Lost dream.
Chapitre 1: Mourir pour vivre.
Disclaimer: tous les personnages sont à JK Rowling, et la chanson est signée par Calogero, Pascal Obispo et Florent Pagny (« Y'a pas un homme qui soit né pour ça »). Elle est en trois parties distinctes.
Pour respecter le règlement FFnet, il s'agit de la version sans paroles.
Voici donc le premier chapitre de « Lost dream ». C'est une death-fic, donc prévoyez les mouchoirs…
Chaque jour qui passe me rapproche un peu plus de la fin. Tout le monde est autour de moi, faisant comme si de rien n'était. Combien de temps me reste-t-il avant le grand saut ? Avant de devenir assassin ou victime ? Je préfère ne pas savoir, pour vivre pleinement le peu qu'il me reste.
Je suis allongé sur mon lit. Je ne peux pas dormir. Je dois profiter du temps, tout en savourer, le pire comme le meilleur. Maintenant que je sais, tout est plus simple. Je n'ai pas à me demander ce que je serai dans un, dix ou cinquante ans. Quelqu'un l'a décidé pour moi bien avant ma naissance. Du berceau à la tombe, ma vie n'aura été qu'une longue guerre.
Les premières lueurs de l'aube passent au travers du carreau, figeant le dortoir dans une attitude sépulcrale. Mes camarades dorment d'un profond sommeil, et je me retrouve seul avec mes pensées. Je ne veux pas les déranger. C'est leur façon à eux de lutter contre l'inéluctable. Dormir pour oublier que je vais peut-être mourir. Je voudrais bien me replonger dans les bras de Morphée, mais la lumière est trop forte maintenant. Et puis le jour me rappelle que je suis encore vivant, même si je ne peux rien attendre de l'avenir.
La seule chose que je peux affirmer avec certitude, c'est que Poudlard tiendra encore longtemps après nous. Nous ne sommes que des hommes, poussières au vent, allant et venant dans une histoire qui nous dépasse et dont nous ne sommes que quelques maillons parmi des milliards d'autres.
Les rayons du soleil inondent le dortoir, lumière chaude et vive alors que la vie s'en va. Les pierres de ce vieux château semblent plus vivantes que jamais tandis qu'elles chauffent lentement. Quelque chose qu'on voit. Qui existe mais qu'on ne peut pas toucher. Et pourtant elle est là, toujours nouvelle, jamais pareille à celle du jour précédent. Quand ils ouvriront enfin les yeux, mes camarades verront un jour radieux là où moi je n'aurai qu'un ultime adieu au monde.
Ce n'est pas vraiment de la peur. Plutôt une attente. Peu de gens ont la chance de connaître la date et les conditions approximatives de leur mort. En fait, je suis un des rares, pour ne pas dire le seul. Mais je n'ai pas peur. J'ai eu six ans pour me faire à cette idée. Et quand bien même je tremblerais, ça ne changerait rien. Ça ne m'épargnerait pas le combat avec Voldemort.
Je ne courberai pas la tête. Parce que je ne suis pas le seul à vouloir continuer. Je me battrai jusqu'à ce que mes forces m'abandonnent ou que mon adversaire tombe, parce qu'il ne s'agit pas que de ma vie.
Je ferme les yeux…
Aidez-moi…
J'ai encore tant de choses à vivre…
Personne ne devrait avoir à mourir pour vivre.
Je suis à Sainte-Mangouste, avec Neville. Il ne peut toujours pas aller voir ses parents tout seul. Il ne s'en sent pas le courage. Je le comprends. Affronter le regard des autres quand on a des parents fous… Qui pourrait comprendre par quoi il est passé ? Personne, pas même moi, je pense. Savoir que son père et sa mère sont vivants mais ils n'ont plus aucune perception de ce qui les entoure. Indifférents au monde et à eux-mêmes.
Le sort de Neville n'est guère plus enviable que le mien. Vaut-il mieux être orphelin ou voir ses parents se dégrader comme ça ? Ce n'est pas vivable. Ni sa situation ni la mienne.
Sans cesse recommencer les mêmes gestes à l'infini sans montrer de lassitude. Il fait preuve d'une patience que j'aimerais avoir. Revenir à chaque fois et se dire que rien n'a changé, qu'il n'y a aucune amélioration, qu'il n'y en aura jamais. Et toujours sourire malgré le cœur brisé par la douleur. Neville a plus de courage que je n'en aurai probablement jamais. Continuer à avancer sans pour autant lâcher la main de ses parents qui sont plus enfants que lui.
Aller les voir, leur rendre visite même quand le cœur n'y est pas… Avoir toujours su que la barbarie conduit forcément au-delà de la folie et rester impuissant face à la maladie.
Comment lutter ? La dernière bataille n'a pas encore commencé que j'ai déjà perdu toute énergie vitale. Comme si la mort prenait de l'avance. Comme si toute innocence était condamnée à n'être plus rien.
Toutes ces vies sacrifiées en vain. Á quoi ça a servi ? Personne n'est jamais sorti vainqueur d'un combat comme le nôtre. Quel que soit celui qui l'emportera, il aura quand même perdu. Son humanité, son cœur ou je ne sais quoi d'autre. Et sans possibilité de retour.
Pourquoi se battre, si ce que nous aimons doit disparaître ? Comment croire en quelque chose si ce n'est que du vent ?
Moi, Ron, Hermione et tous les autres, avons-nous seulement pris la bonne décision ? Ai-je le droit de les entraîner dans ma chute ? Ils savent ce qui les attend si ils restent avec moi, et malgré ça ils poursuivent la lutte sans relâche, comme un dernier sursaut de vie pour rappeler à Voldemort et à ses sbires que tant qu'il nous restera un souffle d'espoir, le monde ne sombrera pas dans les Ténèbres.
Je ferme les yeux…
Laissez-moi vivre encore un peu…
J'ai encore tant de gens à aimer…
Personne ne devrait avoir à mourir pour vivre
Je n'arrive pas à dormir. J'ai beau savoir et m'y être préparé depuis longtemps, je ne peux pas me faire à l'idée qu'aujourd'hui est peut-être mon dernier jour sur cette Terre. Quelque chose est dans l'air, faisant basculer le fragile équilibre. Il règne dans l'école une tension inhabituelle, comme si les élèves se décidaient enfin à ouvrir les yeux sur ce qui les entoure.
L'issue du combat semble si prévisible que j'ai mis mes affaires en ordre depuis longtemps. Je sais qui sera là pour me pleurer, je sais que je reverrai enfin mes parents. Mes parents…Ça me paraît étrange de les connaître dix-huit ans après qu'ils m'aient eu. La vie à l'envers. J'ai vécu toute ma vie à l'envers. Est-ce que ça sera un nouveau départ pour moi ?
Il est temps. Depuis le début les gens ont décidé ma vie pour moi mais maintenant, j'arrête. Je n'ai plus envie de suivre cette ligne droite, cette voie sans issue qu'on m'a toujours réservée. Il n'y a plus de lignes droites. Justes des fêlures et un destin qui se brise comme du cristal. Personne ne m'a laissé vivre ma vie, qu'on me laisse au moins vivre ma mort.
Qu'arrivera-t-il après ? Si je meurs, est-ce qu'on me laissera enfin en paix ?
Et si je gagne ? Va-t-on me libérer de ce poids ou m'écraser un peu plus sous la reconnaissance ? Est-ce que ça fera de moi un autre homme d'être devenu le meurtrier d'un monstre ? Serai-je le même après avoir éliminé Voldemort, après m'être enfin vengé de dix-huit ans de souffrances et de malheur ? On ne sort jamais indemne d'une guerre comme celle-là.
Personne ne devrait avoir à mourir pour vivre…
Il est là devant moi…
Nous levons nos baguettes…
