Cette histoire est la suite de Harry Potter et les Six Fondateurs, qui débute après L'Ordre du Phénix.

Qu'est-ce qu'il y a après Voldemort? La fin des aventures? Non, le Seigneur Noir est vaincu et les élèves de Poudlard vont partir pour les vacances d'hiver bien méritées, mais de nouveaux acteurs entre en jeu. Du coté des Centaures d'une part, et d'une mystérieuse organisation de sorciers et de sorcières qui ont suivi avec attention les derniers événements d'autre part.

Les Six Fondateurs vont s'initier aux complexités de la politique, et apprendre à en assumer les conséquences. L'amitié légendaire qui les unit va être mise à rude épreuve. Le professeur Dumbledore va jouer avec le feu et s'en mordre les doigts. Par ailleurs, un nouveau trio va reprendre une tradition immémoriale, et un certain professeur de potions va en voir de toutes les couleurs.

L'histoire débute à la fin de la précédente. Elle s'organise en trois parties, avec plusieurs intrigues secondaires qui vont se mettre en place graduellement et qui s'entrecroisent au fur et à mesure pour se rejoindre à la fin. En gros, dans la première partie les choses se passent plutôt bien pour nos amis. Ca se gâte dans la deuxième, et il y a pas mal d'action dans la troisième. J'espère que tous ceux qui ont appréciés les Six Fondateurs seront contents de cette suite. Bonne lecture, et n'oubliez pas les reviews.


... "Vous avez bien sûr compris ce que j'avais du faire, n'est ce pas?" demanda Fudge.

Percy secoua la tête, la confusion se lisait sur son visage.

"Et ça a marché. Grâce soit rendue à Merlin. Tout le monde a joué son rôle et ça a marché. Nous avons vaincu Qui-vous-savez."

C'en était trop. Percy arrêta de bégayer et se leva ...

Prologue

Poudlard, le jour précédent,

La silhouette encapuchonnée regardait toujours le château silencieux lorsque la nuit se mit à tomber. Le tissu épais qui la protégeait du froid ne suffisait pas à masquer qu'il s'agissait d'une femme, plutôt jeune d'apparence. Lorsqu'elle bougeait, ses mouvements étaient vifs et impatients. Un dernier rayon de soleil éclaira son visage. Elle était très belle, une beauté qui aurait pu être qualifiée de merveilleuse, s'il ce n'était pour l'expression de dureté qui s'y lisait présentement. Sa bouche était fermée en un trait mince, et ses yeux noirs fixaient inflexiblement le paysage devant elle.

Quelques volutes de brouillard collaient encore aux créneaux et aux tours. Le soleil couchant transformait leurs couleurs blanchâtres en teintes de gris et de rouge. La lumière mourante les faisait ressembler à des fantômes ensanglantés, ce qui était une image particulièrement appropriée pour désigner ce qui restait de son plan grandiose.

La sorcière, car c'en était une, avait attendu un signe d'espoir depuis la spectaculaire manifestation de magie que toutes les créatures aux alentours avaient pu ressentir. Il n'y avait pas beaucoup d'espoir, étant donné que la gigantesque Marque Noire qui avait flotté au dessus du château, avait disparu au même moment. Depuis lors, aucun signe de vie ne s'était manifesté.

Ils sont peut être tous mort là dedans.

Ca serait trop beau pour être vrai, mais c'était quand même possible. Il n'y avait qu'une seule manière pour en être sûr. Elle avait commencé à se diriger vers l'entrée principale lorsqu'une lueur subite attira son regard. En levant les yeux, elle vit qu'une fenêtre d'une des grandes tours venait de s'éclairer. Elle n'avait jamais visité l'école, mais elle en avait étudié les plans avec assez de soin pour identifier qu'il s'agissait d'un des dortoirs des élèves. Celui de la Maison des Gryffondors pour être précis.

Elle se concentra un instant et soudain sa silhouette se déforma dramatiquement, tout en se réduisant rapidement de taille. Une seconde après, une pie noire et blanche prenait son envol en direction du château, et vers la source de lumière. L'oiseau vola rapidement et quelques instants plus tard, il se perchait sur le rebord extérieur de la fenêtre.

Le spectacle dans la pièce était étonnant. Il y avait cinq grands lits à baldaquins, avec ce qui fallait de meubles pour ranger les affaires des jeunes étudiants. Ca c'était normal. Ce qui l'était moins c'était de voir des professeurs aux traits tirés par la fatigue faire flotter les corps inconscients de cinq garçons, depuis la cage d'escalier jusque dans leurs lits. La pie/sorcière se demanda de quoi il s'agissait lorsqu'elle reconnut une des silhouettes. Une bouffée de colère monta en elle.

Il est vivant! Cette misérable excuse qui se prétend un Sorcier Noir, n'a même pas été capable de le tuer.

La pie s'envola d'un bond dans les airs en poussant un cri sinistre dans la nuit. Pendant un moment elle se mit à voler furieusement en tous sens. Comme si la sorcière voulait laisser libre cours à sa colère en s'abandonnant aux instincts de sa partie animale. Ca ne dura pas très longtemps. L'oiseau finit par se diriger vers le sol, dans la direction du chemin qui menait vers le petit village voisin. Dès qu'il eut touché terre, la transformation inverse s'opéra, et la silhouette féminine réapparut. D'un geste rapide elle repoussa sa capuche et se tourna vers le château, les poings serrés et le visage plus dur que jamais. Puis elle se détendît et la colère laissa place à une froide expression de calcul. Son visage était celui d'une femme d'une trentaine d'années, ses cheveux étaient cuivrés et coupés assez cours. Seuls ses yeux pouvaient laisser paraître un doute quant à son âge, mais bien sûr les années passent plus lentement sur le corps d'une sorcière. Elle sembla prendre une décision et se retourna pour s'éloigner rapidement de l'école. Au moins elle savait à quoi s'en tenir désormais. Voldemort avait échoué, et cet échec était également le sien, mais il y avait encore quelque chose qu'elle pouvait faire, à condition de se dépêcher. Dès qu'elle fut sortie du périmètre de protection, et qu'il fut possible de le faire, elle Transplana brusquement.

Un peu plus tard,

Les cinq silhouettes apparurent simultanément au milieu d'un terrain désolé, battu par un vent glacial, et entouré du bruit assourdissant des vagues qui se fracassaient sur les rochers. Au centre se trouvait la sorcière qui avait été témoin de la bataille de Poudlard. Les quatre autres personnages étaient des sorciers, placés autour d'elle comme des gardes du corps. Ils relâchèrent le Portoloin qu'ils venaient d'utiliser, et sans échanger une parole, tous se mirent à courir le long de la côte.

A quelques centaines de mètres on apercevait la silhouette d'une construction, une petite bâtisse fortifiée. Ils se trouvaient sur une sorte d'île. Sans doute un ancien bastion maritime, construit par les Moldus pour protéger la côte d'éventuels envahisseurs. La sorcière ne connaissait pas particulièrement l'histoire de cet endroit, mais elle était sûre qu'aucun Moldu n'en gardait le moindre souvenir.

Ils couraient silencieusement, leurs baguettes à la main. La bâtisse ne montrait aucun signe d'activité, ni même d'habitation. En dehors de quelques meurtrières, la seule ouverture était un portail avec de grandes portes de bois renforcées par des barreaux de métal. La sorcière se transforma une nouvelle fois, et la pie vola au devant des quatre hommes. Elle passa par dessus le mur et disparut dans ce qu'on devinait être une cour intérieure.

Les sorciers arrivèrent au niveau du portail et s'arrêtèrent. L'un d'eux essaya de l'ouvrir mais sans succès. Ils attendirent, baguettes à la main et prêts à toute éventualité. Un bruit de décharge électrique se fit entendre derrière le mur, suivi par celui du choc caractéristique d'un corps qui tombe au sol. Présentement les portes s'ouvrirent et les sorciers pénétrèrent à l'intérieur. La magicienne les attendait.

D'autres silhouettes sortaient du bâtiment principal. Des éclairs verts et rouges zébrèrent la nuit. Le combat ne dura que quelques instants. Le Seigneur Noir avait déjà emporté avec lui tous ses serviteurs capables de se battre, et ceux qui restaient n'opposèrent qu'une résistance pitoyable. Les nouveaux arrivants se précipitèrent à l'intérieur et semèrent la panique parmi des domestiques affolés.

"Ne tuez pas le Rat!" cria la sorcière.

Elle en savait un peu sur la misérable créature que Voldemort appelait Queudver. C'était un traître et un sorcier sans grandes qualités, mais pour une étrange raison le Seigneur Noir lui faisait confiance pour garder un grand nombre de ses secrets. La plupart d'entre eux étaient désormais sans objet, sauf un qui pourrait lui être utile.

Elle l'aperçut au bout du couloir. Il cherchait à s'échapper, ce qui était parfaitement raisonnable étant donnée les circonstances. Il n'y arriva pas. Un maléfice le faucha dans sa course à quelques mètres de la porte qu'il essayait de prendre. Deux des sorciers s'approchèrent de lui avec des cordes.

"Attention à la Main," dit la sorcière.

Elle savait qu'il s'agissait d'un don de Voldemort, et en tant que tel l'objet pouvait être extrêmement dangereux. Un des sorciers fit un geste suggestif et elle acquiesça.

"Diffindo!"

"AAARRGH!"

Queudver revint à lui et fixa stupidement le moignon sanglant qu'était devenu son bras. La Main Argentée gisait au sol, toujours attachée à un morceau de chair. Un flot de sang jaillissait de la blessure. Le deuxième sorcier utilisa une longueur de corde pour réaliser un garrot de fortune. Peter Pettigrow gémit faiblement et se laissa faire. Son visage était blanc et trempé de sueur.

"Quoi ... Pourquoi?" Il regarda la sorcière et il la reconnut. "Vous! Vous allez payer pour ça! Mon maître vous fera payer ..." Il se mit à sangloter.

"Ton maître est mort petit homme," dit la femme. "Et désormais c'est moi qui commande. Je veux quelque chose que tu gardes ici."

Elle posa la question, et il secoua la tête en se mordant les lèvres. Il était sûr qu'elle mentait, et que le Seigneur serait sans pitié si jamais il le trahissait. Rien ne pourrait être pire que sa vengeance, et mieux valait encore mourir. La femme sourit cruellement, et sur son visage merveilleux, cette expression était vraiment terrifiante. Elle tendit la main et caressa doucement la tempe du prisonnier. Ses yeux s'écarquillèrent et il hurla, mais pas longtemps.

Quelques minutes plus tard, elle sortait du bâtiment en tenant une large coupe argentée dans ses bras. Les symboles qui en décoraient le pourtour montraient qu'il s'agissait d'une Pensine. Elle l'emballa dans sa cape et attendit que ses compagnons aient fini de lancer leurs sorts d'incendie et de destruction dans ce qui restait du dernier repaire de Voldemort. L'endroit avait été protégé par des sortilèges formidables, mais la plupart d'entre eux avaient pris fin avec l'existence du propriétaire des lieux. Demain matin, il n'en resterait que des ruines méconnaissables.

Poudlard,

Harry Potter planta sa fourchette dans son assiette, mais au lieu de prendre une autre bouchée, il se contenta de jouer avec la nourriture. La tarte aux pommes était délicieuse, mais vraiment il ne pouvait plus avaler autre chose. Autour de lui, les bruits joyeux du banquet de fin de trimestre résonnaient de part et d'autre du Grand Hall. C'était le dernier jour qu'ils allaient passer à l'école avant les vacances d'hiver. Demain matin l'Express de Poudlard les ramènerait à Londres.

Le jour précédent, Harry et ses amis avaient vaincu Voldemort. Il avait encore du mal à se convaincre que c'était vraiment arrivé. Personne ne se souvenait d'ailleurs de ce qui c'était réellement passé, sauf le professeur Dumbledore qui avait effacé leurs mémoire. Ca rendait la chose encore plus irréelle. Ils étaient des héros et le monde des sorciers était enfin en paix.

Il regarda la jeune fille assise en face de lui. Hermione était plus belle que jamais dans la chaude lumière des bougies et des torches. Elle leva les yeux en souriant, et le bonheur était dans son coeur. Il était libre. Plus de prophétie. Plus de menace. C'était la fin de ce combat singulier avec Voldemort qui avait commencé avant même sa naissance. Il était dans la plus merveilleuse des écoles, entouré par ses amis, et à coté de celle qu'il aimait.

Il se tourna vers la table principale où les professeurs bavardaient entre eux et se portaient mutuellement des toasts. Il croisa les yeux du Directeur qui inclina la tête et leva son verre dans un salut silencieux. Harry sourit et répondit de même, plein de reconnaissance pour celui qui avait rendu tout cela possible.

Non loin de là Fred et George n'étaient pas en reste pour célébrer bruyamment la victoire avec les autres élèves. C'était quand même quelque chose de se retrouver à Poudlard, en particulier pour y recevoir les félicitations de leurs anciens camarades pour le rôle décisif qu'ils avaient joué dans la bataille finale. Il n'y avait vraiment qu'une seule chose qui les embêtait vraiment. Leurs regards se croisèrent et la même pensée était dans leur tête.

"Tu as vu quelque chose? Même minime?" demanda Fred, soucieux.

"Non," répondit George. "Rien que de la gentillesse nauséeuse. Ils sont tous beaucoup trop bien élevés à mon avis."

Les jumeaux examinèrent les autres tables. Ils recherchaient des esprits audacieux susceptibles de reprendre la tradition éternelle de pitres et farceurs de l'école. Sans aller jusqu'à trouver des légendes vivantes comme eux, ou comme les célèbres Maraudeurs, il était quand même indispensable que le flambeau soit tenu par un intérim au moins symbolique.

Bien sûr l'idéal serait de trouver un représentant parmi les Gryffondors, mais la génération actuelle était plutôt décevante. Harry et Ginny auraient bien pu jouer ce rôle, mais Hermione et Draco affaibliraient leurs efforts, et puis Harry n'était plus vraiment intéressé. Il est devenu un héro maintenant. Trop sérieux.

Fred balaya la table des Pouffesoufles, mais il n'y avait rien de remarquable là bas non plus. Il passa presque par dessus Serpentard. Cette Maison était pratiquement un cas clinique coté humour, et seule la chance lui fit remarquer le garçon aux cheveux noirs en train d'ensorceler le gobelet de Vincent Crabbe. Il reconnu immédiatement le célèbre charme du Verre Baveur, et il en eut la confirmation lorsque le gros gaillard se mit à crier lorsque du jus de Citrouille dégoulina sur ses robes, provoquant l'hilarité bruyante de ses voisins. Fred donna un coup de coude à son frère et lui désigna la scène.

"Un Serpentard?" chuchota George. "Tu me fais marcher."

"Il a le don je te dis, et il est en première année en plus. Nous pourrons facilement le former." Il attira son frère contre lui. "Et ça sera encore mieux avec cette Maison. Ca fera une réponse parfaite à l'ambiance écoeurante de fraternité mielleuse qui les habite tous."

George leva le sourcil gauche et afficha un sourire sinistre et menaçant.

"Je suis d'accord. Très approprié."

Il tendit la main cérémonieusement à son frère.

"Faisons voeux de le corrompre."

Fred la lui serra.

"Au mieux de nos capacités."

"Comment s'appelle-t il?"

"Parker je crois. En fait Ginny m'en a parlé. Elle m'a aussi dit qu'il avait une soeur ici à Gryffondor."

"C'est moi."

Ils se retournèrent pour se retrouver face à face avec une petite fille qui avait la même chevelure noire et épaisse que le jeune Serpentard. Elle les regardait d'un oeil soupçonneux.

"Et tu t'appelle?" demanda Fred.

"Moi c'est Alice, lui c'est Richard, et la fille à coté de lui est Silena Malefoy," expliqua-t elle.

Les jumeaux échangèrent un regard étonné, et presque immédiatement deux sourires malicieux éclairèrent leurs visages.

"Malefoy comme dans ..."

"... Drago Malefoy?"

"Oui. Elle n'est pas ici depuis très longtemps, mais elle est sympa. On a passé la journée à lui montrer l'école." Elle les regarda avec une expression interrogative. "De quoi est ce que vous parlez? Qu'est ce que vous voulez dire par corrompre?"

Fred prit son air le plus angélique.

"C'est un terme technique. Nous pouvons te l'expliquer bien sûr, mais ce serait mieux si ton frère était là en même temps," répondit il.

"Pourquoi ne pas lui demander de nous retrouver au deuxième étage après le banquet?" ajouta George. "Couloir Est, juste à droite de l'escalier."

"Et Silena Malefoy est la bienvenue également."

La première réaction d'Alice était la méfiance. Elle avait entendu pas mal d'histoires sur ces deux là, toutes plus scandaleuses les unes que les autres.

"Je ne suis pas sûre ..." commença-t elle.

George se redressa, fronça les sourcils et la toisa de haut.

"Tu es Gryffondor ou pas?" se moqua-t il. "Où est ton sens de l'aventure?"

Elle ne broncha pas.

"Je n'ai pas peur!" rétorqua-t elle. Les deux garçons la regardèrent d'un air sceptique jusqu'à ce qu'elle finisse par accepter. "D'accord. On y sera, mais gare à vous si c'est un piège."

Les jumeaux placèrent simultanément leur main droite sur leur coeur.

"Certainement pas."

"Tout le contraire en fait."

Ils la regardèrent très sérieusement pendant une poignée de secondes, avant de jaillir de leurs sièges pour rejoindre un autre groupe de fêtards à l'autre bout de la table. Alice resta un moment à se demander ce qu'ils pouvaient avoir derrière la tête. C'est quoi le contraire d'un piège pour eux?

Quelque part,

La petite araignée se déplaçait rapidement sur la grande table de pierre puis elle s'arrêta soudain. Elle n'était pas vraiment petite, en fait elle était bien assez grande pour flanquer une bonne frousse à n'importe quelle personne qui avait un tant soit peu peur de ce genre de bestiole. Certainement assez pour la faire se jeter en arrière brutalement si jamais elle la voyait sur sa table. En fait c'était plutôt la table qui était très grande, au moins six mètres de diamètre, ce qui faisait que l'araignée paraissait petite en comparaison, et elle avait certainement un aspect inquiétant. Sa peau était noire, luisante comme du cuir et zébrée de lignes d'un jaune brillant.

Après être restée quelques secondes immobile, elle reprit son chemin. Elle n'avait pas de but particulier, sinon de trouver un bon emplacement pour y tisser sa toile. Comme la surface lisse n'était pas très bien adaptée à cela, l'araignée continua sa progression jusqu'à ce qu'elle arrive devant une série de tiges métalliques qui se dressaient en l'air.

L'araignée ne pouvait pas se rendre compte de quoi il s'agissait bien sûr. La pièce était très mal éclairée, et elle ne pouvait pas voir qu'il y avait sept constructions identiques, ni que les arcs se combinaient pour définir des formes ovales élégantes, placées de manière régulière autour du périmètre de la table. Tout ce qu'elle pouvait comprendre était que les tiges feraient un bon support pour une toile. Elle grimpa le long de l'une d'elle et commença son travail. Elle avait presque terminé son troisième fil lorsqu'un bruit de crépitement se fit entendre. Une bouffée de flammes vertes engloba les structures métalliques, détruisant la toile inachevée, et incinérant la bestiole malchanceuse.

Les feux se stabilisèrent à l'intérieur des formes ovales et fournirent assez de lumière pour éclairer l'ensemble de la pièce. Celle-ci était vaste et apparemment vide. On pouvait désormais se rendre compte que la table était en fait une sorte d'estrade circulaire, et en tout cas il n'y avait rien qui pouvait ressembler à des chaises. Les flammes se résorbèrent pour laisser la place à des figures humaines. Sept sorciers et sorcières étaient désormais nettement visibles.

L'un d'eux prit la parole. Il était grand et sa voix, ferme et masculine, évoquait l'assurance et la compétence. Son aspect était celui d'un homme d'une quarantaine d'années. Ses gestes avaient l'aisance de quelqu'un habitué à être écouté.

"Le sang-mêlé est mort. Il a échoué une fois de plus." Sa tête s'inclina vers la personne à sa droite. C'était la sorcière qui avait assisté à la bataille de Poudlard. "Comme je le pensais." Il marqua une pause, comme s'il attendait une réponse, mais la magicienne ne montra aucune réaction. Elle regardait calmement devant elle.

"Que s'est il passé?" demanda un des sorciers, plus jeune que le premier. "Est ce que Dumbledore a réussi à le détruire?"

Une troisième personne répondit. C'était un sorcier extrêmement âgé. Sa voix était rauque et basse mais très précise dans ses intonations, comme celle d'un vieux professeur.

"Ce n'est pas clair. Notre observateur a été témoin de l'assaut final sur l'école. Tout semblait bien se passer jusqu'à ce que les attaquants pénètrent dans le château. Il était évidemment impossible de les suivre mais après un certain temps, une magie très puissante a été utilisée. Une puissance remarquable, perceptible même au travers des défenses. L'échec des attaquants ne fait aucun doute, et il ne s'est rien passé de particulier depuis lors."

"Le Magenmagot a été informé de la mort du Seigneur Noir. Tous les enchantements de Jédusor ont disparu," ajouta un autre sorcier. Celui là avec la sonorité d'un orateur professionnel. Sa carrure était imposante, mais plus sénatoriale qu'athlétique. "Aucun de ses Mangemorts n'a survécu. Il n'y a pas de doutes."

"J'ai lu le rapport," dit une voix féminine, rendue flûtée par l'âge. "Une forme de magie communautaire a été employée. Probablement une relique du temps des Fondateurs. Ca ressemblait bien à leur style," jeta-t elle avec dégoût.

"Jédusor s'est laissé prendre dans un piège," continua le vieux sorcier. "Il était obsédé par ce garçon et par son école. Ca lui aura été fatal."

"Après tout il n'était rien d'autre que le demi héritier de Serpentard," railla la vieille sorcière.

"Et qu'en est il de la prophétie?" demanda une autre, une femme d'âge moyen cette fois ci. "Et que penser de cette annonce au sujet des élèves?"

Le premier orateur balaya la question d'une main dédaigneuse.

"L'annonce fait sans doute partie de la propagande du Ministère, et qui peut savoir ce que la prophétie pouvait bien dire? Cela n'a plus d'importance. Jédusor aurait pu nous aider mais son impatience était celle d'un gamin. Pire encore, elle était la preuve de la souillure des Moldus dans son propre sang.

"Que devrions nous faire désormais?" demanda la voix plus jeune. Il jeta rapidement un regard vers la seule figure qui n'avait pas encore parlé.

"Nous allons continuer avec nos projets à long terme," répondit la première voix avec assurance. "Et nous agirons indirectement comme d'habitude. Cet idiot de Ministre peut nous être encore très utile. Il ne faudrait pas qu'il soit remplacé par quelqu'un de vraiment capable."

"Oui, lui et plusieurs autres ont été compromis par Jédusor. Ca nous donne une splendide opportunité," ajouta le jeune sorcier avec enthousiasme.

"Exactement. Son échec sera à notre avantage au bout du compte."

La sorcière silencieuse prit enfin la parole, sa voix était riche et aussi séduisante que son physique. Elle parlait doucement, mais les mots étaient parfaitement audibles. Les autres se mirent immédiatement à l'écouter avec attention, presque avec appréhension.

"Nous devons comprendre ce qui s'est passé," dit elle. "Une telle magie n'a jamais été utilisée depuis des générations. Cela ne peut pas être ignoré."

"Vous croyez vraiment que ..." commença la sorcière âgée.

"Je sais que j'ai commis une erreur avec Jédusor!" interrompit elle. "Mais nous n'avons encore rien perdu. Pour l'instant." Elle se tourna pour prendre toute l'assistance à témoin. "En dépit de ses défauts il était une couverture précieuse pour masquer notre existence, mais il n'est plus. Si nous agissons maintenant, nous courons le risque d'être découvert."

Un silence sobre accueillit ses paroles.

"Que suggérez vous alors?" demanda le premier orateur. Son ton était nettement plus mesuré que précédemment.

"Nous regardons, nous écoutons, et nous essayons de comprendre," répondit elle d'un ton raisonnable. "Ensuite nous pourrons décider comment agir."

Une longue pause lui succéda. Le premier orateur sembla espérer que quelqu'un dans l'assistance propose une alternative, mais personne ne parla.

"Entendu," dit il finalement. "Nous allons suivre ce conseil."

Chacun se replaça au centre de son arche métallique. Les silhouettes disparurent soudainement au milieu de brillantes flammes vertes, qui diminuèrent ensuite d'intensité, jusqu'à ce que la pièce retourne lentement à sa pénombre initiale.

Forêt Interdite,

Flitz se réveilla lentement. Il prit graduellement conscience des mille petits bruissements nocturnes de la Forêt. Comme on lui avait appris à le faire, il continua à respirer régulièrement, les yeux fermés et sans faire le moindre geste, jusqu'à ce qu'il soit sûr qu'il n'y avait rien d'anormal. Les odeurs et les bruits environnants étaient comme ils devaient être, et il pouvait sentir ses amis qui dormaient encore à coté de lui. Un autre parfum flottait dans l'air cependant, plus fort et nettement différent de celui des autres poulains allongés à ses cotés. Il reconnu l'odeur de Lyman, le Mentor du Troupeau.

Le jeune Centaure attendit encore un peu pour être vraiment sûr qu'il n'y avait rien d'autre. Non pas qu'il s'attendait à un quelconque danger. Il était au centre du campement et son instinct lui disait qu'il pouvait faire confiance aux adultes dans de telles circonstances.

Il se leva sur ses minces jambes et s'ébroua pour se débarrasser des feuilles mortes collées à sa crinière, puis il se dirigea vers le Mentor. Il savait que la journée qui s'annonçait serait importante. On le lui avait dit, mais bien sûr il n'avait pas vraiment compris de quoi les adultes parlaient. Il n'avait que cinq ans après tout. C'était l'équivalent de dix pour un humain mais surtout, l'esprit d'un Centaure n'était encore que celui d'un animal avant la Première Pierre. Flitz était assez vif pour un poulain, mais pour l'instant ses capacités mentales étaient plus proches de celles d'un chien ou d'un dauphin. Le Rituel était indispensable pour ouvrir et éveiller son intelligence latente.

Lyman laissa le jeune poulain venir à lui et miauler en signe de bienvenue. Il l'avait observé lors de son réveil, et il avait pu apprécier sa prudence. S'il n'avait pas été le fils d'un renégat, personne ne se poserait la moindre question quand à son mérite d'être initié comme membre à part entière du Troupeau, mais dans sa situation il devait être tenu à un standard plus élevé.

"Bienvenue à toi Flitz. Aujourd'hui sera un grand jour pour toi," déclara Lyman.

Le visage du poulain s'éclaira d'un sourire enfantin. Il aimait entendre le son de la voix, c'était comme une étrange musique à ses oreilles. Ce qu'il ressentait surtout c'était l'anticipation que projetait le Mentor. Il avait envie de bondir joyeusement autour de la clairière, mais il savait aussi qu'il était tenu de rester calme et attentif lorsqu'un adulte était présent. L'éducation et la discipline étaient très importantes pour un Centaure.

Lyman leva les yeux pour regarder les étoiles, et vérifier une fois de plus que c'était effectivement le Jour pour celui dont il avait la charge. Flitz suivit son exemple, mais pour lui il n'y avait rien de particulier à voir dans ciel. Juste du noir et des petits points lumineux. Il baissa la tête et regarda à nouveau autour de la clairière. C'est à ce moment qu'il repéra la silhouette d'un autre adulte. Il miaula un nouveau salut, comme on lui avait appris à le faire.

Lyman se tourna vers le nouveau arrivant, et il reconnu le Chef du Troupeau.

"Bienvenue à toi Bane," annonça-t il.

"Bienvenue à toi Lyman," grogna Bane. "Est-ce déjà le moment pour lui? Est il prêt?"

"Tu ne me fais pas confiance?"

"J'ai confiance en toi. C'est son sang à lui qui m'inquiète plus."

"Tu voudrais lui refuser sa chance?" rétorqua Lyman.

Bane secoua sa crinière rageusement. Il était conscient que le poulain le regardait avec inquiétude, et qu'il se demandait sans doute ce qu'il avait fait de mal.

Rien! Il n'a rien fait de mal. Il est totalement innocent, sinon d'avoir un père qui a commis l'affront d'abandonner le Troupeau! Et d'offrir ses services à ces maudits humains.

Flitz était le fils de Firenze, que Albus Dumbledore avait persuadé de venir enseigner dans son école, en remplacement de cette pitoyable femelle qui se prétendait un Devin, et qui avait été mise à l'index. Bane savait bien que le vieux sorcier avait rendu de nombreux services aux Centaures, et qu'il méritait leur respect, mais rien ne pouvait justifier la divulgation de leurs secrets.

Il aurait voulu que le traître soit tué, mais le Troupeau s'était divisé à ce sujet. Il l'était toujours d'ailleurs. La plupart étaient scandalisés, mais beaucoup ne voulaient pas provoquer les sorciers, et certainement ils n'accepteraient pas que le poulain soit puni pour le crime de son père.

Et pour être honnête, Bane lui même était incapable de condamner quelqu'un à un sort aussi terrible.

"Non," répondit il plus doucement. Il se tourna vers le jeune Centaure. "Que les esprits de la Forêt t'accompagnent Flitz. Va et reviens comme un des nôtres."


Notes de l'auteur: Bon voilà trois intrigues secondaires de posées, la principale c'est les aventures de Harry et ses amis, qui sera introduite dans le chapitre suivant qui s'intitule "Prendre Congé". A vos reviews.