Une boîte de chocolats

Disclamer : James et Lily appartiennent à JK Rowling, je ne fais que les emprunter.

Résumé : La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber...Pour ma part, je suis tombée sur la maladie... Maintenant, je souhaiterais lui prouver que je suis plus forte qu'elle... mais j'ai surtout envie de tomber sur un bon chocolat..fourré praliné. Mon préféré. Et si ce chocolat s'appelait James Potter ?

Note : Librement inspiré du roman (et surtout du film) Nos étoiles contraires, de John Green. Cette histoire fera honneur au couple James/Lily. Bonne lecture !


La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber...

La maladie

Le crabe

Le cancer

C'est ce sur quoi je suis tombée... Certains gagnent au loto, d'autres dénichent le travail dont ils rêvent, fondent une famille, certes pas idéale, mais qui les comblerait... Moi, j'ai gagné des cellules anarchiques envahissant mon organisme, l'empêchant de se développer à sa guise. Cependant, j'ai un point commun avec tous ces gens qui m'entourent : j'ai envie de vivre, de prouver à la maladie que je suis plus forte qu'elle...Et peut-être qu'à mon tour, je tomberais sur un bon chocolat, fourré praliné. Mon préféré.

Je m'appelle Lily Rose Evans. Je viens de souffler mes dix-sept bougies et je suis en bonne voie pour vaincre la leucémie qui est entrée dans ma vie quelques mois plus tôt.


Prologue

- Ma chérie, j'ose espérer que tu n'as pas oublié que nous devions faire les magasins ce matin ! S'exclama la voix joyeuse de ma mère, Katerine.

Je grognai et j'ouvris difficilement les yeux. Quelques rayons de soleil m'aveuglèrent et j'enfouis mon visage dans l'oreiller. Une main se posa sur mon épaule, qu'elle caressa doucement. J'adorais ma mère, vraiment, sauf quand elle rentrait dans la chambre pour me réveiller, dans une exubérance que je soupçonnais exagérée. La maladie avait beaucoup affecté mes parents, bien plus que moi. Je savais qu'ils souffraient au quotidien, culpabilisant de ne pas avoir su m'offrir une bonne santé. Depuis l'annonce du diagnostic, ils faisaient tout pour que je me sente bien, m'étouffant parfois. Je parais ingrate mais en réalité, je souhaitait qu'ils pensent un peu à eux de temps en temps et uniquement à eux. Leur vie ne pouvait pas se résumer qu'à moi. Je ne voulais pas être égoïste.

- Ton petit-déjeuner est servi ! Reprit-elle, sa voix se noyant dans les escaliers qui menaient au rez-de chaussée.

L'idée d'un bon café et de quelques tranches de bacon me plut. Cependant, je me savais ambitieuse. Mon estomac tolérait à peine quelques gorgées de cette boisson et à peine une bouchée de bacon. Mais ma mère tenait absolument à me préparer des repas gargantuesques, dans l'espoir que l'appétit revienne. En vain jusque là. Je picorais comme un sage petit moineau. Je m'extirpai péniblement du lit, les yeux encore à moitié fermés. Je pris un gilet, sentant les premiers frissons du lever parcourir mes bras. Je décidai de passer par la salle de bains pour me rafraîchir le visage et ôter toute trace de mes sueurs nocturnes. Le miroir accueillit un visage fatigué (malgré les grandes nuits que je faisais) et la maigreur de mon corps. Quelques tâches de rousseur pigmentaient ma peau, ressortant affreusement sur la pâleur de mon épiderme. Mes cheveux roux, coupés courts, étaient ébouriffés. Je supportais très mal l'image que renvoyait le miroir et j'avouais ne faire aucun effort pour y remédier. Quelques mois plus tôt, j'avais renoncé à ma longue chevelure ondulée. Certaines personnes diront que l'apparat est futile, tant que le traitement est efficace. Je ne suis pas d'accord. J'avais énormément souffert de la perte de mes cheveux et de mon corps, qui s'amincissait au fil des cures de traitement. La chimiothérapie guérissait certes, mais elle m'avait enlevé toute féminité. Un deuil temporaire, mais qui ne laissait pas indifférent, surtout à l'adolescence où notre corps est censé s'épanouir.

Un odeur de bacon emplissait la cuisine lorsque j'y pénétrais quelques minutes plus tard, le regard plus réveillé. Ma mère m'attendait, une tasse de café à la main, chantonnant « Help » des Beatles, qui résonnait à travers la radio. Elle adorait cette chanson, même si elle avouait également frisonner en écoutant « Hey June »

- Ton père nous a laissé sa carte bleue, s'exclama-t-elle en brandissant notre sésame de la journée. Tu sais ce que cela signifie !?

Je souris.

- Que tu vas avoir un malin plaisir à la faire chauffer ?

Je m'installai tranquillement, légèrement courbaturée. J'humai la bonne odeur de mon café. Depuis quelques semaines, mon odorat et mes papilles avait repris leurs droits et je redécouvrais avec plaisir des senteurs et des goûts que les traitements m'avaient ôté.

- Exact ! J'imagine déjà les petites robes que tu pourras porter cet été, avec les chaussures assorties, aucun intérêt sinon...

Je secouais la tête, amusée par son exubérance. Je bus quelques gorgées du breuvage et fut vite écœurée, à mon plus grand désarroi. Je grignotai un morceau de bacon mais mon corps faisait barrage. Les médecins m'avaient prévenu que l'appétit mettrait un certain temps à revenir après la fin du traitement mais j'avouai que je commençais à trouver cela très long.

- Maman, je te rappelle que je ne suis pas un poupée, rétorquai-je mais elle ne m'écoutait déjà plus.

- Prend le temps de finir ton petit-déjeuner et va te préparer, j'ai quelques papiers à finir pour le travail... Et je te rappelle que tu m'as laissé carte blanche pour le shopping.

Je fis mine d'être blasée et elle sortit de la cuisine en rigolant. Elle aimait s'occuper de moi et me choyer à outrance. Quelle fille serai-je si je lui enlevais ce plaisir ? Elle avait mis son activité professionnelle de côté depuis l'annonce de la maladie. Mes parents étaient tous deux médecins. Si Henry, mon père, travaillait encore à plein temps, ma mère n'exerçait qu'à tiers temps. Mon père avait ressenti le besoin de se justifier quant à la poursuite de son activité malgré le cancer même si je comprenais ce geste. Il se noyait dans son travail pour oublier le quotidien et ne pas assister à mes périodes de souffrance. Il ne l'aurait pas supporté. Il se le reprochait mais je lui avais assuré que la vie continuait, que notre famille avait besoin de manger et que mes soins coûtaient parfois cher. Ma mère compensait pour deux.

Quand mon estomac protesta vivement, je vidais ma tasse de café dans l'évier et mit les restes de bacon sur le bord de la fenêtre. Les animaux les mangeraient à ma place. Quelques instants plus tard, je glissais avec bonheur sous une douche brûlante. Mon épiderme rougissait mais je ressentais à peine une sensation de brûlure. La chimiothérapie détruisait tout. Une fois devant mon armoire, le choix de vêtements fut très rapide. J'optai pour un jean serré bleu et un pull fin assorti. J'oubliai toute idée de coiffure et de maquillage. La coquetterie ne faisait plus partie de mon quotidien. Et pourtant j'adorais mes yeux verts, qui méritaient d'être mis en valeur. Je n'en avais pas le courage.

- Tu es prête ma chérie ?

Je rejoignis ma mère dans le hall d'entrée. Elle était très élégante, comme à l'accoutumée, contrastant fortement avec moi. Elle a toujours aimé soigner son apparence, même si ses vêtements se cachaient souvent sous une blouse blanche.

- Allons-y avant que je change d'avis ! Répondis-je en sortant sous les rayons de soleil matinaux.

Le trajet jusqu'au centre commercial se déroula sous le babillage de Katerine. Je l'écoutais, fournissant une réponse qui semblait la satisfaire de temps à autre. Nous arrivâmes à destination sans encombres. Une folle escapade commençais et je n'étais pas sûr d'en sortir indemne.


Ce fut seulement en fin d'après-midi que je retrouvais la tranquillité de ma chambre. J'aimais énormément cette pièce, que j'avais redécorée au cours de mon traitement. Un pan de mur était presque recouvert de divers post-it colorés, sur lesquelles s'étalaient les diverses pensées qui m'ont traversée pendant ces derniers mois. Comme une journal intime. Mes parents n'avaient pas compris cette soudaine lubie, qui représentait une forme de thérapie pour moi. A vrai dire, je n'ai pas réellement de mots pour l'expliquer. Quand je serais prête, je pourrais les enlever et les ranger dans une boîte, comme je rangerais la maladie dans un coin de mon esprit.

J'avais fait de ma chambre un cocon, celui qui m'a tenu compagnie durant de longues heures, où la conscience ailleurs, j'endurais les premiers effets indésirables du traitement.

Je rangeais mes nouvelles acquisitions dans le placard mural. J'avouais que j'aimais beaucoup les robes que m'avait conseillé ma mère. J'espérais avoir l'envie de les porter cet été, avec une meilleure mine et un corps plus agréable à regarder. Cela ferait tellement plaisir à Katerine.

Le premier album de Muse résonnait en sourdine dans ma chambre lorsque mon père rentra du travail quelques heures plus tard. Homme de grande taille, les cheveux bruns striés de blancs et les traits prématurément ridés, j'avais hérité de lui ses grands yeux verts émeraudes. Il frappa doucement à la porte et entra, un sourire doux illuminant son visage. Je levai le regard de mon livre et l'accueillit en souriant également.

- Dois-je fais des heures supplémentaires pour compenser la folie dépensière de ta mère ? Demanda-t-il après m'avoir salué, le regard faussement blasé.

- Hmm, je dois reconnaître qu'elle a été très raisonnable...

- Cela me rassure, mon estomac aurait grogné si j'avais dû renoncer à certains de mes petits plaisirs culinaires, répondit-il, en tapotant son ventre légèrement rebondi.

Je rigolais et le traitait gentiment d'idiot. J'aimais mon père pour sa capacité à ne pas me rappeler sans cesse que je n'étais pas tout à fait comme les autres adolescentes de mon âge. La maladie était un sujet tabou entre nous, même si elle avait étonnement accentué notre complicité.

- Dommage en effet, surtout que Maman s'est fait un malin plaisir à te préparer un énorme plat de lasagnes...

- Et je parie que tu seras ravie de partager mon assiette...

J'aimais beaucoup picorer dans l'assiette de mon père, trouvant la nourriture étrangement plus attirante dans le plat des autres. Une vraie enfant gâtée. Mon père disait que cette manie l'agaçait mais cela lui donnait un meilleur prétexte pour se servir une assiette plus conséquente. Je crois qu'il appréciait aussi l'idée que je me nourrisse de nouveau, sans que mon estomac ne rejette la moindre miette.

- Bien vu, même Maman a renoncé à mettre une troisième assiette à table !

Il leva les yeux au ciel et marmonna quelques paroles. Je crus entendre les mots « femmes » et « incorrigibles ». Je secouais la tête, refusant volontairement de rentrer dans son jeu. Il fronça les sourcils et je rigolais encore.

- Bon, trêve de plaisanterie, ta mère nous attend pour manger, dit-il en prenant sa voix la plus grave, celle qu'il employait pour me disputer quand j'étais enfant.

- Même pas peur !

Je refermais mon livre et son regard se posa dessus. Il tiqua sans doute sur le titre de l'ouvrage.

- Tu le lis encore ? Tu en es à combien de fois exactement ?

Je haussais les épaules. Si je reste, de Gayle Forman était mon roman favori. Je l'avais lu une bonne dizaine de fois et en appréciais toujours la moindre ligne. J'aimais cette idée d'avoir le choix de rester vivant ou pas, d'avoir le temps de mesurer le pour et le contre et de pouvoir imaginer sa vie si la décision se portait sur les vivants.

- Papa, c'est comme les post-it, un jour je me lasserais de le lire... Je le mettrais alors de côté, dans cette même boite.

- J'ai envie que ce jour arrive très vite..., murmura-t-il.

Je pris sa main en sortant de la chambre et la serait fort. Je croyais en cette possibilité.

Je m'appelle Lily Rose Evans, j'ai dix-sept ans et je suis en rémission d'une leucémie. Cette journée a semblé bien banale. Mais cela n'a pas toujours été ainsi. Je mène un combat tous les jours et j'espère bien en être la gagnante.