Titre : Tu sais

Auteur : Bobbypin

Base : Naruto

Disclaimer : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto


Ta petite-fille joue devant la maison. Tu la regardes, assise sur le vieux banc en bois.

Un rayon de soleil tombe sur ses cheveux et elle lève la tête. Tu trouves qu'elle est très jolie. Autour d'elle, tu as laissé quelques bouts de fer qui l'attirent parce qu'ils miroitent sans cesse et lancent des éclairs de lumière. Elle avance, les genoux dans le sable. Elle en saisit un dans sa main potelée et rit.

Celui-ci, c'est ton vieux kunai. Il est émoussé, il ne tranche plus grand-chose ; souvent tu l'utilises pour couper les légumes que tu mets dans ta soupe.

Ta petite-fille s'est piquée le bout du doigt. Elle ne crie pas. Elle trouve ça drôle. Parfois tu te demandes si toi et les autres, vous avez ça dans le sang. As-tu toujours aimé le danger ? Justement, une goutte de liquide rouge perle sur son index. Tu te lèves. Ce n'est pas grave.

Tu retournes dans la sombre fraîcheur de ta maison, pour regarder la pendule qui fait tic tac depuis si longtemps. Il est cinq heures. Pourquoi ne sont-ils pas encore là ? Dois-je aller les attendre à la porte du village ? Rendre visite au corps de garde ? Qui me donnera des nouvelles ?

Tu vas t'asseoir près de la fenêtre, tes mains ridées posées sur tes genoux. Tu sais qu'ils en ont perdu deux, chez les Nara. Chez les Akimichi, peut-être trois. On dit que c'est la guerre. Ton fils est parti il y a un mois, avec sa femme. Elle aurait pu être ton élève, du temps où tu étais sensei. Ses shurikens, elle les lançait plus vite que personne. Plus vite que toi, tu t'en rappelles, maintenant.

Ils ne reviendront peut-être pas.

Tu regardes par la fenêtre. Cette petite, elle a les mêmes yeux que ton fils. Les mêmes fossettes, aussi. Tu te demandes si plus tard elle sera comme lui.

Tiens, elle se lève. Elle court vers un brancard qui passe au loin. C'est un jeu qui lui plaît.

Elle revient. Des blessures, tu en as vues. Des peaux tranchées, des membres mutilés. Tu as cette grande cicatrice dans le dos, souvenir d'une mission qui aurait dû être comme les autres. Ta petite fille te dit souvent qu'elle voudrait avoir la même.

Tu enlèves les épingles à chignon qui te font mal à la tête et tu vas les ranger dans le petit tiroir, au fond de la pièce. Elles brillent. Tu as déjà tué avec, mais ça personne ne s'en rappelle. Tes cheveux blancs tombent en torsades sur tes épaules voûtées.

Il fait beau.

Ta petite-fille joue avec les kunais.

Tu as de la chance d'être encore là.