"...Je l'aime... " (partie 1)

Mes yeux se brouillent, ma vue se trouble. J'ai mal, là, dans ma poitrine. Je marche sans savoir où aller. Les maisons défilent inlassablement, le tonnerre gronde, les nuages éclatent.

Mais que m'arrive t-il ? Serais-je malade ? Non, ce n'est pas ça...pas tout à fait, car au fond de moi je sais ce qui se passe, mais je refuse de l'accepter. Pourquoi ? Parce que je suis borné et que je n'ai fait que me mentir jusqu'à présent ! Je me suis laissé aller à penser que ... à espérer qu'elle ... Mais voilà ou j'en suis à présent ! Seul, sous la pluie et le cœur emplit de regrets. Mais pourquoi suis-je entré à ce moment là...

Cela faisait trois bon mois qu'Anna et moi nous étions rencontrés. Nous voyagions depuis avec Noïche, de ville en ville en évitant milices, désians, brigand, etc... Forcément des sortes de liens se sont créés entre nous. Je trouvais même que mon comportement avait changé, que je mettais adouci. Moi qui suis d'un naturel renfermé je ne me reconnaissais plus. Car c'est vrai qu'au début elle m'avait très bien fait comprendre, qu'elle n'admettrait pas une telle attitude de ma part et qu'à là limite elle préfèrerait voyager seule. Son discours m'avait fait réfléchir. Bizarrement je ne voulais pas la laisser partir. Je lui avais donc promis de faire un effort. Je m'en souviens comme si c'était hier, parce qu'à ce moment là elle m'avait fait un sourire magnifique, elle était radieuse, rayonnante. C'est peut-être à ce moment là que ça a commencé... Je découvris par la suite de nouveaux sentiments, une nouvelle facette de ma personne. Car il est vrai que nous étions de plus en plus proche. Cela nous est même arrivé de dormir dans le même lit.

Enfin du moins c'est ce que je croyais. Car il y a environ une semaine, nous avons rencontré un groupe de saltimbanque débrouillards qui nous avait sorti d'un mauvais pas. Comme j'étais légèrement blessé, ils proposèrent de continuer la route avec nous, en tout cas jusqu'à la prochaine ville. Je n'ai jamais vraiment été sociable, mais ma condition ne me permettait pas de refuser une aide. Et puis Anna était tellement contente à l'idée d'avoir autant de compagnie que je ne me serais pas permis de lui retirer cette joie.

La soirée se fit très joyeuse et en musique. Ne voulant pas être obligé de participer, je me suis mis en poste de garde avec les trois autres. Je n'aurai peut-être pas dû, car ce que j'y ai vu ne fut pas très agréable et ce soir là je me suis endormi le cœur lourd... En effet, un des hommes c'était rapproché d'Anna et ils avaient passé la soirée ensemble. Part ailleurs, celle-ci semblai beaucoup l'apprécier.

Les jours suivant n'arrangèrent rien. On peut dire que j'avais, comme qui dirait, retrouvé mon caractère. Ceci ne passa pas inaperçu aux yeux d'Anna. Je restais à nouveau dans mon coin. Alors elle voulut m'en toucher un mot et de là, nous finîmes par nous disputés... Je lui ai dit des choses que je ne pensais évidement pas...et de son côté elle ne se priva pas de me dire mes quatre vérités. Ce qui m'énervais le plus c'est que je savais qu'elle avait raison, mais là encore je fis la sourd oreille et ne trouva rien d'autre à faire que de me renfermer encore plus sur moi-même.

Je cours maintenant. La pluie me frigorifie, je finis par sortir de la ville et m'enfoncer dans la forêt. Je me sens mal, je suis à bout de force. J'ai les poumons en feu, je tremble. Mes jambes ne me portent plus et maintenant j'ai des vertiges.

Je n'arrête pas de me repasser cette scène dans ma tête ! J'ai réagi comme un imbécile... Après tout elle fait ce qu'elle veut, non ? Quand je pense que j'étais venu pour m'excuser de mon comportement ... Je n'aurais peut être pas du partir comme ça. Mais après ce que j'avais vu, je n'avais qu'une envie c'était de courir, de m'en aller loin d'ici...

Des larmes coulent le long de mes joues. Je n'arrive pas à les retenir. Elles se mélangent aux gouttes de pluies déjà présente sur mon visage... Depuis combien de temps n'avais-je pas pleuré ? Je ne m'en souviens même plus. Cela doit remonter à mon enfance.

Il faut que je me ressaisisse, que je me calme. Je me sens ridicule, c'est affreux. Pleurer pour si peu...Je me m'abrite sous un arbre et essuie mon visage avec mes manches. J'essaie de respirer calmement, de faire le vide. Mais son image revient me hanter. Je ne peux m'empêcher de penser à elle. Belle, gentille, généreuse, aimante, rassurante, souriante, elle est tout pour moi. Et ce n'est que maintenant que je m'en rends compte. Le temps passe et la pluie finit par s'arrêter. Je crois que je vais rentrer car il se fait vraiment tard.

Une fois arrivé, j'essaie de passer inaperçu et me dirige silencieusement vers notre chambre. J'entre doucement en faisant le moins de bruit possible car Anna doit sûrement dormir. Je suis trempé, je ne peux pas dormir comme ça. A tâtons je trouve mon sac, prend un pantalon propre et m'oriente vers la salle de bain. Je me change, étends mes habits mouillés et me fait un brin de toilette. Puis je sors et me dirige à l'aveuglette vers mon lit.

Le calme s'installe tranquillement. J'observe la petite fenêtre sur le mur d'en face. Les nuages se lèvent. La lune éclaire la pièce. Je ferme les yeux et me laisse aller. C'est alors que j'entends bouger à coté de moi. Nouveau silence, je distingue des pas sur le plancher. Elle s'approche, je le sens. Je finis par l'apercevoir grâce au rayons de la lune. Qu'elle est belle avec ses cheveux détaché et son long tee-shirt blanc... Puis elle s'arrête devant moi, plonge son regard dans le mien et me demande d'une petite voix si elle peut venir. Je n'ai ni l'envie ni la force de lui dire non. J'ouvre mon lit et la laisse se glisser dedans. Elle se blottit contre mon torse nu et je pose pudiquement mes mains sur ses anches puis le silence retombe à nouveau.

Au bout de quelques minutes, sa respiration devient régulière et elle finit par s'endormir. Moi je n'y arrive toujours pas. Un souvenir de Martel me revint soudainement en mémoire. Ce jour là elle me disait :

"...La pire façon de sentir le manque de quelqu'un est de s'asseoir à son coté et de savoir qu'il ne sera jamais à toi... "

Une larme coula le long de ma joue et je serrai un peu plus Anna dans mes bras, comme si elle allait partir loin de moi...

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Note de l'auteur :

C'est le premier texte que je publie, j'éspère qu'il vous plaira ! Normalement il est sensé y avoir une suite là ou il lui dit réelement qu'il l'aime mais j'ai pas encore d'idée il n'est donc pas pour tout de suite !