Bonjours tout le monde, voici le premier chapitre de Renaissance XD
Bonne lecture.
Année 1663 : Londres
J'étais enfin rentré d'une de ces interminables rondes nocturnes. Londres était si vaste et les fidèles de mon père si enclins à voir le mal partout... C'était très usant d'essayer de les convaincre que la pauvre âme qu'ils avaient décidé de persécuter était innocente de toute relation avec le Malin. Cela fait maintenant trois mois, le jour de mon vingt-troisième anniversaire, que mon père, le pasteur Cullen, m'avait laissé les rênes de ces chasses aux sorcières, loups-garous ou encore vampires. Ces créatures du mal, qui se cachaient dans les ténèbres de la cité, devaient absolument être détruites pour le bien de l'humanité. Mais comment accomplir cette tâche avec ces hommes intolérants, plus enclins à tuer les catholiques et les femmes de mauvaise vie, dont mon père m'avait transmit la direction ?
En montant les marches de l'escalier menant au bureau de mon père, je pus apercevoir l'aube au-dessus de la Tamise gelée. Chaque matin, je devais me rendre dans ce bureau sombre et austère où il attendait un rapport complet de ma nuit passée à courir les rues. Depuis que j'avais repris les rênes, beaucoup moins de monde était reconnu coupable de pactiser avec Satan. Cela irritait fortement mon père qui ne comprenait pas pourquoi je ne débusquais pas plus d'infidèles.
Je frappai à la porte et sa voix dure me parvint de l'autre côté du battant.
- Entrez Carlisle.
J'obéis et fit directement face à son bureau massif. Comme toujours, mon père était tassé dans son fauteuil à écrire d'interminables lettres. Patientant sans dire un mot, mes yeux tombèrent sur la grande croix en chêne qu'il avait sculpté lui-même lorsqu'il prêchait encore, il en était vraiment très fier. Autrefois, celle-ci était suspendue au-dessus du pupitre du temple dans lequel il faisait encore ses sermons. Aujourd'hui, elle le surplombait toujours, comme si Dieu veillait sur lui à tout instant.
Mon père ne leva pas la tête avant d'avoir paraphé sa lettre et me regarda des pieds à la tête avec un regard critique.
- Hé bien Carlisle ? Avez-vous fais votre travail cette fois-ci ?
- Nous n'avons trouvé aucune créature cette nuit père, nous avons…
- Taisez-vous Carlisle! Mr Jones est venu me faire son rapport avant votre arrivée et m'affirme vous avoir amener des êtres plus que suspects. De plus, il ajoute que vous n'avez point prit la peine de les questionner avec efficacité.
- Le fait que ces gens étaient catholiques ne constitue pas une preuve d'une éventuelle nature démoniaque père.
- Au contraire, c'est plus que révélateur mon fils. Et les interroger vous en aurez convaincu, les catholiques sont des êtres peu fiables.
- Je les ai interrogé à ma manière père…
- A votre manière dites-vous ? Il ne vous manquerai plus qu'une tasse de thé pour sembler mener une conversation mondaine ! se moqua méchamment mon père.
- Père… La torture n'est pas la seule méthode pour obtenir de vrais aveux, cela ne peut que nous éloigner de la vérité.
Les méthodes qu'employait mon père par le passé étaient plus que révoltantes, j'en frémissais encore en revoyant les visages de ces pauvres hommes, femmes et enfants qu'il avait « interroger » pour leur faire avouer toutes les balivernes dont il les accusait. Aucun d'eux ne pouvaient s'en sortir, ils étaient jugés sans une quelconque aide juridique tel qu'un avocat. La justice buvait les paroles de mon père lorsqu'il dénonçait les péchés des condamnés en s'appuyant sur le saint évangile. Tous étaient envoyés à la mort pour la gloire de Dieu.
- La torture ? Que dîtes-vous là ! Bousculer ces gens de temps à autre est la seule manière de les faire avouer. Satan les dirige, ils peuvent très bien vous embrouiller l'esprit en vous contant toutes sortes de fadaises diaboliques.
- Père… soufflai-je.
- Il suffit Carlisle ! Je vous ai mis à la tête de mes fidèles afin que vous anéantissiez la vermine! Et non pour la laisser s'embusquer je ne sais où.
Mon père me jetait des regards de plus en plus dédaigneux au fil de son discours. Assurément, il ne me trouvait pas à la hauteur, je n'étais tout simplement pas assez fanatique pour voir des signes du malin là où il y en avait aucun. Je concevais parfaitement qu'il fallait éliminer ces créatures de la nuit, qui tuaient sans retenue toutes personnes qui croisaient leur chemin, et ce, quelque soit leurs conditions : du mendiant au noble de la plus haute lignée. J'étais bien résolu à les débusquer et les anéantir à jamais, mais même pour cela je refusais d'assassiner des innocents.
- Ma patience a des limites Carlisle ! Si demain vous revenez de nouveau bredouille, Mr Jones vous remplacera. C'est un homme de valeur, qui lui, sait reconnaître le mal. Je dois vous avouer que cela me chagrine grandement que mon fils n'est pas hérité de cette capacité.
- L'intolérance de Mr Jones le perdra un jour père. Le fait de tuer tous les catholiques qu'il croise ne fait pas de lui un grand homme. Mr Jones n'hésiterai pas à tuer femmes et enfants innocents sans distinction pour seul crime d'être d'une autre religion que la notre. Les catholiques ne sont pas plus impurs que nous.
- Carlisle ! Gronda mon père menaçant. Cette engeance ne mérite point de compassion, ce sont tous des partisans du mal qu'il faut éloigner à jamais de ce pays. Partez maintenant ! Je vous reverrai demain matin.
Il était inutile de discuter, mon père était aveuglé par ses préjugés. Depuis l'avènement de Cromwell, il s'était investi à chasser les catholiques d'Angleterre, tout en les persécutant avec ardeur. Me voir maintenant les épargner, pour seul motif qu'ils sont innocents de tout crime, ne l'agréait en aucun cas.
Enfin dans ma chambre, je zigzaguai entre les piles de livres posées à même le sol. J'avais abandonné depuis longtemps l'idée d'atteindre mon bureau, qui était entièrement recouvert de parchemins et autres documents. Chaque jour, j'étudiais, ma soif de connaissances n'avait aucune limite. Les livres me permettaient de découvrir les mystères de ce monde tel que l'astrologie, la botanique, la médecine… ou encore me permettaient de m'échapper dans d'autres univers où vampires et autres créatures du Diable n'existaient pas. Je ne savais pas ce que l'avenir me réservai, mais là encore mon père devait déjà avoir tout prévu. Depuis ma naissance, il dirigeait ma vie d'une poigne de fer. Je n'avais jamais connu ma mère qui mourut en me donnant la vie. Ceux qui l'avaient connu me rapportèrent qu'elle était très belle et douce. Je me demandais vraiment comment elle avait pu vivre avec un homme comme mon père.
Je me dirigeai vers mon lit et me laissa tomber. Cette vie ne me convenait vraiment pas. Mais je devais absolument continuer, ne serait-ce que pour les pauvres gens qui se retrouveraient à la merci de Jones si j'échouais. Je n'avais plus qu'une seule solution : débusquer de véritables créatures et j'avais mon idée de où je devais chercher.
Ce soir sera fatidique…
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