Bonjour bonjour !

Appelez-moi Petra, je suis l'auteur de cette fanfiction ! C'est la première fois que je traite le Seigneur des Anneaux, je remercie donc fortement l'Encyclopédie de Tolkiendil, qui m'a très fortement aidé. Si vous remarquez vous-même une erreur, adressez-vous à moi sans tardez, afin que je corrige la faute sur le vif !

En parlant d'erreur, je me relie plusieurs fois, mais si une faute d'orthographe s'est glissée, je ne me vexerai pas si on me le remarque. Tout comme les critiques concernant la façon dont j'écris où l'histoire en elle-même... je préfère, même, cela m'aide à encore m'améliorer !

Je n'accepterai aucun vol ou plagiat, mais ce n'est pas pour cela que je ne sais pas parler de manière civilisée. J'ai également un blog qui reprend cette histoire, au cas où ce serait plus confortable pour vous lire. Le lien est sur mon profil.

Bonne lecture !


Seul le personnage d'Angela et sa famille m'appartiennent, le reste venant du brillant J.R.R. Tolkien.


Musique d'Ambiance : Amon Hen - voir le lien sur le profil


Le monde a changé.

Je le vois dans l'Eau, je le ressens dans la Terre. Je le sens dans l'Air.

Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu, car aucun de ceux qui vivent aujourd'hui ne s'en souvient.

Tout commença lorsque les Grands Anneaux furent forgés. Trois furent donnés aux Elfes, immortels, les plus sages et les plus respectables de tous les êtres. Sept aux Seigneurs Nains, grands mineurs et sculpteurs de la Montagne. Et neuf, neuf Anneaux furent donnés à la race des Hommes, qui par-dessus tout désirait le Pouvoir. Car à travers de ces Anneaux furent transmises la force et la volonté de gouverner chaque race.

Mais ils furent tous dupés, car un autre Anneau fût forgé. Sur les Terres du Mordor, dans les flammes de la Montagne du Destin, Sauron, le Seigneur des Ténèbres, forgea en secret un Maître Anneau, pour gouverner tous les Autres. Dans cet Anneau, il déversa sa cruauté, sa malveillance et sa volonté de dominer toute vie.

Un Anneau pour Les gouverner Tous.

L'une après l'autre, les contrées libres de la Terre du Milieu tombèrent sous l'emprise de l'Anneau.

Mais ils en fut certaines qui résistèrent. L'Ultime Alliance des Hommes et des Elfes entra en guerre contre les armées du Mordor, et sur les versants de la Montagne du Destin, ils se battirent pour libérer la Terre du Milieu. La victoire était proche.

Mais le Pouvoir de l'Anneau ne pouvait être vaincu.

Ce fût à ce moment précis, alors que tout espoir avait disparu, qu'Isilidur, le fils du Roi, s'empara de l'épée de son père...

Sauron, l'ennemi des peuples libres de la Terre du Milieu, fût vaincu.

L'Anneau alla à Isilidur, qui eut la seule opportunité de détruire le mal à jamais. Mais le cœur des Hommes est aisément corruptible, et l'Anneau de Pouvoir a sa volonté propre. Il trahit Isildur, le menant à la mort.

Et certaines choses qui n'auraient pas dû être oubliées furent perdues.

L'histoire devint une légende, la légende devint un mythe. Pendant deux mille cinq cents ans, plus personne n'entendit parler de l'Anneau.

Jusqu'à ce que, par hasard, Il prit au piège un nouveau porteur. L'Anneau vint à une créature nommée Gollum, qui l'emmena dans les Galeries Souterraines des Monts Brumeux. C'est là que l'Anneau le rongea. L'Anneau apporta à Gollum une vie incroyablement longue. Pendant cinq cents ans, Il lui dévora l'esprit et dans l'obscurité de la caverne de Gollum, Il attendait.

Les Ténèbres s'insinuèrent à nouveau dans les Forêts du Monde, une Ombre à l'Est engendra une rumeur, murmure d'une peur sans nom. L'Anneau de Pouvoir comprit que Son heure était venue.

Il abandonna Gollum, mais il se passa une chose à laquelle l'Anneau ne s'attendait pas. Il fût ramassé par la créature la plus improbable qui soit : un Hobbit, Bilon Sacquet de la Comté.

En effet, l'heure approche où les Hobbits détermineront le destin de tous.

... ... ... .. . .. ... ... ...

Les éclairs déchiraient le ciel assombrit par l'absence du soleil, caché par les épais nuages que l'on ne distinguait même plus. Les rafales étaient si fortes que les arbres eux-mêmes, alors si bien ancrés dans la Terre par les racines apparues au fil des années, se penchaient sur les côtés malgré leurs nombreuses années d'expérience. Les feuilles volaient de partout, des branches se traînaient à terre. Bientôt, la pluie s'invita, pour qu'elle devienne ensuite une drache.

Cela faisait la troisième fois de cette année que le Gondor subissait une pareille tempête. Ce fût historique, car même les Anciens des villages les plus reculés ne se souvenaient d'un pareil climat, surtout en un laps de temps si court. En période de moisson des champs, le ravitaillement de cette année promettait d'être difficile.

Il était à peine midi, pourtant il faisait aussi noir que lors d'une nuit sans lune ni étoiles. Dans les petits hameaux, chacun restait cloîtré chez soi, autant apeuré par les caprices du ciel que par un sentiment insinué depuis quelques temps déjà en eux. Il leur était de plus en plus difficile et laborieux de sortir de chez eux, de faire quelques pas dehors. Et même lorsque le temps se faisait plus clément, les gens s'évitaient, qu'ils soient amis ou simples connaissances. Les fêtes, les invitations à un repas ou une simple chasse entre amis, plus rien ne se produisait. Chacun soupçonnait, se méfiait de l'autre avec qui il s'entendait si bien quelques mois auparavant. Inconsciemment, les gens avaient peur du nouveau mal qui se réveillait à l'Est. Et la peur n'engendre que la haine et la souffrance.

La foudre sévit encore dans le ciel, éclairant brièvement un courageux cavalier poussant son cheval au galop. Le chemin était boueux, la vue amoindrie par l'obscurité. Le cheval s'extirpait avec peine de la substance semi-liquide qui collait à ses pattes. Le cavalier, longs cheveux noirs flottant au vent, plissait de plus en plus les yeux, autant par la fatigue que par l'eau que le vent plaquait sur son visage.

Elrond, Seigneur d'Imladris également nommée Fondcombe, chevauchait déjà depuis quatre jours. Il revenait de Minas Tirith, où il quémandait à l'Intendant du Gondor de resserrer la surveillance vers le Mordor. Il y était allé seul, les relations avec le Gondor étant déjà difficile, il ne pouvait voyager avec une armée à ses côtés, au risque d'être interprété comme un appel à la guerre – ce dont le Seigneur n'avait nul besoin. De plus, les routes étaient devenues dangereuse, ce qui faisait de la discrétion le choix le plus sûr.

Le Semi-Elfe fût obligé de faire un détour par le Sud des Montagnes Blanches. En effet, le pays du Rohan n'était plus sûr depuis que le Roi Théoden était corrompu. Certains croyaient que c'était une rumeur, mais le Seigneur avait vu de ses yeux les troupes d'orques qui parcouraient librement le territoire du Rohan sans que l'on y oppose une résistance. Il fût donc obligé de compter une vingtaine de jours à galop de plus pour arriver à la Cité des Rois, mais il était sûr qu'il devrait s'attendre à plus pour le retour, le climat ralentissant sa vitesse d'une grande envergure.

Ce fût donc pourquoi il chevauchait sans relâche depuis quatre jours déjà. Les Elfes n'avaient point besoin d'autant de repos que les Hommes ou les Nains, mais il y avait toutefois des limites. Et Elrond sentait que la sienne et celle de son cheval serait bientôt en vue. Quatre jours qu'il n'avait pas mangé, dormi, ne se contentant que de quelques gorgées d'eau par jour. Et deux jours qu'il pleuvait sans répit.

Il savait qu'il ne serait pas arrivé à Fondcombe de sitôt et regretta un instant d'avoir catégoriquement refusé des gardes pour protéger ses arrières, car il sentait en ces lieux une présence malveillante qui empreignait tout son être. Les Elfes étant une race connue pour sa sensibilité envers son environnement, le Seigneur était étouffé par la lourdeur de l'air ainsi que par l'étau qui se resserrait de plus en plus sur son cœur. Il avait bien hâte de retourner à sa demeure.

Son cheval héla, mécontent, et devint soudain plus nerveux.

- Doucement, Lhindaear, chuchota le Semi-Elfe millénaire pour calmer sa jument.

Il savait que c'était la fatigue et l'orage qui agitait sa Mélodie de la Mer. Mais Elrond n'avait pas l'intention de les laisser dormir sous la pluie. Les arbres n'étaient pas assez feuillus pour retenir l'eau et le vent envoyait de toute manière les gouttes à la verticale. « Je dois trouver une auberge » songea-t-il, bien que peu enchanté par l'idée. Mais pour un peu de repos, de nourriture et de chaleur, le Seigneur d'Imladris aurait bien supporté ce vice.

Soudain, la foudre frappa un arbre non-loin d'eux, le couchant à quelques dizaines de centimètres à peine, enflammé. L'animal se cabra, paniqué, et galopa à toute vitesse sur sa droite.

- Lhindaear ! Fît Elrond pour la calmer - en vain.

En effet, malgré les rappels à l'ordre et les caresses, le cheval continuait sa course, faisant ballotter son cavalier de tous les côtés. Bientôt, alors que celui-ci ne voyait jusqu'alors que quelques mètres devant lui, vit le sol disparaître au loin. Il aurait bien pu sauter à temps, mais il savait que sa jument ne possédait pas la même vision que lui, et qu'elle ne verrait pas le gouffre qui se dressait devant eux.

- Lhindaear... dar ! Hurla-t-il.

A l'entente du fameux mot, la monture s'arrêta net, à quelques centimètres du vide. Elrond soupira de soulagement. A une seconde près il se serait retrouvé dans le vide. Il fût bien heureux que son peuple apprenne dès le plus jeune âge aux poulains de stopper immédiatement le galop à l'entente de ce mot, quel qu'en soit le prix et quelque soit la situation.

- Je crois que nous avons tous deux besoin de repos, soupira-t-il.

Un autre éclair apparût dans le ciel, accompagné d'un coup de tonnerre. A nouveau, Lhindaear se cabra... sans qu'Elrond ne puisse s'accrocher aux rennes. Il bascula en arrière.

L'obscurité l'engloutit. Elrond tomba dans le vide pendant quelques secondes, le vent fouettant son visage, le sang battant ses tempes. Il ne voyait rien, se sentait voltiger, tomber à vive allure. Il n'eut pas le temps de crier qu'il heurta une surface dure comme la pierre.

Il eut un moment d'égarement avant que le froid ne s'empare de tous les membres du Semi-Elfe. Le silence était complet, léger, reposant. Elrond ne sût pas si c'était la sensation de flottement ou le manque d'oxygène qui le fît tilter, mais il se rendit compte qu'il était en réalité sous l'eau.

Elrond voulut brasser, remonter à la surface et inspirer de l'air frais, mais ni ses bras, ni ses jambes ne répondaient. Le froid mordait de plus en plus sa peau, sa gorge l'implorait : ouvrir la bouche. Mais c'était là la voie de la mort, car il serait noyé en un rien de temps s'il inspirait de l'eau. Mais cela lui serait impossible de résister s'il ne remontait pas à la surface. Il ne voyait aucune lumière, ne savait pas où était la surface de l'eau. Et Elrond comprit qu'il ne remonterait pas, car ses membres ne bougeaient pas d'un centimètre. Et quand bien même, l'eau était mue par le courant. Jamais il n'aurait a force de remonter. « Arwen... prend soin de tes frères » songea-t-il, pensant que ce serait sa dernière supplique.

Soudain, quelque chose attrapa son poignet, mais Elrond n'avait plus la sagacité nécessaire pour se rendre compte qu'il était tiré par le haut. Il ne s'en rendit compte que lorsqu'il fût émergé de l'eau et allongé sur le sol. Les premiers passages de l'air furent difficiles et brûlants, ses bras ainsi que ses jambes pantelants. Les yeux fermés, il savourait cette liberté, cette deuxième chance que les Valar lui avaient accordé.

- Etes-vous cinglé ou êtes-vous de ceux qui pensent que l'alcool soulage bien des maux ?

Elrond leva les paupières, surpris, et s'efforça de s'extirper du sommeil qui embrumait son esprit. Il était couché sur une petit plage de galets, la pluie n'avait toujours pas cessée. Devant lui, essoufflée, assise sur le genoux, une femme le regardait d'un air enragé.

Une femme humaine.

- Vous n'avez pas autre chose à faire que de vous jeter du haut de cette falaise ? Vous avez de la chance d'être encore en vie !

- Je... fît le Seigneur.

Il s'interrompit, remarquant le sourcils froncés de sa sauveuse. Elle leva lentement le bras et, la main tremblante, elle repoussa délicatement quelques mèches des cheveux du survivant, sans que celui-ci, épuisé, ne puisse l'en empêcher. Elle les coinça derrière ses oreilles – ses oreilles pointues. Elle se releva, abasourdie, tenant l'elfe d'un regard étrange. Puis, elle reprit contenance et dit simplement :

- Venez.

Voyant que le Semi-Elfe n'avait pas la force de se relever, elle le prit sur ses épaules et évolua avec difficulté vers un cheval qui devait être le sien. Elle l'aida à se tenir droit sur la monture, avant de monter elle-même et de le mettre au galop.

La pluie cessa enfin, mais les chemins étaient encore boueux et peu praticables. C'est pourquoi elle fit un détour dans les bois, plus dangereux mais plus rapide. Elrond se laissait transporter, à moitié conscient de ce qui lui arrivait. Il laissait sa tête tombé dans le vide, et luttait pour ne pas tomber du cheval. Il avait froid, il avait faim, il était épuisé. Il voulait s'endormir, et allait bientôt y arriver, lorsqu'il remarqua que l'animal n'avançait plus. Il sentit qu'on le descendait de l'animal, qu'on l'emmenait en le portant par les bras et les jambes.

On l'allongea sur une surface dure et froide, et les ténèbres l'envahirent.

... ... ... ... .. . .. ... ... ... ...

Il faisait froid, obscure. La fraîcheur semblait caresser sa peau, la mordre, et encore la caresser. C'était une sensation étrange, car les deux semblants se succédaient à la fois rapidement et imprévisiblement. Difficile à décrire.

Elrond ouvrit les yeux. Sa tête lui faisait énormément souffrir. Ses membres étaient comme endormis. Ses cheveux étaient emmêlés, sales, poisseux. Sa peau, elle, semblait par contre avoir été nettoyée. Soudain, il se rendit compte d'une chose.

Son torse était nu. Par réflexe, il souleva la couverture et aperçut avec soulagement que son pantalon était bien présent. Il chercha ses armes du regard, mais aucune trace d'elles. Il n'y avait personne dans la pièce où il se trouvait. Celle-ci, relativement petite, n'était éclairée que d'une bougie. Elle ne contenait qu'une paillasse sur laquelle il était allongé, une table et une chaise en bois. Le Seigneur se servit de cette dernière pour s'aider à se relever. Ses jambes étaient flageolantes, ses bras tremblaient, son corps souffrait. Les percussions augmentèrent le rythme dans sa tête, ce qui n'altérait en rien la douleur. Difficilement, il fit un pas, puis un deuxième. Il atteint l'unique porte et, remarquant qu'aucune poignée n'était présente, la poussa du bout des doigts.

C'était si simple. Une table. Cinq chaises. Un feu. Une fenêtre. Une autre porte. Rien d'autre. Elrond n'était pas familier à cela. Il connaissait la finesse des Elfes, la richesse des Hommes. Il ne pénétrait que dans les demeures de Rois, des Prince, d'Intendants. Tout n'était ici qu'en bois, en chaume ou en paille. Pas de marbre, aucun trophée de chasse ou de pierre précieuse. Il n'y avait pour ainsi dire rien.

Il entendit un grincement, puis un autre. Son instinct guerrier l'emportant, le Maître d'Imladris prit la première arme qui lui venait sous la main : un tison. La porte s'ouvrit. Elrond rassura ses appuis malgré sa vision brouillée par le mal de tête et serra les dents. S'il mourrait, autant avoir une arme à la main.

Un homme passa l'encadrement de la porte. Il était trapu et petit, avait le crâne dégarni et était habillé de vêtements sales. Il lui sourit.

- Je vois que vous êtes réveillés ! Comment allez-vous ? Ass... je peux savoir ce que vous faîtes avec mon tison ?

Elrond écarquilla les yeux, baissa le bout de fer et le remit lentement à sa place. Il s'appuya sur la table avec ses deux mains, fermant les yeux. Il était pris d'un soudain vertige qui l'empêchait de se tenir debout. L'inconnu tira une chaise et l'invita à s'asseoir, ce qu'il fit. Il lui donna également de l'eau, que le semi-Elfe refusa par sécurité.

- Je ne sais pas qui vous êtes, où je me trouve, ni ce que je fais là, se justifia-t-il d'un voix rauque, sa vision toujours un peu brouillée. Et je ne suis même pas armé.

- Vous êtes dans un petit village situé non-loin du septième point d'alarme, au pied de la Montagne Blanche, plus précisément dans ma très modeste demeure. Je me nomme Théodrane et ne suis qu'un humble forgeron. Et vous êtes là parce que ma fille vous a ramené ici à moitié mort alors que vous veniez de faire le grand plongeon de la Falaise des Descendants d'Aalis. Maintenant, vous allez me boire ce bol d'eau immédiatement. Vous êtes complètement déshydraté.

Le Seigneur fit ce que le-dit Théodrane demandait, et prit quelque gorgées du précieux liquide, avant de boire le reste sans interruption. Dans un autre contexte, il aurait certainement été honteux de sa conduite, mais son hôte avait raison : son corps manquait d'eau.

- Combien de temps me suis-je... reposé ? Demanda-t-il, savourant la nouvelle fraîcheur qui s'emparait de sa gorge.

- Vous dormiez depuis environ trois jours, fit-il. Vous devez avoir faim, j'ai encore quelques fruits par ici...

Alors que l'homme s'affairait dans les armoires à trouver quelque chose de convenable à offrir à son invité, ce dernier se leva difficilement et marcha jusqu'à un fenêtre. L'habitation était située au bord d'un chemin de terre, accompagnée d'autres taudis du même genre. Seules quelques personnes étaient visibles, et se dépêchaient bien de rentrer chez eux. Pourtant, le soleil était radieux, l'air doux. Mais cela s'associait avec ce sentiment que Elrond avait ressenti trois jours plus tôt : celui de l'insécurité, celui de la peur, celui de la méfiance.

Trois jours... Il ne s'était que trop attardé.

- Puis-je récupérer mes vêtements, afin que je puisse m'habiller décemment ? Demanda-t-il, commençant secrètement à avoir un peu froid.

Théodrane venait de lui constituer un assortiment de fruits et de salades sur un plat qu'il avait déposé sur la table. Il le regarda, un sourire d'excuse aux lèvres.

- Veuillez m'excuser, fit l'homme. Vu la chute que vous aviez faite, nous avons dû s'assurer qu'aucun de vos os n'était brisé... Kiméra les a également lavés, vous devrez lui demander s'ils sont déjà secs...

La porte s'ouvrit à nouveau, laissant cette fois entrevoir quatre personnes : le premier était un garçon, les cheveux plutôt courts mais bouclés, de couleur blonde. Il avait la mâchoire carrée, le regard vif et le corps athlétique. C'était lui qui semblai être le plus âgé. La deuxième, en suivant l'ordre décroissant, avait les cheveux bruns, eux aussi assez bouclés. Sa peau était assez blanche, d'après son visage et son cou, car le reste était caché par des vêtements en cuirs prêt du corps, des gants et des bottines. Assez petite, elle tenait toutefois à sa ceinture un énorme fourreau qui avait presque sa taille, duquel dépassait la garde. Enfin, les deux derniers avaient la même taille et les mêmes cheveux blonds lisses. Le garçon les avait coupés aux épaules, tandis que ceux de la fille retombaient élégamment sur les omoplates. Ceux-ci ne devaient avoir qu'une quinzaine d'années humaines, tandis que les deux autres étaient déjà dans la vingtaine.

- Je vois que notre apprenti plongeur c'est réveillé, ironisa la seule brune du groupe. Bienvenue parmi nous, Maître Elfe.

Celui-ci plissa les yeux, fronça les sourcils. Il avait déjà vu cette jeune femme quelque part...

- Vous êtes la femme qui m'avez sauvé il y a quelques jours, si mon esprit encore embrumé ne se trompe pas...

- En effet. Je me nomme Angela, et voici mon grand frère Eadwin, ainsi que nos deux jumeaux, Kiméra et Lazuli.

La seconde jeune fille, la-dite Kiméra sautilla devant lui.

- J'ai lavé vos vêtements moi-même ! Se réjouit-elle. Ils sont doux et sentent bon !

Elle les lui donna. Elrond sentit la différence entre le savoir-faire des Elfes et cette Kiméra, mais n'allait certainement pas se plaindre, car ils seraient toujours plus confortable qu'après quatre jours de chevauchée acharnée.

- Je suis sûre que nul en terre du Gondor n'aurait su faire mieux que vous, Kiméra du Gondor, fille de Théodrane, répondit-il plutôt avec un sourire, tout en s'habillant.

La jeune fille sourit tout en se frappant les mains, toute Seigneur, amusé, lui sourit à nouveau et s'assit à table. A la demande de ses hôtes, il mangea lentement les pèches présentes, mastiquant délicatement la chair tendre des fruits. Les cinq autres personnes le regardèrent, mi-fascinés, mi-curieux. Après quelques minutes, Eadwin, l'aîné de Théodrane, lui demanda ce qu'un Elfe faisait au Gondor.

- Je me nomme Elrond et suis le Seigneur d'Imladris, appelé plus couramment Fondcombe par les Hommes. Je me suis rendu à Minas Tirith afin de discuter de stratégies militaires.

- Stratégies militaires... concernant l'Est, n'est-ce pas ? Demanda Eadwin en se raclant la gorge.

Angela regarda par la fenêtre. L'Est. Là d'où venait tous les nuages ocres, qui viraient aux noirs et annonçaient la prochaine tempête. Ces nuages qui, dès qu'on les apercevait inspirait une peur indescriptible.

Elrond soupira. Ces gens sentaient déjà le mal, quotidiennement, et ils l'avaient sauvé. Il n'avait aucune raison de cacher ce qui allait bientôt e dérouler.

- En effet, répondit le Semi-Elfe. Bientôt se déroulera là la Grande Bataille de notre Temps. Car, à l'Est, sur les Terres du Mordor, Sauron, Seigneur des Ténèbres, tentera une nouvelle fois de gouverner toute vie, même si cela devrait conduire à la fin du Monde. Il rassemble son armée... il est déjà fort. Pour le combattre, les Hommes doivent se rassembler et s'allier avec les Elfes. Or, le Gondor s'isole sur lui-même, perdant son éclat de jadis. Le Roi du Rohan, Théodèn, conseillé par le vil Grima, ne reconnaît plus ses alliés entre ses ennemis. Il autorise les Orques - d'anciens Elfes mutilés et torturés jusqu'à devenir des être cruels et dénués de conscience – à fouler son territoire, détruisant les villages et tuant ses habitants. C'est cela qui me contraint à détourner les Montagnes Blanches afin de ne pas être attaqué. Quand aux Hommes du Sud, il n'est un secret pour personne qu'ils ont été ralliés par Sauron depuis de nombreuses années.

Elrond prit le bouillon de légumes que lui présenta Lazuli en le remerciant, se rendant soudain compte qu'il était réellement affamé. Il continua toutefois son récit, alternant entre cuillerées et paroles.

- Plusieurs fois j'ai tenté d'améliorer les rapports politiques entre les royaumes, mais la tâche m'est ardue. L'Intendant du Gondor, Denethor II, est sage, mais jaloux et fier. Il a également perdu espoir en la victoire de cette guerre qu'il sait prochaine et ramène tous ses soldats sur Osgiliath, qui n'est plus qu'un ruine qu'il souhaite protéger par image, ainsi que sur Minas Tirith, Cité des Rois. Il n'écoute rien ni personne, et n'est enclin à aucune alliance.

- L'Intendant est devenu fou, rétorqua Angela. Nous n'avons pas besoin de lui. Nous avons besoin de notre Roi.

Et sur ces paroles, elle se leva en traînant bruyamment sa chaise et sortit sans un regard pour personne. Le Semi-Elfe haussa un sourcil.

- Ne faîtes pas attention, lui indiqua Eadwin. Cela fait bien longtemps que ma sœur souhaite voir le Retour du Roi.

Elrond les regarda tous d'un air grave. Le Retour du Roi...

- Si vous le souhaitez, fît Lazuli, je vais vous rendre personnellement vos armes...

... ... ... .. . .. ... ... ...

Angela s'assit par terre, contre le tronc d'un arbre. Elle s'était rendue dans le petit bois qui se trouvait non-loin de son habitat. Ces bois n'étaient plus sûrs depuis quelques temps, mais qu'importe : elle était armée de toute manière. Et là, elle était sûre de ne pas être dérangée.

La fille du Gondor serra les dents. Les propos du Seigneur Elfe avait remonté sa colère contre l'Intendant. L'imbécile... ce dirigeant illégitime ruinait tous les espoirs d'avance. Elle avait senti que quelque chose se produirait bientôt, quelque chose de grave, de grand. Elle l'avait pressenti depuis longtemps déjà. Mais une guerre qui cherchait à l'anéantissement de chaque espèce... à ce point-là, jamais. Cette nouvelle, qui la terrifia, lui permit également d'espérer. Elle pourrait enfin montrer qu'elle avait une quelconque valeur. Qu'elle pouvait se battre.

Le cheval hennit. Enfin, un des deux chevaux qu'elle avait apporté en effet, elle avait trouvé, il y avait de cela deux jours, ce même cheval à robe claire, perdu sur un chemin, tournant en rond. Il était paniqué et Angela eut toute les peine du monde de le calmer et de le ramener. Cette jument – car oui, c'était bien là une femelle – était équipée d'une selle, ce à quoi était accrochées différentes sacoches de tailles diverses. La selle était d'un cuir cher et confortable, travaillé d'une manière qu'elle ne connaissait pas.

Curieuse, elle avait ouvert les poches et découvert de la nourriture, une gourde presque vide et – c'est ce qui l'intrigua le plus – une carte. La brune savait qu'elles servaient à se diriger en Terre du Milieu, mais n'en avait jamais vu de ses propres yeux. Celle-ci était de couleur beige, était un peu froissée aux extrémités, cela certainement dû à l'usage régulier qu'on en faisait. Il y avait quelques dessins dessus, comme des triangles irréguliers plus foncés, s'enchevêtrant les uns sur les autres, qu'elle devina comme les chaînes de montagnes. Des morceaux de formes plus arrondies, d'autres comme recouverts d'une surface carrelée. Et puis, il y avait des inscriptions. Angela se maudit à nouveau de ne pas savoir lire, car elle aurait bien été curieuse de savoir où elle se situait. Mais les paysans ne sont pas nés pour lire, et les femmes encore moins.

- Je vous remercie d'avoir retrouvé Lindhaear, entendit-elle derrrière elle.

Réflexe. Elle dégaina son arme pendue sur sa hanche gauche, se remit sur pied d'un saut et se retourna. Elle asséna un coup là d'où la voix venait, mais il fût contré. Angela leva les yeux et reconnût le Seigneur Elrond d'Imladris, épée à la main. Il baissa la main, et le jeune femme fit de même.

- Puis-je ? Demanda-t-il en s'avançant gracieusement devant l'arbre, tendant la main.

Sentant qu'elle n'avait guère le choix, elle lui tendit son arme de mauvaise grâce, gardant toutefois sa vigilance. Le Seigneur en prit le manche avec prudence. Comme il l'avait deviné plus tôt, ce n'était point une épée mais un sabre qu'il avait en main. En effet, sa taille devait être d'un mètre et demi et sa lame était recourbée. La garde était simple, inconfortable à la poigne. Elle était également lourde, conclut-il en le soupesant.

Les sabres étaient rares en Terre du Milieu, car difficiles à forger et peu faciles à manier. Il servaient plus en apparat ou en décoration, pendus à un mur. Mais Elrond ne vit qu'à la manière à laquelle la jeune femme dégainait qu'elle savait mieux que bien manier cette arme. Et qu'elle devait être destructrice.

- Pourquoi une femme du Gondor se doit-elle d'être armée de la sorte alors qu'aucun ennemi ne se profile devant elle ?

Angela reprit son arme.

- Aucun ennemi ? Fit-elle. Nous avons des ennemis. Il en arrive tous les jours. Ce sont les loups.

Elrond haussa un sourcil. Il connaissait les croyances populaires humaines, qui disaient que les loups étaient des êtres maléfiques qui dévoraient les humains. Ce qui était faux, bien évidement.

- Je sais ce que vous pensez, continua la jeune femme. Nous aussi, au début nous ne comprenions pas ce qu'il se passait Les loups étaient des animaux qui avaient peur de nous. Quand nous étions petit, nous défiions l'autorité des parents et allions dans les bois pour voir les nouvelles portées. Les louveteaux étaient si mignons... et fuyaient quand ils nous apercevaient, tout comme leurs parents. Mais ces derniers mois, leur comportement a changé. Ils ont d'abord commencé à attaquer les troupeaux, mais on bien vite jeté leur dévolu sur les humains... Ils sont agressifs, beaucoup plus qu'ils ne devraient l'être. Maintenant, ils nous attaquent chaque semaine...

Elrond fronça les sourcils, inquiet. Non, ce n'était pas normal. Il jeta un regard sur le sabre que tenait la jeune femme.

Elle les tuait. Elle les abattait. Elrond aperçut une flamme dans les iris. Une flamme de combativité. Elle ne se laissait pas faire. Ce n'était pas une femme faite pour rester tranquillement chez elle à éduquer les enfants et faire manger pour le mari qui revient du champs. C'était une femme d'action, de combat. Elle devait bouger, montrer qu'elle existait, servir sa cause. Combattre pour ce qu'elle croyait juste. Et elle n'en pouvait plus de rester inactive.

- J'ai eu beaucoup de mal à extirper mon épée de la main de votre petit frère, dit-il changeant de sujet.

- Il veut devenir un soldat depuis le berceau, maugréa Angela. Mais il est trop impulsif, trop énergique. Il ne peut même pas se contrôler lui-même.

- Mais il est tout comme vous Descendant d'Aalis. Tout comme vous Plongeur du Gondor. C'est grâce à cela que vous avez su me sauver. Vous possédez le sang des Plongeurs, les seuls ayant jusqu'à présent survécu à la Falaise des Descendants d'Aalis. Vos corps sont fort, vos os solides, vos muscles souples. Votre foi, grande.

Angela baissa la tête, que Elrond releva avec son index. Elle avait les yeux d'un mélange de couleur : un espace marron situé autour de la pupille, ensuite du gris et pour finir un trait bleu pour le contour de l'œil. Elle prenait un air réfléchi, se demandant certainement comment il savait tout cela.

- Tout comme vous, il a les qualités d'un grand guerrier.

Angela ne disait rien. C'est vrai. Ils étaient des artistes, des acrobates. Ils faisaient des figures à des dizaines de mètres de haut, dans le vide, avant de retomber adroitement dans l'eau. Elle, ses frères, sa sœur, sa défunte mère. Ils étaient Plongeurs du Gondor. Artistes de la Mort.

Elrond enfourcha son cheval en lui murmurant de douces paroles. Angela comprit alors qu'il était temps au Seigneur de partir. Elle rengaina son sabre et tendit la carte qu'elle tenait toujours en main.

- Non, refusa le Semi-Elfe. Gardez-la.

- Je ne sais m'en servir, bredouilla Angela.

- Vous vous situez ici, répondit-il en pointant un endroit au Sud des Montagnes Blanches. Et Fondcombe est ici.

- C'est loin...

« C'est la première fois qu'elle regarde une carte et elle estime déjà la proportionnalité entre le dessin et la réalité » songea le Seigneur.

- J'ai une dette envers vous, Angela, fille de Théodrane, Descendante d'Aalis, Plongeuse du Gondor. Et un être immortel n'oublie jamais cela. Ma porte vous sera toujours ouverte.

Angela baissa la tête en signe de reconnaissance.

- Cuio vae. Puisse les étoiles être avec vous.

Et sur ses mots, il donna un coup au flanc de l'animal qui se mit d'abord au trot, puis au galop, disparaissant entre les arbres. Angela regarda à nouveau la carte et particulièrement Imladris, qui se trouvait au croisement de deux ruisseaux. Elle roula le précieux parchemin.

- Cuio vae.


Votre avis ? *se cache sous un gros tas de lembas* Please une p'tite review ! Mes chapitres ne seront pas postés régulièrement, mais seront de la même longueur que ce premier chapitre, normalement. Merci à Mimi 170 - oups, Mimi70 -pour son aide !

Bien à vous, Petra

P.S. : Lhindaear : Mélodie de la mer

Dar : stop

Cuio vae : Au revoir