[Cette fiction suit la trame générale du tome 5 mais il y a quelques modifications de détails. Pour les personnages je modifie allègrement parce que cette saga manque cruellement de personnages queer ! ;) Mais j'essaye de conserver leur caractère de base, ou en tous cas, la vision que j'ai eu d'eux en lisant/regardant les œuvres. ]


[note : en faisant une relecture, j'ai fusionné certains chapitres qui étaient trop courts. Du coup les chapitres mentionnés dans les 4 premières reviews ne correspondent plus au "nouveaux" numéros de chapitres. Pardon pour ça ! Merci aux personnes qui m'ont laissé ces commentaires et suivent cette fiction. C'est la toute première que j'écris, alors les retours font toujours plaisir et aident à s'améliorer :) ]


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Au son de ses pieds claquant précipitamment sur le sol de la cuisine, il était facile de deviner que l'adolescent se dépêchait de prendre la dernière place près de la cheminée.

-C'est de bonne guerre Harry ! lui lança Fred qui paraissait bien réveillé, malgré un clin d'œil qu'un observateur aguerri aurait pu noter moins vif qu'à l'accoutumée. Maaaais tu as pris la place de Georges : je serais obligé d'aider mon frère en cas de représailles. Solidarité familiale ! compléta-t-il la main sur le cœur, affichant un air désolé presque convaincant.

Encore trop brouillé de sommeil pour entamer une joute verbale, Harry se contenta de répondre d'un vague geste de la main ; versant par la même occasion la moitié de son lait à côté du bol qu'il venait de se sortir.

-Et merd…lin ! se rattrapa-t-il en voyant, du coin de l'œil, entrer le professeur McGonagall.

Bien sûr, il ne se trouvait pas sous son autorité pendant les vacances. Mais son enseignante dégageait un tel degré de maitrise d'elle-même – et ce en toutes occasions – qu'il ne pouvait s'empêcher de se sentir aussi gracieux qu'un dragon en plein bal du ministère au moindre relâchement.

-Professeur McGonagall ! Si tôt ? Du thé ? mitrailla Fred à l'attention de la nouvelle venue.

-Mr Weasley, quel accueil !... le salua l'intéressée de l'air mi-réprobateur, mi-résigné qu'elle avait l'habitude de prendre face aux jumeaux Weasley. Il ne me semblait pas que 10h… 43 était une heure particulièrement matinale cependant, ajouta-t-elle en sortant ostensiblement sa montre. Toutefois je prendrais volontiers un thé, merci. Votre mère m'attend.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la cuisine, Fred se mit à hurler :

-MAMAN ! Le professeur McGonagall est là pour toi !

-Je descends ! entendit-on en haut des escaliers. Et offres lui du thé !

-Aaa vos ordres ! barytonna Fred en lançant un clin d'œil à Harry – plus énergique cette fois-.

Celui-ci était pour sa part en train d'échanger un regard avec sa professeure qui semblait s'alarmer d'un tel volume sonore à moins d'un mètre d'elle.
Après quelques secondes de flottement, elle opta définitivement pour une retraite stratégique vers une autre pièce et prit congé ; non sans lancer un regard sévère au t-shirt tâché de lait d'Harry pour faire bonne mesure.

La voyant partir Fred se précipita pour la suivre et en profita pour remettre sur le tapis la confiscation de son lot de « baguettes bavantes » par Rusard en janvier dernier. Criante injustice qui me semblait pourtant pas, cette fois encore, émouvoir la directrice des Gryffondor.

Une fois le calme revenu, Harry se leva pour aller chercher des tartines en grommelant.

-Tu parles tout seul ?

-HA ! Ho, salut Hermione, sursauta l'adolescent.

-McGonagall est ici ? intervint Ron en entrant à son tour. J'ai entendu l'annonce délicate de mon frère.

-Oui, elle vient d'arriver.

-Et elle t'a vu dans ce vieux pyjama ? pouffa Ron. Elle ne t'a pas enlevé 150 points pour tenue inappropriée ?

-Presque !.

-Je me demande bien ce qu'elle fait ici ce matin n'empêche..

-Ta mère voulait lui transmettre quelque chose qu'un des informateurs de l'Ordre lui a dit, avança Hermione en s'asseyant, une tasse de thé fumant à la main.

-Ment…ai….a ? répondit Ron la bouche si pleine de céréales qu'Harry se demandait comment un mot pouvait en sortir sans que l'ensemble ne tombe sur la table.

-Quoi ? fit Hermione, essayant de réprimer son dégout.

-Je disais : comment tu sais tout ça ? retenta son ami après avoir finalement avalé sa bouché.

-Ginny me l'a dit. Elle a entendu vos parents discuter hier soir sans qu'ils s'en aperçoivent.

Avant qu'il ne puisse demander, elle précisa :

-Mais elle n'en a pas entendu plus. Ils parlaient plus par allusions qu'autre chose.

-D'autres vont venir ?

-Le professeur Lupin, il me semble.

-Elle sait tout ! sourit Ron en se tournant vers Harry.

Sortant de ses pensées en entendant le nom de son ancien professeur, ce dernier ne put que sourire confusément en retour ; ne sachant pas précisément ce dont il était question. Comprenant le pourquoi du comment grâce à la suite de la discussion, il se réjouit à l'idée de cette visite et étala, avec enthousiasme, une généreuse dose de confiture sur son pain.

La conversation s'orienta ensuite sur les pronostiques que Ron envisageait pour le match de Quidditch opposant, dans quelques jours à peine, le Mali et l'Irlande. S'ensuivit un débat animé entre les deux amis, Hermione ayant, comme à son habitude, préféré lire le journal plutôt que de discuter Quidditch.
Depuis la fois où Ron s'était moqué des loisirs moldus lorsqu'elle avait essayé de lui expliquer les règles du handball, elle se tenait à l'écart de toutes conversations sur le sport avec lui. L'unique exception étant les matchs de l'école, mais elle gardait la face en prétendant qu'elle n'y assistait à ses côtés que pour soutenir Harry.

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Son petit déjeuner achevé, Harry monta se préparer pour la journée.

Une fois dans la chambre qu'il partageait avec Ron, l'adolescent se décida à mettre un peu d'ordre. Il voulait prévenir Sirius de la bonne nouvelle, mais ne l'avait pas croisé en montant : peut-être n'était-il pas encore levé.
Assis sur son lit, il considéra ses options : commencer par le linge étalé par terre, ou trier ses affaires éparpillées un peu partout dans la pièce ? Le linge pouvait attendre.
Se décidant à faire une pile de ce qui lui serait nécessaire pour la rentrée, il se mit au travail. Au bout de quelques minutes toutefois, son petit orteil heurta un énorme livre à moitié dissimulé sous un meuble.

Réprimant un cri de douleur, il se mit à se masser le pied, en se demandant ce que ce fichu bouquin pouvait bien faire ici. Puis il se souvint.
Peu avant son audience, un jour de grande colère. De nombreuses affaires avaient volé à travers la chambre, et Hedwige n'avait pas voulu le laisser approcher de sa cage pendant plusieurs heures tant elle avait été effrayée. Les flashs lui faisant revivre la nuit de la finale du tournoi des trois sorciers se faisaient moins récurrents à présent, mais cet après-midi là, il en avait été particulièrement envahit. Si l'on ajoutait à cela l'anxiété que lui avait causée sa convocation au ministère et le sentiment d'abandon qu'il avait ressenti avant de comprendre pourquoi ses amis ne l'avaient pas davantage contacté pendant le début de l'été, il était aisé de comprendre pourquoi il avait fini par exploser. Depuis le début de l'été la violence de ce qu'il ressentait l'impressionnait, mais moins que la rapidité avec laquelle sa colère pouvait redescendre tout à coup ; le laissant vide et bizarrement honteux de s'être tant emporté.

Rattrapé par le sentiment de culpabilité et d'impuissance qui lui collait à la peau depuis juin, il se recroquevilla sous sa couverture la plus lourde et, de fait, la plus sécurisante. La matinée avait pourtant bien commencé…

Pour essayer de penser à autre chose, il se concentra sur le vol des oiseaux qu'il voyait par la fenêtre et finit par entrer dans un sommeil agité, entrecoupé de réveils brefs et désagréables.

Lorsqu'il s'éveilla complétement, en sueur d'être resté sous ses couvertures en plein été, il entendit l'agitation provenant du rez-de-chaussée. Ce devait être presque midi, et tous s'activaient surement en cuisine. Peut-être même que Lupin était arrivé.
Songeant qu'une fois rafraichi par une bonne douche, il se sentirait mieux il commença à se trainer hors de son lit. De toute manière, il n'y a pas grand-chose à faire d'autre... pensa-t-il amèrement.
Son humeur était tellement changeante ces temps-ci qu'il avait souvent du mal à savoir par quel bout prendre les choses. Ses amis, Mr et Mrs Weasley et même Sirius, ne manquaient pas de lui dire de prendre patience, qu'il avait besoin de digérer ce qu'il avait vécu. Mais comment digérer de pareils souvenirs ? Comment gérer ce que cela impliquait ? Qui pouvait faire ça ? Sentant qu'il recommençait à se mettre en colère en ruminant, Harry ferma brièvement les yeux et, décidé, fonça vers la douche.

C'est un peu plus détendu, qu'il émergea de la salle d'eau. Enfilant rapidement des vêtements propres et une paire de chaussures qui commençaient à être trop petites, il s'élança vers le brouhaha familier qui filtrait à travers le plancher.

A peine arrivé en bas, Sirius l'accueillit par un grand sourire et Harry se fit la remarque que son parrain paraissait plus apaisé et bien moins bougon que la veille au soir. La nouvelle de la visite anticipée de son vieil ami y était probablement pour quelque chose.

-Ça va Harry ?

-Oui Sirius, pardon. Je suis juste un peu dans la lune. Et toi, tu …

Mais la fin de sa phrase se perdit dans l'agitation qui suivit l'entrée de Remus Lupin dans la maison.
Le voyant les bras chargés de bagages, Sirius et Molly se précipitèrent dans le hall pour l'aider et lui souhaiter la bienvenue. Content de revoir son ancien professeur et ravi de trouver son parrain de si belle humeur, Harry les rejoignit. Puis tous fuirent les hurlements du portrait de Mrs Black pour se diriger vers la cuisine.

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Ce fut la vue du joyeux désordre qui s'était emparé du square Grimmaurd pendant le repas qui rasséréna finalement Harry : pour le moment il était entouré de ses proches et tous se portaient bien.
Certes, Lupin semblait un peu pâle. Mais, la chose étant plutôt habituelle, cela ne suffit pas à inquiéter l'adolescent outre mesure. D'autant que lorsque celui-ci prenait la parole, il ne se privait pas de taquiner Sirius ou de participer à l'évocation des quatre cent coups que ses amis avaient pu faire lors de leur scolarité à Poudlard.
Oui, tout allait bien.

Profitant de cette bulle d'apaisement, Harry rejoignit ses amis en bout de table qui regardaient Fred et Georges disputer une partie de bataille explosive. Hermione lui fit une place à ses côtés et il s'installa pour grignoter une des savoureuses tartes dont Mrs Weasley avait le secret. Bientôt, les deux frères firent preuve d'une telle mauvaise foi l'un envers l'autre qu'Harry et Ron partirent dans un fou rire. Discrètement cependant pour ne pas attirer les foudres des mauvais joueurs, déjà suffisamment énervés.

A l'autre bout de la table, Sirius demanda soudain :

-Penses-tu rester longtemps, Remus ? Tu as plus de bagages d'une équipe de Quidditch, ajouta-t-il amusé.

-En fait, s'assombrit Lupin, bon… Je voulais t'en parler plus tard mais je ne peux pas retourner dans mon ancien appartement. C'est… compliqué.

-Ça a un rapport avec ?... intervient Mrs Weasley d'une voix hésitante.

-Oui, oui, la coupa Lupin. Malheureusement il est toujours aussi compliqué de louer pour les gens comme moi…

-Loup-garous, Remus ! Tu peux dire le mot enfin ! s'exclama Sirius ; un peu trop fort cependant pour que les autres le croient aussi détaché qu'il ne voulait en donner l'impression.

-Ce qui ne change rien au fond du problème, soupira Lupin en fixant son verre.

-Je pense que Sirius sera d'accord avec moi pour dire que tu peux rester ici autant que nécessaire, reprit Mr Weasley, brisant ainsi le silence pesant qui commençait à s'installer entre eux.

-Bien sûr, confirma Sirius. Tu le sais Remus, continua-t-il en se tournant vers l'intéressé, un sourire au coin des lèvres.

Sans ouvrir la bouche mais posant une main sur le bras de son ami, Lupin acquiesça doucement.

Puis il changea brusquement de sujet :

-Et cette réunion ce matin, Molly ? Je n'ai pas pu venir à temps mais qui était là finalement ? Est-ce que vous avez pu découvrir des choses intéressantes ?

-Arthur, Minerva, Sirius et moi. C'était très informel. Et pour ta dernière question difficile de répondre. Mais venez dans le salon tous les deux, on ne va pas en discuter devant les enfants.

Surprenant le coup d'œil que Sirius lança à Harry en voyant qu'il les regardait à la dérobée, Mrs Weasley ajouta précipitamment :

-Ne relance pas le sujet s'il te plait !

-Bon, bon ! Je vous rejoins avec le café ! grommela-t-il en retour, en se dirigeant vers le cellier.