Cette histoire est publiée à la fois sur SDA et le Hobbit, pour la simple raison que cette fiction se déroule avant le Hobbit et bien après SDA.

Au début, nous avions pensé faire deux parties bien distinctes (une partie "Hobbit" et une partie "SDA"), mais il serait bien dommage de louper toute la première partie et débarquer au milieu d'une aventure sans avoir pris le temps de connaitre les personnages et l'intrigue, ou arrêter à la seconde partie et ne pas connaitre la fin!

La plume d'Elena: perso je lis pas le Hobbit

Eagles: perso je lis pas SDA

Disclaimer: L'univers de la Terre du milieu appartient à Tolkien et ses ayant-droits. Nous ne tirons pas d'avantages pécuniers de la publication de cette fiction.

Disclaimer 2 : Les oeuvres de Boney M appartiennent à Boney M!

Warning : Aucun animal ne souffrira dans cette fiction.

« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »

Rating : Allez, on va mettre T.

Genre : Aventure/Humour/Amitié/Drame/Amour. Nan, mais comment voulez-vous classer dans seulement DEUX catégories!

Pairing : Nous y réfléchissons! Mais qui caser avec qui!?

Publication : 1 publication chaque mois! (Eagles: l'espoir fait vivre...)

Note : Nous espérons de tout notre coeur que cette fiction vous plaira.

Indication : Pour ce début de chapitre, tapez sur youtube "Boney M Rasputin just dance 2" ;) Le moment fatidique sera vers 3:06!


PROLOGUE

Ou

parce que les Mary-Sue s'incrustent toujours dans les aventures

"RA RA RASPUTIN
Lover of the Russian queen
There was a cat that really was gone
RA RA RASPUTIN
Russia's greatest love machine
It was a shame how he carried on"


Un jour, durant l'hiver 2014, à quelques kilomètres du château de Chambord, paumées dans la Sologne profonde.

J-13

Tout avait commencé par un "just dance".

Laura venait de cliquer sur l'icône de la chanson "Rasputin" de Boney M. Elle rit intérieurement. Dorénavant, elle avait l'intime conviction qu'elle allait remporter la partie contre son amie de toujours, un petit bout de femme de trente ans aux longs cheveux châtain éclaircis par les décolorations, Hélèna. Ô combien de fois s'était-elle entraînée sur cette chanson! Il va sans dire qu'elle était l'une des danses les plus dures du jeu. Se dandiner en dansant la polka n'était pas du tout repos! Tout en coordonnant ses mouvements par rapport à la silhouette de l'écran, elle observa Hélèna danser. Décidément quel rythme saccadé! Son amie risquait de blesser quelqu'un à tout moment avec ses gestes brusques et larges. D'ailleurs, Hélèna le savait elle-même. Elle était tout aussi douée en chant qu'en danse. Mais qu'importe! L'essentiel, à ses yeux, était de s'amuser.

Arriva alors le moment fatidique. Mimer la polka, les jambes repliées, sans tomber sur le sol. Les deux femmes se regardèrent en riant et exécutèrent la scène. Cependant, elles n'étaient pas aussi douées que le personnage sur l'écran et se retrouvèrent vite parterre les jambes en l'air. Allongées sur le sol, elles rirent à gorge déployée par tant de ridicule. Une fois relevée, Hélèna tendit la main vers son amie. Celle-ci avait encore ses petits yeux verts embués par les larmes de rire. Ses jolis cheveux bouclés courts étaient pêlemêles, conséquence de la danse effrénée qu'elle venait d'effectuer.

« Hé, Julie, tu danses avec nous sur la prochaine chanson ? », demanda cette dernière à sa sœur, assise sur le canapé près d'elles, tout en se relevant.

« Désolé, les filles, je suis en train de lire une histoire sur le site fanfiction et je ne peux pas m'arrêter ! Je suis vraiment à fond dedans ! », répondit la dite Julie sans dévier les yeux de son écran.

La soeur de Laura venait de découvrir ce site quelques jours auparavant. Depuis, ni Laura ni Héléna n'avaient réussi à l'en décrocher. Fanfiction était devenu une drogue pour elle. Elle s'injectait sa dose d'histoires H24, ne pouvant résister à l'imagination de ces fans concernant ses personnages favoris. Ses univers préférés étaient ceux du Seigneur des anneaux et de Games of Thrones. Les batailles sanglantes, les histoires de pouvoirs, le fantastique étaient tout ce qu'elle adulait. Cependant, si une chance de vivre dans un de ces mondes, elle aurait choisi celui de Games of Thrones sans hésiter. Ses yeux brillaient de manière lubrique rien qu'à l'entente d'un seul nom: Jaime. Ce beau blond aux allures de prince charmant lui donnait des frissons d'excitation et la transportait dans les fantasmes les plus incroyables...

Mais il en était autrement de Laura et Hélèna. Ses deux amies idolâtraient l'oeuvre de Tolkien depuis leur plus jeune âge et les films de Peter Jackson n'avaient fait qu'empirer leur tolkienisme aigu. Cependant, un point différenciait les filles: si Laura appréciait l'oeuvre du hobbit, c'était au contraire le roman du Seigneur des anneaux qui servait de Bible à Hélèna. Mais cette divergence n'était pas source de conflits car l'une comme l'autre, l'univers les plongeait dans une allégresse inégalable.

« Elle parle de quoi, ta fic ? », interrogea Hélèna en s'effondrant sur le canapé avec Laura.

« En fait, c'est une fille, une sorte de bombasse à la Miley Cyrus, qui est envoyée dans le monde du Seigneur des Anneaux par un vieux papy sorti de nul part. Et là, le chapitre se déroule au Conseil d'Elrond. Gandalf lui a annoncé qu'elle était une prophétesse avec des pouvoirs très puissants comme la télépathie, la télékynésie. Grâce à elle, la Terre du milieu sera sauvée puisqu'elle combattra Sauron et gagnera. Et là, Elrond l'a intégrée à la Compagnie. C'est tellement captivant comme histoire! Et puis, Erestor et Glorfindel sont trop à fond sur elle. Elle a l'air tellement magnifique aussi avec ses cheveux roux et ses yeux violets ! », expliqua Julie, les yeux toujours rivés sur l'écran.

« Quelle originalité... », s'exclama Laura avec autant de sarcasme qu'elle pouvait.

« Grave... », se moqua Hélèna.

Au même moment, une porte grinça. Toutes trois tournèrent la tête au même moment et s'écrièrent en même temps:

« Maman ! »*

Sur le seuil de la porte, se dessinait la silhouette d'une femme qui portait un sac, semblait-il lourd, à bout de bras. Le visage avenant, elle s'avança en déclarant:

« Les filles, j'ai ramené du pain pour le dîner. Tiens, Hélèna, je ne t'avais pas vu ! Bonjour, tu vas bien ? »

Laura, Hélèna et Julie se levèrent en même temps pour se précipiter vers la femme pour l'embrasser. La mère de Laura et Julie était une femme très accueillante, toujours l'air très avenante et le sourire aux lèvres.

« Maman, on ne mange pas ici ce soir. Je t'ai envoyé un sms », informa Laura. « On va au cinéma ce soir ! On mangera là-bas. »

« Vous allez voir quoi ? », demanda la mère très étonnée.

« Le hobbit 3 ! », s'exclamèrent Hélèna et Laura à l'unisson.

La mère de Laura leva les yeux au ciel, un sourire en coin. Pourquoi cela ne l'étonnait-elle pas ?

LAURAHELENALAURAHELENA

Sur le parking, dans l'obscurité la plus totale en raison de l'absence de lampadaires, deux silhouettes se mouvaient, le pas pressé. Étant restées jusqu'à la dernière minute du long métrage, incluant ainsi le défilé des noms du réalisateur, des acteurs et des participants, Laura et Hélèna étaient les dernières personnes à sortir du cinéma. Derrière elles, le vigile ferma les portes du complex après leur avoir souhaité de passer une bonne nuit. Une bonne nuit, Hélèna en doutait. Elle enroula son bras autour des épaules de sa meilleure amie qui était secouée par les sanglots.

« Ô mon Kili ! Pourquoi !? », s'écria Laura en levant les mains au ciel.

« Oh ma douce ! Ne t'inquiète pas, si tu veux, en rentrant, on t'imprimera des photos de Tauriel pour que tu puisses jouer aux fléchettes sur elle », suggéra son amie en l'enserrant plus encore.

« Ô Filiiii ! »

« C'est son frère, ma douce, c'est normal. Ils font la paire. Ça ne m'a pas étonné pour ma part ! »

« Ô Thorin ! »

« Thorin …écu de chêne, tu veux dire ? Veux-tu bien m'excuser, ma si douce*1, mais je n'apprécie pas ce personnage depuis le début donc je ne te consolerai pas pour lui ! Le seul événement qui m'a vraiment touché dans ce film, c'est la mort d'Azog le profanateur. Mon dieu, comme c'était épique, sensationnel, vertigineux ! J'irai revoir ce film rien que pour revoir cette scène. »

Les sanglots de Laura cessèrent aussitôt. Elle était très choquée par le dernier propos de son amie. Faisait-elle bien allusion à Azog, cet être maléfique et écœurant à souhait?

Elle était perdue dans ses pensées quand son amie lui indiqua du doigt sa voiture. Et quelle voiture! On aurait pu l'appeler Tank tellement cette petite Fiat en avait vu. Les repose-têtes mangés par endroits, les plafonds tenant grâce à des bouts de bois, la plage arrière inexistante et les phares collés à même le parechoc. Oui, la Fiat panda ancienne génération de Laura avait fait la guerre. Mais elle résistait, encore et toujours, obstinée qu'elle était à rouler contre vents et marées. Et les deux jeunes femmes lui en seraient éternellement reconnaissantes.

LAURAHELENALAURAHELENA

Le silence régnait dans la voiture. Seule se faisait entendre la douce chanson "I see fire", chantée par Ed Sheeran, dont Laura avait téléchargé une vingtaine de versions différentes.

Une main sur le volant, l'autre sur le levier de vitesse, Laura se concentrait autant qu'elle pouvait sur sa conduite. Bon sang, ce film l'avait mise dans tous ses états. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle avait vu. Et dire que c'était le dernier. Cette pensée lui arracha une larmichette. A côté d'elle, Hélèna n'était pas dans un meilleur état. Elle ne verrait plus son personnage préféré à l'écran. C'était fini. Elle était plongée dans un mutisme presque dérangeant. Ses yeux ne lâchaient pas son fond d'écran de portable. Elle avait en effet poussé le vice jusqu'à mettre une photo attrayante de son idole en image principale.

Soudain, tout s'enchaîna. Alors que Laura conduisait tranquillement à 50km/h, vitesse à ne pas dépasser dans la forêt qu'elles traversaient, un vieil homme très ridé à la longue barbe grisonnante, habillé d'une robe très étrange, se jeta sur la route. Laura pila écrasant à fond la pédale de frein. Une fois la voiture arrêtée, l'étrange vieillard s'avança vers celle-ci, un bâton pointé, et tonna d'une voix grave et profonde:

« VOUS... NE... PASSEREZ …PAS ! »

Choquée, Laura serra plus fort son volant. Décidément, à chaque fois qu'elle conduisait en présence d'Hélèna, d'étranges phénomènes se produisaient. Mais, entre la famille de canards suicidaires, les mamies qui se jetaient sur la route en pleine ville ou encore les faisans qui se doraient la pilule sur le bitume, il fallait avouer que le coup du vieux fou les dépassait tous de loin, de très loin.

Ce fut Hélèna qui brisa la glace.

« Mais il est timbré, lui ! », hurla-t-elle. « Ils auraient pu prévenir à la radio qu'un gars s'était échappé de l'asile psychiatrique ! »

« T'as raison, quel vieux toqué ! », s'énerva Laura en multipliant les appels de phare. « Vas-y, bouge ! »

Cependant, le clone de Gandalf ne réagit pas comme les femmes l'avaient espéré. Il continua d'avancer jusqu'à arriver à la vitre. A l'intérieur de la Fiat, les deux amies s'étaient enfoncées dans leur siège. Laura essaya de redémarrer sa voiture mais rien ne fonctionnait à l'exception de l'autoradio qui passait en boucle "I see fire". Bizarre. "Gandalf", maintenant à hauteur de la vitre, plaqua son visage contre celle-ci et tapota sur la vitre avec son index. Laura et Hélèna, terrorisées, regardaient droit devant elles ignorant ainsi l'étrange personnage. Elles espéraient que le vieil homme n'allait pas les forcer à descendre de la voiture. La Fiat panda, ne possédant pas de protections optimales, la situation était plutôt cocasse.

« Ne bouge pas, il est sur ta gauche », siffla Hélèna entre ses dents tout en maintenant son regard fixe. « Il toque à la vitre, faisons comme si de rien n'était. »

Sur ces conseils, Laura monte le son de l'autoradio jusqu'à faire saturer la douce musique "I see fire". Mais le vieil allumé continuait de toquer de plus en plus fort.

« Bon, je me sacrifie. J'y vais. », hurla au bout d'un certain temps Hélèna en ouvrant la porte.

« Prends le parfum dans la boite à gants. Dans les yeux, n'oublie pas. Ça pourra le neutraliser », lui conseilla Laura.

Son amie, un pied déjà dehors, prit discrètement le parfum et le glissa dans la poche de sa veste. Avant de claquer la porte, elle inspira un bon coup.

Laura était très stressée pour son amie. Elle prit un grattoir à vitre au cas où. Il fallait qu'elle soit prête à la défendre si les événements tournaient mal. Elle suivit Hélèna du regard. Celle-ci avait déjà fait le tour de la voiture et était maintenant plantée devant le clone de Gandalf.

Elle les voyait maintenant parler. Son amie agitait les mains dans tous les sens comme perturbée parce que le vieillard lui disait. Laura essaya de lire sur leurs lèvres mais l'exercice se révéla trop difficile.

Soudain, le vieillard changea son bâton de main puis se mit à courir. Les deux amies se regardèrent très choquées par la vision de cette étrange personne s'enfonçant dans la forêt dense et obscure. Puis, Hélèna remonta à bord de la Fiat panda et s'avachit sur son siège, l'air troublé. Toutes deux restèrent silencieuses quelques instants. Que d'émotions elles avaient vécues ce soir!

« Il a dit quoi ? », demanda Laura.

Hélèna se pinça les lèvres, soupira et prit la parole:

« Tu te souviens de la fiction que Julie nous a racontée avec le vieux papy qui débarquait de nul part pour annoncer à une jeune fille qu'elle irait en Terre du milieu ? »

« Ne me dis pas que... »

Hélèna ne répondit pas. Son regard en disait déjà long.

« Si, si. Voici mot pour mot ce qu'il m'a dit: " Dans 13 jours, à la lune montante, vous prendrez le métro ligne 3bis à Paris. Vous descendrez à l'arrêt Poney Fringant. Au bout du chemin se trouve le commencement de votre nouvelle vie : la Terre du milieu. »

« Ah ouais...quand même », répondit Laura les yeux écarquillés.

LAURAHELENALAURAHELENA

J-9

Chez Hélèna, dans le 19ème arrondissement.

Laura regarda le visage d'Hélèna. Comme elle avait les yeux rouges et cernés! Mais ça ne l'étonnait qu'à moitié. Depuis quelques jours, Hélèna enchaînait les séries. "Man vs wild", "mac gyver" ou encore "seuls face à l'alaska", tout ce qui avait attrait à la survie passait sous ses yeux. De sa place, Laura pouvait voir les nombreux onglets google ouverts sur des sites proposant des kits de survie. Sentant le regard de son amie fixé sur elle, Hélèna leva la tête puis sourit.

« Douce, j'ai préparé une liste pour notre kit de survie », déclara cette dernière en brandissant une feuille. « Peux-tu me dire ce que tu en penses ? »

« Euh... oui », répondit Laura peu convaincue. Cette histoire de voyage en Terre du milieu, elle n'y croyait qu'à moitié. Quand elle voyait son amie à ce point s'acharner pour ce "voyage", elle se sentait un brin mal à l'aise. Elle avait peur qu'Hélèna soit déçue si l'annonce du vieux toqué se révélait fausse.

« Bien », déclara Hélèna en posant la feuille devant elle. « Alors, déjà une dizaine de tubes de dentifrices et deux brosses à dents. Maniaques des dents que nous sommes, nous ne pourrions nous en passer ! Ensuite, des trucs banals : trois déodorants, deux savons de marseille, deux kawai, deux boîtes de mercurochromes, deux briquets Tempête, deux gourdes, deux duvets, une trousse de signal de détresse et un jeu de cartes aussi, t'aimes bien les cartes ? »

« Ouais... s'il n'y a que ça aussi », grommela Laura.

« On pourra jouer à la crapette, au président, à la bataille ! Que sais-je ? Ça sera cool ! », répondit Hélèna, l'air enjoué. « Bon, sinon, truc super important: la trousse de maquillage. On y mettra du mascara, un miroir de poche, un crayon, du fond de teint, une boîte de chouchous et une broche. D'ailleurs, en parlant de féminité, il ne faut pas qu'on oublie des culottes, sept je pensais. »

« Incluant les culottes ragnagna*2 ? »

« Ah oui, c'est vrai! J'en prends note tout de suite! Bon, je reprends. Couteau suisse et couteau de cuisine pour combattre, deux sifflets au cas où on se perd de vue, une ligne de pêche de nylon, hameçon et plomb avec, serviettes dont une pour le corps et la deuxième pour les cheveux, deux stylos... »

« Des quatre couleurs ? »

« Oui, bien sûr ! », s'exclama Hélèna en levant les yeux au ciel. « Également deux cordes... »

« Pour nous pendre si la vie devient trop dure ? »

Hélèna ignora la réplique sarcastique de son amie puis continua.

« Insecticide ! Oui, pour les araignées de Mirkwood, j'ai pensé que c'était plutôt bien trouvé. Et aussi une carte de la terre du milieu avec une boussole ! »

« Tu sais te servir d'une boussole ? », demanda Laura, un sourcil arqué.

« Non. Et toi ? »

« Non plus. Mais prends, dans le doute. »

« J'ai pensé à des photos de famille. Mais ça c'est au choix ! Personnellement, je n'en prends pas ! Ils ne me manqueront pas ! »

« Moi non plus ! »

« On est trop des monstres », répliqua Hélèna en riant. « Ah oui ! Je prendrai aussi quelques sous-vêtements sexy, comme des porte-jarretelles. On ne sait jamais ! Voilà, ce sera tout ! »

« Tu oublies une lampe de poche ! », signala Laura.

« Oh merci, ma douce ! »

Laura sourit. C'était mignon de voir son amie aussi motivée mais une question la taraudait. Elle ne put s'empêcher de la lui poser:

« Pourquoi tu te prépares autant, douce ? »

Hélèna cessa toute activité et déclara à son amie tout en pointant un doigt sur elle:

« Douce, crois-tu vraiment que gambader en terre du milieu est une partie de plaisir ? Certes, Tolkien décrit bien les actions mais crois-tu qu'il est déjà parti en expédition sur les terres qu'il nous décrit? La réponse est non. Maintenant, persistes-tu toujours à me demander si ma préparation n'est pas excessive ? »

« Okay », répondit son amie en retournant lire sa fiction préférée avec Kili/OC.

« Toujours aussi étendues tes réponses… », dit Hélèna à voix basse pour ne pas se faire entendre.

« J'entends tout ce que tu dis, douce.. On est que dans 19m², tu sais… »

Hélèna se racla la gorge et replongea dans ses recherches.

LAURAHELENAHELENALAURA

Jour J

Sonnette. Sur son canapé, l'ordinateur placé sur les cuisses, Hélèna sursauta. Elle se leva puis alla ouvrir. Quelle surprise ce fut que de découvrir son amie prête pour un voyage en terre du milieu. Elle, qui avait toujours considéré les paroles du vieillard comme de la supercherie. Laura avait ramené deux sacs de l'armée qu'elle avait empruntés à vie à son père, ancien corps de l'armée.

« Regarde ce que j'ai ramené ! », déclara Laura en entrant.

Helena nota que son amie avait déjà fait son sac. Elle était plus prévoyante qu'elle ne pensait décidément.

« Bonne idée, ces sacs sont très pratiques ! »

« J'ai vraiment dû mal à réaliser qu'on va en terre du milieu », confia Laura.

« De toute façon, si c'est faux, mon appartement n'est pas loin. Mais je te l'ai déjà dit, qui ne tente rien n'a rien ! Moi aussi, j'ai dû mal à me visualiser la chose. Après tout, c'est comme si on était les personnages d'une fanfic! C'est si incroyable de vivre en vrai une transition aussi banale: un vieux fou qui débarque du jour au lendemain pour nous annoncer notre future arrivée en Terre du milieu. Tu crois que, comme dans les fictions, nous serons des prophétesses aux multiples pouvoirs ? Penses-tu qu'on changera d'apparence et que nous serons aussi belles que les étoiles dans un ciel d'été ? J'aimerais devenir une elfe blonde aux yeux vert pétillants. Crois-tu que nous serons immortelles comme la plupart des héroïnes ? »

Laura voyait les yeux de son amie briller. Ah elle espérait que tout ceci soit vrai! Sinon les cordes auraient un autre usage ce soir.

LAURAHELENALAURAHELENA

JOUR J

Metro 3bis, 1H du matin.

Porte des Lilas, Saint-Fargeau. Les deux femmes commençaient à s'inquiéter car il n'y avait aucune trace de la station Poney Fringant. Le métro s'arrêta devant les quais de la station Pelleport. Il n'y avait pas un chat. Le quai était dénué de présence humaine. Personne ne monta donc dans le wagon. Ceci rassura nos deux amies. Il y a tellement de fous dans les rues parisiennes à cette heure aussi tardive. En effet, qui auraient pu avoir envie de prendre la ligne 3bis la nuit? Hormis Laura et Hélèna qui avait un motif personnel. Mais cette fille. Cette fille, assise devant elles, qui écoutait de la musique.

Hélèna la détailla attentivement du regard. Que pouvait bien faire une fille au visage de poupée dans le métro à cette heure-là? Hélèna doutait que ce soit une péripatéticienne. Le visage de cette inconnue respirait l'innocence. Elle avait un teint de porcelaine parfait sans aucune trace d'imperfections. Sa bouche, ni trop pulpeuse ni trop fine, aurait fait pâlir plus d'une star hollywodienne. Et ses yeux... de magnifiques yeux de biche bleus tirant vers le parme. Hypnotisant. Son profil lui faisait penser à un personnage-type des fictions: la Mary Sue. Sous ses yeux, d'un mouvement de tête très chic, la jeune fille remit en place une de ses jolies boucles blondes qui lui retombaient sur le visage. Cette fille aurait pu être fascinante si sa beauté n'écœurait pas par tant d'intensités visuelles.

« T'as vu, douce , elle a un sac carrefour rempli de courses », fit remarquer Hélèna à Laura.

« Et alors ? Elle fait ce qu'elle veut. »

« Mais on est la nuit ! Qui, hormis les clochards, se promène la nuit, un sac de courses à la main ? Pourtant, elle n'a pas l'air dans la rue… au contraire ! »

La voix du métro coupa soudain Hélèna dans son explication: "Arrêt Poney Fringant"

L'endroit avait l'air glauque. Les murs incurvés de la station étaient de couleur marron, comme s'ils étaient faits de bois sombre et résistants, d'où s'écoulait par endroit de petits filets d'eau. Le sol, d'une propreté douteuse, ressemblait à s'y méprendre à de la terre. Une seule sortie était en vue, entourée de poutres joliment décorées de lierre. Un petit panneau de bois où était dessiné un cheval cabré la crinière dans le vent, disait sinistrement "Poney Fringuant". De quoi refroidir toute personne normalement constituée et tenant à la vie.

Hélèna et Laura restèrent bouche-bée face à ce spectacle. Tout se chamboule dans leur tête. Laura met soudainement un coup de coude dans la hanche de son amie. Elles se levèrent en vitesse. Elles se sentaient si pressées : la terre du milieu les appelait! Elles se précipitèrent pour sortir. Une fois sur le quai, leurs yeux écarquillés dérivent à droite et à gauche. Alors qu'elles étaient plongées dans leur contemplation, le son de fermeture des portes du métro retentit.

C'est alors qu'une voix geignarde se fît entendre :

« Attendez-moiii ! »

Laura et Helena firent volte-face.

Au ralenti, elles virent la jeune fille aux yeux de biche passer entre les portes du métro qui se refermèrent aussitôt derrière elle.

FIN DU PROLOGUE


Avez-vous apprécié cette mise en bouche?

Si vous lisez ce chapitre et que vous ne reviewez pas, vous mourrez dans 7 jours, frappé par le bâton d'un vieux papi qui traversera la route devant vous, à compter de l'instant où verrez le point à la fin de cette phrase.

It's a little joke ;)!

Précisions :

* Oui, Hélèna aussi. Elle connait la famille depuis si longtemps...

*1: Surnom que les deux femmes se donnent entre elles. Sûrement un délire entre elles!

*2 : Pour la gente masculine (s'il y a), les culottes ragnagna désignent les sous-vêtements que, nous, les filles, vous cachons et qui n'ont pour seul but que d'être utilisées pour les périodes de menstrues.