Petite dédicace à Annwan, artiste de talent qui m'a fait connaître FMA et m'a fait l'honneur de lire ce petit opus en avant-première…
Chapitre 1 : Désobéissance pour une juste cause
Hôpital, Central City, 1925
« Comment elle va ? », questionna le lieutenant Havoc, assis dans le couloir, un bouquet de fleurs à la main.
L'interpellé, le sergent-chef Fuery, baissa la tête :
« Elle dit qu'elle va mieux, mais les médecins ne sont pas du même avis, ils disent que son état se détériore et je les crois… »
Havoc eut un énorme soupir.
« A mon tour… »
Il frappa, attendit l'assentiment de l'occupante de la chambre et entra bravement. Riza Hawkeye était assise sur son lit, ses cheveux blonds lâchement liés en une natte, regardant sans la voir la ville par la fenêtre. Appuyée contre ses oreillers, elle portait un pyjama bleu et plusieurs perfusions étaient reliées à son bras. Une pile de livres était posée sur sa table de nuit ainsi qu'un bouquet de fleurs. Quand elle l'entendit, elle se tourna vers lui :
« Ah, c'est vous… », dit-elle seulement d'une voix lasse.
Son teint était translucide et Havoc en eut un coup au cœur. Avait-elle décidé de cesser de se battre, elle ? Non, ce n'était pas possible. L'étincelle qui animait ses yeux dorés semblait pourtant avoir disparu.
« Comment ça va, aujourd'hui ? » demanda-t-il avec une feinte bonne humeur.
« Ca va … », répondit-elle seulement avec un léger sourire avant de demander :
« Et Black Hayate ? Il va bien ? »
En effet, c'était lui qui avait recueilli le temps de son hospitalisation son chien, et il se hâta de la rassurer.
« Oui il va bien, vous lui manquez… »
Riza eut un pâle sourire et Havoc insista, tout en disposant les fleurs dans un vase qui se trouvait là.
« Comment vous vous sentez ? »
Elle lui répondit avec tout le self control dont elle était capable.
« Je vais mieux, comme vous pouvez le voir… »
Havoc décida d'être franc. Elle essayait de faire comme si elle allait mieux, mais son allure disait le contraire. Elle paraissait faite de porcelaine, comme si elle allait se briser sous l'effet de la maladie qui la rongeait de l'intérieur.
« Non, vous n'allez pas mieux, lieutenant, vous le savez, nous le savons tous et…et… »
Ses points se serrèrent et il ajouta :
« Et cela nous désole de ne pas pouvoir vous aider… »
En effet, ils avaient insisté pour faire les examens de compatibilité, mais aucun d'eux n'aurait pu lui donner le rein qui aurait pu la sauver. Riza Hawkeye se mourait lentement d'insuffisance rénale et, malgré une nouvelle invention nommée dialyse, qui purifiait tous les deux jours son sang, il était quasiment sûr qu'elle n'aurait pas une longue espérance de vie.
« Vous avez déjà fait beaucoup… », dit-elle à Havoc, « En plus, vous venez me voir tous les jours … »
Elle n'était pas du genre à être très expansive, mais ce qu'elle venait de dire ne lui ressemblait pas et était porteur des sentiments qu'elle n'exprimait quasi jamais. Quand sa maladie avait été diagnostiquée, ils avaient voulu appeler Roy Mustang, mais elle leur avait formellement interdit, elle refusait qu'il la voie dans cet état. Qu'aurait-il pu faire ? Elle refusait de toute façon de voir de la pitié dans son regard sombre.
Havoc ajouta :
« Mais vous ne pouvez pas vous rendre sans vous battre, enfin ! »
Elle fixa dans son regard son regard doré :
« Je ne me rends pas, mais je ne suis pas trop optimiste non plus. Quel intérêt de vivre si je dois être connectée à une machine toute ma vie ? »
Havoc continua :
« Mais au moins vous vivrez, c'est bien cela l'essentiel non ? »
Riza se préparait à répondre quand une infirmière entra :
« C'est l'heure de votre dialyse… », déclara-t-elle.
Elle l'aida à s'installer sur un fauteuil roulant et l'emmena, laissant Havoc songeur. Elle allait le détester pour ce qu'il allait faire mais il allait le faire, ça c'était sûr, il aurait même dû le faire bien avant. Quand il sortit, Fuery l'attendait toujours et il lui dit, l'air décidé :
« Il faut appeler le colonel, il faut qu'on lui dise, ça ne peut plus durer… »
Fuery changea de couleur :
« Mais elle va nous tuer si elle sait ça !! »
Le regard bleu d'Havoc s'affermit :
« Mieux vaut qu'elle nous tue que ce qu'on l'enterre ! »
Il ajouta :
« Et il ne nous pardonnera jamais s'il apprend qu'on savait et qu'on n'a rien fait… »
Vu sur ce plan-là, c'était plus que logique, et Fuery déclara :
« Tu l'appelles ou je le fais ? »
Cité principale de l'Ouest
Le colonel Roy Mustang apposa sa signature sur une pile de documents et les donna d'un air distrait à sa secrétaire. Voilà six mois qu'on l'avait muté là depuis le Nord, mais il s'y ennuyait prodigieusement. C'était une mutation honorifique, mais le poste était essentiellement administratif et, pourvu d'un état-major particulièrement efficace, il ne servait pas à grand chose.
Son regard sombre se focalisa sur la fenêtre, puis revint sur son bureau. Y étaient posés ses gants ornés du cercle de transmutation rouge, rouge comme les flammes qu'il produisait, mais il n'avait plus utilisé l'alchimie depuis la bataille menée contre les envahisseurs d'un autre monde et qui avait vu le départ des frères Elric de leur monde natal. Cependant, sa réputation le précédait et ses subordonnés le craignaient et le respectaient.
Soudain, le téléphone sonna et sa secrétaire répondit :
« Ici bureau du colonel Mustang…oui, il est là…qui dois-je annoncer ? D'accord, je lui dis… »
Elle se tourna vers lui et déclara :
« Un certain sergent-chef Fuery voudrait vous parler, il dit que c'est urgent… »
Etonné, Mustang se leva et prit le combiné.
« Fuery, c'est moi. Que se passe-t-il ? »
La voix lointaine mais familière de son ancien subordonné résonna :
« Colonel, je suis content de vous entendre. Le lieutenant Hawkeye va me tuer mais il faut que vous sachiez qu'elle est gravement malade… »
Mustang faillit lâcher le téléphone. Riza, malade ? En fait, cela lui ressemblait bien de lui cacher ce genre de choses. Il prit une grande inspiration et demanda :
« Qu'est-ce qu'elle a ? »
Il y eut un blanc, mais Fuery répondit :
« Ce sont ses reins, monsieur, ils ne fonctionnent presque plus, les médecins disent qu'elle a une insuffisance rénale. Havoc et moi allons la voir tous les jours, et elle nous avait interdit de vous appeler, mais son état se dégrade de plus en plus malgré la dialyse… »
Entendant cela, la décision de Mustang fut très vite prise :
« Très bien, j'arrive, je serai à Central demain matin. Ne lui dites pas que vous m'avez appelé et arrangez-moi un rendez-vous avec son médecin au plus tôt… »
Il raccrocha et appela son supérieur pour demander des congés pour raisons personnelles. Ils lui furent accordés vu qu'il en avait accumulé un certain nombres ces dernières années, puis il rassembla son état-major.
« Je dois me rendre à Central immédiatement, vous gèrerez les affaires courantes et, si quelque chose d'urgent requiert mon attention, vous pourrez laisser un message au quartier général, demandez le sergent-chef Fuery, lui saura où me trouver… »
Ceci fait, il sortit, se rendit à ses quartiers et prépara sa valise. S'il se dépêchait, il pourrait prendre le train de nuit et arriver le lendemain matin tôt à Central. Il n'était pas question qu'il laisse Riza partir sans l'avoir revue et surtout sans avoir tout tenté pour la sauver. Il saisit un cadre et considéra pensivement le portrait qu'il présentait. Riza tenait Black Hayate, dont il avait toujours trouvé le nom ridicule, dans ses bras et souriait à l'objectif. Il eut un soupir et rangea la photo dans sa valise. Il posa sa casquette sur sa tête, saisit sa valise et sortit rapidement pour se rendre à la gare. Il n'était pas homme à prendre à la légère ce genre de décision mais dès que Riza était en jeu, cela faisait appel à une partie de lui très émotionnelle, dont il ne parlait jamais mais qui existait bel et bien.
Heureusement, le train était encore en gare et il s'y engouffra juste à temps avant qu'il ne parte. Il posa sa valise près de lui et abaissa la visière de sa casquette dans l'intention manifeste de piquer un somme, surtout pour ne pas être dérangé. Pourtant, dès qu'il ferma les yeux, le visage souriant de Riza envahit ses pensées. Elle souriait toujours assez peu, mais ses sourires étaient vraiment quelque chose de magnifique, comme si son visage pâle s'ensoleillait soudain. De plus, l'effet était encore plus joli quand ses cheveux longs étaient lâchés et semblaient une auréole. Il n'était pas question qu'il ne fasse pas tout ce qui était en son pouvoir pour la sauver. Il voulait être résolument optimiste, mais il savait tout au fond de lui que, si rien n'était possible, il voudrait tout faire pour qu'elle parte en paix.
Dans l'impossibilité de dormir, il finit par ouvrir de nouveau les yeux et tenta de distinguer les formes dans l'obscurité au dehors, pendant que le train à vapeur roulait vers Central. Il retint un soupir : comment n'avait-il pas pu sentir que quelque chose allait mal et l'appeler plus souvent ? Bien sûr, pendant ces années ils avaient échangé de nombreuses lettres, mais ce n'était pas pareil. En effet, elle était suffisamment têtue pour cacher à tous qu'elle allait mal, en premier à lui, faisant toujours comme si tout allait bien. Mais quand comprendrait-elle enfin qu'il pouvait aussi la protéger ?
Ce fut sur ces pensées qu'il s'endormit et, quand il s'éveilla, il vit que l'horizon s'éclairait, l'aube ne tarderait pas. Il massa son dos douloureux et s'étira longuement. Central n'était plus loin, dans moins de deux heures il serait à la gare principale et, normalement, quelqu'un l'y attendrait. Normalement Fuery avait dû tout organiser pour qu'il voie le médecin de Riza, ensuite il déciderait de ce qu'il conviendrait de faire. S'il pouvait l'aider, il le ferait à son insu, puisqu'il était censé ignorer son état. Son regard sombre se débarrassa des derniers relents du sommeil et s'aiguisa comme à son habitude. Il fallait qu'il évite tout sentimentalisme, mais comment faire vu qu'il était parfaitement conscient que Riza Hawkeye tenait son cœur entre ses mains, et ce depuis des années ? S'il l'admettait parfaitement de son côté depuis quelques années déjà, elle n'avait jamais été vraiment prête pour ça. Et pourtant leur lien était présent depuis plus d'une dizaine d'années, depuis ses propres années d'entraînement auprès du père de Riza, mais il n'en avait réellement compris la teneur qu'assez récemment. Ils étaient séparés par leurs devoirs respectifs, mais chacun savait ce que ressentait l'autre. Toujours séparés mais ensemble en pensée, c'était leur lot.
Au loin apparaissait la mégapole du pays, Central City, son voyage touchait à sa fin. Le jour était à présent pleinement levé et, quand il consulta sa montre, il vit qu'il était plus de huit heures. Dans une demi heure, le train entrerait en gare…
A l'hôpital, Riza Hawkeye ouvrait les yeux, éveillée par les soins effectués par les infirmières sur sa personne. Au début, elles s'étaient montrées étonnées du tatouage qu'elle avait dans le dos, surtout de la marque de brûlure qui le barrait de part en part, mais elles n'avaient plus fait de remarque après qu'elle leur ait jeté un regard sanglant. Cela n'appartenait qu'à elle et à Mustang, à personne d'autre, et elle refusait de s'en expliquer.
Comme désincarnée, elle laissa les infirmières faire sa toilette et changer ses perfusions sans mot dire. Elle ne parvenait plus qu'à peine à se laver et à se déplacer seule, et elle se haïssait d'être si faible à présent. C'était cela qui lui faisait le plus de mal, plus que sa propre maladie. Ce n'était plus elle, cette jeune femme faible, reliée à des perfusions et qui dépendait périodiquement de machines pour purifier son sang. Pourquoi ne la laissait-on pas en finir dans la dignité plutôt que mourir à petit feu ?
Elle attendit que les infirmières soient sorties pour laisser les larmes qu'elle retenait couler sur ses joues. Elle ne voulait pas être si faible, mais elle avait atteint la limite de tolérance. Heureusement que le colonel ne la voyait pas ainsi, il n'aurait pas manqué de lui souligner sa faiblesse, et elle refusait cela. Il se serait inquiété aussi, et elle ne voulait pas qu'il eût le moindre souci à son sujet.
Passant la main sur ses yeux d'un geste rageur, elle finit par reprendre sa contenance. Qu'importe elle-même si lui était satisfait. Après tout, n'était-ce pas le plus important de savoir l'être aimé heureux ? Il avait bien fallu qu'elle admette la véritable nature des sentiments qu'elle ressentait pour lui, mais elle se serait fait tuer sur place plutôt que de lui avouer. Et pourtant, l'occasion ne lui avait pas manqué, et lui semblait même partager ses sentiments, mais elle avait paniqué, comme une enfant de douze ans à son premier rendez-vous. Elle avait vu la tendresse dans ses yeux sombres, ses traits se détendre sous l'effet d'un sourire, mais elle avait été trop faible pour lui dire quoi que ce soit et s'en voulait énormément maintenant. C'était pour cette raison qu'elle avait écrit une lettre, pour qu'elle lui soit remise si elle ne devait pas le revoir avant son décès ou si elle tombait dans le coma. Au moins, il saurait…
Elle se laissa aller contre ses oreillers avec un soupir et recommença à regarder sans le voir le jardin à l'extérieur en attendant la visite de ses amis…
Enfin, le train rentrait en gare et, dans la cohue, Mustang aperçut Havoc qui lui faisait signe. Celui-ci le salua protocolairement et dit seulement :
« Une voiture nous attend… »
Mustang le suivit sans mot dire et, une fois qu'il se fut installé, demanda :
« A quelle heure est le rendez-vous avec le médecin du lieutenant Hawkeye ? »
Havoc répondit sans hésiter :
« A dix heures et demie, nous allons pour l'instant au quartier général, vous y verrez le sergent-chef Fuery et nous y prendrons le petit déjeuner. Ainsi, nous pourrons vous donner tous les renseignements en notre possession… »
Mustang se contenta de hocher la tête et resta silencieux tout le long que dura le trajet. Il salua par réflexe le garde à l'entrée de l'énorme bâtiment et suivit Havoc dans les couloirs familiers. Fuery les attendait au mess et salua protocolairement le colonel avant de dire :
« Merci d'être venu, colonel… »
Mustang lui rendit son salut et s'assit en face de lui.
« C'est moi qui devrais vous remercier d'avoir passé outre les commandements du lieutenant Hawkeye pour m'appeler… »
Fuery percevait toute l'émotion qui émanait de son ancien supérieur. Il avait toujours su quelle relation particulière lui et Hawkeye entretenaient, et il avait là la preuve que cela allait au delà de la simple amitié. Pourtant, il n'en fit pas état, versa une tasse de café et la poussa vers le colonel en disant :
« Les médecins lui ont diagnostiqué voici quatre mois une insuffisance rénale, mais ils ont dit aussi qu'ils pourraient lui greffer un rein, à condition qu'il soit compatible. Malheureusement, aucun de nous ne l'était, alors ils ont pris la décision de la maintenir sous dialyse régulière pour purifier son sang en attendant de lui trouver un rein… »
Le cerveau aiguisé de Roy emmagasina toutes les informations données et il sirota son café alors qu'il réfléchissait. Fuery acheva :
« L'état du lieutenant se dégrade aussi parce qu'elle ne veut plus vivre, qu'elle ne supporte pas de se voir dans cet état. Il faut faire quelque chose… »
Mustang eut un frisson. Riza, se laisser mourir ? Non, cela ne lui ressemblait pas. Et pourtant, Havoc et Fuery la connaissaient bien, ils ne pouvaient pas se tromper. La maladie avait-elle pu la transformer à ce point ? Oui, c'était plausible, mais il n'était pas question qu'il la laisse s'enfoncer davantage, il devait agir.
Il resta pensif un moment et déclara :
« Je vais faire les tests de compatibilité aussi. Je sais qu'elle et moi sommes du même groupe sanguin, cela donnera peut être quelque chose de plus, je ne sais pas… »
Il avait dit cela d'un ton calme mais sa résolution était prise à présent, comme à son habitude.
La discussion se poursuivit à bâtons rompus, pour les nouvelles de tout le monde, mais le colonel ainsi que ses anciens subordonnés étaient peu disert. A neuf heures trente, ils l'emmenèrent à l'hôpital et, vu qu'il était en avance, il put regarder un instant par la porte entrebâillée Riza endormie sur son siège de dialyse. Il eut un coup au cœur en la voyant ainsi, fragile, amaigrie et à la peau translucide, si transparente qu'on pouvait quasiment voir le lacis veineux à travers. Cela la conforta dans sa décision et, quand il entra dans le bureau du médecin, il était plus que sûr de lui.
Le médecin le jaugea un instant puis le pria de s'asseoir.
« On m'a dit que vous vouliez me voir pour parler de l'état mademoiselle Hawkeye… »
Mustang acquiesça, et le médecin reprit :
« Je ne vous cacherai pas que son état est très sérieux, la dialyse lui permet de survivre pour l'instant mais nous ne savons pas combien de temps cela pourra durer… »
Le regard sombre de Mustang ne cilla pas, et il dit :
« Je suis venu faire les tests de compatibilité. J'ai le même groupe sanguin qu'elle et je la connais depuis très longtemps… »
Le médecin le considéra longuement et lui dit :
« J'attire votre attention sur le fait que, même si à présent nous maîtrisons cette procédure, c'est dangereux, pour elle comme pour vous. Si d'aventure vous étiez compatible, nous devons nous assurer que votre état général vous permet de subir l'intervention et surtout ensuite de vivre avec un seul rein. Vous devez bien peser cette décision… »
Il n'hésita pas.
« Je dois essayer au moins. Je ne sais pas si je suis compatible, mais je sais que je suis jeune, en bonne santé, je peux survivre avec un seul rein… », déclara-t-il avec fermeté.
Le médecin le regarda encore attentivement, comme s'il jaugeait sa motivation, et répondit :
« Très bien, nous allons faire les tests et nous aviserons après… »
Mustang regarda ses subordonnés.
« Restez avec le lieutenant, mais surtout ne lui dites rien, soyez comme d'habitude… »
Fuery et Havoc hochèrent la tête, et le laissèrent dans les mains d'une infirmière qui lui prit un échantillon de sang pour d'abord déterminer le niveau de compatibilité. Un autre prélèvement serait ensuite fait en cas de compatibilité suffisante pour faire le bilan pré-greffe.
Le résultat tomba plusieurs heures après : il était compatible à presque quatre vingt pour cent, donc de loin la meilleure chance de réussite de Riza. On lui prit alors sa tension, on mesura son rythme cardiaque, son taux d'oxygénation, sa cicatrisation.
A la fin, le médecin le reçut et lui déclara :
« Très bien, vous êtes en excellente santé et compatible, mais êtes-vous bien sûr de vouloir faire cela pour elle ? C'est très grave comme décision, qui ne doit pas être prise sur un coup de tête… »
Il hocha la tête :
« Ce n'est pas un coup de tête, loin de là. Je ne peux pas la laisser mourir, son père ne me le pardonnerait pas, et je ne pourrais pas non plus me le pardonner. Je tiens trop à elle… »
Le médecin ferma alors son dossier.
« Alors l'intervention aura lieu demain matin, je vais signer votre admission immédiatement et vous allez rester ici… »
Mustang questionna alors :
« Combien de temps devrais-je rester ici en convalescence ? Je ne veux absolument pas qu'elle sache que c'est moi qui lui ai donné mon rein, elle ne l'accepterait pas… »
Le médecin ôta ses lunettes.
« Dix jours après l'intervention vous devriez être sur pied, mais vous devrez être suivi pendant quelques temps. Comme vous n'habitez pas ici, je ferai une lettre pour le médecin militaire de votre caserne… »
Il lui donna tous les papiers nécessaires concernant son admission et son arrêt de travail. Le médecin avait été volontairement vague dans la formulation de l'intervention, et il lui en fut gré. Il semblait avoir compris son point de vue et faisait tout pour que l'intervention soit la plus discrète possible.
Quand il sortit du bureau du médecin. Fuery l'attendait et il lui dit :
« Nous serons opérés demain matin, je vais rester ici et remplir les procédures d'admission. Vous pouvez aller dire au lieutenant qu'elle va recevoir un nouveau rein si vous voulez, ou laissez les infirmières le faire si vous préférez… »
Fuery eut un sourire mais secoua la tête.
« Non, je vais rester avec vous, vous ne resterez pas seul… »
Cela le confortait dans la grandeur d'âme de son ancien supérieur. Sa désinvolture apparente cachait un cœur d'or qu'il dissimulait bien sous son uniforme et sous des dehors sévères. Il resta présent tout le long de l'admission, puis l'accompagna jusqu'à sa chambre.
« Vous êtes sûr que vous n'avez besoin de rien ? », le questionna-t-il.
Mustang secoua la tête.
« Non, juste d'une bonne dose de chance… »
A SUIVRE
