Coucou tout le monde! Voici donc comme promis la suite du Droit de Choisir. J'espère que ça vous plaira! Pour ceux ceux qui n'ont pas lu la première fic, vous risquez d'avoir un peu de mal à suivre donc si vous avez le courage de le faire, je vous conseille d'y jeter un coup d'oeil pour ne pas être perdus. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle fic se passera pendant le septième tome de Harry Potter, mais en prenant le point de vue de Théodore Nott, qui vivra de nouvelles aventures et devra élucider de nombreux mystères pour rester en vie et protéger ses amis.
Voili voilou! Bonne lecture!
Chapitre 1 : Un nouveau départ
Théodore poussa un long bâillement en sortant de la librairie. Cela faisait presque un mois que les cours étaient finis et que, pour raison de force majeure, il avait dû s'exiler dans le monde moldu et vivre avec Tracey. Pour gagner leur vie jusqu'à ce qu'ils se rendent à Poudlard pour une dernière année, le jeune couple n'avait eu d'autre choix que de se mettre au travail, Tracey travaillait donc dans un supermarché, et Théodore en tant que vendeur dans une librairie. Ce n'était pas particulièrement désagréable, et Théodore avait tout de suite trouvé son patron très sympathique. Il s'était très rapidement habitué à ce nouveau travail et, de temps à autres, son employeur lui prêtait même quelques livres, ce qui avait permis à Théodore de se faire une assez bonne idée de la littérature moldue.
Mais le monde moldu ne remplacerait jamais le monde magique, tout du moins pour Théodore. Pour leur sécurité, Tracey et lui avaient dû renoncer à tout. Ils n'utilisaient plus leurs baguettes magiques, pour que des sorciers mal intentionnés ne puissent les localiser, ils avaient renoncé aux hiboux et évitaient tout lieu ayant un rapport quelconque avec la magie. Théodore se retrouvait donc forcé de vivre parmi les moldus, comme un moldu. C'était là un changement radical dans la vie du Serpentard, mais il savait que c'était nécessaire. A chaque jour qui passait, le Seigneur des Ténèbres devenait de plus en plus puissant, et maintenant que Théodore était officiellement un traître à son sang, le mieux était de faire profil bas. Théodore ne put réprimer un frisson d'angoisse au souvenir de ce qui lui était arrivé la nuit où il avait défié Lord Voldemort en personne. Jamais plus il ne voulait revivre une telle expérience, mais il savait que si le Seigneur des Ténèbres mettait la main sur lui, alors la nuit de torture se reproduirait, peut être même encore plus atroce, et cette fois, personne ne viendrait le sauver.
Théodore secoua la tête, pour chasser ces idées noires, et constata qu'il venait d'arriver devant l'immeuble où il vivait avec Tracey. C'était un immeuble ancien, où les appartements étaient petits, mais cela suffisait amplement au jeune couple. Théodore s'appuya sur la rambarde pour monter les marches menant à l'entrée de l'immeuble. Le sorcier ne put retenir une grimace en montant les marches, tandis qu'une douleur aigüe le traversa depuis la colonne vertébrale jusqu'au pied droit. Une fois arrivé en haut des marches, Théodore poussa un juron. Cela faisait environ trois mois que le Seigneur des Ténèbres l'avait torturé, et il en ressentait toujours les effets. Enfin, ça pourrait être pire… C'est déjà un miracle que je sois en vie ! pensa-t-il pour se consoler. Sur ces bonnes pensées, le jeune sorcier ouvrit la porte de l'immeuble et se dirigea vers l'ascenseur, bénissant intérieurement le créateur d'une telle merveille. Théodore soupira une fois à l'intérieur. Il avait en fait assez bien récupéré de ses blessures, mais le Sectumsempra n'était pas vraiment un sort ordinaire, surtout si employé par un sorcier tel que Voldemort. Cela faisait à peine une semaine que Théodore avait pu se débarrasser de sa canne, et même s'il était condamné à boiter jusqu'à la fin de sa vie, au moins n'éprouvait-il plus aucune douleur pour se déplacer. Malheureusement, les escaliers représentaient toujours un défi considérable à relever, ce qui avait le don d'énerver le Serpentard. Enfin bon, l'important, c'était qu'il était toujours en vie et en un seul morceau qui plus est. Et dans quelques minutes à peine, il pourrait se faire couler un bon bain et se détendre… ou du moins, c'est ce qu'il aurait bien aimé faire. Mais à l'instant où il ouvrit la porte, il comprit que le moment de détente bien mérité devrait attendre.
En effet, Tracey était occupée à servir le thé à une femme très élégante que Théodore ne connaissait pas. C'était une moldue, de toute évidence, mais son maintien et sa tenue disaient clairement qu'elle appartenait à la haute société. Elle portait un tailleur et une jupe rouge, et ses cheveux couleur miel étaient coiffés en un élégant chignon. La femme se tourna vers lui lorsqu'il entra, et Théodore fut tout de suite intrigué par la couleur de ses yeux. Ils étaient couleur miel, comme ses cheveux, et ils rappelaient au Serpentard les yeux d'une autre personne, qu'il ne connaissait que trop bien…
- Oh Théodore, te revoilà. Fit Tracey en le voyant entrer. Je te présente Coralie Finch-Fletchley, la mère de Justin. Coralie, voici Théodore Nott, mon petit ami. Nous vivons ensemble.
Théodore resta un moment paralysé, se demandant pourquoi diable la mère de Justin viendrait leur rendre visite. Il n'eut pas le temps de porter ses réflexions plus avant, car la femme se leva pour lui serrer la main.
- Théodore Nott, hein ? Je suis enchantée de faire ta connaissance, jeune homme, mon fils m'a beaucoup parlé de toi, et il semble t'avoir en très haute estime. J'avoue que j'étais très curieuse de te rencontrer.
- Vraiment ? s'étonna Théodore.
- Oui, vraiment. Mais laissons tout cela de côté, veux-tu ? Nous avons plus important à faire : parlons business !
Sur ces bonnes paroles, elle se rassit, et Théodore remarqua que Tracey avait l'air particulièrement mal à l'aise. Théodore remarqua aussi autre chose, d'ailleurs. Si, en apparence, madame Finch-Fletchley ressemblait à son fils et avait les mêmes yeux, leur regard, lui, était singulièrement différent. En effet, Théodore avait beau chercher, il n'y trouva aucune trace de la sincérité et la gentillesse de Justin. Le regard de cette femme était empli de malice, calculateur, et l'espace d'un instant le Serpentard eut l'impression de se trouver nez à nez avec une version moldue et blonde de la mère de Blaise Zabini. Je n'arrive pas y croire, ce n'est pas possible… Cette femme ne peut pas être la mère de Justin…
Laissant ces pensées de côté, Théodore se hâta de s'asseoir aux côtés de Tracey, sur le canapé, faisant ainsi face à la mère de Justin, qui avait quant à elle prit le soin de s'asseoir dans le fauteuil le plus confortable du salon. Elle observa le jeune couple d'un air calculateur, un léger sourire étirant ses fines lèvres. Théodore se crispa, puis arriva à la conclusion suivante : si cette femme avait été une sorcière, elle aurait été la Serpentard parfaite. Il ne fallut dès lors que quelques secondes pour que Théodore ne décide quoi faire. Si cette femme, bien qu'étant une moldue, avait un esprit de Serpentard, alors il devrait discuter avec elle comme il avait l'habitude de le faire avec les membres de la haute société sorcière. Il lui faudrait donc être très prudent en prenant parole, essayer de deviner les objectifs de cette femme, et surtout ne pas la sous-estimer. C'était là une guerre de mots et de volonté où chaque mot prononcé, chaque geste et chaque regard pouvaient conduire à la victoire ou à la défaite. C'était ainsi que les choses fonctionnaient à Serpentard et dans la haute société des sorciers sang-pur. Théodore avait donc l'habitude de ce genre de jeu, même s'il n'aurait jamais imaginé se trouver dans une telle situation face à une moldue, qui plus est la mère d'un Poufsouffle.
Pendant quelques instants, ils s'observèrent en silence, et Théodore eut la très désagréable impression que la mère de Justin essayait de voir s'il serait capable de suivre la conversation comme un adulte ou s'il se laisserait berner aisément. Y a pas à dire, cette femme est tout sauf digne de confiance…décréta le Serpentard en son fort intérieur. Finalement, le sourire de madame Finch-Fletchley s'élargit, et elle brisa le silence.
- Je suppose que vous êtes au courant de la situation dans le monde sorcier, non ?
- Oui, répondit Tracey, nous suivons les informations par la Gazette du Sorcier. Mais… nous craignons que les informations fournies ne soient pas très fiables…
- Bien évidemment ! s'exclama la mère de Justin. Sinon, ce serait la panique ! Crois-en mon expérience, jeune fille, les journaux ne disent pas la moitié de la vérité. D'ailleurs, qui dirait la vérité pure et simple, de nos jours ?
- Votre fils ? risqua Théodore, amusé par la situation.
- Et mon défunt mari. Compléta madame Finch-Fletchley. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai toujours été indispensable à la survie de la famille ! Mais bon, nous ne sommes pas là pour parler de ça. En fait, je suis venue vous poser une question.
- Une question ? s'étonna Tracey.
- Nous ferons de notre mieux pour y répondre, madame. Répondit Théodore.
- Oh, pitié, pas de « madame » avec moi, Théodore ! Vous allez me faire prendre un coup de vieux ! Appelez moi Coralie, comme tout le monde !
- Comme vous voudrez, Coralie.
- C'est mieux comme ça. Bon alors, voici ma question. Elle s'adresse surtout à vous Théodore, car si j'ai bien compris votre histoire, vous venez d'une vieille famille de sorciers très bien placée mais qui s'est retrouvée dans des affaires un peu louches dernièrement.
- En effet. approuva Théodore, qui était quelque peu surpris de voir une moldue faire allusion de manière aussi « discrète » au fait que son père soit un mangemort.
- Alors dites-moi, Théodore, à votre avis, dans combien de temps ça va péter ?
- Pardon ?
- Je reformule la question : dans combien de temps, selon vous, ce Lord Valdemart…
- Voldemort. Corrigea automatiquement Théodore.
- Peu importe. Bref, dans combien de temps ce monsieur là va prendre le contrôle du pays ?
- Je suis désolé, mais j'ai peur de ne pas bien voir où vous voulez en venir…
- Théodore ne faites pas l'idiot. Le réprimanda Coralie. Vous savez aussi bien que moi que ce soit disant Ministère de la Magie n'est pas équipé pour faire face à une telle crise, surtout quand on voit à quel point la situation a dégénéré il y a seize ans. Il y a déjà eu des attaques contre des familles de moldus, et surtout contre des familles de moldus ayant donné naissance à des sorciers. Sans compter, bien sûr, la mort de ce Dumbledore et l'attaque de Poudlard. Au vu des circonstances, je dirais que la Grande-Bretagne n'est plus tout à fait sûre.
- Vous avez raison… soupira Théodore. La situation est critique. Il vaudrait mieux pour votre famille que vous quittiez le pays.
- Rassurez-vous, nous sommes déjà en train de plier bagages. J'ai réussi à déplacer le siège de mon entreprise à Paris. Nous partons en France la semaine prochaine.
- C'est une bonne décision. Approuva Théodore. Vous y serez plus en sécurité.
- A moins que Lord Machin ne décide de porter ses ambitions en dehors de la Grande-Bretagne.
- Il le fera. Dit Théodore. Mais pas tout de suite. Il est loin d'être stupide. Il lui faudra tout d'abord prendre le contrôle du monde sorcier en Angleterre, et il ne s'attaquera pas aux pays étrangers avant d'avoir assuré sa position ici. Il lui faudra d'abord éradiquer toute résistance du côté sorcier. Les attaques contre les moldus seront fréquentes mais désorganisées, sauf pour les familles ayant donné naissance à des sorciers, comme la vôtre, qui seront alors des cibles prioritaires. Cette période de semi anarchie devrait durer deux ou trois ans. Ensuite, il s'attaquera aux moldus dans une guerre ouverte, pour assurer la suprématie des sorciers. Je crois qu'il lui faudra entre cinq et dix ans pour se débarrasser de toute forme de résistance chez les moldus. Ensuite, il pourra s'attaquer aux pays voisins, mais vous devez vous attendre à ce que dans deux ou trois ans, certains des ses partisans s'infiltrent en France pour y diffuser ses idées. Après, tout dépendra des sorciers Français et de leurs opinions vis-à-vis des moldus. Mais Voldemort ne prendra pas le risque d'opérer en France de manière officielle avant d'en avoir fini avec l'Angleterre.
Coralie, qui avait écouté ce discours en silence, approuva d'un signe de tête le raisonnement de Théodore, mais elle fronçait les sourcils et Théodore comprit qu'elle analysait la situation dans le but de protéger sa famille de façon efficace. Tracey, quant à elle, observait son petit ami avec des yeux ronds.
- Mais comment est-ce que tu sais tout ça, toi ? demanda-t-elle.
- C'est la stratégie que j'utiliserais à la place de Voldemort. Expliqua Théodore. Affirmer sa position, pour ensuite étendre son territoire.
- Afin de ne prendre aucun risque de défaite, compléta Coralie d'un ton sec. Sans compter que certains de ses partisans seront en train de préparer discrètement le terrain pour lui à l'étranger.
- Exact.
- C'est un plan intéressant. Murmura la moldue, perdue dans ses pensées. Infaillible, à moins que les autres pays ne s'unissent contre lui…
- Ce qui ne risque pas d'arriver. Fit Théodore.
Coralie poussa un long soupir.
- Quelle galère ! Souffla-t-elle. Enfin, pour l'instant, s'installer en France est amplement suffisant, mais il faudra s'assurer de conserver une grande mobilité pour la suite.
- Ce serait mieux en effet.
- Mais, Théodore, intervint Tracey, nerveuse. N'est-ce pas un peu fataliste ? Je veux dire, tu parles comme si la Grande-Bretagne était déjà perdue.
- C'est le cas. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'il prenne le contrôle, et je doute que la résistance puisse s'organiser de manière efficace maintenant que Dumbledore est mort. Ceux qui peuvent partir doivent quitter le pays, c'est tout ce qu'il y a à faire…
Théodore n'eut pas le temps d'aller plus loin dans son explication, car Tracey s'était relevée d'un bond, et venait de lui infliger une gifle monumentale.
- Hé ! Non mais ça va pas ?!
- Lâche ! cria Tracey.
- De quoi ? s'indigna Théodore en portant la main à sa joue rougie par la gifle.
- C'est ça ta solution aux problèmes ? s'écria Tracey. Fuir ? Et ceux qui n'ont nulle part où aller, tu les abandonnes derrière toi ? Tu as l'intention de laisser les autres se battre pour toi et de revenir après quand tout ira mieux ? C'est ça ?
- Tout est fini ici Tracey ! s'impatienta Théodore. Le Ministère a perdu trop de temps et il ne pourra pas gagner ! Ceux qui peuvent partir doivent avertir les autres pays de ce qui se passe et alors peut-être on pourra rectifier le tir !
- CA SUFFIT !
Théodore et Tracey se retournèrent, surpris, vers une Coralie Finch-Fletchley passablement en colère.
- Non mais vous avez quel âge ? Leur demanda-t-elle d'un ton irrité. Vous vous disputez à cause de questions sans réponse ! Aucun d'entre vous n'a tort !
- Comment ça ? demanda Tracey.
- C'est simple. Tant qu'il y a de l'espoir, il faut se battre, mais il y a d'autres priorités.
- Lesquelles ? La sécurité personnelle ? railla Tracey.
- Non. La sécurité de ceux qu'on aime.
Cette phrase laissa les deux sorciers sans voix. Coralie soupira, puis reprit parole.
- Quand on a une famille, on doit avant tout penser à eux. Quand on n'a pas de famille, les amis deviennent la priorité. Si j'étais lâche, j'aurais pris mon billet d'avion et serais déjà loin. Mais non, je suis ici, afin de m'assurer de ne laisser aucun membre de ma famille derrière moi. Je ne laisserai jamais mes enfants ici, je les emmènerai avec moi qu'ils le veuillent ou non !
- Vous voulez dire que Justin… ne veux pas partir, c'est ça ? demanda Théodore d'un ton hésitant.
- Exact. Mais il n'a pas son mot à dire, car si aux yeux des sorciers il est majeur, pour les moldus, on est mineur jusqu'à dix-huit ans. Je lui ai confisqué sa baguette pour l'empêcher de transplaner. Il ira en France, qu'il le veuille ou non. Et toi aussi Tracey.
- Moi ? Mais…
- Après le décès de ta mère, j'ai pris quelques dispositions : sur le plan légal, tu es désormais sous ma responsabilité jusqu'à tes dix-huit ans.
- Quoi ?
- Tu as bien entendu. Et tu viens avec nous.
- Mais… Comment…
- Ma chérie, je te signale qu'en ce bas monde, l'argent résout bien des problèmes.
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
- Parce que ta mère m'est venue en aide à une époque où je n'étais qu'une moins que rien. Elle m'a tendu la main à une époque où personne ne voulait de moi, et c'était ma meilleure amie. Je paye mes dettes, Tracey : il est hors de question que j'abandonne la fille d'Adélia à la mort. Tu viendras donc avec nous, que tu le veuilles ou non.
- Hors de question !
- Tracey, tu iras avec elle !
Les deux femmes se tournèrent vers Théodore, qui s'était relevé. Il venait de prendre conscience d'une chose importante. Dès le début, se cacher dans le monde moldu avait été pour lui une solution provisoire. Il n'avait que très peu d'espoir en l'avenir, et il savait ce qui se passerait si Voldemort montait au pouvoir. Il finirait par le retrouver, c'était une certitude. Dès l'instant où il avait refusé de recevoir la marque des ténèbres, Théodore s'était préparé à mourir dans d'atroces souffrances. Malgré la peur qui lui nouait le ventre, il avait décidé en toute connaissance de cause que mourir était préférable à trahir ses amis. Mais voilà, s'il était prêt à mourir, la dernière chose qu'il voulait, c'était que Tracey l'accompagne dans la tombe. Si le Seigneur des Ténèbres les attrapait, ils seraient tous deux torturés jusqu'à ce que mort s'en suive. Théodore savait qu'il ne pouvait pas protéger Tracey, et l'idée de ce qui arriverait à la jeune fille s'ils se faisaient prendre l'avait hanté depuis près d'un mois. Seulement voilà : maintenant, il y avait une solution. Si Tracey partait en France, elle y serait en sécurité, et Justin aussi. En les sachant tous deux loin de l'enfer que deviendrait l'Angleterre, Théodore se sentait rassuré, et même s'il devait mourir, au moins mourrait-il l'âme en paix.
- Théodore… Tu… Tu n'es pas sérieux ?
- Je suis très sérieux. Tu iras avec les Finch-Fletchley.
- NON ! Il est hors de question que je m'enfuie ! Je refuse de t'abandonner !
- Tu n'as pas le choix.
- Plutôt mourir !
- Dans ce cas je vais devoir utiliser les grands moyens. Fit Théodore d'un ton neutre et, d'un mouvement rapide, il prit la baguette magique de la jeune fille.
Tracey fit des yeux ronds, surprise de voir celui qu'elle aimait plus que tout la menacer, pointant sa baguette magique entre ses deux yeux.
- Théodore, qu'est-ce que…
- Si tu refuses de suivre les Finch-Fletchley en France, alors je n'aurai d'autre choix que de modifier tes souvenirs.
- Quoi ?!
- Tu oublieras tout de moi, ainsi que de la guerre. Tout ce dont tu te souviendras, ce sera de ton amitié avec Justin, et du fait que tu es à moitié sorcière. Tes connaissances de la magie ne seront pas affectées.
- Tu… tu veux que je t'oublie ?
- Si c'est le seul moyen de te sauver, alors oui, je le ferai.
- Non ! Si tu fais ça, je ne serai plus jamais moi-même ! Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas me faire oublier mes sentiments ! Tu n'en as pas le droit !
- Peut-être, mais je le ferai quand même si…
- Oh ça suffit, vous êtes vraiment des gamins !
Théodore n'eut même pas le temps de réagir, que Coralie s'était levée et lui avait confisqué sa baguette. Le cerveau du Serpentard mit plusieurs secondes à encaisser le coup : lui, un spécialiste du duel magique, venait de se faire désarmer par une moldue, mère d'un Poufsouffle.
Coralie retourna s'asseoir calmement. Elle rangea la baguette dans son sac à main, puis sortit un paquet de cigarettes.
- Ca vous dérange si je fume ? demanda-t-elle.
Ni Théodore, ni Tracey ne répondirent. La situation était ridicule : Coralie venait de les destituer de l'unique baguette magique qui leur restait, attribut de tout sorcier qui se respecte, et maintenant dans un élan de bonne éducation, elle allait se placer près de la fenêtre pour ne pas les déranger avec la fumée. Théodore ne comprit rien à cette logique étrange. C'est une autre culture…conclut-il.
- Bon, reprit Coralie, si au lieu de vous disputer et de vous menacer d'amnésie vous écoutiez ma proposition ?
- Quelle proposition ?
- Asseyez-vous.
- Quelle propo…
- J'ai dit assis !
Elle s'adressa à eux d'un ton si autoritaire qu'ils obéirent. Théodore était abasourdi : pour la première fois depuis plus de dix ans il redécouvrait le sens de ce qu'on appelait « l'autorité maternelle ».
- Bon, maintenant que nous pouvons discuter de manière civilisée, voici mon offre : Justin et Tracey vont en France, c'est sûr, mais si vous le voulez je prendrai aussi un troisième adolescent perturbé avec moi.
- Vous voulez dire que…
- Oui, tu peux venir avec nous si tu le souhaites. D'ailleurs je te le conseille très fortement. Si j'ai bien compris ce qui t'est arrivé, tes chances de survie ici sont plus que limitées, d'autant plus que tu n'as aucun allié.
Théodore baissa les yeux, forcé de constater que Coralie avait raison. La moldue souffla une bouffée de fumée avant de continuer sur sa lancée.
- Justin m'a dit que tu n'aimais pas avoir de dettes envers les autres. Si tu es capable de refuser de nous accompagner pour une raison aussi stupide, sache que je peux exiger un prix de ta part.
- Un prix ? s'étonna Théodore, tandis que Tracey poussait une exclamation outrée.
- Oui, un prix qui ne te coûtera pas grand chose, mais qui pourra m'être très utile : tes connaissances, tes analyses, et si besoin est, dans la durée, ton potentiel.
- Je ne suis pas sûr de bien vous suivre…
- Permets-moi d'éclairer ta lanterne : tu es brillant. Tu es quelqu'un d'intelligent, cela se voit au premier coup d'œil. Tu viens de l'aristocratie sorcière, d'une famille de mangemorts, tu sais comment pense l'ennemi, et ton intelligence te permet de prévoir ses mouvements. Dans la situation actuelle, tes conseils pourraient m'aider à assurer la sécurité de ma famille. De plus, il est clair que tu as un potentiel considérable, et que tu pourrais faire une carrière brillante, si l'on t'en donne les moyens. Etant moi même très fortunée, je suis disposée à financer tes études si besoin est, en espérant que tu n'oublieras pas ma générosité.
- En gros, vous voulez que j'agisse comme votre conseiller pendant la guerre ? demanda Théodore.
- C'est exactement ça. Je n'ai nul besoin de Gryffondors suicidaires ou de Poufsouffles naïfs. Pour l'instant les seuls conseils que l'on m'a donné relevaient d'un état de débilité profonde : « cachez-vous chez nous le temps que ça passe » ou « courage, Harry Potter nous tirera de là, il faut qu'on l'aide ». Aucune de ces deux options n'est vraiment satisfaisante si l'on veut assurer la sécurité de ses enfants, tu en conviendras.
- C'est Macmillan qui vous a proposé d'aller chez lui, n'est-ce pas ?
Coralie pinça les lèves.
- Exact, et si toi tu l'as deviné, d'autres pourront en faire autant.
Théodore réfléchit un instant.
- Et… si un jour la situation venait à se calmer, qu'entendez-vous exactement par « se souvenir de votre générosité » ?
- Une alliance. Je ne te demanderai pas de te mettre en difficulté pour nous. Nous nous contenterons d'échanger des informations et d'avoir recours au piston si nécessaire. Je suppose que c'est monnaie courante chez les sang-purs.
- En effet. Admit Théodore.
- En ce cas tu ne seras pas déstabilisé, et tu comprendras que cette alliance entre nous équivaut à peu près à celles conclues par ton père avant toi, et que la ruine de votre famille a rendue caduques. La différence est que je ne base pas cette alliance sur ta richesse mais sur ton potentiel. J'attends le même respect. Même si je venais à perdre ma fortune, sache que ma connaissance du monde moldu et mon expérience pourraient t'être utiles si jamais tu devais quitter définitivement le monde sorcier, même après notre exil.
Théodore réfléchit pendant un moment. Cet accord était tout à fait convenable, et il avait beaucoup à y gagner. Coralie ne se contentait pas seulement de lui sauver la vie, elle lui offrait une nouvelle vie, un nouveau départ. Elle l'emmènerait en France, le logerait, lui paierait ses études, l'aiderait à trouver un emploi de préférence haut placé, et si jamais il ne pouvait réintégrer le monde sorcier, elle lui offrait également un chance dans le monde moldu. Quitter l'Angleterre l'attristait, mais il aurait la vie sauve. De plus, il serait avec Tracey et Justin. Ce ne serait donc pas une rupture totale avec son ancienne vie, car il serait avec ses amis les plus chers. Seul manquerait Blaise. Théodore sentit son cœur se serrer à cette idée, mais même si l'idée de perdre contact avec son ami, peut-être définitivement, lui déplaisait, il devait reconnaître une chose : Blaise n'était pas en danger. Il était un Serpentard et un sang-pur, il était riche et réputé pour sa fidélité envers son sang. Lors de leurs études à Poudlard, Théodore et Blaise avaient été neutres l'un envers l'autre, ce n'était que l'année précédente qu'ils étaient devenus amis, mais leur relation était si complexe qu'il douta fort que ses ennemis s'y soient attardés. Blaise n'avait jamais rien fait de douteux aux yeux des mangemorts, et n'étant pas doté de capacités exceptionnelles, ils ne lui accorderaient certainement aucune importance. Il ne serait qu'un sang pur parmi tant d'autres dans un monde où cette catégorie de sorciers serait l'élite de la société. De plus, Blaise était loin d'être assez stupide pour s'opposer à Voldemort. Théodore soupira. Oui, Blaise n'avait rien à craindre, il s'en sortirait.
Mais il y avait un autre problème, qui faisait l'estomac du Serpentard se contracter : son père. Richard Nott était en prison depuis plus d'un an, et maintenant que son fils avait trahi son maître, il n'y avait nul doute quant au sort que ce dernier lui réservait. Quand il aura pris le pouvoir, il est certain que le Seigneur des Ténèbres se vengera de l'affront que je lui ai fait. Il tuera mon père. Cela faisait déjà plusieurs semaines que Théodore avait pris conscience de cette situation, et son angoisse ne cessait de croître. Le jeune sorcier se doutait bien que, quoi qu'il fasse, il ne pourrait rien pour sauver son père de Voldemort, mais ce triste constat était loin de le consoler bien au contraire. C'est ma faute… se dit le Serpentard.
- Alors, ta réponse ?
La voix de Coralie claqua dans l'air avec sécheresse. La moldue le fixait d'un air autoritaire, et son agacement était presque palpable. Il était clair qu'elle commençait sérieusement à s'impatienter.
- Je t'avoue que je ne vois pas en quoi mon offre est si difficile à accepter.
- Ce n'est pas votre offre qui pose problème, c'est juste que…
- C'est juste que quoi ? le coupa la femme.
- Mon père… Je ne peux pas l'abandonner.
Un éclair de compréhension apparut sur les traits de la femme. Elle fronça les sourcils, comme si elle était plongée dans d'intenses réflexions.
- C'est vrai, ce détail m'avait échappé… soupira-t-elle. Je vais essayer d'y remédier.
- Y remédier ? s'étonna Théodore. Comment ?
Coralie haussa les épaules.
- Je ne sais pas trop. Avoua-t-elle. Mais une fois en France, je pourrai peut-être arranger le transfert de ton père.
- Un transfert ?
- Oui, peut-être qu'on peut demander à ce qu'il soit transféré dans une prison sorcière de France.
- Je doute qu'une telle chose soit possible. Contra Théodore avec scepticisme.
- Ne sous-estimes jamais le pouvoir de l'argent, mon garçon. Le réprima Coralie. Mais tu as raison, l'argent seul ne pourrait résoudre une telle affaire. En revanche, si l'on convainc les autorités françaises qu'un mangemort déchu peut leur apporter des informations précieuses, alors ils seront peut-être enclins à envisager un transfert. En revanche, vu le contexte ici, je ne pourrai rien en ce qui concerne Azkaban. Il faudra espérer que les Aurors français sautent sur l'occasion d'obtenir des informations sur un potentiel ennemi. J'ai aussi cru comprendre que la directrice de Beauxbâtons, Madame Maxime, était proche de Dumbledore. Je la verrai pour organiser vos inscriptions dans cette école. Je suppose qu'au passage je pourrai lui toucher deux mots en ce qui concerne ton père. Je ne peux rien te garantir, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour régler cette affaire.
- Pourquoi déployer autant de moyens pour un homme dont vous ignorez tout ?
- Tout simplement parce que si je ne fais rien pour lui, tu refuseras de nous suivre, ce qui à la longue pourrait me porter préjudice. De plus, je dois reconnaître qu'il pourrait détenir des informations utiles.
Théodore hésita. Il était clair que Coralie ferait tout son possible pour venir en aide à Richard Nott, mais même ainsi, les chances de réussite étaient minimes. De plus il faudrait être en France pour régler cette affaire, et Théodore ne pouvait se résoudre à quitter le pays en laissant son père derrière. Coralie sembla lire dans ses pensées, car elle déclara :
- Je te conseille de venir avec nous. Ce n'est pas en prenant des risques inutiles que tu pourras aider ton père. Ici, tu ne pourras rien faire, ne serait-ce que par la mauvaise réputation qui est désormais celle de ta famille. Quant à moi, si je me prononçais en ta faveur, certains pourraient même croire que je suis soumise au pouvoir de l'Imperium.
Théodore baissa les yeux, forcé de constater qu'elle disait vrai. Mais tout de même…
- Qu'est-ce que ton père voudrait que tu fasses ? demanda la moldue.
Le Serpentard ouvrit la bouche pour répondre, avant de se rendre compte qu'il n'en n'avait aucune idée. Lui et son père n'avaient jamais vraiment été très proches, et le jeune sorcier ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer ce que son père aurait espéré de lui dans une telle situation. Il ne savait même pas ce que son père aurait fait si les rôles avaient étés inversés. Mais le pire, c'était que Théodore ne savait même pas ce que son père pensait de lui désormais. Etait-il en colère ? Se sentait-il trahi ? Le haïssait-il ? Toute sa vie durant, il avait espéré que son fils suive ses traces. Comment réagirait-il s'ils se retrouvaient ? Théodore sentit une étrange peur lui lier le ventre, n'osant trop s'interroger sur leurs retrouvailles. Mais quelle que soit l'opinion de son père sur cette affaire, il ne pouvait rester les bras croisés.
- En France, pourrai-je être utile ?
Coralie haussa les épaules.
- En tout cas plus qu'ici. Les Français ne te connaissent pas, ils n'auront donc aucun préjugé. En plus, tu sais ce dont Voldemort est capable, ton témoignage pourrait les intéresser. Si transférer ton père pour sa propre sécurité ne leur apporterait rien, l'espoir d'obtenir des informations pourrait changer leur opinion sur cette affaire. En témoignant tu les mettrais en garde, ils n'auront alors qu'une envie : en savoir plus. Et quoi de mieux qu'un ancien mangemort pour cela ? Ce genre de perle rare ne court pas les rues. Tous sont des fanatiques. Il n'y en a que deux qui pourraient fournir des informations : Igor Karkaroff et ton père. Karkaroff ayant disparu de la circulation, ton père devient le seul choix possible. Vu ce qui t'est arrivé, les Français partiront du principe que ton père ne veut plus rien avoir à faire avec son ancien maître et qu'il est prêt à leur livrer des informations. Une fois leur intérêt piqué, ils seront prêts à tous les coups bas pour le récupérer.
Théodore pesa le pour et le contre. Une fois de plus, il lui sembla que la mère de Justin avait raison. Ses chances d'aider son père étaient pratiquement nulles en Angleterre, alors qu'en France il restait un espoir.
- C'est d'accord. Décida-t-il. Je vous accompagnerai.
- Voilà qui est parfait ! s'exclama Coralie d'un ton joyeux semblable à celui qu'aurait employé son fils. Préparez vos valises, nous partons sur le champ !
- Pardon ? s'étonna Tracey. Tout de suite ? Je croyais que l'avion était pour la semaine prochaine ?
- C'est le cas, mais d'ici là vous logerez chez moi. Notre maison est grande et ce n'est pas la place qui manque. Maintenant, allez chercher vos affaires, et que ça saute !
Ni Théodore ni Tracey n'osèrent la contredire, et se précipitèrent pour aller faire leurs valises.
- Elle est toujours comme ça ? demanda Théodore, pour qui les sautes d'humeur de Coralie étaient encore plus imprévisibles que celles de son fils Justin.
- Ce n'est que le début, gronda Tracey d'un air sombre. Quand tu auras pris le temps de la connaître, tu apprendras à te méfier d'elle. Sa seule qualité est son souci pour la sécurité de ses enfants. Alors, n'oublie jamais ceci : nous ne sommes pas ses enfants. Elle me protège par respect pour ma mère, mais ton cas est très différent. Elle t'aide par intérêt, jusqu'à ce que tu lui prouves que tu es digne d'être accepté dans la minuscule pierre glacée qui lui sert de cœur, tu n'es qu'un pion dont elle peut disposer à tout moment. Elle n'aime pas qu'on lui résiste, mais elle déteste aussi ceux qui n'ont pas de caractère. Si tu veux qu'elle t'apprécie, il faut que tu trouves le juste milieu. Et surtout : reste sur tes gardes.
- Je m'en souviendrai. Répondit le jeune homme.
Quelques minutes plus tard, ils retrouvèrent Coralie à l'entrée de l'immeuble. Derrière elle se trouvait une Mercedes dont le chauffeur semblait s'impatienter.
- Walter, veuillez mettre les valises de ces jeunes gens dans le coffre, je vous prie.
L'homme se précipita pour prendre les valises comme si sa vie en dépendait. Il était clair qu'il avait peur de sa patronne et Théodore se demanda si tous les employés des Finch-Fletchley étaient aussi nerveux.
- Entrez, jeunes gens. Les encouragea Coralie.
Tracey entra sans hésiter, mais Théodore se sentit un peu nerveux. Il n'était jamais entré dans une voiture, et ne se sentait guère en sécurité.
- Inutile de t'inquiéter, le rassura Coralie, je sais que les sorciers n'ont pas l'habitude de la technologie, mais une fois qu'on s'y habitue, c'est très utile.
Théodore acquiesça.
- Au fait, je tenais à vous remercier pour votre aide.
- Inutile. Ce n'est pas par altruisme que je fais ça. Maintenant en route ! Justin a hâte de vous voir. Il serait sans doute venu avec moi si je n'avais pas ordonné à mon garde du corps de le retenir de force à la maison.
- Pardon ?
- Oui je sais, ça doit te choquer. Mais il serait capable de faire une bêtise avec ses grands élans de générosité écervelée !
- Je vois…
Théodore n'ajouta rien tandis que le chauffeur démarrait la voiture. Il ignorait ce que lui réservait l'avenir, mais une chose était sûre : la vie avec les Finch-Fletchley ne serait pas de tout repos !
Voici donc le premier chapitre de l'Ordre d'Avalon. J'espère que ça vous a plu. Je vous avais promis des nouveaux personnages, et on commence dès maintenant avec Coralie Finch-Fletchley, qui ne sera pas la seule forte tête à entrer dans la vie de notre pauvre Théodore. Le prochain chapitre est prévu pour début février et cette fois-ci j'espère pouvoir respecter mon planning!
