Yo ! Alors, ce texte est un essai pour de l'écriture de plateau, c'est-à-dire que je l'ai plus ou moins « joué » avec le plan lumière avant de l'écrire. Sur ce genre de textes, comme fait notamment Pommerat (je vous conseille vivement toutes ses pièces, de La réunification des deux Corées à Cendrillon), il y a quelques fautes de français, puisque c'est un style purement oral. Ce style, d'ailleurs, n'est pas fait pour être écrit mais joué, à la base, mais j'aime lire ce genre alors je me suis dit que peut-être ça pourrait marcher quand même. Ça se répète beaucoup.
Quand la durée des noirs n'est pas précisée ils durent environ quatre secondes.
Les termes techniques sont pas vraiment compliqués, juste « au théâtre » ça veut dire au centre de la scène.
Bonne lecture !
Nos moments ou De l'oubli du reste
Personnages :
LA VOIX DE LA NARRATRICE (accent italien fort, type Marcella Carrara)
LA TRÈS JEUNE FILLE (robe simple noire) Xion
LE VIEIL HOMME (pantalon noir, chemise bleu sombre, gilet gris foncé) Eraqus
Scène dépouillée. La lumière s'allume rasant sur LA TRÈS JEUNE FILLE.
LA VOIX DE LA NARRATRICE
C'est une très jeune fille, la fille qui est sur scène, une toute petite fille, une enfant très jeune. Et cette toute petite enfant, ici, sur cette scène, oui cette très jeune fille, elle a perdu quelque chose de terrible, qu'heureusement il arrive rarement aux très jeunes enfants, petits comme elle de perdre cette chose ou alors seulement quand ils ne sont plus de petits enfants et qu'ils sont devenus des adultes. C'est quelque chose d'horrible, comme perte, qui heureusement n'arrive que très peu souvent dans la vie des très jeunes filles, quand elles sont enfants.
LE VIEIL HOMME
(entre)
LA TRÈS JEUNE FILLE
Monsieur ? Monsieur vous auriez pas vu mon nom, dites ? Vous auriez pas vu mon nom il est parti mon nom n'est plus ici. Moi, n'a pas de nom.
LE VIEIL HOMME
C'est toi qui l'a perdu ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Peut-être, ou alors il s'est enfui. Alors vous l'avez vu ? Mon nom il n'est pas là.
LE VIEIL HOMME
Je ne l'ai pas vu.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Et si vous l'aviez juste oublié ?
LE VIEIL HOMME
Je l'ai connu, tu crois ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Si ça se trouve, il n'existe pas.
LE VIEL HOMME
Comment ça ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Peut-être le nom à moi si ça se trouve mon nom qui m'appartient il existe pas. Il y a plus de nom pour moi.
NOIR
LE VIEIL HOMME
Où sommes-nous ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Chez vous, il me semble.
LE VIEIL HOMME
C'est chez moi ici ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oui ici c'est chez vous dans cet endroit.
LE VIEIL HOMME
Je… t'ai invitée ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Si vous l'aviez fait, vous en souviendriez-vous ?
LE VIEIL HOMME
C'est chez moi ?
(sur le fond de scène, projection très floue d'Aqua)
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ce n'est pas votre petite fille ?
LE VIEIL HOMME
(il se retourne)
C'est…
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Il n'est toujours pas là ?
LE VIEIL HOMME
Qui ça ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Mon nom.
LE VIEIL HOMME
Et comment comptes-tu le faire venir, ce nom ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
En attendant.
LE VIEIL HOMME
Tu ne voudrais pas plutôt que je t'en donne un ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
C'est quoi, le vôtre ?
LE VIEIL HOMME
Eraqus
LA TRÈS JEUNE FILLE
C'est bizarre, un peu c'est joli.
LE VIEIL HOMME
Qui es-tu ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Personne.
LE VIEIL HOMME
Tu ne dis jamais « je ».
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ce n'est pas mon nom.
LE VIEIL HOMME
Non, puisque « Je » est là.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oui
(une silhouette apparaît en projection vidéo sur le fond de scène)
Qui est…
NOIR
LE VIEIL HOMME
Tu pourrais me tutoyer.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Si tu veux. Tu.
LE VIEIL HOMME
Tu es plutôt jolie.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Il n'y a pas de miroir.
LE VIEIL HOMME
Je l'ai oublié, comme beaucoup de choses.
LA TRÈS JEUNE FILLE
C'est pas grave, sûrement, si c'était grave ça changerait même pas grand-chose ici.
LE VIEIL HOMME
J'ai réfléchi à un nom.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Pour moi ?
LE VIEIL HOMME
Pour toi. Shion. Xion.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ça veut dire quoi ?
LE VIEIL HOMME
Ton nom. Toi. Pas Je.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ça veut dire quoi mon nom ?
LE VIEIL HOMME
C'est une fleur inoubliable qui ne dit pas je.
LA TRÈS JEUNE FILLE
D'accord. Merci, ce nom, certainement, maintenant, c'est véritablement le mien pour de vrai dans la vérité des choses.
LE VIEIL HOMME
Sûrement, oui.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Xion est très contente, vraiment, presque, pour sûr à pas grand-chose près elle est heureuse et c'est grâce à toi. Merci. Merci.
NOIR
Toujours noir. On entend la voix, d'Eraqus et une autre, inconnue, indistincte, comme de sous l'eau. Les voix sont floues. Brusquement, Eraqus arrête de parler.
Lumière.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu as l'air plus vieux que la dernière fois.
LE VIEIL HOMME
Vraiment ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oui. Même les vieux continuent de vieillir, c'est beau, mais moi tu sais, Xion t'aime bien.
LE VIEIL HOMME
Tu veux que je te raconte une histoire ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu ferais ça pour moi ?
LE VIEIL HOMME
Pendant qu'il raconte, en fond, Eraqus en projection vidéo avec d'autres personnes, dans un salon.
Oui, bien sûr. C'est l'histoire d'un ange. Cet ange, en fait, avait un frère jumeau. Ils se complétaient de manière parfaite harmonieuse, sans jamais se parler. Quand l'un dormait, l'autre se réveillait et inversement. La raison, c'était qu'ils partageaient le même nom.
Sur le fond de scène, Aqua pleure, puis quitte le champ.
Le même corps. Mais, un soir, alors que l'un des frères était éveillé, arriva un démon. Il brûlait, en lui et autour de lui, un feu étrange, envoûtant et dangereux. Démoniaque et malsain. Alors, l'ange le regarda, et le regarda encore, jusqu'à se faire mal aux yeux. Le démon, seul et perdu, séduisit l'ange et l'amena jusques à chez lui. Il prit son nom céleste et le transforma en un nom de démon. L'ange, à présent, était ténèbres. Il arrêta de dormir et son frère était plongé dans un sommeil de plus en plus profond. Un ami des frères, alors, vint chercher le déchu. Il posait sur lui un regard aveugle, cherchait l'autre. Il l'enleva, l'arracha à son paradis infernal et, espérant faire revenir son frère, le plongea dans le sommeil le plus profond qui soit. Il était mort, dedans, et son corps était à présent seulement habité par son frère qui, durant son long sommeil avait oublié jusqu'à son existence. Au ciel, il vécut heureux, inconscient de la détresse du démon, vidé tout au fond des enfers.
La projection s'éteint.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Elle est triste, ton histoire.
LE VIEIL HOMME
Tu ne l'aimes pas ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Si. Elle dit que non égoïsmes font toujours plus de mal à nos amis qu'à nos ennemis.
LE VIEL HOMME
Ah ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Non ?
LE VIEIL HOMME
Tu es très mature pour ton âge.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ah ?
LE VIEIL HOMME
Rester ici, sûrement, c'est égoïste.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Pourquoi ?
LE VIEIL HOMME
Je t'aime bien.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oh, et si…
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Dis, tu voudrais bien jouer avec moi, pour qu'on joue ensemble tous les deux ?
LE VIEIL HOMME
Oui, bien sûr ce serait bien qu'on joue ensemble tous les deux.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Et si on joue à un jeu tous les deux toi et moi, toi tu voudrais qu'on joue à quoi nous ?
LE VIEIL HOMME
Tu sais jouer au tarot ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tous les deux, on est que deux.
LE VIEIL HOMME
1 + 1 = 3
NOIR
LE VIEIL HOMME
(il tombe) Ah !
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu vieillis chaque jour. Ça me fait peur de voir que tu vieillis. Tu viens de plus en plus souvent ici. Ça aussi, ça m'inquiète.
LE VIEIL HOMME
Est-ce mal ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu n'as pas peur de mourir ?
LE VIEIL HOMME
Pas vraiment, je crois.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Moi si.
LE VIEIL HOMME
Tu as peur de mourir ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Que tu meures.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Eraqus ! Eraqus ! Oh, Grand-père !
LE VIEIL HOMME
Mon enfant, qu'y a-t-il ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Mon nom, celui d'avant, de la vérité avant qu'on soit ici ensemble dans cet endroit toi avec moi, mon nom qui s'était perdu, enfui, oublié, mon nom il revient !
LE VIEIL HOMME
Oh mon enfante comme je suis heureux pour toi !
LA TRÈS JEUNE FILLE
Il commence par un A, c'était dans ma mémoire ! Mais… dis, même s'il revient pour de vrai en entier mon nom mon nom ce sera toujours Xion aussi, pas vrai ?
LE VIEIL HOMME
J'espère bien ! Ce nom-là je te l'ai donné, maintenant il est à toi pour toujours.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Merci, grand-père. Il restera à côté de mon cœur, dans mon corps pour toujours. (Un temps) Et puis, toi aussi, tu resteras dans mon cœur pour toujours. (Un temps) Même si tu meurs. (Un temps) Tu mourras pas pour de vrai comme ça. (Un temps) Tu seras toujours en vie, dans mon cœur. (Un temps) Dis, tu veux pas me répondre ?
LE VIEIL HOMME
J'aime mieux t'écouter.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Et comme ça, tu seras immortel pour toujours.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Est-ce que tu vas m'oublier moi aussi ?
LE VIEIL HOMME
Je crois que ton nom est inoubliable.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Et le tien ? Est-ce que tu vas t'oublier ?
LE VIEIL HOMME
Est-ce que tu vas m'oublier ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Non.
NOIR
LE VIEIL HOMME
Comment vas-tu ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Toi ?
LE VIEIL HOMME
Tu grandis.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ça fait peur. Il revient encore.
LE VIEIL HOMME
Ton nom ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Mon être, mon nom, mon moi. Ça fait peur.
LE VIEIL HOMME
Tu ne me fais pas peur.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu ne sais pas mon nom.
LE VIEIL HOMME
Si ton nom est la seule chose effrayante chez toi, je devrais pouvoir le supporter.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu ne sais pas…
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Où es-tu ?
LE VIEIL HOMME
Chez moi. Je ne te vois pas.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu as oublié aussi ?
LE VIEIL HOMME
Quoi ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Comment voir.
LE VIEIL HOMME
Je te vois.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Enfin.
LE VIEIL HOMME
Tu es presque une jeune fille
LA TRÈS JEUNE FILLE
Juste une enfant.
LE VIEIL HOMME
Tu ne veux pas grandir ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Non. Il faut stopper le temps ou Xion, ou son vrai nom, va devenir grande et toi, tu vas devenir vieux et sénile. Tu as parlé, au temps ?
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Encore une lettre. L. A. L.
NOIR
LE VIEIL HOMME
Bonjour.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Es-tu sûr que c'est un bon jour ?
Aqua apparaît en vidéo en fond de scène.
LE VIEIL HOMME
Ma petite fille…
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oui.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ça fait à peine instant que tu es parti.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Mon nom et moi, nous grandissons. Et toi, tu viens encore.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Chaque moment.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Chaque instant.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
En quasi-permanence.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Trop souvent.
NOIR
LE VIEIL HOMME
Je t'aime bien.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Pas moi. Xion n'est pas aimable. A. L. Z. Alz. non plus., surtout pas. Toi, grand-père, tu es beau comme…
LE VIEIL HOMME
La pluie.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Qui est-ce ?
LE VIEIL HOMME
C'est l'amoureuse de la lune. Jalouse, elle dérobe son amante à notre regard.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ça doit être bien.
NOIR
LE VIEIL HOMME
…
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tu parles.
LE VIEIL HOMME
Ton nom.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ne me déteste pas.
LE VIEIL HOMME
A. L. Z. H
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
…
LE VIEIL HOMME
Tu pleures ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Dis… dis, elle est belle, la lune ? On ne la voit pas chez toi.
LE VIEIL HOMME
Elle ressemble au soleil, en réalité, elle est son miroir. La nuit, quand le soleil s'est enfui vers l'est et que les étoiles dans le ciel sont allumées, elle jette dans les rues ses pièces d'argent et des ombres veloutées.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Oui ?
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ne pars pas, toi aussi.
LE VIEIL HOMME
Je croyais que je ne devais pas rester.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ne meurs pas.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Pars, mon nom !
NOIR
LE VIEIL HOMME
J'ai une enfant, et celle-là.
NOIR
LE VIEIL HOMME
J'ai une enfant, je ne sais plus son nom.
NOIR
LE VIEIL HOMME
Il y a un homme, qui veut mon argent.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Ton fils.
LE VIEIL HOMME
Mon enfant.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Amie.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
Pourquoi ? N'aurais tu pas pu être seulement Xion ? Tu es mauvaise, méchante, ô toi moi.
NOIR
Xion marche, tourne en rond autour d'Eraqus qui, immobile, regarde vers le haut.
NOIR de 15 secondes
Xion enlace Eraqus.
LE VIEIL HOMME
(se retourne vers elle, l'enlace également, dos public)
Ne me laisse pas, toi aussi.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Jamais. (Un temps) Tu ne seras plus seul.
NOIR
Une sonnerie de téléphone. Elle ne s'arrête pas.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Le téléphone.
LE VIEIL HOMME
Il a ton nom ?
LA TRÈS JEUNE FILLE
Tous, dehors.
LE VIEIL HOMME
Et tu n'as pas froid ? L'hiver arrive. (Un temps. La sonnerie s'arrête.) Je dois répondre…
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
(à l'avant-scène, regarde Eraqus qui déambule sur le plateau, comme sans âme.)
Il se perd dans sa maison ? Xion te hait, Alzh.
NOIR
(reste noir)
LA VOIX DE LA NARRATRICE
La très jeune fille qui avait maintenant un autre nom que son vrai nom véritable qu'elle avait avant de venir ici était triste. Le vieil homme venait trop souvent la voir, et elle, ça lui faisait un peu peur. Presque, ça la terrorisait, parce que à chaque fois qu'il venait, elle l'aimait un peu plus et il l'aimait un peu plus, et elle grandissait et il vieillissait. Desfois, souvent, de plus en plus souvent dans le temps qui passe, même chaque instant, parfois, elle voulait voir M. le Temps et lui dire :
LA VOIX DE LA TRÈS JEUNE FILLE
Stop, il faut pas qu'on grandisse, avec Eraqus. Sinon un jour tu vas nous manger.
LA VOIX DE LA NARRATRICE
Alors la très jeune fille, qui n'était plus aussi très jeune que plus tôt le criait très fort. Très fort. Tellement fort que sa gorge la brûlait. Mais le vieil homme se dégradait toujours. Les rides se creusaient sans discontinuer, et son esprit même vieillissait, pourrissait. E.
Lumière
LE VIEIL HOMME
Je suis fatigué ma petite. Épuisé.
LA TRÈS JEUNE FILLE
Il ne faut pas. Tu te détruis, pars.
LE VIEIL HOMME
Je suis chez moi.
NOIR
Eraqus est à genoux au théâtre, Xion crie.
NOIR
Eraqus est allongé au théâtre, sa bouche s'agite mais rien ne sort. À l'avant-scène, Xion tremble très fort et pleure faiblement.
NOIR
LA TRÈS JEUNE FILLE
A. (NOIR) L. (NOIR) Z. (NOIR) H. (NOIR) E (NOIR) I. (NOIR) M. (NOIR) E. (NOIR) R.
NOIR de 14 secondes
LA TRÈS JEUNE FILLE
Alzheimer.
NOIR
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.
Et voilà, un joli truc joyeux pour se mettre dans l'ambiance des vacances de Noël (rien à voir) !
Enfin, ça faisait longtemps, en fait depuis que j'ai vu Blanche(s) de Melquiot mis en scène par la Compagnie Les oiseaux de passage (avec Jeanne Vitez… une comédienne sublime et touchante ! Quoi je fais sa pub ? Je l'aimeuh !), que je voulais aborder le thème de la maladie d'Alzheimer, mais j'ai mis du temps à l'écrire parce que sinon j'aurais fait un copier-coller de la pièce. Bref. Je me demande ce qui se passe dans la tête des patients quand ils ont des blancs… peut-être qu'ils voient la maladie, qu'ils lui parlent, et puis qu'ils oublient ? Une théorie comme une autre, qui ne vaut rien scientifiquement mais qui sait ?
Du coup j'espère vraiment que ça vous a plu.
Allez,
Mata nee ^^ !
