Prologue.

Le jour où il avait vu cette photo, dans le journal gracieusement donné par le premier ministre, ça avait été comme une révélation pour lui. Peter était vivant, mais, par-dessus tout, il était à Poudlard. Au même endroit que Harry, peut-être dans le même dortoir. Ce traitre de rat qui lui avait tout pris ne lui arracherait pas la dernière chose qu'il lui restait peut-être sur Terre, il s'en était fait la promesse à l'instant où il avait pris la décision de s'évader.

Durant de longs mois, cette pensée avait été sa dernière raison de vivre : sauver Harry, retrouver Peter. Peu importait l'ordre, puisque de toute façon les deux évènements se produiraient sûrement au même instant. Il s'était préparé à tout mais jamais il n'aurait pu imaginer qu'un troisième élément viendrait se greffer à cet instant si précieux qui, dans son esprit, le rapprochait de sa libération.

Bien sûr, en prison il avait perdu toute notion du temps. Et puis surtout, il avait fait en sorte de l'oublier, elle. Elle qu'il avait tant aimée, qu'il avait tant chérie, et qui l'avait trahi sans aucun remord. Lorsqu'il s'était retrouvé face à elle, dans cette maison miteuse qui pourtant abritait tant de bons souvenirs de ses nuits passées avec les Maraudeurs, il avait eu envie de lui sauter dessus. Pour l'embrasser, pour la tuer, pour la faire souffrir autant qu'il avait souffert.

Mais il avait simplement été capable de la dévisager de son regard hagard. Hermione, son Hermione, à l'intérieur de cette cabane, à cet instant. La situation était si ironique. La naissance de Harry avait été l'élément qui avait sauvé sa santé morale. Et tandis qu'il avait cru le perdre lui aussi, il les retrouvait tous les deux.

Mais cette fille là était différente, bien sûr. Plus jeune. Et surtout, lui était tellement plus vieux. Comme il aurait souhaité la serrer contre lui, sentir à nouveau ses cheveux glisser sous ses doigts, s'enivrer de son parfum. Et comme il la détestait de n'avoir rien dit. D'avoir laissé James et Lily se faire tuer, d'avoir laissé Harry orphelin, de n'avoir rien fait pour les sauver tous.

Après sa fuite, Sirius avait ruminé de sombres pensées, il avait même tenté de tout lui avouer lorsqu'il l'avait revue une seconde fois alors qu'il se terrait au milieu des montagnes. Et puis il s'était rapidement rendu compte qu'il ne pouvait rien dire. Cette Hermione était si différente de celle qu'il avait connu. Et le Fidelitas qu'elle avait lancé était si puissant qu'il ne pouvait pas faire mention du moindre petit élément. Pas même à elle avant son voyage.

Et puis, Dumbledore l'avait à nouveau enfermé, au cœur de l'endroit qu'il maudissait le plus au monde. Et, puisque ce mal ne suffisait visiblement pas, il lui avait aussi imposé la présence de la fille bien trop souvent à son goût. Le voir souffrir comme un chien galeux n'avait rien changé. Avait alors commencé un jeu de joutes verbales entre Hermione et lui. C'était tellement plus simple, bien sûr, de l'agresser elle plutôt que d'assumer sa souffrance.

Et après ?
… Il était mort.