Notes :

Bonjour petite communauté de Fannibals !

Après plus de deux mois, êtes-vous encore traumatisé par le final d'Hannibal?
Avez-vous pleuré corps et âmes ?
Ne supportez-vous plus de regarder de la viande sans vous roulez par terre ?
Avez-vous répondu "oui" à l'une des questions ci-dessus ?

Alors voilà une "petite" histoire pour tenir le coup !
Il y aura une bonne vingtaine de chapitres (et oui).
Et les premiers sont déjà écrits donc je les posterais rapidement.

Enjoy!


Will Graham observait son pâle reflet dans le miroir de sa salle de bain. Son visage était aussi fatigué que d'habitude, et des cernes avaient trouvé leur place sous ses yeux. La nuit précédente n'avait pas été clémente pour son esprit.

Le cerf se déplace lentement. Le bruit de ses sabots résonne contre le parquet de la chambre sombre. Il n'est qu'une ombre noire qui remplit la majorité de la pièce par sa grandeur. Je suis paralysé contre le mur. Je respire difficilement et une forte odeur musquée avec des soupçons de citron sature mes narines. Ce parfum est familier. Le cerf s'avance vers moi et l'odeur s'amplifie. Je peux à présent voir ses yeux luisants qui me fixent. Ils sont noirs. Non… marron. Des tâches écarlates parsèment les globes oculaires, tel un monstre venu de l'enfer. Les bois du cerf sont très épais, très grands et dangereusement pointus. Je sens le souffle chaud de l'animal contre ma poitrine qui est bien trop proche. Je tente de me déplacer mais le cerf est bien trop imposant, bien trop effrayant. J'avance ma main très lentement pour le toucher mais il recule. Trop tard. Je vois avec terreur le cerf baisser la tête et foncer vers moi. Il m'empale contre le mur, comme une vulgaire poupée de chiffon. La douleur est insoutenable. Le sang me remonte à la bouche et j'ai envie de crier mais rien ne sort. J'attrape les bois de mes mains ensanglantées pour essayer de les retirer de mon corps déchiré. Ils se transforment soudainement en quelque chose d'autre. Une matière souple, douce. Je suis à présent à la place du cerf. Mes mains sont autour de la gorge d'une personne immobilisée contre le mur. Je ne la lâche pas. Je continue à serrer, à l'étouffer, et je savoure avec satisfaction le moment où la vie quitte son corps. Lorsque je laisse retomber le cadavre à mes pieds, je vois le cerf qui m'observe au loin dans la forêt.


Will s'était réveillé haletant et en sueur lorsque la lumière du soleil avait traversé sa fenêtre. Plusieurs heures plus tard devant son miroir, des fragments de souvenirs de ce cauchemar occupaient encore son esprit et il avait toujours le goût cuivré du sang dans sa bouche.

Essayant d'oublier l'incident, il souffla en ajustant son col et observa sa tenue. Il se trouvait ridicule dans cet accoutrement : chemise blanche, costume sombre et cravate assortie… tout cet attirail semblait être décalé avec lui-même. Il n'avait pas l'allure d'une personne à porter ce genre vêtements. Habitué à ses simples t-shirts et pantalons confortables, il avait l'impression d'étouffer. Il avait néanmoins décidé de faire un effort pour l'occasion : Hannibal l'avait invité à dîner et il savait que cela aurait été déplacé de venir habillé décontracté. A elle seule, la vaisselle dans laquelle dînait le psychiatre était plus élégante que Will. Il devait à tout prix essayer de se fondre le décor. Il soupira à nouveau en essayant de dompter ses boucles brunes mais il abandonna rapidement. Il pouvait jouer sur tenue, mais ses cheveux étaient une cause perdue. Il retira également ses lunettes pour la soirée et il les posa sur le lavabo avant de sortir de la salle de bain.

Winston profita de ce moment pour venir réclamer des caresses. Il se frotta contre les jambes de Will mais ce dernier, vérifiant sa montre, constata qu'il n'avait plus le temps. Il écarta l'animal et épousseta les poils qu'il y avait sur son pantalon. Il fit un tour rapide de la cuisine pour vérifier que les bols d'eau de ses chiens étaient bien remplis, et que le niveau de croquettes était suffisant. Il attrapa son téléphone, ses clés de voiture et se dirigea vers la sortie.

Le temps était clément ce soir-là et le soleil s'abaissait déjà à l'horizon. La route jusqu'à Baltimore prenait environ une heure. Will eut largement le temps de repenser à l'invitation du docteur qui l'avait laissé perplexe le matin même.

« Allo ?

— Bonjour William, j'espère que je ne te dérange pas.

— Dr. Lecter ? Non, je… non, pas de soucis. Pourquoi appelez-vous si tôt, il s'est passé quelque chose ?

— Non, rien de ce genre-là, rassure-toi. Je voulais simplement te proposer un dîner en ma compagnie.

— Un dîner ? Pourquoi pas… heu… je veux dire… oui, j'en serais ravi. Quand ça ?

— Ce soir vers 20h convient parfaitement.

— Ce soir ?

— Est-ce un problème ?

— Je… non c'est juste que vous êtes plutôt du type à prévoir vos soirées plusieurs jours à l'avance et…

— Mon boucher personnel a reçu de la viande d'une qualité exceptionnelle ce matin. Je m'étais simplement dit qu'il serait dommage de ne pas la partager avec un ami tant qu'elle est encore fraîche, ne penses-tu pas ?

— Heu, oui j'imagine…

— Eh bien j'aurais le plaisir de te voi—

— Attendez une minute. Vous avez dit "un ami" ? Vous n'invitez personne d'autre ?

— C'est un peu tard pour organiser un dîner digne de ce nom, en particulier un dimanche. Un repas simple conviendra mieux. Tu n'y vois aucun inconvénient, j'espère ?

— Non, bien sûr que non…

— A ce soir dans ce cas Will.

— Au revoir Dr. Lecter. »

Will avait trouvé étrange la spontanéité du docteur. Certes ils s'entendaient très bien et Will appréciait la compagnie d'Hannibal, mais il se sentait difficilement à sa place pendant ces dîners. Il avait toujours l'impression d'être dans un univers parallèle où tout était parfait dans les moindres détails et trop bien sophistiqué pour lui. Bien évidemment rien n'égalait la cuisine du psychiatre et les plats à emporter que commandait Will semblaient bien fades après une soirée de ce genre. Il aurait aimé la présence d'Alana ou même de Jack pour se sentir plus à l'aise.

Hannibal était incontestablement très intéressant, toujours agréable et distingué. Il s'était révélé être un véritable support dans l'état mental de Will, toujours disponible quand il avait de besoin de lui. Leurs séances non officielles de psychanalyse étaient maintenant indispensables, comme le serait une béquille pour un estropié. Will aurait eu dû mal à retourner sur le terrain sans son aide. Le Dr. Lecter dispensait également de précieux conseils sur les affaires du FBI qui lui permettait d'y voir plus clair.

Le jeune homme s'était également pris d'intérêt pour Hannibal. Au fur et à mesure des jours, de leurs conversations si enrichissantes, il était devenu pour Will un véritable ami, l'un des seuls à proprement parler. Cependant le psychiatre restait un mystère pour lui. Il avait toujours perçu en lui quelque chose qui le dérangeait au plus profond de lui-même. Il ne savait pas définir ce trouble mais quand il lui arrivait de croiser les yeux du docteur, il y voyait une sorte de froideur. Malgré son don d'empathie, cerner cet homme était très difficile : il semblait en permanence porter un masque pour se protéger du monde réel.


En se garant devant la maison du psychiatre, Will se dit que tout cela n'était surement que le fruit de son imagination trop débordante et de sa fatigue. Il sortit de la voiture, vérifiant l'heure : 19h30. Il était en avance. Il hésita à repartir et à faire un tour du pâté de maison, ne voulant pas être impoli. Finalement, il décida de quand même se montrer. Ça n'allait surement pas déranger Hannibal.

Will s'avança vers la porte. Il tenta une dernière fois de coiffer ses cheveux sans succès avant de sonner.