Raise their happy eyes up to the flaming skies.


Never mind the rain
The sun will shine again

Tu étais en train de fredonner Sun Showers de Billie Holiday quand cela se produisit.

C'était un après-midi, après les cours, qu'un grondement de tonnerre vous avait surprises alors que vous étiez confortablement installées dans les gradins. Quinn révisait ses dernières leçons pendant que tu en profitais pour l'observer à la dérobée. Tu avais voulu attendre que l'averse se tarisse avant de rentrer chez toi, mais Quinn était déjà debout, les yeux brillant de malice, tirant sur ta main avec insistance, et t'entraînait en direction du terrain de football, bravant les premières gouttes.

Ce n'était que récemment qu'elle et toi aviez commencé à passer du temps ensemble, que vous appreniez et réappreniez à vous connaître, à apprivoiser cette relation tumultueuse, bancale et inébranlable à la fois et incroyablement belle. Les choses n'étaient pas parfaites entre vous, mais elles s'amélioraient. Tu pouvais dire sans te tromper quel était son film préféré, son peintre favori, les pays qu'elle aimerait visiter, mais ce fut seulement en cet instant que tu sus que Quinn aimait la pluie.

C'était évident ; cela se voyait dans la façon dont elle souriait, depuis que les premières gouttes avaient fait leur apparition ; la façon dont elle s'arrêtait parfois, au milieu du terrain, et levait le visage vers le ciel, recueillant l'eau de pluie tombant violemment sur sa peau d'albâtre.

Quinn était belle, douloureusement, quotidiennement, mais à ce moment-là, tu découvris une autre forme de sa beauté — et c'est aussi à cet instant que la réalisation se fit brusquement dans ton esprit.

Le temps sembla se figer autour de toi. Tu relâchas inconsciemment ta prise sur ses doigts, tout comme tu n'avais plus conscience de tes vêtements trempés et collant à ta peau, du froid engourdissant tes membres, de la chaleur réchauffant progressivement ta poitrine et raffermissant ton être tout entier, car tu pouvais enfin mettre un nom sur cette attirance que tu avais toujours éprouvée envers Quinn, à chaque fois qu'elle te fixait de son regard inquisiteur, qu'elle effleurait seulement ton poignet ou ta joue, qu'elle riait silencieusement, sincèrement, ou qu'elle souriait timidement lorsqu'elle te surprenait à l'observer.

In a little while the sky above will smile like laughter
That follows your tears

La pensée aurait dû t'horrifier, te faire fuir, douter de toi-même, mais au lieu de cela, tu restas immobile, continuant à la fixer, et tu sus que c'était également la plus belle sensation au monde. Et la seule idée de pouvoir, simplement, penser que tu étais amoureuse de Quinn était submergeante, terriblement réconfortante.

Le temps reprit soudain son court quand tu vis la jeune femme se tourner vers toi — tu ne savais pas combien de minutes tu avais passé sans faire un geste —, ses yeux te regardant avec une telle intensité que tu sus immédiatement que tu ne pourrais jamais rien lui cacher, encore moins une chose d'une aussi grande importance.

Tu ne laissas pas de place au doute de t'envahir, aux questionnements de traverser ses pensées, au temps de continuer à s'écouler, car tu te penchas subitement en avant, embrassant ses lèvres portant le goût de la pluie et de l'orage.

Ce n'était pas la première fois qu'une telle chose se produisait. C'était l'un de ces moments, un peu maladroits et toujours spéciaux, qui arrivaient de temps à autre, mais tu sentais que ce baiser était différent, qu'il marquerait un changement définitif dans votre relation — pour le mieux, tu l'espérais.

Les secondes gelèrent encore, pendant que vos lèvres restaient scellées, puis reprirent leur course ininterrompue quand vous vous séparâtes enfin. Tu risquas un timide coup d'œil vers Quinn, te demandant si c'était la dernière fois que tu pourrais la voir ainsi, les cheveux trempés par la pluie, l'eau dégoulinant sur son visage et sur son cou, le rose de ses joues détonnant sous le gris du ciel, les sourcils légèrement froncés et pourtant une expression sereine et paisible détendant ses traits.

Elle ouvrit les yeux après une éternité. Tu ne pus t'empêcher de retenir ta respiration, redoutant le pire — l'imprévisibilité de Quinn t'effrayait parfois, comme ce jour-ci. Mais elle ne fit que sourire, d'abord faiblement, puis en dévoilant ses dents blanches, et les nuages gris voilant ses iris se séparèrent pour t'offrir son regard limpide. Puis, Quinn prit ta main, embrassa tes phalanges, avant de te mener en direction du parking.

Tu souriais tellement fort que tu pensais que tes mâchoires allaient se décrocher. La pluie se calma enfin — tu ne sus jamais au bout de combien de temps — et tu ne pus t'empêcher de songer que Billie Holiday avait raison. Peut-être que les nuages obscurcissant votre relation allaient se dissiper, finalement.

Dark clouds of sorrow

Will soon be a sunny tomorrow

The gray skies

Soon will be clear my dear while sun showers are here.