Little Smiley
Prologue
Confortablement installée dans son lit en attendant la sonnerie de son réveil, la couette rabattue jusqu'à son ventre, Teresa fixait le plafond de sa chambre. Plus que quelques minutes et il serait l'heure de se lever et de commencer la journée. Depuis quelques années son organisation était la même : se réveiller avant l'heure, attendre patiemment, éteindre son réveil quelques secondes avant la première sonnerie et sortir de la chaleur de son lit pour aller se chercher un café, prendre sa douche et aller travailler. Une routine qui n'avait pas changé pendant plus de dix ans, du moins jusqu'à récemment. Depuis qu'une tornade blonde était entrée dans sa vie, sa routine avait été mise bien à mal. Finie la tranquillité du matin, surtout quand son homme s'était décidé à ne pas dormir de la nuit. Fini le café chaud du matin si elle ne se levait pas avant l'heure. Fini le calme qui régnait dans son appartement et qui était source de paix dès qu'il avait posé un pied hors du lit. Finies également les nuits où elle sortait dans les bars pour oublier une journée éprouvante. Sa vie et son quotidien avaient été chamboulés depuis dix mois à présent et bien que ce ne soit pas facile tous les jours, pour rien au monde elle ne renoncerait à sa nouvelle vie. Sa routine de femme célibataire avait changé pour une autre routine plus fascinante. Le café chaud qu'elle buvait tranquillement s'était transformé en café froid qu'elle finissait toujours à la dernière minute en faisant une grimace, ce dernier n'étant pas son délice. Le silence régnant avait laissé place à des multiples bruitages et à des "mince on est encore en retard", ... . Une nouvelle routine pour une nouvelle vie et pour une nouvelle femme. Eteignant son réveil avant qu'il ne sonne, elle retira la couette de son corps et se décida à se lever. Elle avait encore quelques minutes devant elle avant que sa folle journée ne commence. D'habitude elle serait allée directement à la cuisine pour commencer à préparer le petit déjeuner mais en passant devant la pièce voisine et entendant encore le silence qui y régnait, elle décida de pousser doucement la porte.
Sans faire de bruit, elle s'approcha du berceau où reposait l'homme de sa vie. Ses boucles blondes encadraient son visage d'ange, ses petites lèvres roses s'étiraient en un fin sourire, son bras droit encadrait le doudou que lui avait offert ses frères et dont il ne se séparait jamais pour dormir, une sorte de singe blanc qui faisait presque sa taille. Il était si beau quand il dormait, un véritable trésor dont elle n'en revenait toujours pas d'être la mère. Attendrie par son fils endormi, elle ne put empêcher son cœur de fondre à cette image. Jamais au cours de sa vie elle n'avait songé à devenir mère, son travail et son enfance ne l'ayant pas poussé à envisager cette idée, mais maintenant qu'elle l'était elle ignorait comment elle avait pu passer à côté de ce bonheur pendant si longtemps. Son fils avait donné un sens à sa vie, une véritable raison de se lever le matin qui surpassait son travail, chose qui avait régit son existence pendant si longtemps. Aujourd'hui elle ne pourrait plus se passer de cette petite tornade blonde qui inondait son coeur de tant d'amours.
"Bonjour mon coeur", murmura-t-elle tout en caressant la joue délicate de son fils.
Le petit bonhomme, ses yeux, d'un vert émeraude, totalement endormis, tendit immédiatement les bras pour qu'elle le prenne contre elle. Ne pouvant pas refuser une telle demande, elle le sortit de son lit à barreau.
"Il est temps de se préparer pour aller chez nounou car maman doit travailler."
Un léger souffle chaud contre son cou fut sa seule réponse, une réponse qui valait tous les baisers du monde.
"Mais avant biberon, petit homme."
Son précieux colis dans les bras, elle descendit dans le salon où était prêt le biberon chocolaté du matin. Dès qu'il aperçut son dû, il s'agita dans ces bras, impatient de boire le précieux liquide coloré et ne se calma que lorsque la tétine atteint sa bouche.
"Ton biberon du réveil est ce que le café du matin est à maman : indispensable."
Malgré les bruits de succion adorables qu'il faisait avec sa tétine, elle attrapa la télécommande qui se trouvait sur la table basse et alluma la télévision. Une chose lui était également indispensable avant d'aller travailler : les informations du matin. Ecoutant l'actualité du monde tout en nourrissant son fils, elle sentit son coeur manquer un battement lorsqu'elle aperçut un des gros titres du jour.
"Aujourd'hui est l'anniversaire de la première année de la mort de Red John. Cela fait un an que le CBI a pu mettre hors d'état de nuire le célèbre tueur en série qui a terrorisé la Californie pendant plus d'une décennie. Un an que les familles des victimes ont pu commencer leur deuil, etc... ."
Ne voulant pas en entendre plus elle coupa le poste, une boule coincée au fond de sa gorge en pensant au souvenir que cette date fatidique signifiait pour elle.
Flash Back
La pluie tombait en trombe à l'extérieur. Confortablement installée sur son canapé, Teresa était heureuse de ne pas être rentrée tard à son domicile et d'avoir pu ainsi éviter l'orage qui faisait à présent rage dans le ciel. Elle avait même eu le temps de profiter d'une longue douche chaude afin de détendre ses muscles de toute la tension accumulée ces derniers jours.
Jane et toujours Jane...
Elle ignorait encore malgré toutes ces années à le côtoyer comment cet homme pouvait s'attirer autant d'ennuis en faisant si peu de choses. Un mot à la mauvaise personne pendant une enquête et elle récoltait une plainte sur le bureau quelques jours après. Cette fois là n'avait pas fait exception mais pour une fois elle n'avait pas reçu de plaintes. A la place elle avait du chercher le consultant au service des urgences parce qu'il s'était fait frapper en plein visage par un ami de la victime et qu'il avait du se faire recoudre de trois points de sutures l'arcade sourcilière. Bien que furieuse contre l'agresseur, elle avait évacué sa colère sur Jane en lui rétorquant que pour une fois il avait eu ce qu'il cherchait et que cet incident avait intérêt à lui servir de leçon. Bien sûr elle se doutait que ce ne serait pas le cas. Jane et ses frasques auraient un jour sa peau... .
Toc Toc Toc
Surprise par le bruit qui émanait de sa porte, Teresa se demandait qui pouvait bien lui rendre visite à cette heure tardive. En fait elle envisageait bien deux personnes : Molly ou Jane. Molly était une amie, peut être sa seule dans la ville mais la jeune femme était partie rendre visite à sa famille à New York. Dans la logique des choses le visiteur devait être son consultant mais elle aurait pensé qu'il serait assez intelligent pour ne pas venir l'ennuyer mais apparemment elle faisait erreur. Cependant ce ne fut pas à Jane qu'elle ouvrit la porte.
"Bonsoir" dit-elle avec politesse.
Une femme se trouvait à l'encadrement de sa porte. Vêtue d'un long manteau noir, les cheveux aussi bruns que la nuit, les yeux d'un bleu profond, Teresa était persuadée de ne pas la connaître.
"Agent Lisbon, ravie de faire votre connaissance. Puis-je entrer ? Il fait terriblement froid ce soir."
"On se connaît ?"
"Non mais il était temps que je vienne à votre rencontre", sourit la jeune femme chaleureusement. "Vous permettez ?"
Se poussant sur le côté pour laisser entrer sa visiteuse, Teresa l'observait. Cette situation était étrange et apparemment elle n'était pas la seule à le penser. Timidement, la jeune femme ôta sa veste et la plia dans ses mains. De toute évidence elle était gênée.
"Pourrais-je avoir une tasse de café ?"
"Qui êtes-vous ?" la coupa Teresa.
Intriguée, elle voulait omettre la partie politesse et avoir directement les réponses à ses questions.
"Je vais tout vous expliquer agent Lisbon mais s'il vous plait, j'aimerai bien me réchauffer avec une boisson chaude. S'il vous plait ?" supplia-t-elle en un sourire.
Son instinct premier aurait été de se méfier et de prendre son arme à feu pour se protéger mais un sentiment au fond d'elle lui soufflait qu'elle n'avait rien à craindre de cette femme. Ainsi décida-t-elle d'aller préparer un café. Une fois le liquide noirâtre dans deux tasses, Teresa en tendit une à son invitée.
"Je vous remercie" souffla la jeune femme tout en avalant une gorgée.
Sa curiosité était à son comble mais la nervosité dégagée par son invitée calmait son ardeur à avoir des réponses. De toute évidence elle avait besoin de réfléchir, de trouver les mots et elle parlerait quand elle serait prête.
"Je m'appelle Tara et vous ne me connaissez pas agent Lisbon mais moi je vous connais très bien. J'ai beaucoup entendu parler de vous."
"Excusez moi mais qui êtes-vous et que faites vous chez moi ?"
Tara posa sa tasse sur la table basse en face d'elle. L'air grave, elle tenta de se donner une certaine contenance en frottant ses mains sur ses genoux mais ce geste ne fit que traduire son malaise. Inspirant profondément, elle tenta de se donner le courage de se confier à cette inconnue qui pourtant n'en était pas une.
"Je sais que vous êtes l'agent senior en charge de l'affaire Red John et c'est pour cela que je suis chez vous."
A la mention de Red John, Lisbon se figea l'esprit en alerte. Se raidissant sur sa chaise, elle se recula légèrement comme sur la défensive.
"Qui êtes-vous ?" demanda-t-elle plus froidement.
Tara inspira doucement et c'est avec une certaine honte qu'elle lui murmura : "Une amie. Une amie de celui que vous appelez Red John. Une de vos amis maintenant."
Teresa était stupéfaite. N'écoutant plus que son instinct, elle se leva de son siège et se dirigea calmement vers une commande. Elle prit son arme à feu se trouvant dans un des tiroirs et la chargea.
"Je ne suis pas votre ennemie" s'empressa de rajouter la visiteuse, soudain inquiète par la réaction de son hôte. "Il ne sait pas que je suis là, il ne m'a pas envoyée pour vous blesser ou quoi que ce soit d'autre."
"Alors que faites-vous chez moi ?"
Un silence pesant s'installa dans la pièce. Tara réfléchissait à ce qu'elle venait de faire, à la boîte de Pandore qu'elle venait d'ouvrir, mais elle savait au fond d'elle que sa décision était la bonne. Peu importe son amour pour celui qui se faisait appeler Red John, sa folie devait prendre fin et elle serait celle qui le permettrait.
"Je viens pour vous dire qui il est."
Le cocon de son appartement avait été délaissé au profit de la salle d'interrogatoire du CBI. La femme aux cheveux noirs corbeaux n'était pas une suspecte et en un sens ne méritait pas le traitement qui lui était réservé mais étant apparemment une connaissance de Red John, elle était considérée comme une disciple et qui dit disciple dit en quelque sorte coupable. Mais l'instinct de Lisbon lui soufflait que cette jeune femme qui était venue la trouver la veille dans son appartement n'était pas une véritable disciple du tueur en série.
Assise l'une en face de l'autre, séparées par seulement une table, Teresa et Tara se jaugeaient du regard.
"Il n'était pas nécessaire de m'amener dans cette salle d'interrogatoire" sourit Tara avec douceur.
"C'est le protocole" s'excusa Lisbon."J'espère que vous comprenez."
Acquiesçant d'un mouvement de tête, elle comprenait parfaitement les agissements de l'agent fédéral. Pour dire vrai, elle s'attendait à ce genre de tournure lorsqu'elle avait frappé à sa porte. Cela ne lui posait absolument aucun problème d'être dans les locaux du CBI mais ce qui la dérangeait étaient les gens qui pouvaient entendre leur conversation et en particulier une personne.
"Vous m'avez dit vouloir me dire qui est Red John."
"C'est exact."
"Ma question est pourquoi ?"
Une lueur de surprise traversa les yeux de Tara. De toutes les questions auxquelles elle s'attendait devoir répondre, celle-ci n'était pas l'une d'entre elles. Le plus difficile pour elle était également qu'elle n'avait aucune réponse à lui fournir.
"Pourquoi ?", sourit-elle tristement. "Je ne sais pas. Peut être parce qu'il est temps d'arrêter cette folie."
"Pourquoi maintenant ? Dix ans qu'il sévit, qu'il tue en toute impunité et vous ne venez que maintenant. Pourquoi ?"
La culpabilité qu'elle tentait d'enfouir au plus profond de son être la frappa en plein visage. Effectivement elle avait mis une dizaine d'années avant de se décider à venir au CBI et elle savait que ce laps de temps faisait d'elle une de ses complices ou disciples et elle ne pouvait s'empêcher de se sentir responsable de tous ces morts, mais elle ne cautionnait pas ces actes. Plusieurs fois elle avait tenté de le changer, de le faire stopper cette folie des grandeurs mais toute tentative s'était soldée par des échecs : il ne voulait pas changer. Elle aurait du venir plus tôt, sans doute aurait-elle pu épargner des vies, mais elle n'en avait pas trouvé le courage. Au lieu de penser aux vies qu'elle avait laissé sacrifier, elle préférait penser à celles qu'elle sauvait en agissant maintenant.
"Je ne sais pas pourquoi maintenant. Je ne me suis pas levée ce matin en ayant une révélation que ce qu'il faisait était mal, ça je le savais déjà. J'ai juste décidé qu'il était temps, que je ne pouvais plus le laisser détruire plus de vies."
Elle ne savait pas quoi penser, quoi répondre à la femme se trouvant face à elle. La logique serait qu'elle insiste, qu'elle l'interroge mais une chose l'en empêchait. Une certaine compassion peut être.
"Je vous écoute alors. Qui est-il ?"
Elle était effectivement allée à la rencontre de l'agent Lisbon pour lui dévoiler son identité mais elle ne pouvait pas le faire maintenant. Pas ici et pas avec les gens qui regardaient à travers la vitre sans tain. Il en allait de sa sécurité.
"Je ne peux pas vous le dire. Pas maintenant. Pas quand Patrick Jane se trouve derrière la vitre pour nous espionner."
"Patrick Jane est un consultant pour le CBI et travaille sur ce cas, il est donc logique qu'il nous observe."
"Je le sais", la coupa Tara. "Mais comprenez moi, si je viens pour vous donner le nom de Red John ce n'est pas pour qu'il soit assassiné par l'un des votre. Je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que soit, je veux juste qu'il arrête et si il doit aller en prison pour ça, alors c'est qui se passera. En aucun cas je ne veux qu'il soit blessé. Je connais les intentions de Patrick Jane, je les comprend même, et c'est pour cela que je suis venue vous voir vous et non votre équipe. J'ai confiance en vous agent Lisbon mais pas en Patrick Jane. Je suppose que vous comprenez mon point de vue" sourit-elle timidement.
Un dilemme faisait rage à l'intérieur de Lisbon. D'un côté, elle comprenait le point de vue de cette femme et le respectait : elle cherchait seulement à s'assurer de la sécurité d'une personne qu'elle aimait. D'un autre côté, écarter Jane de l'affaire qui menait sa vie depuis tant d'années, l'écarter de sa vengeance, était un risque de le perdre pour toujours. Malgré sa fidélité pour l'homme qu'elle considérait comme son meilleur ami, Teresa ne pouvait pas prendre le risque de perdre l'occasion que lui offrait Tara, surtout que la jeune femme lui offrait la meilleure fin possible pour cette histoire : un sérial killer en prison qui aurait un jugement équitable et Patrick Jane qui ne serait pas inculpé pour meurtre. La décision qu'elle allait prendre pouvait détruire à tout jamais son amitié avec le consultant mais peut être qu'avec le temps il comprendrait les raisons qui la poussaient à le mettre de côté.
"Allons dans mon bureau, je vous promets qu'il n'y aura pas d'oreilles qui traînent."
Elle sentait son coeur battre la chamade et elle pouvait facilement imaginer l'agitation de Jane derrière la vitre sans tain, mais elle allait faire son travail et le mettre à l'écart. Elle ne pouvait pas laisser passer une occasion pareille : mettre hors d'état de nuire Red John et garder Jane en sécurité.
"Allons-y."
A peine eurent-elles franchi le seuil de la salle d'interrogatoire que Jane se précipita vers elles.
"Lisbon, vous n'avez pas le droit de me mettre à l'écart. Pas maintenant" s'emporta-t-il.
Un frisson parcourut sa colonne vertébrale face à la colère flagrante du mentaliste. Les yeux noirs, le regard en feu, impatient, elle ne l'avait jamais vu ainsi.
"Cho, faites en sorte qu'il ne nous dérange pas" ordonna-t-elle à son agent tout en se dirigeant vers son bureau.
Elle savait qu'il ne lui pardonnerait pas, qu'il serait en colère contre elle et que quelque chose venait de se briser entre eux mais elle avait fait son choix : l'arrestation de Red John était plus importante que leur amitié et peut être qu'avec le temps il la comprendrait. Elle ne se retourna pas, ne voulant pas voir le regard hagard de son meilleur ami face à ce qu'il considérait être une trahison. Elle entendit son agent le maintenir pour le retenir de les suivre.
"Lisbon ! LISBON !"
Fin du Flash Back
Une main sur sa joue la sortit de ses souvenirs. Ses yeux se posèrent sur son fils qui ayant fini son biberon voulait que sa maman s'occupe de lui. Une nostalgie s'installa en elle lorsque son regard se posa sur sa petite tornade. Il lui ressemblait tellement, parfait portrait de son père si ce n'est les yeux couleur émeraude qu'il avait pris de sa famille maternelle.
"Maman t'aime de tout son coeur", murmura-t-elle tout en l'embrassant sur le front.
Il était temps pour elle de se lever et de se préparer. Dans moins d'une heure elle devait être au CBI mais avant elle devait préparer sa progéniture et le déposer chez sa nounou. Elle n'avait pas le temps pour la nostalgie et ressasser un temps révolu.
Contrairement à tous les matins, elle ne conduisit pas directement vers le CBI mais pris une route qui la mènerait un peu à l'extérieur de la ville. A peine avait-elle déposé son fils chez sa nourrice qu'elle avait reçu un coup de téléphone de son supérieur; ils avaient une nouvelle affaire. Apparemment une jeune femme avait été assassinée dans un quartier résidentiel et la police locale avait demandé leur aide personnellement. Pas celle du CBI mais particulièrement celle de son équipe. Elle avait tenté d'avoir plus d'informations de son supérieur mais il n'avait fait que lui ordonner de prévenir immédiatement ses agents pour se rendre le plus rapidement possible à l'adresse qu'il lui avait indiqué. Quand elle arriva sur le lieu du crime, elle eut la satisfaction de constater que son équipe était déjà présente.
Le quartier semblait calme comme la plupart des quartiers résidentiels. La seule chose qui perturbait sa tranquillité était le nombre de voiture de police garées le long de la route. Trouvant une place entre deux voitures de fonction, elle sortit de la sienne.
"Boss" la salua l'agent Cho après l'avoir rejoint. "La victime s'appelle Samantha Carioz, hispanique, âgée d'une vingtaine d'années."
"Pourquoi la police a demandé l'aide du CBI ?"
"Viens voir le corps et tu comprendras !"
Bien que son visage semblait impassible pour la plupart des gens, elle avait appris à le décrypter au fil des années à travailler ensemble et le voile sombre dans ses yeux procura un frisson le long de sa colonne vertébrale. Sans un mot, elle le suivit vers la maison. Avant de pénétrer dans la demeure, elle ne put s'empêcher de regarder furtivement les parents de la victime qui pleuraient dans les bras d'un agent de police et de ressentir de la peine pour ces derniers.
L'intérieur de la maison était tout à fait charmant. Bien entretenu, la décoration étant faite avec goût, Lisbon put voir qu'il n'y avait eu aucun signe de lutte dans le salon ni dans la cuisine. Montant les escaliers un à un, elle sentit une odeur métallique caractéristique du sang. La personne tuée dans ce lieu avait dû en perdre énormément. La première chose qu'elle vit en rentrant dans la pièce du crime, ce ne fut pas le cadavre de la jeune femme mais un dessin sur un des murs qui ne lui était que trop familier.
"Il est mort", murmura-t-elle pour elle-même.
Un smiley créé avec du sang lui souriait et en dessous se trouvait le corps de la victime. Détournant ses yeux de la signature du célèbre tueur en série dont elle avait contribué à la fin, elle se concentra sur le corps de la jeune femme. Dénudée, recouverte partiellement de draps de satin rouge, elle avait été poignardée à plusieurs reprises mais la cause de la mort semblait être la plaie béante qu'elle avait à sa gorge.
"L'artère carotide a été sectionnée. Elle s'est vidée de son sang en quelques secondes", l'informa Cho qui s'était rapproché du cadavre. "Les plaies sur le reste du corps ont été infligées post mortem."
Prudemment avec un gant pour ne pas contaminer les lieux, Cho descendit doucement le draps le long du corps de la jeune femme pour qu'elle puisse voir les traces de couteau. Les coupures étaient nettes, infligées sans hésitation et à des endroits stratégiques. Si Red John n'avait pas été tué il y a un an jour pour jour, elle aurait pu croire qu'il était l'auteur de ce crime si ce n'est à quelques détails prêts.
"Il n'a jamais égorgé une de ces victimes et il n'infligeait aucune blessure post mortem. Le tueur est un imitateur."
"Peut être pas", la contredit son agent.
"Red John est mort Cho, tu étais là."
"Je ne dis pas que c'est Red John mais on sait tous les deux que cette scène de crime ressemble en de nombreux points à ce qu'il faisait."
"Que proposes-tu alors ?"
"Que le tueur n'est pas qu'un imitateur..."
"Un disciple", souffla-t-elle comme une évidence.
"On supposait que quelques-uns de ces disciples couraient encore dans la nature."
"Et maintenant nous en avons la preuve.", termina-t-elle.
Ne supportant plus l'odeur qui régnait dans la pièce ni le cadavre exposé devant elle, Lisbon sortit de la pièce et décida de prendre l'air. Elle ignorait ce qui était le pire : être à l'intérieur de cette maison ou à l'extérieur où les parents de la jeune victime pleurait à chaude larmes la perte de leur enfant. Heureusement pour elle, son équipe n'avait plus rien à faire sur les lieux. Il était temps pour eux de retourner au CBI et de ressortir le dossier Red John.
A suivre ...
