Un petit mot avant de vous laisser lire, je tenais à dire que l'idée de cette histoire m'est venue un soir de tempête, un peu venteux comme celui que vous allez lire. Et ce soir là, j'ai décidé d'écrire cette histoire. Elle n'est pas drôle, loin de là, mais pleine de souffrance et de tristesse. J'ai pourtant eu pitié de la petite voix de mon héroïne qui me chuchotait à l'oreille de bien vouloir écrire cette histoire. Et voilà le résultat.

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Titre :: .L'enfant de la brume.

Auteur : Elizabeth.

Spoilers : les QUATRE premiers tomes seulement.

Disclamer : Tout ce que vous allez lire ne m'appartient pas (sauf peut-être l'histoire, ce qui n'est que peu de choses). Ayant décidé d'écrire sur le monde d'Harry Potter, je tiens à préciser qu'il appartient à l'écrivain J.K Rowlling. Je ne touche donc aucun droit d'auteur et le travail que je fournis n'est pas dans un but lucratif.

Avertissement : PG-13 (pour les idées développées dans l'histoire, les scènes de violences et autres).

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Chapitre 1 : UN SOMBRE SOIR DE SEPTEMBRE.

Tout arriva un sombre soir de septembre alors que je piétinais avec impatience à mon arrête de bus. La nuit était tombée depuis fort longtemps quand je montais enfin dans le car qui me ramènerait à la maison. Le chauffeur, toujours coiffé de sa ridicule casquette qui laissait seulement dépasser une mèche de cheveux gras, m'adressa un vague regard quand je compostai le petit ticket violet. La machine happa hargneusement le titre de transport et après avoir crachoté et que le voyant fut devenu vert, elle le recracha dans ma main. Je le fourrais dans la poche de ma veste et me dépêchais d'enfiler en deux grandes enjambées les marches pour laisser passer les autres passagers.

Une place libre m'attendait près de la fenêtre couverte de buée avec son tissu un peu miteux et délavé. Je fis glisser la bretelle de mon sac et le calai à mes pieds après avoir pris place. L'autobus s'ébranla dans un vagissement sourd, son moteur souffrant du froid, de la pluie ainsi que des longues années où il avait entraîné le bus de la ligne 127.

Les autres voyageurs se tenaient pour la plupart debout, le bras tendu vers une de ses horribles poignées de caoutchouc, brûlantes et poisseuses l'été, glacée et glissante l'hiver. Un homme vêtu d'un pardessus sombre me jeta un petit regard avant de prêter attention aux plis de son costume. Une femme bouscula les gens qui se trouvaient entre elles et la porte de sortie. Le véhicule tourna dans Borrow Street et je sentis lentement glisser sur le rebord de son siège. Je respirai profondément et la buée vaporeuse de sa fenêtre s'épaissit toujours plus. Je ressentis l'envie de laisser mon index glisser sur la vitre froide et ne pus y résister. Ma main gauche se dressa avec hésitation, malmenée par les chaos du bus qui longeait maintenant Elm drive. Peu à peu, les gens descendaient les uns après les autres au fur et à mesure que l'on s'éloignait du centre-ville pour rejoindre les faubourgs.

Bientôt, il n'y eut plus que moi et l'homme à l'élégant veston. On avait quitté les quartiers résidentiels de la banlieue, ses infatigables alignements de petites maisons de briques rouges et ses jardinets sans prétention. La lumière des réverbères avait disparu elle aussi. La route de campagne se fit plus désagréable, les nids de poules remplis d'eau éclaboussant les abords de la route avec fracas quand le bus de la ligne 127 passait dedans. Le véhicule ralentit devant un bosquet d'arbres et je me redressai pour appuyer sur le bouton rouge qui se trouvait près d'elle. Toutefois, je n'appuyais pas dessus car la main gantée de cuir de l'homme avait déjà demandé l'arrêt du véhicule. Je me levais donc et tentais vainement d'aplanir de la paume de sa main les plis de ma jupe sans parvenir à grand chose. Mon sac à la main, je m'accrochais à la barre de métal pour ne pas perdre l'équilibre. L'homme se tenait debout à côté de moi, le regard fixe. Il portait un chapeau de feutre gris et un ruban ouvragé vert qui en faisait le tour. Très élégant, ne puis-je m'empêcher de penser en lui jetant un coup d'œil furtif. Les portes s'ouvrirent dans un couinement ignoble et je sautai sur le bas côté pour ne pas maculer de boue mes chaussures.

La capuche enfin rabattue pour me protéger de la pluie et je me mis en marche lorsque les phares jaunes du bus se furent évanouis au tournant de la colline. L'ombre des arbres s'agitait doucement dans la brise nocturne et la pluie cessa peu à peu, laissant la voûte du bosquet lourde d'eau. L'atmosphère se refroidit et je vis quelques petits nuages de vapeur sortir de sa bouche. Je tentai bien de les discipliner en tordant mes lèvres dans l'espoir de faire naître un rond de fumée. Je n'y parvins pas.

L'homme qui était descendu en même temps que moi à Black Crow Hollow avait disparu. Le nom sinistre faisait toujours frissonner les gens mais je n'avais jamais cessé de l'aimer. Les mots sonnaient dans ma tête avec plaisir et se mêlaient pour imposer à mon esprit l'image de la petite maison cachée à travers les aulnes. Arrivée au croisement des chemins, je vis mon corbeau installé sur une des clôtures des champs environnants. Ils n'avaient de champs que le nom car les herbes folles les avaient envahis depuis longtemps (toujours, même) et ils se révélaient être un formidable terrain de cache-cache au printemps.

Le corbeau déploya des larges ailes cobalt et après avoir poussé deux ou trois croassements rauques s'envola à tire d'ailes. Etonnant, d'habitude, il attendait avec impatience le quignon de pain que je lui réservais et que je gardais bien précieusement dans ma poche (faisait d'ailleurs plein de miettes qui exaspéraient toujours maman).

Je fis quelque pas avant d'apercevoir des silhouettes plus haut sur le chemin. Un groupe de plusieurs personnes dont l'allure laissait supposer qu'ils seraient à mes côtés sous quelques minutes, tout au plus. Je tentais de dévisager les arrivants et me dressais sur la pointe des pieds pour les compter. Ils devaient être cinq ou six mais leurs silhouettes se noyaient dans la tourmente sans que je ne puisse rien distinguer de précis. Un pas de plus et je marchais de plein pied dans une flaque d'eau. Je tressaillais et poussais un juron (maman m'aurait puni pour avoir dit cela mais elle se trouvait pour l'instant encore bien loin, certainement dans sa cuisine).

« Chut, fais moins de bruit ! »

Je sursautais si fort que je manquai de tomber de surprise au sol mais une ferme main se plaqua contre mon épaule et me maintint raide comme un piquet. Ma tête se tourna et je reconnus sous la pluie qui recommençait à tomber, le visage austère de l'homme qui m'avait suivi dans le bus.

« Que f… »

Je n'eus pas le temps d'en dire plus car il me bâillonna de sa main gantée de cuir et fléchit un genou devant moi, son pantalon s'imprégnant de boue sans qu'il n'y prête attention. Il me fit signe de me taire et j'acquiesçais sans pouvoir rien faire d'autre. Ses yeux pâles s'agitèrent par-dessus mon épaule et je le vis froncer un peu plus fort ses sourcils. Sa fine moustache s'agita dans un tic nerveux et il me dévisagea.

« Ils arrivent… Il faut que tu te dépêches de rentrer chez toi. Tu vas passer à travers les champs sans t'arrêter, je t'ordonne de courir. Et surtout, ne te retourne pas quoi qu'il arrive. Tu diras à ta mère qu'ils sont venus mais il ne faut pas s'inquiéter, j'ai déjà appelé les renforts. Maintenant file ! »

Il se redressa brutalement et me poussa violemment dans le dos. Je le regardai une dernière fois et il me fit un petit signe de me dépêcher. Ce fut la dernière fois que je devais le voir.

Brusquement, les hommes qui avançaient dans l'allée poussèrent des éclats de voix et je vis d'étranges lueurs vaciller tandis que je me faufilais sous une clôture de barbelés dans l'espoir de ne pas déchirer ma veste. Maman m'en voudrait sûrement, une jolie veste bleue marine qu'elle m'avait offert pour mon anniversaire. Mes jambes se mirent à courir de plus en plus et mes mains battaient vainement l'air pour tenter d'écarter les touffes d'herbes sauvages qui me barraient le passage. Un grondement sourd retentit derrière moi et j'avalais avec douleur ma salive.

Ma course folle me sembla durer des heures, interminable cauchemar récurant de trous sournois, de plantes qui me giflaient le visage. Une lueur explosait dans mon dos alors que je parvenais à la fin du champ qui se trouvait aux abords de la maison. Le souffle court, je me retournai enfin et admirais dans une incompréhension totale un ballet de lueurs violentes et aveuglantes. Je poursuivis mon chemin en courant et sautais avec maladresse par-dessus la petite grille de métal qui entourait la maison. La porte d'entrée m'attirait à elle et mes chaussures heurtèrent violemment le gravier blanc et rose que papa avait déposé dans l'allée au printemps dernier. La course avait fait basculer mon capuchon, offrant mon visage et mes cheveux au vent ainsi qu'à la pluie qui avait martelé avec acharnement mes joues que je sentais brûler. Ma main se glissa dans unes des doublures de ma veste et j'en extirpai avec maladresse une grosse clef d'argent. Se glissant dans la serrure, je repoussais la lourde porte derrière moi avec un soupir mérité.

J'abandonnai avec plaisir mes chaussures près du paillasson et je dégrafais avec hâte ma veste qui prit place au côté de celle de mon frère sur la patère de bois. L'entrée baignait dans un demi-obscur fort agréable et ce que je venais de vivre me parut n'être qu'un rêve. Un égarement de ma pensée. La bonne odeur venant de la cuisine m'invita à y pénétrer et c'est avec délice que j'accueillais la chaleur odorante du four dans lequel cuisait une tarte aux prunes. Maman se retourna en m'entendant entrer et planta ses mains sur ses hanches lorsqu'elle vit dans quel état lamentable, je me présentais à elle.

« Et bien, Alysse, que t'est-il donc arrivé, mon chaton ? »

Ma mère bien qu'elle soit sévère et stricte, adore nous affubler moi et mon frère de surnoms ridicules. Je cachais rapidement mes mains que j'avais écorchées en ôtant de mon passage un faisceau de ronces et lui fit très certainement le plus beau sourire hypocrite de ma vie.

« Je me suis dépêchée de rentrer, il pleut dehors. »

« Je le sais, ton frère m'a trempé l'entrée lorsqu'il est revenu de la gare avec ton père. »

Mon frère était revenu pour le week-end à la maison et je savais que la soirée serait encore longue en blablas et histoires de tous genres. Maintenant qu'il était rentré au lycée dans la grande ville d'à côté, il était forcé d'être en internat et ne rentrait que le vendredi soir (à ma grande bénédiction car j'avais une semaine pour explorer sa chambre).

« Mais tu ferais mieux de monter t'essuyer les cheveux si tu ne veux pas attraper un rhume ainsi que de te changer. »

« Oui maman ! »

« Bien sûr. »

J'hésitai un instant à lui confier ce que cet homme m'avait ordonné de lui dire tout à l'heure dans les champs. Après tout, je pouvais très bien tâter le terrain sans me mouiller.

« Dis, maman, que ferais-tu si tu avais rencontré quelqu'un de vraiment étrange ? »

Je ne voyais vraiment pas pourquoi je venais de raconter cela à maman. Elle pensait que je lui racontais une de mes nombreuses inventions.

« Etrange comment ? »

« Et bien, vêtu élégamment avec un chapeau et disant de drôle de choses, de renforts et de gens qui viendraient à la maison. »

« Il portait un chapeau avec un ruban rouge, entendis-je ma mère chuchoter en attrapant le bord de la table où trônait un plat rempli de légumes. »

« Oui, répondis-je simplement. »

Maman détourna son regard et me tourna le dos, ses mains s'aggravant au carrelage. Puis alors que je restai sans bouger, ma main appuyée sur la clenche en porcelaine de la porte vitrée, elle m'adressa un étrange sourire.

« Ton frère et ton père sont déjà à table, va te laver la frimousse et rejoins-nous vite. »

Je m'exécutai aussitôt et montais en courant les marches revêtues d'un tapis composé de broderies vertes et rouges. Mes chaussettes humides glissèrent sur le parquet et je manquai de tomber. Je me rattrapai à la rambarde et entendis tout à coup un étrange bruit dans l'entrée en bas. Je me faufilai à travers les barreaux de la rambarde et aperçus la silhouette de maman devant la porte de l'entrée. De dos, elle ne me présentait que ses cheveux blonds attachés en queue de cheval et ses souples épaules. Je la vis pointer quelque chose, un couteau, me révéla un éclair du au reflet de la lame, sur le fronton de la porte et elle se redressa sur la pointe des pieds pour y graver quelque chose. Je sentis tout à coup un étrange fourmillement me parcourir et je me dépêchais de monter dans la salle de bain me passer un peu d'eau sur le visage.

La porte de la salle de bain était ouverte et je fis aussitôt couler un long filet d'eau chaude. Après m'être regardée dans le miroir, je me saisis de la serviette en éponge bleue et je finissais par la fourrer en boule près du lavabo. Un drôle de bruit retentit et je levai la tête. Une lucarne offrait une vue aveugle d'où j'étais mais après être grimpée sur un tabouret, le fis basculer la vitre qui me révéla un étrange spectacle.

Au croisement où j'avais abandonné l'homme, un boucan du diable retentissait et des vagues d'étincelles jaillissaient avec fureur toujours plus haut dans le ciel. J'entendis un cri qui me glaça d'effroi et je refermai avec précipitation la lucarne.

« Alysse, dépêche-toi de venir manger ! »

Comme paralysée, je sentis néanmoins mes jambes réagir et descendre docilement l'escalier tandis que les images de feux dansant dans les airs envahissaient mon esprit. Arrivée dans le salon, je vis ma famille qui m'attendait, tous assis devant leurs assiettes. Mon frère me glissa furtivement la main dans les cheveux alors que je passais derrière lui pour m'asseoir sur ma chaise. Maman avait déjà servi le rôti qui laissait présager un délicieux repas. Si ce n'eut été les coups violemment frappés à la porte à cet instant.

Ils résonnèrent et mon père, s'essuyant la bouche, se leva comme pour aller ouvrir mais maman le retint par la manche.

« Esther, tu n'as pas entendu ? Quelqu'un a frappé à la porte. »

« Je t'assure qu'il n'y a personne qui a frappé, mon chéri. »

La voix de maman était étrange et ses yeux retinrent un instant le regard de papa. Celui-ci referma ses doigts sur la main de maman et je les regardais avec étonnement. Personne ne dit rien pendant quelques instants et puis les coups retentirent de plus belle. Des éclats de voix se firent entendre.

« C'est…, demanda la voix de mon père sans vouloir terminer sa phrase. »

« Oui, mais les renforts ne vont pas tarder. Si nous restons calmes et sans bouger, il ne se passera rien. »

« Maman, qu'est ce qui se passe ? »

Mon frère avait arrêté de manger et sa fourchette encore dans la main, il posait sur maman un des regards les plus perplexes que je lui ai vu.

Les coups retentirent à nouveau et on sentit comme un courant d'air froid traverser la pièce. La lumière vacilla et puis s'éteignit. Je restais sans bouger, habituée aux brutales coupures d'électricité lors des tempêtes. J'entendis quelqu'un se lever dans un raclement de chaise et au bout d'un instant, le visage de papa apparut, entre-mangé d'ombres vacillantes avec dans les mains une bougie. Maman sortit du buffet une étrange lampe-tempête que je n'avais jamais vue utilisée jusqu'alors. Elle l'alluma et puis referma la petite porte de fer et de verre pour laisser une lueur tremblotante mais assez rassurante pour m'empêcher de trembler plus. Des cris retentirent de devant la maison et maman confia la lampe à Matthew tout en lui faisant tenir ma main.

« Matthew et Alysse, vous allez aller tout en haut, dans le grenier et vous n'en bougerez pas avant que je vous l'ordonne. »

« Maman, qu'est… »

« Pas de question ! Promettez-moi simplement de bien m'obéir et pour me reconnaître, je vous dirai tout d'abord les premiers mots de la comptine. Vous vous en souvenez… »

« Bien sûr. »

J'allais à mon tour poser une question mais je vis que Matthew avait lui-même renoncé à comprendre ce qui se passait. Maman sanglota un instant et me pressa contre son cœur puis elle embrassa Matthew. Ses lèvres effleurèrent mon front puis celui de mon frère sans que nous ne bougeâmes. Une étrange détonation retentit accompagnée de sifflements stridents et maman nous poussa vers l'escalier.

« Et quoi qu'il arrive, ne lâche pas la main de ta sœur et ne laisse pas la lame s'éteindre. Personne ne vous trouvera alors. »

Quelques instants plus tard, nous étions blottis dans le grenier. Matthew rabattit sur moi une couverture écossaise que nous avions utilisée auparavant pour construite une cabane dans le hêtre devant la maison. Il se redressa et je vis sa silhouette se découper dans la pénombre. Le vent s'était levé et fouettait avec violence la toiture, la faisant craquer toujours plus.

Mon frère m'ordonna de ne pas bouger et me confia la lampe qu'il m'ordonna de ne lâcher sous aucun prétexte.

« Où vas-tu, demandais-je, sûre et certaine que ma voix ne tarderait à laisser percer les sanglots que je retenais. »

« Je reviens, surtout ne bouge pas. »

Brutalement, la maison craqua et une détonation plus forte que les autres sembla ébranler les fondations. Matthew me lança un dernier regard avant de disparaître dans l'escalier puis le couloir. Je frissonnais un peu et repoussais de la main qui ne tenait pas la lampe, une mèche de cheveux trempée de sueur. Un hurlement retentit et je ne pus me retenir de me redresser en un bond. Je dégringolais les marches qui craquèrent de toutes leurs forces, sans prêter attention à leur fragilité. Je me tenais en haut de l'escalier et commençais à me rendre dans l'entrée quand je distinguai des hommes vêtus de longues capes noires les couvrant jusqu'aux pieds. L'un d'eux se retourna et fixa la cage d'escalier avec un regard perçant. Je frémis de tout mon corps et manquais de lâcher la lampe qui se balançait à mon poignet gauche.

« Il n'y a rien mais allez faire un tour à l'étage. Pendant ce temps, nous allons nous occuper d'eux. »

Sa voix froide résonnait en intonation étrange et aussitôt, trois hommes en noir dont le visage se trouvaient cachés par de sombres masques de velours se dirigèrent vers moi. Un cri m'arracha à ma stupeur et je dévalai les marches en passant devant les hommes et sans leur adresser le moindre regard. Le cri que j'avais entendu était la voix de papa. Et si papa criait, c'était que quelque chose de grave se passait. Je déboulais dans le salon qui avait mis sans dessus dessous et vit un des hommes pointer une fine tige de bois vers la gorge de papa.

Maman que deux autres hommes masqués tenaient fermement par les poignets jeta un cri à son tour.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! »

« Et pourquoi, lui demanda une voix grinçante tout de suite accompagnée d'un rire sinistre. Nous ne sommes venus que faire notre travail, Esther Après tout, ceux qui retournent leurs capes ont le sort qu'ils méritent. N'est-ce pas ? Ne me dis pas que tu ne te souviens pas de cette merveilleuse nuit où nous avons mis fin à la lignée des Prewett. Tu étais magnifique alors. »

« Silence, ordonna maman. »

Et étrangement, l'homme vêtu de noir s'interrompit dan s la phrase qu'il allait formuler. Il leva pourtant le bras et un éclair vert déchira la pièce ainsi que la poitrine de mon père qui retomba au sol, foudroyé. Maman hurla de nouveau comme une hystérique et tout à coup, une silhouette rapide comme le vent, fonça tête baissée vers l'homme qui venait de tuer notre père. Mon frère le fit basculer au sol mais quelqu'un lui asséna un violent coup de poing à la mâchoire qu'il ne put éviter et qui le fit basculer au sol. L'homme vêtu de noir se redressa et bourra mon frère de coup de pieds avant de le saisir par sa chemise et de le redresser face à lui.

« Alors, c'est pour ça que tu nous as quitté, Esther ? Pour faire des petits moldus ? »

Pour ma part, je restais sans bouger, totalement pétrifiée de terreur, une terreur profonde et sans fin. Mon esprit s'égarait et ma vision devenait de plus en plus flou. A cet instant, je n'avais pas encore compris que papa était mort.

Mon frère cracha au visage de l'homme qui lui rendit une violente gifle et sortit un couteau de sa poche.

« Allons, regarde comme il va être beau, ton fils. »

Et d'un brusque geste du poignet, il projeta la lame vers le visage de mon frère qui ne put que pousser un glapissement avant de s'effondrer dans une mare de sang.

Je lâchai alors la lanterne, et mon regard resta fixé sur le sang qui maculait le visage de mon frère immobile.

« Alysse ! »

Le hurlement de maman me fit revenir à la réalité et tout à coup, un autre éclair vert se dirigea vers sa tête. Je me mis à courir aussi vite que je pouvais à travers le désordre qui jonchait le sol et manquait plusieurs fois de trébucher quand une puissante main me souleva du sol.

« Aussi joli que sa maman… que sa défunte maman, devrais-je dire. »

Je me débattais de toutes mes forces qui ne furent suffisantes qu'à faire rire l'homme. Puis je tendis le bras vers son masque qui cachait son sourire cruel et le déchirais d'un geste rageur, en proie à mes larmes. Je me souviendrais toute ma vie de l'air étonné que m'offrit mon bourreau avant de me ruer de coup. Mais j'en profitai pour m'échapper de ses mains occupées à replacer sa cagoule sur son visage.

Je sautais en un bond vers le rebord de la fenêtre et passais à travers la fenêtre qui volait en éclats. J'entendis un hurlement de rage mais mon ouie se ferma, comme paralysée par tous les cris qu'elle avait déjà subi ce soir. Je me redressai dans l'herbe et me mettais à courir de plus en plus vite. Seulement en haut du jardin, je jetai un coup d'œil derrière moi et découvris ce qui avait été ma maison, dans un tourbillon de flammes opales.

Je me remis à courir mais mon bras gauche me faisait mal car c'était lui que j'avais offert à la fenêtre avant de passer au travers. Ma chemise en lambeaux n'étanchait plus le sang de mes blessures. Des voix se rapprochaient toujours plus près de moi et je me maudissais de n'avoir jamais su courir aussi vite que mon frère.

Une main ma plaqua au sol, le visage dans la boue, à moitié étouffée et on me retourna vers le ciel, les yeux dans les étoiles. Je ne bougeais pas, mon corps envahi par une immense tétanie qui me paralysait plus violemment que jamais. Je fixai plus ardemment les étoiles qui scintillaient dans l'obscurité et tentais désespérément de ma raccrocher à elles. Mon corps finit par plier sous la douleur et mes poumons éclatèrent en un hurlement inhumain. Puis tout cessa et mon bourreau tomba à côté de moi, son visage grimaçant une dernière fois avant de d'offrir à ma vue horrifiée des traits plus acceptables.

Je n'entendis alors qu'une douce voix au creux de mon oreille.

« Surtout ne bouge pas, je vais m'occupais de toi. »

Deux bras me ceinturèrent et me redressèrent avant de me plaquer contre une chaude veste d'hiver qui me frotta la joue. Je vis une dernière fois ma maison en flammes avant que celle-ci ne s'écroula, projettent des milliers d'étincelles dans les ténèbres comme autant d'étoiles dans le ciel nocturne.

« Tout est fini, maintenant. »

Et c'est en tendant ces mots réconfortants, sachant que rien de pire ne pourrait m'arriver alors que je fermais mes paupières et sombrais dans les ombres.

fin du chapitre 1