ordonna-t-elle avec une voix autoritaire.
Quand il fut parti, elle enleva lentement sa capuche et deux oreilles pointues émergèrent. Je restai sans voix: elle appartenait à mon peuple. Pourtant, après des siècles d'existence je ne l'avais encore jamais vu . Je connaissais tout les membres de mon peuple. Cependant ce visage m'était inconnu.
Elle était d'une grande beauté. Ses cheveux longs de couleur châtain tombaient en cascade sur ses étroites épaules. Quand à ses yeux, splendides et émeraudes, ils brillaient de mille éclats dans la pénombre de la pièce. Cependant, quelques mèches rebelles, dissimulaient une ancienne cicatrice marquée par le temps.
- Une Elfe ? Ici? Dit t' il avec un ton plein d'étonnement. Visiblement, il était aussi surpris que moi.
Après un moment, il finit par se ressaisir et répliqua d'un ton sec :
- Depuis quand une elfe sert-elle ce méprisable Galbatorix?
Que me voulez-vous?
Elle lui prit à l'aide de sa main droite son menton, afin qu'il la regarde droit dans les yeux. Avec une lueur mystérieuse dans ses yeux, elle s'esclaffa et lui déclara:
- Moi ? Juste m'entretenir quelques minutes avec toi, au puissant Tueur d'ombre.
Puis ces mots prononcés me firent comme pareil qu'une décharge électrique.
Et un nom surgit alors,
Un seul,
ERAGON
Je me réveillais en sursaut.
Ouvrant grand mes paupières, je balayais l'espace qui m'entourait d'un regard, cherchant la présence d'Eragon. Il restait introuvable. A l'intérieur de ma poitrine, mon cœur continuait sa course folle, au point d'éclater d'une minute à l'autre.
Mon esprit, quand à lui, essayait tant bien que mal à se remémorer avec exactitude ses images bouleversantes . Je refermais désespérément mes yeux afin d'instaurer le calme dans mon esprit. Mais je n'y arrivais pas. Je revoyais Eragon, prisonnier et subissant un interrogatoire avec les pires tortures. Dans le temps, moi aussi j'avais vécu cette expérience. Prisonnière et condamnée à souffrir dans la forteresse de Gil'ead. Si Eragon et Saphira n'étaient pas intervenus, et bien…
Une nouvelle crise de convulsion s'empara de mon être tout entier.
Lupusänghen, qui s'était endormi à mon côté, se réveilla d'un bond, l'épée à la main, prêt à parer au premier venu. N'apercevant aucun danger, il me regarda étrangement, comme si j'étais devenu folle, puis parut comprendre. Il se rapprocha, s'accroupit et me murmura de sa voie docile et remplie de sagesse:
- Arya, je connais ton tourment: un mauvais rêve vient d'hanter ta nuit. Veux-tu m'en parler?
N'arrivant pas à lui adresser une seule parole, elle revit cette scène. Lupusänghen, voyant ma détresse, m'enlaça fermement. Instantanément, sa présence me réconforta et un bien-être se répandit dans tout mon corps.
Retrouvant un esprit lucide et clair, je me levai d'un bond et plia mes affaires rapidement. Prête à partir, une main bienveillante m'attrapa par le bras:
- Arya,que fais-tu?
- Eragon a besoin de moi. Nous avons repéré déjà de nombreuses positions ennemies pour la bataille avenir. Poursuis la mission que Nasuada nous a confiée.
Pour ma part, il faut que je m'en aille. Eragon est dans le plus grand danger. Il doit en être de même pour Saphira, mais je ne l'ai point aperçue dans mon rêve. Je crains le pire.
Je m'apprêtais à m'en aller, mais c'est alors que Lupusänghen me demanda:
- Continuer seul notre mission ne me dérange pas le moins du monde, seulement une question me tiens au cœur. Tout une ligue des meilleurs magiciens pourrait s'en charger. Alors, pourquoi tiens-tu t'en rendre, toi spécialement, princesse d'Ellesméra
- S'il venait à arriver malheur à nos plus fort alliés alors tout le peuple des Vardens tomberait. Ce serait alors la fin de l'Alagaësia toute entière. La perte de l'espoir.
Je me dois de faire mon possible pour garder cette faible lumière encore en vie.
Je savais que je n'avais répondu qu'en partie à sa question.
Cependant, je partis ne voulant pas m'attardait davantage.
Pensant que je ne connaissais pas moi même la réponse.
Pourtant, j'eus cru que mon silence en disait long,
Bien trop long à mon goût …
