Bonjour à tous !

Venez pourrir avec moi l'anime le plus rafraîchissant du monde avec de l'angst, plein d'angst !

Je vous demande pardon d'avance pour cette soupe malsaine et mélo, médicalement aberrante et probablement OOC que je vous met sous le nez, j'ai eu l'idée, j'ai commencé a écrire pour voir et impossible de m'arrêter.

Rating M, mais si vous cherchez des trucs cochons c'est pas la bonne fic ! Il y aura du cul mais pas explicite, pas sain, et pas du tout sexy. Et aussi, j'ai donné le mauvais rôle à Sousuke, désolée pour lui !

Si je vous ai pas tous fait fuir... Bonne lecture !

L'histoire commence entre le premier tournoi et les régionales, avec comme différence que Rin est en couple avec Sousuke et donc il sait pour son épaule.


Black night town 1

Rin

Je me suis toujours dit que je devrais pas sortir avec Sousuke, parce que si ça se passait mal, on ferait comment pour le relais ? Et évidemment que ça se passerait mal, Sousuke et moi, on s'engueule tout le temps, on s'empoigne, on se crie dessus au moindre conflit. Y a cette alchimie de malade entre nous, ça doit jouer. Ça nous excite et du coup on s'énerve. On se connaît depuis la maternelle, émotionnellement je suis attaché à lui comme une moule à son rocher (wow cette expression est pas flatteuse pour moi). Mais je le savais que si on tentait ça finirait par péter, et à ce moment là le relais deviendrait un cauchemar. Et j'y tiens, à mon relais ! Donc pas de galipettes avec Sou-chan au moins jusqu'à la fin du lycée. Faut penser à la team, oh !

Vous vous en doutez, j'ai craqué au premier sous-entendu, au premier murmure a l'oreille. Sousuke qui se penche vers moi avec un regard un peu plus intense que d'habitude, sa main qu'il a foutu là, et ça a suffi pour que j'oublie tout et que je lui saute dessus. Pour la team on repassera. Il m'a piégé ce con, avec son histoire d'épaule et comme quoi il allait devoir arrêter la natation. Et maintenant je suis bien emmerdé parce que, qu'est-ce que je disais au début ? Ça se passerait mal. Et nous voilà pile au point ou c'est en train de mal se passer.

- Mais barre-toi espèce de taré ! J'ai dit non.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je te plais plus ?

Il avait sa voix rauque et excitée, mais ça ne changeait rien au fait que c'était du chantage affectif de merde.

- Nan. Tu me dégoûtes quand t'insistes comme ça. Retourne sur ton lit.

Évidemment il a rien écouté. Il croit que je plaisante ou quoi ? Quand je suis chaud je suis hyper clair pourtant. Je lui ai foutu des coups de pieds. On est d'accord que j'ai pas eu le choix ? J'ai pas envie j'ai pas envie c'est tout, j'ai passé une journée crevante, j'ai des trucs à faire... en plus c'est déjà arrivé plein de fois que je cède pour lui faire plaisir, et je suis sûr d'un truc : c'est pas bon pour notre relation. Plus je le laisse m'imposer ses envies moins je l'aime. C'est aussi pour lui que je dis non.

Il a répondu à mes coups de pieds par un crochet dans mes côtes et on a roulé par terre en nous bastonnant. Trois pains dans la gueule plus tard j'ai réussi à choper un bout de biceps et j'ai mordu dedans. J'ai un coup de dents inégalable il allait pisser le sang. Bien fait pour lui. J'ai profité de l'effet de surprise pour me barrer de la chambre. Repli stratégique, les enfants. C'est pas de la lâcheté c'est de la... euh... Pondération.

Une fois dans le couloir j'ai pas osé reprendre mon souffle. Il y avait peu de chances que Sousuke vienne me courir après dans les couloirs à moitié à poil mais on sait jamais. Puis tout le dortoir avait du nous entendre, j'avais pas tellement envie de croiser quelqu'un. Je suis allé me réfugier dans la chambre de Ai et de Momo.

- Rin-senpai ! S'est écrié Ai quand je suis entré.

Il a mis ses deux mains sur la bouche pour se retenir de me demander si j'allais bien. Quelle gueule je dois avoir, encore.

- Yo. Je viens squatter.

C'était la deuxième fois cette semaine et on était seulement jeudi. Je me rappelle la première fois que j'étais venu me planquer dans leur chambre j'étais dans tous mes états. Maintenant c'est une petite routine. Et encore, c'est les jours ou j'arrive à m'enfuir, mais y a des jours ou j'y arrive pas.

Bon il y a des jours ou je reste de mon plein gré aussi hein ! Tout n'est pas tout noir non plus ! Mais c'est de plus en plus rare et sincèrement je sais plus si ça vaut le coup.

Ai et Momo se sont serrés sur le lit du bas pour me faire une place. Ils étaient en train de jouer aux cartes. Ça me manque ce genre d'ambiance, putain. Je les ai laissés finir leur partie puis j'ai rejoint la suivante. La technique c'est de pas trop penser à tout ça. Apparemment c'est plus facile pour moi que pour Ai, il avait l'air au bord des larmes le pauvre. Mais il m'a épargné son opinion. Lui et Momo savent très bien pourquoi je suis là. J'ai des bleus de partout, merde. Quand je suis en maillot de bain ça se voit, j'ai traumatisé tout le club. Au début les autres m'en parlaient, ils me demandaient ce qui m'était arrivé, maintenant plus personne dit rien. Ils doivent tous penser que je suis un putain d'homme battu, que je me fais tabasser tous les soirs par mon alpha. La honte. Le pire c'est que objectivement, et ben c'est vrai, même si c'est bien plus compliqué que ça. Moi aussi je lui fous sur la gueule, à Sousuke, d'ailleurs c'est souvent moi qui commence. Mais il est tellement mastoc, j'arrive pas à lui faire mal. En plus il a une peau qui marque pas, contrairement à moi.

- Tu dors ici senpai ?

J'ai regardé l'heure : extinction des feux dans dix minutes. Les joies des internats. J'avais tout sauf envie de retourner dans ma chambre maintenant.

- Ouais, si ça vous dérange pas.

- Aucun problème ! A fait Momo en sautant sur ses pieds.

Il allait me laisser son lit et irait dormir dans le mien. J'aime pas trop ça, ça me fait chier de l'envoyer rejoindre Sousuke quand on s'engueule comme ça. Mais Momo me dit que ça l'emmerde pas, quand il arrive dans ma chambre en général Sousuke est déjà couché en tournant le dos à la pièce et il le calcule pas de la nuit.

N'empêche que ça devient n'importe quoi cette histoire, puis c'est moche. Je sais qu'il faudrait que je le quitte, en fait ça fait un moment que j'y pense. J'ai aucune raison de m'infliger ça. Je suis pas maso, je pense avoir une dose normale de fierté. Le truc c'est que Sousuke me fait trop de peine avec son épaule. Et j'ai peur que si on se sépare, notre amitié n'y survive pas.

Récemment, j'avais parlé de ça avec Makoto. Je pensais qu'il allait me dire que je voyais le mal partout et que Sousuke était un mec bien, que lui-même était un peu jaloux de notre relation violente et passionnée, et que par amour ça valait le coup de se battre, ce genre de gnangnanseries à la Makoto, mais non. Il m'avait regardé avec gravité et il m'avait dit droit dans les yeux : Quitte-le. Sépare-toi de lui, Rin, votre relation n'est pas saine, Sousuke n'a pas le droit de te traiter comme il le fait, tu mérites mille fois mieux que ça, vous êtes nuisibles l'un pour l'autre.

Ça m'avait tellement énervé ! Je lui ai gueulé dessus comme quoi ça le regardait pas et que de toute façon, son idéal de couple à lui il était nul : pas d'électricité, pas de flammes, pas de vagues. Juste deux abrutis qui préfèrent communiquer par télépathie plutôt que de parler. Oui, dans le doute, je pars du principe que Makoto et Haru sont en couple depuis environ l'aube de la création. Je ne connais rien à leur intimité mais franchement, si Makoto et Haru ne sont pas un couple, la notion de couple n'a plus aucun sens.

Enfin bref, j'avais engueulé le pauvre Makoto et il était tout triste. Je suis pas sympa quand je m'y mets. Mais ça me faisait trop chier parce que je savais bien qu'il avait raison. Tout ce drama avec Sousuke avait déjà duré trop longtemps, et la solution, elle dépendait que de moi.


Pas facile de quitter quelqu'un. Surtout quand c'est un ami d'enfance et qu'on a un relais de prévu qui sera peut-être le dernier de sa vie à cause de son épaule. Depuis plusieurs semaines je me dis que je vais attendre la fin des régionales pour rompre. Le truc c'est que c'est dans un mois, et la situation entre nous est déjà bien envenimée, j'ai peur que si j'attende trop longtemps les dégâts soient trop durs à réparer. Merde, c'est quand meme pas normal qu'on en arrive a nous battre, physiquement nous battre, parce qu'il veut du cul et moi non. J'ai peut-être un problème, j'en sais rien, mais les tartes dans la gueule ça va pas le résoudre.

J'ai réfléchi à ce bordel toute la nuit, et tout le lendemain jusqu'à ce que Sousuke m'intercepte dans un couloir entre deux cours. Bonne nouvelle, il m'a fait pile ce qu'il fallait pour que je prenne une décision : des reproches.

- Bien de t'être sauvé comme un lâche hier soir ? T'es pas capable de te comporter en adulte ?

J'ai ricané. Le mec, hier soir, il voulait juste baiser. J'ai pas fui une discussion importante, j'ai fui du cul non consenti. Pardon d'être gamin. Mais tu sais quoi ? :

- T'as raison Sousuke. Je vais me comporter en adulte à partir de maintenant.

Je suis parti en le bousculant. C'est décidé je te tej ce soir. Tu vas voir si je suis immature.

- Rin attends !

Il m'a rattrapé le poignet. Je me suis retourné et je l'ai fusillé du regard.

- Excuse-moi, a-t-il murmuré en détournant les yeux. Quoi que j'ai pu faire, je voulais pas te fâcher. Désolé.

Et merde. Je me sentais mal maintenant. Pour couronner le tout, il m'a lâché et a massé son épaule. Ma résolution a flanché.

C'est toujours pareil quand je veux tenter de rompre, il le pressent et devient tout à coup tellement adorable, tellement triste, que je ferme ma gueule comme un con. J'ai raconté ça a Makoto un jour, je m'attendais à ce qu'il me dise de lui laisser une chance si je l'aimais vraiment, mais il m'a dit d'être inflexible, qu'il savait que c'était dur mais que c'était la bonne chose a faire. Evidemment, ça m'avait énervé, je vous raconte pas comme je lui ai crié dessus. C'était facile pour lui de dire ça, lui il prenait toutes les décisions tout seul pendant que son mec était trop occupé à n'en avoir rien a foutre, à ne penser qu'à ses maquereaux et à sa piscine. Encore une fois, j'avais rendu Makoto triste. Je me demande pourquoi je m'obstine a aller lui demander des conseils alors que je l'engueule à chaque fois. Et surtout pourquoi il continue de m'écouter lui crier dessus sans moufter. Je dois être un genre de Sousuke pour lui.

En parlant du loup, j'ai fait un effort pour ne pas me laisser attendrir mais c'était pas simple. Pourquoi j'avais pas voulu baiser hier déjà ? Je sais même plus, ça devait être un caprice minable. La cloche a sonné.

- T'inquiètes, ai-je fait sans le regarder. On en reparle ce soir.

Et puis merde. Décision annulée. Je suivrai mon instinct.


Après les cours et le club, mon instinct avait tout sauf envie de retourner aux dortoirs m'expliquer (ou pas) avec Sousuke. Il me dictait plutôt de prendre le train et de passer à Iwatobi demander conseil à Makoto, ça me changerait les idées de m'énerver contre lui.

Sans surprise, j'ai trouvé toute la bande à la piscine de leur lycée. Il y avait ma sœur, aussi, c'est délicat ça. Gou est pas au courant que je me fais régulièrement marav par mon petit ami, c'est beaucoup trop la honte et en plus elle aime bien Sousuke.

- Rin-chan ! a braillé Nagisa en nageant vers moi.

- Yo.

Je me suis accroupi au bord de la piscine. On a discuté des cours, de l'entraînement, de tout et de rien.

- Comment va Sousuke ? M'a demandé Makoto qui s'était approché à la nage aussi.

Haru barbottait un peu plus loin .

- Bof... son épaule a pas l'air de s'arranger.

Ils ont tous pris un air triste. Inexplicablement, leur compassion pour lui m'a un peu agacé. J'ai lâché, l'air de rien :

- On s'est engueulés, hier.

Makoto m'a regardé. C'est bon, mec, c'est bon, pas besoin de m'envoyer un message codé par regard pour que je comprenne que tu as capté d'ou vient le bleu que j'ai sur la tempe. Je suis pas Haru.

- Ooooh, a fait Gou. Pourquoi ?

Zut. C'est moi qui allait devoir parler en code :

- Un truc nul. Il voulait... euuuh... regarder un film... et moi je voulais pas.

Je sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais Makoto, Nagisa et Rei, et même Haru qui fait genre mais qui est en train de tout écouter, sont suffisamment informés des détails de ma vie sentimentale pour avoir compris.

- C'est tout ? S'est étonnée ma petite sœur. Juste pour ça vous vous êtes disputés ? C'est idiot Rin, si Sousuke tenait tellement a regarder un film avec toi t'aurais du accepter, au pire t'aurais dormi devant.

Ça m'a mis un peu mal à l'aise. J'avais pas été loin de faire ça. Je me suis défendu :

- il avait qu'à le mater tout seul, son film. J'avais pas envie moi. Pourquoi je me forcerai ?

- Nii-chan ! Soit pas si égoïste !

- Et donc, est intervenu Makoto en pointant mon visage du doigt, il t'a fait ça ?

Ce crétin ! Gou m'a dévisagé. J'ai fait mon regard de la mort qui tue a Makoto avant de me pencher au-dessus de la piscine pour lui plonger la tête sous l'eau.

- Mais non abruti, ai-je gueulé quand il a émergé en toussant et rigolant. Momo m'a mis une baffe sans faire exprès à l'entrainement. Il est toujours pas foutu de nager droit quand on enlève les lignes.

Merci à Momo, ma parade toutes-catégories.

J'aurais bien voulu parler en tête à tête avec Makoto, c'était un peu pour ça que j'étais venu ici. J'avais envie qu'il me dise « quitte le, tu vaux mieux que ça », et je l'aurai engueulé ça m'aurait boosté pour ce soir. Mais avec tous les guignols autour, il y avait pas moyen. J'ai quand même passé un bon moment. Je suis resté jusqu'à la fin de leur entraînement (entraînement mon cul, ils ont fait que parler et jouer. Si je viens ici tous les jours c'est sûr qu'on va les exploser aux régionales!) puis ils m'ont raccompagné à la gare. J'allais passer les tourniquets quand Makoto m'a dit :

- Rin, si tu veux pas "regarder de films" avec Sousuke tu le fais pas. Te force pas.

- Merci captain obvious.

J'ai dit ça en rigolant mais en vrai, c'était arrivé pas mal de fois que je finisse par mater ce putain de film sans en avoir envie, juste pour avoir la paix, ou parce qu'il me faisait culpabiliser, ou, plus rarement, parce que je n'avais pas réussi lui échapper.

- Sois libre, m'a dit ce cliché sur pattes de Haru.

J'ai un peu buggé sur cette phrase. Libre ouais. Si même Haru se mêle de ma vie de couple c'est qu'il y a vraiment un truc qui va pas. Faut que je quitte Sousuke, ça peut plus durer cette histoire. Faut que je sois libre c'est Haru qui l'a dit. Ce soir. Et je me dégonfle pas cette fois.


- Ou t'étais ? M'a accueilli mon futur ex.

J'aurais pu (du?) l'envoyer chier mais il m'avait demandé ça plutôt gentimment, avec un sourire et tout. Il me facilite pas la tache putain.

- Sousuke...

Je me tenais près de la porte au cas où je devrais opérer un nouveau repli stratégique, ce qui était plus que probable. Fallait que je le dise très vite avant de flancher. J'ai pris tout le courage que j'avais en réserve, mais j'avais trop de mal à le regarder. Bordel on avait même pas commencé à parler et j'étais déjà au bord des larmes comme un gros fragile.

- Sousuke je veux plus qu'on sorte ensemble.

Il a froncé les sourcils mais n'a pas eu l'air surpris.

- Je comprend pas, Rin, m'a-t-il répondu doucement. Qu'est-ce qui va pas ? Tu rigoles plus comme avant, on dirait que t'es tout le temps triste, tu me laisse plus te toucher... Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je sais pas comment ça a commencé. C'est vrai qu'a début c'était super. Même si on s'engueulait et qu'on se tapait dessus, c'était trop bien de sortir avec Sou-chan. Puis ça s'est délité doucement. Je ne sais pas pourquoi mais au bout d'un moment j'ai eu un peu moins envie de sexe que lui et... on n'a pas su gérer ça comme des adultes. On est entrés dans un espèce de cercle vicieux, une guerre de positions ou je perdais systématiquement. Plus Sousuke gagnait du terrain, moins je l'aimais. Et je faisais que perdre, perdre, perdre. Je n'avais plus d'amour pour lui dans le petit espace qu'il me restait. Enfin, façon de parler. Une part de moi aimera toujours Sousuke, c'est mon meilleur ami ! Mais du désir pour lui j'en ai zéro. Ça a été bousillé ça.

- Je... je ne suis plus heureux dans notre couple, me suis-je forcé à dire. Je ne suis plus amoureux de toi.

Sousuke s'est essuyé les yeux. Oh non pleure pas ! T'es plus fort que ça allez ! Instinctivement je me suis rapproché de lui pour le consoler quand il a hurlé :

- Et le relais ? T'y a pensé ?

- On le fera quand même ! On peut rester amis, comme avant !

Sousuke me manque tellement, en tant que pote.

- Tu rêves, a-t-il craché. Jamais je pourrais redevenir pote avec toi. Je t'aime.

Et voilà : J'annonce une chialade belotée.

- On peut pas rester ensemble, ai-je pleuniché à mon tour. On est nocifs l'un pour l'autre. On se fait du mal.

- Pourquoi tu dis ça ? C'est n'importe quoi !

J'ai essayé de me rappeler les paroles de Makoto.

- C'est pas sain. Je... écoute, encore aujourd'hui j'ai été obligé de mentir à ma sœur pour pas qu'elle sache que c'est toi qui m'a fait ce bleu. Je peux pas rester dans une relation qui me force à mentir à ma famille.

- Fais pas la victime, Rin ! A soudain hurlé Sousuke. Toi aussi tu me frappes. On se bat. C'est comme ça qu'on s'exprime, ça a toujours été comme ça.

C'est vrai qu'on avait pas attendu d'être en couple pour se foutre sur la gueule. C'est vrai aussi que c'est pas vraiment le point qui me dérange le plus dans notre relation. N'empêche que...

- Et ben j'ai plus envie de me battre.

Juste quand je finissais d'asséner ça, il m'a empoigné par le colbac. Merde, je m'étais un peu trop éloigné de la porte.

- C'est Haruka c'est ça ? M'a-t-il soufflé au visage.

- De quoi ? Qu'est-ce que Haru vient foutre là-dedans ?

J'ai pensé « Sois libre » quand Sousuke m'a balancé sur le lit. Il m'a cloué au matelas et m'a embrouillé comme quoi il savait très bien que je le quittais pour Haru. Ce truc sorti de nulle part !

Bon, on va pas se mentir, si j'étais célibataire, je crois pas que j'aurais refusé de sortir avec Haru. Avec Makoto non plus tant qu'à faire. Mais je les intéresse pas je pense, Makoto s'intéresse qu'à Haru et Haru... à part la flotte... Enfin bref, de toute façon là n'était pas le problème. Sousuke me gueulait dessus et moi je l'insultais, on détruisait tout comme d'hab, nos corps, nos meubles et notre amitié, et d'un coup, en plein milieu d'une phrase, il m'a embrassé.

Nous y voilà.

- Olaa ! J'ai fait en me dégageant. T'écoutes ce que je dis au moins ? C'est fini ! Je veux pas continuer.

Il en avait incroyablement rien à foutre c'était magique. J'ai reculé au fond du lit le plus que je pouvais sans le taper. Je voulais pas que ça se termine comme ça, dans la baston. Je voulais qu'on redevienne potes comme avant. Au dessus de moi, Sousuke pleurait encore.

- Laisse-moi t'embrasser, a-t-il presque supplié. Une dernière fois !

J'ai été tenté de dire oui, mais je savais qu'il fallait pas que je cède. Ça faisait longtemps que Sousuke ne savait plus s'arrêter à « embrasser ».

- Non... Non Sousuke surement pas. Je sais très bien comment ça va finir.

- Et alors ? A-t-il fait d'une voix mâle en passant la main sous mon T-shirt. De quoi t'as peur ?

- Arrête putain ! Qu'est-ce que tu fous ? Je te dis que je veux rompre et toi tu me parles de baiser ?

Il a pris un air blessé.

- T'es vraiment un sale con, Rin. Tu me quittes alors que je viens d'apprendre que je vais devoir arrêter la natation. Je pourrais peut-être plus jamais nager... et toi tu me jettes maintenant. Quand j'ai le plus besoin de toi !

Je n'ai pas su quoi répliquer. C'est vrai que c'était crasse. Je suis un pote nul, et en petit ami j'étais encore pire. Raison de plus pour que ça se termine.

Quand Sousuke a recommencé à m'embrasser tout en essayant de me déshabiller j'ai pas pu faire autrement que de lui mettre une baffe. Il m'en a retourné une qui m'a fait voir les étoiles et j'ai tenté de lui mettre un coup de genoux dans le ventre, mais je n'avais quasiment pas de champ alors ça ne l'a pas dégagé comme je l'espérais. J'ai laissé mon genoux en place, ça le déséquilibrait un peu et ça maintenait son bassin loin du mien, très important ça ! Il a quand même réussi à me mettre un sale coup de coude dans la tempe, pile à l'endroit ou j'avais déjà un bleu de la veille. Ouch. J'ai pas eu le temps d'être sonné parce que je l'ai vue, juste là : l'ouverture. Ça m'a donné un pic d'adrénaline. A cet instant précis, à cause de mon genoux, Sousuke n'était pas assez solide sur ses appuis. J'allais pouvoir me redresser rapidement et au passage lui choper le bras qui venait de me taper. Ensuite, je lui fais une clé. Ça me laisse le temps de me dégager et de me barrer de là. Allez hop, go go go !

Je me suis redressé et j'ai chopé son bras comme prévu, mais je me suis arrêté, parce qu'au bout de ce bras il y avait sa mauvaise épaule... j'imagine même pas la douleur qu'il ressentirait si je lui tordais. Et si ça lui niquait pour la vie ? Nos regards se sont croisés. Quand il a souri j'ai compris que j'avais eu tort d'hésiter parce que lui, il hésite pas.

Il s'est dégagé de mon genoux, et en m'étranglant avec sa main libre il m'a de nouveau cloué au matelas. J'ai lâché son bras. Ça sert à rien. Il voulait baiser ? Qu'il baise. Au final c'est lui qui le regrettera parce qu'on sera plus jamais potes, parce que c'est à cause de ses conneries que je l'aime plus, et un jour il s'en rendra compte. Et toute sa vie il regrettera alors que moi, j'irai bien. Ça change quoi pour moi ? Tu vas voir, Sousuke, comme t'auras envie de remonter le temps pour annuler ce que t'es en train de faire maintenant. Mais ce sera trop tard. Trop tard pour toi, mais pas pour moi. Moi j'irai bien. Des que je sors de cette pièce je commence à me reconstruire. J'ai une vie qui m'attend après ça, sans toi, et elle est mieux. Et psychologiquement, je sais qu'on dirait pas mais je suis indestructible. Alors vas-y, fais toi plez. C'est ma vengeance.

Malgré mon état d'esprit de warrior, à partir de là ça devient un peu difficile et humiliant, alors je vais reprendre la métaphore de cet après-midi, regarder un film. Sosuke et moi, on a regardé ce putain de film en entier et bordel, que c'était long ! Et pénible, et naze ! De toute façon à partir du moment ou j'avais pas envie de le regarder, je pouvais pas passer un bon moment devant. Je vois pas pourquoi je ferai un effort pour l'apprécier alors que mon connard de mec me l'avait imposé à coup de poings et de chantage. Lui il kiffait bien par contre. Alors là, il était content. De temps en temps il me faisait un commentaire, il s'étonnait que je kiffe pas autant que lui. Pff. Je culpabiliserai tellement pas de te jeter comme une merde après ça. Tu m'as bien facilité la tâche, imbécile.

Comme à chaque fois que je me retrouve obligé de mater ce film nul, j'ai attendu que ça passe en pensant à autre chose. D'abord, j'ai fait la liste de tout ce que je pourrais être en train de faire de constructif si j'étais pas là à perdre mon temps avec ce truc que je déteste. Je pourrais faire un jogging, ou réviser mon contrôle de géo. Y a aussi ce devoir de maths que j'ai toujours pas commencé, c'est pour après demain, fait chier. Faudrait que j'appelle ma mère pour prendre des nouvelles comme un bon fils, ça commence à faire longtemps que je l'ai pas fait. Je pourrais ranger mon bordel ou regarder un film, un vrai film, avec Sousuke en déconnant et nous envoyant des vannes comme avant. Ce sera plus jamais possible ça, si ? Qu'est-ce qui nous a pris de vouloir sortir ensemble putain, on tenait pas à notre amitié ? Je me suis dit que quand j'allais sortir de cette pièce, j'avais beau être «psychologiquement indestructible » (j'ai dit ça de moi, sérieux ? Mais qu'est-ce qui m'a pris d'un coup ?), j'allais pleurer comme jamais j'avais pleuré. Il allait falloir que je trouve un endroit où aller. Je le sentais pas d'aller emmerder Momo et Ai, c'était trop proche d'ici. Puis c'est trop sordide comme histoire, je sais qu'ils n'ont qu'un et deux ans de moins que moi mais je suis leur capitaine ! C'est encore des bébés à mes yeux, je voudrais pas les choquer. En plus je me connais : j'allais dire plein de mal de Sousuke, et quelque part... c'est leur ami aussi. S'ils lui en veulent, si on se ligue contre lui... c'est pas cool.

Ah merde, le relais, faut pas que j'y pense, faut pas que j'y pense maintenant. Je verrai ça plus tard, il y a des solutions. En attendant il faut juste que je trouve un endroit ou passer la nuit à chialer et tout bien réfléchi, ça va se jouer entre chez Makoto ou chez Haru.

Haru, l'avantage c'est qu'il vit seul, donc je peux débarquer à toute heure du jour et de la nuit, ya que lui que ça fera chier. Chez Makoto par contre, il y a toute sa famille. Depuis que pour déconner j'ai fait croire à Ran et Ren que j'étais leur frère caché (parce qu'on a quasi le même prénom), ils me lâchent plus. Ce serait compliqué de parler films de merde avec les deux mioches dans mes pattes.

Cela dit, Chez Makoto je sais que j'aurai droit à un calin. Haru c'est le plus naze de la terre quand il s'agit de consoler les gens. J'ai beau être magnétiquement attiré par lui depuis la première fois que je l'ai vu nager, c'est la dernière personne vers qui se tourner si on a besoin de réconfort. Une fois c'est arrivé que je me pointe chez lui en pleurant à cause d'une histoire plus ou moins pareille (Makoto était en train de diner). Il m'a écouté pleurer et dire tout ce que j'avais sur le cœur en se tenant à l'autre bout de la pièce, son langage corporel indiquant très, très clairement qu'il était mal à l'aise et voulait se casser. C'était limite insultant mais j'étais trop démoralisé pour me vexer. A un moment je me suis arrêté de parler cinq secondes pour me moucher, il en a profité pour se barrer dans la salle de bains ! Quel crevard ! J'en revenais pas. Je l'ai entendu se faire couler un bain, OKLM, comme si j'existais pas. J'avais tellement la haine ! J'étais en train d'envisager de saccager son salon avant de rentrer chez moi, quand il est réapparu en me tendant un maillot de bain. Sans aucune logique apparente il m'a foutu dans sa baignoire, puis il a renversé tout un bordel de jouets en plastoc tout autour de moi, je comprenais plus rien à la vie. Haru est resté au moins trois quarts d'heure assis sur le rebord de la baignoire à me surveiller, et des que je commençait a renifler, à avoir les yeux qui piquent, à pleurnicher, il m'aspergeait la gueule avec le dauphin qui crache de l'eau quand on fait pouet. Je vous jure que je galérais tellement à essayer de comprendre ce que je foutais là que j'en avais arrêté de pleurer.

J'ai souri en y repensant. Grave erreur : l'autre à pris ça pour un encouragement.

J'irai chez Haru, allez. J'ai des vieux comptes à régler avec le dauphin qui fait pouet.

Puis je reviendrai ici, et il faudra que j'échange de chambre une fois pour toutes avec Momo. Et ensuite... ensuite vous savez quoi ? Je vais me poser et réviser ce putain de contrôle de géo. Puis je ferai mon devoir de maths et j'appellerai ma mère. Dit comme ça ça à l'air nul, mais j'ai tellement envie de faire ça, là maintenant, plutôt que d'être ici! j'en crève d'envie, sérieux, ça m'étouffe de pas le faire. Et dès demain, je pourrais. J'aurai tout le temps que je voudrai. Ce sera fini. Là, c'est la dernière fois. C'est ce que je me répétais dans ma tête, c'est ça qui m'a fait supporter tout le film. C'est la dernière fois. C'est la dernière fois putain j'en reviens pas.


Fin du chapitre !

J'espère de tout mon cœur que ça vous a intéressés même si c'est pas un sujet marrant. Je sais que c'est vachement embrouillé, je suis un peu rouillée je crois.