Info : Cette fiction s'inspire de l'univers de Suzanne Collins, Panem existe toujours, le Capitole et les districts également mais il n'y a pas d'Hunger Games, cependant les différents districts sont toujours sous la coupe du Capitole, ils le fournissent en matière première et sont contrôlés par des autorités : les Pacificateurs. La Ville et la Veine cohabitent toujours dans le district 12 et la population de la Veine peine toujours à se nourrir tandis que la vie à la Ville est un peu plus facile pour ses habitants.

Ce matin, comme tous les matins depuis maintenant quatre ans, ou plutôt depuis le décès de ma mère, je pars en forêt, au-delà du grillage du district 12 pour chasser. Ce sont les vacances d'été et je dois tuer beaucoup de gibier afin de le revendre et d'économiser pour préparer la rentrée de Prim. Elle va avoir besoin de vêtements chauds pour l'automne-hiver, de nouvelles fournitures, sans compter les repas du midi à la cantine. Bref tout cela a un coût et un coût plutôt exorbitant quand on sait que je suis la seule source de revenue pour notre « famille » réduite. Prim ne peut désormais compter que sur moi pour subvenir à ses besoins et je ne peux pas me permettre de la décevoir, je n'ai plus le droit à l'erreur, j'ai déjà failli une fois, il y a quatre ans après la mort de ma mère. Durant cette période j'ai sombré, je me suis laissée submerger et ma sœur en a payé les frais.

Je me souviens de son visage famélique et pâle, nous n'avions plus rien à manger, j'avais 12 ans et j'étais dévastée, j'avais vendu tout ce qu'il nous restait pour pouvoir nous nourrir et nous n'avions plus rien, plus personne. C'est ainsi que l'on fonctionne ici, au district 12 lorsque des enfants deviennent orphelins on les laisse crever de faim en se fermant les yeux pour ne pas voir, ou alors si les enfants sont d'accord on les charge dans un wagon comme du bétail pour aller travailler au Capitole. Cette solution était pour moi inenvisageable, d'une parce qu'on nous aurait séparé Prim et moi, or il en était hors de question, elle est ce que j'ai de plus précieux au monde, et d'autre part parce que selon les rumeurs les enfants envoyé au Captole subissent toutes sorte de sévices en plus de leur charge de travail, on leur coupe la langue pour qu'ils deviennent muets et on les stérilise pour qu'ils n'aient pas d'enfants avec leurs « maîtres » lorsque ceux-ci abusent d'eux dès qu'ils atteignent quinze ans. C'est pourquoi je préférais encore mourir que de partir avec ma sœur pour le Capitole, heureusement pour nous quelqu'un m'est venu en aide le jour où j'ai perdu tout espoir, et cette intervention m'a permis de reprendre des forces, de puiser dans mon courage, mon ingéniosité et mon savoir-faire afin de mettre tout en œuvre pour nous permettre de survivre ma sœur et moi. Grâce aux enseignements de mon défunt père je sais chasser et sélectionner les baies comestibles en forêt, si nous n'avons eu quasiment aucun héritage de sa part, au moins il m'aura légué quelques notions de survie.

Arrivée au tronc creux où je cache mon arc, je vois à quelques mètres de mois une imposante silhouette masculine qui attend patiemment adossé à un arbre. Le jeune homme brun tourne son visage dur vers moi et ses yeux gris se rivent sur mes propres yeux.

- Salut Catnip, tu es en retard ! m'annonce Gale avec un léger sourire en coin.

- Salut Gale ! Désolée mais Prim s'est réveillée ce matin et comme elle a peur d'être seule j'ai dû lui chanter une berceuse pour qu'elle se rendorme, je réponds avec un sourire amical.

Gale est mon partenaire de chasse depuis quatre et il pourrait également passer pour mon frère, le même teint olivâtre, les mêmes cheveux bruns et les mêmes yeux gris, mais je pourrais en dire autant à propos de tous les enfants de la Veine qui ont un physique assez semblable au notre, à la différence que leur corps est plus décharné et leur teint plus cireux. Gale et moi sommes plus robustes et avons meilleur mine grâce au gibier que nous ramenons lors de nos parties de chasse. Pour tout dire Gale a plus qu'un teint frais, c'est un garçon très séduisant qui a son petit succès auprès des filles de notre école, ce qui a le don de m'agacer car qui va venir chasser avec moi et surveiller mes arrières s'il va fricoter avec une de ces idiotes qui glousse sur son passage ?! Quant à ma petite Prim elle tient de ma mère, et est mon exact opposé physiquement, avec ses longs cheveux blonds, son teint de porcelaine et ses yeux bleus. Elle est une vraie beauté.

- Prête à ramener de belles prises pour le dîner de ce soir et de beaux écureuils pour que l'on puisse avoir du bon pain frais Catnip ? Me demande mon meilleur ami.

J'acquiesce d'un hochement de tête, ce soir Prim et moi allons dîner chez Gale comme tous les vendredis soirs. C'est notre rituel, et avec Gale nous nous astreignons toute la journée à traquer et tuer de belles prises pour faire en sorte que le repas du vendredi soir soit parfait. Nous chassons pendant toute la matinée, j'aime la sensation que me procure la chasse, être à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement, sentir la brise caresser mes joues et faire virevolter les mèches de cheveux qui s'échappent de ma natte. Dans le vieux blouson en cuir de mon père et dans mes bottes souples je me sens bien, et à chaque fois que je cours, que je me déplace tel un prédateur c'est comme si je ne faisais plus qu'un avec la nature. Gale et moi attrapons un daim qu'il va nous falloir dépecer, une partie sera pour le dîner de ce soir, et l'autre pour vendre à la plaque à des pacificateurs friands de notre gibier, un chien sauvage que nous allons vendre à Sae, et deux écureuils intacts que nous allons échanger contre du pain au boulanger de la ville.

Après cette épuisante matinée je fais un feu pour faire chauffer un bon morceau de daim, pendant que Gale est allé cueillir des fraises pour le dessert. Une fois le feu lancé et la viande mis en broche en train de cuire, j'étends mes jambes et souffle bruyamment pour tenter de délasser mes muscles. Quelques minutes après Gale vient se placer à côté de moi et fait de même. Au bout de quelques minutes de silence il décide de prendre la parole.

- Catnip il faudrait que nous nous répartissions les tâches, dépecer le daim en plusieurs morceaux et le transporter risque de me prendre un peu de temps, tu n'as qu'à apporter le chien à Sae et aller chez le vieux Mellark pour lui revendre les écureuils.

Je souffle de mécontentement…..je n'aime pas aller chez les Mellark…..pas depuis ce qu'il s'est passé il y a quatre ans…..

- Katniss….s'il-te-plaît, insiste Gale en appuyant sur chaque syllabe de mon prénom.

- Bien, j'irai. J'accepte à regret mais je n'ai pas vraiment le choix, ce daim et trop lourd pour que je m'en charge seule, Gale est un colosse il est le seul de nous deux capable de venir à bout de cette bête.

Nous mangeons tranquillement notre morceau de viande et nos fraises dans un silence religieux, c'est aussi pour ça que j'apprécie autant Gale, avec lui pas besoin de combler des blancs avec des paroles inutiles comme le font certaines personnes, Gale goûte tout autant le silence que moi. Une fois notre estomac remplit celui-ci rompt avec ses habitudes et décide de rompre ce silence reposant.

- Catnip….j'étais en train de penser…..tu sais que je vais avoir bientôt 18 ans ?

- Oui, répondis-je un peu sceptique ne sachant pas où cette constatation va nous mener.

- Eh bien tu sais….je vais devoir aller travailler à la mine désormais…

- Je comprends, le coupais-je croyant qu'il fait allusion au travail prenant qui l'attend au peu de temps libre qu'il aura à me consacrer.

- Non je ne pense pas que tu comprennes, dit-il hésitant, je suis en âge….je suis un homme…..et je suis en âge de me marier…lâche-t-il de but en blanc.

Cette nouvelle me contrarie, j'aime beaucoup Gale et savoir qu'il va ou qu'il a peut-être déjà rencontrer quelqu'un me fâche, déjà qu'avec son boulot à la mine il n'aura plus beaucoup de temps libre, si en plus il a une femme, c'est certain je vais perdre mon compagnon de chasse, d'infortunes, mais aussi mon seul et meilleur ami.

Me sentant soudainement mal je décide pour une fois de prendre les devants et de le sonder pour savoir ce qu'il en est.

- Bien….et tu as trouvé quelqu'un pour te marier ? Tu penses que nous ne pourrons plus chasser ensemble maintenant ? Je lâche abruptement.

Gale plonge ses pupilles grises dans les miennes et essaie d'y lire je ne sais quoi avant de me rétorquer durement :

- Non il n'y a personne, nous irons toujours à la chasse ensemble Katniss. Jamais ça ne changera, jamais.

Puis Gale replonge dans son mutisme habituel et nous terminons la matinée en digérant tranquillement sous le soleil. Enfin vient l'heure où il me faut me lever et vendre mes prises, j'ai laissé un mot à Prim et un repas préparé la veille dans notre vieux frigo, elle n'a plus qu'à le faire réchauffer sur le poêle, mon petit canard est maintenant habitué à mes escapades et sait se débrouiller seule.

Sur le chemin menant à la plaque je repense à Gale, à ses propos sur le mariage. Je ne comprends pas son désir de se marier, pour faire des enfants et avoir encore plus de bouches à nourrir ?! C'est totalement absurde ! La seule raison qui me pousserait à me marier serait le bien-être de Prim, si un riche commerçant venait à me demander de l'épouser et que son argent me permettait de ne plus avoir à m'inquiéter pour ma sœur peut-être que j'accepterais et encore ce n'est pas sûr ! J'ai une sainte horreur du mariage et de tout le panel de sentiments que cela implique, j'aspire simplement à une vie tranquille où ma sœur et moi mangeons à notre faim. En parlant de Prim c'est bientôt son anniversaire et j'aimerais lui offrir un magnifique gâteau comme on en voit dans la vitrine de la boulangerie, mais ces gâteaux coûtent une fortune, et je dois utiliser l'argent pour habiller Prim pour la rentrée, et ça m'étonnerait que le vieux boulanger m'échange un gâteau contre deux malheureux écureuils, même si je sais qu'il nourrit une affection particulière que je ne saurais expliquer pour ma sœur et moi.

Arrivée à la plaque je vends mon chien sauvage à un prix raisonnable, puis c'est d'un pas traînant que je me rends jusque dans l'arrière-cour de la boulangerie. Lorsque je me rends à la boulangerie pour faire du troc avec Monsieur Mellark je passe toujours par l'arrière-cour car sa femme est une vieille sorcière qui hait les enfants de la Veine, de plus elle est violente, je l'ai vu une fois s'acharner avec ses mains sur son benjamin avec hargne et j'avoue que si elle tentait de me molester je ne suis pas certaine de résister à l'idée de sauter à la gorge de cette vieille bourrique pour l'étrangler.

Une fois devant la porte de l'arrière-boutique je m'apprête à frapper contre celle-ci mais au moment même où mon poing se lève la porte s'ouvre et laisse place à un jeune homme de mon âge, aux cheveux blonds et bouclés, au teint doré et dont les yeux sont d'un incroyable bleu. Surprise je reste figée comme une idiote pendant qu'il me regarde étonné, clignant des yeux plusieurs fois pour vérifier qu'il ne rêve pas.

Bon sang…pourquoi il faut que je tombe sur lui….Peeta Mellark, le garçon qui m'est venu en aide quand j'avais douze ans, que je crevais de faim avec Prim et que je n'ai jamais remercié…. Non pas que je ne voulais pas, j'ai essayé…..à l'école j'ai tenté plusieurs fois de l'approcher mais il est constamment entouré d'amis aussi bien masculins que féminins. C'est peut-être aujourd'hui pour moi l'occasion d'enfin le remercier…ou pas, car tout ce que je suis capable de faire à cet instant c'est de le regarder un air idiot sur le visage, la bouche entrouverte. Je dois ressembler à une carpe. Bravo Katniss. Il faut dire que même ce fameux jour où il m'a aidé en me lançant des pains je ne lui ai pas parlé, je ne lui ai jamais adressé la parole, parfois je le regardais et lorsque je voyais que son regard se posait sur moi je tournais directement les yeux alors pas facile pour moi d'entamer une conversation avec lui ou même de glisser un petit merci en se croisant dans les couloirs de l'école.

- Katniss ? Tu vas bien ? Tu es venue voir mon père ? Je suppose que tu as réussi à tirer de beaux écureuils ? Me demande-t-il la surprise passée.

Tiens j'ignorais qu'il connaissait mon prénom. Quatre questions en une seule fois, il a battu mon record de parole avec mes semblables en une fois. Tout ce que je trouve à dire est d'une banalité affligeante et me fait certainement passer pour une parfaite idiote.

- Heu….oui.

Non mais quelle nouille pourquoi ai-je hésité comme ça ?! « Heu….. » un oui aurait suffi ! J'ai été surprise, je ne m'attendais pas à ce qu'il me parle aussi naturellement comme si nous étions amis depuis une éternité. Il m'a prise au dépourvu. Je pose mes yeux sur lui et vois un sourire timide sur son charmant visage, et c'est d'une voix douce qu'il me dit :

- Je vais aller prévenir mon père que tu es ici, ne bouge pas je reviens tout de suite.

Et il se retourne me laissant moi et mon air bête sur le pas de la porte. J'ai encore loupé une occasion, qui pourtant m'était servie sur un plateau d'argent il était là devant moi, je n'avais plus qu'à prononcer un simple merci mais je me suis contentée de rester là plantée comme la dernière des abruties ! Je n'ai pas le temps de fulmine contre moi-même que déjà des bruits de pas se font entendre, et je vois Peeta revenir suivi de son père qui tient deux grosses et magnifiques miches de pain sous son bras.

- Voilà, déclare-t-il laissant la place à son père qui vient me saluer avec un sourire sincère et chaleureux puis il s'adresse à son fils.

- Peeta tu peux nous laisser maintenant, va me remplacer au four avant que ta mère ne revienne et qu'elle nous reproche de ne pas surveiller la fournée.

Peeta acquiesce un air désappointé que je ne m'explique pas sur ses traits, il me jette un regard bienveillant et fais un sourire gêné auquel je réponds par un hochement de tête avant de retourner aux cuisines. Monsieur Mellark regarde sa progéniture tendrement avant de me fixer étrangement et de façon intense, puis avant que je ne lui demande si quelque chose ne va pas il prend mes mains et me donne les miches.

- Mais vous ne savez même pas ce que je vous ai amené, je rétorque gênée.

- Peu importe considère ça comme un cadeau de fidélité, depuis le temps que tu me fournis en écureuil, répond-il tout sourire.

Je sors les écureuils de ma gibecière et les lui tend, il les contemple un instant et les prend, avant qu'il ne s'en aille je l'interpelle pour lui parler de l'anniversaire de Prim.

- Monsieur Mellarck combien ça me coûterait un somptueux gâteau au chocolat comme ceux en vitrine pour l'anniversaire de Prim ?

Le vieux boulanger me regarde avec un sourire tendre avant de prendre la parole :

- Tu trouves les gâteaux somptueux ?

J'hoche la tête. Son sourire s'agrandit encore.

- C'est Peeta qui s'occupe du glaçage et qui les rend si alléchant, m'annonce-t-il avec fierté.

Je l'ignorais. Quand on le voit, Peeta fait plutôt gaillard solide qui est né pour exceller dans la lutte et porter de lourds sacs de farine comme j'ai pu le voir faire ces dernières années, et non à dessiner de charmants motifs fleuris sur des gâteaux, non pas que je l'espionne, mais…bref passons. Mais pourquoi son père me raconte-t-il ça ?

- Eh bien Katniss je vais demander à Peeta de te confectionner un magnifique gâteau d'anniversaire pour ta petite sœur, il en sera ravi ! Déclare le boulanger.

Pourquoi il en serait ravi ? Qu'est-ce que ça peut bien lui faire de faire un gâteau pour ma sœur ou non ?!

- Parfait mais que voulez-vous en échange Monsieur ? Je demande ne perdant pas mon sens des affaires.

- Rien, considère ça comme ma participation au cadeau de la petite Prim, lâche-t-il désinvolte.

- Non c'est hors de question Monsieur ! Je ne veux pas que vous me fassiez la charité ! Je rétorque avec peut-être un peu trop de véhémence.

Devant mon air déterminé le boulanger semble réfléchir avant jeter un œil vers son fils cadet qui vient de passer dans le couloir un sac de farine sur son dos.

- Je sais ce que tu pourrais faire en échange, dit-il, enfin si tu es d'accord.

- Je vous écoute.

- J'aimerais que tu emmènes Peeta demain en forêt avec toi, il rêve d'y aller pour faire des croquis de faune et de flore, ça lui permettra d'innover dans ses glaçages ! Lance-t-il avec enthousiasme.

D'abord prise au dépourvue par cette étrange demange, je reste muette pendant quelques minutes durant lesquelles je réfléchis. Aller en forêt. Avec Peeta. Seuls tous les deux. Pourquoi le vieux Mellark veut que je fasse ça pour lui. Je le sonde du regard et je crois déceler dans celui-ci de la détermination mais également quelque chose d'étrange…comme de l'espoir. Je ne comprends pas. Oh et puis quelle importance qu'est-ce que je risque mis à part enfin me libérer du poids de la gratitude en remerciant Peeta comme il se doit pour l'aide qu'il m'a apporté ?! Finalement ce n'est vraiment pas une mauvaise idée, j'ai mon gâteau gratuit et je paie ma dette envers Peeta, je fais d'une pierre deux coups !

- C'est d'accord Monsieur ! Je l'emmène demain à la première heure, qu'il se tienne prêt pour 6h je passerai le chercher, je l'informe avant d'ajouter, et pour la gâteau ce serait possible de l'avoir pour dimanche ?

- Aucun problème ! Me confirme Monsieur Mellark.

Nous nous saluons et je repars tranquillement jusqu'à chez moi pour passer l'après-midi avec Prim avant d'aller dîner ensemble chez Gale.