- Je vous remercie Miss Mercier d'avoir accepté de répondre à nos questions. Nous allons utiliser une méthode moldue pour notre livre, une vidéo, cela ne vous dérange pas ?
Le vieille femme eut un petit sourire et précisa que cela ne la dérangeait pas. Elle demanda le titre exact du livre ; 1980-81, l'apogée du Mal en Grande-Bretagne. Un peu trop caricaturé, au goût de la vieille femme.
- Bien, nous allons pouvoir commencé. 1, 2, 3 ! Très bien, parlez-nous des années 1980-1981 miss Mercier.
- Elles furent les pires années de ma vie, mais aussi les meilleures ... Voldemort prenait de plus en plus de pouvoir et effrayait toute la population. Personne n'osait sortir de chez soi, tout le monde pensait qu'en rentrant chez soi, une tête de mort se trouverait au-dessus de leur toit. Vous ne pouvez imaginer ce que c'était. Tout était sombre et tout le monde perdait espoir.
- Jusqu'au 31 octobre 1981, précisa le journaliste.
Miss Mercier ne répondit pas, regarda par la fenêtre en essayant tant bien que mal de cacher une larme.
- En effet, dit-elle enfin.
- Vous avez rencontré Sirius Black en 1980, n'est-ce pas ?
- Oui. C'était l'homme le plus courageux que je connaisse. - silence - C'est en septembre que je suis entrée dans l'ordre du Phénix, aussi. Ce ne fut pas une partie de plaisir. Mais Sirius était là. Sirius était là, et je ne l'ai pas sauvé.
- Parlez-nous de l'ordre du Phénix. Pourquoi Dumbledore vous a choisi ?
- Je ne sais pas trop. Il a toujours déclaré qu'ils avaient besoin d'une infirmière. Mais j'ai toujours su qu'il y avait quelque chose de plus. Avec Dumbledore, il y aura toujours du mystère quelque part.
- Vous y avez rencontré le couple Lily et James Potter ?
- Ce fut lors de la première réunion. Je n'y avais pas attaché trop d'importance. James avait auparavant mené une politique anti-serpentard à Poudlard, sans différencié les partisans de Voldemort des gens perdus.
- Vous faisiez partie de ces gens perdus ?
- J'étais une fille de moldus dans un nid de vipères. Avec Voldemort, je crois que tout le monde a compris que rien est noir ou blanc. Que certaines personnes étaient au début trop épouvantées pour prendre parti, que d'autres ont commis des actes horribles pour sauver leur famille et leur personne.
- Parlez-vous de Pettigrow ?
Silence.
- Pettigrow est un traître, il n'est pas comparable à ce genre de personne. A un Draco Malfoy, voyez-vous ?!
- Comment a débuté votre participation à l'Ordre du Phoenix ?
Charlotte eut un sourire nostalgique en y pensant.
- Laissez-moi vous raconter ma vie en 1980, et ne m'interrompez pas jeune homme !
Le journaliste eut un petit rire en entendant le ton autoritaire que venait de prendre Charlotte Mercier. Il s'assura avoir assez de batterie, puis l'écouta avec une immense attention.
28 août 1980
Lorsque nous sommes encore à Poudlard, nous ne nous rendons pas compte de notre propre chance. Là-bas, c'est comme un petit cocon qui nous protège du monde extérieur. Nos seules préoccupations sont nos examens, notre permis de transplannage ou encore nos notes en métamorphose. Je regrette que nous ne soyons pas confrontés à la réalité de l'extérieur dès notre septième année, que nous ne grandissions pas plus vite. Nous n'étions que des enfants, et pour nous, notre vie ne faisait que de commencer.
Quelle souffrance alors lorsque nous en sortons. Bien sûr, dans la maison Serpentard, j'avais eu vent de ce mage noir qui petit à petit devenait de plus en plus puissant. Je savais que la magie noire revenait au goût du jour, et pas que dans la maison des verts et argents. Mais pour moi, ce n'était qu'un passe-temps. Le ministère allait s'en charger, et la vie continuerait. Plus les jours avançaient, et plus je me rendais compte de mon erreur.
Le 2 juillet, deux jours après notre sortie à Poudlard, eut lieu une attaque au chemin de traverse. Des hommes masqués, portant du noir, s'en prenaient à tout et n'importe quoi, avec le seul mot d'ordre : tuer tout ce qui bouge. La seule chose qui ait marqué le plus les témoins était ce vert omniprésent, ce vert porteur de la mort qui fusait dans tous les sens, qui décidait de prendre la vie à des jeunes enfants, à des sorciers qui pensaient simplement à passer une bonne journée sous le soleil éclatant de Londres. Ce sortilège qui vous coupe le souffle, celui contre lequel aucun remède n'existe, celui qui vous prive de la vie. Au monde entier a éclaté la nouvelle : l'Angleterre était en guerre contre son pire ennemi, la magie noire. L'époque de Grindelwarld reprenait, en pire cependant. J'avais conseillé à mes parents de retourner vivre en France, en évitant toute explication, leur disant simplement que des personnes comme eux seraient plus saufs là-bas. Qu'il ne pouvait rien m'arriver grâce à ma baguette. Que je ne devenais pas auror, que je ne serais pas directement confrontée à ces choses-là, à ces horreurs. S'ils savaient.
Depuis ma cinquième année, j'ai commencé à être remarquée par des garçons plus vieux de ma maison. Non pas parce que j'étais plus jolie que les autres filles, mieux foutue. Non, au contraire, j'étais la timide aux excellents résultats. J'étais la jeune fille dont les professeurs étaient fiers, dont on ne tarissait pas d'éloge sur son sérieux et son implication. Parfois, j'avais l'impression de n'être que ça ; sérieuse. Au début, les autres élèves de ma maison m'insultaient en m'expliquant par a+b comment j'avaisvolé la magie d'un véritable sorcier. Je baissais la tête, n'écoutait pas vraiment, marchait droit devant moi, acquiesçait simplement. Et puis petit à petit, je commençais à en avoir marre. Si j'avais d'aussi bonnes notes, c'est que je méritais ma place ici. Je n'avais rien volé moi, je ne demandais rien hormis le calme. Et puis un soir, dans un couloir du septième étage où je m'étais cachée pour réviser mes cours, Nott était venu me voir. Il avait environ trois ans de plus que moi et était présenté par les jeunes filles de Serpentard comme le meilleur parti de Poudlard. J'eus un sursaut, persuadée qu'il allait me faire du mal à son tour. Je savais déjà très bien qu'il s'entraînait avec sa bande à réussir les sortilèges impardonnables. Allais-je recevoir un doloris, ou plus directement un Avada Kedavra ? Je fermais les yeux et me roulais en quelque sorte en boule.
- Je ne suis pas venu là pour te faire du mal Mercier.
J'ouvris doucement les yeux, et l'affrontais enfin. Il avait l'air gentil, comme d'habitude finalement, et s'assit en face de moi, prenant ses distances.
- Je suis là pour te faire une petite proposition.
Quel genre de proposition ? Il m'effrayait tellement que ma gorge se bloqua et qu'aucun son ne pu sortir de ma bouche.
- Hé du calme, je t'ai dit que je ne te voulais aucun mal. Je sais ce que les autres te font. Et si tu acceptes ce que je vais te demander, tu n'auras plus aucun problème, je peux te l'assurer. Tout le monde te laissera tranquille.
Cela m'intéressait. Je n'en pouvais plus d'aller me cacher à chaque interclasse au septième étage de l'école. Il me fixait de ses beaux yeux bleus – je le trouvais encore mignon – et patientait. Ma respiration se calma, mais je n'arrivais toujours pas à parler. J'attendais à mon tour qu'il reprenne la parole.
- Étant à Serpentard, tu dois être au courant que certains d'entre nous se réunissent chaque vendredi soir pour mettre au point de nouveaux sorts. Je sais, intelligente comme tu es, que tu t'es rendue compte que ce ne sont pas de simples sorts, mais que nous nous essayons à la magie noire. Je t'offre simplement de nous rejoindre. En plus d'être acceptée par les gens de la maison, tu t'amélioreras en sortilège et deviendras beaucoup plus puissante. Tu feras partie de l'élite de Serpentard. Qu'en dis-tu ?
J'étais offusquée, scandalisée qu'il puisse penser un seul instant que je serais capable de faire du mal à une personne par cette chose magnifique et somptueuse qu'est la magie. Je savais que je devenais rouge. Je le regardais dans les yeux. Je n'étais qu'en cinquième année; il avait au moins trois têtes de plus que moi.
- Jamais je ne rejoindrais votre groupe.
J'avais peut-être l'air calme, à l'intérieur de moi, je tremblais comme une feuille. J'avais envie de lui balancer toutes les insultes possibles au visage, mais aucune ne sortait. J'avais l'impression que mon cœur allait s'arrêter tant il battait vite.
- Je crois que tu as oublié à quelle personne tu t'adresses, misérable sang de bourbe. - Il me prit le poignet, puis commença à le serrer- Je n'en resterais pas là, je peux te l'assurer. Et tu as intérêt à oublier ce passage et à n'en parler à personne. Sinon, à ta place, je m'inquiéterais pour ma famille. J'ai été clair ?
Il serrait tellement fort que j'en pleurais. Pour un sorcier, ses méthodes n'étaient pas très magiques. Il agissait comme un véritable moldu, et m'insupportait. Par chance, j'avais accès par mon autre main à ma baguette. Je n'étais pas certaine d'y arriver, mais je me rappelais les paroles de ma grand-mère : qui ne tente rien n'a rien.
FLIPENDO
Nott tomba à la renverse et lâcha mon poignet. Je ne m'étais pas très bien entraînée, si bien que je courus rejoindre mon dortoir.
Je sus petit à petit me faire respecter à force d'entraînement, mais Nott ne s'empêchait pas de se venger jusqu'à ce qu'il parte de Serpentard. Un an après, ce fut Rogue qui me respecta. Et je l'aimais plutôt bien, malgré ce qu'il faisait. Je savais qu'il aimait encore Evans, et qu'elle était la seule qui pouvait encore le faire changer. Alors oui, je n'avais été qu'une sang de bourbe dans un nid de vipère, mais je m'en étais bien sortie par ma ruse et ma détermination. Il faut se méfier de l'eau qui dort, n'est-ce pas ?
Heureusement, en ce jour du 2 juillet 1979, je n'avais perdu personne, pas même ma meilleure amie. Mais je comptais bien aider la population sorcière d'Angleterre, par n'importe quel moyen.
1er septembre 1980
- J'attends de vous un sérieux exemplaire. Vous n'avez pas le droit d'être fatigué, d'abandonner, de baisser les bras, de faillir à votre tâche, de faire erreur, de fuir, de trembler, de montrer ne serait-ce qu'un dixième de ce que vous ressentez. Les temps sont durs, jeunes gens, votre formation le sera tout autant. Lors de vos seules heures de pause, vous irez travailler à la bibliothèque de l'hôpital. Je ne veux aucun débordement, car vous êtes sous ma responsabilité. Vous commencerez peut-être par de simples et pauvres tâches, mais vous me remercierez lorsque je mettrai le meilleur d'entre vous sur un cas de magie insolite. Couvre-feu à huit heures, sauf pour celles et ceux qui seront de nuit. Les tenues sont réglementaires, et vous avez intérêt à les porter. Lorsque vous travaillez auprès des médicomages, j'espère bien que vous prendrez des notes et n'oublierez pas le moindre geste de vos supérieurs. Je m'appelle Mrs. Bingley, guérisseuse-en-chef au service de pathologie des sortilèges, quatrième étage, et je suis heureuse de vous souhaitez la bienvenue dans notre prestigieux hôpital, termina-t-elle sans le moindre sourire.
Une chose est sûre, cela ne va pas être au premier abord une partie de plaisir.
Nous n'étions qu'une petite dizaine, dans une minuscule salle de réunion. Un petit roux buvait ses paroles et les écrivait sur un petit morceau de parchemin, une ancienne Gryffondor avait l'air complètement abasourdie (j'avais l'impression qu'elle allait pleurer), une jeune fille aux origines chinoises avait l'air de se demander ce qu'elle faisait ici, et un ancien Poufsouffle me faisait des clins d'oeil à chaque fois que je croisais son regard. Dégoûtant.
- Lorsque je vous appellerai, vous prendrez votre uniforme sur la table à ma gauche ainsi que votre matériel, et la clé de votre chambre. Miss Mercier, future infirmière à mon département, ayant passé cinq années à Poudlard. Vous avez la chambre numéro deux. Mettez vous sur le côté.
Ça y est, ma vie professionnelle commençait. Et j'étais si excitée !
- Miss ... Xû, future guérisseuse au service des accident matériels, ayant passé toute sa scolarité à Hong Kong, vous avez la chambre numéro un. Monsieur Smethwyck, futur guérisseur au service des blessures par créatures vivantes, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, vous aurez la chambre numéro quatre. - encore un clin d'oeil de sa part- Miss Austen, future infirmière au service des virus et microbes magiques, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, vous partagerez la chambre numéro deux avec miss Mercier. Miss Lopez, future guérisseuse au service des virus et microbes magiques, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, vous partagerez la chambre numéro un. Monsieur Doyle, futur guérisseur au service d'empoisonnement par potions et plantes, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, partagera la chambre numéro quatre. Miss Strout, future guérisseuse à mon service, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, aura la chambre numéro 3. Miss Baldwin, future infirmière au service des blessures par créatures vivantes, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, aura la chambre numéro 3. Miss Gaskel, future infirmière au service des accidents matériels, ayant passé cinq ans à Poudlard, aura la chambre numéro cinq. Et enfin, miss Reed, future infirmière au service d'empoisonnement par potions et plantes, ayant passé toute sa scolarité à Poudlard, aura la chambre numéro cinq. Bien, à présent, suivez-moi, vous allez poser vos affaires et vous changer.
Vingt minutes plus tard, Mrs Bingley nous fit la visite de l'hôpital. Hormis le rez-de-chaussée, je n'avais jamais été dans un seul de ces étages, et je fus très étonnée par sa taille. Il était immense, avec beaucoup de personnel et un certain nombre de patients. J'avais vraiment hâte d'apprendre de nouvelles choses, et j'étais encore plus persuadée d'avoir fait le bon choix.
- Bien, nous allons entrer au quatrième étage. Les blessures de guerre sont, pour la plupart, envoyées ici. Ce sont des aurors pour beaucoup, mais il y a aussi une part de civils. J'exige de votre part aucun commentaire, aucune émotion sur votre visage. Heureusement, il n'y a pas eu de grande attaque depuis plusieurs semaines ...
Elizabeth - celle qui partageait désormais ma chambre - baissa les yeux. Elle m'avait brièvement expliqué que son grand frère s'y trouvait depuis la seconde attaque de l'été.
- Chef Bingley, nous avons une urgence dans la chambre 10b.
- Merci nurse Taillis. Je vous fait confiance, rajouta-t-elle à notre attention.
A en juger par les affaires des patients, un certain nombre d'aurors s'y trouvaient. Certains voulaient absolument retourner au ministère apporter leur aide, d'autres étaient encore trop traumatisés.
- Vous avez le droit de lire les parchemins, sans faire aucun commentaire. Il n'y a que comme ça que vous en apprendrez, nous expliqua une guérisseuse au teint blafard.
-C'est lui, me glissa Elizabeth.
Je me retournais et vit un jeune homme un petit peu plus âgé que moi, qui dormait simplement dans un des lits d'une chambre blanche du quatrième étage. Par respect pour elle, je choisis une autre chambre et la laissais en sa compagnie. Il n'avait apparemment rien de bien grave, du moins je l'espérais.
Dans la chambre 8a se trouvait un autre auror. Il avait l'air de dormir profondément, et gardait un pansement tout autour de son crâne. Peut-être une commotion cérébrale. Le parchemin était rangé à un endroit précis du lit. J'avais l'impression de m'incruster dans la vie de l'auror, et pourtant, je n'allais faire que ça désormais. Découvrir quelles étaient leurs allergies, leur passé, s'ils faisaient du sport, quelle maladie les avait touché, s'ils étaient mariés ...
Patient : EDWARD WILLOUGHBY
Âge : 34 ans
Métier : Auror
Admis depuis : 23 juillet 1980
Sortilège : Ignoré jusqu'à nos jours, de magie noire, de force ++++. Cinq test ont été pratiqué.
Effets : Commotion cérébrale interminable, ne se réveille pas, peau glacée, palpitations, cauchemars.
...
Je me figeais. De la magie noire. Ce contre quoi j'avais tant lutté depuis ma cinquième année. Ils avaient réussi à créer leurs propres sortilèges sans le moindre antidote. Ces pourritures avaient réussi, et personne ne pouvait les freiner. Personne ne pouvait les empêcher de tuer.
-Vous êtes venue dans la mauvaise chambre, Nurse Mercier.
Je me retournais. Bingley se trouvait au pas de la porte, et avait l'air peiné devant son patient.
- Ce genre de cas existe de plus en plus, malheureusement. Sachez que les meilleurs sorciers travaillent dessus. Vous aurez affaire à beaucoup de cas comme celui-ci. On s'endurcit, certes, mais on ne l'est jamais assez. Miss Bingley soupira. Je ne sais ce que l'avenir nous réserve, mais plus le temps passe, pire c'est ici.
Elle me fit signe de sortir de la pièce. Je rangeai le dossier puis rejoignis les autres, encore sonnée par ce que je venais de voir. Comme elle le disait si bien, plus les jours passaient, plus les choses empiraient. Le seul moyen d'arrêter tout cela était de nous mettre à leur niveau, de les imiter. Mais le seul motif de la morale nous l'interdisait.
7 septembre 1980 :
- Dites-moi miss, vous êtes sûre que ce n'est pas grave ? Après tout, vous n'êtes qu'une interne ...
J'essayais de ne pas lui montrer mon impatience. Ce vieux monsieur avait oublié sa baguette dans la poche de son pantalon, et c'était légèrement brûlé. Rien de bien grave, et la cicatrice allait bientôt partir. Je me sentais déjà fatiguée. Mais si je voulais réussir et aider les gens, j'allais devoir m'occuper de ce genre de cas, délaissés aujourd'hui aux internes.
- Tout ira bien monsieur Woodhouse ! Vous n'avez déjà presque plus rien. Vous mettrez la pommade que je vous ai passé, et demain, ce ne sera qu'une vieille histoire, le rassurais-je.
-Bien, bien .. je vous fait confiance ! Après tout, je n'ai jamais eu à me plaindre de Sainte-Mangouste ...
J'acquiesçais par politesse. Bingley nous avait prévenu : nous ne serions confrontés qu'à ce genre de cas, futiles, scolaires, inintéressants. Mais j'apprenais à me comporter avec les patients et, je voyais que mes efforts étaient remarqués par la guérisseuse Doobfire. C'était le plus important.
Je saluais monsieur Woodhouse et vérifiais l'heure : 10h45. J'étais attendue dans cinq minutes en pratique potions. Fabriquer des potions guérisseuses faisait dorénavant partie de mon quotidien, et je ne m'en plaignais pas puisque j'avais eu un excellent professeur : Severus Rogue.
Je nettoyais la salle d'oscultation, rangeais le matériel, et me dépêchais de me rendre au laboratoire.
- Ah nurse Mercier, vous êtes pile à l'heure. Les neuf autres internes n'étaient pas encore arrivés. Votre prof-guérisseuse vous demande une potion plutôt rare et assez difficile, j'espère que vous vous en sortirez. La potion aspireuse de magie noire. Elle a été créée en 1092 par un mage blanc français.
J'acquiesçais et me rendais à la bibliothèque. Je mis une dizaine de minutes à trouver le vieux parchemin. Heureusement pour moi, il n'était pas en si mauvais état et j'allais pouvoir faire la potion sans trop de difficultés.
Je suis absolument naïve. Cette potion va me prendre la journée entière, voire la nuit. Heureusement, notre professeur restait à mes côtés si j'avais besoin de son aide. Cette potion demandant la plus grande attention et méticulosité qui soit. Elle demandait la création d'une dizaine de potions à côté, avec des ingrédients tout à fait incroyables et surprenants, puis il fallait mélanger un certain cl avec certaines potions ... Je n'avais jamais eu affaire à ça, et j'aurais prié pour que Severus vienne m'aider. Mais j'étais seule.
Je devais obtenir une couleur rouge sang. Mon rouge était un peu trop clair, voire même orange. Je regardais avec mon compte rendu ce qui aurait pu la rendre si claire.
- Vous n'avez tourné qu'une seule fois dans le sens des aiguilles d'une montre au 10e instant de la potion, au lieu de deux fois. Je vous conseille de rajouter de la roche falsice de Chine, me conseilla-t-il.
Saurais-je un jour faire exactement la même chose que lui ? Cela m'étonnerait.
-Votre Aspireuse n'est pas mauvaise nurse Mercier, elle est même plutôt bonne pour votre expérience. Il est tard, je vais la terminer et vous pouvez allez vous reposer.
Il était en effet 3h30 du matin, et je devais me réveiller à cinq heures. A ce rythme là, j'allais vite être épuisée.
Jeudi 10 septembre 1980
Ma deuxième semaine en tant qu'interne était finie. Ces deux semaines étaient passées extrêmement vite, mais j'avais pourtant l'impression d'avoir appris des tas de choses. Depuis lundi, je m'entraînais chaque jour à la potion Aspireuse, sans savoir cependant à quelles fins allait-elle servir. Ma guérisseuse et la guérisseuse-en-chef m'avaient félicitée pour le résultat mais aussi pour les efforts que je produisais. J'en étais fière.
Je ne m'occupais plus du monde d'au-dehors, puisqu'aucune attaque n'avait eu lieu. Presque plus d'aurors venaient nous voir. La plupart des personnes pensaient qu'il n'y aurait désormais plus rien. Je l'espérais sincèrement. Mais cela me semblait extrêmement bizarre que toutes ces attaques, tous ces "mangemorts" aient disparu en un clignement d'oeil. Il se passait sûrement quelque chose.
J'ouvris la porte de mon appartement. J'étais enfin chez moi à mon plus grand bonheur. La chambre que je partageais avec Elizabeth me paraissait un peu petite et beaucoup trop simple. Mais Sainte-Mangouste ne restait pas loin, et restait toujours ma préoccupation même lors de mes week-end puisque j'avais deux dissertations de cinq parchemins chacune à rendre pour lundi.
On toque à la porte. Je me demandais qui cela pouvait être. Si c'était une urgence à l'hôpital, ils m'auraient envoyé une lettre. Ma meilleure amie Emma se trouvait aux Etats-Unis, Elizabeth était repartie chez son copain au Derbyshire .. Je n'attendais personne.
Dumbledore. Au pas de ma porte. Dire que je suis surprise serait un euphémisme. Le plus grand sorcier de notre société anglaise se trouvait juste devant moi, et venait de toquer à ma porte.
-Pro .. professeur ?
- Bonjour Charlotte. Puis-je entrer ?
J'avais l'impression que depuis juin, il avait beaucoup vieillit et il me paraissait fatigué. Il portait une de ses robes violettes aux étoiles dorées, et ses yeux bleus me transperçaient derrière ses lunettes à demi-lune. Je le laissais passer, encore trop surprise par sa visite. Que me voulait-il ? Allait-il m'annoncer une mauvaise nouvelle ?
- C'est très mignon ici. Bien que ça manque un peu de vert, ne crois-tu pas ? Me sourit-il avec un clin d'oeil.
Je m'attendais à tout, sauf à ça.
- Vous voulez quelque chose à boire professeur ?
- Pourquoi pas une petite tasse de thé ...
Malgré son air jovial, il paraissait soucieux. Ou bien je me faisais cette idée parce que je m'attendais à ce qu'il m'annonce la pire des nouvelles.
Quelques minutes plus tard, installés dans le salon avec deux tasses de thé, je ne savais toujours pas ce qu'il voulait de moi. J'étais encore très étonnée, et je me demandais même si je n'étais pas en train de rêver tellement mon boulot m'épuisait, ou si je n'avais pas un peu trop respiré les vapeurs des potions cette semaine.
- Tu as l'air d'être épuisée. L'hôpital Sainte-Mangouste correspond-il à tes attentes ?
- Je ne pouvais pas rêver mieux, et je suis très heureuse là-haut.
Il acquiesça avec son sourire malicieux comme il avait tant l'habitude de faire.
- Je ne vais donc pas te déranger plus longtemps. Je suis ici ce soir parce que tu as été une des élèves les plus studieuses de ton année, et que dorénavant, tu travailles à Sainte-Mangouste où l'on ne cesse de faire des éloges à ton sujet.
J'en étais désormais certaine, je rêvais.
- Le nouveau "Seigneur des ténèbres", comme ils se plaisent à l'appeler, est beaucoup plus inquiétant que ce que le ministère ne montre à l'Angleterre. Il ne se déplace aucunement et n'a pour le moment commis aucun meurtre de lui-même ... Bien que le ministère fait ce qu'il peut pour s'en "débarrasser" comme ils me l'ont récemment déclarer, ils ne se rendent pas assez compte de la menace qu'est Voldemort et sont assez naïfs pour croire qu'il s'est lassé de tous ces meurtres aujourd'hui. Ou alors ils ferment délibérément les yeux. C'est donc pour cela que j'ai créé l'Ordre du Phoenix. Un ordre où tous les sorciers souhaitant se battre contre Voldemort et ses hommes sont les bienvenus. Puisque nous pratiquons des missions inconnues aux yeux des autres sorciers et du ministère, le meilleur pour nous serait d'avoir une infirmière discrète en qui nous pourrions avoir confiance. Et j'ai donc pensé à toi, Charlotte. Bien sûr, je te laisse le temps de réfléchir, ce serait prendre de grands risques mais aussi faire une mission inconnue voire interdite aux yeux du Ministère de la magie. Qu'en penses-tu ?
Samedi 13 septembre 1980 : (J-413)
Inlassablement, je repensais à ce que m'avait dit Dumbledore. Et aujourd'hui, j'avais toujours du mal à y croire. Les choses étaient-elles aussi terribles que cela ? Le ministère se ment-il à lui-même, comme le dit Dumbledore ? Si tel est le cas, nous n'en avons pas fini. Il est vrai que je veux depuis longtemps me battre au côté des sorciers, défendre la véritable magie. Lorsque j'avais reçu ma lettre, jamais je n'avais été aussi heureuse. Mes parents n'y croyaient pas, mais moi, je savais où était ma véritable place. Et puis, j'ai commencé à découvrir la magie à Beauxbatons, je l'ai ensuite pratiquée à Poudlard ... Cette chose formidable ne doit être utilisée que pour soigner les gens, pour leur faciliter la vie, les rendre heureux, faire du monde quelque chose de magnifique. Je croyais tellement en cette magie. Et j'y crois toujours. Je suis juste indignée concernant la façon dont Voldemort et ses sbires l'utilisent.
Mais je ne suis pas une Gryffondor dans le sens où je ne suis pas tellement courageuse. Me battre contre les mangemorts en protégeant les aurors, en soignant les personnes résolues à ne pas laisser prendre le pouvoir et ne pas installer le chaos. La proposition de Dumbledore était alléchante. Etais-je lâche de ne pas vouloir participer à ces missions secrètes hautement dangereuses ? Sûrement. D'un autre côté, j'étais persuadée de ne pas être à la hauteur. Je n'avais pas la formation d'un auror, et je n'avais pas été très bonne en Défense contre les forces du mal. Et puis, si quelqu'un apprenait un jour que je travaillais pour Dumbledore dans cet Ordre du Phoenix, ne risquais-je pas ma propre vie ? Je n'ai déjà pas beaucoup de temps à me consacrer à cause des études à l'hôpital, mais si je devais en plus soigner des personnes de cet Ordre ... Cette décision était difficile.
Mais il en va de mon devoir d'aider les sorciers, même le monde, à se débarrasser de ces pourritures. Ce que me demande Dumbledore n'est rien par rapport à ce que risquent ces hommes sur le terrain. Ce serait en quelque sorte de la résistance contre un ministère aveugle qui se ferait acheter par les mangemorts. Mes grands-parents seraient fiers, puisqu'ils avaient été eux-même résistants durant la seconde guerre mondiale.
Je fermais les yeux et me massais les tempes. J'étais fatiguée. Je bossais encore sur mes dissertations à rendre pour lundi. Moi qui pensais qu'en entrant à Sainte-Mangouste, je soignerais directement les gens, je m'étais fourvoyée. Je reste principalement dans le laboratoire à fabriquer des potions simplement pour m'entraîner - je devine aisément que mes potions aspireuses ont été jeté -, j'écris des parchemins sans arrêt sur différents sorts, je passe des heures à la bibliothèque et je ne m'occupe d'aucun cas grave. La toilette des patients ? On m'appelle. Une petite brûlure liée à une petite étourderie ? On m'appelle. Alors, peut-être que rejoindre l'ordre m'entraînerait, me donnerait une chance de m'améliorer et de m'appliquer un peu plus dans ce qu'on pouvait désormais appeler guerre.
Toc toc toc. Je regardais par la fenêtre : le hiboux d'Emma. Je lui enviais sa tranquillité aux Etats-Unis. Pourtant, cette lettre était écrit dans notre langue maternelle. La France devait lui manquer. Elle espère me revoir bientôt, elle ne trouve pas que les sorciers parlent un peu trop de la Grande Bretagne en ce moment, elle a foi en notre ministère qui arrêtera ce mégalomane de sitôt, elle s'est trouvée un petit job, et m'embrasse. Si elle savait.
Entre elle aux Etats-Unis et mes parents à Marseille, je me sens étrangement seule.
Je pris du papier et ma plume préférée, non pas pour répondre à ma meilleure amie, mais pour prévenir Dumbledore de ma décision. J'écrivis brièvement que je le remerciais et que j'acceptais. J'imagine que les réponses positives doivent manquer à cette ordre.
Lundi 15 septembre :
- Est-ce que tu as lu les nouvelles ?
- Bien sûr que oui, une gamine de neuf ans ...
J'écoutais sans grande importance la discussion de ces deux infirmières. J'avais une pause de quinze minutes, que je passais généralement près du patient Edward Willoughby. Sa mère, qui souffrait beaucoup trop, passait de moins en moins. Je lui parlais de temps en temps, ou restais simplement à ses côtés afin de lui prouver qu'il n'était pas seul. Ça peut paraître stupide, mais selon moi, c'est une façon comme une autre d'aider.
-Il parait qu'ils avaient rencontré trois jours avant tu-sais-qui !
Les gens prenaient cette fâcheuse habitude de surnommer Voldemort, à cause d'une ridicule superstition. Comme s'il allait apparaître devant nous en un claquement de doigts ! Mais j'écoutais ce qu'elles se racontaient. Il est vrai que je ne prenais malheureusement pas le temps de lire la Gazette. Apparemment, une attaque a été commise chez une grande famille au sang pur parce qu'ils n'avaient pas voulu rejoindre Voldemort. Et ils s'en seraient même pris à leur jeune fillette, qui aurait été à Poudlard l'année prochaine s'il n'y avait pas eu tout ça ... Un mangemort a été capturé par le Ministère. Affaire à suivre, donc.
- Mon frère m'a dit que tu-sais-qui "ne voudrait pas que la gangrène se propage chez les rejetons de ces familles, et qu'il voulait donc entièrement exterminer les descendances."
- Vous n'avez pas autre chose à faire ? Beugla Bingley. Elle n'aimait pas lorsque l'on parlait de ce sujet dans notre hôpital, surtout auprès de patients ayant été internés par ces mêmes raisons. C'est l'heure de donner la potion à monsieur Willoughby, me sourit-elle.
Elle avait foi en cette potion, particulièrement aujourd'hui parce qu'hier-même, un autre de nos patients s'est éveillés après une semaine de coma. Ce qui avait été formidable. L'étage entier en fut ému. Je donnai la potion à monsieur Willoughby, les minutes étaient comptées, cette potion est très minutieuse.
- Madame Willoughby n'est pas venue aujourd'hui ? Lui demandais-je.
- Non. S'il donne le moindre signe de vie, je lui enverrai une lettre.
Je m'étais en quelque sorte attaché à ce patient. Le savoir seul, ici ...
- Il ne faut pas lui en vouloir. Les temps sont durs. Elle passe énormément de temps avec sa petite fille, fait tout ce qu'elle peut pour la protéger. Et ... elle est bouleversée. Elle le serait encore plus en voyant son fils aussi .. amorphe.
- Mais ne s'en veut-elle pas de le laisser tout seul, avec pour seule compagnie des infirmières et guérisseurs ?
-En ces temps difficiles, chacun réagi de façon différente, Charlotte. Tu ne peux pas deviner ce que tu aurais fait, toi.
Mercredi 17 septembre :
J'ai appris un nouveau sortilège. Sauver la peau, la chaire (enfin ce qu'il en reste) touchée par un sort de magie noire. Faire en sorte que ce sort ne se propage pas dans tout le corps de la personne, même s'il doit perdre un bras, une jambe, un morceau du visage. J'aurais préféré ne pas le connaître et ne pas en avoir besoin. En ce moment même, je soignais un jeune auror. Il avait le visage brûlé à 50% et resterait toute sa vie ainsi. Et nous ne pouvions rien faire. La magie ne pouvait rien faire.
Une fois dans ma chambre, je vomis les restes de mon repas. La fatigue ne m'aidait pas.
- Tu es malade, Charlotte ? S'inquiétait Elizabeth.
Je lui fis signe que non, et commençais un nouvel ouvrage.Que peut faire la médecine magique face à la magie obscure ? Pas grand chose, apparemment. J'essayais de chasser la vision du jeune homme, sans succès. Il fallait que je sorte. J'avais l'après-midi de libre, après tout. Londres serait parfait pour me changer les idées .. Je mis ma veste et un foulard, et serrais fortement ma baguette. On ne sait jamais. Il allait falloir que j'apprenne d'autres sorts de défense, mais je ne savais pas quand, ni comment.
J'adorais Londres, c'était ma ville préférée. Mais elle était incroyablement sinistre - même les moldus sentaient que quelque chose n'était pas normal. J'avais vaguement entendu parler de détraqueurs rodant dans le Londres moldu. Dégoûtant. Peut-être n'est-ce que des colportages. Peut-être pas.
J'errais depuis deux heures. Je n'arrivais pas à oublier la gravité de la blessure de l'auror. Il était défiguré, complètement. Inlassablement, ses paroles revenaient en boucle : "Vous savez mademoiselle Mercier (il avait compris que j'étais française) ... lors de l'affrontement, j'avais espéré qu'ils ne m'envoient pas de sortilège impardonnable. Maintenant, puisque je vois mon reflet, j'aurais préféré sentir les effluves vertes du sortilège de la mort." Comme je le comprenais.
Je ne suis revenue à l'hôpital qu'à 21h ; je loupais le repas du soir. Je voyais qu'Elizabeth hésitait à me parler.
- J'ai entendu ce qu'il se passait dans ton service, me dit-elle nerveusement. J'imagine que ça doit être extrêmement difficile. Mais Charlotte, tu ne dois pas garder tout ça pour toi et t'enfermer. Alors puisque nous avons notre week-end, je t'ordonne, je t'oblige même, de venir avec moi dans une de ces boites de nuit dans le Londres moldu. Je sais que tu n'as pas envie de m'en parler, alors c'est le moins que je puisse faire.
Je fis une grimace. Je n'étais pas très friande de ce genre de soirées. Mais fréquenter des jeunes de notre âge, et profiter encore un peu de la vie, j'en avais besoin. Ne pas permettre à Voldemort et à ses sbires de gâcher la vie à l'entière population sorcière de Grande-Bretagne. Montrer que nous pouvons toujours nous amuser et passer du bon temps - en quelque sorte.
Je la remerciais et lui souris, la rassurant un peu. J'allais prendre une douche et me préparer. Une fois presque prête, Elizabeth m'appela.
-Une infirmière a un message pour toi !
En effet, une nurse m'attendait dans le couloir, et paraissait irritée de devoir s'acquitter de cette tâche. Je n'avais pas pour habitude de juger les gens au premier abord, mais j'avais affaire à ce que l'on pouvait appeler de pétasse.
- Vous êtes nurse Mercier ? J'acquiesçais.On m'a dit de vous rapporter que le phoenix renaît toujours de ses cendres, particulièrement le vendredi à 19h00. Ah et ça c'est pour vous.
Qui pouvait dire ce genre de choses ? J'ouvris le paquet et découvris une statue d'un Phoenix. Je la remerciais plutôt joyeusement, comprenant que j'allais bientôt participer à une réunion de l'Ordre. Enfin. L'infirmière n'avait pas l'air de vouloir partir, et me regardait plutôt en insistant. Elle voulait sûrement savoir de quoi il était question. Comme si cela la regardait. Je lui souhaitais une bonne soirée, et retournais dans notre chambre.
En tout cas, même si la guerre est déclarée, il y a des choses qui ne changeront jamais.
Jeudi 18 septembre :
- Nurse Mercier, le patient Willoughby a montré un signe de vie!
Ni une, ni deux, je sortis en courant de la bibliothèque pour me rendre à mon étage. J'étais si enthousiaste ! Je faillis tomber maintes fois dans l'escalier, mais je n'en avais cure. Madame Bingley se tenait dans la chambre et vérifiait à l'aide de plusieurs sortilèges et instruments magiques l'état de santé d'Edward .. enfin de notre patient. Lorsqu'elle me vit entrer dans la pièce, elle me fit un immense sourire.
- N'est-ce pas incroyable ? Murmura-t-elle.
J'étais de son avis. Elle m'expliqua qu'il avait bougé la tête, puis une main. Elle me demanda d'envoyer une lettre à sa mère, de lui préparer un verre d'eau, de faire apparaître un bouquet de fleurs. N'était-ce pas un peu excessif ? Je veux dire : il est vrai que nous le pensions fini pour toujours, que jamais nous n'avions espéré qu'il puisse un jour bouger ne serait-ce qu'une infime partie de son corps, mais tout préparer pour l'accueillir, c'était un peu trop. Nous ne savions pas encore quand est-ce qu'il allait sortir de sa léthargie. Et est-ce qu'il allait véritablement s'en sortir ? ... J'exécutai tout de même ce qu'elle me demanda, avec beaucoup moins d'empressement.
Ce qu'elle remarqua, d'ailleurs.
-Vous savez ce qui m'a poussé à vous choisir en tant que future nurse dans mon étage ? Hormis vos fabuleuses notes en potion, bien sûr .. Mrs Bingley eut un mince sourire. Votre enthousiasme incroyable et votre immense confiance envers la magie. Mais depuis ces deux semaines à nos côtés, je remarque que petit à petit, vous perdez cette confiance .. C'est vrai, nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Nous ne pouvons pas sauver les personnes atteintes de magie noire. C'est vrai aussi que la magie, en de mauvaises mains, peut devenir une véritable tempête détruisant tout sur son passage. Mais comme toute chose, n'est-ce pas ? Rien n'est particulièrement blanc. Alors ne perdez pas confiance en la magie, parce que grâce à elle, nous nous battons et résistons de toutes nos forces. Et ça, c'est formidable Charlotte.
Vendredi 19 septembre : (18h40)
J'avais dans mes mains la petite statuette représentant un phoenix renaissant de ses cendres, celle-la même que m'avait donnée l'infirmière il y a deux jours. Ne connaissant en aucun cas le lieu où se déroulaient les réunions de l'Ordre, l'endroit où ses membres se retrouvaient, j'en étais venue à la conclusion que cette statuette était un portoloin. Sinon, pour quelles raisons me l'aurait-on donnée ? Alors j'attendais avec impatience dans ma chambre qu'il se mette à vibrer et briller, comme n'importe quel portoloin. Et j'avais l'air stupide.
Je savais qu'il existait un sortilège pour découvrir si oui ou non, un objet servait de portoloin. Mais je n'en avais pas la moindre idée. Tant puis, si rien ne se passe, j'envoie une lettre à Dumbledore. Autrement dit : la honte. Cette statue signifiait peut-être mon engagement envers l'Ordre du Phoenix, tout ... Elle commençait à s'éclairer et à bouger tout doucement. Génial ! Je mettais mes deux mains dessus. Est-ce vraiment nécessaire que je vous avoue que c'est le premier portoloin que je vois ?!
(18h50)
Et j'étais .. tombée devant la grande grille de Poudlard. Quelle classe, quelle élégance ...
- Attendez, je vais vous aider !
Un jeune homme me présenta sa main, que j'acceptais, rougissante. A l'hôpital, j'avais failli oublier de me changer et de rester en tenue d'infirmière.
- Je m'appelle Sturgis, enchanté. Et vous ?
Sturgis, jeune homme un peu plus vieux que moi, blond, au visage un peu trop carré, se tenait devant moi, plutôt curieux, avec un sourire en coin. Sympa comme première rencontre, moi étendue dans la boue après un mauvais atterrissage made in portoloin.
- Charlotte, enchantée aussi ! Même si j'aurais préféré que l'on se rencontre dans d'autres conditions, souris-je.
En touchant la grille de sa baguette, celle-ci s'ouvrit et nous laissa entrer dans le domaine formidable de mon ancienne école, qui me manquait énormément. Il m'apprit qu'il avait rejoint l'ordre il y avait deux ans, et qu'il avait 21 ans. Nous devions faire extrêmement attention qu'aucun élève nous voit, et me montra une sorte de passage secret près des serres du professeur Chourave, passage qui nous conduisait ensuite au septième étage à l'abris des regards. Il me montra du doigt une vieille tapisserie plutôt élimée, et je compris que la réunion se déroulait juste derrière. La pièce était plus grande que ce à quoi je m'attendais, aussi grande que notre salle commune mais beaucoup plus chaleureuse. Alors que sur les côtés trônaient des buffets incroyablement remplis, une immense table en bois carrée se tenait au centre de la pièce.
En voyant tous ces gens, j'étais un peu anxieuse. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de personnes. Sturgis me présenta à différents menbres, dont les jumeaux Prewett que j'avais déjà aperçus à Poudlard, un certain Benjy Fenwick qui avait plusieurs cicatrices au visage, et Caradoc Dearborn, qui ne souriait presque pas par rapport aux autres. Ces cinq-là avaient l'air de bien s'entendre. Quant au reste de la salle, tout le monde riait, parlait de petites anecdotes, de tout et de rien, comme si nous n'étions pas en guerre. Comme si la plupart de ces gens n'étaient pas en danger de mort. Alors que l'un des Prewett me raconta sa dernière mission au ministère, Dumbledore entra en compagnie de .. HAGRID ?!
- Bonjour à vous tous, et merci d'être venus si nombreux, nous sourit Dumbledore en nous regardant derrière ses lunettes à demi-lune. J'avais l'impression d'être retournée en septième année. Je n'avais pas compris à quel point l'ambiance du château me manquait ! Une douce vague de nostalgie m'emplissait.
Les membres saluèrent puis s'installèrent autour de la table, dans un grand fracas. Je m'assis aux côtés de Sturgis, seule personne à qui je parlais réellement. Je les connaissais presque tous, du moins de vue. Il y avait Lily Evans ... enfin Potter maintenant (tout le monde en avait parlé, à Poudlard), James Potter, Sirius Black, Petter Pettigrow, Remus Lupin, Alice et Franck Londubat, Alastor Maugrey, Marlene McKinnon, professeur McGonagall, Emeline Vance ...
-Aujourd'hui, nous avons le droit à la grosse réunion, qui se déroule trois fois par mois, m'expliqua mon voisin. On parle des nouvelles, des missions, des mangemorts, de nouveaux sorts de défense ... Ca fait du bien d'être tous ensemble, de se soutenir.
J'acquiesçai puis écoutai Dumbledore. Son regard se fixa sur moi, ce qui me rendit un peu nerveuse. Je n'aime pas être entourée d'autant de monde. Je n'y suis pas habituée.
- Tout d'abord, permettez-moi de vous présenter notre nouvelle recrue qui nous sera, ma foi, fort bien utile : Charlotte travaille en effet à l'hôpital Sainte-mangouste et a accepté de nous soigner dans le plus grand secret.
Tout le monde me regardait, s'attendant à ce que je parle. La plupart me souriaient, d'autres acquiesçaient, certains affichaient une mine étonnée. Ok .. Il fallait que je dise quelque chose !
- Hm bonjour, en fait je ne suis qu'en première année à l'hôpital alors je ne sais pas si je vais réussir à soigner toutes les blessures mais ... je ferai de mon mieux pour vous aider et je suis très honorée de faire partie de l'Ordre et de "combattre les forces du mal" en quelque sorte, à ma façon. Je sais que je ne risque l'exclusion de St-Mangouste et non ma vie, mais je suis vraiment heureuse de pouvoir vous aider.
Tout le monde y répondit grâce à une petite phrase gentille. Ils savaient qu'ils étaient pour la plupart beaucoup plus vieux que ma petite année d'expérience.
- Je me souviens bien de toi, tu avais d'excellentes notes en potion il me semble, me sourit Lily Evans.
Cela ne m'étonnait même pas que toute leur bande soit dans cet ordre. Ils étaient brillants et extrêmement courageux, contrairement à moi. J'acquiesçais, connaissant son histoire avec Severus. Une seule fois. Severus ne m'avait parlé d'elle qu'une seule fois et j'avais immédiatement compris toute son importance.
- Alors Sturgis, Benjy .. Quels sont les nouveaux salopards ? Demanda Franck Londubat.
Je vis McGonagall lui jeter un regard sévère, regrettant certainement de ne plus l'avoir comme élève et de ne plus pouvoir le gronder pour son vocabulaire.
- La cérémonie d'intégration a bien eu lieu mercredi, expliqua mon voisin, et nous savons de source sûre quels sont les nouveaux.
Je me demandai de quoi ils parlaient. Je n'avais jamais entendu parler de cérémonie d'intégration. Ils ne parlaient tout de même pas de mangemorts, si ?
- Alcibius Avery, Edouard Mulciber - Evans/Potter leva les yeux au ciel en ayant un petit sourire en coin -, Steve Wilkes, Alexander Stackhouse, Yion Debeaufort et ... Regulus Black,énuméra Benjy en soupirant.
Il y en avait trois qui avaient été dans ma classe, un ancien Gryffondor, deux serdaigles et un poufsouffle. Cela ne m'étonna pas. Et ça n'étonnait pas non plus Black, malgré le fait qu'il avait un regard dur et qu'il serrait ses mâchoires. Potter lui mit la main sur l'épaule, voulant très certainement le calmer. D'après ce que m'avait dit Regulus, Sirius n'en était certainement pas blessé. Il le détestait tout bonnement et l'avait laissé dans la merde chez ses parents - de véritables fous furieux extrémistes, si vous voulez mon avis.
J'étais vraiment étonnée que ces .. mangemorts pratiquent des cérémonies d'intégration ! Ils se prennent pour .. une secte ? Sûrement. Quelque chose dans ce style en tout cas.
- Bien, nous pouvons dès à présent les surveiller. Leur intégration sera vérifiée suite à une mission, me trompe-je ? Leur demanda Dumbledore.
Les membres devinrent très attentifs et sérieux. Ces missions ne devaient certainement pas être gentilles-gentilles.
-En effet, mais nous n'en savons pas plus que ça. Il va falloir les surveiller !
- Je me charge d'Avery et de Mulciber, j'ai une petite revanche à prendre, sourit Potter.
Lily s'énerva contre lui en décrétant que ce n'était pas un jeu, mais qu'il aurait à faire face à de vrais pourritures. Black enchaîna quant à lui sur le fait qu'il allait surveiller son "petit frère chéri", Lily leur demanda si mûrir était au-dessus de leurs forces, Lupin essayait de calmer le jeu et Pettigrow .. mangeait. En fait, rien n'avait changé depuis leur départ à Poudlard. Et les autres membres, souriant, paraissaient être habitués à ce genre de situation. Toujours en train de se faire remarquer, ces deux-là.
Une fois qu'ils se calmèrent, Lily rougit jusqu'aux oreilles et baissa la tête. Je me demandais ce que je faisais ici, sincèrement. J'avais un petit peu l'impression d'être entourée de fous. Peut-être devrais-je leur garder une place à Sainte-Mangouste, au cas où.
- Professeur Dumbledore, je ne cesse de penser que nos moyens mis en place sont mauvais, s'écria Maugrey. Il était connu pour être un grand connaisseur de magie noire. Si quelqu'un est sous imperium, un mangemort peut facilement nous demander d'ouvrir la grille avec notre baguette. Et accueillir les nouvelles recrues en leur faisant passer un mot et un portoloin est trop dangereux !
Dumbledore hocha la tête. Lui arrive-t-il d'arrêter de sourire, parfois ? Toujours est-il que je suis particulièrement d'accord avec Maugrey.
- En effet, et je travaille sur de nouveaux sorts. Je n'ai pas encore tout à fait fini, cela demande de grands efforts. Peut-être que Fabien et Gideon peuvent nous partager les résultats de leur mission ?
Ces derniers ne se firent pas prier et se mirent à raconter ce qu'ils avaient découvert au département des mystères, après avoir "ensorcelé" deux langues-de-plomb. Petit à petit, les mangemorts infiltraient le ministère et, de la même façon, Voldemort prenait désormais certaines décisions. Dorénavant, tout transport magique était particulièrement surveillé. Les libertés magiques se retrouvaient supprimées, ce qui ne semblait pas surprendre les membres, qui paraissaient tout même attristés.
Ils décidèrent enfin de nommer les personnes qui surveilleraient les tout-nouveaux mangemorts, et demandèrent à Franck Londubat d'essayer tout de même de faire pression sur son supérieur afin d'organiser une fouille chez les Nott. Selon moi, c'était perdu d'avance. Tout sorcier était effrayé par Nott-père. Est-il nécessaire de rajouter que Nott-fils n'était pas très sain d'esprit non plus ?
Ils se mirent ensuite à parler du bureau des aurors, et paraissaient plutôt heureux que le lieu ne soit pas encore infesté de mangemort, puisqu'Alastor Maugrey en était le chef. Ou quelque chose du genre. Ils devaient protéger une famille de sang-pur qui allait très fortement être menacée par voldemort, puis se mirent à réfléchir sur un nouvel endroit où ils - l'ont pourrait se réunir sans craindre d'être vus par qui que ce soit.
- Et comme d'habitude, cinq minutes de silence pour les victimes de magie noire.
Samedi 20 septembre :
- Où étiez-vous hier après-midi ? S'écria miss Bingley.
Elle avait les cheveux en pétard et les joues rouges. Je me demandais ce qui avait pu lui arriver. Avais-je louper un accident grave ? L'hôpital avait-il reçu tout un groupement d'aurors ?
- J'avais … une course à faire, bafouillais-je.
- Une course .. vous … mais .. je … Bref, ne vous éloignez plus de l'hôpital. Le patient Willoughby a enfin retrouvé une activité cérébrale correcte et n'a plus aucune hémorragie. J'ai pensé que vous aimeriez l'apprendre.
Une boule se forma dans mon ventre. Nous avions réussi à contrer le putain de sortilège qui l'avait rendu dans cet état et il allait s'en sortir. Je me dépêchais de revêtir la tenue d'infirmière pour monter jusqu'au cinquième étage, là où se trouvait le patient. Trois infirmières et une guérisseuse se trouvaient autour de lui, l'air surexcité. Il avait enfin repris des couleurs.
La guérisseuse me demanda d'écrire une lettre à sa famille en me disant qu'il y avait de grande chance qu'il se réveille dans la semaine. Elle m'expliqua qu'il ne fallait pas préciser ce fait dans la lettre, que je devais simplement parler des améliorations de son état. Je ne me fis pas prier, espérant que sa mère vienne le rejoindre dans l'après-midi.
J'étais épuisée. Une fois que ma mission fut accomplie, j'allais faire le tour des chambres en m'assurant que les patients ne manquaient de rien. Je leur faisais prendre leurs potions. Une fois midi, j'allais manger en vitesse un sandwitch pour ensuite m'occuper des petits cas de pathologie de sortilèges. Un homme s'était engueulé avec sa femme et s'était retrouvé sans nez, cela ne m'étonnait pas que l'on me donne ce genre de cas.
- Miss Mercier, je vous laisse vous occuper de cet auror, m'indiqua une infirmière en faisant entrer deux hommes dans la salle d'auscultation.
- Vous devez vous tromper, je ne suis pas auror, expliqua-t-il en ayant des yeux exorbités.
- Et de son coéquipier, rajouta-t-elle.
Elle se débarrassa en vitesse des deux aurors et me laissa seule avec eux deux dans un silence inconfortable.
- C'est toi Potter ? T'as vieilli vieux, c'est encore une de vos blagues qui a mal tourné ? Sirius doit encore être mort de rire ! S'exclama le premier. On est où là ?
Il avait manifestement perdu la mémoire. Et en effet, je me retrouvais en présence de James Potter, pour la seconde fois en seulement deux jours. Il me fit une grimace à la place d'un sourire.
- On a eu un entraînement de force ce matin et il a reçu deux sortilèges en même temps. Vous comprenez que l'on a très peu de temps.
J'acquiesçai, lui demandant quel genre de sortilège. Un doloris et un cofundo. Rien de très joyeux. Les entraînements chez les aurors ont l'air très sérieux et dangereux. Cela ne va pas apaiser Miss Bingley qui, déjà, se faisait un sang d'encre pour eux. Le patient n'avait d'autre problème que celui-ci, il n'arrêtait pas de parler du fait qu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, alors que ça devait être à Potter de se faire soigner. J'eus un petit sourire en entendant cette phrase, sourire que le deuxième auror remarqua tout de suite. Il ne fallait pas parler de sa condition d'auror, ni de l'année dans laquelle nous nous trouvions, ni de la situation en Grande-Bretagne pour ne pas lui causer un autre choc. Je lui donnai simplement une potion et le laissai entre les mains de Potter.
- Merci, j'ai grand espoir en vous, chuchota-t-il avant de partir avec son coéquipier William.
Je ne pu m'empêcher de sourire comme une bienheureuse en entendant sa phrase. Il en parlerait très certainement à l'ordre. Pourtant, je n'avais pas fait grand chose. Se pourrait-il qu'un cumul de ces « peu de choses » puisse nous aider à résister ?
Dimanche, 02h00, boite de nuit londonienne.
Nous étions, avec Elisabeth, en compagnie de plusieurs internes de l'hôpital, internes qui étaient pour la plupart plus âgés que nous. Il y avait beaucoup de monde à l'intérieur de la discothèque, et la fête battait son plein. Mais nous, les sorciers, nous ne pouvions profiter autant que les moldus de cette belle soirée. Nous nous retenions de trop boire, de trop danser, de trop rire. Une interne que j'aimais bien nous fit alors un speech sur le fait que nous devions au contraire nous amuser en l'honneur de toutes ces personnes disparues. Elisabeth fut la première à la suivre sur la piste de danse, puis, après avoir fini mon verre cul sec, je les rejoignis un léger sourire aux lèvres. Myriam n'avait pas tord.
Un interne très mignon vint danser contre moi et m'embrassa malgré la foule sur la piste de danse, malgré les gens qui nous bousculaient, malgré nos amis. Je répondis à son baiser, mais je savais d'ors et déjà qu'il n'y aurait rien de plus entre nous. Pendant quelques minutes, j'eus l'impression d'être revenue deux ans en arrière, lorsque j'étais encore insouciante et pleinement heureuse.
Dimanche, 03h00, Fordwich.
La petite ville n'était plus éclairée depuis déjà deux heures. La population était d'à peu près trois cents personnes et une tempête faisait rage dans le Kent. Pourtant, on pouvait entendre malgré le bruit du vent, avec attention, deux POP retentir dans la région. Deux hommes encapuchonnés se tenaient devant une vieille bâtisse. Tenant à la main deux baguettes, il se cachèrent derrière les buissons et attendirent manifestement que quelque chose, quelqu'un arrive.
Une dizaine de minutes plus tard, ce fut en effet le cas. Un troisième POP se fit entendre, et une autre personne encapuchonnée se rapprocha de la maison telle une vipère. Sans même prévenir qui que ce soit, elle fit exploser la porte grâce à un sortilège informulé et s'introduisit dans la maison sans cérémonie.
Les deux autres hommes se regardèrent. Ils ne voulaient décidément pas trahir leur cachette et essayait de s'exprimer par les yeux, ce qui aurait pu être comique si nous ne nous étions pas retrouvés devant une scène aussi sombre et gotique.
- Blowd, ricana le jeune homme qui venait de s'introduire dans la maison.
Il faisait face à deux personnes, un couple plus précisément.
- Black. Je ne savais pas qu'il va jusqu'à chercher ses esclaves dans la tendre enfance.
Black eut un étrange sourire et se permit de cracher sur le sol.
- Epargne-moi toute conversation Blowd. Ceci est ta dernière chance, tu acceptes de rejoindre le Seigneur des Ténèbres .. ou bien je me ferais une joie de te tuer et de torturer ta petite famille.
- Ah oui, et comment ? A deux contre un ? S'écria le mari.
Les deux hommes cachés sortirent leurs baguettes, se préparant à l'affrontement. Le deuxième ne semblait cependant pas autant décidé que le premier à tirer sur le mangemort.
- Allons allons, tu me déçois. Tu ne pensais tout de même pas que j'allais venir seul ? Répondit-il en jouant avec sa baguette.
Black se permit un grand sourire victorieux, se rapprochant du couple qui quant à lui, se retrouva bloqué contre un mur de leur propre maison. Ils étaient effrayés, regardant soudainement les deux autres mangemorts qui venaient les rejoindre dans leur salon. Ils savaient tous les deux que jamais ils ne pourraient se battre contre eux trois. Pourtant, ils ne baissèrent pas les yeux et levèrent leurs baguettes.
Ce fut précisément à ce moment que se montrèrent les deux hommes des buissons. Black eut l'air ennuyé, mais gardait un sourire en coin.
- Comme c'est mignon, mon grand-frère que je n'ai pas vu depuis des années se joint à notre petite fête. Comment ça va, Siri ?
- Ta gueule Regulus, cracha son frère.
Les deux autres mangemorts essayèrent de désarmer les deux nouveaux, sans grand succès, pendant que Black envoya à Mr. Blowd un doloris. Ce dernier se protégea lui et sa femme à l'aide d'un puissant bouclier, puis essaya de désarmer le mangemort. Cependant, alors que James protégea à son tour son meilleur ami d'un avada kedavra, l'un des mangemorts lança le sortilège de la mort sur le maître de la maison avant de se faire stupefixer par Sirius. Le deuxième préféra s'en aller, connaissant de réputation Potter et Black.
Regulus, qui avaient largement le temps de tuer la femme, préféra s'éloigner de la pièce et sortit pour lancer un MORSMODRE.
-Enfoiré ! S'écria son grand-frère qui était à sa poursuite.
Il atteint sa jambe grâce au sortilège vulnus, mais sa cible transplanna après avoir été touchée. James le rattrapa et essaya de retrouver son souffle. Ils levèrent tous les deux la tête, contemplant la tête de mort. Ils devaient alerter Dumbledore, modifier la mémoire de pour ne pas que le ministère soit au courant de leur présence ici, trouver une infirmière.
- Je ne peux vous assurer de la vérité de ces derniers faits, je viens de vous faire le récit de Sirius. Il a toujours aimé en rajouter.
- Ils ont donc fait appel à vous ?
Charlotte préféra oublier le fait que le journaliste avait les larmes aux yeux. Elle était heureuse de le toucher avec sa propre histoire.
- Oui, j'ai du me rendre chez James Potter parce que celui-ci avait la jambe lacérée. Plus les jours passaient, plus la situation s'aggravait.
- Comment était le couple ?
Charlotte eut un petit rire.
- Lily n'arrêtait pas d'insulter James tellement elle s'inquiétait pour lui. C'était sa façon de fonctionner avec lui. Cet idiot ne l'a compris qu'en septième année. La colère pour cacher d'autres sentiments bien plus profond. Ils étaient très attachés, très amoureux.
- Et Sirius Black ?
- Chamboulé, j'imagine. Il était encore attaché à son frère, malgré ce que je pensais à l'époque. Les Black se ressemblaient plus qu'on ne peut le croire. A partir de cette nuit, les choses ont commencé à s'aggraver.
