Le ciel était d'un noir d'encre. Sa bouche se fendit d'un sourire ; elle aimait l'orage. La force des éclairs lui rappelait celle des Avada qu'elle prenait tant de plaisir à lancer et le bruit de la pluie battante l'enivrait. Elle se concentra sur sa marche, les lourdes grilles approchaient. Ce n'était pas son genre de rendre visite à sa sœur. Elle la trouvait faible et lâche. Elles ne s'étaient jamais entendues dans leur enfance, et ce n'était pas aujourd'hui que ça changerait. Quant à Lucius, s'il faisait preuve de plus de loyauté que Narcissa envers le Seigneur des Ténèbres, elle doutait qu'il ait ne serait-ce qu'une once de courage.
Mais aujourd'hui était un jour qui se devait important. Narcissa venait de donner la vie, et malgré tout le mépris qu'elle éprouvait pour sa sœur, Bellatrix devait bien s'avouer qu'elle était curieuse de voir cet enfant. Ses parents étaient d'une lâcheté exemplaire, aussi plaçait-elle tous ses espoirs en lui. Si sa sœur ne le faisait pas, elle saurait lui parler. Elle saurait le rendre fort et sans pitié. Elle se le promettait.
Bellatrix souleva le heurtoir en forme de serpent et le relâcha d'un coup sec. Un elfe lui ouvrit. Elle entra sans le moindre regard pour la créature et se dirigea d'un pas théâtral vers le salon.
— Bella ! l'accueillit sa sœur.
Elle tenait dans ses bras un bébé, dont les rares cheveux étaient d'un blond presque blancs. Bellatrix réprima une grimace.
— Narcissa... répondit-elle.
— Ça fait plaisir de te voir par ici, continua sa sœur.
— Mmm... marmonna Bellatrix. Comment s'appelle t-il ? continua t-elle dans un effort d'amabilité.
— Drago, souffla Narcissa, Drago Abraxas Malefoy.
Bellatrix hocha la tête, mais ne répondit rien. Et n'en pensa pas moins. Quel nom hideux.
— Eh ! Lache-moi les cheveux !
Le petit Drago lui renvoya un sourire insolent, et continua d'entortiller ses doigts dans la chevelure de Bellatrix.
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Drago avait toujours bien aimé sa tante. Elle lui apportait une force que sa mère n'avait pas. Elle était puissante et déterminée. Elle savait trouver les mots pour lui faire croire que le côté sombre était meilleur, lorsque tout espoir l'abandonnait. Sans elle, il se serait sûrement trop remis en question, il aurait sûrement trop douté, trop hésité.
Jusqu'à ses quinze ans, il vénérait sa tante. Elle représentait les idéaux dans lesquels il voulait croire. Dans lesquels il devait croire. Il faisait tout pour qu'elle soit fière de lui. Sans doute aurait-il continué ainsi sans cette mission. Drago pouvait faire semblant, il pouvait se tenir à cette table au milieu des fidèles du Seigneur des Ténèbres. Il pouvait accepter sa marque sur son avant-bras. Mais il savait au fond de lui qu'il n'était pas un meurtrier. Il avait toujours su qu'il en serait incapable. De tuer Dumbledore. Et Bellatrix aussi. Même si elle avait voulu y croire jusqu'au bout, elle sentait déjà la lâcheté suintait à chacune des paroles de son neveu, bien avant ce soir-là dans la Tour d'Astronomie.
Ce fut la goutte d'eau. Drago était bel et bien un Malefoy. Lâche comme le père, faible comme la mère. Blond comme les deux.
