- Prologue -

La jeune fille sauta de la fenêtre directement sur l'arbre le plus proche, à cinq mètres de là. Une fois que la louve au pelage roux l'eût rejointe sur la branche, les deux battants de la fenêtre se verrouillèrent tous seuls. Elle n'avait guère envie que sa mère remarque son absence. En effet, Precia n'aimait pas que sa fille aille chasser. Vulgaire, elle lui ressassait sans cesse que cela n'était pas digne d'une personne de son rang. Ces rares escapades de quelques heures, à l'aube, constituaient ses seules échappatoires. Sa mère pouvait sembler tyrannique mais pour Fate, elle était simplement autoritaire. Bien que, de temps à autres, elle éprouvait le besoin sortir un peu, de se distraire des réceptions, des complots, de la politique (qu'elle soit humaine ou vampirique). Alors, dès que sa mère s'enfermait dans son laboratoire et qu'Alicia se consacrait à ces lectures — ou à toutes autres activités de même nature — , elle s'éclipsait pour le reste de la nuit.

Au début, elle n'avait pas prêtée attention aux vêtements qu'elle portait lors de ces ballades. Mais elle ne pouvait pas se permettre d'abîmer ses robes, au risque d'encourir une des terribles colères de sa mère. Colère que Fate cherchait à éviter plus que tout. Depuis, Arufu lui en avait procurée de plus pratique. Ce soir, elle portait un treillis aux motifs mêlant le gris et le bleu, ainsi qu'une veste légère de cuir noir. Avec ses longs cheveux blonds cachés sous une casquette de toile, elle avait une allure presque masculine.

Assis à ces côtés, le familier pointa son museau dans sa direction afin de connaître ses intentions.

« Je me sens d'humeur joueuse ce soir. Allons en ville ! » répondit Fate en s'humectant les lèvres, dévoilant une paire de crocs acérés, d'un blanc laiteux sous la pâle lueur de la lune.

Par bond rapide, elles progressaient rapidement à travers la forêt qui séparait le manoir du reste de la ville. Soudain elle s'arrêta sur le rebord du mur d'enceinte pour admirer le spectacle qui s'offrait à sa vue. Face à elle, s'étendait Uminari, petite ville en bordure de l'océan Pacifique où l'architecture moderne n'avait pas encore réussit à détrôner complétement les maisons traditionnelles. De son surplomb, la jeune fille aimait à contempler le croissant de lune que formait, dans la brume, l'éclairage urbain autour de la baie. Elle mit fin à sa contemplation d'un saut qui la propulsa sur le toit de l'habitation la plus proche. Rapidement, elle atteint son quartier de prédilection : le port.

Elle s'installa au sommet d'une grue de déchargement et attendit. Ce dédale que formait les entrepôts et les conteneurs abritait la majorité des activités criminelles de la région. La jeune vampire attendit. Elle cherchait simplement celui ou celle qui correspondrait à ces goûts du moment. Cependant, elle évitait de laisser trop de trace afin de ne pas trop attirer l'attention des médias, ni celle de sa mère. Le choix de ses victimes n'en devenait que plus difficile, d'où son idée de chasser parmi les voyous.

Une vingtaine de mètre plus bas, une voiture s'arrêta. Un homme en descendit, traînant derrière lui un garçon, assez beau par ailleurs, qui se débattait.

« Arf, peux-tu me l'exciter un peu ? J'ai envie de m'amuser avec lui. » demanda Fate par télépathie.

Une ombre sauta du toit d'un hangar proche puis se dirigea lentement vers la cible de sa maîtresse. Le loubard remarqua bien le gros chien qui traînait sur le quai mais ce fut le grognement qui en émanait qui l'inquiéta le plus. Au fond de lui, quelque chose lui disait qu'il lui était destiné. Il prit peur. N'écoutant que son instinct, il lâcha le gamin et partit en courant le long du débarcadère. Sa jeune victime fit de même, dans la direction opposée. Fate se contenta, pour le moment, de rôder autour du loubard et de faire en sorte qu'il puisse ressentir sa présence. Pendant près d'un quart d'heure, il continua sa fuite aveugle. L'animal derrière lui ne l'inquiétait plus vraiment. Par contre, ce qui l'avait pris pour cible, et qui semblait se faufiler dans les ombres autour de lui, avait réveillé en lui des instincts que l'homme n'avait plus connu depuis qu'il avait pu s'abriter des grands fauves d'Afrique.

Il s'arrêta net. Devant lui, en plein milieu du quai, se tenait quelqu'un qui semblait l'attendre. Une jeune fille a en croire la silhouette qui se détachait sous la lumière cru d'un lampadaire. Il ne lui aurait pas donner plus de seize ou dix-sept ans mais elle dégageait une telle envie de tuer que s'en était presque risible. Derrière lui, le chien s'était arrêté.

Tout semblait lui dire : « Terminus, tout le monde descend !».

Dans un sursaut de panique, il dégaina son pistolet et vida son chargeur sur celle qui lui faisait face.

« Hum, on dirait bien que tu m'as loupée. Enfin, ce n'est pas comme si tu étais en capacité de me toucher. » lui susurra une voix douce dans son oreille droite.

Il tomba au sol en se retournant. Celle, sur qui il venait de tirer, se tenait debout, face à lui, tout sourire. Un sourire où il ne put remarquer qu'une seule chose : les deux longs crocs qui y trônaient.

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« Après un bon repas, rien ne vaut un bon croisant avec une tasse de thé bien chaud ».

Fate aimait à penser que ces plaisirs simples étaient les plus précieux, même pour un vampire avec une espérance de vie largement supérieurs à deux cents ans. Et pour ce faire, elle avait trouver l'endroit parfait : le Midoria. Il s'agissait d'une boulangerie très en vogue parmi les jeunes de la ville où ils venaient discuter, s'asseyant à une table pour grignoter.

Attablé en terrasse, Arufu couchée à ses pieds, elle profitait du calme et de l'air frais du matin. Elle avait fini sa viennoiserie et sirotait tranquillement son thé en regardant la petite vie du café autour d'elle. Quelques tables plus loin un groupe de jeunes filles prenaient leur petite déjeuner. Elles portaient toutes les trois l'uniforme du lycée privée de la ville et étaient lancées dans une discussion animée sur la possibilité que leur professeur d'histoire soit gay. Pour la vampire, ces futiles ragots ne l'intéressaient pas. Par contre, que l'une d'entre-elle soit une mage était un fait qui avait éveillé sa curiosité dès qu'elle s'en était aperçue. Cela constituait d'ailleurs une des principales raisons de ses balades urbaines que sa mère réprouvait tant. Des trois, elle était la plus petite, la plus innocente. Elle avait un visage enfantin encore accentué par les deux couettes châtain qu'elle arborait sur la tête. Mais, la fille des propriétaires appartenait à un clan de magicien réputé pour la terrible efficacité de leurs techniques de combat. Ce qui terrifiait Fate autant que l'intriguait. En tant que vampire, une des première choses qu'elle avait apprise était qu'il fallait cacher sa véritable nature à ceux qui manipulait l'Éther. Trop nombreux étaient ceux qui étaient liés, d'une manière ou d'une autre, à l'Inquisition.

Alors pourquoi était-elle là, à quelques mètres de quelqu'un de potentiellement si dangereux ? Elle ne saurait le dire. En même temps, elle aimait à contempler ces yeux bleus ou le sourire qu'elle lui adressait lorsqu'elles partaient pour le lycéen. Ou simplement se sentait-elle seule avec pour seule compagnie sa sœur Alicia et son familier Arufu. Elle ne saurait le dire. Hélas, elle n'aurait jamais l'occasion de mieux la connaître : les vampires était avant tout des prédateurs nocturnes qui passaient la plus grande partie de la journée à dormir.

Avec un soupir, elle finit par se lever. La tête toujours embrumer par ses réflexions, elle ne prêta pas attention à celui qui la suivit jusqu'au Jardin des Temps. Quant à la louve, elle était bien trop occupée à faire arriver sa maîtresse au manoir avant que Precia ne se soit aperçue de leur absence.

Fate revenait dans sa chambre après avoir souhaiter une bonne nuit à sa mère. Comme à son habitude, elle avait remis sa robe pour l'occasion. La porte à peine fermée, elle remarqua que quelques choses n'allait pas dans la maison. Elle mit quelques secondes avant de s'apercevoir que tout était trop calme, bien trop calme. Habituellement, la demeure était très agitée en journée : les domestiques profitaient de « l'absence » des maîtres pour en faire l'entretien. Mais ce matin, pas un seul bruit, rien. Il n'y avait personne.

« Vite, par la fenêtre ! » cria-t-elle en remarquant une odeur d'essence qui provenait de l'escalier. Arufu avait déjà sauté et elle-même était sur le point de faire de même quand elle décida de faire demi-tour. Alicia devait déjà être endormie et ne s'était peut-être même pas rendu-compte que la maison était attaquée. Elle se rua dans la chambre de sa sœur. Trop tard, le lit n'était plus que flamme. Et déjà, ceux qui portait des lances-flammes la mettait en joue.

Arufu vit sa maîtresse sauter par une fenêtre du première étage, sa robe en lambeau. Une langue de flamme apparut par la fenêtre d'où elle était sortie, un instant plus tôt. À peine eut-elle touchée le sol que la jeune vampire accéléra, courant comme jamais. La louve ne réussit pas la suivre tellement elle allait vite, et perdit même son odeur.

Mut par son instinct, elle arriva devant une maison de deux étages. Quelques instants après, le loquet d'une des fenêtres au-dessus de la boutique se referma. La jeune femme s'était posée dans un coin, le regard vide.

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- Postface -

Tous d'abord, merci d'avoir pris le temps de vous perdre jusqu'ici.

J'espère que cette introduction vous aura plu. Pour le prochain chapitre, vous verrez apparaître la plupart des personnages importants (y compris le très propre sur lui : Mr le professeur d'histoire). ^_^

En premier lieu, un avertissement au lecteur qui n'aurait pas fait attention au « Rating » M. En effet, le texte ci-dessous, ainsi que l'ensemble des chapitres qui le suivront, comporte des situations et des propos « pouvant choquer la sensibilité des plus jeunes ». En clair, il va y avoir de la violence (avec un titre comme ça, c'est étonnant, non ?), de la sensualité et d'autres joyeusetés du même acabit. Ah, il va aussi y avoir du Yuri mais ça, vous vous en doutiez.

Enfin, et pour vous permettre, d'apprécier ce texte, je conseille pour sa lecture de réduire la largeur à ¾, voir ½ et d'utiliser une police « Serif » (le A du milieu). Et afin de mieux ressentir l'ambiance, je préconise de mettre en fond sonore quelques morceaux de Apocalyptica, tel que Bittersweet ou Hope.

Je ne donne jamais de date de sortie mais je pense que la suite sera disponible d'ici une quinzaine de jours.

Miaou à tous et surtout, n'hésitez pas à y aller de vos commentaires.

Ptit Chat ^o^


PS : mise à jour après quelques corrections et reformulation pour améliorer le passage sur Precia.

PPS : mise en page et corrections mineurs