Sans engagement.

Partie I : Flush royal

Les personnages de Détective Conan appartienne à Gosho Aoyama, le fanart utilisé comme illustration de couverture appartient à sa créatrice, Dagron, et enfin cette histoire appartient à son auteur, Hikari-Chan, je n'en suis que le traducteur. N'hésitez pas à laisser des reviews, je les lui transmettrais.

Note de l'auteur : L'idée de départ a été complétement et totalement inspirée par un des post de June (Teainapot sur ffnet) sur LJ, où elle décrivait les scènes qu'elle rêverait de voir un jour dans Détective Conan. Tous ces 4000 glorieux mots ont germés de son idée. Accordez-lui le crédit qu'elle mérite. Et, oui, vous avez bien lu, si le sous-titre mentionne ce chapitre comme la première partie, c'est parce qu'il y en aura deux autres de prévu.

Genre : General. Tentative de comédie (si vous pressez l'histoire dans cette catégorie suffisamment longtemps, elle finira bien par y rentrer).

Rating : PG pour le langage légèrement familier.

Couple : Peut-être quelque chose comme du KidxAixConan, si vous avez pris la peine de vous envoyer un couple de godets dans le nez avant de commencer à lire, et que vous êtes prêt à déployer suffisamment d'efforts pour en trouver des traces dans la fic.

Dédicacé à June pour l'idée d'origine, et à Rae pour son travail impeccable en tant que Beta reader (et pour m'avoir laissé la vie sauve XD ).

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« S'il te plaît ? »

Il joignit les mains dans une attitude de prière, et offrit un pitoyable regard de chien battu à la scientifique qui lui faisait face, ce regard qui finissait toujours par faire capituler Ran. Celle qui était devant lui, à ce moment, n'était pourtant pas le moins du monde impressionnée, elle ne s'amusait même pas du spectacle qu'il lui offrait.

« Non » répondit-elle d'un ton glacial.

« Mais Haibara… » commença-t-il.

« Tu joues les pleurnichards, Kudo-kun » l'interrompit-elle.

Edogawa Conan, répondant autrefois au nom de Shinichi Kudo, détective lycéen extraordinaire, referma la bouche devant l'observation de la demoiselle. Il avait appris à connaître Ai Haibara, répondant autrefois au nom de Shiho Miyano, ancienne responsable du département scientifique de l'organisation. Si elle s'était mise en tête de rejeter une de ses requêtes, rien ne pourrait la faire changer d'avis, et il ne pensait pas que ce jour constituerait l'exception qui confirmerait cette règle.

Il soupira et décida qu'il avait plus de chance de réussir à se positionner dans deux endroits différents en même temps que de parvenir à convaincre Haibara de lui prêter son assistance.

Pourquoi fallait-il toujours que les choses se compliquent d'elles-mêmes de cette façon, à chaque fois ?

Alors même que tout cela avait commencé de la manière la plus simple.

Ran était parti passer la nuit chez Sonoko, le soir précédent, et cette dernière avait prévu une journée entière de lèche-vitrine qui s'achèverait en beauté par une soirée au karaoké avec toutes leurs amies du lycée. En temps normal, Conan aurait essayé de les accompagner. Pour une seule et bonne raison : Qui pouvait savoir à quel genre de choses Sonoko pousserait Ran, une fois dans ce karaoké ?

Au lieu de cela, dans ce cas précis, le timing s'avéra parfait.

Une semaine plus tôt, le Kid avait envoyé une de ses notes, sous leur forme habituelle d'énigme à déchiffrer. Trois jours plus tôt, l'ancien détective lycéen avait réussi à rassembler les pièces du puzzle, de manière à ce qu'elles lui donnent la date et le lieu du prochain cambriolage.

Kogoro avait déclaré, plusieurs semaines auparavant, qu'il se réservait ce jour pour un congé, de manière à pouvoir savourer en toute quiétude la soirée spéciale Yoko Okino à la télévision, et Conan s'était trituré le cerveau de manière à trouver une excuse crédible lorsque Ran lui avait annoncé qu'elle passerait la soirée avec Sonoko, l'abandonnant avec son père.

Naturellement, la solution se présenta d'elle-même, en toute simplicité. Tout ce qu'il avait eu à faire, c'était d'annoncer à Ran qu'il passerait la nuit chez le professeur Agasa pendant qu'elle passerait la sienne hors du domicile des Mouri, elle lui avait répondu par un sourire et sa bénédiction, étant persuadé qu'il serait en de meilleurs mains avec le vieux professeur qu'avec son père en état d'ébriété.

Haibara ne s'était guère réjouie d'être extirpée de son laboratoire de force pour une journée entière, l'horaire exacte du cambriolage demeurant obscure à Conan, mais elle marmonna quelque chose à propos d'une bataille entre Holmes et Lupin et accepta d'être réquisitionnée.

Le musée, qui constituerait peut-être la prochaine scène du crime pour le kid, était un bâtiment de vingt étages, les dix premiers ouverts aux publics, les dix autres occupés par des bureaux.

Cinq minutes plus tôt, les portes de l'ascenseur s'étaient ouvertes au rez de chaussée, le lieu où Conan, Ai et Agasa s'était mis en embuscade pour repérer toute personne dont le comportement pourrait paraître suspect, celui qui les franchit se mit à hurler pour signaler qu'un meurtre venait d'être commis au neuvième étage.

Et c'est ainsi qu'ils s'étaient retrouvés là, au neuvième étage, en compagnie de la police.

« Tu ne peux donc pas te retenir une seconde d'attirer les cadavres ? » lui demanda Ai, les bras croisés, tandis qu'elle examinait d'un air blasé le corps sans vie de Fujioka Shinji, le comptable du musée, qui avait été visiblement étranglé avec l'un des colliers égyptiens exposé à l'étage.

Conan lui décocha un regard noir avant de retourner à ses investigations. « Ce n'est pas comme si je voulais qu'ils meurent… »

« Enfin bon, je suppose qu'un optimiste pourrait toujours voir le bon côté des choses, et se dire que tu te retrouverais vite au chômage technique autrement, vu la profession que tu t'es choisi. » murmura Ai avec un sourire sardonique en observant Conan se mettre à genoux pour examiner le coin d'un piédestal.

Se retournant dans la direction de la chimiste, pour lui adresser un regard rien moins qu'aimable, Conan fût distrait par la vision d'un policier occupé à prendre des notes, juste à côté d'un cadran solaire. Fronçant les sourcils, il baissa les yeux vers sa montre.

« M… » s'écria-t-il, tout en se relevant brusquement du sol.

« Qu'est ce qui ne va pas Shinichi ? » demanda Agasa, tandis qu'il voyait la frustration transparaître sur le visage du détective, dissipant le calme et la concentration qui y régnait habituellement lorsqu'il enquêtait.

« Je viens tout juste de comprendre la dernière partie du message du Kid, » expliqua Conan « Lorsque vous prenez la dernière ligne de l'énigme, celle qui doit nous révéler l'horaire exacte du cambriolage, si on considère qu'elle fait référence à un cadran solaire…»

« Vous obtenez huit heure du soir. » termina Ai, en suivant la direction du raisonnement du détective.

Agasa fronça les sourcils.

« Mais un cadran solaire ne peut pas fonctionner sans lumière… » remarqua-t-il.

« C'est à ça que font référence les mots « l'obscurité voit enfin la lumière, » continua Conan, tout en se précipitant vers l'ascenseur, Ai et Agasa sur les talons. « Normalement, cela devrait être en plein jour puisqu'un cadran solaire ne peut pas fonctionner sans lumière, mais le message du Kid nous annonce justement l'horaire qu'indiquerait le cadran, s'il pouvait fonctionner en pleine obscurité, ce qui fait donc huit heures du soir et non pas huit heures du matin. »

« En d'autres termes, nous n'avons plus que cinq minutes avant le cambriolage. » commenta Agasa, en regardant sa montre. « Alors comment vas-tu pouvoir résoudre l'affaire de meurtre à présent ? »

Conan se figea brusquement en plein milieu de sa course, au point qu'Agasa et Ai manquèrent de peu de le percuter de plein fouet. Son regard oscilla entre l'ascenseur et la scène de crime, où des policiers confus semblaient encore perdus dans leurs spéculations, bien loin de la vérité.

L'étoile du soir, une perle supposé briller à la tombée de la nuit, était exposée au troisième étage du musée, mais s'il partait là-bas maintenant, qui sait sur combien de temps la course-poursuite avec le kid s'éterniserait ? Le temps qu'il revienne, et les policiers en auraient terminé avec la scène du crime, faisant peut-être disparaître par mégarde des indices essentiels à la résolution du crime. D'un autre côté, s'il continuait ses investigations à l'étage, cela reviendrait sans doute à renoncer à toute opportunité de capturer le Kid, ce soir.

Pour ce qu'il en savait, personne n'avait été plus proche de la capture du cambrioleur que lui. Ce cambrioleur frustrant et un peu trop intelligent à son goût.

Conan jeta un regard en coin à Haibara avant de se mordiller les lèvres. A moins que… Peut-être…

« Eh, Haibara… »commenca-t-il.

« Non. » répondit-elle du tac au tac sans lui laisser le temps de finir sa question.

« S'il te plaît ? »

Il joignit les mains dans une attitude de prière, et offrit un pitoyable regard de chien battu à la scientifique qui lui faisait face, ce regard qui finissait toujours par faire capituler Ran. Celle qui était devant lui, à ce moment, n'était pourtant pas le moins du monde impressionnée, elle ne s'amusait même pas du spectacle qu'il lui offrait.

« Non » répondit-elle d'un ton glacial.

« Mais Haibara… » commença-t-il.

« Tu joues les pleurnichards, Kudo-kun » l'interrompit-elle.

Il serra les dents. Kudo Shinichi n'avait rien d'un pleurnichard, et ce n'était certainement pas Conan Edogawa qui allait s'engager sur cette voie à sa place.

Tant pis, au moins, il pouvait se consoler avec le fait que, même s'il se glissait entre les mailles du filet, cette nuit, le Kid restituerait le fruit de son larcin de toutes manières.

Mais tout de même, c'était une question de principe, en tant que détective, il ne devrait pas laisser ce cambrioleur s'en tirer aussi facilement.

« Cependant… » La voix de Au interrompit ses réflexions moroses. « S'il y avait un minimum d'incitations, peut-être que je pourrais reconsidérer ma position. »

« Des incitations ? » s'inquiéta Conan.

« Burberry blue label vient de sortir une nouvelle gamme de sac à mains, en éditions limitée, pour célébrer la venue du printemps. » répliqua Ai, tout en lui offrant ce sourire aussi sarcastique qu'énervant qu'il aurait bien voulu effacer de son visage, une fois pour toutes.

« Tu sais, ce n'est pas le terme incitation qu'utiliserait la plupart des gens face à ce genre de proposition, plutôt celui de corruption… »

« Correction : la corruption consiste à m'offrir des incitations à adopter un comportement que la morale réprouve, ce que je fais pour le moment, Kudo, c'est de la négociation. » répondit Ai d'un ton sec.

Conan jeta un coup d'œil à sa montre. Ils n'avaient pas le temps de se chamailler.

« D'accord, d'accord… » concéda-t-il. « L'étoile du soir est exposée au troisième étage. Tout ce que tu as besoin de faire, c'est de le retenir le temps que je te rejoigne. Donnes-moi une quinzaine de minutes. Si tu le perds de vue, va directement sur le toit de l'immeuble. Kid a une affinité pour les lieux élevés. »

« Cela n'a rien d'étonnant, puisqu'il a besoin de s'élancer d'une certaine hauteur pour utiliser son deltaplane. » murmura Ai.

« Peut-être que je devrais t'accompagner, Ai kun… » suggéra Agasa une expression inquiète sur le visage.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, et Ai franchi le seuil de l'appareil, tout en secouant la tête. « Vous devez rester ici, pour aider Kudo à dénoncer publiquement le criminel. »

Tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient derrière lui, Conan se concentra de nouveau sur l'affaire qu'il lui restait à résoudre, bien décidé à aboutir au dénouement final des investigations avant la fin des quinze minutes qu'il avait réclamé à Haibara.

« Oi, Shinichi, » marmonna le professeur Agasa à son voisin, visiblement toujours inquiet. « Est-ce que tu es sûr qu'elle pourra faire face au Kid ? »

Conan acquiesça d'un air absent, toujours concentré sur les indices à sa disposition. « Kid n'a pas pour habitude de laisser qui que ce soit souffrir au cours d'un de ses cambriolages. » murmura-t-il. « Il ne touchera pas à un cheveux d'Haibara. »

Agasa soupira. A ce stade, il ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Il espéra simplement que Shinichi classerait ce dossier au plus vite, de manière à ce qu'il puisse rejoindre Ai avant qu'elle ne se retrouve seul à seul avec le voleur.

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Ai s'éloigna de l'ascenseur du troisième étage, se demandant de quelle manière elle pourrait parvenir à retenir le Kid pendant un bon quart d'heure. Ses réflexions furent coupées net par les hurlement de l'inspecteur Nakamori et ceux de son équipe de policiers.

« C'est Kid ! Il est en train de s'échapper ! » rugit Nakamori tandis que la vague de policiers convergea en direction de l'ascenseur.

Ai s'écarta immédiatement, manquant de peu de finir écrasés sous les semelles de la foule en furie, tandis qu'ils s'élançaient pour plaquer le voleur vêtu de blanc sur le sol.

Sans la moindre surprise pour les habitués, le Kid s'éclipsa dans un nuage de fumée rose, laissant ses poursuivants embrasser le parquet de plein fouet, pour réapparaitre quelques mètres plus loin, dans toute sa splendeur…et aux côtés d'une scientifique rajeunie de dix ans. Il s'agenouilla, et la fixa à travers son monocle.

« Mauvais chibi, » murmura-t-il avec un sourire moqueur. « à moins que chibi-Holmes ne se soit décidé à jouer les travestis. »

Ai ne put se retenir d'aborder son propre sourire moqueur, tandis que les paroles du voleur avait suggéré l'image mentale d'un Conan revêtu d'une des robes d'Ayumi. A défaut d'autre chose, cela pourrait devenir l'objet d'une future négociation, la prochaine fois qu'il lui réclamerait une faveur.

« KID ! »

Le gentleman cambrioleur jeta un coup d'œil à Nakamori par-dessus son épaule, l'inspecteur semblait littéralement en ébullition, au point que personne ne se serait étonné de voir de la vapeur jaillir de ses oreilles.

Avec un sourire malicieux, il joignit le pouce et l'index, avant de faire jaillir une rose entre ses doigts avant qu'ils ne se rencontrent.

« Vous m'en voyez navré, mais nous allons devoir écourter cet entretien, Ojou-chan. » s'excusa le Kid, une note d'amusement résonnant dans sa voix tandis qu'il offrait sa rose à Ai.

Dès l'instant où Haibara se décida à accepter ce présent floral, d'un air méfiant, il s'empara de son révolver, tira trois cartes à jouer en direction de l'inspecteur, parvenant à le maintenir à une distance raisonnable. La figure blanche s'élança en direction de la fenêtre la plus proche et, alors même qu'il avait encore le pied posé sur son rebord, se retourna vers Haibara pour lui adresser une salutation malicieuse.

« Transmets mes amours à chibi Holmes, » ricana-t-il.

Après cela, la silhouette s'éclipsa de la fenêtre et disparut pour de bon

Ai fronça les sourcils, se rappelant qu'il s'agissait du troisième étage et que le cambrioleur ne pouvait donc pas avoir recours à son deltaplane dans ces conditions.

Se précipitant à son tour vers la fenêtre, elle passa la tête à travers, à l'affût du moindre signe de la présence du Kid, mais la seule chose qui s'offrait à elle en contrebas était la foule immense de fans, revêtus de t-shirts aux couleurs de leur cambrioleur favori, et rassemblés autour du musée pour lui offrir leurs encouragements.

Elle leva un sourcil suspicieux devant ce spectacle ou plutôt celui qui l'illuminait de son absence au lieu de le faire par sa présence.

Etrange.

En temps normal, le Kid préférait se placer sous le feu des projecteurs plutôt que de disparaître comme une ombre, loin d'éviter les regards de la foule, il ne demandait rien de mieux que d'en être le point de mire tandis qu'il se livrait à une de ses performances.

Qu'était-il arrivé à l'inévitable course-poursuite entre un cambrioleur rayonnant d'audace sur sa mobylette et le détective miniature qui le talonnerait de près en skateboard ?

« Passez l'immeuble au peigne fin ! Et quant à toi… »rugit l'inspecteur Nakamori, pointant un doigt rageur en direction d'Haibara, avant que le regard glacial qu'il récolta en retour ne le pousse à baisser le bras et à faire un pas prudent en arrière. « Euuuuh… Ne restes pas là, à traîner sur la scène du crime. Ça pourrait devenir dangereux. »

Ai leva les yeux au ciel dans une expression blasée, tandis que les policiers parvenaient à regagner une position plus adaptée à leurs fonctions, largement plus adaptée que celle d'une mêlée digne d'un match de rugby qui aurait mal tourné, une mêlée composée des joueurs d'une seule équipe, et qui avait été incapable de mettre la main sur le ballon et encore moins de plaquer au sol l'unique membre de l'équipe adverse, ce cambrioleur sur les traces duquel ils se lançaient de nouveau.

Bien sûr que les scènes de crime étaient dangereuse et on ne peut plus déconseillés aux enfants… mais la chimiste aurait volontiers ajouté un addendum, la règle ne s'appliquait qu'aux enfants normaux, ce qui était loin d'être son cas.

De plus, ce n'était pas comme si elle appréciait spécialement les scènes de crime, c'était plutôt les scènes de crime qui recherchaient sa présence avec un peu trop d'empressement à son goût, ou plutôt la présence d'Edogawa Conan, ce garçon autour duquel elle gravitait bien souvent, en raison des circonstances particulières qui les avaient poussés à partager la même situation.

Laissant s'échapper un soupir, elle se dirigea vers l'ascenseur. Au point où elle en était, autant rejoindre Kudo, sur la scène du meurtre, pour le mettre au courant de la fuite du Kid.

Tandis qu'elle patientait, devant les portes de l'ascenseur, Ai remarqua les trois cartes à jouer que le Kid avait utilisé contre l'inspecteur Nakamori et qui trainaient encore sur le sol, personne n'ayant pris la peine de les ramasser, l'as de cœur, le valet de cœur et le dix de cœur.

Pour quelqu'un supposé être un magicien de talent, il avait visiblement des cours de rattrapage à effectuer dans la maitrise des cartes à jouer. Cela aurait fait plus d'effet si trois as avaient jailli de son revolver, songea Ai, avec son sens de l'humour habituel.

Un léger tintement annonçant l'arrivée de l'ascenseur, la scientifique laissa ces pensées à l'étage qu'elle quittait en franchissant les portes qui venaient de s'ouvrir.

Sélectionnant le neuvième étage, elle tourna et retourna entre ses doigts la rose que le Kid y avait placé.

Laissant ses pensées tournoyer autour du cambrioleur, elle en arriva à la conclusion qu'il demeurait une énigme à ses yeux, ne serait-ce qu'en raison du courage qui devait lui être nécessaire pour rire aussi effrontément de la loi.

Mais peut-être que le terme de stupidité était plus approprié que celui de courage pour qualifier son attitude désinvolte vis-à-vis de la police.

L'ascenseur interrompit sa course au septième étage, pour accueillir une femme d'une trentaine d'année, qui pressa le bouton qui l'amènerait pratiquement sous le toit de l'immeuble.

Ai jeta un regard en coin à l'inconnue, aucune menace ne semblant irradier de la brunette équipée d'une valise, elle s'en désintéressa rapidement pour se concentrer de nouveau sur le ballet lumineux du compteur lui décrivant la position de l'ascenseur.

Un compteur qui fût victime d'un infarctus au moment où il affichait le huitième étage, l'instant suivant, les lumières de l'ascenseur tirèrent à leur tour leur révérence tandis que ce dernier interrompit brutalement son ascension.

« Eh ? » s'écria la compagne d'infortune de Ai, avant de presser le bouton d'urgence. « Excusez-moi ? Est-ce que vous m'entendez ? Allo ? »

« Il y a du certainement y avoir une fausse manœuvre dans la chambre de contrôle, » observa Haibara pour rassurer la jeune femme. « Rien d'étonnant à cela, entre un cambriolage du Kid au troisième étage et un meurtre au neuvième, quelqu'un allait finir par se mettre à paniquer et à presser le bouton d'arrêt d'urgence, que ce soit par distraction ou pour couper la route de sortie à un criminel. »

L'inconnue adressa un sourire à la fillette tout en la contemplant d'un air incrédule. « Tu me sembles bien calme pour une fillette aussi jeune, sans doute un peu trop. » répondit-elle.

Haibara haussa les épaules. « La manière dont vous réagissez à une situation varie en fonction des expériences que vous avez traversé avant d'y faire face, » répliqua-t-elle. « Un homme qui n'a jamais connu la souffrance va fondre en larmes la première fois qu'il y sera confronté, un gamin qui a croisé la route de la mort un peu trop souvent ne clignera même plus des yeux face à un cadavre de plus. »

« Ce n'est pas la première fois que tu te retrouves piégée dans un ascenseur ? » demanda la femme.

« Non, j'ai simplement été piégée dans une obscurité bien plus terrifiante que celle d'un ascenseur en panne. » lui répondit Ai.

Des mots qui noyèrent la conversation dans le silence suffisamment longtemps pour que Ai commence à se demander si elle avait effrayé l'inconnue au point de la pousser à se réfugier dans le mutisme, ce qui l'arrangeait plutôt qu'autre chose… à moins que cette femme ait fini par comprendre, d'une manière ou d'une autre, que son interlocutrice n'était pas aussi jeune que son apparence pouvait le faire croire.

« Est-ce que tes parents t'ont maltraités ? » Une question qui s'était doucement échappé des lèvres de l'inconnue, donnant l'impression qu'elle avait conscience de poser le pied sur un terrain glissant.

Dissimulée par l'obscurité, Ai ne chercha pas à retenir un sourire souillé par l'amertume. « Je ne crois pas être en mesure de répondre à cette question, ils sont mort à une époque où j'étais trop jeune pour me rappeler de quoi que ce soit à leur sujet… »

Là encore, une réponse qui fît retomber le silence sur la conversation pendant un certain temps. « Un accident ? » se risqua à demander la jeune femme.

« Je ne sais pas. » répondit Ai en toute honnêteté.

Un moment s'écoula, au cours duquel elle se demanda pourquoi elle se confiait aussi ouvertement à une étrangère. Certes, elle n'avait pas dévoilé suffisamment d'informations pour lui révéler sa véritable identité, mais elle lui en avait offert bien plus que ce qui devait être accordé à une femme des plus étranges, croisée dans l'ascenseur d'un immeuble qui constituait la scène de deux crimes.

Mais peut-être que c'était justement parce qu'elle était en présence d'une parfaite inconnue qu'elle pouvait s'offrir le luxe de se dépouiller de son masque d'indifférence glaciale, ce masque qu'elle offrait au monde la plupart du temps. Tout au plus, cette femme se rappellerait d'elle comme d'une fillette à l'attitude étrange, et jetterait ce souvenir aux orties d'un haussement d'épaules pour passer à autre chose.

« J'ai perdu mon père dans un accident de ce genre. »observa soudainement la jeune femme.

« Excusez-moi ? » Ai fronça les sourcils, demeurant dans l'incertitude par rapport à la signification des paroles de son interlocutrice. Ses propres parents avaient été assassinés par l'organisation. Bien sûr, il n'y avait eu aucun indice pour pointer dans une autre direction que celle d'un accident, mais cela ne l'empêchait pas de demeurer sceptique.

Tout comme elle demeurait sceptique face à l'idée que cette femme puisse avoir des interrogations similaires concernant la vérité sur le décès d'un de ses parents.

D'un autre côté, étant donné l'étendue de l'organisation et de ses crimes, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'il y ait eu une orpheline de plus à leur faire des reproches. La seule chose qui rendait la possibilité douteuse était le fait que cette femme soit encore en vie pour énoncer ce genre d'interrogations à voix haute.

« Si je ne me trompes pas sur la nature de l'accident qui vous a privé de vos parents, » repris la jeune femme, visiblement désireuse de rétablir le dialogue. « alors j'ai de bonnes raisons de penser que c'est le même genre d'accident qui m'a privé de mon père. »

A fît quelques pas en arrière pour s'éloigner de l'inconnue autant qu'il lui était possible, ses dernières paroles n'ayant pas manqué de la troubler un peu plus, avant que l'ascenseur ne reprenne sa route dans un hoquet, faisant grâce à nouveau de ses lumière à ses occupantes.

Sans prononcer le moindre mot, l'inconnue pressa de nouveau le bouton correspondant au dernier étage. Réagissant à cette directive, l'ascenseur ignora le neuvième étage pour se rendre directement au terminus de son parcours. C'est au moment où le onzième étage s'afficha sur le cadran que Ai réalisa que quelque chose clochait.

« Cela vous arrive souvent de travailler à une heure aussi tardive ? » demanda-t-elle calmement.

L'inconnue baissa les yeux dans sa direction. « De temps à autres. »

« Est-ce que votre bureau est situé au dernier étage ? »

« Non, » l'étrangère gloussa gentiment. « Il est situé au septième étage. »

« Dans ce cas, est-ce que ce n'est pas étrange de voir une femme se rendre aux étages supérieures alors qu'elle est censé quitter son lieu de travail ? » continua Ai. « Pourquoi avez-vous besoin d'aller jusqu'au toit ? »

« J'ai oublié quelque chose au bureau de mon supérieur, » répondit l'inconnue le plus naturellement du monde.

« Il y autre chose qui me turlupines, » s'interrogea Ai à voix haute. « vous me dites que votre lieu de travail est situé au septième étage, alors que pratiquement tous les bureaux de cet immeuble sont situés entre le onzième et le vingtième étage. Comme si ce n'était pas suffisant, vous quittez le travail après que deux crimes soient commis dans l'immeuble, au lieu de le faire avant ? La plupart des gens travaillant ici ont été forcé de prendre congé par la police, pour limiter le nombre de suspects avant que le Kid ne fasse son entrée en scène, et les exceptions à la règle ont toutes été convoqués par la police au neuvième étage, pour éclaircir leurs alibis au moment du meurtre qu'on y avait commis. »

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent dans un tintement, laissant l'inconnue libre de s'enfoncer dans les profondeurs du dernier étage. Ai la suivit sans un mot tandis qu'elle montait les escaliers qui la mènerait au toit du bâtiment. Les seuls sons qui avaient troublé leur parcours comme le calme de la nuit étaient ceux des talons hauts de l'étrangère frappant le parquet à intervalle régulier.

« Je l'ai toujours dit aux petites filles, » commença la jeune femme tout en ouvrant sa valise. « elles seraient tellement plus adorables si elles se retenaient de poser toutes ces questions. »

Une vague de lumière blanche aveuglante, accompagnée du son soyeux caractéristique des vêtements que leur propriétaire congédiait ou convoquait à loisir d'un simple mouvement du bras, c'est tout ce qu'il fallût à l'inconnue pour se dépouiller, au moins partiellement de son mystère, et laisser un certain gentleman cambrioleur prendre sa place, sous les yeux d'une scientifique rajeunie.

Pliant le genou face à celle qui le toisait, le voleur lui prit délicatement la main pour y déposer un baiser respectueux.

« Tu devrais arrêter de trainer avec chibi Holmes, » murmura le Kid à celle qui ne pouvait s'empêcher d'être captivée par la lueur d'amusement qui se reflétait par delà son monocle. « il finira par effrayer tous les garçons qui pourraient avoir l'envie de te tourner autour. »

« Ah, mais si je n'étais plus à ses côtés, pour le tirer d'affaire, qui me restera-t-il pour m'offrir des vêtements hors de prix et des accessoires de marques? » répliqua Ai tout en enrobant ses paroles d'une tonalité sarcastique qui ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Il était évident aux yeux du voleur qu'elle aurait pu s'offrir tout cela sans l'assistance d'un détective, et que le plaisir de tourmenter leur ami commun avait plus de prix à ses yeux que toutes les garde-robes du monde.

« Il semblerait qu'il croise beaucoup de problèmes sur sa route, hein ? » remarqua le Kid.

« Sans doute, à moins que ce ne soit les problèmes qui ne le croisent un peu trop souvent sur leur route… » répliqua la chimiste en levant les yeux au ciel.

« Ton aimant à problèmes, tu y tiens quand même beaucoup, je me trompe ? »

Ai le fusilla du regard, lui faisant savourer le même frisson qui avait parcouru l'échine de l'inspecteur Nakamori, quelques minutes plus tôt , sans pour autant ébrécher sa face de poker.

Elle retira également sa main de celle du cambrioleur, sans la moindre délicatesse, estimant visiblement qu'elle y était demeurée bien plus longtemps que ne l'aurait autorisé la simple courtoisie due à une femme.

« Je dois admettre que je suis un peu déçu par cette découverte. » murmura-t-il doucement en se relevant pour se diriger vers l'extrémité du toit, et embrasser du regard la foule de ses fans, en contrebas. Il ne s'écoula guère de temps avant que sa présence ne soit remarquée, soulevant une véritable ovation.

Ai senti que ses joues avaient pris une nuance rosâtre qui ne leur était guère appropriée en temps normal, tandis qu'elle étudiait le profil du voleur que lui dévoilait la lumière de la lune. C'était visiblement un acteur, quelqu'un qui adorait se sentir sous le feu des projecteurs, et adorait encore plus les sursauts d'adrénaline qu'il récoltait en se glissant entre les griffes des chasseurs qui le traquaient, mais toute cette façade clinquante semblait projeter une ombre derrière elle, l'ombre où se réfugiait la tristesse et la mélancolie qui ne pouvait pas se refléter sur un certain monocle.

« Ce que tu m'as confié, était-ce la vérité ? »lui demanda-t-elle soudainement.

Il se retourna dans sa direction tout en donnant un pli moqueur au sourire qu'il lui adressa. « Ce que je t'ai confié ? Que j'étais déçu d'avoir constaté que tu tenais tant que ça à Chibi Holmes ? »demanda-t-il. « Je ne sais pas. Sans doute une étincelle de vérité noyée dans la poudre aux yeux. »

« Non. » le coupa Ai d'une manière aussi sèche que glaciale, même si elle ne pouvait nier que la manière dont le Kid s'amusait à flirter avec elle n'était pas sans lui laisser un arrière-goût de curiosité. Après tout, cette dernière rencontre semblait confirmer qu'il connaissait déjà la vérité sur l'âge apparent de deux membres des détective boys. « Je pensais plutôt à ce que tu m'as confié dans cet ascenseur…à propos de ton père. »

Une question qui dissipa un instant l'exubérance naturelle du voleur et à laquelle il acquiesça en retour. « Si ce que tu m'as confié à propos de tes parents est la vérité, alors ce que je t'ai confié en échange est aussi la vérité. »

Ai s'enfonça dans le silence pendant un certain temps. Si c'était l'organisation qui était responsable de la mort de son père, alors pourquoi se maintenait-il en permanence sous le feu des projecteur, quitte à devenir le point de mire d'une chose bien plus dangereuse que le regard avide d'une fan ? Si elle avait été à sa place, elle serait plutôt restée dissimulée dans l'ombre.

De fait, elle était déjà à sa place, et c'était effectivement dans l'ombre qu'elle avait choisi de se maintenir. Qu'est ce qui avait bien pu pousser ce voleur à en sortir ? A fortiori pour dérober des joyaux qu'il restituait systématiquement à la fin de chacun de ses cambriolages ? Est-ce que la réponse à cette question était connecté, là encore, à l'organisation ?

Un son familier, celui de chaussures d'enfants résonnant à intervalle court sur le sol, accompagné du son encore plus familier du déclic provoqué par une certaine montre dont on relevait le couvercle, la ramenèrent à la réalité. Et, sans prendre la peine de trouver une raison pour justifier ce geste, la chimiste courut en direction de l'intrus qui venait de franchir la porte, pour le plaquer au sol.

« Ouille ! » La voix de Conan résonna tandis qu'ils percutèrent le sol de concert.

Le dard de tranquillisant qu'il avait prévu de décocher en direction du Kid fût dévié de sa trajectoire au moment du tir, et se contenta de frôler le visage du voleur avant de se perdre dans la nuit.

« Haibara ! Qu'est ce qui te prends à la fin ?! » hurla Conan, irrité par l'idée qu'il venait de perdre sa chance de mettre fin à la carrière du gentleman cambrioleur. Si Ai ne lui était pas littéralement tombé dessus à ce moment là, il n'avait aucun doute sur le fait que son dard aurait atteint son objectif.

« Dépêche-toi de t'enfuir ! » s'écria Ai, en se tournant vers le voleur, ce voleur dont la face de Poker était légèrement ébréché par la surprise.

Un simple regard glissé sur le visage de la métisse lui dévoila ses intentions. Elle ne voulait pas qu'il soit capturé avant d'avoir atteint le but qu'il s'était fixé en se présentant au musée, ce soir là. Il la remercia d'un sourire tout en portant la main à son haut de forme pour l'incliner légèrement, dissimulant ainsi ses yeux.

« Merci, Ojou-chan. » Un remerciement qui glissa entre des lèvres plié en une expression moqueuse, des lèvres sur lesquelles se posèrent les doigts du voleur pour souffler un baiser dans sa direction, un baiser qui précéda le saut de l'ange, un ange qui avait déployé les ailes d'un deltaplane en s'élançant dans le vide.

« Argh ! » Conan serra les dents tout en se précipitant à son tour vers l'extrémité du toit, pour contempler d'un œil impuissant la fuite du voleur. « J'aurais pu l'avoir, ce soir. J'aurais du l'avoir, ce soir ! Pourquoi est-ce que tu es venu t'interposer ? »

Ai se releva avant d'épousseter ses vêtements du revers de la main, contemplant le détective qu'elle avait frustré de sa proie avec l'innocence de l'agneau qui vient de naitre, une expression fort peu appropriée à celle qui venait de sauver le voleur, quitte à gratifier son meilleur ami d'une petite trahison.

« Je t'ai juste promis de le retenir suffisamment longtemps pour que tu aies l'occasion de l'attraper, ni plus ni moins, et tu me dois toujours un sac à main pour cela, soit dit en passant. » lui répliqua-t-elle d'un air nonchalant. « Tu n'as jamais promis de m'offrir quoi que ce soit si tu parvenais à l'attraper, ce soir. »

« Argh ! C'est tout ce que ça représente pour toi ? Juste une occasion de passer un marché avec moi ? »lui demanda Conan sans chercher à dissimuler son incrédulité.

Ai leva un sourcil face à cette réaction. « Est-ce que j'ai fait quoi que ce soit pour te donner l'impression que cela pouvait être autre chose ? »

Conan commença à balbutier, à la recherche de mots appropriés pour exprimer ce qu'il ressentait, avant que la scientifique ne se décide à abréger le supplice en changeant de sujet.

« Comment est-ce que s'est terminé ton affaire de meurtre ? »lui demanda-t-elle.

Conan soupira. « Son épouse a prétendu qu'elle était venu le rejoindre, à la sortie du travail, alors qu'en réalité, elle était venu pour l'assassiner. Le mobile était la liaison qu'elle l'accusait d'avoir avec sa secrétaire. »

« Passionnant, » Ai renifla. « Je suis rassuré de ne pas avoir manqué quoi que ce soit en m'épargnant le dénouement. »

Conan contempla l'expression de son interlocutrice avant de froncer les sourcils. « Est-ce qu'il s'est passé quoi que ce soit entre toi et le Kid ? » lui demanda-t-il.

« Je l'ai retenu un moment. » répondit-elle.

Conan leva les yeux au ciel. Essayer d'arracher un secret à Haibara était un exercice aussi futile et épuisant que de déplacer le cadavre d 'un éléphant à soi tout seul. « Soit dit en passant, comment as-tu obtenu cette rose ?soupira-t-il. « Je ne me rappelle pas que tu l'aie apporté avec toi en venant ici.»

La scientifique baissa les yeux vers la fleur qui était effectivement entre ses doigts, l'étonnement s'étendit sur son visage, révélant son ignorance face à la question du détective, avant de se dissiper dans un sourire amusé tandis qu'elle tendit la main pour lui offrir cette rose.

« Kid t'offres ceci en gage de son amour, » ricana-t-elle.

« Euuuuhhh… » Le regard que Conan envoyait à l'innocente fleur semblait indiquer qu'il la soupçonnait d'être une bombe à retardement, qui ne manquerait pas d'exploser après lui avoir écrasé le pied, dispersant pommes et bananes dans sa direction.

« Allons, elle ne va pas te mordre. » observa Ai avec un sourire qui semblait pourtant dépourvu de sollicitude.

Avec d'infinies précautions, Conan tendit la main vers la fleur. Dès l'instant où ses doigts l'effleurèrent, elle explosa effectivement dans un nuage de fumée rose. Et lorsque la fumée se décida à se dissiper, ce fût pour révéler la présence de l'étoile du soir dans la paume de la chimiste, trônant sur deux cartes à jouer posées l'une sur l'autre.

Les deux adolescents clignèrent des yeux sans parvenir à effacer la surprise suscitée par l'ultime tour de magie du Kid, ce soir là. L'étoile du soir éclaira légèrement l'obscurité de sa lueur, et c'est avec précaution que Ai s'en empara pour la tendre au détective.

« Je penses que tu voudras la restituer au musée, n'est-ce pas ? » lui dit-elle. « Je suppose qu'une fois encore, il n'a pas mis la main sur ce qu'il recherchait réellement, ce soir. »

« Je vais leur rendre, oui. » répondit Conan, tout en se dirigeant vers les escaliers après s'être emparé du joyau. « Espérons qu'elle ne disparaîtra pas dans un nuage de fumée rose avant que je ne le fasse. »

Demeurant sur le toit de l'immeuble, Ai se demanda brièvement quel était le secret de ce dernier tour de passe-passe et à quel moment son auteur avait trouvé le temps de l'effectuer. Une question qu'elle écarta d'un haussement d'épaules, pour se concentrer sur les deux cartes qui lui étaient resté en main. Le roi de cœur, accompagné de sa reine.

Un flush royal.

Peut-être qu'il n'était pas si mauvais aux tours de cartes qu'elle ne l'avait cru.

Fin de la première partie.