Rien n'est plus dur que de faire confiance


Bonjour à tous! Je me lance dans une fic un peu différente de ce que je fais d'habitude. Un peu plus sérieuse, peut-être un peu plus triste. J'espère juste qu'elle vous plaira.

Bien entendu, rien n'est à moi, ni le monde, ni les personnages, mais je les empreinte pour une durée indéterminée ^_^

Ce chapitre est plus une introduction qui sert un peu à placer les différents personnages. ça commencera un peu à bouger dans le chapitre d'après.

Cette fic est un POV de James.

Bonne lecture!


La première fois que Sirius a aperçu Remus Lupin, c'était lors de la répartition. Je me souviens qu'il ne l'avait pas quitté du regard jusqu'à ce qu'il soit envoyé dans notre maison, à Gryffondor. Une fois le garçon assis, Sirius s'était retourné vers moi avec un sourire satisfait et avait repris la conversation, comme si rien ne s'était passé. A ce moment-là, je n'avais pas encore le moindre soupçon. Black avait toujours été un garçon bizarre au comportement inexplicable. Je pensais simplement qu'il était intrigué par l'air maladif et terrorisé de Remus. Ce garçon donnait l'impression de penser que les autres élèves allaient soudainement se lever et se jeter sur lui pour le dévorer. Je n'avais pas fait très attention à lui à ce moment. C'était un garçon pâle, effacé, et Sirius devait être le seul à avoir remarqué sa présence.

En vérité, je n'ai jamais vraiment aimé Remus Lupin et aujourd'hui, je pense que mon sentiment était justifié. Je ne me basais certe sur aucun élément pour expliquer cette méfiance. Le résultat est que j'avais raison.

La première fois que Sirius a adressé la parole à Remus, c'était à peine une heure plus tard, lorsque les dortoirs nous ont été attribués. Dans notre chambre, nous étions quatre: moi, bien évidemment, Sirius, Peter Pettigrow et lui. Sirius paraissait enchanté et il a immédiatement engagé la discussion avec le pauvre garçon qui affichait un sourire affolé. Je me rappelle encore avoir haussé les épaules avec amusement puis m'être intéressé au petit bonhomme qui me faisait face. Peter me donnait l'impression d'un garçon timide et réservé. Ennuyeux. Mais dès qu'il a ouvert sa valise, j'ai immédiatement compris que nous allions bien nous entendre. Surexcité, j'ai entrepris de l'aider à faire l'inventaire des bombabouses, des fusées, des souris explosives et de toutes les autres merveilles que contenait son sac.

J'aurai mieux fait de surveiller Sirius. Rien que le fait qu'il ne se soit pas précipité en voyant les farces et attrapes de Peter aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Il était trop occupé à essayer de faire parler Lupin, qui gardait le silence en lançant régulièrement des regards désespérés en direction de la porte.

Je m'en veux, j'aurai dû me méfier. Si j'avais réagi dés le début, nous n'en serions peut-être pas là aujourd'hui.

La première fois que Remus a consolé Sirius, c'était après une rencontre particulièrement violente avec un groupe de Serpentards. Ils n'ont jamais digéré le fait qu'un descendant de la "noble et très ancienne famille des Black" se retrouve à Gryffondor. Sirius est fort, autant physiquement que mentalement. Mais sa famille a toujours été le sujet qu'il fallait éviter. Il leur a répondu avec sa nonchalance habituelle, c'est pourquoi je ne me suis pas particulièrement inquiété. Les sales serpents ont insisté, mais la belle bagarre qui a suivi s'est terminée en notre faveur. Pour moi, l'incident était clos. Mais pas pour Sirius. J'ai remarqué son air furieux quand il a commencé à faire ses devoirs, une fois rentrés dans la salle commune.

J'aurais dû faire quelque chose. Il a serré sa plume si fort qu'elle s'est brisée. J'ai relevé la tête, ses yeux brillaient. Je savais que Sirius ne pleurerait pas. Je me suis quand même dit qu'il fallait que je réagisse, mais avant que j'aie pu faire le moindre mouvement, Lupin était apparu à ses côtés. Remus n'est pas un garçon démonstratif, ce n'est pas non plus un grand bavard. C'était sans doute ce dont avait besoin Sirius pour se remettre de l'altercation du matin. Une main sur son épaule, Remus a commencé à lui expliquer l'exercice, l'air de rien. Je crois bien que c'était la première fois que j'entendais le son de sa voix. D'abord aussi surpris que moi, Sirius s'est vite détendu et n'a pas tardé à retrouver sa bonne humeur. Ça m'a mis en colère contre Remus, je me disais qu'il cherchait à me voler mon ami.

Maintenant, je me rends compte que j'étais simplement jaloux. Car je savais pertinemment que j'aurais été incapable de le consoler aussi facilement. Ce garçon avait un don pour comprendre les gens. Je pense que c'est à partir de ce moment là qu'il a pris une telle importance pour Sirius.

La première fois que je me suis disputé avec Sirius, c'était à cause de Lupin.

Sirius et moi, nous nous connaissons depuis notre enfance. Ses parents voyaient d'un très mauvais œil notre amitié. Les miens trouvaient follement amusant de faire enrager les Black et m'encourageaient donc à rester avec Sirius.

Jusqu'à ce jour, nous ne nous étions jamais trouvés en désaccord.

Un soir, peu après l'épisode des Serpentards, Remus n'était pas monté se coucher. Le lendemain matin, il ne se montra pas non plus. Lorsqu'il revint, au dîner, Sirius choisit de faire comme si de rien n'était et commença à monologuer en espérant une réponse du garçon. Voyant une occasion de porter préjudice à Lupin, je lui demandais où il avait passé la nuit. L'air affolé qu'il arbora poussa Sirius à prétendre qu'il s'en fichait. Mais il était hors de question que je laisse tomber. J'aurais peut-être mieux fait pourtant. Mon instance donnait une importance à Remus. Si je ne m'étais pas autant obstiné, peut-être que Sirius aurait fini par se lasser.

J'ai continué en pleine connaissance de cause: j'avais croisé le regard de Sirius et j'avais compris qu'il soutiendrait Remus. Je me suis senti trahi et j'ai dit tout ce qui me passait par la tête. Je me souviens vaguement d'avoir émis l'hypothèse qu'il était peut-être partisan du mage noir dont on commençait à entendre parler et de l'avoir soupçonné d'être un monstre qui nous cachait ce qu'il était vraiment. Je n'étais encore au courant de rien et je ne savais donc pas encore à quel point j'étais proche de la vérité.

Encore une fois, je n'aurais pas dû dire ça. Lupin s'est tassé sur lui-même comme si j'allais le frapper. Sirius a levé le poing et l'a envoyé de toutes ses forces dans ma figure pour me faire taire, me projetant sur la table voisine.

Puis il a attrapé Remus par le bras et l'a entrainé hors de la salle. Je me rappelle que la seule pensée cohérente encore présente dans mon esprit embrumé était que Lupin était la cause de tout cela. Une fille rousse aux yeux magnifique s'est alors approchée de moi et m'a aidé à me relever.

-Potter c'est ça? Tu ne devrais pas insulter les gens comme ça sans les connaitre. Si tu veux rester en bons termes avec ton ami Black, tu devrais essayer d'accepter Lupin.

Je dois avouer avoir réagi de façon particulièrement bête à cet instant de mon existence, car tout ce que j'ai trouvé à lui répondre fut:

-Veux-tu m'épouser?

Elle m'a giflé et je l'ai regarder partir, complètement hébété. Un coup de foudre en somme. C'est à ce moment que je suis tombé amoureux de Lily Evans, la fille la plus intelligente que j'ai jamais rencontré. Mais malgré toute son intelligence, elle s'était trompée. Je n'insultais pas Remus sans le connaitre. Je savais au fond de moi qu'il était mauvais. Et aujourd'hui, j'en ai la preuve sous les yeux. On va surement me dire que c'était injuste, que je ne me basais sur rien. Que j'étais possessif et intolérent. C'est vrai. J'ai peut-être jugé Remus trop rapidement et trop sévèrement. Il n'a jamais rien fait qui puisse justifier ma méfiance à son égard, c'est certainement pour ça que je ne l'aimais pas. Les gens trop gentils ont toujours quelque chose à cacher.

La première fois que nous avons fait une farce avec Remus, c'était mon idée. Après notre altercation, je m'étais excusé auprès de Lupin sous le regard heureux de Sirius.

J'avais décidé de mettre en pratique le proverbe « soit proche de tes amis mais encore plus de tes ennemis ». Ma nouvelle technique consistait à monopoliser Remus de manière à ce que Sirius ne puisse plus rester collé à lui. Un jour où Sirius m'avait reproché de faire semblant d'être ami avec le garçon, je décidai de l'inclure dans une de nos blagues. En Métamorphose nous avions appris un sort très simple permettant de changer la couleur du poil des animaux. J'avais décidé de m'entrainer sur Miss Teigne, le chat du concierge. Sirius était enchanté que je me montre si amical avec Lupin. Nous nous étions répartis les rôles: Remus, qui maitrisait le mieux le sort, serait chargé de le jeter, Sirius détournerait l'attention de Rusard, Peter ferait le guet et je m'occuperai d'attraper le chat.

Je m'étais plutôt bien débrouillé et, tenant le chat par la queue, je songeai à l'envoyer à la figure de Remus « par inadvertance ». Malheureusement, si j'avais parfaitement accompli mon travail, Sirius et Peter n'avaient pas été aussi efficaces et Rusard surgit derrière moi avant de m'attraper par le col en me secouant comme un prunier. Je vis alors Remus apparaitre derrière le concierge et lui lancer un sort. Ses cheveux se mirent soudainement à pousser et nous avons pu profiter de cette diversion pour nous enfuir.

Bien entendu, j'ai remercié Lupin avec tout l'enthousiasme requis. Je crois bien que le seul à être dupe fut Sirius qui nous regardait avec l'air satisfait du père qui vient de marier ses enfants.

La première fois que j'ai eu une discussion sérieuse avec Remus, ce fut le soir même de l'histoire avec Rusard.

-Je ne cherche pas à te voler Sirius. M'avait-il dit.

Je me rappelle lui avoir répondu avec amertume que ce n'était pas l'impression qu'il donnait.

Il m'a regardé droit dans les yeux, il paraissait tellement fatigué.

-Si tu parviens à faire en sorte que Sirius ne me parle plus, je te fais le serment de ne plus jamais vous approcher, ni lui, ni toi, ni personne d'autre de votre entourage. Je pense que c'est l'attitude la plus raisonnable et la plus sûre pour nous tous. En attendant, je te jure de ne plus rien faire qui puisse l'encourager à m'approcher.

Il paraissait sincère. Je dois avouer que sur le moment, je l'ai vraiment cru. Et même aujourd'hui, je pense toujours qu'il disait la vérité, qu'il aurait vraiment aimé que Sirius l'oublie. Ça nous aurait peut-être évité ça.

La première fois que je me suis vraiment posé des questions sur les sentiments de Sirius vis-à-vis de Remus, c'était lors de l'épisode de l'infirmerie.

Jusque là, je dois reconnaitre que Remus avait toujours respecté son engagement. Il se montrait distant avec Sirius et ne lui parlait pas plus que ce que la politesse exigeait. Malheureusement, cette attitude était loin de décourager mon ami qui redoublait d'efforts pour le dérider. Un soir, Remus disparut une nouvelle fois. Sirius ne fit aucune remarque, mais le lendemain matin, il me traina à sa recherche. MacGonagall finit par nous avouer qu'il était à l'infirmerie. Sirius s'y précipita et serra fortement Remus dans ses bras. Je reconnais avoir été jaloux. Je vous rassure tout de suite, je n'ai pas ce genre de tendance. Depuis que je l'avais rencontrée, mon cœur appartenait tout entier à la belle Lily Evans. C'était une jalousie d'amitié.

J'avais toujours été le seul ami de Sirius et devoir partager cette amitié avec Lupin me répugnait. Surtout que je soupçonnais déjà que cette relation était peut-être au-dessus de l'amitié, aussi puissante soit-elle. Je ne crois pas que Sirius avait compris ce qu'il ressentait. Je ne suis même pas sûr qu'aujourd'hui, il le sache vraiment.

La première fois que je suis tombé d'accord avec Remus, c'était très exactement un mois après cette scène. Dès qu'il avait constaté sa disparition, Sirius s'était précipité à l'infirmerie pour y retrouver Lupin. Le lendemain soir, alors que Sirius était en retenue pour avoir transformé les vêtements de MacGonagall en Tour Eiffel (ce qui avait laissé notre chère professeur quelque peu dénudée), Remus m'avait pris à part. Il n'était pas bête et avait aussi bien compris que moi les sentiments de Sirius.

-Il est… amoureux de moi. Avait-il déclaré.

J'avais hoché la tête, jugeant inutile de nier l'évidence.

-Il faut que tu fasses quelque chose James. Il ne doit surtout pas s'attacher à moi.

-C'est un peu tard pour ça non? Et on ne peut pas dire que tu fasses grand-chose pour le dégouter.

-Je ne veux pas qu'il me déteste, je ne peux pas m'offrir ce luxe. Je sais que tu ne m'aimes pas et tu as parfaitement raison, je ne suis pas quelqu'un de fiable, c'est pourquoi tu dois faire en sorte qu'il m'évite. Mais surtout, il faut que tu l'empêches de venir, les jours où je dois aller à l'infirmerie.

-Je t'aide si tu me dis ce qui t'amène là-bas une fois par mois.

-Crois-moi sur parole James, tu préfèrerais ne jamais le savoir.

Je me souviens encore très précisément de l'air qu'avait pris Remus à ce moment là: un mélange d'amertume, de honte, de douleur et de haine. De haine contre lui-même. Je me suis aperçu avec horreur que Remus Lupin se haïssait. Pire que ça. Il donnait l'impression de souhaiter sa propre mort. Aujourd'hui, je comprends enfin d'où lui venait ce sentiment, et la pitié qu'il a fait naitre en moi ce jour là est sans doute la seule chose qui me retient d'hurler d'horreur aujourd'hui. Savoir qu'il se dégoute autant qu'il me dégoute m'empêche de lui en vouloir autant que je devrais.

La première fois que Sirius a refusé quelque chose à Remus, ce fut deux ans plus tard. Nous étions en troisième année et malgré l'attitude froide qu'avait adoptée Remus, Sirius ne l'avait toujours pas lâché. Peter s'était plutôt bien intégré dans notre groupe, c'était un garçon un peu complexé mais éternellement de bonne humeur et toujours partant pour faire une farce. Nous formions un groupe appelé « Les Maraudeurs » et, pour celer notre amitié, Sirius avait proposé que nous partagions notre sang afin de faire de nous des frères. Lui et moi avions fait cet échange un tel nombre de fois que nous devons avoir chacun au moins la moitié du sang de l'autre. Alors qu'il s'apprêtait à entailler la paume de Remus, Sirius s'était arrêté d'un air gêné.

-Je… je suis désolé. Je ne veux pas… enfin, ce n'est pas contre toi. C'est juste que je ne veux pas qu'on puisse être considéré comme… comme des frères.

Cette déclaration ne surprit ni Remus ni moi. Nous savions tous les deux que la place qu'occupait Lupin dans le cœur de Sirius était bien au-dessus de celle de frère. Mais même après ça, je crois que Sirius n'avait toujours pas compris pourquoi il ne voulait pas partager le même sang que Remus.

Je regrette tout ce qui s'est passé. C'est sans doute de ma faute. Si j'avais réagi dès le début, si j'avais empêché Sirius de fréquenter Remus, si j'avais demandé à ce qu'il change de chambre, si j'avais insisté plus longtemps pour éclaircir ses mystérieuses disparitions mensuelles, si j'avais fait n'importe quoi plutôt que d'essayer de considérer Remus comme un mal supportable, aujourd'hui, Sirius ne serrait pas là, à me hurler dessus en me suppliant de ne rien dire, de lui laisser juste un peu de temps pour que Lupin s'explique. Il ne serait pas là, accroupi dans la Cabane Hurlante, à serrer contre lui le corps martyrisé de Remus.

Si j'avais réagi plus tôt, mon meilleur ami ne serait pas amoureux d'un loup-garou.


Fin de ce chapitre. Qu'en dites-vous? Je tiens à remercier Shaa Zaam, qui a gentiment accepté d'être ma Bêta et qui fait vraiment un travail génial.

Une ch'tite review? C'est pour la bonne cause ^_^

Dites moi si la suite vous intéresserait

La reine des poulpes vous salue!