Une jeune fille se faufila jusqu'au vaste l'entrepôt de son père. Celui-ci était occupé à discuter avec un homme politique. Elle savait qu'il en avait pour un bout de temps. Ses cheveux rose, mêlés de mèches rouges étaient retenus en queue de cheval et balançaient au rythme d'une légère brise. Elle ouvrit les portes de l'entrepôt et regarda émerveillée, le Star-Racer devant elle. Elle adopta un sourire malicieux et passa une main sur la tôle bleutée du nouveau « bébé » de son père. Elle venait d'avoir dix-sept ans et appartenait à la prestigieuse famille Wei. Cette famille possédait quelques usines de fabrication de vaisseau et disposait d'une incroyable équipe de pilote. Elle jeta un rapide coup d'œil vers la demeure séparée du hangar par plusieurs centaines de mètres de pelouse.
Depuis la mort de sa grand-mère quelques années plus tôt, son père avait arrêté de participer aux courses et lui avait interdit de monter dans un de ces bolides. Elle rêvait pourtant de s'illustrer en temps que meilleure pilote tout comme sa grand-mère et d'autres membres de sa famille l'avait fait. Elle tira anxieusement sur son t-shirt noir vers son jeans. Toujours le même sourire aux lèvres, elle se plaça au commande. Elle eut un certain recul en apercevant quelques filet de nuages gris annonçant une pluie battante. Elle savait que ce qu'elle allait faire, son père, sa famille ne lui pardonnerait jamais. Elle leva les yeux vers les portes et aperçut sa maison. Et les ferma ensuite pour songer qu'elle ne reviendrait peut-être jamais. Elle essuya furtivement une larme sur son nez et glissa son index sur les commandes.
-J'y crois pas … Elle recommence ! Cette fois je la cloue sur sa chaise !
Un homme d'une cinquantaine d'année, Thomas Wei se leva brusquement de la chaise de son bureau sous le regard étonné de l'homme assis en face de lui. Il l'écoutait la rhétorique de cet homme envoyé par son frère sans grande attention.
-Mr Wei, que se passe-t-il ?
Le père de la jeune fille, venait de remarquer par les larges fenêtres de son bureau que les portes de son entrepôt étaient grandes ouvertes. Il abandonna l'homme politique et se précipita hors la pièce en courant. Il dévala les escaliers menant au hall d'entrée. Il essaya ensuite d'ouvrir la porte conduisant au parc mais le système d'ouverture était bloqué. Il fut attiré par une lettre punaisée sur le mur à coté de la porte. Il l'arracha du mur et déchira l'enveloppe.
Au revoir papa ! J'ai bloqué toute les issues (je t'avais dit que le système de sécurité ne valait rien). Tout se remettra dans l'ordre d'ici trois heures. Tu ne sais évidemment pas téléphoner ni ouvrir de fenêtre,… En fait j'ai embrouillé tout le réseau général de la maison donc tu es totalement coincé dans ta précieuse maison. Tu verras à quel point il est plaisant d'y être enfermé de force alors que tu bouilles d'envie de te tirer de là.
Et ouai je suis partie ! Tu refusais de m'engager comme pilote dans ton équipe alors j'ai décidé d'entrer là où aucun pilote n'est refusé. Il en manque cruellement. On se revoit un de ces jours j'espère. Peut-être que tu me laisseras ma chance la prochaine fois, si il y en a jamais une.
Je suis désolée du souci que je vais te causer mais mon oncle est au gouvernement. Si tu parviens à renouer les liens avec ton cher jumeau, il te mettra au courant de chaque action à laquelle je serai tenue de participer. Tu vois, j'ai même pensé au plan pouvant réunir la famille.
Bon bah je vais voir ce que ton nouveau modèle a dans le ventre. Dès que j'aurai signer le contrat et que je serai engagée, je te le ferrais parvenir ! Et en un seul morceau.
J'espère que quoi qu'il arrive tu seras fier de moi ! Ne dis rien à maman, sinon tu sais qu'elle te tuerait. Et puis, elle s'est refais une vie, je n'ai aucunement l'intention d'en faire partie.
Souhaite-moi bonne chance ! Bisous !!!
Winli
Thomas Wei s'effondra contre la porte d'entrée. Il avait fait partir sa femme, désormais c'était sa fille qui le fuyait. Et elle choisissait de se faire tuer. Comment en était-il arrivé à cela ? L'homme était sortit du bureau et le trouva assis par terre entrain de relire la lettre.
-Que s'est-il passé ?
-Lidwine s'est enfuie. Et je ne peux pas l'arrêter. Nous sommes bloqué dans cette maison. Grâce à mon très cher frère ! Débrouillez-vous pour que je puisse le voir demain. Il aura bien une minute à m'accorder.
-Il a une réunion à dix heures mais il n'a rien de prévu pour l'après-midi. Venez quand vous le souhaiter. Je suis certain qu'il sera heureux de vous revoir.
Mais il n'écoutait déjà plus. Il se releva et regarda par la fenêtre à coté de lui, la fumée laissée par le passage du Star-Racer.
-Bonne chance Winli, murmura-t-il avant de soigneusement plier la lettre pour la ranger dans sa poche.
La vue de son invention franchissant les grilles de la demeure lui arracha un soupir désespéré. L'homme derrière ne cessait de tenter de joindre quelqu'un avec son portable. Il maugréait contre ce qu'il appelait un délire de gamine. Mais pour le père de Lidwine, ce n'avait rien d'une farce.
-Comment allons-nous sortir d'ici ?
-Le système va se remettre en route dans quelques heures.
-Votre frère n'appréciera pas ce retard.
-Rappelez que c'est lui qui distribue des tracts et enrôle de pilotes même de bas niveaux. Voila ce que ça donne avec ma fille. Il voulait avoir sa guerre. Et désormais il aura la mort de sa nièce sur la conscience.
-Elle fait tout de même partie de la famille Wei. Elle est issue d'une grande lignée de pilotes qui ont fait face à de nombreuses épreuves. Elle se débrouillera, elle a ça dans le sang. N'oubliez pas que sa grand-mère est devenue l'idole d'un peuple. Elle gagnait chaque course, même quand la situation semblait sans espoir, tout comme sa mère, Eva.
-Toutes les courses, sauf la dernière. Et elle a passé le restant de sa vie dans une chaise roulante à se morfondre. Quelle fin n'est-ce pas ?
-Et Eva Wei ? Et Maya Wei, sa mère ? Votre père ? Des légendes dans ce monde. Qui n'a jamais entendu parler de celle qui se faisait appelée Molly ? N'avez-vous pas dit un jour avoir l'impression que votre fille possède son caractère. C'était une femme exceptionnelle. Elle a la force et la volonté de son arrière grand-mère. Lidwine sera digne de porter votre nom, je vous l'assure.
Lidwine jeta un coup d'œil sur le domaine familial avec un soupçon d'anxiété. Elle n'avait jamais mis réellement un pied en dehors de sa maison. Elle avait bien accompagné son père aux usines ou à des courses mais c'était tout sur son expérience du monde. Elle recevait des cours particuliers et n'avait jamais eu aucune relation directe avec des personnes autres que les invités de ses parents.
Désormais, il était trop tard pour reculer. Elle n'avait certainement pas envie d'expliquer une fausse fugue à son père. Elle s'exerça à quelques fantaisies qui ne lui avaient jamais été permises. Au bout de quelques minutes, elle força l'allure et se dirigea vers la ville.
Elle demanda son chemin à un agent de police qui regarda avec envie le prototype du Star-Racer. Elle acheta une paire de lunette noire dans une petite échoppe à la sortie de la ville. Elle la quitta ensuite, flânant et accélérant selon ses envies. Elle profitait de cette liberté. Au bout d'une heure, elle songea qu'il serait sans doute temps de faire ce pourquoi elle était partie de chez elle.
Elle parcouru une cinquantaine de kilomètre sur des terres désertes en écoutant le ronronnement du moteur. Et puis, elle rejoignit la route et ne la quitta plus.
Au bout d'une dizaine de minutes, elle arriva devant les portes d'une caserne militaire. C'était un immense bâtiment, construit en pierres grises mais qui donnait l'impression d'avoir été sortit d'un bloc d'acier. Trois hommes vinrent à sa rencontre.
-C'est ici que vous recrutez les pilotes ? demanda-t-elle.
L'un deux fit un signe de la main à un homme qui ouvrit les portes. Sans lui adresser un mot, on lui indiqua la cour sur laquelle les portes s'étaient ouvertes. Elle se demanda où elle était arrivée. Elle ne s'attendait pas à cette indifférence.
Elle fut étonnée de voir les vaisseaux de guerre dans la caserne. Des hommes s'afféraient autours, les chargeant de munitions, de vivres.
-Pilote ?
Elle sortit de son Star-Racer d'un saut agile et fixa le gradé qui lui avait adressé la parole.
-Exact !
-La fille de Mr Wei de plus.
-Je suis venue en tant que pilote à engager. Non en temps que fille de cette famille.
-Votre age ?
Si il y avait bien une chose à laquelle elle n'avait pas songé, c'était sa minorité. Elle retira ses lunettes, dévoilant ses yeux maquillés qui lui donnaient une mine assez rebelle, sauvage mais déterminée.
-Qu'importe mon age. Il vous faut des pilotes compétents. Vous savez que je suis de la famille Wei et que donc vous ne trouverez pas meilleurs pilotes.
-Montrez de quoi vous êtes capable.
Elle remonta dans le Star-Racer, étonné de voir que c'était si simple de jouer sur son age grâce à quelques mots sur sa famille. Elle sortit de la caserne en un tour de main et se mit à exécuter quelques figures aériennes tout en jouant sur la rapidité. Les militaires admiraient sa démonstration de pilotage. Elle se reposa à la place exacte qu'elle venait de quitter.
Elle eut droit à quelques brefs applaudissement. Elle retourna auprès du gradé.
-Nom ?
-Que pensez-vous de Lidwine Wilde ?
-Véritable nom ?
Elle savait qu'utiliser son véritable nom ne lui apporterait que des ennuis. On refuserait d'envoyer la nièce de Johnattan Wei à sa perte.
-Disons 200 000 et on oublie le nom. Vous prenez le quart, vous distribuez une moitié aux soldats présents et le reste vous le refilez à l'armée ?
-Vous avez le sens des affaires miss Wilde. Veuillez remplir ce formulaire et suivez ensuite le colonel. Il vous conduira à vos affaires. Vous quittez la terre ce soir.
-Pas d'entraînement ?
-Comme vous l'avez dit, il n'est de meilleurs pilotes. Vous n'en avez pas besoin.
-Pourriez-vous renvoyer ce vaisseau à mon père ? Dites que c'est un ordre de Mr Wei.
-C'est entendu.
Elle compléta rapidement le document et signa le contrat qui stipulait que l'armée ne serait pas responsable de sa mort le cas venus. Elle se dit que de toutes façons elle n'aurait pas à se plaindre de sa mort à l'armée, justement car elle serait justement décédée. Elle remit les feuilles au militaire. Elle en profita pour tirer son portefeuille de sa poche et de faire un chèque de la somme due.
-Bienvenue dans l'armée soldat Wilde.
