Bonjour à tous et à toutes !
J'arrive avec les mises en garde habituelle, ni les personnages, ni l'univers d'Harry Potter ne m'appartiennent, nous devons tout à la grande J. K. Rowling. Et comme le dit si bien Albus Dumbledore avant le repas de rentrée à Poudlard, je ne vais pas trop prendre de votre temps car vous êtes certainement affamés, de mots. D'autres précisions se situeront dans une note de bas de pages.
Bonne lecture !
Chapitre 1 ; Le Grand Retournement
Le jeune garçon marchait dans le couloir. Les murs aux teintes délavées, aux plinthes de bois arrachées et aux parois ponctuellement trouées accompagnaient le sol à l'aspect spongieux. L'adolescent regarda avec suspicion la porte menant aux toilettes des filles sur sa droite de ses grands yeux verts qui lui mangeaient son visage émacié. Il fronça son nez légèrement retroussé puis se dirigea vers la porte de sortie qui, après l'avoir passé, marquerait le début d'un long mois de vacances, et d'ennui, qu'il passerait certainement dans ses lectures -ou à faire les corvées données par sa Tante Pétunia. Il saisit la poignée.
« Monsieur Potter ! »
Le dit monsieur Potter sursauta puis se tourna avec précaution vers la personne qui l'avait appelé. Il avait reconnu la directrice-adjointe de Stonewall High, son école depuis deux ans. Il refoula son angoisse dans un coin de son cerveau, les muscles raidis, se rappelant ce qu'il aurait pu faire de mal ; il scruta les traits anguleux, le nez en bec d'aigle qui fendait l'air lui donnant perpétuellement l'air d'être à l'affût, entouré de ses yeux perçants aux iris mordorés, presque jaune dans l'imagination des jeunes élèves.
Miss Glascow possédait le doux surnom de « Vieille-fille » aimablement chuchoté par les élèves des plus grandes années. Cette femme avait été professeur dans d'autres établissements à problème de la banlieue proche de Londres pendant de longues années. Elle connaissait parfaitement les rouages de ces petites têtes remplis d'amertume, de violence et d'enfants mal-aimés réclamant une attention qu'on ne leur offrirait jamais. Cette vie et cette réalité avait marqué son visage de profondes rides mais l'on remarquait aussi des ruisseaux de petits interstices aux coins de ses yeux, preuves de ses sourires et ses rires.
Elle ne se plaignait pas ayant choisi de se retrouver dans ce genre d'établissement qui représentait un bien plus grand défis d'éducation que les pensionnats huppés, bourgeois.
Les cheveux cendrés, tirés en un chignon et une lueur de fierté dans le regard, Miss Glascow observait Harry Potter. Elle ne pouvait certes pas discuter avec lui tous les jours, ni même le voir, mais elle en entendait régulièrement parler dans la salle des professeurs. Ils ne tarissaient pas d'éloges sur ce qu'ils pensaient bien être un génie. Pourtant discret en classe et mise à l'écart de ses camarades, le jeune adolescent ne payait pas de mine. Plusieurs des collègues de Miss Glascow le suspectaient même d'amoindrir ses capacités réelles pour ne pas être rejeté un peu plus.
Elle ne pouvait qu'abonder dans leur sens puisqu'elle avait été témoin de la vitesse de réflexion, la finesse d'esprit et la beauté de l'expression orale d'Harry Potter. Ce garçon n'avait rien à faire dans un collège comme celui-ci, et même si cela lui fendait le cœur de perdre un aussi bon élément, il ne pourrait s'épanouir dans un lieu sordide tel que Stonewall High.
Quand Harry, il y a de cela cinq mois, s'était présenté à elle pour passer l'examen d'entrée du Sealhom's Collège1, une public school privilégiée située en plein centre de Londres, la directrice-adjointe avait été étonnée. Puis, à force de persuasion du jeune garçon ainsi que la flamme folle d'envie et de détermination qui brûlait dans ses prunelles émeraude, elle avait cédé.
Aujourd'hui, elle ne le regrettait absolument pas.
Harry regarda la grande femme, à l'expression indéchiffrable, arrivée vers lui. Il se sentait nerveux, repassant en boucle les évènements de ces derniers jours, pour savoir ce qui auraient pu lui attirer son opprobre. S'il y avait un rapport avec la jambe cassée de Jim, la semaine dernière, il n'était en aucun cas responsable. Cet abruti avait glissé tout seul sur cette flaque d'eau tout seul en essayant de le rattraper et Harry en avait profité pour fuir plus loin, sans se faire voir. Comment cette flaque d'eau était arrivée à cet endroit précis et pourquoi étaient des questions que personne ne s'était posée et ce n'était certainement pas lui qui allait révéler quoique ce soit.
« Cessez de me regarder comme si j'allais vous mettre une colle, Monsieur Potter, et enlevez-moi cet air ahuri de votre visage ! »
En effet, au plus grand étonnement d'Harry, Miss Glascow lui souriait doucement. Ce simple fait illuminait son visage et son expression.
« Je viens vous annoncer une bonne nouvelle. Elle fit une pause de circonstance.
- Mon Oncle Vernon et ma Tante Pétunia ne sont pas chez eux et je dois me rendre chez Madame Figg ? Répondit, avec une pointe de sarcasme, Harry. »
Il se demanda dans un même temps pourquoi ce serait la directrice-adjointe qui lui rapporterait l'information. Il s'empourpra soudainement en se rendant compte à qu'il parlait et sur quel ton. Il baissa alors vivement la tête.
« Je trouve votre humour un peu trop incisif jeune homme, répliqua la femme d'âge mûr, en haussant l'un de ses sourcils, avant de se radoucir ; la situation que le jeune garçon décrivait était assez fréquente -et dûment rapporté à ses oreilles- pour qu'elle s'en inquiète. Non. Ce n'est pas cela. Je viens de recevoir une lettre de Sealhom. Monsieur Potter, mes félicitations, vous pouvez d'ores et déjà vous considérez comme l'une de leurs élèves. Vous recevrez la vôtre sous peu mais je tenais à vous prévenir et vous congratulez en personne. »
La bouche d'Harry béat en grand et ses yeux s'écarquillèrent, il ressemblait à un poisson hors de l'eau. Il n'avait bien évidement pas oublié cet examen qu'il avait passé pour entrer dans la prestigieuse école de Sealhom. Il pensait qu'il avait échoué ou plus simplement, qu'il n'avait pas plu aux professeurs qui l'avaient interrogé. Il avait étouffé son sentiment de défaite, en l'enfouissant au plus profond de son esprit et Harry avait fini par reléguer tous ces évènements au second plan. Après tout, son oncle et sa tante l'occupaient assez pour qu'il n'oublie à peu près tout ce qu'il se passait autour de lui.
Aujourd'hui cependant, Miss Glascow arrivait et lui annonçait qu'il était... Accepté ? Son cœur s'emplit d'une douce émotion de triomphe, il était accepté, quelque part, loin des Dursley. Il sentait presque les larmes lui piqués les yeux et très certainement que son regard brillait alors qu'il dévisageait sa directrice-adjointe. Elle sembla remarquer son état mais ne pipait pas un moment, elle le laissait reprendre son esprit comprenant parfaitement ce qu'il traversait.
« Merci. Du fond de mon cœur, articula difficilement Harry. Je... Vous ne pouvez pas savoir à quel point... »
Il ne finit pas sa phrase, il en était incapable, elle restait en suspens, les mots flottant dans son esprit. Miss Glascow lui sourit furtivement, elle s'approcha de lui et posa l'une de ses mains sur l'épaule du jeune adolescent. Oui, Harry Potter irait loin dans la vie mais pour le moment, il restait un simple enfant d'à peine treize ans.
« Monsieur Potter, je suis sûre que tous les professeurs de Stonewall seront enchantés d'obtenir de vos nouvelles et pas d'inquiétude, nous vous écouterons vous plaindre encore et encore de tous ces Anglais embourgeoisés, n'est-ce pas ? »
Les lèvres d'Harry s'étirèrent et il hocha vivement de la tête, plus détendu. Il était toujours agréable de se dire qu'il y avait des gens qui tenaient un minimum à lui. Même si c'était d'un endroit qu'il quittait. Il salua chaleureusement sa future ex-directrice adjointe et la remercia encore une fois. Puis il se détourna, reprenant le chemin qu'il empruntait plus tôt, il prit une grande inspiration, l'esprit libre, lorsqu'il ouvrit la porte de sortie. Il prit une bouffée d'air frais. Il avança jusqu'au milieu de la cours morne de Stonewall High et il lui fit face. Il happa de son regard tout l'univers sombre qui avait subsisté à ses côtés pendant ces deux dernières années. D'une pensée muette, il lui disait au revoir même mieux : adieu.
Il démarrait une nouvelle vie, il l'espérait pleine de surprise.
Ses pas le menèrent enfin loin de son, dorénavant, ancienne école. Bien sûr, les transports scolaires étaient partis, vu le temps qu'il avait pris avec Miss Glascow. Il était bon pour une petite trentaine de minutes jusqu'au 4, Privet Drive, son lieu de résidence. Il avait l'habitude et en plus, cette marche rapide lui permettrait de réfléchir à tout ce qu'il devrait faire pour préparer sa future rentrée. Tout d'abord il fallait mettre au courant Oncle Vernon, et Tante Pétunia, de son changement de situation. Jusqu'à maintenant, ils le laissaient plutôt tranquille. Son cousin Dudley ne rentrait que le week-end de son école, Smeltings donc ils l'ignoraient la plupart du temps, sauf pour lui rappeler de faire ses corvées.
Cependant un annonce d'une telle ampleur les interpellerait un minimum. Déjà parce qu'il irait dans une école plus prestigieuse que leur Dudlinouchet. Il ricana. Mais en plus, il quittait la maison pour un pensionnat et donc ne serait plus là pour leur servir de bonniche. Il ne savait toujours pas ce qui leur poserait le plus de problèmes. Ce qui était certains, en tout cas, qu'importe leur réaction, Harry serait à Sealhoms lors de la prochaine rentrée, même s'il devait coucher sous les ponts les semaines avant !
Arrivé devant la maison de son oncle et sa tante, il regarda la voiture grise et flambante neuve garer dans l'allée, signe que son oncle était rentré du travail. Bien. Harry se demanda un instant s'il devait en parler tout de suite, puis se rappela ce que lui avait précisé Miss Glascow : il recevrait lui aussi une lettre prouvant son admission d'ici peu. Si un habitant de cette maison l'apprenait ainsi, il allait très certainement passer un sale quart d'heure. Il devrait donc prendre son courage à deux mains et en parler ce soir. Le jeune garçon grimaça, ce ne serait sans doute pas une partie de plaisir.
Il rentra discrètement dans la maison, enleva ses chaussures au pied de l'escalier avant de grimper à l'étage, ses chaussures à la main pour aller déposer toutes ses affaires dans sa chambre. Harry faisait attention aux quelques affaires qu'il possédait, comme sa chambre d'ailleurs. Alors qu'il avait vécu toute son enfance dans le placard sous l'escalier, lorsqu'il avait eu onze ans, la veille du départ de Dudley pour Smeltings, il avait hérité de la deuxième chambre de son cousin, qui servait normalement à entreposer son trop grand nombre de jouets. Harry n'avait pas vraiment compris ce brusque retournement de situation de la part de ses relatifs mais ne s'en était pas vraiment plains. Certes, cette chambre ne possédait qu'une veille armoire cassée, un lit dont le matelas n'était pas de première jeunesse et un bureau branlant mais elle représentait le début de sa liberté. La preuve qu'un jour, il partirait vainqueur de chez les Dursley !
Il débarrassa ses cours qui resteraient bien sagement au niveau de son bureau jusqu'à la rentrée. Il y toucherait certainement mais ils resteront bien sagement à leur place, Dudley ne rentrait plus dans sa chambre. Enfin, Harry pris une grande inspiration, il était temps de faire face à son destin. D'après ses estimations, Oncle Vernon se trouvait dans la cuisine, certainement pour prendre son café, et des petits gâteaux, -comme s'il en avait besoin- et Tante Pétunia était dans le salon à dépoussiérer la table de basse déjà resplendissante. Ses pas le menèrent de lui-même auprès d'eux.
« Oncle Vernon. »
Sur le pas de la porte de la cuisine, Harry put admirer avec dégoût, la baleine qui lui servait d'oncle se dandiner pour tourner sa tête vers lui, la peau de son cou déjà violacé. Vernon Dursley était un gras individu, à la fort belle moustache, qui lui donnait l'air d'un morse, mal-aimable le morse. Ses petits yeux porcins perdus dans son visage aux joues boursoufflées montraient toute la méprise que l'homme renvoyait vers le reste du monde, et notamment vers son neveu. Une touffe de cheveux châtains et gris surmontaient cet étrange tableau alors que le reste du corps ressemblait à ce visage, démesuré et gonflé à l'image de ses doigts boudinés qui serraient le dossier de la chaise. Seule exception à cet excès, le cou de Vernon était inexistant, le faisant ressembler à un dessin malhabile d'enfant.
« Garçon ! S'écria-t-il. Pourquoi viens-tu déranger les honnêtes gens quand il se sustente ? »
Harry se dit que vu son tour de taille, il ferait mieux de courir à cette heure-ci au lieu de s'avaler encore plus de sucre. Plus jeune, il avait espéré que ce genre d'excès entraînerait un décès prématuré de son oncle mais aucune de ses prières n'avaient été écoutées.
« Je suis désolé mon oncle, j'ai quelque chose d'important à vous annoncer...
— D'important ? Tu veux rire ! Du balai ! Je n'ai pas que ça à faire que d'écouter tes sornettes. Va plutôt aider ta tante avec le ménage, Dudley revient demain, la maison doit être parfaite !
— Oncle Vernon, insista Harry, une goutte de sueur glissant dans son dos, c'est en rapport avec l'école. Je dois vous dire que...
— Garçon ! Je te préviens ! Si tu as été viré, nous t'emmènerons à Saint Brutus dès demain, est-ce que c'est clair ?
— Ce n'est pas ça ! Haussa le ton Harry, il voyait le visage de son oncle devenir rouge et repris à toute vitesse, j'ai été accepté dans une autre école ! Je ne retournerai pas à Stonewall High à la rentrée prochaine. »
Il termina avec une voix plus posée, fier de son effet et de ne pas avoir perdu les pédales. Il desserra le poing derrière son dos qu'il n'avait pas eu conscience d'avoir fermé et regarda alors son oncle. Son visage était soudainement devenu pâle, dans le salon, Harry put apercevoir que sa tante s'était relevé et le regardait aussi avec effroi. Ses longs cheveux blonds filasse retombaient autour de son visage sec et anguleux alors que sa mâchoire chevaline béait légèrement. Tout son corps fin en tremblait presque. Harry se demanda soudainement ce qu'il avait pu dire de si énorme. Tout d'un coup moins sûr de lui il rajouta :
« Oui, ma directrice-adjointe vient de me prévenir, j'ai été accepté au Sealhom's College à Londres. »
Toute la tension de la pièce s'évacua et le jeune garçon aux cheveux ébène se demanda soudainement s'il n'était pas passé proche de la catastrophe la plus totale. Il ne savait pas vraiment pourquoi, bien sûr, ses oncle et tante avaient toujours eu un comportement étrange à son égard, bien plus qu'une simple haine que d'avoir récupéré un enfant non désiré, d'une sœur qui semble-t-il n'avait pas non plus été aimé. Oncle Vernon sembla soudainement se reprendre.
« Et tu penses que nous allons te croire ? Comment un petit délinquant tel que toi, une nuisance pour notre société qui va finir en prison comme son bon à rien de père pourrait-il rentrer dans une école aussi illustre ? Me prends-tu pour un imbécile ? Il fit une pause. Garçon ! Répond !
— Non, Oncle Vernon.
— Alors pourquoi me mens-tu ?
— Je ne mens pas, Oncle Vernon !
— Baisse de ton avec moi ! Je suis l'homme qui te nourrit depuis que tu es un bébé, qui t'habille, qui te permet de ne pas devenir comme tes alcooliques de parents et tu OSES, je dis bien, tu oses me mentir ! »
Sa moustache frémissait alors que l'air semblait avoir du mal à passer sa cage thoracique. Harry regarda avec une sorte de fascination cet étrange manège en se demandant si son oncle allait s'écrouler soudainement devant lui, ce serait mérité. Il se secoua mentalement. Ce genre d'insultes, bien que douloureuses, étaient toujours dument refoulés. Il emmagasinait la colère et s'en servait pour réaliser ses "tours" le soir, à l'abri des regards, dans sa chambre. Très tôt, Harry avait compris que toutes les étrangetés qui lui arrivaient rendaient encore plus furieux son oncle et sa tante, il s'était mis en tête de les maîtrisé.
« Ce que je dis est la stricte vérité. Une lettre arrivera par la poste d'ici peu.
— SORS, tu m'as bien compris ? DEHORS ! »
Son oncle semblait décontenancé dorénavant, se disant qu'il n'avait plus rien à faire là, Harry fit demi-tours sur un pied et se précipita vers la porte de sortie. Les choses s'étaient presque mieux passées que ce qu'il avait prévu. Son oncle avait certes encore voulu avoir le dernier mot, au moins l'information était passé, la balle était dans leur camp dorénavant. Arrivé dans la rue, Harry décida de la remonter complètement, même derrière le square où les jeunes, et moins jeunes, enfants s'amusaient pour arriver à la limite de Privet Drive et de ses maisons identiques.
Comme toutes les petites villes de la périphérie de Londres, Little Whingging avait différent type de quartier du plus pauvre au plus riche. De l'autre côté de la ville, proche de Stonewall High, il y avait tout un quartier populaire dont il fallait éviter de trop s'approcher la nuit. Harry, lui, allait dans un autre quartier, d'ailleurs il commençait à apercevoir les toits des grands pavillons de la périphérie de la ville. Les petites haies arboricoles chichement plantés entouraient avec grâce les belles demeures et arrivaient à cacher l'intimité de ses propriétaires.
Harry connaissait ces rues par cœur et aurait pu les parcourir les yeux fermés. Il tourna à droite sur une allée entourée de mur de pierres aux couleurs chaudes. Tout au bout, il ouvrit le portail qui donnait sur le large pavillon de plain-pied aux murs blancs. Alors qu'un petit sourire s'affichait sur le visage d'Harry, il se fit brusquement percuté par un boulet de canon.
« Sphinx ! »
Harry se protégea du mieux qu'il put du Bouvier Bernois qui tentait de lui faire une toilette. Ses grosses pattes plaquées sur ses épaules, il avait du mal à se débarrasser du molosse qui, soit dit en passant, était tout à fait charmant. Il continuait d'appeler le chien par son nom pour lui faire reprendre un peu ses esprits et calmer sa joie de le revoir. Sans succès. Un éclat de rire en direction de la terrasse fit rouler la tête d'Harry dans l'herbe fraîche pour observer le propriétaire du sale cabot qui lui refaisait une beauté. De grande taille, les mains dans les poches d'un jean noir bien taillé, des chaussures style ranger aux pieds, une chemise blanche simple aux manches bouffantes dans un style rétro, il regardait l'adolescent se débattre de ses yeux gris-bleus caché derrière des lunettes rectangulaires de lecture tout en passant une main dans ses cheveux noirs coupés courts bien qu'impeccablement brushé. Harry avait toujours trouvé que ça lui donnait un air de Robert Downey Junior.
« Monsieur Stillsman ! Venez m'aider !
— Seulement si tu cesses de m'appeler Monsieur Stillsman, Harry ! J'ai l'impression d'être mon père ! James. Je m'appelle Ja-mes. Pourtant c'est courant comme nom ! Bon sang !
—James, rugit Harry, votre cabot me bave dans les oreilles ! »
L'adolescent s'évertuait à bouger sa tête dans tous les sens, repoussant Sphinx un peu plus loin pour que l'animale revînt tout de suite à la charge ; il prenait son comportement pour un jeu. Harry perçut un ricanement au-dessus de sa tête et le chien fut tiré par le collier par son propriétaire hilare. Et la tête de Sphinx valait elle-aussi le détour. Harry sauta sur ses pieds pour éviter tout nouvel incident et frotta ses habits, qui n'avaient pas besoin de cela pour paraître miteux. Il lança un léger regard de reproche vers son aîné.
« Merci.
— De rien kido, tu me revaudras ça. »
Toujours le sourire aux lèvres, James l'invita à rentrer chez lui. Harry le suivit, se souvenant pourquoi il était venu ici en premier lieu. Il s'installa, en grand habitué de la maison, sur un siège devant le bar où un verre de menthe frais l'attendait déjà. L'adulte continuait de sourire de toutes ses dents, fier de la scène qui venait de se dérouler alors qu'il n'y était pour rien, si Sphinx n'avait pas décidé de faire son pot de colle, Harry serait entré sans heurt. James s'installa à ses côté, un verre dans les mains lui aussi.
« Alors, que viens-tu faire ici ? Pas que je sois déçu de te voir mais d'habitude tu viens pour me proposer de l'aide, le week-end lorsque tes fameux oncles et tantes te laissent tranquille. Il fit une pause, songeur. D'ailleurs quel jour somme-nous.
— Nous sommes le mercredi 24 juillet, James, c'était le dernier jour de cours aujourd'hui. Je viens de démarrer mes vacances d'été. Dit avec une pointe d'amusement Harry
— Oh ? Déjà ? Je ne m'y retrouve jamais avec vos histoires... Il semblait vraiment dubitatif.
—Et vos enfants ? Ils ne sont pas en vacances eux ?
—Euh... Eh bien si, ils le sont, enfin, normalement, tu sais comme c'est compliqué pour avoir la moindre information sur eux avec Lucy... »
James semblait tout penaud, comme à chaque fois qu'il parlait de sa femme, ex-femme, compagne, bref, la mère de ses enfants. Elle ne vivait pas avec lui et avait embarqué son fils et sa fille avec elle, les laissant à peine voir leur père. Harry savait que cette histoire portait beaucoup sur le moral de James mais il ne pouvait pas faire grand-chose pour l'aider. Il avait cru comprendre qu'il avait parfois des nouvelles de Lucy et qu'il tentait de renouer des liens pour voir plus souvent ses enfants mais depuis deux ans, tout était au point mort. Harry se demandait parfois si James s'intéresserait autant à lui si ses propres enfants étaient là mais il préférait ne pas trop y réfléchir. Il ne voulait pas savoir la réponse.
« Désolé de vous rappeler ça, je me demandais juste. S'excusa Harry.
— Ne t'inquiète pas bonhomme, ce n'est pas de ta faute ! Il fit en sorte de faire bonne figure. Alors que prévois-tu ? Fuir ta famille pour ne pas travailler comme homme à tout faire, non rémunéré, tout l'été ? Je peux t'accueillir si tu veux.
— Non merci James, je vous en ai déjà parlé, je ne veux pas de votre charité. Vous êtes déjà très gentil de me donner un salaire lorsque je vous aide. Harry essayait d'avoir un regard sévère. Non, non, j'ai des projets bien plus intéressants et bientôt les Dursley n'auront plus autant d'emprise sur ma vie !
— Oh ? Dis-moi tout, tu m'intéresses !
— Je vous annonce très officiellement, commença d'une voix pompeuse Harry, que vous avez devant vous, un futur élève du très prestigieux Sealhom's College. Merci, merci, c'est vraiment trop d'honneur ! »
James cligna une fois des yeux, puis deux, Harry se demandait si parfois il ne lui manquait pas quelques neurones et un rictus apparut sur ses traits lorsqu'il songea à cela. Il pouvait presque passer pour un être machiavélique comme ça. Cependant, le jeune homme se retrouva très vite pris au dépourvu, n'ayant pas du tout anticipé la réaction de James. Avant même d'avoir pu dire ouf, il se retrouvait pris dans une étreinte d'ours, la joue écrasée contre le torse de James.
« Harry, bon sang ! C'est merveilleux ! Tu es... Il reprit son souffle. Tu es fantastique, tu es le gamin le plus génial que je connaisse, je te félicite bravo ! Il souriait de toutes ses dents, ses yeux brillants. Je suis tellement fier de toi ! Tu as travaillé tellement dur pour leur concours d'entrée, je savais que tu le passerais haut la main et que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne te recontactent. Ah ah ! Sacré Kido ! »
Il lui ébouriffa les cheveux, les transformant encore plus en un nid d'oiseau. Harry rougissait jusqu'à la pointe de ses oreilles et ne savait plus où se mettre. Il n'avait pas l'habitude de ses mots pour lui, bien sûr James l'avait déjà félicité pour ses bons résultats scolaires mais jamais à ce point. Harry avait vraiment l'impression de compter pour quelqu'un, d'être important et que ce qu'il réalisait comptait aussi pour lui. Il répondit par un sourire timide vers James qui ne put s'empêcher de lui envoyer une tape dans le dos pour détendre l'atmosphère. Oh oui, Harry avait beaucoup de chance de pouvoir compter sur James Stillsman, ses années chez les Dursley auraient été bien trop dur dans le cas contraire.
1 : Le Sealhom's College n'existe pas en Angleterre. Cependant j'ai pris exemple sur l'école d'Eton pour le fonctionnement de celui-ci, surtout pour les modalités d'entrée. Du reste, je n'ai jamais mis les pieds à Eton donc j'ai utilisé mon imagination !
Nous sommes donc à la fin de ce premier chapitre, je suis toute disposée à entendre votre avis sur celui-ci (oui même les critiques !) car je suis plutôt curieuse de savoir si ce début vous change de vos habitudes. De plus je suis ouverte à toute correction orthographique, grammaticale, etc. si vous trouvez des horreurs ainsi qu'à des remarques sur les dialogues ou les tournures de phrases. Si quelque chose vous semble bizarre, en gros, dites-le ! J'ai essayé de commencer calmement en mettant en place le cadre de l'histoire, le deuxième chapitre devrait être un peu dans la même veine, puis avec le troisième, on commencera les choses sérieuses !
Je vous parle ensuite d'une autre chose qui vous intéresse, le rythme de parution. Je ne sais pas du tout de quel ordre on parle. J'écris régulièrement le soir mais parfois les chapitres n'avancent pas aussi vite qu'on ne le pense et je sais que je vais rentrer dans une période un poil plus stressante dans mes études. Je pense qu'il faudra attendre les premiers chapitres postés pour se rendre compte du rythme moyen donc à dans deux ou trois chapitres !
Merci de votre lecture et à une prochaine fois !
