Sois maudit, le Berbère, toi l'enfant du désert
Au teint mat et bronzé et aux airs alanguis,
Fredonnant pour toi-même un air de ton pays ;
Mélopée envoûtante et souvenirs amers !
Sois maudit, oh Berbère, de tes vaines prières
Quand ton long dos se courbe, ouvrier inconnu,
Faisant saillir d'effort tes deux avant-bras nus
Semblables à ceux que je serrais encore hier.
Sois maudit à la fin de me poursuivre encor'
Car où que je regarde tu es toujours là
Avec un air serviable ou un air scélérat !
Dans ton regard perçant je ne vois que la Mort.
Cesse de me poursuivre de ces beaux yeux pers*
Qui me rappellent trop deux yeux tout aussi clairs !
* Athéna a les yeux bleus, bleus les yeux Athéna a.
