Bonjour bonsoir mes petits chocolats. Nan, vous rêvez pas, je reviens après plus d'un mois d'absence (je crois que c'est la première fois que je passa autant de temps sans poster, ça fait bizarre xD) Donc, rapidement, Noyeux Joël, Bonnes Pâques, et vive 2018 ! (un calendrier ? Mais à quoi bon ?)

Ce petit-grand OS (en vrai c'est un Two-Shot mais chut) que vous allez lire si vous réussissez à passer mon mot d'auteur est une commande-cadeau à MsAkabane et Ayui-Ayone pour les 200 reviews sur CI (c'était y'a siiiiii longteeemps x)). Et bin bon, ça fait plus de cinq mois que je le traîne, ce cher monstre. Un jour j'irais dans le dico chercher la définition de "court" et "rapide". En attendant, voici un truc de 56 pages et 22 000 mots, que j'ai coupé en deux (comme ça j'ai pas l'air de vouloir en faire un pour deux – et aussi parce que sinon vous vomiriez avant la fin). Comme vous devez vous en douter, 5 mois c'est relativement long, donc y'a des évolutions et des changements de musique pendant l'écriture (eh nan, j'ai pas écouté la même chanson en boucle pendant cinq mois).

Les deux voulaient du X18 (elles ont bon goût ces petites) alors… normalement vous devriez en trouver un peu à certains endroits x) En vrai je comprend pas comment j'ai pu finir sur ça. Mais pas d'inquiétude, il y a du X18. … (unpeu). Ms Akabane a en plus demandé un truc assez sombre, ce qui est plus dur pour moi (je suis plus forte en blagues douteuses qu'en mélodramatique avec plein de larmes de morve et de mouchoirs). Mais, heureusement, Psycho-Pass est là pour vous sauver ! (cet. animé. est. PARFAIT (pour la première saison)). Et tellement de feelings que tout est passé là-dedans. Donc bon je vous laisse juger.

Tout appartient à moi-même, grande déesse suprême des petits pois, et je réclame en plus Kôgami, Kagari et Makishima. Allez, on y croit et on croise les doigts.

(Y'a un rating T mais je rajoute quelques petits + parce que on sait jamais. Donc ça fait T+++. Ou un truc du genre).

Bon bin… Enjoy ! :D


La première fois qu'il avait vu du feu, c'était chez la vieille dame. Sa Maman lui disait qu'il fallait l'appeler Grand-mère, mais pour lui c'était la vieille dame.

Il faisait froid et la pluie s'était mise à tomber fort, très fort dans le jardin alors qu'il jouait à la balle. Il était rentré en courant dans la maison, trempé jusqu'aux os. Sa Maman lui avait enlevé ses vêtements qui collaient à sa peau et lui en avait donné d'autres, beaucoup trop grands pour lui, dans lesquels il s'emmêlait les pieds et tombait. Mais au moins ils étaient chauds.

Puis sa Maman l'avait ramené dans la plus grande salle de la maison, là où était déjà la vieille dame. Il se souvenait qu'elle lui avait ébouriffé les cheveux et embrassé sur le front. Il aimait bien les baisers de la vieille dame. Ils étaient doux et râpeux à la fois, et après ils déposaient son odeur sur son front. Il aimait aussi beaucoup l'odeur de la vieille dame. Il allait souvent dans ses bras pour la sentir tout autour de lui. Mais comme il était un grand garçon, qu'il venait de fêter ses quatre ans, il se contenta juste d'embrasser à son tour la vieille dame sur sa joue toute fripée. Puis il s'était assis sur un vieux fauteuil dont il pouvait voir les ressorts et avait attendu.

Sa Maman et la vieille dame étaient allées au fond de la pièce, à un endroit qu'il avait déjà vu mais qu'il ne trouvait plus intéressant. Il y avait juste des gros morceaux d'arbres, qu'il n'arrivait même pas à porter. Au début, il s'asseyait sur la pile et jouait au cavalier et son cheval, mais depuis que Maman l'avait vu il n'avait plus le droit. Apparemment, c'était dangereux. Du coup, il ne comprenait pas pourquoi elles y allaient.

Elles revinrent bien vite, avec un gros morceau d'arbre dans les bras. La vieille dame en avait un plus petit que sa Maman, mais il voyait bien qu'elle avait du mal à le porter. Alors il était sauté en bas du fauteuil pour venir l'aider. Elles avaient ri.

Il se souviendrait toujours de leurs rires. Celui de sa Maman était clair, il ressemblait aux bruits que faisaient les oiseaux le matin quand il se réveillait, ou à celui de la rivière qui coulait doucement en bas du jardin. Le rire de la vieille dame était différent et lui ressemblait beaucoup. Il était tout petit, tout doux, très grave et un peu cassé par moments. Il avait toujours aimé leurs rires, alors même s'il ne comprenait pas tout le temps pourquoi elles riaient, il le faisait avec elles.

Elles avaient ensuite mis les bouts d'arbre dans un grand trou qui était dans le mur et qui partait vers le haut. Une fois, il avait mis sa tête dedans, et il avait vu les étoiles là-haut, tout là-haut, au fond du trou. Il ne comprenait pas pourquoi elles mettaient les bouts d'arbre dans le trou. Peut-être que c'était pour qu'ils partent voir les étoiles eux aussi ?

Puis elles lui avaient donné des bouts de papier et lui avaient demandé d'en faire des boules. Il en avait fait plein, s'appliquant bien à la tâche. Elles avaient encore ri.

Une fois qu'un grand tas de boules en papier s'était élevé près de lui, elles en avaient pris quelques-unes pour les mettre aussi dans le trou. Sa Maman avait ensuite sorti une petite boîte d'un tiroir et l'avait ouverte pour en tirer une sorte de petit bâton. Elle l'avait passé sur la boîte et ça avait fait un petit "crac" avant qu'un tout petit quelque chose orange et vacillant surgisse à son bout. Il en était resté bouche-bée. Sa Maman était une fée ! Il l'avait toujours su, bien sûr, mais là il en était sûr ! Sa Maman avait approché le bâton magique des boules de papier qu'il avait faites et le tout petit quelque chose qui était au bout était allé dessus alors que le papier blanc devenait noir.

Il devait avoir l'air totalement stupéfait, parce que la vieille dame l'avait pris sur ses genoux, l'ensevelissant sous les châles qu'elle portait toujours.

- C'est beau, hein Kyôya ? avait-elle dit doucement de sa voix aussi vieille qu'elle. Ca s'appelle du feu.

- Feu, avait-il répété en s'avançant sur le bord de ses genoux pour se rapprocher. Puis il avait reculé, éberlué. Le "feu", qui dansait maintenant sur les morceaux de bois, lui faisait chaud à la main !

Les deux femmes avaient encore ri. Elles riaient toujours quand il était là. Il en était très fier.

- Fais attention, lui avait recommandé la vieille dame. Le feu est très beau, mais aussi très dangereux. Si tu le touches, tu auras très mal, et si tu restes trop longtemps dedans tu pourrais être détruit, aussi facilement que les boules de papier que tu as faites.

- Mais il est méchant alors le feu ? avait-il demandé, inquiet. Il n'avait pas du tout envie d'être détruit !

- Non, il se défend juste comme il peut. lui avait répondu sa Maman. Il n'aime pas qu'on vienne le déranger, alors il punit les intrus. Mais si tu le laisse tranquille, il se contentera de faire de la lumière et de la chaleur, comme maintenant.

Il était resté longtemps après ça, à regarder le feu avancer un peu plus sur les morceaux de bois. Il montait haut, très haut, et des petits bouts se détachaient toujours du haut pour aller vers les étoiles. Ca faisait des petits craquements doux qui le berçaient et qui ressemblaient beaucoup au rire de la vieille dame.

Il s'était endormi là, enveloppé par la chaleur du feu, de sa Maman et de la vieille dame. Le lendemain, quand il s'était levé et était revenu dans la grande salle, il ne restait plus que des petites choses grises et froides dans le grand trou.

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- Je crois que je n'ai pas bien entendu.

Tsuna soupira.

- Tu as parfaitement bien entendu, Kyôya. Tu dois apprendre à danser.

Autour de la table, les murmures de ses Gardiens résonnaient déjà, mais Tsuna se força à ne pas leur jeter un seul regard. Il sentait que même le plus minime contact visuel avec quelqu'un d'autre que son Gardien du Nuage provoquerait une – nouvelle – catastrophe.

- Et pourquoi ? demanda le brun de sa voix la plus glaciale.

Evidemment, toujours à aller au fond du problème le plus vite possible. Tsuna retint une grimace (qui serait passée comme signe de faiblesse aux yeux de Kyôya). Il aurait préféré pouvoir vivre un peu plus longtemps. Mais bon. C'est comme les pansements non ? Plus vite on les arrache et moins ça fait mal… Mais oui, il y croyait. Comme si comparer Kyôya à un pansement était une bonne idée. Enfin bon. Il ferait mieux de se dépêcher de sortir ses explications au vu de l'expression orageuse du brun.

- La raison la plus simple est qu'il y a un bal dans quelques semaines.

- Kufufu… Tu aurais dû dire "la raison la plus simple et la moins crédible", intervint Mukuro. Pourrait-on avoir l'officieuse maintenant ?

Nouveau soupir. C'est vrai que, de toute façon, tout le monde savait qu'Hibari Kyôya ne se sociabilisait pas, et dansait encore moins. Mais là, c'était vital. Tsuna se redressa et balaya la table de ses yeux caramels. Ses Gardiens le fixaient tous avec plus ou moins de sérieux, semblant sentir que quelque chose de bien plus important qu'un simple bal se préparait - de toute façon, un bal mafieux n'était jamais simple.

C'était maintenant qu'il allait devoir prendre sa décision. Tout révéler à ses Gardiens, ceux qu'il considérait comme sa Famille, ou leur cacher une partie. Quitte à devoir culpabiliser seul au fond de son lit (quoique la notion de "seul" pouvait toujours changer. Quand Reborn avait-il dit qu'il rentrait déjà… ?).

Il prit une grande inspiration. Sa décision était prise.

- Kyôya va se marier avec la future Boss de la Famille Cardellino, annonça-t-il clairement, ses yeux rivés dans les pupilles glacées.

Lambo se releva sur sa chaise, une expression clairement interloquée affichée sur le visage. Les autres n'étaient pas en reste, Ryohei tellement surpris qu'il ne lâcha même pas un mot. Tsuna fit un signe à son bras-droit qui se leva, emportant sous son bras sept dossiers, qu'il distribua à chaque Gardien avant de revenir à sa place avec le sien. Gokudera avait été le premier à être informé de sa décision, et l'avait beaucoup aidé à finaliser ses idées.

Pendant quelques minutes, le calme régna, seulement troublé par le bruit des pages qu'on tournait. Son cœur battant de plus en plus vite dans sa poitrine, Tsuna observait les visages de ses amis, devinant au rythme de leurs expressions et de leurs réactions, les passages auxquels ils en étaient. Il se mordit la lèvre inférieure quand il vit le poing d'Hibari se crisper convulsivement. Il espérait juste qu'il saurait se contenir pour la fin de la réunion, assez pour qu'il le convoque dans son bureau et lui explique un peu mieux la situation.

Puis, quand Lambo releva la tête de son dossier, il reprit la parole.

- Comme vous venez de le voir, la famille Cardellino devient de plus en plus puissante. Son boss actuel, le Settimo, a réussi le tour de force de nouer une alliance avec les Cranio, Famille qui possède les plus puissants utilisateurs de Flammes de la Tempête, (Gokudera se renfrogna) en-dehors évidemment des porteurs d'anneaux Trinisette.

- Mais cette alliance, même si elle peut s'avérer dangereuse pour des Familles moins importantes que nous, n'est pas si importante, intervint Lambo, maintenant totalement droit sur sa chaise.

Tsuna lui sourit doucement.

- En effet, mais, si tu as bien lu, tu as dû remarquer la disparition subite de plus de la moitié de la Famille Fiordaliso, et les meurtres successifs du Quinto, puis du Sexto Corvino. Et ce, à peine deux mois après l'alliance avec les Cranio.

Lambo écarquilla les yeux. Les Fiordaliso et les Corvino étaient des Familles avec qui les Vongolas espéraient nouer une alliance, et ce n'était pas pour rien. Les Fiordaliso étaient réputés pour leur discrétion, et leurs membres pouvaient s'infiltrer n'importe où. Les Corvino, quand à eux, possédaient des experts en maniements d'armes, quelle que soit leur sorte. Que ces deux Familles soient aussi facilement détruites était extrêmement alarmant. Cela voulait dire que leurs ennemis étaient bien plus puissants que ce qui paraissait au premier abord. Pas étonnant que personne n'ait encore eu vent de ces drames. La Mafia toute entière en aurait été secouée.

- Et donc quoi ? Pour éviter que les Vongolas soient attaqués tu prévois de marier l'alouette avec l'héritière ? Kufufu, je n'ai pas envie de me faire agresser par ton chien de garde, mais ça n'a absolument aucune logique.

- Je sais bien. C'est pour ça que je vous ai tous réunis ici plutôt que de simplement vous envoyer les dossiers. (Tsuna s'arrêta quelques instants, pour laisser à ses Gardiens le temps de réfléchir un peu) Si tout se passe bien, le mariage entre Kyôya et Fiona Cardellino sera officialisé d'ici six, sept mois. C'est rapide, je sais, mais on n'a pas le choix. Le statut de Kyôya dans la Famille sera donc celui de mari de l'héritière. Cela lui donnera, en plus de l'alliance obligée entre Vongolas et Cardellino, la possibilité d'assister à certaines réunions, impossibles pour un statut plus bas. Il faut à tout prix que nous sachions ce que trament les Cranio. Parce que (Tsuna prit une grande inspiration) et là est tout le problème, je suis presque, non, je suis certain que les Cardellino se font avoir, et en beauté, par leurs prétendus alliés.

- Mais pourquoi ? réagit immédiatement Yamamoto. Il ne se laissa pas démonter en voyant les regards posés sur lui et reprit. Je veux dire, pourquoi une alliance avec les Cardellino ? Toutes les Familles voudraient avoir les Cranio de leur côté. Qu'est-ce qu'ont les Cardellino de plus que les autres ? A quoi ça va leur servir de les manipuler ? Ils ne sont pas particulièrement puissants, ni intelligents, ne détiennent rien d'extraordinaire… Pourquoi pas, je sais pas moi, les Agrifoglio ? Eux ils sont très riches, et font une demande d'alliance aux Cranio au moins chaque décennie !

Tsuna laissa un léger sourire flotter sur ses lèvres. Takeshi était vraiment intelligent. Bien plus que ce qu'il laissait paraître. Et c'était souvent mortel pour leurs ennemis. Pour simple preuve : il avait remarqué ici, rien qu'avec un petit exposé rapide de la situation, ce qui clochait, avant même Mukuro, qui avait pourtant été élevé dans la Mafia. Pourtant, il avait laissé passer quelque chose.

- Justement, répliqua le châtain. Ils ne possèdent rien de spécial, à notre connaissance. (Les regards de ses Gardiens s'illuminèrent de compréhension). Tu as parfaitement pointé du doigt le problème Takeshi, et je t'en félicite. Cette alliance cache quelque chose, c'est obligé. Et la mission de Kyôya sera justement de découvrir ce "quelque chose". Du moins, s'il accepte.

Tous les regards se tournèrent vers Hibari. Le Gardien n'avait rien dit depuis qu'on lui avait annoncé son mariage. Ce qui était parfaitement compréhensible. Qui s'attendrait, en allant à une banale réunion, à se retrouver marié d'office avec quelqu'un dont il ne connaissait que le nom ?

Mais ce serait mentir que de dire qu'ils n'étaient pas conscients de cette éventualité. "La Mafia, c'est comme les trucs de rois d'avant : t'es pas juste là pour buter des déchets, faut aussi permettre les alliances, sinon t'es foutu. Pourquoi j'suis pas marié ? Chais pas. Faut croire que ma réputation en décourage plus d'une. Mais va pas penser que chuis encore puceau, déchet. Moi, je vis pas à cette putain d'époque avec des chevaliers. J'attend pas d'avoir la bague au doigt pour baiser", avait lancé Xanxus un soir, lors d'une petite fête non-officielle pour l'anniversaire de Yamamoto. Hibari eut un semblant de sourire moqueur alors que cette phrase lui revenait en tête. Et voilà que lui se retrouvait avec cette fichue bague. Une nouvelle, à mettre aux côtés de ses anneaux du Nuage. La Mafia était remplie de bagues. Et ils n'autorisaient même pas les mariages gays. Les herbivores étaient tellement stupides des fois…

Il haussa les épaules, comme si tout cela ne l'atteignait pas vraiment.

- Je n'aime pas les menteurs, fit-il calmement. Faire comme si j'avais le choix est un mensonge. Alors arrête ça immédiatement, Sawada Tsunayoshi, si tu ne veux pas que je te morde à mort.

Le châtain sourit. Un sourire soulagé, comme si tout le poids du monde qui pesait sur ses épaules s'était subitement allégé.

- Parfait, s'exclama-t-il. Kyôya, dans mon bureau. Hayato, je te laisse le soin de finir le débriefing. Tu me rejoindras ensuite, il faut qu'on parle de la Famille Feltro, le Boss râle à propos d'une des clauses du contrat de non-agression. Lambo, Onii-san, Takeshi, Mukuro, Chrome, désolé de vous avoir fait venir alors que vous étiez en pleine mission. Et encore désolé pour le travail qui va se rajouter. Takeshi et Lambo, votre mission passera en deuxième plan, après ce que va vous donner Hayato. Onii-san, j'aurais juste besoin d'une petite précision sur le compte-rendu que m'as fait parvenir avant-hier, ce serais bien que tu passes me voir le plus vite possible. Chrome, tu viendras aussi me voir, j'aimerais beaucoup savoir pourquoi j'ai trouvé des caméras dans ma chambre, clairement déposées par toi ou un de tes hommes. Et Mukuro… (le concerné lui envoya un magnifique sourire, agrémenté d'un petit "kufufu") je te dis directement que, non, la destruction de la Tour Eiffel n'est pas envisageable, même si c'est pour le bien de ta mission. Je suis sûr que tu peux trouver un autre moyen de menacer Rottame (le sourire de l'ananas se fana quelque peu). Bien, je vous laisse. A tout à l'heure !

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Hibari passa devant Gokudera sans le voir, la porte du bureau de Tsuna se refermant bien vite derrière l'argenté. Il marcha rapidement dans les couloirs, la tête droite, comme à son habitude. Mais ses pensées étaient loin d'être aussi paisibles que ce qu'il voulait bien montrer. Des bribes de phrases tournaient sans relâche dans sa tête, accompagnées d'images (des flammes, grandes, grandes, grandes, et de la neige, froide, partout), de données, qui se succédaient à une vitesse affolante, lui donnant le vertige.

Il poussa d'un pas rageur la grande porte décorée de quelques nuages roulant paresseusement sur le bois, et s'engouffra dans sa salle d'entraînement.

Deux mots et les mannequins s'activaient.

"Le bal d'octobre aura beaucoup d'importance pour l'alliance. Il faut à tout prix que tu fasses bonne impression à Fiona Cardellino et à ses parents. Pour cela, tu dois danser.

- Avec qui ?

- Tu t'entraîneras tous les jours, avec une jeune fille de la division de Mukuro- non, pas cette tête s'il te plaît, tous les illusionnistes ne sont pas comme lui. Et les dimanches, trois heures avec Dino, qui s'est débrouillé pour libérer cet horaire, juste pour toi. Alors ne fais ta mauvais tête et ne détruit rien là-bas quand tu y seras."

La tête du premier mannequin vola à l'autre bout de la pièce. Il para une attaque du deuxième et arracha un bras au troisième tout en envoyant un coup de pied à celui derrière lui.

"- Tu dois apprendre le plus de danses possibles d'ici le bal. Victoria et Dino se partageront le travail. Evidemment, cet apprentissage passe avant tout."

Deux autres mannequins s'effondrèrent au sol, leur structure métallique entièrement déformée. Hibari grinça des dents et démonta les deux derniers tout aussi facilement. Il se redressa, les toisant d'un air méprisant, sans même prendre la peine d'essuyer les quelques gouttes de sueur qui constellaient son front. Il faudrait qu'il pense dire à Giannini d'augmenter le niveau. Là, la rage qui bouillonnait dans son corps et enflammait chaque goutte de son sang ne s'était presque pas calmée.

Sept autres poupées de métal surgirent des placards, et il se remit en garde.

"Insinuerais-tu que je doive stopper mon enquête ?

- Kyôya, comme je te l'ai dit, cette alliance passe avant tout. Ce n'est que provisoire, le temps de s'assurer que-"

Ses deux mains s'abattirent à plat sur la table alors qu'il se penchait par-dessus le bureau, fou de rage.

"Je veux bien me prêter à cette affreuse mascarade, siffla-t-il sur un ton déformé par la colère. Mais ne me demande pas, ne m'ordonne (et ce mot fut presque craché) pas, surtout pas, d'arrêter cette enquête. Tu crois quoi ? Que cet anneau sur ton doigt te donne le droit de contrôler les actions d'un carnivore ? Tu restes un herbivore Tsunayoshi. Et les herbivores n'ont pas à me dire que je dois arrêter quelque chose comme ça."

Un sifflement de douleur passa la barrière de ses lèvres alors que la lame d'un des mannequins déchirait sa cuisse. Un sourire vint serpenter sur son visage et il cassa l'épée en deux, se délectant des signaux de douleur que lui envoyait sa jambe à chaque mouvement.

Il voulait se battre.

"Bien, avait répliqué le châtain, pas effrayé pour un sou. Mais si, dans trois semaines, j'estime que tu n'as pas atteint le niveau de danse nécessaire, cette fois tu n'auras pas d'autres choix que de te consacrer entièrement à tes cours. Et crois-moi, tu ferais mieux de ne pas trop me pousser à bout.

- Tu ne me fais pas peur.

- Et toi, tu ne me fais plus peur, avait rétorqué Tsuna, tout sourire."

Il voulait se battre. Il voulait sentir la chair sous ses armes – et pas juste du métal. Il voulait voir ses ennemis cracher du sang quand il les frapperait au ventre, s'écrouler à ses pieds, et crier d'agonie – mais pas trop longtemps, il avait mal à la tête sinon. Il voulait sentir le goût âcre du sang sur sa langue, mélangé à la poussière et la peur de ses adversaires. Il voulait ressentir cette douleur déchirante et délicieuse à chaque blessure, l'adrénaline couler dans ses veines, le dopant plus efficacement que n'importe quelle drogue. Il voulait cette bouffée de chaleur qui lui montait au cerveau, qui brouillait ses sens, qui contractait son cœur, à chaque combat un tant soit peu intéressant.

"Tes cours commencent demain, dans la salle 567. Tu verras, Victoria est vraiment très gentille. Oh, et voilà le dossier sur Fiona Cardellino. Il y a des photos dedans aussi. Dis à Hayato, qu'il peut entrer."

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Hibari ouvrit les yeux et tendit le doigt pour permettre à son oiseau de se poser. Il passa le bout d'un index sur son petit corps, appréciant la douceur des plumes, et le laissa repartir. Il bâilla largement, avant de se lever. Il avait des cours de danse à prendre.

Il n'eut pas trop de mal à trouver la salle dans laquelle ses leçons devaient se dérouler. C'était une grande pièce, recouverte de miroirs, au sol lambrissé et aux lustres pendant du plafond somptueusement décoré. Il l'observa pendant quelques secondes, notant rapidement toutes ses caractéristiques (un miroir légèrement décroché qui cachait sûrement une porte, une latte qui sonnait creux) avant de se tourner vers un point précis.

- Arrête ton petit tour et viens. Je n'ai pas que ça à faire. fit-il d'un ton froid.

Des couleurs apparurent soudain de nulle part, comme si on venait de jeter un pot de peinture sur une surface transparente. Elles se propagèrent, jusqu'à dessiner les contours de deux bras, d'un torse, et de deux jambes. Quelques instants plus tard, une jeune femme à l'air strict, aux cheveux noirs tirés en une lourde queue de cheval et aux yeux d'un gris orageux apparut, vêtue d'un simple justaucorps gris et de leggings noirs.

- Enchantée, dit-elle d'un air pas enchanté du tout. Victoria Dawn. Et puisque "tu n'as pas que ça à faire", tu vas directement commencer à t'échauffer. J'imagine que tu n'as pas besoin de dessins pour savoir ce qu'il faut que tu fasses, je me trompe ?

Hibari lui décocha un regard noir, qui n'eut pas l'air de l'affecter plus que ça. En même temps, si elle était dans la division de l'ananas, elle avait dû en voir des pires…

Avec mauvaise volonté, il s'exécuta, procédant à quelques étirements habituels sur toutes les parties de son corps. Une fois qu'il se fut assuré qu'il pouvait faire des grands écarts et des Y sans problèmes, il se tourna vers Dawn, qui n'avait pas bougé, l'observant d'un œil critique.

- Hmm, finit-elle par dire. Pas mal.

Piqué dans son orgueil, Hibari s'apprêta à répliquer vivement, mais il fut stoppé par un bras se posant sur son épaule.

- Quoi ? se moqua la brune devant l'air qu'il devait afficher. Ne me dis pas que tu ne savais pas que, pendant les danses, il y avait des contacts ?

Il se ressaisit rapidement et fusilla sa "partenaire" du regard.

- Bien sûr que si, siffla-t-il rageusement.

Dawn haussa les épaules.

- Dans ce cas, tu n'es pas un cas si désespéré que ça je suppose. On va d'abord voir les positions de tes mains. Où penses-tu que tu doives les poser ?

Hibari hésita un peu. Les yeux gris le fixaient, impassibles. Finalement, il posa sa main d'un air qu'il espérait assuré sur la hanche de Dawn.

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Trois heures plus tard, il sortit de la salle complètement fourbu. Cette femme était un démon. Pas étonnant qu'elle soit dans la division de l'ananas.

Elle l'avait fait enchaîner exercices sur exercices, lui donnant quelques bribes d'explication quand il semblait en avoir vraiment besoin, lui lançant une remarque acide dès qu'il faisait quelque chose de travers. Il répliquait, évidemment, mais étant donné qu'ils avaient tous deux reçu l'interdiction formelle d'en venir aux mains, ils n'allaient jamais trop loin.

De retour dans sa chambre, Hibari s'étira longuement, avant de se déshabiller et d'entrer dans sa salle de bain. Le long filet d'eau chaude qui ruissela sur lui finit de le détendre et il resta ainsi un long moment, jusqu'à ce que la peau de ses doigts finisse par se friper. Ayant horreur de ça, il se dépêcha de sortir et se rhabilla – avec d'autres vêtements que ceux qu'il portait pour son cours de danse, ces derniers étant trempés de sueur. La danse était décidément un sport très intense.

Il passa aux cuisines pour se préparer un rapide sandwich. Puis il sortit dans les jardins et dégusta son déjeuner, flânant au milieu des bassins et de la jungle de fleurs et d'arbres.

Une fois son quignon émietté pour les oiseaux, il revint à l'intérieur. Ses pas résonnaient sur les sols parfaitement polis et il ignora comme toujours les herbivores divers qui le saluaient. Il gravit une volée de marches et se retrouva devant une porte en chêne imposante, de plusieurs mètres de hauteur, incrustée de motifs en argents qui serpentaient sur toute sa largeur, s'entremêlant pour former des motifs abstraits.

Généralement il prenait quelques secondes pour admirer les dessins, mais là il se contenta d'entrer rapidement et de marcher jusqu'à sa table habituelle. Située au fond de la bibliothèque, elle était presque invisible pour ceux qui ne savaient pas qu'elle était là et permettait de voir une grande partie des rayons. Il la trouvait habituellement telle qu'il l'avait laissé la fois d'avant, mais là une grande pile de dossiers s'élevait dessus. Intrigué, il saisit celui situé au-dessus.

"LISTE DES PASSAGERS DES VOLS EN DIRECTION DU JAPON - ANNEE 2***"

Ses yeux s'écarquillèrent et son regard tomba sur le couverture du deuxième dossier. Une couverture noire qui portait le titre "INFORMATIONS SUR LES PASSAGERS DES VOLS EN DIRECTION DU JAPON – ANNEE 2***"

Sa main tremblait quand il ouvrit le premier dossier. Les noms en petit caractères noirs s'étalaient sur la première page par dizaines, classés par ordre alphabétique. Il respira profondément, tentant de calmer les battements de son cœur.

Un mouvement dans le rayon de littérature russe lui fit relever les yeux. Deux prunelles d'un vert émeraude rencontrèrent les siennes avant de se détourner et de disparaître au milieu des rayonnages poussiéreux. Hibari ne put s'empêcher de laisser apparaître un léger rictus au coin de ses lèvres.

Puis il s'assit, prit une feuille et un stylo, enfila ses lunettes et commença à déchiffrer les listes interminables de noms.

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Il prit haleine un instant, appuyé contre un vieux mur, et se remit à monter. Le sentier était étroit et tortueux, assombri par le feuillage des arbres qui poussaient tout autour. Bientôt, il arriva sur un immense roc qui surplombait le paysage alentour. Debout, il regardait le ciel, embrasé par le soleil couchant de cette fin d'été. Les nuages se teintaient de rouge au fur et à mesure de la descente de l'astre. Les champs au-dessous s'étendaient à perte de vue et semblaient comme recouverts de sang.

Un sourire paresseux s'installa sur ses lèvres. Il s'allongea à plat ventre sur son rocher et sortit de la poche intérieure de sa veste un petit pistolet, noir et brillant. Un pistolet fait pour les attaques à courte portée. Son sourire s'agrandit et il tira sur les petites silhouettes noires qui s'agitaient là, en dessous de son rocher, loin, si loin, si insignifiantes.

Une Flamme jaune, assez faible, vint recouvrir les balles. Il se retourna sur le dos, croisa les bras sous sa tête, et ferma les yeux, appréciant la caresse du soleil déclinant sur son visage.

Son sourire se changea en rictus amusé alors qu'une présence apparaissait à côté de lui.

- C'étaient mes proies. grogna une voix grave.

- Je sais.

La brûlure d'une flamme près de son visage augmenta son sourire. La portion de rocher sur laquelle il était allongé bascula en arrière dans un bruit sourd. Il se laissa tomber lentement dans le vide, le vent sifflant à ses oreilles au fur et à mesure qu'il prenait de la vitesse.

Il ouvrit brusquement les yeux. Sa Flamme surgit de son anneau, l'entourant d'une douce lumière violette. L'arbrisseau rachitique qui poussait dans une faille de la roche vit soudain ses branchages se démultiplier et il s'y réceptionna souplement. A cheval sur une branche, il leva la tête et croisa deux pupilles d'un rouge sanglant. Un rire fou monta en lui. Il le contint.

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Il faisait froid. Très froid. Beaucoup trop en tout cas pour lui qui ne portait que son pyjama noir et un gilet trop petit enfilé à la hâte. Ses chaussons se mouillaient lentement et ses mains étaient gelées. La neige tombait paresseusement autour de lui, des flocons blancs venant se perdre au milieu de ses mèches noires. Des petits nuages blancs surgissaient devant son nez à chaque expiration. Les flammes dansaient dans ses prunelles bleues.

Il faisait chaud. Trop chaud. Tellement chaud que la neige disparaissait dès qu'elle s'approchait trop de la maison. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Il ne la voyait plus très bien, la maison. Les flammes étaient partout autour, la dérobant à ses yeux. Tout n'était plus que rouge et orange pour lui. Le feu montait haut, haut, haut, jusqu'au toit, et semblait caresser les murs de la maison, doucement, tendrement, les noircissant petit à petit, jusqu'à ce qu'ils tombent en minuscules cendres grises qui se perdaient au milieu des flocons.

C'était beau. Il aurait aimé que sa Maman soit avec lui pour voir ça. Mais elle était retournée dans la maison après l'avoir laissé là, lui ordonnant de ne pas bouger, de ne pas s'approcher. Elle avait dit qu'elle devait aller chercher la vieille dame, qu'elle reviendrait après. Alors il attendait. Ne bougeait pas. Admirait en silence les flammes qui décoraient de chaudes couleurs les murs de sa maison, suivait du regard les minuscules fragments dansants qui s'en détachaient pour aller illuminer le ciel sombre, se laissait bercer au rythme des crépitements du feu qui ressemblaient tant au rire de la vieille dame. Et attendait.

Quelques rayons de soleil vinrent percer la couche de nuages. Un oiseau chanta quelque part dans les bois. Les flammes avaient presque disparu. Il attendait toujours.

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Soupir.

Quelques gouttes de sang tombèrent à terre.

- Rappelle-moi ce que je suis venu faire ici.

- Euh… Prendre des cours de danse ?

- Alors pourquoi est-on enfermés dans une salle minuscule et sombre ?

-… P… Parce que je suis malencontreusement tombé et que j'ai déclenché un ancien mécanisme mis en place pour piéger les ennemis ?

- Et pourquoi ne peut-on pas sortir ?

- Ca ne s'ouvre que de l'extérieur et je ne sais pas où est passé Romario ?

Autre soupir.

- Je peux te mordre à mort ?

- Non.

Hibari poussa un nouveau soupir et se laissa glisser contre le mur. Il était maudit. Il n'y avait pas d'autre explication.

.

Un dossier tomba lourdement sur la table, lui cachant les informations qu'il était en train d'étudier. Il l'écarta fermement, ne daignant même pas lever les yeux vers le nouvel arrivant.

- Ce sont les informations sur ta future belle-famille, fit la voix de l'herbivore d'un ton ironique. Je te conseille d'y jeter un coup d'œil, ça m'étonnerait que tu aies réussi à tout récupérer.

L'herbivore s'éloigna. Hibari attendit que sa présence disparaisse totalement pour marquer un dernier nom sur sa liste et s'emparer du dossier.

Il étudia attentivement le sommaire que les Vongolas s'étaient donnés la peine de faire, et qui s'enrichirait au cours des années… avec peut-être son nom dedans.

Il repoussa fermement cette pensée et, tournant la page, se concentra sur sa lecture.

"La Cardellino Famiglia est née en 1816, à Naples, suite à la fusion entre deux familles, les Petirosso et les Passero. Son premier Boss, le Primo Cardellino, a aussitôt mené une politique sévère et rude, s'imposant rapidement parmi les autres familles de Naples. Il fut tué en 1828, suite à un attentat (pour plus de précision, voir "Le Primo Cardellino"). N'ayant pas eu d'enfants, ce fut son neveu qui lui succéda. Bien que celui-ci veuille également étendre l'influence de sa Famiglia, il se préoccupa plus des jeux d'alliances que son oncle et se fraya un chemin tout diplomatique jusqu'à Rome. Il mourut en 1845 lors d'un banquet (voir "Le Secondo Cardellino"). Il s'était marié entre-temps avec la fille du Terzio Sgombro, une famille qui avait alors la mainmise sur tout ce qui touchait aux ports. De leur union étaient nés deux jumeaux, un garçon et une fille. La mère décéda lors de l'accouchement, et depuis les deux enfants ne s'étaient jamais quittés. Lorsque ce fut au tour du fils de prendre les rênes de la Famiglia, il ne fit rien sans demander préalablement l'avis de sa sœur. Plusieurs années se déroulèrent tranquillement, les jumeaux étant satisfaits de la position sociale de leur Famiglia et ne voyant pas l'intérêt de grandir encore leur influence. Cependant, certaines personnes (voir "Le Terzo Cardellino") auraient préféré le contraire. C'est ainsi qu'elles firent en sorte d'influencer la sœur, la poussant à prendre de mauvaises décisions, qui eurent quelques répercutions assez désastreuses. Ces personnes allèrent ensuite voir le Terzo et le convainquirent que sa sœur planifiait son meurtre afin d'avoir la pleine maitrise de la Famiglia. Fou de rage, le Terzo tua alors sa sœur et, suivant toujours les conseils de ceux qu'il avait désigné comme ses plus fidèles hommes, entraina sa Famiglia dans une vraie guerre de pouvoir et de domination. Il fut tué en 1860 lors d'un affrontement (voir "Le Terzo Cardellino"). N'ayant pas eu d'enfants, ce fut le fils de sa sœur, son neveu, qui lui succéda. Le Quarto, qui avait appris les circonstances de la mort de sa mère, commença par faire exécuter ses meurtriers. Mais sa soif de vengeance ne fut pas apaisée et il continua l'œuvre de son oncle, provoquant et détruisant quiconque osait se dresser sur son chemin. Cependant, les Cardellini n'étaient pas assez puissants pour se confronter aux grandes familles de Rome et de Sicile (siège des Vongolas). Ils eurent le malheur d'empiéter sur le territoire des Cavallone, et le Boss actuel les élimina rapidement, en 1866 (voir "Le Quarto Cardellino") Les Cardellini disparurent alors du devant de la scène pendant plusieurs décennies, durant lesquelles le Quinto Cardellino (mari de la fille du Quarto) restaura petit à petit les énormes dégâts causés à sa famiglia. Ce fut sans aucun doute le règne le plus paisible de tous, et aussi le plus long (bien que le Settimo ne soit pas loin de rattraper le Quinto). Le Quinto disparut en mars 1918 (voir "Le Quinto Cardellino"). Son fils eut un règne légèrement plus tumultueux, tentant de renouer les alliances perdues. Il réussit néanmoins à garder sa place de Boss jusqu'en 1964 (voir "Le Sexto Cardellino"). Son fils n'avait alors que cinq ans, et il fallut instaurer une régence en attendant que le futur petit Settimo ait les capacités requises pour gouverner une famille. Les personnes à la tête de cette régence perdirent alors tous les maigres fruits du travail accompli par le Sexto. Lorsque le Settimo arriva au pouvoir, il fut effaré par ce qui s'était produit et fit "disparaître" les coupables (voir "La régence des Cardellini"). Il travailla alors d'arrache-pied à la reconstruction de sa Famiglia. Il contacta tous ses anciens alliés, s'excusa de la conduite de ses prédécesseurs, s'empara des territoires de certaines petites familles et réussit finalement son plus grand tour de force en nouant une alliance avec les Cranio le 12 mai 2***. Les termes de cette alliance sont encore inconnus du public. Le Settimo a annoncé deux mois plus tard qu'il pensait se retirer bientôt du commandement de sa Famiglia et laisserait les rênes à sa petite-fille, Fiona, son fils et sa belle-fille étant morts il y a vingt-six ans de ça (voir "Lorenzo Cardellino"). Ceci est une grande première dans l'histoire des Cardellini qui n'ont encore connu aucun Boss féminin.

Il y avait à côté une phrase griffonnée d'une écriture facilement reconnaissable, qui fit grogner Hibari.

Un mariage entre Fiona Cardellino et l'alouette asociale des Vongolas, aussi connue sous le nom de "Gardien des Nuages" ou "Hibari Kyôya" serait à prévoir. Nous attendons cependant le bal d'octobre pour nous prononcer précisément.

Hibari se promit de mordre correctement à mort le poulpe, d'autant plus qu'il savait déjà toutes ces informations. Il referma le dossier en soupirant. Encore une fausse piste.

Il s'apprêtait à reprendre ses interminables listes de noms quand un petit Post-It rouge accrocha son regard. Il était placé vers la fin du dossier. Le brun fronça les sourcils et se ressaisit de l'épais document. Le poulpe avait intérêt à avoir une bonne raison pour le retarder ainsi dans ses recherches.

Il ouvrit furieusement le dossier à la page marquée et remarqua aussitôt les lignes surlignées en rouge. Ses yeux bleus sautèrent d'un mot à l'autre, s'écarquillant de plus en plus. Les battements de son cœur s'accélérèrent au fur et à mesure de sa lecture. Une feuille vola au sol quand il referma brusquement le dossier. Le souffle court, encore plus pâle que d'habitude, Hibari tenta de se calmer, de se reprendre, la tête pleine de ce qu'il venait d'apprendre, le cœur serré.

Il y était. Presque.

.

- Qu'est-ce que tu veux déchet ? grogna Xanxus sans même relever la tête des documents éparpillés sur son bureau.

Hibari s'approcha jusqu'au meuble et se pencha légèrement, posant ses mains à plat sur les feuilles étudiées par le balafré. Xanxus releva la tête en grognant – parfois Hibari se demandait si c'était la seule chose qu'il savait faire – et le fusilla du regard. Le Nuage se laissa engloutir par les prunelles rougeoyantes et retint le frisson qui montait le long de son dos. Les grandes mains brunes étaient à quelques centimètres à peine des siennes et il pouvait sentir sans peine la chaleur qui en émanait. Il mourrait d'envie de s'en saisir, de laisser cette chaleur englober tout son corps et le réchauffer enfin, le réchauffer jusqu'à ce qu'il en brûle. Il savait qu'il lui suffisait de tendre le petit doigt pour effleurer la peau brûlante, qu'il lui suffisait de se pencher un peu pour accueillir les lèvres de Xanxus contre les siennes… et perdre, parce que le brun n'esquissait aucun mouvement, se contentant de le regarder sans ciller.

- J'ai besoin de quelque chose.

- Je ne vois pas pourquoi je t'aiderai.

La voix était basse et grondante, mais toujours avec cette pointe moqueuse, si différente de celle de l'illusionniste.

- Je n'ai jamais demandé d'aide.

Même s'il savait très bien comment l'obtenir. Ils avaient tous deux compris rapidement les règles du jeu et se battaient constamment pour être celui qui déciderait les suivantes. Et bien qu'en ce moment ils soient sur un pied d'égalité, il suffisait d'un rien pour que tout bascule en faveur de l'un ou de l'autre.

- Explique-toi alors. J'ai autre chose à faire que d'écouter les élucubrations d'un déchet comme toi.

- Faire quoi ? Tester un nouvel alcool ?

- Je t'emmerde.

- Non merci.

Les deux s'affrontèrent encore du regard pendant quelques secondes. Puis Hibari ouvrit légèrement la bouche et Xanxus se leva brusquement, envoyant valser les feuilles.

- Dis.

Au lieu de quoi Hibari se laissa tomber sur un des deux canapés qui encombraient le bureau du Varia.

- Comment va l'herbivore ? fit-il en appréciant la mollesse des coussins dans son dos.

- Morte. C'était juste un déchet d'espion.

Hibari bâilla. Ce genre de chose arrivait cinq fois sur six. Pas de quoi en faire tout un plat.

- J'imagine que je n'ai même pas à te poser la question ?

- Je suis toujours célibataire, mais plus pour longtemps, fit le brun en posant sa tête contre le dossier.

Xanxus s'arracha à la contemplation de la fenêtre.

- Comment ça ?

- Tu ne sais pas ? fit mine de s'étonner Hibari. Bah, c'est vrai que je ne vois pas pourquoi quelqu'un irait se donner la peine d'annoncer quelque chose à un banal Roi des Singes comme toi.

Xanxus respira fort, essayant de se calmer et surtout ne pas sortir ses pistolets pour buter le déchet qui se moquait de lui. Ca lui ferait trop plaisir à cet idiot.

- Je vais me marier, lâcha finalement Hibari comme s'il parlait de la météo.

Un jet de Flammes s'écrasa à l'endroit où se tenait sa tête i peine quelques secondes et il se releva en souriant. La tapisserie du canapé commençait à brûler, les flammes prenaient bien. Il s'approcha du minuscule feu, fermant les yeux pour mieux apprécier la chaleur qui émanait des flammes. A l'autre bout de la pièce, Xanxus rangeait ses pistolets comme si de rien n'était.

- Pourquoi.

Hibari le regarda, son éternel rictus aux lèvres.

- Parce que je suis tombé fou amoureux.

Un autre jet de Flammes s'abattit sur le tapis. C'était l'herbivore bruyant qui allait râler. Pas comme s'il s'en souciait.

- Tu es tellement idiot. Une alliance évidemment. Fiona Cardellino.

Xanxus fronça les sourcils.

- A cause de leur alliance avec les Cranio ?

- Tu es plus intelligent que je ne le pensais Roi des Singes. Tu as appris à compter jusqu'à quatre ?

- La ferme. Pourquoi tu veux mon aide ?

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Le sang gicla, éclaboussant la veste d'Hibari. C'était pour ça qu'il n'aimait pas les armes à feu. Bien trop salissant. Il lécha pensivement les quelques gouttes qui s'étaient déposées sur son doigt et se retourna, bloquant l'attaque de l'autre de la pointe de son tonfa.

- Et bien, tu n'as toujours pas saisi le concept d'allié, Roi des Singes ?

Xanxus le fusilla du regard et, fermant le poing, le lui envoya en plein visage. Hibari l'évita aisément, le goût du sang qu'il avait avalé le dopant plus efficacement que n'importe quelle drogue. A moins que ce ne soit les prunelles rouges. Rouge sang. Brûlant. Brûlant. Il ferma les yeux en sentant sa tête heurter violemment le sol, avant de les rouvrir pour regarder Xanxus.

Et il était là, juste en dessous de lui, juste en dessous de sa main, de sa Flamme qui pouvait aisément lui cramer le cerveau. Il était là, à la frontière entre la vie et la mort, et il semblait contenir un fou rire dans son visage, dans ses yeux pétillants, dans ses lèvres qui s'étaient étirées en un sourire moqueur ou amusé, il ne savait plus faire la différence.

Il était là, et il observait les Flammes qui dansaient au-dessus de ses yeux, il se perdait dans leurs couleurs chatoyantes, il sentait leur chaleur lui brûler le visage, le faire se sentir vivant, plus vivant que jamais, comme à chaque fois qu'il touchait ce corps chaud et qu'il se souvenait, qu'il se souvenait de la maison qui brûlait, des cendres qui volaient, des poutres qui tombaient, de la neige qui recouvrait son visage alors qu'il attendait.

Il avança la tête vers la main brune. Les Flammes disparurent quelques millièmes de seconde à peine avant qu'il ne vienne poser sa bouche au creux de la paume encore brûlante. Xanxus ne cilla pas, se contentant d'émettre un vague grognement quand une langue râpeuse vint lécher sa paume, taquiner ses phalanges et engloutir le bout de ses doigts dans une bouche chaude et humide.

Il ne cilla pas quand l'autre relâcha sa main, un filet de salive reliant encore son index aux lèvres fines. Il ne cilla pas quand la bouche alla s'attaquer à son cou, dévorant et marquant la moindre parcelle de peau. Il se contenta de fermer les yeux lorsque sa pomme d'Adam fut enveloppée par une paire de lèvres humides et mordillée délicatement.

Les baisers remontèrent, plus hauts dans son cou, brûlant chaque parcelle qu'ils couvraient. Avec un soin infini, ce foutu déchet s'acharnait à le rendre fou, à le faire se consumer de désir pour quelque chose qui n'arrivait pas, qui n'arriverait jamais. Avec un grognement rauque il entoura la taille de l'autre de ses bras et plaqua ses lèvres contre les siennes. Et il sut qu'il avait perdu cette partie.

Hibari se releva lentement, un sourire vainqueur au coin des lèvres (ces lèvres si froides, si proches, si inaccessibles).

- Les billets, susurra-t-il.

.

- Quoi ?

- Veuillez me pardonner de vous avoir dérangé Kyô-san. Mais je viens de recevoir un appel de Romario-san.

Hibari bâilla. Il rentrait juste de Grèce et n'était pas encore tout à fait remis du voyage.

- Dino-san ne pourra pas assurer vos cours du dimanche. Il est appelé en urgence au Brésil. Une de ses bases a été attaquée là-bas, ses hommes ont besoin de renfort et de motivation. Il y restera sûrement plusieurs semaines.

- Et ?

- Tsunayoshi-san a réussi à lui trouver un remplaçant…

Hibari haussa un sourcil. L'appréhension de Tetsu face à ce qu'il allait dire était assez palpable pour qu'il redoute le pire.

- Xanxus-san a accepté de vous servir de professeur à la place de Dino-san. termina rapidement Kusakabe, le front dans la poussière, redoutant la réaction de son supérieur.

Hibari ferma les yeux et inspira, sa main se crispant sur le bord de la table qu'il tenait.

- Tu peux sortir Tetsu.

Sa prise se desserra alors qu'il expirait. La table était fendue en deux, brûlée.

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Un couteau vola vers lui à peine la porte refermée. Il l'attrapa entre deux doigts.

- Je pensais qu'on n'avait pas le droit de combattre, fit-il d'une voix froide.

Le couteau se dissipa dans un mince filet de brume.

- Il reste un peu plus de deux semaines avant le bal, résonna une voix en écho. J'ai demandé deux heures de plus avec toi chaque jour.

- Je ne pensais pas que tu m'appréciais autant.

Un autre couteau vola vers lui, qu'il dévia à l'aide de son tonfa.

- Tu es juste trop nul pour y participer. Et tu ne t'amélioreras pas en si peu de temps. Encore moins si tu ne t'y mets pas à fond.

- La danse est un sport d'herbivore.

- Ce sont les faibles qui pensent comme ça.

- Je suis un carnivore.

- Tu n'y ressemble pas toujours.

Hibari serra les dents et sa prise sur ses tonfas se resserra en même temps qu'un grondement montait du fond de sa gorge. Il se sentit soudain agrippé par la manche et une musique retentit alors qu'il était entrainé dans une danse rapide.

- Tu n'y arrives pas, souffla l'autre.

Il tourbillonna sur lui-même.

- Tu ne fais pas assez d'efforts.

Sa main vint entourer le bras de la femme.

- Tu es faible.

Il trébucha. La musique s'arrêta.

- Pathétique, ricana l'autre.

Et il se releva.

.

Le regard rouge ne le lâchait pas alors qu'il glissait sur le sol au rythme de la musique. Il retint un frisson sous la sensation des larges mains se posant sur sa taille. Les siennes se dirigèrent presque par automatisme autour du cou de l'autre, avant de revenir sur ses épaules et de caresser doucement la peau, de s'imprégner de cette chaleur qu'il ne sentait jamais qu'au travers des vêtements.

Il sourit quand les doigts se crispèrent alors qu'il jetait sa tête en arrière, dévoilant son cou. Il sourit quand il sentit les pans de la chemise de l'autre effleurer son ventre. Et s'éloigna d'un coup alors que les effleurements se faisaient plus pressants.

.

Il restait deux jours avant le bal. Deux jours, et Hibari dansait avec Xanxus, plus abandonné que jamais. Ses gestes lui semblaient désordonnés, saccadés, ridicules. Il s'abandonnait entièrement au corps contre lui, aux vêtements froissés qui irritaient sa peau, aux prunelles rouges qui le transperçaient et à la chaleur qui le consumait. Il dansait, intégrant l'autre à ses gestes, n'imaginant rien sans lui – quelques minutes, quelques minutes durant lesquelles ils partageaient un même univers.

Il se stoppa comme la dernière note résonnait, le souffle court, les joues rouges, et les lèvres à quelques millimètres de celles de l'autre.

Des applaudissements retentirent, répétés à l'infini par les hauts murs. Victoria se détacha d'une des parois, le regardant, moqueuse.

- Tu vois que tu peux y arriver quand tu le veux. Danse comme ça avec la petite Cardellino et tu l'auras sans problèmes.

Et les mains autour de sa nuque semblaient vouloir l'étrangler – ou mieux, le réduire en cendres grises et légères.

.

Ses yeux verts présentaient toutes les nuances des sous-bois ombragés. Ses boucles rousses cascadaient sur ses épaules et sa gorge blanche en une avalanche flamboyante, encadrant son visage aux traits fins et intelligents.

Les rayons du soleil couchant passaient à travers les grandes baies vitrées, venaient caresser les cheveux roux, les enflammer, les transformer en langues de feu, en étincelles surgissant à chaque mouvement de tête. Ses petites mains virevoltaient dans les airs au rythme de son débit passionné.

Sa robe descendait en dégradés de bleu jusqu'à ses chevilles, laissant à découvert ses bras fins. Un simple collier d'argent décorait son cou, se finissant en une émeraude qui reflétait la couleur de ses yeux.

Hibari s'avança lentement vers elle, dans son habit officiel. Il s'inclina légèrement, sentant dans son dos les regards de tous les herbivores présents. Il retint un rictus. Et invita Fiona Cardellino à danser.

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Il croisa les yeux rouges alors qu'il se mettait en place sur la piste de danse, Fiona à son bras. Il sourit. Et commença à valser, s'abandonnant dans les yeux verts comme il avait fait quelques jours plus tôt avec les prunelles flamboyantes.

Fiona ne parla pas durant la danse. Elle semblait savoir qu'il n'était pas d'un naturel bavard. Elle se contenta de lui sourire timidement une ou deux fois et de se concentrer sur ses pas le reste du temps. Lui, il essayait d'oublier la chaleur qui lui brûlait le dos dès qu'il s'aventurait trop près d'un certain balafré.

Mais les cheveux roux captaient toujours son regard, le distrayant efficacement du regard de braise qui pesait sur lui. Ils semblaient animés d'une vie propre, s'enflammant à chaque mouvement, flammes tirées d'un feu céleste pour parer une femme.

La danse s'acheva et la chevelure s'agita comme Fiona lui proposait de sortir – il faisait trop chaud, il y avait trop de monde, elle étouffait, pourquoi ne pas profiter du jardin ? Il fixait toujours ses cheveux, qui semblaient l'inviter à les toucher, à les saisir, à vérifier qu'ils étaient bien réels, bien matériels, et qu'ils ne brûlaient pas, qu'ils ne détruisaient pas comme le feu dont ils étaient tirés.

Ils accueillirent l'air frais de la nuit avec soulagement. Fiona avait maintenant un léger châle vaporeux sur les épaules, parce que ses hommes avaient toujours peur qu'elle prenne froid lui expliqua-t-elle.

Ils flânèrent un moment entre les buissons et les arbres sombres, parsemés de fleurs et de couples qui ne pouvaient pas s'afficher au grand jour. Hibari apprécia le silence de sa partenaire, qui ne tentait rien pour le faire parler et profitait juste du parc, comme lui. La lune blanche et ronde qui se levait nimbait sa chevelure de feu d'un halo argenté, fantomatique ou féérique, il n'avait jamais saisi la différence. Ils arrivèrent dans un coin silencieux, comme éloigné de tout, recouvert d'herbe verte et grasse qui scintillait doucement sous la lueur des étoiles. Fiona s'y assit en riant et l'invita à la rejoindre en tapotant la place près d'elle. Puis elle s'allongea, sa longue chevelure étendue en étoile autour de sa tête, les bras croisés derrière la nuque, son châle se perdant dans la pelouse comme ses yeux dans le ciel d'un noir bleuté. Hibari se surprit à l'observer, à apprécier la finesse des traits, la sérénité qui se dégageait en ce moment du visage blanc, l'étroitesse de la taille, le vert des yeux. Elle croisa soudain son regard et sourit alors qu'il détournait la tête, se maudissant intérieurement sans même savoir pourquoi.

Une petite boule jaune apparut alors en pépiant joyeusement. Hibari leva le doigt pour l'accueillir et caressa d'un geste machinal les plumes douces. Hibird le remercia en lui mordillant l'oreille et s'envola à nouveau.

- Il est mignon.

- Hn.

Fiona ne put retenir un léger rire cristallin qui se perdit dans la brise d'automne. Hibari se retourna vers elle.

- Tu l'as depuis quand ?

Ils avaient adopté le tutoiement sans même s'en rendre compte, sans s'y contraindre, sans s'en formaliser. Ils ne voyaient pas d'autre moyen de communiquer.

- Longtemps, fut la seule réponse d'Hibari.

Fiona sourit, encore, comme si elle comprenait plus qu'il ne voulait savoir, et ses yeux verts retournèrent se perdre dans les étoiles.

- C'est assez drôle quand même, tu ne trouves pas ?

Hibari ne répondit pas, le regard fixé sur un brin d'herbe qui s'agitait doucement.

- Je veux dire, on s'est rencontrés il y a même pas deux heures, et tout le monde sait déjà qu'on va… qu'on va se marier. "Sûrement" disent certains, j'ai entendu.

- On a encore le temps, répondit Hibari, sa voix grave coupant sur le ton léger de la jeune fille.

Fiona éclata de rire.

- Le temps de quoi ? De tomber amoureux ? (elle se tourna vers lui, les yeux brillants). Ou de se trouver un amant, une maîtresse, pour plus tard ? Pour avoir quelqu'un à retrouver une fois que nous aurons donné naissance à un héritier ?

Hibari s'allongea à son tour dans l'herbe, un soupir menaçant de franchir la barrière de ses lèvres.

- Tu ne veux pas m'épouser, fit-il simplement. Ce n'était ni un reproche, ni un amusement, juste une constatation.

Fiona secoua juste la tête, l'éclat de ses cheveux semblant s'intensifier.

- Ce n'est pas contre toi, c'est juste que… je suis encore jeune, j'ai encore toute la vie devant moi. Je… j'aurais aimé pouvoir sortir comme les filles de mon âge, avoir des petits-copains, autant que j'en aurais envie, être aussi cliché que tous les jeunes, jusqu'à ce que je veuille me caser définitivement. Pas me retrouver mariée à vingt-quatre ans pour le reste de ma vie. C'est glauque je trouve.

- Pas pour le reste de la vie.

Fiona lui jeta un regard interrogateur.

- Il suffit juste que l'un de nous deux meure, finit Hibari, un rictus amusé sur les lèvres.

Et la jeune fille éclata de rire. Elle rit de toutes ses forces, ses épaules blanches tressautant au rythme des sons qui agitaient son corps entier. Elle rit jusqu'à s'en étouffer, jusqu'à ce que des larmes coulent sur ses joues. Elle rit à s'en tordre par terre, à s'en plier en deux, semblant trouver cette possibilité vraiment drôle.

Hibari n'arrêta pas de la regarder pendant tout ce temps, son visage de plus en plus amusé lui aussi, comme s'ils partageaient une bonne plaisanterie sans importance.

Elle finit par se calmer au bout de plusieurs minutes et essuya rapidement les quelques larmes qui avaient coulé.

- Oui, fit-elle en reprenant sa respiration. Oui, au final il suffit juste de tuer l'autre pour être libre.

.

- Je suis très fier de toi Kyôya. Tu as parfaitement rempli ton rôle. J'ai reçu un message du Settimo. Il dit que sa fille a été charmée par ta délicatesse.

Hibari bâilla. Les discours de l'herbivore (omnivore quand il voulait bien s'en donner la peine) ne l'intéressaient pas. Il savait déjà tout ça, et quand il pensait à ce à quoi ça allait aboutir, il avait la nausée.

- Je veux que tu l'invites quelque part. Au restaurant par exemple. Non, pas par exemple. Tu dois l'inviter au restaurant. Si c'est elle qui t'invite après ça, alors on aura gagné, et tu pourras la demander en mariage, avant d'aller voir son père. Tu sais ce que tu devras faire après ?

Hibari hocha distraitement la tête.

- Bien. Je tiens juste à te rappeler que tu fais ce que tu veux avec Xanxus, et je veux pas savoir quoi exactement, tant que ça ne perturbe pas le mariage. Donc personne ne doit rien savoir.

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Hibari brandit ses tonfas. L'homme recula en balbutiant désespérément.

- Dis-moi la vérité herbivore. répéta calmement le brun.

- Je… je ne sais pas ! Je… vraiment, je ne sais rien, je ne vois pas de quoi vous parlez ! Pitié ! supplia l'homme en tombant à genoux.

Hibari lui décocha un coup de poing dans la mâchoire. L'homme vola à l'autre bout de la pièce.

- La vérité. intima Hibari.

- Je ne sais rien !

- La vérité. menaça Hibari.

- Je vous jure !

- La vérité. rugit Hibari, ses Flammes surgissant de son anneau.

L'homme glapit de peur devant ce signe de puissance et releva un regard empli de crainte sur le brun.

- La vérité, fit Hibari, qui était maintenant accroupi à la hauteur de l'autre, son tonfa froid placé contre la pomme d'Adam de l'homme.

- Je… je n'y suis pour rien ! sanglota l'homme. Je… je ne l'ai même pas fait ! Ils m'ont envoyé au Japon sans instruction, sans rien ! Et là-bas c'est quelqu'un d'autre qui a prit ma place ! Je n'ai rien fait !

- Qui.

L'homme le regarda avec étonnement, ne comprenant pas sa question. Hibari retint un soupir. Les herbivores étaient vraiment trop stupides.

- L'herbivore qui a pris ta place.

- Je… je ne sais pas… je ne l'avais jamais vu… balbutia l'homme. Et je ne me souviens plus son visaaaa-

Sa phrase s'acheva sur un râle de douleur comme il s'écroulait au sol, les yeux révulsés.

- Tu ne le tues pas ? s'étonna une voix grave d'un coin sombre.

- Il pourrait encore servir. se contenta de répondre Hibari. Je vais demander à Tetsu de l'emmener.

Il sourit comme un poing se dirigeait vers lui et l'esquiva avant de répliquer. En face, Xanxus souriait en miroir, parant sans difficulté visible les coups qu'il lui assenait. Sa Flamme commença à briller au creux de sa paume, et Hibari se laissa déconcentrer quelques instants, juste le temps de s'abreuver des nuances orangées qui dansaient furieusement, semblant vouloir s'échapper, bien qu'apprivoisées – mais qui pouvait véritablement apprivoiser le feu ?

Il gémit en se plaquant soudainement contre Xanxus, le mur derrière eux les soutenant. Il enserra les poignets du balafré de ses mains, son sourire s'agrandissant, et passa les menottes autour d'un geste vif.

Xanxus grogna, tentant vainement de se défaire des chaines. Hibari ouvrit habilement les boutons de sa chemise, les pans maintenant libérés venant frotter contre ses vêtements. Il passa le bout de ses doigts sur le torse bruni de cicatrices, puis les remplaça par sa langue, se réchauffant au contact de la peau brûlante. Sous lui, Xanxus grogna et glissa ses mains dans le dos d'Hibari, agrippant fermement ses fesses. Hibari laissa un léger gémissement résonner et retourna torturer le nombril de son prisonnier. Ses mains s'affairaient sur la ceinture de l'autre, cherchant à la dénouer, rendues malhabiles par les touchers constants du Varia. Enfin, le pantalon tomba, dévoilant un tissu tendu. Hibari sourit et releva les yeux vers Xanxus. Les prunelles rouges le fixaient sans ciller, n'attendant qu'un geste, qu'un seul. L'index d'Hibari bougea, frôlant la bosse apparente. Xanxus ferma les yeux. Et Hibari se dégagea vivement alors que les menottes tombaient au sol dans un cliquetis métallique.

- Rhabille-toi. On a un avion dans deux heures.

Et il sortit de la pièce comme un grognement de rage s'élevait derrière lui.

Il avait encore gagné.

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Son bureau était dans un désordre monstre. Des dossiers empilés en tours instables le recouvraient presque entièrement. Des feuilles s'en étaient échappées, remplies à ras bord de lettres noires trop floues pour qu'il les lise. Des paquets de mouchoirs vides traînaient dans un coin, quelques pièces gisaient sous des livres, un bout de gomme bleue le narguait, posé près de son ordinateur ouvert, mais à l'écran noir parce que sa lumière le fatiguait trop. Les batteries de son portable, de son ordinateur et de son appareil photo étaient emmêlées dans un enchevêtrement de nœuds. Une paire d'écouteurs reposait près d'un dessin que lui avait donné I-Pin quand elle avait huit ans. Une règle côtoyait le bouchon de sa clé USB et un crayon à papier.

Le reste n'était pas mieux. Des vêtements traînaient un peu partout en tas. Des livres gisaient au sol, son écharpe était posée sur le canapé avec un manteau, un pyjama et un kimono. Son sac posé près de la porte près de deux paires de chaussures dépareillées laissait voir un autre ordinateur, des feuilles, des dossiers bleu foncé et encore des livres.

Et lui il était assis au milieu de tout ça, sur sa chaise, regardant sans le voir le désordre de la pièce. Il semblait calme, comme si rien ne l'atteignait, le regard perdu dans le vide, bien loin de son habituelle acuité. Et pourtant, Hibari était tout sauf paisible.

Des milliers, des centaines de milliers de pensées se pressaient sans s'arrêter dans son esprit, trop vite pour qu'il puisse en arrêter une, trop lentement pour qu'il puisse passer à la suivante. Il butait, il trébuchait, il manquait de tomber face à chacune d'entre elles, il ne réussissait pas à les lier, il ne réussissait pas à comprendre, à trouver, enfin, enfin, ce qu'il cherchait. (Il ne savait même pas ce qu'il cherchait, mais ça n'avait pas d'importance). Il sentait qu'il lui manquait quelque chose, et ce manque générait un trop plein d'énergie, et il ne savait pas quoi en faire, et ce trop plein d'énergie l'empêchait de se lever, de ranger, de bouger, de faire quelque chose, tout sauf rester assis et se confronter à ses pensées, à ce tourbillon de vide et de tout. Il ne pouvait rien faire et devait tout faire.

Sur le bureau, son ordinateur crachait de la musique, une musique qu'il connaissait sûrement mais qu'il n'identifiait pas – parce qu'il n'y avait pas assez de place dans son esprit pour qu'il puisse penser à une chose aussi insignifiante. La lampe allumée à côté lui blessait les yeux mais il faisait trop sombre pour qu'il l'éteigne et il n'en avait pas envie.

La porte s'ouvrit et la tête de Tsunayoshi passa à travers.

- Kyôya, la voiture est prête. Dépêche-toi, on va être en retard sinon, et on n'est pas en retard à un rendez-vous galant.

La porte se referma et Hibari se leva de sa chaise comme un vieillard se serait levé. D'un geste lent, il fit glisser le morceau de papier qu'il tenait dans sa main serrée à l'intérieur de la poche de son pantalon, défroissa ses vêtements, laissa tomber la petite lame effilée au sol et sortit de la pièce.

.

Le chef herbivore l'avait accompagné jusqu'au petit restaurant dans une ville proche. Les lumières chaleureuses et l'ambiance feutrée avaient semblé le ravir et ils avaient attendu quelques minutes que Fiona arrive, escortée par son père. Les deux chefs de famille s'étaient salués et avaient échangé quelques banalités avant de les inciter à aller s'asseoir, ce qu'ils avaient fait. Leurs "pères" s'étaient installés dans l'alcôve voisine de la leur – simple tradition, qui consistait à ce que le Parrain veille continuellement sur son enfant lorsqu'il était en pleine cour.

Hibari ne voulait pas parler. Il devait le faire pourtant, et il n'aimait pas devoir faire ce qu'il n'aimait pas faire. Mais Fiona ne sembla pas s'en formaliser, et remplit l'espace de son discours rapide, parlant de choses et d'autres, sans attendre aucune réponse, passant des derniers ragots à la toute nouvelle arme mise sur le marché. Hibari hochait parfois la tête, pour montrer qu'il suivait. Ce soir-là les cheveux roux étaient attachés en une longue tresse entremêlée de fils d'argent qui reposait sur l'épaule de Fiona. Les plats arrivèrent et la jeune fille continua de parler alors que son assiette se vidait, lui décrivant les gens qu'elle avait rencontré au dernier bal, ses prétendants, les réactions à sa danse avec Hibari. Elle lui demanda comment allait Hibird, qu'il était mignon, elle aimerait beaucoup le revoir, où est-ce qu'il l'avait eu déjà, est-ce qu'il était vraiment apprivoisé ou encore sauvage, et elle aussi avait eu un oiseau, un rouge-gorge, mais il était mort, et elle avait beaucoup pleuré parce qu'elle était encore petite à l'époque et que le corps sans vie lui avait fait peur. Les desserts furent servis, et maintenant c'était les voyages, les pays qu'elle voulait visiter, les endroits qu'elle voulait voir, avant d'être enchaînée au trône de son père en tant que Marraine. Et en disant ça, elle regardait Hibari, qui mangeait son tiramisu sans broncher.

Puis leurs Parrains revinrent les chercher, ils se dirent au revoir, et Hibari monta dans la voiture en face de Tsuna, qui lui dit d'un air ravi que le Settimo Cardellino était incroyable, cultivé, drôle et poli, et qu'il avait dit qu'Hibari était un jeune homme très beau, très fort et très intelligent et qu'il espérait que sa fille se marie un jour avec un homme comme lui.

Le portable qu'Hibari avait éteint pendant le repas vibra et le message de Xanxus s'afficha.

Hibari le supprima et retourna à sa contemplation muette du paysage flouté par la vitesse.


Voili.

Oui, Hiba-chan peut avoir des lunettes. Ca lui va même extrêmement bien. D'ailleurs je le visualise parfaitement en prof (avec un élève ananas légèrement harceleur sur les bords).

Hum.

Et oui, il peut aussi dire à Xanxus qu'il est fou amoureux d'une herbivore si c'est pour le faire chier. Que voulez-vous, c'est l'amour vache. (herbivore, vache, vous voyez le truc ! … bonokjesors).

NE ME TAPEZ PAS. Hiba-chan doit être fiancé (c'est pour les besoins de l'histoire toussa toussa vous comprenez).

Et il doit être trop mignon en pitit garçon ! *w* (moi ? fangirliser à mort sur Hiba-chan gamin et tout kawaï ? … Hahaha, meuuuh naaaan, pour qui me prenez-vous ?)

Et pis bin j'ai plus trop d'idées alors je vous laisse à votre vie. Je n'ai absolument aucune idée de quand je posterais la deuxième partie (déjà écrite, parce que sinon vous auriez dû attendre cinq mois de plus). Au maximum la semaine prochaine.

(J'aimerais bien voir les Vongolas jouer à saute-mouton. Ca doit être marrant).

Bye-bii !