Bon allez, j'me lance. Voilà un p'tit OS basé sur ma deuxième série adorée après Supernatural, j'ai nommé White Collar ! Cet OS prend place juste à la fin du dernier épisode de la saison 2 (post « Under The Radar ») Comme il fait plus de 6000 mots, il est découpé en deux parties. J'ai essayé de mettre en valeur les deux points de vue des personnages principaux. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! Toutes critiques acceptées ! ^^

Bonne lecture ! Ja ne ^^


Trust

Il se tenait debout au milieu de ce trésor à la valeur inestimable ! Il ne percevait même pas l'immense sourire qui venait d'illuminer son visage et qui, pourtant, reflétait parfaitement ce qu'il ressentait dans chaque fibre de son être.

Il réalisait à peine ce qu'il voyait. Tout était là. Rien n'avait été détruit comme il l'avait cru quelques heures plus tôt. D'ailleurs, il pouvait encore sentir l'anéantissement qui l'avait submergé au moment où il avait pensé que toutes ces œuvres étaient perdues à jamais. Mais, bien heureusement, ce n'était pas le cas et son soulagement s'accompagna d'une joie indescriptible lorsqu'il s'aperçut que, de surcroit, aucune pièce n'avait été endommagée. Tout était intact. C'était comme si le passé, intouchable jusqu'ici, était à portée de mains. Des pages entières d'histoire de l'art qui se matérialisaient comme par enchantement. C'était un rêve qui devenait réalité. Submergé par la beauté de ce qui l'entourait, il se délectait de l'état second dans lequel il était plongé. Il avait l'impression de voir les visages de tous ces artistes de renom à travers leurs œuvres. Dire que toutes ces merveilles étaient ensevelies depuis des dizaines d'années au fin fond des océans, sans que quiconque ne puisse les admirer ! Quel gâchis ! Et maintenant, elles étaient là, sur la terre ferme, l'irradiant de toute leur splendeur. Et ce qu'il y avait d'encore plus formidable, c'était qu'elles lui appartenaient ! … Enfin … au moins en partie.

Ce ne fut qu'après ce long moment de béatitude que les premières questions apparurent, se multiplièrent et se bousculèrent dans sa tête : Qui était à l'origine de tout ça ? Quel expert serait assez généreux … ou suffisamment fou, pour vouloir partager ce trésor avec lui ? Comment cette personne avait-elle réussi à subtiliser les œuvres à Adler et les transporter jusqu'ici sans que quiconque ne s'en aperçoive ? De quelle manière cet individu avait-il pu rassembler tous les éléments qui lui ont permis de réaliser ce coup de génie alors que lui-même, qui se tenait au cœur de l'action, était loin d'avoir toutes les cartes en main ?

Il fouilla dans sa poche pour en extraire le bout de papier qui accompagnait la clé. La note avait été tapée. Ca aussi c'était un indice. L'auteur ne souhaitait certainement pas que quiconque puisse l'identifier et il craignait que son écriture le trahisse.

A cet instant, le seul nom qui lui vint à l'esprit fut Mozzie. Qui d'autre pourrait rassembler les compétences nécessaires à la réalisation d'un tel exploit ? Et surtout, qui aurait envie de tout prendre en charge à ses risques et périls pour finalement partager avec lui ce butin inestimable et si durement acquis ?

D'un autre côté, quelque chose clochait : si c'était vraiment Mozzie alors pourquoi tout ce mystère, justement ? Le connaissant, il se serait effectivement assuré que personne d'autre ne soit dans le coin avant de surgir de nulle part et de révéler son identité à son ami. Or, cela faisait un moment qu'il était là à présent et il était toujours seul ! Pourquoi Mozzie n'était-il pas à ses côtés en train de se réjouir avec lui, d'expliquer de manière très minutieuse toutes les étapes de son raisonnement, de se plaindre des nombreux dangers qu'il avait dû traverser ou des épreuves physiques qui l'avaient harassé … ? Ce n'était peut-être pas lui, en fin de compte. Mais alors, qui ?

Il se sentait vidé. Ces derniers jours avait été difficiles et tout essai de raisonnement logique en cet instant était voué à l'échec. Il envisagea de rentrer chez lui mais avant, il ne put s'empêcher de déambuler entre les différentes œuvres qui étaient à sa portée, effleurant les cadres des toiles, déshabillant de son regard d'artiste, les sculptures façonnées de mains de maîtres, s'imprégnant de la beauté de ces pièces de collection. Toute sa vie, il avait rêvé d'avoir un trésor comme celui-ci. D'ailleurs n'était-ce pas l'ambition première de tous ceux qui étaient comme lui ? … Mais … maintenant qu'il était en sa possession, qu'allait-il en faire ? C'était comme l'aboutissement de sa vie d'escroc … une sorte de dernier grand coup avant la retraite … Etait-il prêt pour ça ?

Il s'était passé tellement d'événements et particulièrement au cours des deux dernières années. L'avenir idyllique qu'il avait si minutieusement programmé s'était évanoui avec la mort de Kate. Mais alors qu'il avait eu l'impression de sombrer, de nouvelles options s'étaient offertes à lui. Il avait entraperçu une façon différente d'envisager son existence, d'être lui-même tout en vivant autrement. Et de plus en plus souvent, il se laissait aller à espérer, qu'un jour, il obtiendrait lui aussi, tout ce qu'il enviait chez Peter.

Peter … Comment était-il possible, après tout ce temps, toutes les épreuves qu'ils avaient traversées tous les deux, qu'il ne lui fasse toujours pas confiance ! Il l'avait pourtant regardé droit dans les yeux pour lui assurer qu'il n'était en rien responsable dans cette histoire ! Mais celui qui se disait son ami ne l'avait pas cru ! L'avait-il seulement écouté ? Avait-il pris en compte tous les efforts qu'il avait faits jusque-là pour être à la hauteur de ses espérances ? Une boule acide se forma dans sa gorge, suivie de près par une sensation de grand vide au sein de son abdomen. Il essaya de contrôler sa respiration et ferma les yeux une seconde afin de s'exhorter au calme. Mais aussitôt l'image du regard dur et froid de Peter lui revint en mémoire. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il le voyait en colère, alors pourquoi ça lui faisait si mal ? Tout ça n'était qu'injustice ! Il était innocent et Peter était furieux parce qu'il était persuadé du contraire.

Sa rancœur se mua soudainement en appréhension. Même si ce n'était pas réciproque, il avait toujours accordé toute sa confiance à celui qui était devenu son ami. Peter était quelqu'un de droit, de juste. En plus, il lui fallait toujours des preuves indiscutables et obtenues le plus légalement possible avant d'accuser quelqu'un. Alors pourquoi ce revirement de situation ? Qu'est-ce qui avait bien pu le rendre si sûr de lui, aussi soudainement ? Qu'est-ce qui avait pu le faire passer du stade méfiant en entendant les propos d'Adler à totalement hors de lui, en moins d'une minute ? Il était forcément passé à côté de quelque chose que l'agent si bien entraîné du FBI, lui, n'avait pas pu ignorer ! Dire qu'il lui avait demandé de prouver sa culpabilité !

Définitivement inquiet, il quitta l'entrepôt non sans avoir jeté un dernier regard à « son trésor ».

xxx

- Tu rentres tôt ce soir, constata Elisabeth sur un ton enjoué en sortant de la cuisine.

Elle savait que son mari venait d'arriver. Il avait été plutôt silencieux mais elle reconnaissait sa façon d'insérer les clés dans la serrure et sa manière d'actionner la poignée avant d'ouvrir la porte d'entrée. Ce dont elle ne s'attendait pas, en revanche, fut de se trouver nez à nez avec le visage livide de Peter. Il paraissait perdu, à la fois contrarié et désespéré. Elle ne supportait pas de voir cette expression dans les yeux de l'homme qu'elle aimait. Elle s'approcha tout près de lui, l'interrogeant de son regard inquiet.

- El, j'ai tué un homme, avoua-t-il dans un souffle.

Elle l'enlaça, l'enserrant aussi fort qu'elle le pouvait. Il laissa tomber sa tête sur l'épaule de sa femme avant d'enfouir son visage dans la courbure si délicate de son cou. Ils restèrent enlacés quelques instants, se réconfortant mutuellement. Lorsqu'il esquissa un mouvement, Elizabeth, caressa son visage et l'embrassa tendrement puis elle appliqua une main apaisante dans son dos et l'entraîna vers le canapé.

- Viens t'asseoir … Raconte-moi tout.

- C'est Adler … j'ai tué Adler. On était en train de fouiller les entrepôts sur les docks quand on a entendu une explosion. C'est là que j'ai vu qu'il n'était plus près du van … je lui avais pourtant demandé de rester là … mais il n'écoute jamais rien.

- Neal va bien ? Demanda Elizabeth qui avait compris de qui il s'agissait malgré les propos embrouillés de son mari.

- Oui, il va bien mais il aurait pu … tu sais, quand je suis finalement arrivé sur le lieu de l'explosion, Adler pointait son arme sur lui et menaçait de le tuer. J'avais Neal en face de moi mais il était caché par Adler que je ne voyais que de dos. Ca ne m'a pas empêché de comprendre la situation. Je suis sûr qu'il allait presser la détente. J'ai entendu ce qu'il disait à Neal et le ton employé n'annonçait rien de bon. Ca ne fait aucun doute qu'il allait le tuer … Ca s'est passé si vite. C'est le recul de mon arme qui m'a fait prendre conscience que je venais de tirer. Et quand j'ai vu Adler s'effondrer … Il secoua la tête comme pour enlever cette image de son esprit.

- Tu as fait ce qu'il fallait, Chéri. Tu n'as rien à te reprocher.

- Tu veux dire à part avoir tué quelqu'un ?

- C'était lui ou Neal. Tu n'as pas eu le choix.

- Je n'aurais pas dû avoir à faire ce choix ! J'aurais dû être mieux préparé, avoir plus de temps pour prévoir ou, au moins, analyser la situation ! J'ai l'impression d'avoir subi les événements ... d'être une vulgaire marionnette …

A ces mots, Elizabeth fronça les sourcils. Il y avait définitivement plus que la mort de cet homme qui contrariait son mari. Malgré tout, elle le laissa poursuivre sans l'interrompre.

- … Je lui ai tiré dans le dos, sans sommation. Maintenant, mon arme est à la balistique. Il va y avoir une enquête. Hugues m'a dit que je ne devais pas m'inquiéter, qu'il s'agissait d'une situation d'urgence et qu'étant donné mes états de service, il n'y aurait très certainement pas de suite.

- C'est plutôt une bonne nouvelle, intervint-elle pendant que son mari prenait une respiration. Et puis, Neal va pouvoir témoigner, dire que, sans ton intervention, Adler l'aurait tué.

L'absence de réponse lui indiqua qu'elle avait mis le doigt sur le deuxième point qui troublait tant Peter.

- Qu'est-ce que Neal a encore fait ? Demanda-t-elle, sûre d'elle.

- Il a … d'après ce qu'il dit, il n'a rien fait, mais … C'est que je ne sais plus ce que je dois croire … Oh, je sais très bien ce que tu vas me dire …

- De quoi tu parles ?

- Je sais que tu apprécies Neal, que tu lui fais confiance mais …

- Chéri, le coupa-t-elle, c'est vrai que j'apprécie Neal mais c'est parce que je le vois à travers tes yeux. Jusqu'à il y a deux ans, je ne le connaissais que grâce à tout ce que tu pouvais me dire sur lui. Je pouvais percevoir, à ta façon de le décrire, le respect que tu avais pour cet homme et son talent. Même sans prononcer un mot, ton regard reflétait l'admiration que tu lui portais. Et lorsque je l'ai finalement rencontré, ça a été comme si je l'avais toujours connu. Il était exactement comme je me l'imaginais. Et ça c'est uniquement parce que tu sais cerner la personnalité des gens et je tiens à ce que tu saches que je me suis toujours fiée à ton jugement et que ce n'est pas prêt de changer.

Il lui adressa un large sourire, lui montrant à quel point il lui était reconnaissant de son soutien. Puis il redevint sérieux et secoua de nouveau la tête.

- Le problème c'est que je n'en suis pas aussi sûr que toi. Il se peut que je me sois trompé sur lui, dès le début … Il soupira bruyamment. Je ne sais plus quoi penser. Ces derniers temps, j'ai vraiment cru que … enfin j'avais l'impression que je pouvais lui faire confiance. J'ai relâché ma vigilance et je n'aurais pas dû.

Il anticipa la réponse d'Elizabeth en brandissant une main devant lui afin de l'inciter à l'écouter sans l'interrompre.

- Ecoute, moi aussi j'ai vraiment, vraiment envie de croire en lui. Moi aussi, j'aimerais idéaliser notre relation comme tu le fais parfois mais le problème c'est qu'à chaque fois que je lâche un peu de lest, il en profite pour faire un coup fourré. Il me rappelle constamment qu'il ne m'a jamais menti. Alors bien sûr, lui, il en est intimement persuadé mais nous savons, toi et moi, que sa conception du mensonge et de la vérité est particulière et ne correspond pas à la définition qu'on pourrait en avoir. Il faut que tu comprennes. Je ne peux pas me permettre d'ignorer tout ce qu'il a essayé de me cacher, tout ce qu'il a fait dans mon dos et dont je ne sais toujours rien aujourd'hui et puis ce n'est pas la première fois qu'il tente de me manipuler.

- Je croyais que tu lui avais pardonné.

- Oui, mais je n'ai pas oublié pour autant ... En voyant le regard désolé de sa femme, il ajouta : Comme je n'oublie pas qu'il m'a aussi sauvé la vie ou le nombre incalculable de fois où il m'a aidé à résoudre une affaire. Qui dois-je écouter ? Mon envie irrépressible de croire en sa sincère amitié ou ma raison ? Dois-je le suivre aveuglément en dépit des preuves qui l'incriminent ? Après tout ce ne serait pas la première fois que quelqu'un essaierait de lui faire porter le chapeau alors qu'il est innocent. Ce qu'il y a c'est que je suis un homme de loi et lui, c'est un escroc. Tu aurais dû voir l'expression de son visage quand il s'est retrouvé au milieu du butin.

- Rien de plus normal, surtout pour Neal mais, Chéri, il n'a pas hésité a donné une bague d'une valeur de deux millions et demi de dollars pour toi …

- C'est une broutille en comparaison des milliards de dollars que représente le trésor découvert par Adler. Ce qui m'a touché lorsqu'il a donné cette bague c'est que c'est celle avec laquelle il aurait certainement demandé Kate en mariage …

- Justement, tu sais à quel point il aimait cette femme. Ce geste est très lourd de sens à mon avis. Je sais que son impulsivité peut être un sérieux handicap pour lui comme pour toi, mais elle a souvent été liée à Kate.

- Exactement ! Et j'ai peur que ce soit encore le cas aujourd'hui. En volant le trésor d'Adler, non seulement il met un point finale à sa longue arnaque manigancée avec son pote Mozzie mais en plus il se venge. Il tient cet homme responsable de la mort de Kate. Il fait d'une pierre deux coups. Tu te rappelles comment il a réagi avec Fowler ? … J'ai une théorie sur ce qui s'est passé aujourd'hui et il y a trop d'éléments qui la valident. Sans compter que je sais que l'enquête va révéler de nouvelles preuves.

- Je comprends ta déception et ta colère mais je reste sur ma position. Je garde ma confiance en toi et en ton jugement. Je suis sûre que tu ne t'es pas trompé sur lui jusque-là. Alors, peut-être que tu devrais aller lui exposer ta théorie. Vois comment il réagit, écoute ce qu'il a à dire. Ca te permettra certainement d'y voir plus clair. Qu'est-ce que tu as à perdre ?

« Mon ami ! pensa-t-il. J'ai peur de m'apercevoir que tout ça n'était qu'une mascarade, que tous ces moments n'étaient en fait que des actions calculées pour que je relâche ma vigilance, qu'il s'est servi de moi durant tout ce temps pour avoir accès aux ressources du FBI, utiliser nos investigations comme couverture pendant qu'il agissait dans ses propres intérêts, avoir une protection à toute épreuve lorsque ses facéties tournaient mal … »

Il secoua la tête pour chasser ses sombres pensées et revenir à une réalité plus optimiste.

- Tu as raison, concéda-t-il finalement avec un sourire tendre. Merci Chérie.

Il embrassa sa femme avant de quitter la maison avec la ferme intention d'avoir des réponses à ses questions.