Auteur : Tar-Celebrian
Titre : Rock'n roll Attitude
Disclaimer : Visiblement ça chagrine tout le monde de devoir le dire mais le refrain ne change pas : ces personnages ne sont pas à moi T.T
Couple : C'est assez évident et commun, mais c'est ainsi... vous verrez bien
Note : Voici un autre de mes délires partis cette fois-ci non pas d'un personnage tertiaire, mais bien de plusieurs personnages principaux :)
Chapitre 1 : Réminiscences
Elle était là, sur scène. Enfin, son rêve et ce pour quoi elle travaillait si dur se réalisait vraiment, concrètement. Elle en était passée, par une série de méandres, qu'elle aurait d'ailleurs cru sans fin si elle ne l'avait pas rencontré. Sa plus belle revanche face à la vie, face à la maladie qui lui avait pris l'être qu'elle chérissait le plus au monde, c'était de se tenir là, face à plus de mille personnes en délire qui rythment son nom. Vous les auriez entendus ! En cette chaude fin de soirée, tous s'étaient rassemblés pour venir l'écouter. Elle percevait les cris de la foule en délire. Son nom était sur toutes les lèvres. Vous les auriez écouté hurler, ivres de joie bestiale ! Leur vacarme se diffusait à travers la salle et se propageait dans la ville. Vous auriez écouté leur voix, qui font trembler la salle ! Et c'est pour elle qu'ils criaient, pour elle !
- Yuya ! Yuya !
Ils scandaient son nom, le reprenant en deux syllabes, tous en rythme. Elle se tenait au centre de la scène, debout, victorieuse. Elle était fière d'elle, elle qui venait encore de terminer un concert avec succès. Yuya avait bien chanté aujourd'hui, et elle ne leur donnerait rien de plus. La superbe robe blanche qu'elle avait mise soulignait la perfection de ses formes et lui donnait un air aérien. La traîne n'était pas disproportionnée, mais sa taille conférait à Yuya une allure mystérieuse et pure. Avec le temps, elle avait appris à compter avec cette aura de lumière qui semblait coller à elle comme une seconde peau. Et elle s'habillait en conséquence. Yuya salua encore une fois son public déchaîné et après avoir fait un dernier tour d'honneur le long de l'avancée de scène en pas rapides et légers, elle se retira vers les loges sur un :
- Merci Tokyo !
À peine sortie de scène, ses vêtements mouillés de l'ardeur qu'elle avait mise dans le concert, Yuya fut assaillie par son compagnon de scène, Kyoshiro.
- Tu as été merveilleuse, Yuya !
- Et toi, tu as assuré pendant tout le concert !!!
Kyoshiro était le guitariste et compositeur du groupe qu'elle formait avec lui. De le voir aussi heureux et satisfait de sa prestation rendait Yuya comblée. Pourtant, en ce soir de réussite et de triomphe, Yuya ne pouvait s'empêcher de penser à la personne qui avait quitté ce monde, celle à qui tout son succès était dû. Nozomu…Son grand frère, qu'elle aimait plus que tout. Celui qui lui avait permis de porter le nom de Shiina, celui qui l'avait recueillie alors qu'elle était abandonnée aux portes d'un temple. Depuis, Yuya Shiina avait pris sa revanche sur la vie.
Mais Nozomu, en plus de lui avoir donné un foyer de douceur et d'amour, lui avait fait découvrir les arcanes du chant. Dès son plus jeune âge, il avait poussé et encouragé la petite fille qu'elle était à fredonner des mélodies. Il l'encourageait à imiter les vocalises des oiseaux et lui répétait qu'un monde chatoyant, de couleurs et de merveilles, s'ouvrait pour lui lorsqu'elle chantait. Elle était celle qui donnait accès à un autre monde, rien que par la beauté de son chant. Et avec le temps, Yuya avait appris elle aussi à rentrer dans cet univers chamarré que lui avait décrit son frère. Et aujourd'hui, elle maîtrisait assez son art pour y emmener un public déchaîné.
Sa rencontre avec Kyoshiro était le fruit du hasard, du moins c'était longtemps ce que devait croire Yuya. Son grand frère Nozomu venait de mourir, et avec lui le compositeur de toutes les chansons qu'elle interprétait. Mais au-delà de ça, Yuya avait perdu l'être qui comptait le plus pour elle. Et surtout, se retrouvait seule au monde. Mais Yuya était une jeune femme forte, et elle avait surmonté tout cela. Pour une raison bien précise. Malgré tout ce que lui avaient dit les médecins, elle restait persuadée que son grand frère adoré n'était pas mort, comme écrit sur les registres de l'État, d'une simple pneumonie. Elle connaissait son frère, savait qu'il était résistant, et n'était pas du genre à se laisser mourir – alors se laisser tuer par une pneumonie ! Quelque chose de plus grave était arrivé, et Yuya ne savait pas exactement ce qui s'était passé. Simplement, elle n'avait pas pu voir le corps de son frère car il aurait été défiguré – par une pneumonie ? Déjà là, ça sonnait faux – et surtout, la personne que Yuya accusait de crime sans même connaître son identité avait profité d'un de ses voyages scolaires pour agir. Lorsqu'elle était revenue, Nozomu était mort et elle avait été obligée par les médecins d'organiser une crémation. Le corps avait disparu, avalé par les flammes, et Yuya avait courageusement dispersé les cendres au vent, aux quatre points cardinaux. Elle avait pieusement recommandé son grand frère à chaque direction gardée par un dieu de la mythologie antique : Seiryu à l'Est, Suzaku au Sud, Byakko à l'Ouest et Genbu au Nord.
Alors, Yuya, âgée de 16 ans à l'époque, s'était juré deux choses : qu'elle deviendrait chanteuse professionnelle et reconnue, et qu'elle vengerait la mort de son frère. Durant quatre années, elle avait travaillé sa voix sans relâche, en menant parallèlement des investigations sur le personnel de l'hôpital et sur les personnes qui avaient visité Nozomu les derniers jours de sa vie. Bien entendu, le processus était long, lent et difficile, mais Yuya ne reculait devant rien. Jusqu'ici, chaque personne qu'elle avait cherchée puis trouvée dans le Japon s'était révélée être une fausse piste. Yuya s'était coupée de toute relation amicale et même amoureuse. Elle avait tout abandonné, sa vie sociale, sa vie de femme,… pour se lancer sur les traces de feu son frère. Et en dissimulant au juge qu'elle vivait seule, pour ne pas se retrouver placée ou dans je ne sais quelle institution.
Puis, elle avait rencontré Kyoshiro. Kyoshiro Mibu. C'était dans un café qu'elle fréquentait souvent. Yuya l'avait pris pour Onime no Kyo, le plus grand guitariste et compositeur de tous les temps. Mêmes cheveux longs et sauvages, même corps immense et démesurément beau, même charisme physique en résumé. Puis, elle s'était vite rendue compte de sa méprise : Kyoshiro n'avait pas les yeux rouges. Et puis, il n'avait pas un dixième de la classe d'Onime no Kyo. Mais il était drôle, et au bout d'une après-midi passée à discuter avec lui, Yuya avait accepté d'entendre les quelques mélodies qu'il composait. C'était le début d'une collaboration sans faille, et de la gloire pour leur groupe. Le talent de Nozomu et de Kyoshiro allié à la merveilleuse voix de Yuya donnait un mélange irrésistible. Chaque auditeur qui les écoutait était séduit et retenait le nom. Mais surtout, grâce à Kyoshiro, Yuya avait développé ce qui lui manquait et qui faisait qu'elle n'avait pas percé plus tôt : une présence scénique. Il lui avait expliqué que de chanter seule avec des enregistrements, sans musiciens présents à ses côtés, était décevant pour le public, et même inacceptable. Leur nom était devenu connu. Nom qui avait d'ailleurs été l'objet de longues discussions. Ni Kyoshiro ni Yuya n'avaient d'idée concrète. Juste des noms sans sens, vides de toute sensation. Puis, leur nom avait surgi, sans prévenir. Symbole de toutes les pérégrinations à travers le Japon de Yuya et de Kyoshiro, symbole du renouvellement continu de leur musique, et enfin symbole de progression et de volonté, Tokai s'était imposé. Tokai, comme la route de Tokai, celle qui les avait reliés, celle qu'ils avaient tant parcourue et celle qu'ils arpenteraient encore longtemps.
- Yuya ?
La jeune femme sursauta. Elle s'était perdue dans ses pensées. Entouré du staff qui entourait leur groupe depuis quelque temps maintenant, Kyoshiro lui tendait une coupe de champagne :
- On fête le dernier concert de la tournée et toi tu restes là à penser… Tu veux que je te console ?
Yuya devint aussitôt rouge et hurla :
- KYOSHIROOOOOOOOO !!!
Sous les éclats de rire, Yuya se précipita sur Kyoshiro et entreprit de lui coller un aller-retour. C'était ainsi, depuis la nuit des temps, semblait-il. Kyoshiro était un gaffeur universel, et Yuya veillait au grain. C'était elle qui gérait les dépenses du groupe – avec beaucoup de cupidité, paraissait-il – et n'aurait pour rien au monde laissé Kyoshiro approcher de ses économies. Mais l'amitié de Yuya et de Kyoshiro était indéfectible. Ils poursuivaient tous les deux des buts différents, mais un de leurs objectifs étaient commun, et Tokai avait encore de belles années à vivre.
