La chaleur du feu emplissait la pièce. Une douceur non négligeable étant donné l'air glacial qui soufflait à la Chaumière au Coquillages. Tous les Weasley étaient là, célébrant le premier Noël depuis la Grande Bataille. Ils buvaient du thé, discutant de tout et de rien. Surtout de rien. Il y avait encore tellement de sujets sensibles que mieux valait parler de banalités. Le goût du thé, le mauvais temps au-dehors qui soulevait de gigantesques vagues. Mais surtout, surtout, aucune allusion aux deux corps enlacés sur la plage.

Chacun les observait. Dans leurs regards réprobateurs se lisait l'indignation. Ginny, comme à son habitude, énonça tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

— On savait que ça arriverait, non ?

Le reste des Weasley hocha la tête. Oui, ils savaient. Ou du moins, ils s'en doutaient. Un doute insupportable qui semblait se concrétiser sous leurs yeux, là-bas, au milieu des bourrasques qui soulevaient le sable fin.

— Je suppose, répondit Bill.

Il n'avait pas vraiment suivit l'évolution de la tristesse de George, mais il l'imaginait sans peine. Lui-même, à chaque souvenir de Fred, sa gorge se serrait.

— George est déprimé, plaida Fleur, il se raccroche vainement à quelque chose, a quelqu'un. Il finira par s'en remettre.

Elle ne disait pas ça pour le défendre. Elle y croyait vraiment. Elle avait toujours pensé que c'était le seul moyen pour ces deux âmes perdues de retrouver le bonheur. Mais son avis n'était pas vraiment partagé par tous les Weasley.

— Il insulte la mémoire de Fred, assénait Ron, et Angelina aussi. Qu'est-ce qu'elle croie ? George n'est pas Fred. Il ne le sera jamais.

— Doucement, Ron, dit Ginny. George et Angelina sont tristes, c'est normal. Ils s'accrochent l'un à l'autre, je les comprends, en un sens.

Après de longues secondes de silence, Ron haussa les épaules, dans une indifférence que tout les autres savaient feinte.

Il reporta son regard vers la fenêtre avec un soupir las. Lui aussi, Fred lui manquait, personne ne semblait s'en rendre compte.

— Va falloir rentrer, ils vont nous attendre pour le dîner, dit simplement George.

Angelina hocha la tête. Mais ne bougea pas d'un pouce. Elle était bien dans les bras de George, à écouter le bruit des vagues. Elle ne voulait pas partir. George se leva, doucement, et une fois debout, lui tendit la main. Elle sourit et s'y agrippa pour se relever à son tour. Debout face à face, et main dans la main, sans vraiment l'avoir prévu, ils ne savaient pas trop quoi faire. Angelina ne supportait pas ces instants de silence, elle cherchait désespérément un moyen de le rompre. Elle choisit l'étreinte.

Surpris, il demeura un instant immobile, elle le prenait toujours de court, comme tout à l'heure, où elle avait posé sa tête contre son épaule sans prévenir. Il ne savait jamais quoi dire. Ni quoi faire. Et elle ne semblait pas vouloir se décoller de lui. Elle enfouissait sa tête dans son cou, comme si elle se raccrochait à lui pour ne pas tomber. Une bourrasque de sable lui fit tourner la tête, sa bouche se retrouva près du cou d'Angelina, et il ne put s'empêcher de combler l'espace qui restait.