L'espoir à l'épreuve des balles

Chapitre 1

Ça allait faire dix ans.

Dix ans que Vincent était entré au GIGN, Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale.

Auparavant, il avait été agent de police et avait fait quelques séjours à l'armée.

Le candidat parfait pour ces forces spéciales françaises qui avaient été au centre de toutes les attentions ce 26 décembre 1994 lors de la prise d'otage de l'Airbus A300 Air France.

À l'époque, il y avait quatre ans qu'ils étaient ensembles, en plein préparatifs pour leur mariage.

Mais ce jour-là, Alinska avait vu dans le regard si sombre de Vincent cette volonté.

La volonté de devenir l'un des leurs, un membre du GIGN.

Toutefois, ça n'était pas arrivé.

Du moins, pas tout de suite.

Ils s'étaient mariés, s'étaient installés dans cette petite maison en banlieue de Paris et s'étaient focalisés sur leur vie de couple, lui policier, elle institutrice.

Leur premier enfant, Elisabeth, était arrivé en 1997, deux ans après leur mariage.

Durant trois ans, il avait vu grandir sa fille et avait aimé sa femme.

Et puis, un jour, il était rentré et avait annoncé, tout de go, qu'il s'était inscrit aux recrutements du GIGN.

Alinska avait alors sut qu'il deviendrait membre de cette équipe.

La seule inconnue, c'était quand.

La réponse ?

2001, deux mois après les attentats.

Coïncidence ?

Alinska ne l'avait jamais cru.

Et aujourd'hui, ça allait faire dix ans qu'elle le voyait partir, la peur au ventre, le cœur serré à l'extrême.

Cependant, elle ne bronchait pas, soupirant de soulagement quand elle l'entendait rentrer.

Mais jusqu'à quand ?

Oo*oO

Alinska faisait face à sa meilleure amie, Lidwine.

Elle la connaissait depuis toute petite, ayant partagé son goûter avec cette petite brune aux yeux bruns à l'âge de cinq ans.

Depuis, elles ne s'étaient plus quittées.

Et c'était Lidwine qui rassurait Alinska quand Vincent partait en mission.

Mais encore aujourd'hui, elle ne la comprenait pas.

Comment pouvait-elle supporter cette attente insupportable sans réagir ?

Et comment pouvait-elle laisser son époux partir, au risque qu'il se fasse tuer ?

Sa meilleure amie ne répondait pas, se contentant d'hausser les épaules en souriant.

De quoi la rendre folle, oui.

« Un jour, tu te feras à tout ça ? »

Alinska releva la tête de sa tasse de café et plongea son regard gris dans celui, brun, de Lidwine.

Elle la questionna :

« Quoi, tout ça ? »

« L'attente, la peur, l'angoisse. »

« Mais on ne s'y fait pas, Lid'. »

« Alors t'es sacrément masochiste. »

« Tu ne le savais pas déjà ? »

Elles se sourirent puis la brune redevint sérieuse.

« Et tu l'as imaginé combien de fois mort, Vincent ? »

« À chaque fois qu'il part en mission. »

« Charmant. »

« N'est-ce pas ? »

« Et tu pourras tenir combien de temps, comme ça ? »

« Je ne sais pas. »

« Encore dix ans ? »

« Peut-être. »

« Et lui ? Qu'est-ce qu'il en dit ? »

« Rien du tout. »

Lidwine maugréa :

« Tu m'étonnes. »

Oo*oO

Lidwine était partie, laissant la maison plus vide et plus silencieuse.

Mais ça ne dura pas.

En effet, Tom revenait de l'école en compagnie d'un copain de classe.

Ah, Tom.

Il était arrivé complètement par hasard, accidentellement.

Mais Alin' et Vincent avaient accepté cette nouvelle grossesse et aujourd'hui, ce petit bonhomme de huit ans s'amusait à faire hurler Elisa et à poser énormément de questions, toutes plus existentielles les unes que les autres.

C'était Tom, quoi.

« Maman ? »

« Oui ? »

« Je suis rentré ! »

« C'est ce que j'entends, en effet. »

Le petit garçon arriva en souriant dans le salon et elle l'embrassa dans les cheveux, le questionnant :

« Ça a été, à l'école ? »

« Ouais, ouais. »

« Tant mieux. Le goûter est sur la table. »

« Merci, m'man. »

Elle sourit et alla s'installer dans son bureau, attendant qu'Elisabeth rentre du collège.

Ce qui n'allait pas tarder, assurément.


Bonus chapitre 2

# Comme toutes les jeunes filles de son âge, Elisabeth était branchée sur trois choses : les garçons, le shopping et les sorties entre potes.

# Depuis, ils avaient toujours sut s'entendre et se parler avant qu'il ne parte mais ce jour-là resterait à jamais gravé dans leurs mémoires.

Ce jour où il aurait pu mourir sans lui avoir parlé une toute dernière fois.