" Hé Lunard, par ici ! "
Sirius vit une tête blonde se détacher de la foule pour se diriger rapidement en traînant sa malle vers James et lui. Il sentit son sourire faiblir quelque peu en voyant l'état de son ami.
" Ça va ? " demanda James, apparemment aussi inquiet qu'il l'était.
Et il y a de quoi, pensa Sirius. Les cernes de Remus, plus marquées que jamais, ses traits tirés lui donnaient l'air de quelqu'un qui allait à tout moment tomber dans les pommes. Après tout, il y a deux jours, c'était encore la pleine lune. James et lui auraient vraiment voulu lui tenir compagnie, mais Remus refusa fermement, soutenant que c'était dangereux, vu qu'ils n'étaient pas à Poudlard où ils pouvaient se gambader partout sans être vu, qu'il se débrouillerait très bien tout seul.
" Oh, ça peut aller, tu sais, j'ai l'habitude. Ah, voilà Peter ! " s'exclama Rémus, apparemment ravi de changer de sujet.
En effet, Peter, qui avait aperçu le petit groupe, se précipita vers eux, portant sa malle tant bien que mal, et arborant un large sourire.
" Salut tout le monde ! " s'exclama-t-il d'un ton joyeux.
" Hello Queudver, alors, prêt pour notre dernière année à Poudlard ? " demanda Sirius d'un air malicieux.
Il n'arrivait pas à croire que cette année serait la dernière année qu'il passerait à Poudlard. Comme le temps passait vite ! Il se rappelait comme si c'était hier le jour où les futurs Maraudeurs s'étaient rencontrés dans le Poudlard Express, où pour la première fois de sa vie, il avait véritablement l'impression d'exister en dehors de sa « merveilleuse vie de famille », qui depuis toujours voulait diriger son existence. L'amitié qui le liait à James, Peter et Remus était si forte qu'il ne savait vraiment pas ce qu'il ferait sans eux. Mais puisque cette année serait la dernière pour les Maraudeurs à Poudlard, se dit Sirius, un air maléfique sur le visage, alors cette année devra entrer dans l'histoire de l'école, le monde se souviendra des très fameux Maraudeurs et de leurs actions légendaires !
" Hého ? Patmol ? Sirius ? Mon Siriounet ador ? OHE EST-CE QUE TU M'ENTENDS ??? "
La voix de James résonna si fort dans son oreille que Sirius était encore tout étourdi quand il répondit :
" Hein, quoi ? "
" Ça fait trois heures que j'essaie d'attirer ton attention, à quoi tu pensais ? "
" Aux pauvres Serpentards, qui vont souffrir dix fois plus cette année… "
" C'est vrai que je n'aimerais pas être à leur place… admit James, affichant le même air sadique. "
" Non mais vraiment James, tu es « préfet-en-chef », quel bel exemple de solidarité entre maisons tu donnes aux nouveaux ! " fit Remus d'un ton railleur.
" Ah non là c'est pas juste, ça fait plus d'un mois que vous me lâchez plus avec ça ! " rétorqua James, excédé.
De toutes les personnes qui auraient pu devenir préfet-en-chef, James était sûrement le dernier de la liste, tout comme lui, Sirius. Tout le monde s'attendait à Remus, qui avait été préfet, mais à la surprise générale, James, un beau matin, reçut son badge. Croyant tout d'abord à une erreur, il avait renvoyé la lettre avec le badge à McGonagall en lui expliquant qu'elle s'était sûrement trompée d'adresse ou que le hibou qui avait délivré la lettre avait vraisemblablement un problème d'orientation, et qu'elle devrait penser à le faire examiner. Mais quelques heures plus tard, le badge lui fut une nouvelle fois retourné, mais avec également une magnifique Beuglante de la directrice adjointe qui, d'une voix tonitruante, lui confirmait que le hibou était bien arrivé à destination, et que s'il n'arrêtait pas ses idioties, il écoperait d'un mois de détention avec interdiction de sortie à Pré-au-Lard. James et lui avaient tellement ri ce jour-là que James accepta sans trop de mal ses nouvelles responsabilités, tout en redoutant, non sans raison, la réaction du reste du groupe qui, passé le choc, trouva la situation particulièrement amusante et ne se gardait pas de le lui rappeler.
" Il faut bien, c'est pas tous les jours que le grand James Potter, le pire cauchemar de tous les profs, se retrouve Préfet-en-Chef avec d'énoooormes responsabilités sur les bras et qui va en baver toute l'année ! "
" Merci Peter, tu es extrêmement rassurant et encourageant, tu sais…"
" Toutefois, comme c'est notre dernière année ici, je ne serai pas contre un petit « relâchement » de notre part … " commença Remus pensivement.
Sirius le regarda, stupéfait : Remus, alias Lunard, parle de « relâchement » ?
" Moui, c'est bien la première fois que je me dis qu'il faudrait peut-être que l'on plaigne ces pauvres petits Serpentards ! " continua Remus avec un sourire goguenard.
" Ou là là, si même Remus s'y met, ils auront bien du souci à se faire ! Et vu vos airs à tous les trois, ils vont devoir à chaque fois passer le contenu de leur assiette au rayon X avant de manger quoique ce soit ! "
" Oh mais ne t'inquiètes pas Peter, il n'y aura pas que les assiettes qu'ils devront passer au rayon X ! " assura Sirius d'un air cynique.
Il jeta un rapide coup d'œil à la pendule de la gare. Il était 10h53, le train allait bientôt partir.
" Bon, c'est pas tout, mais il faudrait peut-être monter dans le Poudlard Express si on veut pas que le train parte sans nous, ce serait vraiment dommage… " fit-il remarquer.
Les quatre jeunes hommes dirent alors au revoir à leurs parents respectifs, sauf Sirius, qui les observait en essayant d'avoir l'air décontracté alors qu'en réalité il se sentait très mal à l'aise, comme toujours, lors des scènes familiales, où il se sentait comme un intrus parmi eux tous. Mais ce sentiment s'évapora aussitôt lorsque la mère de James le prit dans ses bras en lui chuchotant dans l'oreille avec un sourire d'essayer de ne pas dépasser la centaine de retenues d'ici Noël. Quelques minutes plus tard, ils rentrèrent dans la locomotive rouge.
Après s'être installés dans un compartiment vide, ils parlèrent avec animation de leurs vacances. Sirius était ravi de rentrer à Poudlard, qui a toujours été et resterait toujours sa première maison, même si pour la première fois de sa vie, il avait passé d'extrêmement bonnes vacances d'été en compagnie des Potter. En effet, lors des vacances après sa sixième année, le jeune homme, ne supportant plus les propos racistes de ses parents envers les moldus (et ne supportant plus ses parents tout court, d'ailleurs), s'était enfui de chez lui pour se réfugier chez James qui l'avait, ainsi que ses parents, accueillit à bras ouverts. Sirius sourit à toutes les bêtises qu'ils avaient faites cet été là.
" Tu souris tout seul, maintenant. Mon Dieu, Patmol, ça devient grave ! " dit James, le sortant brusquement de sa rêverie. " On devrait peut-être t'enfermer dans un asile pour tarés ! "
" Enfin James, tu te rends compte que si l'on fait ça, toutes les filles de Poudlard nous tueraient. Leur enlever leur idole, l'objet de leur vénération, leur seule raison de vivre, ce serait la fin du monde ! " s'exclama Remus d'un ton dramatique, faisant de grand gestes avec ses bras.
Peter et James s'esclaffèrent pendant que Sirius lançait un regard noir à Remus, où l'on pouvait tout de même apercevoir une lueur d'amusement.
" Ah ah ! Très drôle, Lunard. Mais tu as quand même oublié de préciser que je ne suis pas le seul à être vénéré ainsi. Qui de nous deux a eu, l'année dernière, une sorte de furie qui lui a sauté dessus le faisant tomber par terre au moment où McGonagall arrivait ? Je nomme Remus Lupin ! " ajouta théâtralement Sirius en pointant le concerné du doigt tandis que celui-ci rougissait, se remémorant ce souvenir plus qu'embarrassant.
" Attends, tu oublies le meilleur ! " renchérit James en riant. " Quand McGonagall a commencé à hurler comme quoi les couloirs n'étaient pas des lieux appropriés pour faire des choses pas très catholiques ! "
Sirius, Peter et James avaient du mal à respirer tellement ils riaient en revoyant la tête de la directrice adjointe se tordre de fureur alors qu'ils essayaient tous de ne pas lui rire au nez.
" Oui, mais toi, Cornedrue, tu oublies peut-être cette fille qui t'as déclaré sa flamme en plein milieu du cours de potion en comparant tes cheveux à des épines d'hérisson et tes yeux à du poulet bien grill ! " rétorqua Rémus, qui avait beaucoup de mal à réprimer son fou rire en voyant les yeux de James s'écarquiller d'horreur.
Finalement, Remus, aussi rouge qu'un souafle à force de se retenir, éclata d'un grand rire avec eux. Après s'être quelque peu calmé, Sirius déclara :
" Bon, je sais pas pour vous, mais moi j'ai tellement faim que je mangerais un chaudron entier ! "
En effet, à peine avait-il prononcé ces paroles que son ventre émit un impressionnant gargouillement qui résonna dans tout le compartiment. Ils le regardaient encore tous d'un air de pur ahurissement lorsqu'il se leva pour sortir.
Au moment où il quittait du compartiment, regrettant de ne pas avoir pris une photo, il sentit quelqu'un lui rentrer dedans. Il se cogna la tête contre le mur et tomba lourdement par terre. Etourdi par sa chute, il regarda la personne qui l'avait bousculée. C'était une jeune fille aux grands yeux bleu foncé et aux longs cheveux châtains. Sirius ne l'avait jamais vue auparavant. Elle était en train de se relever et le regardait, très gênée.
" Je suis désolée, sincèrement désolée, je ne t'avais pas vu... Je courais pour rattraper quelqu'un et … " balbutia-t-elle, l'air extrêmement gênée.
" Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas. C'est bizarre, d'habitude c'est plutôt moi qui fait le premier pas quand une fille me plaît. Mais bon, ça peut être l'inverse, au moins ça change ! " répondit-il d'un air décontracté pour détendre l'atmosphère.
Elle le regarda avec de grands yeux, abasourdie.
" Je rigole, je plaisantais ! " ajouta-t-il précipitamment devant l'expression de la jeune femme. " Tu ne m'as tout de même pas pris au sérieux ! Je ne t'ai jamais vue avant. Je suis le magnifique et splendide Sirius Black, le roi des blagues ! " annonça-t-il.
" Et de la vantardise ! " enchaîna-t-elle en riant. " Je suis nouvelle. Je m'appelle Océane. Océane Renaux. "
" Enchanté de vous rencontrer, ma gente dame. " fit-il d'un ton charmeur en faisant une petite courbette.
Sirius, tout en faisant l'idiot, se demandait comment elle s'était retrouvée là, il ne l'avait certainement jamais vue avant, étant donné qu'il connaissait plutôt bien toutes les filles du château, pensa-t-il narquoisement. Et puis, « Océane » n'était vraiment pas un prénom anglais, français peut-être, se dit-il en haussant imperceptiblement les épaules.
" Euh, oui bien sûr… " répondit-elle, moqueuse. " Tu m'excuseras mais je dois aller rejoindre Lily… "
" Lily ? Lily Evans ? " répéta-t-il d'un ton surpris.
Sirius savait qu'Evans était une 7e année à Gryffondor, tout comme lui, et ses amis, et qu'elle semblait s'être fixée comme objectif de les énerver au plus haut point en rabâchant le cours tous les jours. Sirius s'étonnait souvent qu'elle n'ait toujours pas eu de crampe au bras à force de lever le doigt. Mais en dehors des cours, elle restait souvent toute seule, mais il était vrai que les autres filles de 7e année n'avaient pour ainsi dire pas les mêmes « centres d'intérêt ». Elles semblaient en effet faire une fixation depuis la 1ere année sur les Maraudeurs, non pas que Sirius ne pût les blâmer, ils étaient tellement irrésistibles, se dit-il narquoisement. Bien que Peter ne paraissait pas les intéresser autant que James, Remus ou lui-même, ce qui était, pour ainsi dire, assez compréhensible. Reprenant ses esprits, Sirius ajouta :
" Vous vous connaissez, toutes les deux? Ah bah tiens justement là voil ! "
Effectivement, celle-ci avançait vers eux, traînant sa manifestement très lourde malle et respirant bruyamment. D'ailleurs, celle d'Océane semblait toute aussi bien remplie. Sirius se demanda si elles y avaient fourré tous les livres de chez Fleury et Bott pour que Lily soit tellement essoufflée qu'on pouvait croire qu'elle venait de faire au minimum dix fois le tour du terrain de Quidditch. Après tout, songea Sirius, avec elle tout est possible, il espérait seulement que sa copine n'était pas comme elle sinon ils allaient vraiment avoir des problèmes pour réaliser leur projet ultime (traumatiser les Serpentards à vie) avec deux Lily sur le dos… Non pas qu'elle était vraiment dangereuse pour les empêcher d'arriver à leur fin mais elle avait la fâcheuse manie de les poursuivre du matin au soir pour essayer de les dissuader quand une nouvelle manigance se mettait en place. La jeune femme, les joues rougies par l'effort, tourna ses yeux verts en direction d'Océane.
" Ah, t'es l ! " s'exclama-t-elle, visiblement très soulagée. " Je me demandais où tu étais passée, qu'est-ce que tu faisais ? "
" Je te cherchais figure-toi, puis j'ai foncé dans euh…, Sirius, oui c'est ça Sirius, alors qu'il sortait de son compartiment. "
" Oh… je vois. Décidément, t'as pas changée, Océane… " la taquina-t-elle avec un petit sourire.
" Hé, ça veut dire quoi, ça ? " répliqua-t-elle d'un ton accusateur.
" Rien, rien… " répondit-elle, semblant soudain très intéressée par le plafond.
Puis, se tournant vers Sirius, elle ajouta :
" Salut Sirius, passé de bonnes vacances ? "
" Excellentes, ma chère, excellentes, merci. J'imagine que vous avez passé tout l'été à vous instruire en apprenant tous les livres par cœur, je me trompe ? "
" Je ne vois pas où est le mal à ça ! " rétorqua-t-elle en rougissant furieusement. " C'est toujours mieux que de faire vos petites farces stupides ! "
" Nos petites farces stupides ? " répéta Sirius d'un air outragé. " Comment ose-tu ? Tout ce que nous faisons c'est pour… "
" EXCUSEZ-MOI de vous déranger " fit Océane d'une voix forte, " vous ne pourriez pas remettre votre charmante discussion à plus tard ? C'est que j'aimerais bien aller m'asseoir et m'installer dans un compartiment, si vous voyez ce que je veux dire, je n'ai aucune envie de rester debout ici pendant tout le trajet à écouter deux zigotos en train de se chamailler. "
" Ça c'était pas gentil " dit Sirius en faisant la moue. " Mais vous n'avez toujours pas trouvé de compartiment, vous deux ? Vous savez que ça doit faire… " Il regarda sa montre " presque une heure que le train est parti et vous n'avez TOUJOURS pas trouvé de place ? "
" Euh, en fait, non. " fit Lily d'un air embarrassé. " On est arrivées un peu en retard et tout est plein, mais je suis sûre qu'on va trouver quelque chose… "
" Ça m'étonnerait, tous les compartiments vides ont sûrement déjà été pris, et puis puisqu'on y est, venez dans le nôtre, ça nous permettra de faire, ou re-faire connaissance au lieu de rester plantés dans le couloir comme les armures de Poudlard ! "
" Mais vous êtes déjà quatre, non ? Tu es sûr que ça ne dérange pas ? " demanda Lily timidement.
Jamais encore il n'avait vu Lily aussi mal à l'aise, peut-être parce qu'elle avait tellement l'habitude de lui crier dessus que c'était bizarre de se mettre à lui parler normalement. Il espérait seulement que les autres ne lui en voudront pas trop de les ramener dans leur compartiment, mais après tout, il n'allait pas les laisser dans le couloir à errer pendant des heures, il n'était quand même pas aussi cruel.
" Mais non, allez, plus on est de fous plus on rit ! Allez, entrez, c'est la porte juste là. Bon, maintenant, veuillez m'excuser, mais j'ai une faim de loup, je vais voir si je peux trouver quelque chose à manger. "
" Mais la dame du train va venir d'un moment à l'autre ! " assura Lily.
" Ça m'est égal, je crève de faim, à tout à l'heure ! "
Sirius leur fit un signe de la main et commençait à s'en aller quand Lily lui cria :
" Eh attend ! Si tu veux manger on a des tonnes et des tonnes de bonbons dans nos malles si vous voulez, toi et tes copains. Les parents d'Océane sont propriétaires d'une confiserie. " expliqua-t-elle devant son air interrogateur. " Ils nous ont donné tellement de friandises qu'on ne sait même pas si on va pouvoir les finir cette année ! " termina-t-elle avec un sourire.
Décidément, cette Lily ressemblait de moins en moins à celle de l'année dernière, et de l'année d'avant… Sirius supposa qu'étant donné qu'il les avait invitées à s'installer dans leur compartiment, elle pensait qu'elle se devait d'être aimable, pour une fois. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, songea Sirius en s'imaginant face à une montagne de friandises haute de 3 mètres …
" C'est donc pour ça que vos bagages semblent peser une tonne ! " dit Sirius, examinant les valises plus que volumineuses des deux jeunes femmes. " Je me demandais ce que vous aviez bien pu y mettre ! Eh bien, c'est parfait ! " s'exclama-t-il d'un ton joyeux, et, prenant leur bagages et se dirigeant vers son compartiment, leur lança :
" Laissez passer le gentleman, et allons nous empiffrer gaiement ! "
C'était donc un Sirius extrêmement réjoui portant sans mal deux énormes valises pleines à craquer, qui retourna vers les Maraudeurs, suivi de deux jeunes femmes mi-amusées, mi-gênées devant sa très bonne humeur.
" Te revoilà enfin ! " s'exclama James, qui jouait avec Remus et Peter à une partie de bataille explosive. " On se demandait ce que tu… " Il se tût brusquement en voyant les bras chargés de Sirius, puis continua, exaspér :
" Ne me dis pas que tu as du acheter deux autres malles pour faire rentrer toutes tes provisions ? Parce que là, je vais vraiment croire que tu as perdu la tête ! "
Remus et Peter se tournèrent vers Sirius, puis les malles, puis encore sur lui, incrédules.
" Non mais pour qui tu me prends ? " rétorqua-t-il d'un air offensé. " Un goinfre ? "
Devant la réponse affirmative de James et des deux autres, il rajouta avec une mine boudeuse :
" En fait il y a bien plein de bonbons… Oh mais laisse-moi finir et arrête, lâche ça, Remus, ils ne sont pas à moi, alors si t'en veux, tu demandes au lieu de te jeter sur moi comme un lion affamé, ok ? (Remus enleva rapidement son bras, surpris) Non mais vraiment… Il se trouve que j'ai trouvé deux ravissantes demoiselles en détresse dans le couloir et je leur ai évidemment proposé de se joindre à nous, vu qu'elles n'ont pas trouvé de place ailleurs. N'est-ce pas les filles ? " fit-il en se retournant avec un sourire.
Lily et Océane, qui regardaient la scène d'un air amusé, acquiescèrent. Sirius entra alors dans le compartiment et referma la porte derrière les deux jeunes femmes. James semblait peu enthousiaste d'accueillir Lily, mais, remarquant qu'elle était beaucoup plus sociable que d'habitude, décida visiblement d'être agréable en retour.
Une fois que tout le monde se fut présenté, installé et tous les bonbons, qui, il était vrai, étaient d'une quantité plus que suffisant pour toute l'année, sortis, à la grande joie de Sirius, James, resté anormalement discret jusque-là, demanda avec intérêt:
" Au fait, Océane, pourquoi viens-tu à Poudlard ? Je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de transfert d'élèves, ces temps-ci. "
Et ce n'est pas étonnant, pensa Sirius sombrement. Depuis quelques temps, un mage noir, qui disait s'appeler Voldemort (quel nom ridicule, pensa Sirius), gagnait en puissance et cherchait des partisans parmi les familles dites de « sang-pur » pour éradiquer le monde des sorciers nés de moldus. Il n'y avait pas encore de victimes, mais ça ne saurait tarder. La guerre menaçait d'éclater à tout instant, l'atmosphère était tendue, et personne n'osait vraiment sortir librement, et encore moins faire un long voyage pour venir précisément ici, en Angleterre, alors que la menace était grande. Le jeune homme se reprit, s'efforçant de chasser ces pensées sinistres. Il tourna la tête vers Océane et remarqua que son visage s'était assombri et que ses yeux étincelaient étrangement.
Doucement, elle prit la parole :
" Eh bien, comme vous avez pu le remarquer, mon prénom est loin d'être anglais. Je viens de France, où j'ai fait mes études à l'école de Beauxbâtons jusqu'ici. A la fin de l'année dernière, mes parents qui, comme vous l'a précisé Lily, tiennent une confiserie, se sont fait attaquer par des Mangemorts, vous savez, c'est le nom qu'on donne aux partisans de Trucmachinchose, j'arrive jamais à me rappeler son nom, enfin bon peu importe. Heureusement eux n'on rien mais la boutique a été entièrement détruite. Ils ont alors décidé d'emménager en Angleterre non seulement pour reconstruire une boutique mais aussi parce que ma mère a de la famille ici qui pourrait les aider.. "
Océane s'arrêta un instant. Sirius vit Lily lui lancer discrètement un regard auquel Océane répondit en hochant négativement la tête de façon presque imperceptible. Il fronça les sourcils et se rendit compte que Remus avait également aperçu leur petit échange mais avant qu'il n'ait pu dire quelque chose, Océane reprit :
" Enfin, c'est la raison qu'ils m'ont donnée mais je pense que c'est essentiellement parce que mes parents voulaient me mettre à Poudlard. Vous n'êtes pas sans savoir que Poudlard est, il paraît, le lieu le plus sûr du monde ! " continua-t-elle avec un mince sourire.
Ça oui, approuva Sirius silencieusement, y a pas plus sûr, avec Dumbledore comme directeur, les risques étaient vraiment minimes. En observant Océane, il remarqua qu'elle semblait mal à l'aise et apparemment peu envieuse d'aborder le sujet. Il se demanda pourquoi mais n'eût pas le loisir de réfléchir sur la question car la voix de Remus s'éleva :
" Comment connais-tu Lily ? " demanda-t-il avec curiosité.
" Nos mères sont amies et nous le sommes devenues aussi à force de nous voir pendant les grandes vacances. " expliqua-t-elle avec un grand sourire à Lily. " Mais la mère de Lily ne savait pas que la mienne était une sorcière, et elle a inventé toute une excuse sur l'école où Lily allait tout au long de l'année, de même que ma mère, qui lui a raconté que j'étais dans une école spéciale d'arts plastiques alors que je dessine comme un pied ! Quand elles ont enfin compris que nous faisions tous partie du même monde, elles sont devenues complètement folles et on les a retrouvées en train de faire la danse du ventre au beau milieu du salon ! On n'a jamais compris ce qui leur était passé par la tête ! " ajouta Océane avec un sourire niais tandis que les autres éclataient de rire.
Sirius, dans l'hilarité générale, remarqua qu'Océane avait détourné la conversation avec une habileté incroyable et il se demanda ce que cette fille à l'allure d'ange pouvait bien cacher car pour lui, il était clair qu'elle ne leur avait pas tout dit, et que ce n'était pas un de ces petits secrets stupides et sans importance.
Soudainement, Lily se leva d'un bond et se tourna vers James, complètement paniquée :
" Mon Dieu ", s'écria-t-elle affolée. " On doit aller à la réunion des préfets au milieu du train, c'est dans 20 minutes, dépêche-toi, je ne veux surtout pas être en retard ! "
" Mais Lily, tu viens de dire, que la réunion est dans 20 minutes, on a tout notre temps, c'est pas comme si on allait se perdre dans le train ! " s'exclama-t-il, l'air toujours aussi stupide avec la bouche grande ouverte.
" Non mais ça va pas la tête ! " répondit-elle à la surprise générale, personne n'avait vu Lily aussi hystérique. Elle agitait ses bras dans tous les sens et dansait sur ses deux pieds impatiemment. " On n'a pas du tout notre temps, on doit arriver au minimum dix minutes en avance et si tu ne te dépêches pas, on n'y sera pas avant l'an 2020 ! Océane, je te laisse entre les mains de ses charmants jeunes hommes, ne fais pas trop de bêtises ! " dit-elle rapidement d'un ton taquin en lui faisant un clin d'oeil.
" Oui maman, c'est promis. " répondit Océane du tac-au-tac, avec un sourire de petite fille modèle.
Lily attrapa le bras de James, le força à se lever et l'entraîna hors du compartiment malgré ses cris de protestations et un dernier regard désespéré à ses amis qui éclatèrent de rire.
" Eh ben, elle le maîtrise, James ! " s'exclama Peter, un air à la fois réjoui et stupéfait sur le visage.
Il était tellement inhabituel de voir un James complètement hébété se faire traîner dehors par une Lily Evans totalement névrosée que les quatre jeunes gens furent pris d'un fou rire qui dura de longues minutes. Finalement, Sirius vit Océane se redresser, le visage écarlate, et les yeux humides de larmes :
" Au fait, Lily m'a raconté toutes vos facéties envers les Serpentards, j'espère que je ne vais pas y être répartie… "
" Aucune chance ! Je suppose que tu n'as pas encore rencontré de vrais Serpentards, mais je peux t'assurer que tu n'as rien à voir avec eux ! " la rassura Remus.
" J'y compte bien ! Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que je vais pas m'ennuyer avec vous ! Et vous savez quoi ? "
Elle s'approcha d'eux l'air conspirateur et leur dit à voix basse avec un sourire carnassier :
" Est-ce que vous m'autorisez à participer à vos petites manœuvres ? Je ne veux pas me vanter mais je suis plutôt douée en potions, ça pourrait vous être utile ! "
Ils la regardèrent, franchement étonnés. Sirius pensa que finalement, elle n'était pas aussi angélique que ça et se dit intérieurement qu'il devrait peut-être faire attention et protéger ses arrières. Après avoir jeté un bref coup d'œil aux trois expressions enthousiastes de ses amis, Sirius répondit :
" Mais bien sûr, jolie demoiselle, je ne vous savais pas aussi subtile mais, comme dit Dumbledore, on en apprend tous les jours ! " répondit-il avec le même sourire qu'Océane.
" Euh… " hésita Océane. " Ce serait bien que vous évitiez de parler de tout ça devant Lily, vous savez, elle me tuerait immédiatement. "
Ils se remirent à rire et s'en fut ainsi jusqu'à la fin du voyage.
Le train ne tarda ensuite pas à ralentir, pour finir par s'arrêter complètement. La joyeuse troupe descendit pour se retrouver à la gare de Pré-au-Lard où Hagrid les accueillit chaleureusement pendant qu'Océane le dévisageait bouche bée, apparemment très impressionnée par son apparence. Enfin, ils se trouvèrent tous les cinq dans la Grande Salle, regardant anxieusement la Répartition alors qu'Océane, semblait beaucoup plus nerveuse alors qu'elle attendait avec les premières années en se tordant les mains. Finalement, au grand soulagement de tous, elle se retrouva à Gryffondor, et se précipita vers eux, manquant une nouvelle fois de tomber par terre en ratant une marche. Heureusement, personne ne parût le remarquer car tout le monde s'était tourné vers Dumbledore, qui s'était levé pour leur souhaiter un bon appétit.
" Tu sais " dit Sirius à Océane une fois qu'elle fût assise en face de lui, en rougissant encore terriblement. " Tu me rappelles la fille de ma cousine Andromeda, elle vient à peine de naître et pourtant elle s'est débrouillée pour rendre ses parents fous à force de tomber ou de tout casser partout où elle va. "
Avant qu'elle eût le temps de protester, les quatre longues tables se remplirent instantanément de viandes, salades, et de tout ce qu'on pouvait imaginer. Sirius, ravi, se jeta littéralement sur la nourriture car malgré tous les bonbons qu'il avait avalés pendant le trajet, il avait véritablement l'impression de ne pas avoir mangé depuis deux jours.
Les autres le regardèrent d'une expression mi-amusée, mi-dégoûtée :
" Euh Sirius, ça te dérangerait d'utiliser les couverts ? Tu sais ils sont là pour qu'on les utilise et vraiment si tu continues comme ça tu vas me faire passer l'envie de manger pour le restant de ma vie… " dit Peter, le regardant comme s'il s'inquiétait de sa santé mentale.
" Mais Queudver, tu sais bien que c'est mon instinct animal qui se réveille… Et puis, ça ne te ferait pas trop de mal de perdre un peu de poids, tu en as bien besoin… "
" Hey ! " fit le concerné avec une expression offensée pendant que les autres éclataient de rire.
" Alors les garçons, vous avez l'intention d'ouvrir un peu vos livres cette année ? " demanda Lily d'un ton désapprobateur pendant qu'Océane pouffait de rire.
" Pourquoi faire ? " demandèrent Sirius et James en cœur.
Rémus, songea Sirius avec amusement, n'avait préféré rien dire, hochant la tête d'un air désespéré et Peter ne voulait visiblement pas s'attarder sur le sujet, préférant se concentrer sur son assiette.
" Mais ce sont les Aspics, ne me dites quand même pas que vous avez oubli ? Si vous voulez rater votre vie, continuez comme ça, c'est bien parti pour ! "
" Oh allez Lily, ne sois pas si mélodramatique ! " fit Océane, une mine décontractée sur le visage. " C'est notre dernière année ici, et la première pour moi, mais bon enfin bref, il faut bien en profiter ! "
" Enfin quelqu'un de sens ! " s'exclama James. " Sans nous, les Serpentards passeraient une année beaucoup trop monotone, mais heureusement que nous, les Maraudeurs, sommes là pour donner un peu de piquant dans leur vie terne et ennuyeuse ! "
Après s'être bien remplis l'estomac et le discours habituel de Dumbledore, le groupe des six monta directement dans les dortoirs après s'être dit bonne nuit.
Mais une fois rentrés dans leur chambre, les quatre garçons se jetèrent dans leur lit respectif dans un synchronisme parfait et se regardèrent quelques instants.
Enfin James prit la parole :
" Alors, votre avis ? "
" Elle est sympa, drôle, vive, blagueuse… et tout ce qu'on veut mais je pense qu'il y a quelque chose qui cloche avec elle… "
" Je suis d'accord. " fit aussitôt James.
Lui et Sirius échangèrent un regard amusé. Tous les deux, ils semblaient toujours être d'accord sur tout et n'importe quoi, ça en devenait presque effrayant parfois.
" C'est vrai qu'elle ne semblait pas très à l'aise en parlant de sa famille… " admit Peter. " Vous pensez qu'on aurait du l'accepter parmi nous ? "
" On verra bien ce qu'elle vaut sur le terrain… " fit James malicieusement. " Mais j'ai comme l'impression que cette fille recèle de mystères… Alors à nous de jouer ! "
" Non " coupa Remus d'un air grave. " Je pense qu'on devrait la laisser tranquille, et qu'elle nous dira quand elle sera prête. "
Sirius pensa qu'il avait raison, et qu'il s'y connaissait suffisamment en secrets pour savoir ce qui était bon de faire mais il ne pouvait s'empêcher d'être curieux, il sentait, il savait qu'elle dissimulait quelque chose de très important. Il ignorait pourquoi il ressentait cette impression d'urgence, de nécessité de connaître la vérité, il devait savoir.
" Mais Lunard, où est passé ton sens de l'aventure ? Elle cache quelque chose, quelque chose d'énorme, c'est évident, et Lily semble savoir quoi, on devrait peut-être lui demander… "
" Il en est hors de question, vous n'avez donc aucun respect pour sa vie privée ? Si elle ne veut pas nous dire, c'est qu'il y a forcément une bonne raison, on doit lui laisser du temps. " fit Rémus d'un ton sans réplique.
Un silence s'ensuivit. Finalement, James concéda :
" C'est vrai, t'as raison, Remus, on n'a pas le droit de fouiller comme ça, mais c'est juste qu'on la connaît à peine, et elle arrive justement maintenant, dans cette période… "
" Tu ne penses quand même pas qu'elle est partisane de Tu-Sais-Qui ? " demanda Peter d'un ton apeuré.
" Non non, sinon elle ne serait jamais à Gryffondor (hum hum…), mais il y a anguille sous roche, c'est certain, sinon pourquoi risquer un voyage jusqu'ici, alors que c'est justement dans ce pays que la situation est la plus dangereuse ? Il y a moins de péril en France, que je sache ? Et d'ailleurs, pourquoi ses parents se sont fait attaquer s'ils étaient là-bas ? Les Mangemorts ne s'en prennent pas aux sorciers par hasard, ils ne sont pas aussi stupides… "
Tous réfléchirent un instant à la question, puis Peter, après un bâillement bien sonore, fit d'un ton las :
" Bon les gars, tout ça est très intéressant mais je vous propose qu'on aille tous se coucher, je suis exténué et puis après tout, il paraît que la nuit porte conseil ! "
Et sur ce, les quatre Maraudeurs approuvèrent vivement, et après s'être changés, sombrèrent dans un profond sommeil.
