Ce premier texte est issu des nuits d'HPF, qui consiste à écrire un texte toutes les heures sur un thème donné en début d'heure. Le thème de ce texte était « Liquidités ». J'espère qu'il vous plaira, je ne l'ai pas retouché depuis.
Ellie fixait depuis maintenant une demi-heure, la porte crasseuse des toilettes pour dames d'un bar miteux, assise sur la céramique froide. Le gérant tambourinait à la porte depuis une bonne dizaine de minutes.
« Hé là ! Vous allez bien ma p'tite dame ? Vous voulez que j'appelle des secours ?
– Ça s'trouve elle est sortie par derrière, murmura une voix fluette. Ça a l'air d'être ce genre de nana paumée et sans l'sou si tu veux mon avis. »
Cette voix, c'était la femme du gérant. Une bonne femme décharnée, aux pommettes saillantes. Elle était si maigre qu'elle aurait pu s'envoler à la moindre bourrasque. Ellie pressa fortement ses poings sur ses paupières jusqu'à voir de petites tâches jaunes. Elle repensa à comment elle en était arrivée là.
C'était une chaude nuit d'été, et elle se rendait sur les lieux que son Observateur lui avait indiqués afin de récolter des indices sur le démon qui avait tué une jeune fille. Une jeune tueuse.
Ellie pesta. Depuis que l'Elue était morte et ressuscitée, une ribambelle de tueuses s'étaient succédées, toutes aussi jeunes qu'inexpérimentées. Elles ne firent évidemment pas long feu contre le démon et, à peine leur Observateur avait-il débarqué, qu'il repartait déjà pour l'Angleterre. Ellie avait été chanceuse. Holmes était arrivé juste à temps et, grâce à ses connaissances en sorcellerie, avait réussi à éloigner le démon juste assez longtemps pour leur permettre de s'échapper. Elle était donc à la recherche de ce monstre, après avoir suivi un entraînement accéléré et intensif auprès de Holmes. Elle n'avait pas pris en compte le fait que des vampires puissent croiser sa route. Elle se retrouva alors très vite encerclée dans une ruelle sombre par cinq molosses aux dents acérées.
« Quel cliché ! » marmonna-t-elle en levant les yeux au ciel avant de dégainer son pieu.
Pas le temps pour les civilités. Elle fonça droit sur l'un d'eux et lui asséna un coup de poing magistral puis se retourna pour assommer l'autre assaillant d'un coup de pied retourné bien placé. En deux temps, trois mouvements, il ne resta plus qu'elle et un vampire. Ce dernier hésita quelques instants en voyant les tas de cendres que formaient ses anciens camarades, mais le sourire provocateur d'Ellie fit ressurgir sa colère et il chargea dans sa direction. D'un bond, elle se retrouva derrière son ennemi qui stoppa net sa course avant de faire volte-face.
« Tu comptes jouer au chat et à la souris longtemps, la Tueuse ? grinça le vampire.
– Quoi ? Tu ne t'amuses pas ? » nasilla Ellie.
Visiblement agacé, il attaqua de nouveau. Mais alors qu'elle se préparait à parer un coup, il se courba tel un joueur de rugby et la plaqua au sol. Elle grogna sous l'effet du choc et le repoussa avec son pied avant de courir vers son pieu qui avait roulé plus loin. Mais le vampire s'éloignait déjà en courant. Sans comprendre, elle le regarda disparaître à l'angle d'une rue. Il était à présent bien trop loin pour qu'elle le rattrape alors elle rangea son arme et se dirigea vers l'enseigne lumineuse défaillante du Betty's. Cette bagarre lui avait donné soif. Ce fut au moment de payer son café qu'elle se rendit compte : on lui avait volé toutes ses liquidités. Elle tâtonna les poches de sa veste en cuir avant de se lever et se diriger vers les toilettes délabrées. Il aurait été facile de partir sans payer vu l'air distrait du barman qui passait et repassait un chiffon au même endroit depuis dix minutes tout en pianotant sur son portable, mais elle était connue ici, elle n'aurait pas pu aller bien loin.
Alors elle était ici, assise sur le siège en céramique, cherchant comment se sortir de là jusqu'à ce que des coups frappés la tirent de sa rêverie. Alors elle se leva, ouvrit la porte et afficha son plus beau sourire.
« J'vais vous payer monsieur, fit Ellie. Mais avant, est-ce que je peux passer un coup de fil ? »
Le gérant acquiesça et Ellie composa sur le clavier, le numéro de Holmes. Le bougre allait encore lui dire que décidément, sans lui, elle ne faisait que s'attirer des ennuis.
