J'adore quand il vient à moi.
Je ne sais jamais quand il apparaît les matins brumeux, il est toujours imprévisible. Il vient tranquillement jusqu'à moi, et s'assoit sur le bord de mon lit. Je ferme les yeux juste un court instant, le réouvrant rapidement, juste pour m'assurer que ce n'est pas un rêve. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il est près de moi, j'ai peur qu'il ne soit pas vraiment là.
Il vient toujours le matin, lorsque la brume de l'aube se transforme en lumière matinale.
Sur sa veste, des odeurs de fumée et de sel, sur ses bottes de la poussière, il y a du sang sur ses mains, ses cheveux sont mouillés, mélange de pluie et de sueur. Et derrière son dos, le sombre et étrange monde, son monde.
Les mots ne sont pas nécessaires, puisque le sang, la sueur et le sel me racontent clairement sa nuit. Je ne pose pas de questions, par ce que je sais qu'il n'y répondra pas. Il n'est pas ici pour en parler. Il vient à moi pour se reposer, pour faire une pause, aussi courte soit-elle. Ensuite, il partira, il part toujours.
Je pense parfois que nous ne pourrions être plus proche... dans le cœur et l'âme... puis, dans un flash il part, et nous devenons presque des étrangers. Je ne suis pas sûr de mes sentiments envers lui, et je ne suis pas sûr de vouloir que l'on soit si proche ou si éloignés, mais à chaque fois qu'il me rejoint le matin, ma tête tourne.
Parfois, il s'endort pour peu de temps, et je m'assois à ses côtés, à protéger ses rêves, même s'il ne l'a pas demandé et que jamais il ne le fera.
J'aime le regarder lorsqu'il dort, par ce que je sais que toujours il se réveillera. Et que je ne sais jamais s'il reviendra après m'avoir quittée une nouvelle fois.
Parfois lorsqu'il se réveille, il me regarde avec méfiance et appréhension-comme s'il ne savait pas qui je suis, et pourquoi je suis là. Lentement, il se souvient, il me sourit, un peu, avant de repartir, et que ces moments deviennent notre passé.
Je suis debout sur le seuil, et je le regarde partir, je joins mes mains, et je dis comme une prière : « reviens-moi. »
J'adore quand il revient.
