HERE IT GOES
Une jeune fille de 17 ans marchait sans prêter attention aux alentours, occupée par son portable. Elle détestait ça, les conversations téléphoniques, surtout quand elle risquait de ne plus jamais revoir la personne au bout du fil. Oh, bien sûr, à son départ de New York, tous ses amis avaient promis de la recontacter, comme en ce moment. Mais elle savait bien que ça ne durerait pas. Pour l'heure, ellese retrouvait donc à recommencer à zéro dans une ville totalement inconnue. Enfin, pas réellement. Techniquement, elle avait vécu à Tree Hill depuis sa naissance, mais elle avait passé environ 95% de son temps soit dans sa maison, soit dans une autre ville, alors oui, même si elle avait vécu ici depuis quasiment toujours, elle ne connaissait aucune de ces rues.
Elle continua à parler au bout du fil tout en traversant une route à un croisement. La tête dans les nuages, elle avait traversé à moitié la route quand elle fit enfin attention aux crissements de pneus qui retentissaient, aux coups de klaxon... Elle tourna la tête à gauche et eut à peine le temps de voir une voiture foncer sur elle. Dans un tourbillon de couleurs, sa vue se brouilla, mais elle se sentit tirée en arrière, et atterrit durement sur le sol. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits, et pour se rendre compte que quelqu'un la serrait dans ses bras. Ou plutôt l'étouffait. En face d'elle s'était brutalement arrêtée la voiture à l'endroit même où elle se trouvait une demi-seconde plus tôt. Celui qui la tenait fermement relâcha son étreinte, et l'aida à se remettre debout. Elle en profita pour voir quelle tête avait son sauveur. Il était blond, les yeux bleus, plus grand qu'elle de quelques centimètres, mais semblait avoir le même âge. Il semblait ne même pas remarquer la fille qu'il avait aidé. Non, il avait les yeux rivés sur le conducteur, qui lui aussi le fusillait du regard. Un autre jeune homme du même âge, celui-ci brun. Le conducteur fou jeta un coup d'œil à sa presque victime, sans doute histoire de vérifier qu'elle n'avait pas besoin d'aller aux urgences, puis redémarra en trombe.
Une voix retentit alors du portable de la fille : « Brooke ? Brooke, t'es encore là ? ». Brooke se rendit alors compte qu'elle n'avait pas raccroché.
« Ouais, euh... J'peux t'appeler plus tard ? »
Elle n'attendit même pas la réponse pour raccrocher.
« C'est qui ce gars qui ne s'excuse même pas...
– T'es malade... »
Brooke se tourna vers le jeune blond, qui la regardait bizarrement.
« Pardon ? dit-elle, pensant avoir mal entendu.
– C'est pas possible d'être aussi inconsciente... On t'a jamais appris qu'on doit attendre que le feu soit rouge pour traverser ? T'es débile ou quoi ?
– De quoi ? »
Ce n'était pas vraiment son discours dénigrant qui l'irritait le plus, mais plutôt le ton qu'il utilisait. C'était –
« Tu sais que t'aurais pu y passer si j'avais pas été là ?
– J'aurais pu me débrouiller seule, merci ! s'exclama-t-elle exaspérée. »
Elle tourna les talons et décida que sa petite promenade était terminée. Elle voulait rentrer chez elle, et tout de suite. Elle ne se sentait pas bien du tout. Pas parce qu'elle avait tout juste manqué de se faire renverser par une voiture, non ça elle s'en fichait un peu vu que ça ne s'était pas passé. Non, le problème c'était ce grand blond... Il lui faisait froid dans le dos. Il l'avait engueulé, pas vrai ? Il l'avait même insulté. Mais pourtant, elle n'avait décelé aucune trace de colère sur son visage. Pas même d'agacement, ou d'inquiétude ou de quoi que ce soit d'ailleurs. Il l'avait grondé sur le même ton qu'elle aurait utilisé pour demander l'heure à un passant. On aurait dit un alien, un... Un robot. Même dans son regard elle n'avait décelé aucune émotion. En fin de compte, peut-être qu'il était vraiment un alien ? Mais alien ou pas, rien ne lui donnait le droit de lui parler comme ça, surtout qu'ils ne se connaissaient pas ! Par contre, elle avait l'impression que lui et le conducteur se connaissaient, vu le regard qu'ils avaient échangé. Tiens, le conducteur, elle l'avait presque oublié celui-là ! Entre son sauveur qui l'insulte et le conducteur qui ne lui accorde pas un seul regard, elle était décidément tombée sur deux numéros. Mais vu leurs têtes, elle les reverrait sûrement le lendemain au lycée.
En fait, elle avait visé juste. Le lendemain, en se rendant au lycée, on lui avait donné son numéro de casier et de cadenas, accompagnés d'un plan du lycée, qui permettait à tout le monde de voir qu'elle était nouvelle... Elle avait fait une première rencontre en rangent ses affaires dans son casier, quand la fille du casier de gauche avait fait tomber ses affaires. Brooke s'était agenouillé et l'avait aidé à ramasser ses bouquins, avec l'intention de commencer une conversation du genre 'Oh, merci pour mes livres !' 'De rien ! Je m'appelle Brooke, et toi ?'. Sauf que la fille l'avait gratifié d'un timide sourire et était partie — ou plutôt s'était enfuie, en direction sans doute de sa classe, sans que Brooke ne puisse lui dire quoi que ce soit. Brooke s'était alors à son tour dirigée vers sa salle de classe, et s'était assise à une table libre. Une dizaine d'élèves était déjà là, la plupart debout ou à demi assis sur les tables, en train de discuter, de rire... Elle venait à peine d'arriver que déjà elle se sentait étrangère à ce, cette... dimension, si on pouvait appeler ça comme ça. C'est vrai quoi, Tree Hill était une ville ni trop petite, ni trop grande, de même pour ce lycée. Ils devaient donc tous se connaître depuis bien longtemps. Elle soupira intérieurement, se demandant si revenir ici avait été une si bonne idée, puis remarqua qu'un élève s'était isolé, et qu'il était en plus assis à sa droite, deux tables plus loin. Elle se tourna vers lui, et vit qu'il avait la tête enfouie dans ses bras, avachi sur la table. Panne de réveil ? Puis elle le regarda plus attentivement. Le peu de sa tête qu'elle voyait lui disait quelque chose... Se sentant épié, le garçon releva la tête, et elle put enfin le reconnaître.
« Toi... murmura-t-elle en le reconnaissant. T'es le mec d'hier ! »
Il la regarda une ou deux secondes et s'avachit à nouveau sur la table. Elle ne manqua pas de remarquer une nouvelle fois le manque criant d'expression sur son visage, mais elle ne chercha pas à lui parler à nouveau. S'il voulait faire comme si elle n'existait pas, elle ferait de même.
Elle attendit donc que le professeur et le reste des élèves entrent dans la classe, qu'il leur distribue leurs emplois du temps... Et en arriva à faire l'appel, qu'il avait complètement oublié apparemment. Il vint ainsi au nom de Lucas Scott, et c'est là que le blond à sa droite leva la main. Lucas Scott, hein ? Ce nom lui disait vaguement quelque chose... Le professeur continua l'appel, et appela un Nathan Scott. Même nom de famille ? Quoi qu'il en soit, personne ne répondit. Le professeur persévéra, et répéta encore une fois son nom. Toujours rien. Il eut à peine le temps de dire ce nom une troisième fois que la porte de la classe s'ouvrit à la volée, et le conducteur fou d'hier apparut. De nombreux élèves commencèrent à chuchoter, le dévisageant lui et Lucas.
« Je suis là, dit-alors le retardataire. Pardon pour le retard. »
A là surprise de Brooke, le prof ne luit fit pas la morale, mais soupira.
« Où étiez vous passé encore ? »
Encore ?
« Ma voiture est tombée en panne.
– Il serait grand temps de la changer, non ? Bon… Allez vous asseoir. »
Nathan obéit, et alla s'asseoir à la seule table de libre, derrière Brooke, à qui il adressa au passage un sourire éclatant. Brooke fronça les sourcils. Apparemment, celui-là ne l'avait pas oublié. Les élèves continuaient à jacasser, ce qui énerva leur professeur.
« Silence, s'il vous plait ! leur cria-t-il. Bon, on va donc passer directement à… »
Brooke fut obligée de l'interrompre en levant la main.
« Oui ?
– Vous ne m'avez pas appelé, dit-elle poliment, ne prêtant aucune attention à la vingtaine de têtes tournées vers elle.
– Vraiment ? Vous êtes nouvelle, non ? Votre nom ?
– Brooke Davis.
– Je vois. Alors... »
Il fut interrompu par un bruit venant du fond de la classe. Brooke tourna la tête, et en voyant la trousse de Lucas étalée par terre au milieu de ses stylos, elle en déduisait qu'il avait du faire un faux mouvement. Sauf qu'au lieu de les ramasser, il restait sur sa chaise, regardant sa table, les yeux écarquillés. Il semblait presque paralysé… Mais humain. Son expression robotique avait subitement disparu.
« Lucas, réveillez vous et ramassez ces affaires, lui dit leur professeur. »
Il obéit lentement, un peu trop aux yeux de Brooke, alors que le reste de la classe et en particulier Nathan le regardait attentivement.
Quoi qu'il en soit, le prof reprit là où il s'était arrêté, et demanda à Brooke de passer à l'administration pour que cette histoire de nom manquant soit réglée. Les heures et les cours passèrent, et à midi Brooke se retrouva un plateau à la main sans savoir à quelle table de la cafétéria s'asseoir. Il y avait apparemment une table pour les sportifs, une autre pour les cheerleaders, une pour les intellos, les gothiques, les écolos… Bref, ça n'en finissait pas ! Puis elle croisa le regard d'une jeune fille qui lui était familière et qui lui fit signe de venir s'asseoir à ses côtés. Tiens, tiens, sa voisine de casier avait décidé de la remercier ? Elle décida donc d'aller à sa table, et s'assit en face d'elle.
« Salut, lui dit sa voisine, un timide sourire aux lèvres. Je m'appelle Haley.
– Brooke, répondit-elle. Merci de m'avoir proposé une place; je crois bien que j'aurais pu rester une heure debout sans savoir où aller. »
Haley lui sourit chaleureusement.
« De rien. Et puis je voulais m'excuser de ne pas t'avoir remercié pour mes livres. La plupart des gens ici ne me connaissent pas ou ne me parlent pas, alors ça m'a un peu pris au dépourvu. Mais t'es nouvelle pas vrai ?
– Ça se voit tant que ça ?
– Je vis ici depuis toujours, alors je connais toutes les têtes des habitants. Mais toi je t'avais jamais vu avant. Tu habitais où avant de venir ici ?
– Ici. Enfin, ajouta-t-elle en voyant l'air confus de Haley, c'est assez compliqué. J'ai toujours habité ici mais mes parents m'envoyaient dans une école à New York.
– Wah, New York ? Fit-elle apparemment impressionnée.
– Ouais. J'étais à Loyo...
– Loyola ?! Il paraît qu'ils travaillent les programmes de cours avec une année d'avance... Mais alors tu dois trouver nos cours super faciles !
– Pas vraiment, non, répondit Brooke avec un mince sourire. Mes parents sont riches, et c'est une école de riches, faut pas voir plus loin… Mais j'ai été absente pendant plusieurs mois, alors ils m'ont renvoyé. Et puis j'en avais marre des écoles privées, et comme j'avais un lycée dans ma ville natale, j'ai décidé de venir ici ! »
Brooke lui sourit. C'était exactement comme quand elle s'était entraînée devant la glace. Pas si dur de mentir, en fin de compte…
« Enfin, ajouta-t-elle, vu que pendant les cours j'étais en internat, et que dès que je revenais pour les vacances, mes parents m'emmenaient dans un autre endroit, c'est comme si je venais tout juste d'emménager ici !
– Oh,je vois… Mais quand tu étais petite, tu allais aussi dans une école privée ?
– Eh bien... Honnêtement j'ai du mal à me rappeler mon enfance. Je crois que oui, mais dans une ville proche.
– Donc tu as bien du te promener dans la ville, non ?
– Quand j'étais petite… Je peux pas te répondre, ma mémoire me fait défaut. »
Elle avait toujours eu du mal à se souvenir de son enfance. Pas toute son enfance, plutôt jusqu'à l'âge de 6 ou 7 ans.
« On va dire que j'ai une mémoire assez sélective !
– Je vois ce que tu veux dire, répondit Haley avec un léger rire. »
Un jeune homme blond vint les interrompre en s'asseyant en face de Haley. Brooke fut surprise de voir à nouveau Lucas. Il ne prêta pas attention à Brooke et se tourna vers Haley.
« Salut, Hales.
– Salut toi, lui sourit-elle. Alors, cette rentrée ?
– La routine, dit-il en haussant les épaules. L'autre est dans ma classe. Et toi ?
– Dans la même classe, hein... fit-elle comme embêtée. Bah moi ça va. Au fait, je te présente ma nouvelle voisine de casier, Brooke. »
Enfin, on ne l'avait pas oublié ! Lucas sembla enfin remarquer à ces mots qu'une troisième personne était à leur table, et se tourna vers Brooke. Pendant une demi seconde, elle crut discerner de la stupeur sur son visage de marbre, mais du bien admettre qu'il était toujours aussi impassible.
« Salut. »
Ce qui marqua Brooke dans ce premier 'salut', est que Lucas avait l'impression de le dire seulement pour être poli. Avait-il quelque chose contre elle ?
« Salut... répondit Brooke, cachant tant bien que mal sa gêne.
– Vous vous êtes déjà vus ? Leur demanda Haley.
– On est dans la même classe, lui dit Lucas.
– Ah, d'accord. »
Brooke, toujours aussi gênée par Lucas, ou plutôt par ce quelque chose qui clochait en lui, se concentra sur son plateau tandis qu'Haley triait sa nourriture. Elle prit dans une main le brownie qu'elle avait achetée, et soupira, comme exaspérée.
« Oh, génial, des cacahuètes...Tu le veux ? Demanda-t-elle à Brooke. Parce que les cacahuètes c'est pas mon truc...
– Non, répondit-elle, je –
– Elle est allergique. »
Stupéfaite, Brooke pivota de sa chaise et se tourna vers lui. Comment était-il au courant pour son allergie!?
« C'est vrai ? Lui demanda Haley avec le même air surpris.
– Hum, oui... dit Brooke, confuse. Je me retrouve avec des joues gonflées à l'hélium quand j'en mange. Mais comment tu sais ça, toi ?
– Je, hum, j – bafouilla-t-il en se levant brusquement. J'ai plus très faim. A ce soir Hales. »
Il partit en quatrième vitesse.
« Comment il l'a su ? Il a deviné tout seul, ou...
– Aucune idée, lui dit Haley en haussant les épaules. »
Un sourire naquit sur les lèvres d'Haley.
« Qu'est ce qui te fait autant plaisir ?
– Oh, rien de très important, c'est juste que... Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu aussi embarrassé. D'habitude, t'as du le remarquer, il est plutôt...
– Robotique ? J'ai vu, oui. Vous vous connaissez depuis longtemps ?
– On est meilleurs amis depuis la primaire. Avant, il était pas aussi inexpressif, tu sais. Mais il y a quelques mois... »
La sonnerie retentit; Haley s'arrêta.
« Mince, j'dois y aller ! Dit-elle en se levant.
– Attends ! Il s'est passé quoi, il y a quelques mois ?
– Hum, c'est assez long à expliquer... Ecoute, je travaille au Karen's Café après les cours, t'as qu'à venir ce soir et je prendrai ma pause pour t'expliquer ! Tu vois où c'est ?
– Ca me dit quelque chose, dit-elle en réfléchissant. Et puis je crois être passée devant hier.
– Okay, alors on s'y retrouve à 6h ? »
Brooke acquiesça, et partit elle même en direction de sa classe. En entrant dans la salle, presque vide, elle vit que Nathan, l'autre Scott, était assis à la place qu'elle occupait ce matin, tout sourire. Elle passa devant lui et s'assit derrière; il se retourna au même instant vers elle.
« Dire que je m'étais assis ici pour que tu m'adresses la parole...
– Parce que venir me parler directement, c'est trop dur ?
– Tu es Brooke, pas vrai ? Et c'est bien toi qui ne savait pas traverser une route hier ?
– C'est toi qui sais pas conduire !
– Disons que j'ai eu un moment d'inattention au volant, rétorqua-t-il, haussant nonchalamment les épaules. Enfin bon, je voulais quand même m'excuser...
– Je peux savoir pourquoi tu ne l'as pas fait hier ?
– J'allais le faire — je te jure! Ajouta-t-il en voyant son regard douteux. Mais quand j'ai vu que tu étais avec l'autre abruti...
– C'est marrant, lui aussi il t'appelle comme ça!
– C'est peut-être nos gênes fraternels qui se réveillent...
– Fraternels ?Répéta-t-elle avec étonnement. Vous êtes frères !? »
Ça , elle ne s'y attendait pas. Et vu leurs affrontements, elle pouvait facilement deviner que ce n'était pas l'amour fou entre eux.
– Demi-frères, et ça suffit largement !
– Donc si vous avez le même nom de famille, réfléchit Brooke, vous avez le même père... »
A ce moment, Lucas entra dans la salle de classe. En les voyant Nathan et elle en pleine discussion, il fronça les sourcils, l'air contrarié, puis reprit son expression neutre habituelle et alla s'asseoir à une place éloignée. C'était officiel, après la surprise, Lucas Scott pouvait paraître, ne serait-ce qu'une seconde, contrarié. Mais contrarié de quoi, ça, Brooke ne le savait pas. Par contre, Nathan parut comprendre quelque chose.
« Je vois... dit-il en souriant malicieusement. Je fais une fête samedi soir à 8h. Disons que je t'invites pour avoir manqué de te renverser hier. Ça sera un bon moyen pour toi de rencontrer du monde de Tree Hill... »
Il marquait un point, là. D'un autre côté, aller faire la fête chez un inconnu avec des inconnus la semaine de la rentrée ne la rassurait pas vraiment. Et puis l'incident d'hier ne semblait être qu'une excuse qui cachait autre chose.
« Tu m'invites vraiment pour t'excuser, ou...
– Est ce que c'est vraiment important? Dit-il avec un vague mouvement d'épaules. Tu viendras, oui ou non ? »
Il eut un sourire arrogant qui dérangea Brooke, mais pas forcément dans le mauvais sens.
« Pourquoi pas ?
– Bien. »
Ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose, et comme il l'avait fait remarquer, c'était un excellent moyen de rencontrer du monde...
A la fin des cours, elle passa à l'administration signaler que son nom ne figurait pas sur la liste des élèves. On lui assura que dès le lendemain, ce problème serait réglé. Bizarrement, elle n'y croyait pas trop, mais sourit quand même chaleureusement à la vieille secrétaire au moment de partir. A cause de l'attente pour cet 'entretien'— et du fait que la secrétaire lui avait raconté sa vie au détail près, quand elle arriva sur le parking du lycée, celui-ci était presque désert. Elle vit en passant que Lucas était adossé à un tableau d'affichage, comme pour attendre quelqu'un. Peut-être que quelqu'un devait venir le chercher et qu'il ou elle l'avait oublié ? Elle pensa même à lui demander comment il savait pour son allergie, mais elle changea rapidement d'avis. Elle arriva à sa voiture, et ouvrit la portière...
« Davis ! »
Brooke se retourna en entendant son nom, et vit que Lucas s'était avancé vers elle.
« T'as pas vu que je t'attendais ?
- Ah, désolé...
– Je voulais juste te dire... Évite de parler à Nathan si tu le peux, lui dit-il avant de tourner les talons. Tout ce qu'il fera c'est te pourrir la vie.
– Quoi ? Attends! Pourquoi j'ai l'impression que vous vous détestez autant? Vous êtes pourtant frères, non ? »
Lucas lui lança un regard par dessus son épaule, un regard plus que glacial, qui la cloua sur place, et la dissuada de le rattraper.
« Parce qu'il a tué mon père. »
Il repartit vers sa propre voiture, alors que Brooke, toujours à la même place, était incapable de bouger sous le coup de cette annonce. Nathan avait tué... Mais ils avaient le même père, donc il aurait tué son propre père? Non, impossible, Lucas voulait sûrement blaguer, ou... Mais pourtant, il avait paru tellement sérieux et atteint par tout ça quand il l'avait dit que ça semblait réel. Soudain, elle vit qu'elle avait déjà un quart d'heure de retard, et se dépêcha de grimper dans sa voiture. Elle mit quelques minutes à trouver le café en question, se gara, et pénétra à l'intérieur.
Le lieu lui même dégageait une ambiance chaleureuse qui envahissait quiconque entrant dans cet endroit. Les gens assis avaient tous le sourire, et discutaient gaiement entre eux; la serveuse au bar avait elle aussi le sourire, bref tout le monde était détendu. Le patron de ce café n'était sûrement pas un de ces boss sadiques qui vous faisait suer du matin au soir.
Brooke s'assit à la première table libre qu'elle vit, et Haley mit peu de temps à venir vers elle.
« Je te sers quoi ?
– Un café, s'il te plaît!
– Je te les apporte et je prends ma pause. »
En l'attendant, Brooke parcourut la salle du regard. A une table plutôt éloignée de la sienne, une dizaine de cheerleaders étaient rassemblées autour de tables mises bout-à-bout. En les voyant, Brooke se rappela soudainement son ancienne vie, avec son ancienne équipe... Elle chassa ces vieilles images de son esprit avec véhémence, tandis que Haley revenait avec la commande et s'asseyait en face d'elle.
« Et voilà !
– Merci, lui dit-elle en souriant. Alors, tu travailles ici chaque soir ?
– Et parfois le week-end, histoire de mettre un peu d'argent de côté pour mes études. Comment c'était cette première journée de cours ?
– Pas super... avoua-t-elle avec un soupir. J'ai pris des cours de rattrapage pendant les vacances, histoire de pas trop être perdue en venant ici, mais ça n'a pas suffit.
– Mince, grimaça Haley. J'aurais aimé t'aider, mais je fais du tutorat à 3 élèves et avec mon boulot...
– Merci, mais t'inquiète pas je vais m'en sortir ! Il suffira que je travaille plus.
– Ouais, lui dit-elle d'un ton encourageant. Bon, à midi, j'avais commencé à te parler de ça, mais... Dire que ça fera bientôt un an, dans à peine 5 ou 6 mois...
– Un an que quoi ?
– Ça s'est passé en Février dernier. Un élève est venu armé au lycée, il a pris en otage quelques élèves, et il a fait un mort... L'oncle de Lucas, Keith.
– Keith? Répéta-t-elle, une vague impression de déjà-vu la parcourant.Keith... »
Elle appuya ses petites mains contre la vitre, et essaya de discerner les visages dans l'obscurité.
« Lui, c'est Keith. »
« Quoi ? Lui fit Haley.
– Je, non, c'est juste que ce nom me dit quelque chose. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu, mais je vois pas où... Enfin bref, c'est pas important. Je suppose que c'est pour ça que Lucas est comme il est ? »
Le visage de Haley s'assombrit.
« Ouais. Lucas le considérait comme son père... D'ailleurs il était sur le point d'épouser sa mère, et de l'adopter. »
Oh, alors son 'père' était vraiment mort. Mais quel rapport avec Nathan ? A moins que l'élève en question était...
« Et cet élève, c'était qui ?
– Jimmy Edwards. Le pire, c'est que Lucas et lui se connaissaient bien. Mais depuis le lycée, ils s'étaient en quelque sorte perdus de vue... »
Donc Nathan n'était pas un assassin, c'était clair maintenant.
« Qu'est ce qu'il est devenu ?
– Après avoir tiré sur Keith, il s'est donné la mort. Personne n'a vraiment compris son geste, surtout qu'il connaissait Keith...
– Je vois... Mais je ne comprends pas, tout à l'heure Lucas m'a dit que Nathan avait tué son père... Tu saurais pas pourquoi il dirait une telle chose ?
– Aucune idée. Écoute, concernant Nathan... ajouta-t-elle en hésitant. Il n'a tué personne, mais fais quand même attention à toi, et évite le autant que possible.
– Pourquoi tout le monde me dit ça ? Lucas, et maintenant toi...
– Il n'est pas... Tu ne sais pas de quoi il est capable. Son père à lui et Lucas a privilégié son éducation à celle de Lucas. En fait il n'a jamais reconnu Lucas comme étant son fils. Et quand la mère de Lucas est tombée enceinte, il l'a abandonnée et s'est enfui avec Deb, la mère de Nathan. Mais bon, elle est tombée enceinte à peine 3 mois après... dit-elle avec un sourire narquois. Il n'a pas pu échapper à la paternité en fin de compte. Enfin bref, ce qui est important c'est que Nathan est comme son père, alors il n'hésitera pas à te laisser tomber. »
Elle était clairement énervée, ça crevait les yeux. Mmh... Expérience vécue ?
« Merci pour le conseil... Mais je ne compte rien faire avec lui.
– Oh. »
Et maintenant elle était soulagée. Ça aussi, elle voulait sans doute le cacher, mais Brooke avait le don de comprendre les autres en un regard.
« C'est moi, commença-t-elle à lui dire, ou tu... »
Des cris de bébés retentirent. Brooke sursauta, alertée. Simple réflexe. Elle se ressaisit rapidement, et devina que les cris venaient de la cuisine.
« Je ferais mieux de retourner travailler...
– Ok, je vais rester ici en attendant de finir mon café. »
Haley repartit travailler; Brooke se mit à l'aise à sa table et prit un cahier de son sac. Autant commencer à travailler dès maintenant, non ? Même si ça n'était pas si simple, surtout avec les cheers qui papotaient un peu trop fort à son goût, mais elle préférait ça au silence d'un grande maison. Elle s'attaqua donc à la littérature, française qui plus est, sans grande conviction.
La porte s'ouvrit à nouveau, laissant un courant d'air entrer à l'intérieur. Une des cheerleaders, sans doute la capitaine vu qu'elle était assise au centre, se tut. Personne ne sembla le remarquer, sauf Brooke. La grande blonde en question regardait la porte d'entrée avec un intérêt pas très subtil... Brooke, piquée par la curiosité, se retourna, et compris tout de suite ce qu'il se passait. Lucas, encore lui, venait d'entrer dans le café. Il la remarqua lui aussi, car il se dirigea vers elle.
« Tu me suis ? Lui demanda Brooke, tentant de le dérider un peu. »
Il regarda sur sa table les cours qu'elle relisait.
« Stendhal, hein ?
– T'as pas répondu à ma question.
– Je travaille ici.
– Vraiment ? Fit-elle avec suprise.
– Ma mère est la proprio. »
Et bien, elle allait vraiment de surprises en surprises... Lucas se dirigea vers le comptoir, sans doute pour commencer son service. Elle se leva et le suivit, tout en mangeant son cookie.
« Au fait, t'es bien le meilleur ami de Haley, non ? Alors... Tu devrais le savoir, si il s'était passé un truc entre Nathan et elle...
– Elle... et Nathan ? Impossible. Jamais elle ne sortirait avec un abruti pareil.
– Je vois... C'est quand même bizarre...
– Qu'est ce qui est bizarre ? Demanda une voix qui lui était inconnue. »
Elle se retourna, et vit à côté d'elle la grande blonde, présumée capitaine des cheerleaders.
« Salut, Peyton, lui dit Lucas, toujours d'une voix monocorde.
– Ça va Luke ? Fit-elle avec un sourire, avant de regarder longuement Brooke. Alors, tu nous présente ?
– Peyton, Davis. Davis, Peyton.
– Davis ? Drôle de nom.
– C'est vrai que Peyton c'est mieux, répliqua aussitôt Brooke. Et d'ailleurs c'est pas mon prénom, ajouta-t-elle en regardant Lucas.Au fait, pourquoi tu m'appelles comme ça, hein ?
– Tu ne le sais pas ?
– Je devrais ? Demanda-t-elle, fronçant les sourcils.
– Non, soupira-t-il, sans doute que non. Je vais en cuisine. »
Il partit aussitôt, sans que Brooke ne puisse comprendre quoi que ce soit.
« Hum, Brooke, c'est ça ?
– Oui.
– Lucas est déjà pris. Alors laisse tomber. »
Brooke était de plus en plus perdue. Pourquoi est ce que tout le monde s'entêtait à la caser avec quelqu'un ? Nathan, puis Lucas...
« Je ne comptais pas te le voler... Vu qu'il t'appartient. »
Elle laissa de l'argent sur le comptoir pour sa commande, ramassa ses affaires, et partit du café. En rentrant chez elle, elle se fit couler un bon bain chaud pour se relaxer.
Donc, si elle avait bien compris, Nathan et Lucas étaient demi-frère, avec le père en commun, qui avait abandonné Lucas pour se retrouver avec Nathan. Et donc Keith s'était rapproché de Karen, au point de devenir le 'père' de Lucas. Puis un certain Jimmy était venu armé au lycée, et avait tué Keith; pourtant Lucas considérait Nathan comme son assassin, et même Haley, sa meilleure amie, ne savait pourquoi. En plus de ça Lucas était au courant pour son allergie, ce que même certains de ses amis les plus proches à New York ne savaient pas. De l'autre côté, Nathan l'avait invité à sa fête, et tous lui déconseillaient d'y aller, ou même de parler à Nathan. Ah, et il y avait cette Peyton qui elle ne voulait pas que Brooke approche Lucas... Bref, cette ville avait l'air d'être tout sauf calme, contrairement à ce qu'elle avait souhaité.
Mais ce dont elle était sûre, c'était qu'elle détestait qu'on lui dise comment agir. Alors elle irait chez Nathan.
Elle arriva chez lui vers 9h30, alors que la maison était déjà noire de monde. La veille, Nathan lui avait dit de venir à 8h30; il la retrouverait au salon, près du canapé. La maison des Scott ressemblait à la sienne, quoiqu'elle était sûre que sa maison était un peu plus grande.
Au salon, elle chercha son hôte, mais ne le vit pas tout de suite.
« C'est moi que tu cherches ? »
Elle se retourna, reconnaissant la voix de Nathan, et se retrouva en face de lui.
« Tu viens toujours avec une heure de retard ? Soupira-t-il.
– Ça dépend qui m'invite.
– Quelle méchanceté !
– Je ne dis pas ça pou–
– Allez, la coupa-t-il en la prenant par les épaules, je vais te présenter à mes amis ! »
Comme elle aurait pu le parier, la bande d'amis que s'était constitué Nathan ne comprenait que des sportifs et des cheerleaders. Tous assis autour d'un bar, ils contemplaient Brooke comme la nouvelle attraction d'un zoo.
« Les gars, voici Brooke Davis. Brooke, lui c'est Tim, et derrière tu as Jake, Matt [...] Peyton, Sam, et Amy. »
Peyton la fusillait du regard. Elle devait sans doute prendre la présence de Brooke comme une intrusion.
« Et maintenant, Brooke et moi allons faire un petit tour dans ma chambre !
– Hein ? »
Il agrippa son bras et se fraya un passage vers les escaliers, puis vers une chambre― la sienne, évidemment.
« Ici, personne ne viendra nous déranger. »
'Nous déranger', hein ? Et qu'est ce qu'il comptait faire exactement ?
« Détends toi, je ne vais pas te sauter dessus, dit-il avec un léger rire. Je veux juste parler.
– Parler de quoi ? Fit-elle sur la défensive.
– Bah de toi ! J'ai entendu dire que tu vivais ici avant, non ?
– C'est vrai. Mais c'était il y a dix ans ou plus, alors...
– Mais tu avais déjà rencontré Lucas, non ?
– La première fois que je l'ai vu, je venais d'éviter de me faire écraser par une voiture. »
Il plissa le front, comme en pleine réflexion, et s'assit sur son bureau.
« J'avais pourtant l'impression qu'il te connaissait...
– En fait... »
Elle hésita. A quoi bon lui dire tout ça, elle le connaissait à peine, et le peu de personnes qu'elle connaissait lui conseillait de l'éviter.
« En fait quoi ?
– Hum... »
Oh, et puis, il n'avait pas l'air méchant, ni cruel. En tout cas pas à ses yeux.
« J'ai eu cette impression aussi, lui expliqua-t-il, qu'il me connaissait. Mais pourquoi ça t'intéresse autant ?
– Parce que tu l'intéresse aussi ?
– Comment ça, dit-elle en fronçant les sourcils, je l'intéresse ?
– T'as remarqué comment il est, non ? C'est juste une façade, il était pas...
– Comme ça avant, je sais, le coupa-t-elle. Quel rapport avec moi ?
– Lucas est comme un mur de glace. Et à la rentrée, pour la première fois depuis des mois, il n'était plus aussi froid. Il a suffit que tu prononces ton nom, pour qu'il, hum... court-circuite ? C'est pour ça que je croyais que tu le connaissais. Vous vous êtes vraiment jamais vu avant ?
– Je pense que je m'en souviendrait !
– Peut-être que ça remonte à trop loin pour que tu t'en souvienne ?
– Et lui s'en souviendrait ?
– Peut-être que pour une raison ou une autre, tu l'as oublié...
– Quoi, tu penses que j'ai perdu la mémoire ?
– Ça arrive parfois, dit-il avec un haussement d'épaules, il suffit d'un accident, et... En plus, si ça s'est passé il y a longtemps, t'as du ne jamais y faire attention. Tu te souviens bien du temps que t'as passé à Tree Hill ?
– J'ai des souvenirs assez vagues, admit-elle avec une moue. Le mieux serait de demander à mes parents, mais...
– Alors appelons les !
– Quoi, maintenant ?
– Pourquoi pas ? Ils dorment déjà à cette heure?
– C'est pas ça, mais... »
Mais elle n'avait pas envie d'entendre parler de ses parents maintenant, même pas pour une histoire de mémoire disparue.
« Alors c'est décidé, insista Nathan, appelle les !
– Je... ! J'ai plus de crédit. »
Et en plus c'était vrai.
« Bon, dit-il en fouillant dans sa poche, alors je vais te passer le mien... Merde, où est ce que je l'ai encore mis !?
– Y a pas urgence, tu sais...
– Bon, t'as qu'à utiliser le fixe !
– Euh, mais... »
Il avait mis une main sur la poignée, mais celle ci se tourna toute seule : la porte s'ouvrit à la volée, et un jeune sportif ivre tomba dans les bras de Nathan.
« Tim ? Oh non, t'es déjà torché !?
– Y a pu d'bière, mec ! »
Il tituba, et tomba par terre, tout en s'accrochant vainement a un pan du lit.
« Vu ton état, c'est pas forcément une mauvaise chose ! T'aurais pas ton portable sur toi ? C'est pour Brooke. »
Tim regarda Brooke d'un air... pervers, il n'y avait vraiment pas d'autre mot, et lui sourit en sortant son portable.
« Mais tu m'devras une p'ti danse !
– Mais bien sûr... murmura-t-elle avec dégoût. »
Il lui passa son portable, et s'écroula ensuite sur le lit de Nathan.
« Si tu gerbes dessus, je t'arrache la tête...Et toi, dit-il en se tournant vers elle, qu'est ce que t'attends pour appeler ? »
Elle composa le numéro avec réticence. Quelque part, elle voulait quand même savoir...
« Allo ? Maman, c'est moi. Brooke. Oui bon voilà, je voulais savoir si j'avais eu un, hum, accident quand j'étais petite et que j'étais à Tree Hill. Non ? C'est bien ce que je... Ah. Comment ça, une... Quand ça!? Alors c'est pour ça que... J'aurais pu être au courant, non ? Oui c'est vrai, mais... D'accord. Ouais. Non, je ne compte pas revenir. Salut. »
Elle raccrocha, et balança le portable sur son propriétaire, Nathan la dévisageant avec impatience.
« Alors ?
– Alors j'ai fait une méningite quand j'étais enfant, et quand j'ai guéri certains de mes souvenirs étaient envolés. Et je n'ai pas tout oublié, mais évidemment comme je ne me souvenais pas de ce que j'avais perdu, mes parents ont pensé que ce n'était pas important. J'avais 6 ou 7 ans.
– Donc j'avais raison, dit-il avec un sourire satisfait. C'est quand même dommage que tu ne te souviennes plus de lui...
– Attends, on est même pas sûrs que je le connaissais avant, et... »
Un bruit retentit d'en bas, et le brouhaha cessa subitement pendant quelques secondes, jusqu'à reprendre de plus belle.
« Oh non, soupira Nathan, ils ont pas encore cassé un truc... Reste ici, je reviens ! »
Il sortit en trombe de sa chambre, et Brooke en profita pour la visiter un peu. Elle était visiblement bien plus petite que la sienne, mais tout de même assez grande... Et il y avait cette étagère qui avait attisé son regard ― pleine de médailles et de coupes, c'était la première chose qu'on remarquait dans cette pièce. Toutes ces récompenses correspondaient à des compétitions de... basket. Elle secoua la tête et regarda à d'autres endroits. Il y avait une seule photo de lui étant petit, et en famille, avec un homme plus âgé... son père ?
Elle resta ainsi un bon moment à attendre dans cette pièce, se demandant si elle ne faisait pas mieux de rentrer tout de suite chez elle.
« Héé ... »
Elle se retourna vers Tim, qui la regardait toujours avec insistance. Apparemment, il était un peu moins assommé.
« Viens voir... »
Elle soupira, leva les yeux au ciel, mais s'approcha tout de même.
« Quoi ?
– Allez, viens... »
Elle arrivait à sa hauteur, quand il fit brusquement preuve de rapidité, agrippa son poignet, et la plaqua contre le lit. Elle se débattait déjà quand il lui arracha de force un baiser, qui il faut le dire, lui donna plus envie de vomir qu'autre chose. Elle se débattit encore plus, mais il bloqua ses bras, et déboutonna son chemisier.
« Enlève tes sales pattes de moi ! »
Dans un effort surhumain, elle le repoussa, et se redressa immédiatement.
« Il faut dire s'il te plaît. »
Il avança vers elle.
« T'approches pas, le prévint-elle en reculant vers le lit, ou je...
– C'est faaaaacile. S. I. L. T. E – »
La porte s'ouvrit à la volée une nouvelle fois, ce qui rassura Brooke. Ce qui la rassura moins, c'est que c'était Lucas qui était là, et elle ne comprenait pas ce qu'il venait faire ici. Sans parler du fait qu'il avait l'air furieux― oui, furieux, il pouvait donc montrer des émotions.
Il lança un regard plus que froid, haineux, dégoûté à Tim, qui dissuada celui ci de faire un pas de plus vers Brooke.
« Ok, dit-il l'air soudain penaud, j'te la laisse... »
Il sortit enfin, tandis Brooke reboutonnait son chemisier, Lucas se retournant pour ne pas la regarder.
« Je te dis de ne pas t'approcher de Nathan, et je te retrouve dans sa chambre avec... Tim !?
– Ça va, je voulais juste comprendre...
– Comprendre quoi ? »
Hum... Lui ? Nathan ? Lui et Nathan ?
« Non, pas la peine d'en dire, ça ne me regarde pas. Allez viens, je te ramène.
– Merci, mais je rentrerai quand je le voudrai. Et je suis venue avec ma voiture.
– Tu veux me faire croire qu'après ça, tu veux encore rester ici ? »
Le pire, c'est qu'il marquait un point, mais elle ne le montra pas, ou presque.
« Je peux rentrer chez moi dans ma voiture.
– La Polo grise, garée juste devant ?
– Oui... répondit-elle, redoutant la suite.
– Quand je suis passé devant, il y avait deux personnes dedans qui avaient l'air... occupées.
– Dans MA voiture !? S'exclama-t-elle, furieuse. Non mais pour qui ils se prennent...
– Viens, je te ramène. Tu pourras revenir demain chercher ta voiture... quand elle sera vide. »
Elle hésita un peu, entre accepter ou aller récupérer sa voiture, mais accepta la proposition de Lucas. Ils sortirent de la maison, se faufilant entre les autres lycéens éméchés, et grimpèrent dans la voiture de Lucas.
« T'habites où ?
– 1704, Evergreen Terrace.
– Evergreen Terrace ? Répéta-t-il, se tournant subitement vers elle.
– Oui, pourquoi ? »
Il avait l'air surpris, mais se ressaisit et démarra la voiture.
« C'est juste que tu habites à 2 rues de chez moi. »
Alors ils étaient presque voisins ? Ça allait en faveur de la théorie de Nathan, ça...
Elle appuya sa tête contre la vitre, voyant que Lucas n'était pas très bavard. Ce type était vraiment bizarre. Pourquoi se forçait-il à cacher ses émotions ? D'accord, son père était décédé, mais... C'était assez effrayant, comme s'il avait perdu le désir d'avancer. Ce qui paraissait impossible.
Ses paupières lourdes commençaient à se fermer. Elle se força à rester éveillée, même si la tentation de s'endormir était très forte...
Brooke se réveilla dans son lit après une bonne nuit de sommeil― ce qui ne lui était pas arrivé depuis un bout de temps. Comme à son habitude, elle traîna au lit, et se décida à se lever d'un pas fainéant. C'est là qu'elle commença à tilter. Quelque chose n'allait pas. Elle portait les vêtements de la veille. Ses cheveux étaient encore attachés, elle n'était pas démaquillée. Elle avait même gardé ses chaussures. Et surtout, elle ne se souvenait pas être allée dans son lit. En fait, la dernière chose dont elle se souvenait, c'était d'être dans la voiture de Lucas, sur le chemin du retour.
Elle sortit de sa chambre, descendit les escaliers, à la recherche de ses pantoufles. En arrivant à la dernière marche, elle mit le pied sur ce qu'elle pensa être un jouet, mais qui s'avéra être une paire de bras..
« Aïe... »
Quelqu'un était assis à ses pieds, les bras croisés sur la marche, et la tête reposant dessus. Il releva la tête, et Brooke reconnut immédiatement son chauffeur de la veille.
« Qu'est ce que tu fais là, toi ?
– Ah, t'es réveillée ? »
« Et donc, reprit Brooke, quand tu as remarqué que la porte était ouverte et la maison vide, tu es resté parce que... tu t'inquiétais pour moi ?
– Pas spécialement, dit-il en baillant.
– Mouais... T'as l'air complètement à plat en tout cas, observa-t-elle non sans inquiétude. A force de bailler comme ça tu vas te décrocher la mâchoire.
– La faute à qui ? J'en connais pas un qui pourrait bien dormir dans un escalier.
– Pourquoi t'as pas pris le canapé !?
– Juste au cas où quelqu'un entrait... Je l'aurais entendu.
– Oh. J'ai une chambre d'amis, donc si tu veux te reposer, vas-y. Je te dois au moins ça.
– Je peux pas, je travaille au café aujourd'hui .
– Non mais à ce train là tu vas t'endormir en prenant les commandes... A moins que... fit-elle en réfléchissant. Je pourrais y aller à ta place !
– T'as déjà travaillé dans un café ? Dit-il, son front se plissant légèrement.
– Y a une première fois à tout, non ? Répliqua-t-elle avec un sourire.
– Je suis déjà en retard, dit-il en se levant.
– Attends, laisse moi y aller! Reposes toi en attendant, et quand tu seras en forme, viens travailler. »
Lucas n'avait pas l'air convaincu.
« Pourquoi tu veux absolument me remplacer au café ?
– Pour voler dans la caisse, bien sûr, dit-elle avec un petit rire. »
Il ne réagit pas à sa blague.
« Bon, apparemment c'est pas ton truc l'humour le matin, dit-elle plus sérieusement. Je veux juste te remercier.
– Me remercier pour quoi ?
– Pour hier, et pour avoir empêché une voiture de m'écraser ? »
Il sembla considérer son offre pendant quelques secondes, puis lui dit :
« D'accord, vas-y. Mais ne casse rien.
– Génial, s'exclama-t-elle avec un sourire éclatant. La chambre est en haut, deuxième porte à gauche.
– Très bien, mais... Tu comptes y aller comment ?
– Bah avec ma ...
C'est là qu'elle se souvint de sa voiture, restée garée devant chez Nathan.
– Oh non, murmura-t-elle, comment est ce que je vais...
Lucas sortit un jeu de clés de sa poche, et les lança à Brooke.
– Prends la mienne. Tu récupéreras la tienne plus tard. »
Brooke fonça vers la voiture de Lucas, déjà en retard pour son nouveau boulot d'un jour. Elle arriva quelques minutes plus tard au Karen's Café, appréhendant sa rencontre avec le mère de Lucas.
Elle la reconnut de suite; c'était la trentenaire brune qui était au comptoir. Elle s'avança vers elle.
« Hum... Bonjour. »
Karen releva la tête, souriante.
« Bonjour ! Qu'est ce que je te sers ?
– Ah non, je ne viens pas pour ça. En fait, Lucas...
– Oh, attends, tu ne serais pas Davis, par hasard ?
– Brooke, en fait.
– Je vois, dit-elle en souriant de plus belle. Donc tu es la remplaçante de Lucas pour aujourd'hui. Il m'a appelé pour m'expliquer la situation.
– Alors je commence où ? Service ou caisse ?
– Comment ça... commença-t-elle, confuse. Oh, je vois Lucas ne t'as pas dit...
– Pas dit quoi ?
– Je n'ai pas besoin de lui pour le café en lui-même, Deb et moi sommes bien assez.
– Alors pourquoi je suis là ? »
Karen pointa du doigt le sol. Brooke ne comprit que quand elle se pencha au dessus du comptoir, et vit une petite tête dépasser d'un berceau et la regarder avec de grands yeux.
« Ton boulot est de t'occuper d'elle ! Elle s'appelle Lily, c'est la petite soeur de Lucas. »
Brooke se figea. De un, parce qu'elle ne savait pas que Lucas avait une petite sœur. De deux, parce qu'elle venait de comprendre qu'elle était tombée sur ce qu'on pouvait appeler le pire job sur lequel elle pouvait tomber.
« Pardon ? Dit-elle, espérant avoir mal compris. Mais...
– D'habitude, il s'occupe d'elle à la maison, mais hier il est parti en trombe sans donner de raison, et il n'est pas revenu, alors j'ai été obligée de la prendre en attendant qu'il revienne.
– Et pourquoi est ce que vous ne la surveilleriez pas, et moi je...
– Tu sais faire des pâtisseries ?
– Hum... Je peux faire des toasts ? »
Lily commença à pleurer. Oh, vraiment génial...
« Ils sont pas si mauvais que ça ! Insista Brooke, son angoisse montant d'un cran.
– Bon, j'ai des gâteaux au four. En attendant, tu peux rester ici et jouer avec elle, ou vous pouvez faire un tour dehors, dit-elle avant de se pencher vers sa fille. Chut, chérie, calme-toi. »
Brooke fut bien forcée de la prendre dans se bras, et à sa surprise, les cris cessèrent presque instantanément. Elle semblait assez... hypnotisée par Brooke, et cela ne lui plaisait pas vraiment.
« Eh bien, s'exclama Karen avec surprise, apparemment elle t'aime bien !
– On dirait, oui, répondit-elle d'un air gêné. Tu veux pas faire une sieste ? Demanda-t-elle à Lily, le regard suppliant. »
La petite se contenta de taper dans ses mains. Brooke se demanda bien ce qu'elle allait pouvoir faire, et releva la tête pour convaincre Karen de lui donner une autre tâche.
Mais Karen n'était déjà plus là. Une autre trentenaire blonde arriva de la cuisine pour s'occuper de la caisse.
« Bonjour, Brooke . Karen m'a dit que tu remplaçais Lucas aujourd'hui.
– Oui, c'est bien ça.
– Je suis Deborah Scott. Mais tu peux m'appeler Deb.
– Encore une Scott ?
– Encore, dit-elle d'un ton amusé. Mais plus pour longtemps; je divorce bientôt.
– Donc vous êtes... réfléchit-elle. La mère de Nathan ?
– Tu connais mon fils ?
– Plus ou moins, dit Brooke avec un haussement d'épaules. Je l'ai rencontré il y a quelques jours.
– Je vois... Tu serais pas la nouvelle élève de Tree Hill ?
– Ça se voit tant que ça ? Demanda-t-elle avec une grimace. »
Et dire que tout ce qu'elle voulait, c'était passer inaperçu.
« C'est même flagrant ! Dit-elle avec un rire, avant de regarder Lily avec étonnement. Ouah. Elle est pas aussi calme avec moi.
– Ah oui ? »
Et pourquoi fallait-elle qu'elle soit calme avec elle, hein ? Ça aurait facilité les choses qu'elle se débatte en pleurant et en hurlant à la mort comme n'importe quel autre bébé. Mais non, il fallait qu'elle l'apprécie... Vraiment, ça n'aurait pas pu être pire. Et ça, personne n'aurait pu le comprendre.
Merci d'avoir lu ce premier chapitre ! Cette fiction (comme trois autres que j'ai en stock) a été écrite il y a déjà quelques années, c'est d'ailleurs la première que j'ai écrite. J'avais postées toutes mes fictions sur ce site il y a deux ou trois ans, mais pour une raison qui m'échappe encore elles ont été effacées à deux reprises. C'est donc ma troisième tentative de les laisser ici, j'espère que cette fois-ci sera la bonne !
Etant donné que cette histoire est finie, les chapitres devraient arriver rapidement, il faut simplement que je les relise et que je m'occupe de la mise en page (ce qui peut facilement s'étaler sur deux jours).
Voilà, j'espère que vous aimerez cette histoire. C'est loin d'être ma préférée, et il y a pleins de petits détails qui ne me plaisent pas trop, mais je préfère la laisser comme telle pour le moment.
N'hésitez pas à commenter ;)