Résumé : Il sévit depuis plusieurs semaines, il fait trembler Withechapel, mais pas de danger, Jenny est là pour veiller... et elle n'est pas seule...
Attention : certains passages seront en NC13, nous sommes dans une histoire à la "Torchwood", mais tout sera mentionné à l'avance!
Spoliers : Il est bien évidemment préférable d'avoir lu les premiers épisodes de la série des aventures de Jenny. Donc, les spoliers sont les mêmes que pour le reste de la série.
Disclamer : Les personnages de la série Doctor Who et ses spin off sont l'entière propriété de la BBC et de leurs créateurs.
Bêtas : Toujours mes deux très chères amies! merci Idwy pour ton aide précieuse et non papotages jennyesques, nulle autre personne ne sait me guider dans la bonne direction comme toi...
Notes : l'histoire se passe dans un univers parallèle à celui que nous connaissons dans le whoniverse.
1888. Septembre laissait filer ses premiers courants d'air froids dans les ruelles de Whitechapel. La nuit était tombée depuis de nombreuses heures. Le vent sifflait et soulevait les cheveux de la jeune fille qui arpentait les pavés. Personne ne se demandait pourquoi elle était là. Tout le monde avait son idée sur le pourquoi de sa présence. Ils la prenaient pour une jeune fille courageuse, ou alors elle devait avoir vraiment besoin d'argent. Mais nul ne doutait qu'à continuer à marcher le long de ses murs gris, elle finirait elle aussi sous la lame de celui-que tout le monde craignait depuis plusieurs semaines : Jack l'Éventreur.
Lui aussi l'observait. Et à ses yeux, la belle jeune femme brune, bien plus distinguée que la plupart des filles de joie qui se promenaient le soir dans ce quartier de Londres, était un bijou, une pierre précieuse d'une rare beauté, qui ne demandait surement qu'à être taillée. Comme lui, elle refusait systématiquement les avances des personnes qui cherchaient à passer quelques minutes de bon temps dans les bras d'une personne « bienveillante ». Pourtant, les avances étaient loin d'être rare. Et étrangement, à chaque fois qu'elle refusait d'aller retrouver un homme, dans une chambre dans les meilleurs des cas, celui-ci en repartait pourtant presque comblé. Le sourire de la jeune fille, ses yeux verts brillants d'intelligence et sa façon des plus aimables de le repousser… Il y avait quelque chose dans ce regard pétillant, et, le croisant, chaque homme savait qu'il n'était pas face à une des femmes qu'il avait l'habitude d'accompagner dans un recoin peu engageant pour faire des choses tout aussi peu engageantes. Du coup, dans sa tête, les pensées se bousculaient : cette femme était de celle qu'on épouse et présente à ce parents… enfin quoique, les quelques secondes à lui parler étaient loin d'être suffisantes pour la connaître réellement. D'elle émanait une sorte d'aura qui avait de quoi effrayer certains. Un air presque hautain, plein d'assurance et pourtant plein de douceur. Elle savait qui elle était, pourquoi elle était là et dominait la situation avec un charme et une prestance qui n'avait rien d'habituel dans ces ruelles. Elle était magnifique, et éblouissante. Et il sentait en lui cette envie grandissante de l'aborder. Mais ce n'était pas encore l'heure.
« Ce n'était pas encore l'heure de partir », songea-t-elle. De moins en moins d'hommes l'abordaient et leur état avait empiré au fil de la soirée. Pourtant, aucun ne tentait de lui forcer la main. Au contraire, ils semblaient se retenir de lui faire un baisemain solennel. Ils s'éloignaient, déçus de n'avoir pas su lui plaire, de n'avoir pas eu ce quelque chose qu'elle semblait chercher. Elle sourit, consciente de sa singularité. Le brouillard commençait à monter. Pourtant, elle restait là, debout dans la rue, marchant de temps en temps jusqu'à l'autre bout, près du lampadaire, pour y patienter quelques minutes avant repartir dans l'autre sens.
Soudain, à quelques pâtés de maison, un rat fit tomber une poubelle, faisant raisonner une gamelle en métal, ou elle ne savait trop quoi, créant un bruit métallique des plus désagréables. À part ce son qui se dispersa en un écho, seul ses pas se faisaient encore entendre.
Personne ne se demandait plus pourquoi elle restait là, puisque personne ne la voyait plus. Enfin, personne, ce n'était pas entièrement vrai. Il était toujours là, tapi dans l'ombre. Le vent s'engouffrait parfois dans son long manteau. Il le retenait alors pour éviter de faire le moindre bruit. Ses yeux ne quittaient pas la jeune fille en robe rouge et noire qui semblait attendre quelqu'un qui ne venait pas. Elle avait tous les attributs d'une prostituée, et pourtant, son allure, sa façon de se déplacer, de parler même, rien ne lui donnait cette impression. Et puis, sa robe était un peu trop flambant neuve. Pourtant, quelle autre personne aurait pu se trouver à cet endroit à une telle heure. C'était bien la première fois qu'il se posait autant de question à propos d'une fille. Elle avait pourtant repoussé de nombreux prétendants cette nuit. Il y avait quelque chose qui l'intriguait en elle. Il fallait qu'il l'aborde, qu'il la rencontre, qu'il en sache plus sur elle, qu'il la découvre sous tous les angles. Si il arrivait à l'éloigner de cet endroit, elle serait à n'en pas douter son trophée.
Ses longs cheveux châtains flottaient au vent, son regard pétillant semblait ne pas sentir les heures passer, elle restait fraiche et en éveil, et elle était très belle, et très jeune. Elle avait vraiment tout pour plaire, pourtant, elle était un peu jeune pour lui, mais elle pouvait faire l'affaire. Si affaire il y avait. Mais avant, il devait l'aborder. Il s'approcha donc avec de nombreuses précautions, il ne devait pas l'effrayer, s'il voulait l'emmener avec lui. Il devait être des plus courtois, encore plus qu'à son habitude. Son charme avait pourtant souvent fait des merveilles et de nombreuses victimes étaient déjà tombées dans ses filets, mais elle était à n'en pas douter spéciale.
Elle était différente. Il se doutait qu'elle n'était pas là dans le but de gagner de l'argent avec son corps. Elle semblait attendre quelqu'un. Était-ce lui ? Non, impossible. Enfin, quoique… rien n'est jamais impossible…
Il se trouvait à présent à seulement quelques centimètres d'elle. Il se doutait qu'elle l'avait vu s'approcher, mais semblait faire comme si elle ne l'avait pas remarqué. Il fit encore quelques pas et se retrouva dans son dos. Il lui suffisait de la prendre par la manche et l'emporter avec lui. Ils ne pouvaient rester là. Mais au lieu de cela, il posa délicatement sa main sur son épaule.
D'un geste vif et souple, elle se retourna. Face à ce visage des plus agréables et souriants, elle s'écria pourtant en sursautant :
« Jack !? »
Il sursauta à son tour lorsqu'elle l'appela par son prénom. Mais au fond, il n'aurait pas dû être étonné : qui d'autre que Jack L'Éventreur aurait pu aborder cette jeune femme dans ce quartier de Londres en plein milieu de la nuit, en arrivant qui plus est sans crier gare. Pourtant, ce n'était pas de la terreur dans sa voix lorsqu'elle avait crié son nom. Bien plus de la surprise. Elle s'attendait surement à ce que le « Jack » s'approche d'elle mais peut-être pas de cette façon. Quoi qu'il en soit, telle n'était pas la question.
Il était important de l'éloigner de cet endroit, elle avait été assez longtemps un appât. Jamais il n'aurait imaginé plus bel appât d'ailleurs, mais cela était vraiment trop dangereux et il devait lui parler. Il avait passé assez de temps à la surveiller, il fallait à présent quitter ces lieux malfamés et il ferait tout pour qu'elle vienne avec lui.
« Mademoiselle, vous ne devriez pas rester ici, ce coin est dangereux… venez avec moi, je vous en prie… »
Sans un mot, elle lui sourit et lorsqu'il lui prit la main, elle le suivit. Il n'en croyait vraiment pas ses yeux. Était-ce ces mots qu'elle attendait depuis de si longues heures ? Pensait-elle suivre l'Éventreur et pouvoir ainsi le démasquer grâce à des superpouvoirs magistralement bien cachés ? Quoi qu'il en soit, elle sera la main du grand et bel homme qui venait tout juste de l'accoster et le suivi sans aucune retenue. Elle se laissa entrainer dans les ruelles encore plus sombres sans chercher à s'enfuir. Il n'osait croiser son regard, pas pour le moment, il fallait quitter Whitechapel. Ils s'étaient mis à courir, les talons de la jeune fille claquant sur le trottoir pavé. Sa robe volait au côté de son manteau gris. Ils couraient vite et pourtant elle ne semblait pas essoufflée, était-elle habituée à ce genre de course effrénée ? Mais franchement, il n'avait pas vraiment le temps de se poser des questions. Ils tournèrent à gauche et pénétrèrent dans une demeure plutôt délabrée. Enfin, à vrai dire, peu de maisons avaient l'air fraichement ravalées dans ces rues embrumées. Sans rechigner, elle continua à le suivre. Il devait avouer que rien ne pouvait encore amener la jeune dame à penser qu'il était l'Éventreur, ses précédentes victimes avaient toutes été tuées dans la rue, non ?
Elle le regardait tout en courant. Elle n'arrivait pas à croire ce qui se passait. Peu importe, elle devait en savoir plus sur la raison de sa présence à Londres.
Ils grimpèrent une volée d'escalier et il la précéda dans une petite pièce, chauffée par une cheminée. Dans un coin, une paillasse surélevée était présente, dans l'autre, une table et deux chaises. Sur la table était posé un livre ouvert sur une photo peu agréable, découvrant le visage d'une des victimes de Jack, après que celui-ci ait fait son œuvre.
Elle avança lentement au centre de la pièce. Il la regarda marcher, sa prestance en était encore plus imposante dans cette petite pièce poussiéreuse et sombre. Depuis qu'elle avait presque crié son prénom, elle n'avait plus rien dit. Elle souriait, c'était tout.
Et il l'observait. Il était à présent entièrement persuadé qu'elle n'était ce que sa tenue prétendait. L'habit ne fait pas le moine, ne dit pas le dicton ?
Elle s'approcha du livre et une grimace de dégout se forma sur son doux visage.
« Mary Ann Nichols » expliqua l'homme de sa voix chaude.
« Sa première victime » continua la jeune femme.
Il sourit.
« Vous semblez en savoir beaucoup sur ces jeunes femmes… » dit l'homme.
« Pas plus que ce qu'on peut entendre dans les rues… » expliqua la jeune femme.
C'était faux, elle en savait bien plus que la plupart des gens et il le savait très bien. Et en plus, elle essayait de prendre un accent qui n'était pas le sien. Mais il n'essaya pas de lui tirer plus d'informations pour le moment.
« Capitaine Jack Harkness, mademoiselle, pour vous servir » se présenta-t-il en lui attrapant la main, y déposant un baiser délicat du bout des lèvres.
« Jack… comme l'Éventreur, vous êtes bien courageux de vous présenter sous votre vrai nom Capitaine….enfin, si c'est bien votre vrai nom » continua la jeune femme, terminant sur un sourire en coin qui semblait en dire beaucoup.
«Et vous, mademoiselle, quel doux nom vous a-t-il été donné ? »
« Newman… Verity Newman » se présenta Jenny.
