Titre : Les retrouvailles : une vie pour une autre.

Source : Gundam Wing AC

Auteur(e) : Lysanea

Genre : yaoi, romance, UA.

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient !

Pairing : Heero + Duo, Trowa + Quatre.

Personnages Heero Yuy, Duo Maxwell, Quatre Raberba Winner Barton, Trowa R. W. Barton, le Père Maxwell, Sœur Hélène.

Résumé : quatre ans après « la Tentation » dans la même église…

Notes de l'auteure : une suite de « la Tentation » en espérant que tous ceux qui me l'ont demandé ne le regretteront pas ! Il y aura trois parties, j'ai séparé pour que ce soit plus pratique et agréable à lire… Bisous ! Lysa


Une vie pour une autre
.

AC 205

Eglise Maxwell, Bureau du Révérend Père.

¤

Toc toc toc.

- Entrez.

La porte s'ouvre sur une gueule d'ange que Duo connaît bien – et adore – et qu'il est ravi de voir.

Il se lève pour l'accueillir.

- Quatre, ça me fait du bien de te voir, lui dit-il en l'embrassant. J'ai pas pu consacrer une minute à mes proches depuis ce matin.

- Je comprends, ne t'en fais pas. D'ailleurs, tu es sûr que je ne te dérange pas ?

- Jamais, je te l'ai dit et répété. Assis-toi, je te sers un bon jus de fruits.

- Merci. Je venais voir comment tu allais, explique-t-il en s'installant. Tu tiens le coup ?

Duo pose une fesse sur le bureau à côté de lui et lui tend son verre.

- Je n'ai pas le choix, Quatre.

- Tu n'as pas à porter ta croix seul, Duo. Même Jésus a été aidé.

Duo sourit, ce qu'il ne fait plus beaucoup depuis un moment.

- Quand tu as ce genre de réflexion, je ne peux m'empêcher de penser que les convertis sont vraiment les plus redoutables des prêcheurs…

- Je n'en suis pas vraiment un, tu le sais. J'ai juste repris la religion de ma mère, par amour pour Trowa. Mais ce n'est pas le propos. Tu sais que tu peux compter sur nous, Duo.

- C'est ce que je fais, Quatre. Vous m'aidez déjà tellement, heureusement que vous êtes là. Je ne sais pas comment j'aurai réussi à gérer cette situation sans toute l'aide reçue.

- Ton père était très aimé, paix à son âme.

- Paix à son âme, reprend Duo, la gorge nouée.

Quatre pose sa main sur la sienne, le réconfortant par ce geste et la douceur de son regard.

- Le chagrin et le manque resteront, mais la douleur s'en ira, Duo, avec le temps et notre amitié, l'amour de ceux qui t'entourent.

- Je n'en doute pas, Quatre, merci. Mais de toute façon, je ne peux pas encore me permettre de laisser libre cours à mon chagrin, il y a tant de choses à faire. L'enterrement passé, je pourrai faire mes adieux personnels à mon père et le pleurer tranquillement.

- Je comprends. Trowa et moi te l'avons déjà dit, si tu ne veux pas rester seul chez toi mais que tu as besoin de t'isoler quand même, de changer de décor, il y a de la place au manoir, nous te laisserons en paix. Et je suis sûr qu'on est pas les seuls à te l'avoir proposé.

- Je suis bien entouré, c'est une chance, et je remercie Dieu pour cela. Pour chaque rencontre qu'il a permis, chaque lien qui s'est tissé et sur lesquels je peux m'appuyer pour surmonter cette épreuve.

- C'est important de ne jamais oublier que ça ne va pas de soi, acquiesce Quatre en souriant, alors que Duo pose sa main sur son épaule et la serre affectueusement.

Le regard du jeune blond tombe sur sa montre et il grimace.

- Il va falloir y aller, Duo.

- C'est l'heure, oui, répond-il en regardant sa montre avant de se lever, imité par son ami.

- Je vais faire avancer le corbillard et prévenir Trowa que le convoi va bientôt se mettre en route. L'itinéraire est bien dégagé depuis quelques heures.

- Merci, Quatre.

Quatre regarde son ami vérifier sa tenue dans le miroir avec une admiration et un respect qui font briller ses yeux turquoises.

Duo surprend son regard dans le miroir et se tourne vers lui.

- Qu'y a-t-il ?

- Je t'admire, je suis si fier d'être ton ami. Tu fais preuve de tant de courage, depuis ces derniers jours horribles, tu as une force intérieure qui impose le respect.

- Arrête, tu vas me faire rougir…

- C'est vrai, Duo. Et je sais que je te l'ai déjà dit, pardonne-moi de le répéter, mais la cérémonie était très belle. Tout ce que tu as dit, les mots que tu as prononcé sont gravés dans les cœurs. Ton père ne peut être que fier de toi, Duncan Oliver Maxwell.

- Je l'espère car je lui dois tout. Allons-y, parce qu'après m'avoir fait rougir, tu commences à me donner envie de pleurer…

- Excuse-moi, je suis désolé, dit-il en posant son verre vide sur le bureau.

- Il ne faut pas. Tes mots et ta présence me réchauffent le cœur.

Les deux jeunes hommes s'autorisent une tendre et rapide étreinte avant de quitter le bureau et de se séparer dans le couloir.

Duo s'immobilise un instant devant la statue de la Vierge Marie.

Levant les yeux vers elle, il se signe en lui adressant, ainsi qu'à son Seigneur, une prière silencieuse afin de lui demander que lui soit accordée la force d'aller au bout de cette journée si éprouvante…

Il s'avance ensuite dans l'église jusqu'au cercueil.

Ceux qui l'entourent encore s'écartent et reprennent leur place, alors qu'il fait face à tous ces gens venus rendre un dernier hommage au Père Maxwell.

De ses yeux, à cet instant plus violets qu'indigo, il balaie l'assistance et adresse un remerciement silencieux à chacun…

Jusqu'à ce qu'il accroche soudain un regard bleu nuit.

Son cœur est comme enveloppé par une douce chaleur.

Tous les regards qui convergent vers lui sont plein d'amour, de compassion, de soutien.

Mais ce regard-là représente tellement pour lui, il l'a tant de fois revu et rêvé ces quatre dernières années, il n'osait l'espérer en ce jour si éprouvant…

Duo le remercie d'être là en lui rendant son regard et sourit légèrement avant de se reprendre, se sentant un peu plus fort ; il remercie le Seigneur d'avoir accéder à sa requête aussi rapidement…

Oui, à présent, il se sent capable d'aller au bout de cette journée horrible…

Sa voix est assurée lorsqu'il prononce encore quelques mots, juste avant d'ouvrir la marche en agitant son encensoir, suivi du cercueil où repose son père, porté par six proches.

Quatre est là, avec le corbillard, qu'il conduit jusqu'au cimetière où Duo célèbre une nouvelle et dernière cérémonie, cette fois intime et privée.

Une cinquantaine de personnes assiste à la mise en terre et écoute Duo prononcer les dernières paroles au défunt.

- Rappelons-nous la parole de Jésus à la soeur de son ami Lazare qui venait de mourir. "Je suis la Résurrection et la Vie: celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra." A notre tour, Confions au Seigneur celui qui nous quitte:

Et toute l'assistance de murmurer, des larmes dans la voix…

- Donne-lui, Seigneur, le repos éternel.

- Seigneur Jésus, toi qui as pleuré ton ami Lazare au tombeau, essuie nos larmes, nous t'en prions.

- Donne-lui, Seigneur, le repos éternel.

- Toi qui as fait revivre les morts, accorde la vie éternelle à notre frère, nous t'en prions.

- Donne-lui, Seigneur, le repos éternel.

- Tu as sanctifié Christopher D. Maxwell dans l'eau du baptême, donne-lui en plénitude la vie des enfants de Dieu, nous t'en prions

- Donne-lui, Seigneur, le repos éternel.

- Prions une dernière fois tous ensemble, mes frères :

Seigneur Jésus, avant de ressusciter, tu as reposé trois jours en terre. Et depuis ces jours-là, la tombe des hommes est devenu pour les croyants signe d'espérance en la résurrection. Au moment d'ensevelir notre frère, nous te prions, toi qui es la Résurrection et la Vie: donne à Christopher D. Maxwell de reposer en paix dans ce tombeau jusqu'au jour où tu le réveilleras, pour qu'il voie de ses yeux la lumière sans déclin pour les siècles des siècles.

- Amen.

Après avoir jeté la première rose suivie de la première poignée de terre, Duo reçoit les dernières étreintes de ceux qui furent le plus proches du Père Maxwell.

Bientôt vient le tour d'Heero, et Duo le serre contre lui avec bonheur.

Même si ce n'est ni le lieu, ni le moment de s'abandonner, ils se laissent porter par cette étreinte jusque quatre ans en arrière, jusqu'au souvenir d'un doux et unique baiser.

Ils n'en n'oublient cependant pas les convenances, ni que Duo est le centre d'intérêt de nombreuses personnes encore.

- Merci d'être venu, lui dit-il en s'écartant.

- Je suis désolé de n'avoir pas réussi à me libérer plus tôt.

- L'important pour moi, c'est que tu sois là maintenant. Même si tu ne fais que passer. Tu n'imagines pas combien cela me fait du bien de te voir. Ce soir, nous pourrons parler plus tranquillement.

- Je suis là, si tu as besoin de moi, n'hésite pas. En tout cas bravo, ton père doit être plus que fier de toi, de là-haut.

- Merci, Heero.

- Ce n'est que la vérité. Courage, Duo. A plus tard.

D'autres étreintes suivent, d'autres visages tristes, des mots de soutien et de réconfort, de paroles apaisantes…

Le cercueil disparaît sous la terre et la dalle est posée.

Ci-gît notre bien-aimé Père à tous

Christopher D. Maxwell.

AC 149 - AC 205

« Si j'ai pu apporter un peu de Lumière, je souhaite qu'elle ne s'éteigne pas avec moi. »

Le regard de Duo est rivé aux lettres d'or, alors que le cimetière se vide peu à peu et qu'il n'entend même plus ce que certaines personnes lui disent.

Quatre s'approche et pose doucement sa main su son bras.

- Duo, nous allons te laisser un peu seul avec lui, le temps pour toi de lui dire au revoir. Sarah et les autres s'occupent de Soeur Hélène. Nous t'attendons à la voiture. Ca ira ?

Duo sourit et se tourne un court moment vers lui, le temps d'un regard.

- Je ne peux pas laisser Sœur Hélène toute seule à l'église, il y a beaucoup de monde là-bas encore. Donc je ne vais pas rester longtemps. Merci, Quatre.

- C'est normal.

Le jeune blond le quitte et rejoint son mari qui l'attend avec Heero, un peu en retrait.

- Ca va ? demande Trowa en passant son bras autour de sa taille, affectueusement.

Quatre possède un don d'empathie qu'il gère de mieux en mieux, mais parfois, partager les sentiments des autres est une lourde épreuve.

- Sa douleur et son chagrin sont immenses, mais la maîtrise qu'il en a est encore plus impressionnante. Il me protège, en quelque sorte, car il sait qu'une telle peine peut anéantir un homme. Il a les outils pour s'empêcher de sombrer, pas moi.

- Tu ressens quand même sa souffrance, Quatre, fais attention. Je disais à Trowa, juste quand tu arrivais, que vous pouviez rentrer et que je m'occuperai de ramener Duo. Ca te permettra de souffler un peu.

- Merci, Heero, répond-il avant de reporter son attention vers Duo, plus loin. Attends encore un peu, ensuite tu pourras le rejoindre.

- Je ne suis pas sûr de savoir quoi lui dire, n'ayant jamais vécu une telle situation.

Trowa pose sa main sur son épaule.

- C'est de ta présence dont il a besoin, pas de tes mots.

Heero lui sourit, pas très convaincu mais confiant par rapport au jugement de son meilleur ami.

Quatre et Trowa partis, il se tourne vers Duo qu'il observe avec inquiétude.

Mais un autre sentiment l'envahit, et il se sent coupable de ne pas réussir à le maîtriser : malgré les circonstances et la douleur, il est heureux de pouvoir être si proche de Duo.

Il y a quatre ans, il a accepté de faire un reportage sur l'une des plus anciennes civilisations du monde, qui l'était déjà avant la colonisation, et qui perdure encore aujourd'hui.

Pour le réaliser, il s'est installé sur place pour vivre au rythme des chinois.

Mais ce qui devait être un simple reportage s'est avéré plus riche et complexe, alors Heero a décidé de leur rendre un véritable hommage en approfondissant son sujet.

Le travail étant plus que prenant, Heero n'a pas quitté une seule fois le pays en quatre ans, et n'a donc jamais pu revoir Duo après le mariage de Trowa et leur premier - et unique - baiser.

Certes, ils se sont écrit, beaucoup.

Oui, il y a eu des photos, des coups de fil interminables avec ou sans visio, des conversations en réseau jusqu'à pas d'heure…

Mais la présence de l'autre, près de soi, les regards, mêmes si on les perçoit à travers l'écran, ne sont pas suffisants, il manque quelque chose.

Une belle amitié s'est construire jour après jour, entre eux, mais sans jamais étouffer l'amour qui est né quatre ans plus tôt.

Heero regarde donc longuement Duo et se demande quand le rejoindre, comment savoir que c'est le bon moment.

Il obtient sa réponse lorsqu'il voit les jambes de Duo le lâcher et qu'il tombe à genoux.

Alors, il se précipite vers lui et met un genoux à terre, pose ses mains sur ses épaules secouées par les sanglots.

- Duo…

Le jeune prêtre relève la tête avant de se blottir contre lui, laissant enfin sa douleur et son chagrin s'exprimer et s'écouler hors de lui.

Heero, bouleversé par son chagrin et l'intensité de sa douleur, le serre fort en lui parlant doucement. Il lui caresse aussi les cheveux, qui sont simplement retenus par un élastique depuis le décès de son père.

Un long moment passe avant que Duo ne se calme enfin.

Le sentant de plus en plus peser contre lui, Heero finit par se détacher lentement et sourit : Duo s'est endormi, épuisé par ses pleurs et sa douleur.

Heero se relève donc en le soulevant, étonné par son poids : Duo est si fin qu'on le croirait très léger, prêt à tout instant à s'envoler tel un ange et regagner les cieux…

Et si ce n'est pas le cas, il n'en reste pas moins très facile à porter.

C'est donc sans efforts qu'Heero le transporte à travers le cimetière jusqu'à la voiture garée juste à l'entrée.

Il fait un signe au gardien pour le rassurer, qui hoche la tête en retour ; si Quatre ne l'avait pas prévenu que Duo était encore là, veillé par un ami très cher, il aurait bloqué Heero. Mais averti, il se contente de sourire tendrement, touché par ce tableau rappelant étrangement les anciens contes de fées où le prince charmant sauve sa belle princesse…

Il leur jette un dernier regard avant de retourner à ses occupations.

Heero, quant à lui, arrive à se voiture et allonge Duo à l'arrière, la tête côté passager avant afin qu'il puisse le regarder et le toucher pour l'assurer d'une présence à ses côtés.

Lorsqu'il arrive chez Duo, qui a un appartement à vingt minutes de l'église, Quatre l'accueille et sans un mot, il l'aide à installer Duo dans son lit.

Ils le laissent se reposer et gagnent la cuisine.

- Tu veux boire quelque chose, Heero ? J'ai fait du café.

- Je veux bien une tasse de ton café bien corsé ! Trowa est à l'église ?

- Oui, il m'a déposé, puis est parti rejoindre et aider Sœur Hélène. Je l'y retrouverai plus tard.

- Bien.

Quatre lui tend une tasse fumante et se ressert en s'asseyant face à lui.

- Tu as pu parler un peu avec Duo avant qu'il ne s'endorme ?

- Non, enfin je lui ai parlé, mais j'ai pas parlé avec lui. Peu après votre départ, il s'est écroulé sous le poids de son chagrin, comme si il réalisait qu'il ne le reverrait plus jamais. Il s'est libéré d'une partie de sa douleur dans mes bras, je l'ai serré contre moi en lui disant toutes les paroles apaisantes qui me venaient à l'esprit. Mais Trowa avait raison, c'était d'une présence plus que de mots dont il avait besoin à ce moment-là.

- Pas seulement une présence, Heero, mais la tienne.

Le jeune homme boit une longue gorgée de café sans répondre.

- Je ne dis pas ça pour te culpabiliser si tu repars, tu sais, reprend Quatre.

- Ce n'est pas ton genre. De toute façon, je ne repars pas tout de suite.

- Tu peux vraiment rester ? s'enthousiasme-t-il.

- Normalement non.

- Mais… et ton travail ?

- La seule chose qui compte pour moi, aujourd'hui, c'est Duo. Depuis quatre ans, d'ailleurs. J'ai accepté de faire ce reportage pour le fuir et tenter de l'oublier. A chaque mail ou conversation téléphonique, je me jurai que c'était la dernière fois. Mais je n'ai jamais réussi à couper les ponts. Il est aussi vital que l'air que je respire. Je n'avais jamais ressenti ça, avant. Est-ce que c'est ce qui vous lie, Tro et toi ?

- Pas exactement, mais ça y ressemble beaucoup.

- S'agissant de vous deux, je trouve ça magnifique, mais pour Duo et moi, je trouve ça déprimant.

- Il ne faut pas ! C'est ce lien qui va te permettre de l'aider à aller mieux. Depuis qu'il t'a vu, il sourit vraiment, il ne se contente pas de grimacer quelque chose qui y ressemble. Tu dois rester, Heero, il le veut autant que toi.

- S'il me le demande, oui. Mais je ne veux pas le gêner dans sa vie quotidienne.

- Je te dis qu'il en sera heureux puisqu'il le veut lui aussi.

- Mais Quatre, on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Si ma présence complique les choses, je partirais.

Quatre secoue la tête en reposant sa tasse à moitié vide.

- Tu ne représentes plus la tentation, Heero. A l'amour de Dieu s'ajoute aujourd'hui celui qu'il éprouve pour son père. Il a un héritage à assumer, une mémoire et un souvenir à honorer. C'est pour toi que ça risque d'être compliqué. Les sentiments qu'il a pour toi ne sont pas négligeables non plus.

- Je sais.

- Dans tous les cas, il te faudra en parler avec lui.

- J'y pense, mais il me faut trouver le bon moment.

Son jeune ami hoche simplement la tête.

- Encore du café ?

- Non, merci, Quatre. Dis-moi, ça t'embêterait de rester encore un peu, le temps pour moi d'aller récupérer quelques affaires chez moi ?

- Pas de problème !

- J'en profite pour te remercier à nouveau de t'être occuper de mon appartement, avec Trowa.

- C'est normal. Prend tout ton temps, je veille sur notre ami.

- Encore merci, Quatre. Je fais un crochet par la chambre de Duo et je file. A tout à l'heure.

Heero repasse dans la chambre de Duo, qu'il découvre toujours endormi.

Il reste un instant saisi par la beauté et la douceur des traits du jeune prêtre.

Veillant à être le plus discret possible, il se penche vers lui et dépose un baiser sur son front.

Il avait prévu de se contenter de ça et de partir, mais son regard tombe sur sa bouche si sensuelle, légèrement entrouverte, et il succombe à la tentation en posant ses lèvres sur les siennes, un court instant.

Lorsqu'il s'écarte, il rencontre un regard indigo aux reflets améthystes ou l'inverse, il ne sait jamais quelle nuance domine dans ce troublant tourbillon.

- Je… je suis désolé, Duo, je pensais que tu dormais.

Le jeune prêtre se redresse avec un sourire triste.

- Et tu en as profité pour me voler un baiser ? Après avoir volé mon cœur, tu cherches à t'emparer de mon âme ?

Heero pâlit, passant d'un rouge soutenu à un blanc parfait. Duo pose sa main sur la sienne, souriant toujours.

La tristesse le sublime…

- Je te taquine, Heero, ne soit pas si sérieux. Cette journée est bien assez grave comme ça, non ?

Heero hoche simplement la tête, reprenant une couleur normale.

- Comment tu te sens ?

- Mal, mais ça ira mieux petit à petit. Parce que mon père repose en paix et dans l'immédiat, parce que tu es là. J'espère que cela ne t'a pas trop posé de problème par rapport à ton travail, mais quelque chose me dit que si.

- Ne t'inquiète pas pour ça. Je me sens tellement idiot, il a fallu cette horrible circonstance pour me faire quitter New Little China.

- C'est un peu triste, mais tu n'as pas à te sentir idiot. Tu prends ton travail tellement à cœur, j'adore quand tu m'en parles, tu y mets tant de passion… Je peux comprendre que tu aies vécu dans une sorte de bulle, et que seul un évènement important ait pu t'en faire sortir.

- C'est exactement ça, je me suis enfermé dans une bulle.

- Je suis pressé de lire ton dossier. J'espère vraiment que ta venue…

- Ca suffit, arrête avec ça, je t'ai déjà dit de ne pas t'en soucier. J'étais sur le point de passer chez moi prendre quelques affaires pour rester avec toi au moins cette nuit et plus, si tu es d'accord.

- Ca me ferait vraiment plaisir, Heero, mais tu ne dois pas te sentir obligé. Même si c'est douloureux et difficile encore, je tiens le coup.

- Peut-être, mais tu ne dois pas rester seul. Si tu préfères aller au manoir, ou qu'une autre personne reste avec toi, je peux comprendre. Je ne veux pas m'imposer, non plus !

- Non, non… le rassure Duo en pressant sa main toujours posée sur la sienne. J'ai envie et besoin de rester ici, chez moi, mais c'est vrai que je préfèrerai ne pas être seul, dans un premier temps. J'accepte ta proposition avec plaisir, Heero, merci. La chambre d'ami est à toi, autant de temps que tu le souhaiteras.

- Merci à toi. J'y vais, alors... mais… qu'est-ce que tu fais, Duo ?

Duo a rejeté la couverture pour se lever.

- Je me lève. Sœur Hélène a besoin de moi, à l'église, ce n'est pas fini.

- Non, Duo, tu restes là, tu as besoin de repos. Trowa est sur place et beaucoup sont auprès d'elle pour l'aider.

- Ce n'est pas encore le moment pour moi de me reposer.

- Si, au contraire, insiste-t-il en le forçant, d'une main sur son torse, à se rallonger. Tu en as assez fait, tu es épuisé. Il y aura beaucoup de travail ces prochains jours, dont une grande partie que tu es le seul à pouvoir faire, il va te falloir des forces.

Duo soupire, il sait qu'il a raison.

- Mais…

- Ne me force pas à t'attacher, Duo, intervient Quatre en entrant dans la chambre restée ouverte. Sœur Hélène m'a fait promettre de te garder loin de l'église jusqu'à demain, au moins.

- Elle n'aurait pas dû, elle est encore très éprouvée, malgré sa force.

Quatre s'assoit sur le lit, de l'autre côté pour ne pas gêner Heero.

- Tu ne devrais pas t'en faire. Tu t'es occupé de tout jusqu'à présent, la laissant se remettre et lui permettant de se reprendre. Elle est prête à assurer la suite, c'est à toi de te reposer. Rappelle-toi ce que vous vous êtes dit, ce matin. Tu ne te rends pas encore compte combien tu es épuisé moralement et physiquement.

- Je n'ai pas beaucoup dormi, ces derniers temps, c'est vrai. D'accord, je serai sage. Mais, s'il te plaît, appelles-les pour leur dire que s'ils ont le moindre besoin de mon aide…

- Je vais le faire, promis, mais ils le savent déjà. Mais entre nous, tu sais qu'ils vont d'abord tout faire afin de ne pas avoir à faire appel à toi. Tu as besoin d'être un peu seul avec toi-même, loin de tout ce qui se passe là-bas. Tu sais aussi que tu n'as pas à te retenir avec nous, tu peux pleurer, hurler, ne rien dire, aussi. Tu as besoin de ça.

Duo se redresse pour serrer son ami dans ses bras.

- Merci, kitten, pour absolument tout.

Heero sourit.

- Bien, j'y vais. Vous avez besoin de quelque chose ?

Les deux amis se séparent et se concertent du regard.

- Non, merci, ça ira.

- Si vous vous souvenez de quelque chose, j'ai mon portable. A tout de suite.

Il sort, ses pensées encore tournées vers Quatre.

Dès leur première rencontre, il a été impressionné, alors qu'ils avaient tout juste seize ans.

Son don d'empathie y était aussi pour beaucoup.

Mais même sans ça, Quatre a réellement un pouvoir relationnel avec les gens.

Heero n'est pas jaloux, au contraire, il est heureux qu'un tel homme soit l'époux de son meilleur ami - c'est d'ailleurs lui qui les a présentés et il n'en est pas peu fier - et le meilleur ami de l'homme qu'il aime ; Trowa et Duo, les deux personnes qui comptent le plus dans sa vie...

A suivre...


Notes de l'auteure : voilà pour la première partie, la deuxième arrive très vite ! espérant que ca vous a plu... kisu ! lysa