Note de l'auteur :

Voici ma nouvelle fanfiction, ma première basée uniquement sur ce fandom. Elle contient 23 chapitres pour environ 57000 mots et est terminée. Comme vous l'aurez deviné, il s'agit d'un UA et d'un Puzzleshipping. Certains personnages seront OC, vous êtes prévenus. J'espère néanmoins qu'elle vous plaira car certains aspects comptent énormément pour moi. Les chapitres seront postés chaque samedi.


Chapitre 1 : Pharaon et Hikari

Malgré le début des vacances, Yûgi était assez déprimé. Cette année, il ne pourrait voir aucun de ses amis de tout l'été. Téa partait à la plage avec sa famille, Joey allait voir sa sœur à l'autre bout du pays et Tristan s'en allait il-ne-savait-où avec ses cousins. Lui, comme chaque année, restait à Domino, dans la boutique de jeux de son grand-père.

Il laissa échapper un soupir et alluma son ordinateur à la recherche de quelque chose à faire. Pour une fois, il n'avait aucune envie de jouer à l'un de ses nombreux jeux vidéos ou jeux de plateau qu'il collectionnait depuis sa plus tendre enfance. Il était trop focalisé sur le fait d'être seul.

Il ouvrit une page internet et fit défiler les actualités. Après quelques minutes d'ennui, un article attira son attention. Il s'empressa de cliquer dessus et un sourire s'étira sur ses lèvres. La Kaiba Corporation, la plus grande société de jeux du pays et du monde avec Illusion Industries, venait de lancer une plate-forme en ligne où les joueurs de part le monde pourraient s'affronter dans divers jeux et, bien évidemment, au Duel de Monstres. Yûgi adorait ce jeu plus que tout autre.

- Il faut absolument que je m'inscrive ! trépigna-t-il en s'agitant sur son siège.

Quelque minutes plus tard, il était connecté sous le pseudo de «Hikari». Il constitua rapidement son deck virtuel, constitué d'exactement les mêmes cartes que celles qu'il utilisait d'habitude, et explora un peu le site. Le nombre de personnes déjà inscrites était impressionnant ! Il ne fallut que quelques minutes avant qu'une première provocation en duel ne lui soit lancée.

Finalement, il allait pouvoir s'amuser pendant ses vacances.

Yûgi passa la semaine suivante coller à son ordinateur, enchaînant les duels en ligne. Il s'amusait follement et pouvait discuter avec des fans aussi passionnés que lui par ce jeu. Cela lui faisait du bien. Certes, ses amis du lycée s'intéressaient également à ce jeu, mais il avait tout de même l'impression d'être complètement obsédé à côté d'eux. Il fallait dire qu'il tentait toujours d'élaborer de nouvelles stratégies ou d'obtenir de nouvelles cartes pour améliorer son jeu, n'étant jamais satisfait de ses performances. Avec ce jeu en ligne, il se sentait parfaitement à sa place. De plus, et à son plus grand plaisir, il avait commencé à se tailler une petite réputation. Jusqu'ici, il n'avait perdu que très peu de duels, contre des joueurs très expérimentés, et de plus en plus de monde cherchait à l'affronter.

Il jeta un coup d'œil à l'horloge qui indiquait deux heures du matin et soupira. Il n'avait pas envie d'aller se coucher. Après tout, il n'était pas obligé de se lever tôt le lendemain matin, alors il pouvait se permettre de mener un dernier duel avant d'aller au lit. Fort de sa décision, il chercha parmi les membres connectées une personne qu'il pourrait défier. Un nom retint son attention. Pharaon. C'était le meilleur joueur de la plate-forme et, d'après les statistiques, il n'avait jamais connu la défaite. Un challenge intéressant donc. Yûgi hésita un court instant avant de lui envoyer une demande en duel. Pour son plus grand bonheur, elle fut acceptée quelques instants plus tard et la fenêtre du tchat se mit à clignoter.

Pharaon : Bonsoir.

Hikari : Bonsoir Merci d'avoir accepté.

Pharaon : Tout le plaisir est pour moi. À toi, l'honneur.

Le duel commença et le niveau s'éleva rapidement. Assis devant son écran, Yûgi était euphorique. Le Pharaon était aussi doué qu'on le disait. Ils invoquaient monstre puissant sur monstre puissant, contrant les stratégies de l'autre grâce à des enchaînements de cartes magiques et pièges toujours plus tordus. Finalement, au bout d'une longue demi-heure, Yûgi vit ses derniers points de vie s'envoler. Il aurait dû être déçu, mais il s'était beaucoup amusé et n'était pas un mauvais perdant.

Hikari : C'était très amusant. Tu es vraiment très fort.

Pharaon : Tu t'es très bien défendu, je ne m'y attendais pas. Est-ce ton deck habituel ?

Rougissant face au compliment, Yûgi s'empressa de répondre, un sourire aux lèvres.

Hikari : Oui. J'ai dû mal à utiliser les decks proposés par l'ordinateur. Je suis trop attaché à mes cartes. Et toi ?

Pharaon : J'en ai choisi un au hasard. Les monstres zombis ce n'est pas trop mon truc en fait.

La nouvelle stupéfia le jeune homme. S'il avait ce niveau avec des cartes choisies aléatoirement par l'ordinateur, et donc sans stratégie de base, il n'osait pas imaginer ce que son adversaire valait avec son véritable jeu.

Hikari : Ça veut dire que tu dois être encore plus doué en vrai !

Pharaon : Je me débrouille.

Hikari : En tout cas, c'était une super partie. Merci !

Pharaon : On remettra ça si tu veux. Il est un peu tard, ou tôt, aujourd'hui.

Hikari : Tu veux bien ? Ce serait génial.

D'ordinaire, il n'aimait pas trop affronter plusieurs fois les mêmes personnes mais, contre lui, ça ne lui posait aucun problème. Il avait beaucoup à apprendre de sa technique.

Pharaon : Dans ce cas, à une prochaine fois.

Hikari : Bonne nuit.

Pharaon : Bonne nuit.

Son adversaire se déconnecta et Yûgi ne tarda pas à l'imiter. Ravi de sa soirée, ou plutôt de sa matinée, il passa rapidement à la salle de bain et se dépêcha de rejoindre son lit.

Le lendemain, vers midi, après avoir déjeuné avec son grand-père, Yûgi se reconnecta. Malheureusement, le Pharaon n'était pas connecté, aussi accepta-t-il le duel d'une autre personne, apparemment un petit nouveau.

Il ne se montra que le soir et ce fut lui qui envoya une demande à Yûgi. Heureux, le jeune homme accepta.

Hikari : Bonjour !

Pharaon : Salut. Prêt pour une autre humiliante défaite ?

Hikari : Aujourd'hui, je vais te battre !

Pharaon : Voyons voir ça.

Une nouvelle partie s'engagea. Cette fois-ci, le duel fut parsemé de petites provocations, qui semblèrent motiver le Pharaon autant que Yûgi. Elles restaient gentilles, avec juste ce qu'il fallait pour rendre le jeu intéressant. Mais, comme au matin, Yûgi finit par s'incliner.

Pharaon : Ce sera pour une prochaine fois.

Hikari : Absolument !

Il était heureux. Il sentait qu'il n'avait pas gagné seulement un nouvel adversaire, ou un nouveau rival, mais un ami.

Les deux jeunes gens continuèrent à s'affronter ainsi quotidiennement. À chaque fois, le résultat était le même : la victoire du Pharaon. Ils s'étaient mis à échanger un peu plus, discutant stratégie et cartes. Ils échangeaient des avis, débattant avec passion.

Hikari : Utiliseras-tu un jour ton vrai deck contre moi ?

Chaque fois qu'il posait la question, c'est-à-dire quasiment après chaque nouvelle défaite, il avait la désagréable surprise d'apprendre que son adversaire utilisait une fois de plus un deck qui ne lui appartenait pas.

Pharaon : Mon jeu est… spécial. Si je le dévoile, je risque d'avoir des ennuis.

La réponse piqua la curiosité de Yûgi. Il ne savait absolument rien de son correspondant, si ce n'est qu'il était passionné de Duel de Monstres. D'après son parler, il avait plus ou moins déduit qu'il devait être dans la même tranche d'âge, mais il n'en savait pas plus.

Hikari : Pourquoi ça ?

Pharaon : Parlons d'autre chose, veux-tu ?

Yûgi musela sa curiosité, un peu déçu qu'il ait esquivé la question. Mais il avait tout le temps de découvrir pourquoi.

Hikari : Comme quoi ?

Pharaon : Je ne sais pas… quelle est ta carte préférée ?

Yûgi n'avait pas besoin de réfléchir à une telle réponse.

Hikari : Le Magicien des Ténèbres !

Pharaon : C'est également mon monstre préféré.

Yûgi sourit et engagea la conversation sur cette carte si spéciale à son cœur. En plus d'être un monstre puissant et hautement stratégique, c'était également l'une des premières cartes que son grand-père lui avait offertes. C'était peut-être pour cela qu'elle lui était aussi chère. Cependant il hésita à dire cela à son ami. C'était une information assez personnelle que son grand-père tienne une boutique de cartes et on lui avait toujours dit de se méfier des étrangers sur internet.

Hikari : Je peux te poser une question ?

Pharaon : Oui.

Il hésita avant de taper rapidement son message.

Hikari : Tu n'es pas un psychopathe, n'est-ce pas ?

Pharaon : Pas que je sache. Pourquoi ? Tu as peur ?

Yûgi sentait que son interlocuteur se moquait gentiment de lui et il plissa les lèvres, boudeur. Oui, il se sentait un peu stupide, mais il valait mieux qu'il dise la vérité.

Hikari : Un peu. On ne peut pas savoir sur qui on tombe.

Pharaon : Oui, en effet. Tu pourrais être un vieil homme pervers qui traîne sur des sites de jeux pour appâter de jeunes gens.

Il rit. Après tout, rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. Il était jeune, chétif et n'avait absolument pas la carrure pour organiser une manipulation pareille.

Pharaon : Ne dis rien qui te mette mal à l'aise. Je ne chercherai pas à savoir qui tu es, je te le promets.

Il se sentit légèrement soulagé par cette proposition.

Hikari : Merci. Je ferai pareil !

Suite à cette conversation, Yûgi se détendit avec le Pharaon. Peu à peu, de fil en aiguille, les sujets de conversations avant, pendant et après les duels se mirent à dévier du monde du Duel de Monstres. Cela commença avec Yûgi évoquant ses amis, aux noms cachés par des initiales, à qui ils avaient appris les règles du jeu.

Chaque fois qu'il abordait un nouveau sujet et se confiait un peu, le Pharaon en faisait de même. Il restait bien plus évasif que Yûgi mais il ne lui en tenait pas rigueur. Il le lui avait promis après tout. Mais de son coté, cela lui faisait de bien de parler à quelqu'un qui ignorait tout de sa vie. Il pouvait lui parler de ses journées au lycée et des problèmes qu'il y rencontrait sans aucune crainte. Que ce soit au niveau de ses notes, des voyous qui le prenaient à partie ou d'autres choses. Et, ce qui lui faisait encore plus de bien, c'est que le Pharaon écoutait, ou en tout cas lisait, avec attention et s'efforçait de le soutenir sans le juger.

Ils devenaient de plus en plus proches, sans vraiment le réaliser. Ce fut le grand-père de Yûgi qui le lui fit remarquer un soir.

- Tu vas retourner parler à ton mystérieux correspondant ? demanda-t-il alors que son petit-fils débarrassait la table avec hâte.

Cette simple question fit tiquer le jeune homme. En effet, il passait tout son temps à discuter avec son ami. Il était vrai qu'il n'avait rien de particulier à faire durant les vacances mais il réalisait que, dès son levé, et jusque tard dans la nuit, il restait en contact avec le Pharaon. Les seules fois où il quittait son ordinateur, c'était lorsque celui-ci devait s'absenter et ces moments-là lui paraissaient longs et insipides.

- Est-ce que c'est mal ? murmura-t-il en levant ses yeux améthyste vers son tuteur.

- Non, répondit Salomon avec un petit sourire. Si tu es heureux en discutant avec lui, alors continue. Cela fait du bien de te voir ainsi.

- Merci, grand-père, fit le jeune homme.

Il fallait dire que Yûgi avait toujours eu du mal à échanger avec les autres. Il était bien trop timide pour cela et il ne savait pas par quel miracle il avait réussi à se lier avec Téa, Joey et Tristan. Cela avait changé sa vie car, avec la protection de ses deux amis, assez portés sur la bagarre, il avait moins peur d'aller au lycée et tremblait moins en croisant le regard des autres élèves. En discutant avec le Pharaon, via un écran, il s'ouvrait et osait dire ce qu'il pensait.

Pharaon : Tu devrais t'affirmer un peu plus. Tu n'as pas trop de mal avec moi.

Hikari : Ce n'est pas pareil.

Yûgi hésita. Il allait marquer que son correspondant ne le connaissait pas, mais ce n'était plus vraiment vrai. Ils se connaissaient plutôt bien à présent, au moins dans la manière de penser et d'agir au quotidien. Mais n'était-ce pas le plus important ?

Hikari : Je n'ai pas envie de retourner au lycée. En plus, ça veut dire le retour des devoirs et donc j'aurais moins de temps pour jouer et discuter avec toi.

C'était peut-être ce qu'il appréhendait le plus. Cela faisait près de deux mois qu'ils échangeaient presque tout à toute heure du jour et de la nuit. Ça l'embarrassait un peu quand il y repensait mais c'était un fait.

Pharaon : Je ne vais pas disparaître. Mais c'est vrai que les journées vont être longues.

Yûgi ne put s'empêcher de sourire. Ça aussi ça lui faisait du bien. Savoir que quelqu'un aimait réellement parler avec lui. Après tout, si le Pharaon en avait marre de lui, il lui suffisait de l'ignorer purement et simplement. Et il ne l'avait jamais fait jusqu'ici.

Hikari : C'est dommage que mon téléphone portable soit si vieux, j'aurais pu installer la nouvelle application pour pouvoir avoir le site en permanence.

Pharaon : Si tu veux, on peut échanger nos numéros de téléphone. Comme ça il n'y aurait plus de problème.

Yûgi sentit son estomac se serrer en lisant ses mots, alors qu'une bouffée de chaleur l'envahissait. Il en avait très envie et en même temps cela lui faisait un peu peur. Il se tritura les mains un court instant et lança un nouveau duel pour détourner momentanément l'attention du Pharaon.

Pharaon : Si tu ne veux pas, oublie ça. C'était juste une idée comme ça.

Hikari : Non. Ce n'est pas ça.

Pharaon : Encore cette histoire de psychopathe ?

Yûgi rougit. Il lui semblait que le Pharaon arrivait de plus en plus à décrypter ses pensées. Il prit une grande inspiration pour se donner du courage et envoya un nouveau message.

Hikari : Échangeons-les.

Quelques instants plus tard, son portable sonna avec un unique message, le nom de son correspondant.

Pharaon