J'avais envie de commencer ce recueil depuis si longtemps. Quand je suis en panne d'inspiration, ou que je ne sais pas par où commencer, écrire sur Blaise et Daphné m'aide à me concentrer, à me structurer.
Alors, je vous propose un petit jeu. Ce sera à vous de me proposer des thèmes, des défis, des mots, des situations... Sur lesquels je me ferais une joie d'écrire.
En attendant, je vous livre le premier OS de, je l'espère, une longue lignée, sur le thème du scandale.
Thème emprunté à la formidable LJ.
Il y avait Malefoy d'abord, forcément. Malefoy. Le lumineux, le perfide, le royal, le vicieux, le fouineur, le Malefoy. Mais si on ne devait garder qu'un mot, ça serait serpent. Serpentards ? Oh, il y a Théo aussi, Théo, lui ça serait ténébreux. Pour l'allitération en t, Théo t'es le ténébreux. Pour les cadavres de souris sous son lit et les Sombrals qu'il voit même la nuit. Pansy, c'est la meneuse, mais on n'a qu'à dire que c'est la sinueuse. C'est plus joli : plus sirupeuse et un peu sirop, un peu lépreuse. Et puis elle était là, elle aussi, le scandale. La scandaleuse allumeuse, l'amuseuse, la voluptueuse, l'éternelle, non amoureuse. Daphné, le scandale. Et le poids qui tire sur mes amygdales.
Elle me brûle du regard depuis trois quarts d'heure, voyons, petite, c'est démodé l'ardeur. Tu me flattes. Et ça m'éclate de te voir souffrir ainsi, ça m'éclate. Tu m'éclates, Daphné. Tu me tues encore une fois. Arrête, s'il te plait. Mince. J'avais oublié que ça te plaisait.
Les invités commencent à arriver, la salle se remplit. Tu me vides, ça y est, je disparais. Il faudrait que tout finisse. Vite, la fin du précipice. Tu m'excuses, je te quitte des yeux quelques instants, maman veut ma peau maintenant. Tu m'excuses, je te quitte.
« Tu es sûr de ce que tu fais, mon fils ? »
Elle ne m'appelle jamais mon fils. Quand j'étais un petit gosse, elle me trainait partout, elle disait que j'étais son petit frère. Les hommes tombaient comme des mouches et puis les mouches venaient tomber sur la puanteur de leurs dépouilles. On s'amusait bien tous les deux. Elle est encore trop belle, dans sa soie sauvage, le rose pâle fait ressortir l'ébène de son teint. Une idole, ma mère est une idole, elle ne peut imaginer que je quitte son autel. Et sa maison. Toi, aujourd'hui, tu es en noir. Veuve noire. Tu as pris le voile, et c'est ma mère qui n'est plus tant mante religieuse.
« Je n'ai jamais été aussi sur de ma vie. »
Faux.
« Tu n'as jamais été très sûr dans ta vie, Blaise. Quand tu étais petit, tu étais un enfer. Un joli enfer. Le plus beau de tous les enfers, je te l'accorde. Mais un enfer quand même. Tu n'arrivais jamais à te décider. La vanille ou le chocolat. Tu étais déjà serpent de tout ton être, c'est fou. Tu analysais tout ce que pouvaient apporter les deux, incroyable. J'étais si fière de toi. Mais maintenant tu es grand, vanille ou chocolat ? La blonde ou la brune, Blaise ? »
« Je n'ai jamais été aussi sûr de ma vie.
— De faire le mauvais choix ? »
Ça, c'est Malefoy. Un serpent, que je vous disais. Vil. Il s'est approché par derrière, il a mordu. Jeu. Set. Et match. Nul. Ce gars est nul. Je l'ai toujours su. Et en plus il a épousé la plus saine des Greengrass.
« Tu l'as senti toi aussi, mon petit Drago ?
— Au début, ce n'était qu'une nuance.
— Maintenant c'est de plus en plus entêtant.
— Daphné.
— Le parfum du scandale.
— Allez-vous…
— Blaise Zabini, avant que tu finisses cette phrase, je tiens à te rappeler que je suis ta mère. Que je t'ai donné la vie et que je l'ai reprise à bien des hommes. Alors fais très attention à toi, si tu ne veux pas que je fasse attention à ta bécasse de fiancée.
— … faire une promenade avant la cérémonie ?
— Oui, j'ai repéré quelques herbes dans le jardin. De l'aconit napel ! Qu'en dis-tu, Blaise ? En cette saison, c'est si bon pour la peau, ta fiancée adorerait !
— Bien tenté, mère, bien tenté ! »
Très bien tenté, maman. Tentant. Non. Un peu de sérieux Blaise, on est là pour éviter cela.
Une bise sur ma joue, un parfum de brise et elle a disparu.
« J'adore ta mère, elle ne changera jamais, toujours aussi belle, toujours aussi folle.
— Tu n'as qu'à te marier avec.
— J'en rêve. La mort apporterait par des lèvres si douces un dernier plaisir charnel.
— Va crever ailleurs, Malefoy.
— Aujourd'hui, c'est toi qu'on enterre, mon pote. Je ne raterais ça pour rien au monde. Tiens, j'en suis même témoin.
— Rassure-moi, tu m'as bourré pour que je prétende t'offrir un tel privilège ?
— Rassure-moi, tu t'es gouré de prétendante, c'est juste un sacrilège ?
— Je suis obligé d'épouser Sarah, Drago. On en a déjà parlé.
— Si tu pouvais éviter de juxtaposer nos deux prénoms, ça me donne la migraine. Tu aurais pu laisser ta mère se remarier.
— Ouais, et aller finir ses jours en prison ?
— Vos caisses sont si vides qu'elle te le dit ?
— Non. Absolument pas. Ce n'est pas une histoire d'argent, elle ne veut pas s'avouer qu'elle s'est amourachée de ce foutu Shacklebolt.
— Tiens, comment on dit déjà, tels parents, tels enfants ?
— On n'a jamais dit ça. Bref, si jamais je me trompe et qu'elle finit par le tuer, imagine les gros titres ? On ne liquide pas un banquier tant sénile que stérile aussi facilement qu'un ministre de la magie. »
J'entends résonner dans sa tête la question, pourquoi Sarah, pourquoi pas Greengrass ? Franchement, de deux vipères on prend la pire, mon gars. Mais il ne dit rien. Il se contente de sourire. Il a compris. C'est ça qui est bien avec Malefoy, il a beau être un goujat avec les femmes, un rustre avec les étrangers, un insipide petit prétentieux avec les hommes, un salaud avec son prochain, un hypocrite avec ses investisseurs, en ce qui concerne les mères, il s'y connait. Et je ne dis pas ça à cause de cette petite aventure avec la mère de Pansy, hein ! On ne va pas en reparler, on ne va non plus avouer que Daphné m'aurait juste envoyer sa fumée à la tête si j'avais osé lui demander de l'épouser.
« D'accord.
— D'accord ?
— D'accord. Mais pas de scandale, pas pendant.
— Je n'y comptais pas.
— Tu vas faire ça avant ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Si seulement c'était vrai… Bien, si tu es indécent je me contenterai de cacher les yeux de maman. Elle m'en voudra de ne pas pouvoir jaser à sa guise, alors, je ne sais pas, tu n'auras qu'à lui accorder une petite interview. Elle t'aime tant, elle te trouve charmant.
— Merci, frère. C'est toujours bon d'avoir des amis qui nous soutiennent dans nos choix, nos décisions, qui sont là pour nous préserver de tout moment de doute, vraiment, c'est touchant, ça me touche, je suis touché ! »
Malefoy éclate de rire. J'ai le sourire noué dans la gorge, c'est malin.
« Serpent un jour…
— …. Serpentard pour toujours.
— Et dire que je m'en vais jouer au lion en t'accompagnant dans la pire connerie de ta vie ! Allons-y, monsieur Zabini ! »
Drago est un con. En plus, la cérémonie ne commence pas avant une demi-heure. Alors, l'air de rien, je lui demande s'il n'aurait pas deux ou trois bouteilles de Whisky pur feu. Bien sûr qu'il a, c'est Malefoy, voyons.
Je n'aurais jamais dû boire. Je n'aurais jamais dû boire, la première fois, quand j'ai vomi sur les chaussures neuves de Malefoy et qu'il a jugé bon de se venger en rangeant mes sous-vêtements dans l'armoire de Daphné, début de la guerre. Je n'aurais jamais dû boire, la fois où je me suis pris le mur de la tour d'Astronomie en balai, alors que Greengrass avait son premier rendez-vous avec Pucey. Je n'aurais jamais dû boire, celle où je lui ai dit que si elle ne sortait pas avec moi mardi soir, je dirais à Potter que c'était elle qui avait écrit toutes ces jolies choses obscènes sur Ginny Weasley dans les toilettes. Je n'aurais jamais dû boire, la fois où elle a dit qu'avant, elle aurait su m'aimer. Je n'aurais jamais dû boire, le jour où j'ai dit que je resterais toujours là, près d'elle. J'aurais dû mourir ce jour-là, pas trahir. Serpent un jour, Serpentard pour toujours. Je n'aurais jamais cru boire le jour de mon mariage. Remarque, je n'aurais jamais cru épouser Sarah. Elle non plus. Elle ressemble à Pansy, en plus jolie. Elle m'épouse par dépit, et moi par alibi. C'est drôle : elle m'épouse. Je crois qu'elle voulait Drago, mais bon, Drago, lui, il a Astoria. Et il serait bien dingue de la lâcher. Je pourrais peut-être lui racheter ? Ou lui emprunter.
Sans lui dire. Daphné me tuerait. Daphné me tue.
Tiens, d'ailleurs, qu'est-ce qu'elle fait là, dans l'allée.
Elle sourit.
Moi aussi.
Sarah se crispe.
A cet instant précis, je sais ce qu'elle va faire.
Daphné.
Pas Sarah.
Elle.
Alors, j'éclate de rire.
Daphné s'élance, passe son bras autour de ma nuque, pose ses lèvres sur les miennes. Juste un instant. Et puis elle s'en va, en sautillant. Une enfant. Je m'attendrais presque à ce qu'elle jette des fleurs blanches. Daphné. Déesse chasseresse. Qu'est-ce qu'elle a l'air chaste, la pécheresse.
La foule retient son souffle. Ils étouffent du parfum de Daphné, le scandale. Eux aussi, elle les rend fous. Seule Narcissa a l'air peinée, elle n'a rien vu. Elle me fait signe de m'en aller. Sarah veut continuer. Et moi, je m'en vais.
Elle est là, dans le jardin, assise sur la balançoire. Elle a l'air sévère, comme quand je m'amusais à la mettre en colère. Comme quand j'étais en retard. Sale gosse.
« Assieds-toi. »
Et bien sûr, je m'assieds.
« Je parie que je vais plus haut que toi.
— Je parie que non.
— Tu vas perdre.
— J'n'ai pas déjà perdu ?
— Quoi ? Ta virginité ? Ca, Daphné, on en a déjà parlé.
— Qui.
— Qui ?
— Toi.
— Mais, moi, je ne t'ai jamais appartenu.
— Alors, je ne t'ai pas perdu.
— Tu ne voles pas bien haut.
— Et toi alors, Sarah ? C'est d'un laid comme prénom, tu devrais la lâcher sans délai.
— Jalouse ?
— D'un laideron ? Merci bien, je ne rêve pas d'être princesse des souillons.
— Epouse-moi.
— Pourquoi pas.
— Daphné ?
— Oui.
— Tu pues le scandale. »
Alors ?
Merci à Ellie qui fait un superbe travail de relecture et de correction de mes non moins superbes horreurs, pardon, erreurs.
