CHAPITRE I
Nevermind
Il s'agit ici de ma toute première fanfiction BTS et de la toute première que je poste en ligne, en règle générale. J'espere donc qu'elle vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires (positif ou négatif, constructif ou non) car c'est non seulement un superbe encouragement mais aussi une belle manière de progresser pour moi. Puis j'adore blablater avec tout le monde donc venez cher K-Popiens et fangirlisons toutes ensembles! (ou tous ensembles s'il y a des garçons, bien évidemment.
Un. Deux. Trois. Quatre.
Un.
Un. Deux. Trois. Quatre.
La sirène d'une ambulance se frayant un passage à travers les embouteillages de Séoul vint interrompre le compte de Suga.
Le jeune homme, cheveux collés sur le front par la sueur, yeux injectés de sang, se tourna sur le côté gauche de son lit.
Concentre-toi.
Un. Deux. Trois.
Un téléphone vibra à quelques pas du lit, posé sur le tapis moelleux. Le rappeur jura entre ses dents serrées mais ne put s'empêcher de regarder qui venait de lui envoyer un message.
Jin.
Un simple snap, la mèche tombant savamment sur les yeux, entouré de deux filles aux joues roses. Il était inscrit en lettres capitales : Tu sais pas ce que tu manques.
Suga souffla, il ne sortirait pas de ce maudit studio tant qu'il n'aurait pas écrit le moindre lyric potable. Autant dire avant une semaine.
Cela faisait trois jours que le coréen ne dormait pas plus de deux heures par nuit, son manque d'inspiration le tenant éveillé pour constater l'étendue de sa page qui demeurait indéniablement blanche.
C'en était à devenir fou.
Plus rien, plus aucune parole, pas même une simple rime ne voulait sortir du cerveau du jeune homme. On lui avait bien dit de prendre l'air, de se changer les idées, de dormir et de manger (Rap-Monster lui avait même fait un bol de ramen l'autre jour au petit déjeuner) mais Yoongi refusait tout, ne s'autorisant à subvenir à ses besoins vitaux que lorsqu'il semblait sur le point de s'évanouir ou qu'une idée de refrain lui venait.
Il ne pouvait pas abandonner BTS.
Il ne pouvait pas se décevoir à écrire de la merde juste pour faire plaisir aux producteurs véreux.
Il ne pouvait pas.
Se retrouvant une nouvelle fois allongé sur le dos, l'idole reprit sa méditation, il ne devait pas se laisser déconcentrer.
Les garçons étaient partis deux heures plus tôt, bras-dessus bras-dessous au Gangnam Club, l'une des boîtes de nuit les plus célèbres de la ville. On lui avait bien proposé de venir mais Yoongi avait encore une fois refusé.
Il se retrouvait là maintenant, seul, dans un appartement vide et trop grand pour lui, sans inspiration, au bord de la crise de nerf.
Soudainement, il se leva d'un bond : enfila le même sweat-shirt au logo « Fuck Off » qu'il portait depuis trois jours , un jean noir déchiré, des Doc Martens assorties puis se saisit de son téléphone et de ses écouteurs avant de sortir d'un pas pressé de l'appartement.
Il traversa le hall au pas de course et eut l'impression de respirer pour la première fois depuis des semaines lorsqu'une bourrasque de vent vint se faire soulever ses mèches bleutées.
...
Séoul, capitale de Corée du Sud. Deux heures et quart du matin.
Les larges boulevards sont toujours aussi pleins, la ville toujours aussi animée, le brouhaha toujours aussi présent.
Yoongi toujours sur le point de suffoquer.
Remontant sa capuche sur ce visage maintenant connu de tous, il enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, se laissant bercer par la voix traînante de Kanye West.
Restait maintenant la question d'où aller.
Hors de question de rejoindre les Bangtan au club, trop de monde, trop de substances illicites tentatrices.
Le rappeur continua sa marche, plus calme dorénavant. Il s'éloigna de la foule, s'engouffrant dans des ruelles à l'apparence douteuses, priant plus pour ne pas se faire reconnaître par des ARMY que pour se faire couper la gorge dans les rues mal famées de la mégapole.
Une vingtaine de minutes s'écoulèrent avant que le chanteur ne se calme complétement, lorsque sonna trois heures du matin, il n'avait toujours pas envie de rentrer au studio.
C'est alors qu'il s'arrêta devant un bar à la devanture allumée, des lettres fluorescentes annonçant le Palace, clignotant avec irrégularité sur la façade du bâtiment. Au premier abord l'établissement semblait vide, à l'exception d'une jeune fille de dos qui passait un coup de chiffon sur les tables délaissées.
Sans vraiment savoir pourquoi, Suga frappa deux coups secs à la porte en verre. La jeune fille sursauta puis se tourna vers lui. Elle était plus vieille qu'il ne l'avait cru, sa petite taille le trompant sur son âge véritable. Le visage délicat et rieur des Européennes, les cheveux bruns bouclant de toute part, elle était plutôt jolie.
La fille désigna la pancarte « nous sommes fermés » puis retourna à sa tâche, l'air énervé. Amusé, Yoongi retenta l'expérience, elle l'ignora. Une troisième fois.
Au bout de la quatrième, elle se dirigea vers lui les sourcils froncés, ses Converses martelant le sol avec violence. Elle fit tourner une clé dans la serrure puis entrouvrit la porte, méfiante.
–Vous ne voyez donc pas que nous sommes fermés? aboya-t-elle. C'est écrit juste là.
Suga fit tomber sa capuche, dévoilant par la même occasion son visage, moqueur, arrogant, boudeur.
–Vous êtes sûre ?
Alors qu'il s'attendait à des hurlements hystériques, des pleurs et autres banalités, la serveuse le regarda juste avec un air impassible.
–Jolie couleur.
Et sur ce, elle lui claqua violemment la porte au nez.
Faussement offusqué, l'idole réitéra l'opération.
–Quoi ?
–Je voudrais entrer.
–Pour la énième fois : nous sommes fermés.
–Je ferais une bonne pub à votre… Palace.
La brune leva un sourcil moqueur.
–Je vais surtout me faire virer si je laisse entrer un parfait inconnu dans l'établissement à trois heures du matin.
Apparemment elle ne savait vraiment pas qui il était. Etrange.
–Je vois que vous avez un piano là-bas, je peux vous jouer un morceau.
Elle éclata de rire spontanément, renversant légèrement la tête en arrière.
Quelque chose d'étrange enserra les tripes de Suga.
–Désolé mais je ne peux vraiment pas. De plus je pourrais appeler la police si vous insistez.
Yoongi lui adressa un regard condescendant :
–Vous n'en ferez rien parce que je suis incroyablement drôle et que je sais jouer d'un instrument.
–Si vous le dites.
–Qu'est-ce-que vous faîtes dans ce bar miteux ?
–Le ménage et le service, quelque fois je prends l'addition.
–Vous devez vous ennuyer seule.
–C'est à ce moment que vous me proposez une nouvelle fois de rentrer pour me tenir compagnie ?
Ce fut à Suga de rire :
–Vous oubliez la partie humoristique et morceau de piano, quelle est votre chanson préférée ?
Il passait du coq à l'âne, s'amusant de l'expression perdue de celle qui lui faisait face.
–Wonderwall. Oasis.
Un grand sourire illumina le visage de l'asiatique.
–Je vois que vous avez de bons gouts musicaux. Allez, laissez-moi et je vous joue un extrait. Juste pour vous.
Elle n'était plus méfiante ni agacée. Juste intriguée et peut-être même amusée.
–Et pourquoi voulez-vous absolument entrer ici ? C'est vraiment flippant comme comportement.
Suga haussa les épaules.
–Je sais pas. Je suis perdu, j'ai besoin de souffler. J'ai atterri ici.
L'atmosphère bascula immédiatement.
A l'entente de cette seule petite phrase « je suis perdu, j'ai besoin de souffler » l'expression de la brune avait radicalement changée. Elle pencha légèrement sa tête à droite, ses boucles basculant de son épaule pour venir se balancer dans le vide, ses yeux noisette se vissant maintenant dans les iris noirs de l'homme qui lui faisait face.
Il se sentit un instant mal à l'aise. La puissance de son regard lui donnait l'impression qu'elle était entrain de le scanner de l'intérieur, de le lire comme un livre ouvert, lui, qui d'habitude était aussi expressif qu'une pierre.
Elle se décala finalement d'un pas, l'invitant à entrer par la même occasion.
L'ambiance de la salle était douce et tamisée, éclairée par de faibles néons bleus qui faisaient briller les tables de mille feux. Il s'y sentait bien.
Les yeux du jeune homme accrochèrent la silhouette de la serveuse.
–Merci.
Elle haussa les épaules :
–Tu commences à jouer quand tu veux.
Le tutoiement avait fusé. Naturel, instinctif.
Elle s'exprimait dans un coréen presque parfait, une trace d'accent qu'il n'arrivait pas à identifier perçant dans sa voix.
–Tu viens d'où, au fait ?
–Du mariage foireux de ma mère et de mon père.
Un ange passa.
–De quel pays je veux dire.
–Lyon, en France.
Il voulut dire quelque chose, ne savait pas exactement quoi, préféra se taire. A la place d'essayer de communiquer par les mots il prit place devant le piano. C'était un synthétique, il avait l'air d'avoir vécu, les touches étant polies par les milliers de doigts qui étaient passés ici avant lui. Il s'imagina un instant à travers la vie de chacune de ses personnes, des personnes banales, tristes peut-être, heureuses, jeunes, plus vieilles, malades, amoureuses…
Les premières notes résonnèrent dans la pièce. Puissamment.
La fille arrêta toute activité, le chiffon dans la main, abasourdie. Elle le fixait avec émerveillement.
Et Yoongi jouait, Yoongi se purgeait, Yoongi se purifiait. Yoongi se soignait.
La dernière note résonna lentement dans la pièce, semblant se répercuter en écho sur chacun des quatre murs. Il aurait été sacrilège de briser ce moment en parlant. Suga releva lentement la tête mais à la place de croiser le regard de la serveuse comme il s'y attendait, son champ de vision fut agressé par l'arrivé impromptue d'un verre d'eau, s'agitant devant sa tête.
–C'était vraiment…magnifique. Wow. J'ai pas trop les mots mais voilà, c'est pour toi.
Elle lui fourra le verre dans les mains, lui adressa un doux sourire puis s'installa à côté de lui.
–Tu veux parler ?
–De ?
–De tout ce que tu veux. De ce qui ne va pas, de ce qui va bien, de choses futiles comme d'idées révolutionnaires. De tout, de rien.
Yoongi dévisagea la brune, elle était sérieuse.
Il ne savait pas qui elle était, il la connaissait depuis à peine quinze minutes mais il y avait quelque chose en elle, une sorte d'aura, qui le poussait à se confier. A lui faire confiance.
Peut-être était-ce le fait qu'il savait pertinemment qu'il ne la reverrait jamais, ou alors son expression neutre, attentive mais sans être oppressante.
S'il voulait parler elle l'écouterait sans broncher, sans apporter de commentaires. Elle serait juste là, pour lui, pour qu'il se confie enfin à quelqu'un, qu'il mette ses idées au clair.
–Je… commença-t-il avant de s'interrompre brusquement.
Inspiration.
Un. Deux. Trois.
–Ouais, reprit-il, la voix cassée. C'est un peu compliqué en ce moment, dans ma vie je veux dire.
Une pause. Puis :
–Je ne sais pas vraiment pourquoi, c'est juste comme ça. Je me suis réveillé un matin, puis je me suis recouché le soir sans avoir ressenti la moindre petite émotion de la journée. J'étais juste…énervé, blasé. Je sais pas trop. Les gens autour de moi m'avaient saoulé alors qu'ils n'avaient rien fait de mal. En y repensant, tout m'avait saoulé dans cette journée. Donc en me couchant je me suis dit que ça irais mieux le lendemain, que j'étais juste de mauvaise humeur mais…je sais pas.
Ca a pas marché. Y'a eu un foirage ou un bug quelque part parce que je me suis réveillé avec cette même sensation le lendemain, et le jour d'après et celui encore d'après… A l'ennui et à l'agacement c'est rajouté une autre merde. Un truc bien plus terrifiant tu vois. Le vide.
J'étais vide. Totalement vide. Je m'en foutais de tout, mais vraiment de tout. Je vivais ma vie, les autres me fatiguaient mais ils ne faisaient même plus partie de mon monde. C'était moi et juste moi.
Le problème c'est que je n'arrive pas à sortir de cet état. Je ne sais même pas pourquoi je suis comme ça, dans ma tête. Je me pose pleins de questions, ça me bouffe l'esprit et le sommeil. Si j'ai réellement un problème. Si je suis condamné à vivre éternellement avec cette sensation. Si je peux en sortir. Quel est le point de départ de tout ce bordel.
Et puis les gens… les gens me fatiguent, m'énerve. Je ne supporte plus mes propres amis. C'était comme si le monde tournait mais sans moi. Mais je m'en fou de comment va le monde, je veux juste être seul. Et en même temps j'aimerais que quelqu'un remarque mon état et vienne me tendre la main mais à chaque fois qu'on le fait mon caractère de merdre revient. Je deviens agressif, je les envois tous balader, j'ai besoin d'être seul et entouré à la fois. J'ai envie qu'on me laisse en paix et en même temps je voudrais gueuler ma peine au monde. Sans savoir ma peine.
Lorsque Yoongi se tût, le souffle court, il se rendit compte qu'il venait de se confier à une parfaite inconnue et à mettre des mots sur des sentiments qui l'abritaient depuis des semaines sans savoir de quoi il s'agissait. C'était fou.
Il s'attendait à un mot de la part de la serveuse, mais celle-ci n'en fit rien, le dos bien droit sur sa chaise. Elle se contentait de le fixer.
–On joue au roi du silence ? lâcha-t-il.
Elle s'ébroua.
–Non, bien sûr que non. Ca fait du bien de parler tu ne trouves pas ?
–Ouais. Je crois bien que oui.
Elle lui sourit.
–Tu sais j'ai connu ça moi aussi, j'avais seize ans. Presque dix-sept. Mes parents sont allés voir un psy et celui-ci m'a dit que j'étais dépressive. C'est dur d'entendre ça à seize ans. Alors j'ai pleuré et il m'a écouté parler pendant des heures et des heures ininterrompues, pensant déjà à la facture qu'il allait recevoir de la part de mes géniteurs. Nevermind, peut-importe. Tout ça pour dire que je pense que le meilleur moyen de sortir de ce sentiment étrange c'est de parler, donc vas-y parle.
Le rappeur hésita un instant, trouvant la demande insolite. Se rappela que cette soirée était sa langue se délia, lui parler était bénéfique, elle ne le conseillait pas mais l'écoutait juste. Le comprenait.
Les heures passèrent, les verres d'eau s'empilèrent sur le comptoir, les mots voletaient dans les airs. L'idole et la serveuse.
Soudain, un rayon de soleil franchit la fenêtre pour venir se poser sur la jungle capillaire de la jeune fille. Un électrochoc parcouru le corps de Yoongi qui se leva brutalement.
–Désolé je n'avais pas vu l'heure, je t'ai ralenti dans ton travail et privée de sommeil, s'excusa-t-il en ramassant les récipients un par un.
La fille posa une main délicate sur son bras.
–Laisse je vais le faire. Va dormir je pense que toi tu en as besoin. Et sois heureux.
Suga se stoppa au moment de quitter définitivement le bar :
–Au fait : comment tu t'appelles ?
–Eden. Eden Thomas.
–Moi c'est…
–Min Yoon Gi des BTS, je sais.
Et sur ce, elle recommença un nettoyer d'un coup de chiffon les tables.
...
Studio des Bangtan Boys.
Un bureau croulant sous des papiers raturés, une énième feuille par-dessus, blanche cette fois. Et au sommet, un titre : Nevermind.
Alors voilà la fin de ce premier chapitre, je vais poster le deuxième et le troisième dans la foulée comme ça vous aurez la possibilitée de voir le début de cette histoire. Pour ce qui est de la suite le rythlme de publication sera une fois par semaine, le mercredi je pense.
