CHAPITRE 1 – RENDEZ-VOUS VOIE 9 ¾
Il était à peine 6 heures du matin lorsque Luna se réveilla. Aujourd'hui était le grand jour. Elle allait enfin partir étudier à Poudlard, l'Ecole des Sorciers. Car oui, Luna Lovegood était une sorcière. Et comme tous les jeunes sorciers de onze ans de toute la Grande-Bretagne, aujourd'hui marquait le début d'une grande aventure. Luna s'allongea dans son lit, la tête reposant sur ses bras croisés en fixant le plafond de sa chambre. Poudlard. Le grand château. Sa mère lui avait conté des centaines de récits sur l'école de Poudlard. Dumbledore le directeur, les fantômes, les passages secrets, la Grande Salle, les cours de Métamorphose, les portraits. Luna souriait rien qu'à la pensée de voir enfin de ses propres yeux ces merveilles dont on ne cessait de lui parler. Et puis, elle allait aussi rencontrer d'autres jeunes sorciers de son âge et se faire des amis. Elle entendit un bruit sourd à l'étage du dessous, suivi de jurons marmonnés par son père. Elle se redressa brusquement, tirée de son rêve éveillé et se leva. Elle posa ses pieds nus sur le sol et avança doucement vers l'escalier. Un homme grand, aux cheveux mi-longs emmêlés, blonds et habillé d'un pyjama rayé se tenait près d'une imposante machine.
« Bonjour papa. » murmura Luna.
« Ah, bonjour ma Luna. J'espère que tu as bien dormi. Il y a du porridge dans la cuisine. » lui répondit Xénophilius, qui se tenait la tête entre les mains.
« Merci. »
Elle descendit l'escalier en faisant des petits bonds et en chantonnant. Elle s'assit et commença à manger son porridge. Elle se hâta de déjeuner tout en feuilletant l'exemplaire du jour du Chicaneur, posé sur une pile de vieux numéros. Le Chicaneur était le magazine dont son père, Xénophilius, était le rédacteur. Le gros titre du jour portait sur la conception d'un balai de l'espace. Elle souleva la pile et en saisit un au hasard. Celui-ci avait pour titre « Harry Potter, le Survivant ». On y voyait en couverture une illustration d'un jeune garçon maigre et brun portant des lunettes. Harry Potter. Elle en avait si souvent entendu parler. Il avait vaincu le grand mage noir Lord Voldemort alors qu'il n'était qu'un bébé. Pendant des années, on ne l'avait plus revu dans la communauté des sorciers. Jusqu'au 1er septembre de l'an dernier où le jeune Potter était entré à Poudlard. Et à la fin de son année scolaire, il avait vaincu une nouvelle fois Voldemort. Les pas lourds de son père lui firent reposer le magazine sur le tas.
« Je crois que tout est dans ta valise ? Tu devrais t'habiller maintenant. Le train part à 11 heures et je ne voudrais pas que nous arrivions trop en retard. » lui adressa Xénophilius, le regard bienveillant.
« Oui papa. Tu ne sais pas où est ma baguette ? »
« Elle est sur ta commode. »
Xénophilius lui posa une main chaleureuse sur l'épaule et lui adressa un sourire des plus radieux et Luna remonta rapidement dans sa chambre. Elle saisit sa baguette magique et la tritura dans tous les sens. Elle allait enfin pouvoir s'en servir à Poudlard. Elle se souvenait avec délectation de l'achat de ce précieux morceau de bois, chez Ollivanders, le marchand de baguettes magiques sur le Chemin de Traverse. Après avoir été retirer un peu d'argent chez Gringotts, elle s'était hâtée d'aller chez le fabriquant de baguettes, suivi de son père. Après avoir essayé une vingtaine de baguettes avec plus ou moins de succès, elle avait ressenti une chaleur vive dans tout son corps. C'était SA baguette : 34,3 centimètres, bois d'acajou et plume de phénix. Alors que son père l'appelait en bas, elle se dépêcha de s'habiller et commença à descendre les escaliers. Elle s'arrêta brusquement et observa une dernière fois sa chambre. Elle eut un pincement au cœur à l'idée de quitter sa maison et surtout son père. Il n'avait jamais été seul. Elle fit demi tour et prit entre ses mains un cadre doré contenant une photo de ses parents et d'elle lorsqu'elle était petite. Elle fixa le visage de son père, puis le sien, et enfin s'attarda plus longuement sur celui de sa mère, Pandora. Elle était grande, blonde aux yeux bleus et avait un sourire brillant et chaleureux. Pandora lui faisait des grands signes de la main dans son cadre. Elle était décédée il y a trois ans lorsque Luna avait huit ans. Pandora était une grande sorcière très intelligente qui aimait inventer de nouveaux sortilèges. Malheureusement, l'un d'eux s'était retourné contre elle et l'avait foudroyé en un éclair, faisant exploser une partie de la maison. Luna et Xénophilius avaient donc déménagé vers un endroit éloigné afin de panser leurs plaies et noyer leur chagrin. Luna descendit doucement l'escalier et tendit le cadre à son père :
« Est-ce que tu pourrais le ranger dans ma valise ? »
« Bien sûr. » lui répondit son père, l'œil mélancolique.
Luna jeta un dernier coup d'œil autour d'elle et sorti dehors avec son père. Deux créatures qui ressemblaient à des chevaux noirs mais squelettiques les attendaient une carriole derrière eux.
« On va aller à Londres en Sombrals. Puis, nous prendrons un… un taxi comme disent les Moldus jusqu'à la gare de King's Cross d'où part le Poudlard Express. » lui annonça Xénophilius.
Pendant qu'il chargeait la valise de sa fille dans la carriole, celle-ci s'approcha doucement des Sombrals et leur caressa le museau.
« Est-ce que tu vas les relâcher après ? »
« Bien sûr. Dès que nous serons à Londres je les libérerai. Je rentrerai à la maison en transplanant. Ne t'inquiète pas pour eux. » lui assura Xénophilius qui caressait à son tour les Sombrals.
Le voyage à dos de Sombrals dura près de deux heures. En général, un vol en Sombral mettait moins de temps mais les Lovegood aimaient survoler les terres doucement afin de profiter du paysage. Ils avaient ainsi survolé la mer avant d'atterrir dans un endroit paisible près de Londres. Là, Monsieur Lovegood libéra les Sombrals qui s'envolèrent et récupéra la valise de sa fille. En un coup de baguette, il fit disparaître la carriole. Ils marchèrent un peu puis arrêtèrent un taxi qui les emmena rapidement devant la grande gare de King's Cross. Il était 10 heures 30 et beaucoup de monde arpentait déjà les quais de la gare. Luna tenait fermement son ticket de train qui indiquait « Poudlard Express, Voie 9 ¾, départ à 11 heures ». Naïvement, elle cherchait le quai qui pouvait correspondre. Xénophilius, qui traînait la grosse valise de Luna derrière lui, lui indiqua d'un signe de tête une barrière et deux tourniquets entre les voies 9 et 10. Luna regardait autour d'elle et aperçut plusieurs familles qui allaient dans cette direction. Certains avaient des hiboux qui hululaient d'indignation, des chats qui miaulaient et son excitation augmenta à la vue de tant de personnes s'apprêtant à partir à Poudlard. Certains Moldus, les personnes sans pouvoirs magiques, observaient avec curiosité les badauds promenant des hiboux. Elle vit un jeune Moldu tendre le doigt dans sa direction et chuchotait quelque chose à la jeune fille près de lui et tous les deux éclatèrent de rire. Embarrassée, Luna fixa ses chaussures puis s'approcha de son père.
« Bon, écoute-moi Luna. Il faut marcher rapidement en direction de la barrière. N'hésite pas à foncer dedans, c'est là le passage vers la Voie 9 ¾ ! » lui murmura à l'oreille son père.
Luna ne répondit rien et se précipita vers la barrière. Elle s'attendait à sentir un choc dans tout son corps mais au lieu de cela, elle ouvrit les yeux et découvrit devant elle un vieux train, le Poudlard Express, qui fumait. Et surtout, une multitude de familles de sorciers. Son père la rejoint rapidement. Un homme fit un signe de loin à Xénophilius :
« Attends-moi là deux minutes Luna. Je dois aller parler à Monsieur Jones, là-bas. Nous devons parler des Crabes de feu. »
Luna regarda son père s'avancer au milieu des gens et elle se retrouva, seule, avec sa valise. Elle regardait autour d'elle quand elle entendit deux jeunes filles passer près d'elle en minaudant :
« Beeeurk. Mais qu'est-ce que c'est que ça ? »
Elles s'éloignèrent et ricanèrent, puis rejoignirent un autre jeune sorcier en montrant Luna du doigt. Elle ne comprit pas pourquoi ces gens se moquaient d'elle. Elle fixa alors ses chaussures, une paire de ballerines roses pâles à fleurs. Elle ne portait pourtant rien de choquant, à ses yeux. Elle avait un pantalon en jeans, un léger pull rose avec une tête d'hippogriffe dessus. Ses seules excentricités étaient des boucles d'oreille en forme de radis et un collier en capsules de Bièraubeurre. De plus en plus de monde s'avançait sur la voie et de la vapeur grise sortait de la locomotive. Xénophilius revint près d'elle.
« Et bien, Luna, je crois qu'il est bientôt temps de se séparer. »
« Oui, je le crois. Tu vas me manquer papa. » dit Luna d'un ton triste.
« Toi aussi, tu vas me manquer ma Luna. »
Xénophilius serra sa fille dans ses bras avec tendresse. Puis il l'aida à monter sa grosse valise dans un des wagons. Il la suivit du regard à travers les fenêtres et la vit s'installer dans un compartiment vide près de la locomotive. Elle ouvrit la fenêtre :
« N'oublie pas de m'envoyer le Chicaneur ! »
« Je n'y manquerai pas. » lui cria son père alors que le train commençait à démarrer.
« Prends bien soin de toi ! »
« Toi aussi Luna. Et écris-moi. On se revoit à Noël ! » hurla Xénophilius dans le brouhaha des familles sur le quai disant au revoir à leurs enfants.
« A bientôt papa ! Au revoir ! »
« Au revoir Luna ! »
Puis, le train commença à prendre de l'allure et Luna ne put entendre la voix de son père. Elle lui fit des grands signes par la fenêtre et il lui répondit. Bientôt, son père ne devint plus qu'une silhouette sur le quai, puis tout se brouilla et la gare disparut. Luna ferma la fenêtre et installa sa valise dans les filets au-dessus des sièges. Elle s'assit, seule, sur une banquette et observa le paysage. Un croassement retentit dans son compartiment.
