Bonsoir mes amours !

Une présentation très brève, pour un OS pas du tout prévu.

Oui, chez moi, ça arrive aussi. O_O

Mais voyez vous, parfois, on est amené à écrire pour dire ce qu'on vit, ce qu'on ressent. Et ça donne des OS comme celui qui suit. Donc si mon écriture paraît différente, ne vous en faites pas, c'est juste le trop plein d'émotions qui ressort.

Je tiens juste à préciser que les personnages de Minute Papillon appartiennent à Kriss, et non à moi, c'est évident.

Rating T, pourquoi ? Le thème. Je ne fais qu'évoquer mais ça reste plutôt sombre alors comme on dit, abus de prévention n'a jamais nuit à personne. ^^ x)

Pairing : Muahahah, grande nouveauté pour moi mais allons-y gaiement… Prof de Philo x Présentateur TV. Oui ! *^*

Ouais bon, ça veut donc dire aussi pairing que je maîtrise pas vraiment… Les persos en soi non plus d'ailleurs. XD Mais faut bien commencer un jour !

Sur-ce, je vous souhaite une bonne lecture ! :3


Quand le monde s'écroule.

C'était officiel maintenant, il n'aimait pas les lundi.

Oui il en était sûr à présent, c'était terminé, déjà qu'il ne les portait pas dans son cœur, ça avait été le truc en trop cette fois, et rien ne saurait le faire changer d'avis là-dessus. C'était un jour inutile, rien de plus que le synonyme d'une nouvelle semaine de galère, la fin du week-end, du repos, le moment où les routes seraient surchargées à cause de tout ces parents qui amenaient leur saleté de marmaille en cours… Ouais, non, trop de désavantages décidément. Le lundi, ça craignait !

Au final, il valait encore mieux rester chez soi, bien barricadé. Ça restait la meilleure des solutions.

Mais lui il refusait de le faire, c'était net. Chez lui, pour le moment, il ne voulait plus y accéder. Pas seul, pas dans la situation actuelle. Il préférait encore rester là, sur le perron, assis à même les marches pour accéder au bâtiment principal, à regarder le ciel et tout particulièrement les nuages d'un gris jaunâtre qui se rassemblaient au dessus de sa tête, signe avant coureur d'un orage qui serait sûrement là d'ici la nuit tombée. Encore une preuve de plus que le lundi, ça ne servait à rien.

L'homme soupira, fermant les yeux le temps d'un instant, comme pour espérer couper tout contact avec la réalité. Non, il n'était pas faible, il ne la fuyait pas sciemment, il l'affrontait même au quotidien, la réalité, autant donc dire que ça ne le changeait guère de d'habitude, demeurant aussi droit que possible face à ce qui lui était tombé dessus, digne, son air toujours hautain et imperturbable collé sur le visage.

Et si jamais ça ne plaisait pas aux gens et s'ils voulaient lui reprocher cette forme de je m'en foutisme, qu'ils aillent tous bien se faire mettre, ces ignares. Ils ne vivaient pas un dixième de ce qu'il s'était pris dans la gueule pas plus tard que les trois heures précédentes alors s'il voulait prendre son air façon « Jem'en cogne de ce qui se passe autour de moi, ça ne me concerne pas », c'était son problème et le sien uniquement. Point.

Non mais, quels emmerdeurs ces gens, à vouloir toujours se mêler de ce qui ne les regardait pas ! C'était dingue quand même ça, ce que l'être humain pouvait être mué par une curiosité maladive et l'irrépressible besoin de toujours devoir donner son grain de sel même si ça n'apportait rien que des conflits.

Il jura en levant de nouveau les yeux au ciel. En temps normal, une petite voix dans son dos lui aurait répondu qu'il faisait encore une vérité générale d'une certaine tendance, sans considérer le fait que tout les humains n'étaient pas comme ça. Ouais, pourquoi pas si ça pouvait lui faire plaisir, dans tout les cas ça ne changerait rien au fait qu'il n'aimait pas l'espèce humaine, bien qu'il en fasse également partie à son plus grand désespoir.

C'était d'ailleurs pour ça qu'il était aussi passionné par ce qui composait son quotidien : Il ne l'aimait pas mais il le fascinait, enfin, assez en tout cas pour pouvoir réfléchir au sens de son existence et l'étudier, le déchiffrer, le déshabiller de ses connaissances et l'analyser jusque dans les recoins les plus reculés de son âme. En voilà un bien beau de programme, tiens.

Regard en biais vers sa montre : Dix-sept heures douze. Ça passait trop lentement décidément…

Et lui qui avait dit qu'il l'appellerait. Et qu'il viendrait le chercher s'il y avait du nouveau. Tu parles ça devait sûrement être sa façon d'enfin se venger pour avoir quitté le cocon familial avec perte et fracas des années auparavant. L'enflure.

Il secoua la tête puis attrapa aussi sec la première pierre à sa portée pour la jeter loin devant lui, avec autant de force que ce qu'il pouvait en mobiliser. Se défouler, ne pas accumuler la colère en lui où il allait s'en fader sur le premier être humain qui risquait de lui passer à proximité.

Se contrôler. Maîtriser la colère, rester lucide et calme. Pour son bien et celui des autres.

Et surtout le sien.

Dix-sept heures quinze et toujours personne à l'horizon. Aucune nouvelle. Ils allaient pas être sourds dans la maison si c'était vraiment un oubli volontaire… Oh non. Ménage de printemps gratuit avec location d'outils pour casser deux trois vieux meubles efficacement pour la peine, très pratique pour virer rapidement les meubles de la maison. Même les déménageurs bretons ne sauraient pas être aussi efficaces !

La seule différence, c'était que si c'était lui qui venait à se déplacer de son propre chef et par ses propres moyens, il n'y aurait pas grand-chose à remonter après. Pour ne pas dire plus rien.

Tout casser, tout anéantir, tout détruire. Évacuer la haine, l'incompréhension et le trop plein d'émotions.

Non, il devait apprendre à gérer ses émotions. Surtout en ce moment, tout aplanir un maximum, faire abstraction de tout. Ne pas penser qu'à ses petits états d'âme pour une fois. Facile à dire.

Le Prof de Philo jeta un nouveau regard à sa montre avant de se pencher en avant, la tête dans ses immenses mains. Ouais, facile à dire.

Trop facile même. Et encore plus pour quelqu'un comme lui, impulsif et sanguin, voyons !

Merci Kriss, tu m'as refilé le meilleur de ta personne sans déconner.

Il avait envie de tout casser. De tout écraser sous son énorme marteau de cinq tonnes, le moindre truc qui lui tomberait sous la main. Mais il ne pouvait rien faire. Et encore moins rentrer là dedans. Chez lui.

Chez eux.

Si, tu peux, fait pas ta fillette comme ça, ça te ressemble pas. Tu sais où aller.

L'homme en chemise se leva d'un mouvement plutôt agile pour sa carrure puis rentra dans l'école, après avoir hésité sur le pas de la porte. Il pestait intérieurement, insultant du regard le moindre meuble sur son chemin, le moindre livre pas à sa place, maudissant le stagiaire qui laissait toujours tout traîner. Il avait tendance à devenir quelque peu maniaque quand il était nerveux.

T'es pas nerveux du con, arrête de te voiler la face ! Tu comprends rien, voilà, pour une fois dans ta vie, ta putain de connaissance en philosophie, elle ne te sert à rien !

Il entendait ses pas résonner sur le carrelage, seul son pour troubler le silence qui régnait dans l'école. Ça ne lui plaisait pas. Il n'aimait pas ça… Non, c'était plus que ça, ça n'arrivait quasiment jamais, qu'il n'y ait aucun bruit ici ! A part en plein milieu de la nuit quand tout le monde dormait et encore.

Et il trouvait ça angoissant, lui qui pourtant ne craignait rien ni personne.

Faux, il avait des peurs comme tout le monde. Il avait beau avoir un QI étonnamment élevé, un caractère infect et une force surhumaine, il n'en était pas moins un homme pour autant. Un être de chair et de sang, avec ses propres faiblesses.

Car oui, le Prof de Philo avait des faiblesses, même si la plupart des abonnés de Minute Papillon et de Hors Sujet ne le pensait pas. Une, majoritairement. Et quelle faiblesse, si vaine, si petite, si futile…

Si anodine, et pourtant si dévastatrice pour lui.

Le bruit du carrelage laissa place au grincement du parquet sous ses pieds et il s'immobilisa un instant pour faire une pause. Son regard balayait le couloir devant lui, de moins en moins sûr de vouloir aller de l'avant. Pourtant il le fallait, le marteau était dans sa chambre, soit au fond du couloir…

Oui, mais il n'avait pas envie de s'enfoncer dans l'étage qu'ils avaient choisi pour élire domicile. Pas du tout même. Ce qu'il y avait appris de la bouche de son créateur avait suffit à l'en dégoûter.

Comment pouvait-il y mettre les pieds, en sachant ce que Kriss y avait trouvé…

« Tu m'avais promis que tu veillerais sur lui ! Où étais-tu, alors ? »

Non, ce n'était pas de sa faute. Il n'y était pour rien, aller !

« Qu'as-tu pu lui faire, pour qu'une chose pareille arrive ? Réponds-moi ! Si tu as quelque chose à m'annoncer sur tout ça, c'est le moment ! »

Il sentit comme un poids qui lui compressait la poitrine, mêlé à cette colère sourde qui ne le quittait jamais complètement, alors qu'il se décidait enfin à aller de l'avant, ses pas faisant craquer d'une manière hautement sinistre le parquet. Les planches étaient vieilles et faisaient un bruit de tout les diables, il le le lui avait déjà fait remarquer, mais il l'avait ignoré jusqu'à présent, en lui répétant sans cesse que « ce n'était pas grave ». Il le regretta, amèrement.

Tout avait pu être éludé par un « Ce n'est pas grave », et-ce durant des années. Mais justement, le problème n'avait-il pas été là ? N'avait-il pas, par erreur, éludé un problème de trop avec cette phrase qui sonnait toujours creux ?


Sa chambre était telle qu'il l'avait toujours connue : Un immense et vaste bordel, pour parler poliment. Rien à voir avec celle de son collègue, qui était toujours rangée et encore, s'il y avait trois papiers abandonnés sur le bureau, c'était l'anarchie selon lui. Le Prof n'osa même pas se demander comment l'autre devait se sentir quand il voyait son antre. Il devait probablement sauter au plafond intérieurement. Au minimum. Mais bien entendu il n'avait jamais rien dit sur le sujet, ça ne le concernait pas après tout.

Son regard parlait pour lui généralement, et encore.

La masse lui donna l'impression de réellement peser ses cinq tonnes, pour la première fois de sa vie, un bien étrange sentiment quand on savait qu'en temps normal, il la traînait partout avec lui, dans son sillage, au cas où il lui prendrait l'envie d'aller fracasser quelque chose, comme des stéréotypes ou les crânes des stagiaires qu'il estimait trop indisciplinés ou incompétents. Pour le coup, aujourd'hui, il l'aurait presque trouvée trop lourde pour lui.

Comme si aujourd'hui, il n'était pas tout à fait le Prof de Philo qu'il était d'habitude. Curieux.

Non pas curieux… Humain.

- Man, tu devrais pas rester là, c'est pas bon pour toi. Y a des mauvaises ondes ici aujourd'hui…

Il sursauta, tiré de ses réflexions, s'apprêtant à jeter une salve d'insultes à son interlocuteur avant de soudainement se raviser en remarquant qu'il ne s'agissait que du Hippie. Mais que faisait-il là au juste ? Il soupira avant de s'appuyer contre le mur le plus proche, les bras croisés, essayant de faire comme si tout allait bien.

- Je vais où je veux, je suis encore chez moi aux dernières nouvelles. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Tu cherches quelque chose ?

Le pacifiste fixa pendant un moment le Prof de Philo, surpris par sa réaction, les mains tirant doucement sur son sweat déjà trop grand. Pourquoi ressentait-il donc autant le besoin d'être aussi irritable que ça ? Ça n'avait aucun sens…

- Fais pas comme si y avait rien, man, ça ne fait qu'empirer les choses. Et on est venu te chercher comme promis, t'as oublié ? Kriss attend dehors, il m'a demandé de prendre quelques affaires à-

- Porte juste à ma droite, dépêche-toi.

- Tu veux pas en parler on dirait…

- Non, je n'ai pas envie. Et ça n'aurait aucun intérêt, y a rien à en dire.

Le Hippie haussa tristement les épaules puis se rapprocha du professeur, prenant brièvement sa respiration avant de pousser la porte et de pénétrer dans la pièce. Le Prof, lui, ne bougea pas d'un millimètre. Prendre des affaires, à quoi bon…

Soudain il entendit la voix légèrement nasillarde du Hippie depuis l'intérieur de la chambre de son acolyte. Il ne prit pas la peine de rouvrir les yeux, se contentant de l'écouter. Il se sentait bizarre, à la fois si fort et si vulnérable...

- Hé, tu sais quoi, man ? Ça sert à rien de faire comme si tout allait bien, t'as le droit d'avoir des moments de faiblesse toi aussi.

- Je t'ai dit que ça allait Hippie, t'en fais pas. Tu trouves ce que tu veux ?

- Oui, man. Mais… Pas la peine de me mentir, je te croirais pas de toute façon. Après tout, le Présentateur, c'est toi qui le connaît le mieux.

- Et tu veux entendre quoi au juste ?

- Ce que tu as sur le cœur, garde pas ça pour toi. C'est pas bon pour le moral, man. Tu tiens le coup ?

Il allait envoyer paître le Hippie. En temps normal il l'aurait déjà fait, même si en soit il n'avait rien contre la personnalité pacifiste de Kriss, au contraire il l'appréciait bien.

Mais pourtant quelque chose l'en empêcha. Un pressentiment, quelque chose d'inexplicable. Il n'était pas du genre à se montrer dans ses moments de faiblesse, et encore moins auprès de sa famille, même si ça faisait un moment qu'il l'avait reniée.

Seul le Présentateur TV l'avait vu dans ces moments de blues ou d'indignation contre les conneries de l'humanité. Et c'était bien la seule personne à qui il acceptait de se montrer de la sorte.

Le Présentateur… Le seul… Son unique famille, depuis qu'il avait mis les voiles.

Il eut les larmes aux yeux avant même de s'en rendre compte. Le Prof de philo secoua la tête, essayant d'arrêter cette trahison de son propre corps avant que le Hippie ne s'en rende compte. Il ne fallait pas abuser non plus.

- Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. Pourquoi… Pourquoi il…

- Il a rien laissé ? Une lettre, quelque chose ?

- Si elle est dans l'école je ne l'ai pas vue… Et si elle est là dedans…

- Peace man, si y en a une, tu la trouveras. Chaque chose en son-

- Y a pas un papier qui traîne ?

- Hein ?

- Laisse tomber.

Il entendit le toxicomane s'arrêter momentanément de bouger puis reprendre ses recherches, marmonnant quelque chose que le Prof ne parvint pas à réellement entendre. Ce n'était pas bien grave, il y avait tellement plus important dans l'immédiat…

Colère. Il était en colère, frustré de ne pas comprendre, de ne pas savoir. Fou de rage même, mais il devait lutter contre ça, il n'avait pas le droit de se mettre en colère contre le Présentateur sans raison, ni même dans pareille situation…

Il avait pas besoin de se prendre une remontrance ou un coup de gueulante en ce moment, ce pauvre p'tit gars.

Mais dans le fond, il fut contraint de le reconnaître, il se sentait trahi. Trahi et blessé. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi ? L'avait-il blessé, ou vexé avec une de ses remarques ? Il n'était pas du genre à prendre les coups de gueule du Prof de Philo pour lui, il avait l'habitude de l'entendre l'ouvrir pour tout et n'importe quoi, alors en quoi un énième débordement émotif du professeur aurait-il pu amener à ça ? Comment savoir…

Le poids qui comprimait sa poitrine se fit sentir à nouveau, plus étouffant que jamais, alors qu'une larme roulait en silence sur sa joue. Il resserra sa prise sur le manche de son marteau comme s'il était sa bouée de sauvetage.

Il était complètement impuissant et surtout, il se sentait con. Rien vu, rien entendu, rien prédit. Absolument rien. Ça servait à quoi d'avoir de la culture et un cerveau si ce n'était pas pour pouvoir déceler le mal être de son équipier, son ami même, en plus d'être son frère…

A rien. Juste à être posé sur la table parce qu'au final ça ne servait pas à bien grand chose. Platon, Esope, Pascal et les autres, ils avaient tout prévu et avaient parlé de tout, mais en aucun cas ils n'avaient jugé bon de rédiger un manuel concret sur « Comment veiller au bonheur d'autrui et lui épargner d'un jour se sentir mal dans sa peau ». Les débutants.

- Et man, ça va ? Tu as l'air dans un sale état d'un coup.

- Pars devant. J'arrive.

Le Hippie parut étonné par la réaction du Prof, ne s'étant probablement pas attendu à pareille réponse ni même à ce qu'elle soit prononcée avec autant de calme, mais il se contenta de poser une main qui se voulait rassurante sur son épaule avant de tourner les talons, un sac à dos que le Prof reconnut comme étant celui de son ami sur son épaule. Un pincement au cœur lui répondit aussitôt, soulagé de s'être enfin débarrassé du camé. Au moins une bonne chose de faite… Il n'aurait pas compris de toute façon. Qui pourrait comprendre ce qui le reliait au jeune blond de toute façon.

Il prit une inspiration puis pénétra dans la chambre du Présentateur TV, à contrecœur. Et lorsqu'il fut dedans, il n'eut qu'une envie, celle de repartir aussitôt et de fermer l'unique accès à cette pièce à double tour avant d'en refiler la clé au Gamin ou même au Gâteau de Riz. Comme ça elle serait bien vite perdue et fini, les problèmes !

La pièce était petite mais optimisée, claire, avec une salle de bain privative. Très propre, rangée, enfin un peu moins maintenant que le Hippie avait mis le nez dedans mais bon. Tout était à sa place, absolument tout. Ç'aurait presque pu en être effrayant, mais le Prof le savait pour en avoir déjà parlé une fois avec le Présentateur, ce n'était pas un TOC. Il aimait l'ordre, point.

Il essaya de rire, mais le son se bloqua dans sa gorge : Ce n'était ni le moment, ni l'envie adéquate.

Il eut soudainement envie de pleurer, comme si son cerveau avait compris entre temps qu'en essayant de se fendre la poire, il avait failli faire une connerie. De tout casser avant, de tout retourner, puis de fondre en larmes mais il se retint de justesse. Pourquoi, bordel…

Son regard remarqua trois cadres photo, sur la table de chevet. Il fronça les sourcils en s'approchant pour les observer de plus près. Contrairement à lui, le Présentateur appréciait Kriss et le reste de leur clique de bras cassés, même si leur créateur n'avait jamais pensé à faire appel à lui dans les Minute Papillon et qu'il n'avait enfin pu s'exprimer que lors de l'épisode sur la Critique, soit quand lui, le Prof de Philo, l'avait enfin ouvert avant de mettre les voiles. Bref c'était pas la question. Ça n'était un secret pour personne, et le Prof était bien placé pour savoir que s'il voulait croiser son partenaire le lundi après-midi, il fallait systématiquement se rendre chez Kriss, il y allait sans exception et avec le sourire de surcroît. Et il en eut encore une preuve de plus avec l'une des trois photos : Le Présentateur était là, au premier plan, essayant de prendre une photo lui-même, un air concentré sur le visage. Accrochés à lui, hilares, le Végan, Gâteau de Riz, Mr Dada, le Gamin, le Hippie, l'Irlandais et Kriss. Ils semblaient tous tellement heureux sur cette photo que c'en était presque écœurant.

Elle ne semblait pas très vieille, un an tout au plus. Sûrement le résultat d'une de ces nombreuses sorties du lundi.

L'autre photo fit lever les yeux au ciel au Prof de Philo lorsqu'il la vit. Impossible de se tromper quand à l'origine de celle-ci, il savait non seulement où elle avait été prise, quand, et surtout, enfin, ce qu'elle était devenue ! Leur créateur l'avait donnée au Présentateur peu après le début de l'année, qui l'avait laissée traîner quelques temps dans ce qui leur servait de bureau avant de la faire disparaître du jour au lendemain sans raison. Le fourbe.

Toutes les personnalités de Kriss et le beaujolais lui-même, dans le salon de la maison familiale, apprêtés pour fêter Noël ensemble. Le Prof de Philo y compris. Inutile de préciser que pour faire pareil cliché, ça avait été une sacrée bataille et qu'il avait fallu une organisation d'acier pour rassembler tout le monde. Mais quand il le voulait, Kriss savait se montrer obstiné et d'une volonté de fer, heureusement d'ailleurs ou sinon cela ferait bien longtemps qu'il se ferait marcher dessus par ses trop nombreuses personnalités… Bon après, la photo n'était pas parfaite, tout le monde ne souriait pas et au final, c'est ce qui plaisait tant à l'enseignant : Ils avaient tous l'air d'être eux-même pour une fois, les plus barrés d'entre eux riant aux éclats, le Vegan et le Carniste se regardant en chiens de faïence parce qu'on avait osé les mettre côte à côte, le Fanatique planqué derrière le Baron qui faisait le fanfaron à côté d'un Irlandais qui semblait à peu près aussi déchaîné qu'à ses habitudes, Pinhead et Croc'Homo, souriant un peu trop pour paraître tout à fait nets, et Premier Degré qui arborait un air offusqué, sûrement en réaction avec une connerie qu'avait du lancer la Féministe, accompagnée du Critique et du Syndicaliste. Et lui, à côté du Présentateur TV, un air renfrogné là où l'autre semblait plus heureux, à sa place.

Ouais. Une belle et heureuse famille, dans toute son unicité et sa diversité. Le parfait paradoxe à elle seule.

Il allait pour reposer le cadre sur la table de chevet lorsqu'il s'immobilisa net en découvrant la dernière de près. Ses dents crissèrent les unes contre les autres tant il serra les dents d'un coup, un goût amère sur la langue.

Lui et le Présentateur TV, plus jeunes sur le papier photo.

Il eut l'impression qu'on lui arrachait le cœur tant la vue de cette photo lui fit mal. Il ne savait même pas que l'autre homme en possédait une d'eux. A croire qu'il tenait vraiment un minimum à lui malgré qu'il l'ait toujours un peu mis en esclavage et rabaissé au rôle de cadreur quand il n'avait pas eu affaire avec ses sautes d'humeur. A bien y réfléchir, le Présentateur n'avait quasiment jamais manifesté le moindre semblant de révolte et de revendication de statut, il se pliait à ce que le Prof lui demandait la plupart du temps sans rechigner en essayant de ne pas le provoquer. Il souriait beaucoup, le trois quart du temps à peu près, levait les yeux au ciel et soupirait dans le pire des cas, et ça se tenait à ça. Mais cette sorte de soumission n'était-elle pas due au fait qu'il savait que s'il était là et qu'il existait aux yeux du monde, qu'il pouvait enfin s'épanouir dans une émission qui lui appartenait, c'était grâce à la révolte du Prof de Philo auprès de Kriss ?

Alors, reconnaissance polie, ou simple joie de vivre la vie qu'il avait entre ses mains à présent, ici, au sein de l'école ?

Une phrase du Présentateur lui revint aussitôt en tête : « Mais je sais rien faire à part lécher des bottes et sourire bêtement ! ». Hn, pas mal comme résumé, bien qu'un peu défaitiste.

Ça n'allait pas décidément. A ce rythme il se parlerait tout seul d'ici une trentaine de minutes !

Putain, mais pourquoi tu as voulu faire ça… ? Tu réalises que ça me fout hors de moi tout ça ?! Pourquoi ? Je croyais que tu te plaisais ici… Putain, putain, putain, toi aussi si tu savais un peu l'ouvrir de temps en temps !

Oui, ça il le savait, le Présentateur vivait bien sa cohabitation avec lui aux dernières nouvelles, s'il y avait eu quelque chose, il aurait fini par le savoir. Et puis il était venu de son plein gré, il n'avait forcé personne. Non, il avait forcément du y avoir autre chose…

Son regard balaya la pièce du regard puis il tiqua sur une tache sombre, par terre, près de la salle de bain. Son cœur rata un battement et il en détourna aussitôt le regard. Ne pas voir, ne pas vérifier.

Il se sentit inutile d'un coup. Il n'avait pas été là pour le Présentateur, pour l'en empêcher, pour le protéger. Et si jamais Kriss n'était pas passé pour prendre de ses nouvelles…

Non, ne pas y penser, surtout pas. Il allait bien. Il allait bien.

Il prit le cadre photo dans sa main et un sourire vint étirer doucement ses lèvres le temps d'une seconde. Eux deux, lorsqu'ils avaient emménagé à l'école, tout sourires. Le début des Hors Sujet. Ça faisait combien de temps déjà ?

Il regardait toujours la photo lorsque ses yeux aperçurent quelque chose par terre, juste à côté de la table de chevet. Il reposa prudemment le cadre sur le meuble puis se pencha.

Une enveloppe. Pas d'adresse, encore moins de nom. Rien. Juste une enveloppe vierge, fermée.

Le Prof de Philo sentit la chair de poule le gagner alors qu'il faisait tourner l'enveloppe dans ses mains, le souffle court, une montagne tout en muscle et en hargne contre l'humanité face à la fragilité d'un petit objet en papier. Ça ne pouvait être que ça.

Et il l'ouvrit, sans s'attendre à ce qu'il allait trouver à l'intérieur.


Le trajet en voiture lui sembla interminable.

Le Hippie avait somnolé à l'arrière du véhicule tout du long et lui, assis à l'avant aux côtés de Kriss, il n'avait pas décoché un mot. Ses yeux fixaient l'extérieur de la voiture sans vraiment le regarder, l'esprit ailleurs, perdu dans ses pensées. Trop long. Ils mettaient vraiment trop de temps, c'en était agaçant.

Et s'il lui était arrivé une tuile entre temps, il ne le pardonnerait jamais à Kriss et sa foutue lubie du respect des limitations de vitesse. «C'est comme ça dans la vie, Prof, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. Je suis pressé et anxieux aussi hein, mais je n'irai pas jusqu'à nous mettre en danger non plus, alors pitié, calme-toi. ».

Ouais, un beau ramassis de conneries pour ne pas lui demander clairement de fermer sa grande gueule pendant une vingtaine de minutes. Que l'embarras était inutile…

- Tu ne sais toujours pas ce qui lui est passé par la tête ?

- Non.

Il s'en fichait de mentir, les autres n'avaient pas à savoir. Le Présentateur leur dirait bien ce qu'il voudrait qu'ils croient après tout, il était grand lui aussi. En fait, même lui, il n'était pas tout à fait sûr de savoir, ni d'avoir compris ce que son cadreur avait rédigé à son attention. C'était flou, avec beaucoup de phrases inutiles, classiques d'une personne qui souhaitait en finir. Et ce qui sortait du lot lui semblait bien difficile à comprendre.

Pourquoi ?

- Je sais que tu intériorises beaucoup, mais tu sais, si tu veux parler, je suis là. Le Hippie aussi, même s'il dort pour le moment, la bagnole, c'est fatal avec lui-

- Ça ira, merci. Je ne suis pas une de ces personnalités qui se laisse abattre ni dont le monde s'écroule s'il n'a pas son créateur pour lui tenir la main.

- Non, en effet, Kriss se tut un instant, se contentant de fixer la route en cherchant quels mots choisir pour continuer le dialogue avec son interlocuteur. Ses relations avec lui étaient tellement compliquées, tellement conflictuelles depuis que l'homme aux sourcils hirsutes avait déserté le domicile familial, il fallait toujours avoir les bons avec lui. Qu'importe la situation : Mais si jamais tu as besoin, tu sais que je suis là. C'est pas facile à vivre, pour personne, et même si tu es solide, ce n'est pas une raison pour rester dans ton coin et te morfondre.

- Je peux me débrouiller seul, je t'ai déjà prouvé que j'en étais capable, et le Présentateur également. Alors laisse, on va s'en sortir comme on l'a toujours fait, ce n'est qu'une mauvaise passe.

- Si tu le dis…

Décidément, il n'était pas moins soupe au lait depuis qu'il avait quitté la maison, au contraire. Comme quoi certaines choses ne changeaient jamais vraiment.

Pourtant, Kriss trouvait que quelque chose avait légèrement changé chez le Prof de philo, son regard, cette façon qu'il avait de sans cesse lisser les plis de sa chemise pour tuer le temps en attendant qu'ils soient arrivés, ses gestes impatients et son mutisme était de loin ce qu'il y avait de plus spectaculaire chez lui. Le Prof de philo, se taire ? Et puis quoi encore, il était le premier à tout balancer à la figure de tout le monde, et avec une patience aussi limitée que la sienne, ça n'était pas dans ses habitudes d'être aussi silencieux et secret.

Et surtout, ça ne lui ressemblait pas d'autant s'en faire pour quelqu'un, même s'il ne le montrait pas de la bonne façon. A croire qu'il avait vraiment fini par adopter le Présentateur TV comme un ami, un frère et non juste comme un simple assistant ?

Non, Kriss en eut la certitude en voyant sa personnalité regarder une quinzième fois l'heure depuis qu'ils avaient démarré, puis retourner observer le paysage, visiblement agité, il y avait autre chose, ça se ressentait et se voyait. Et même s'il ne connaissait plus si bien le professeur à qui il avait pourtant donné la vie, il savait qu'il ne lui disait pas tout et que l'attachement qu'il avait pour le blond était peut être un peu plus important que ce qu'il voulait bien le laisser entendre. Mais allez donc le le lui faire dire… !

- Dis, je peux te dire un truc ?

- On a que ça a faire de toute façon, donc tant que ça ne nous amène pas à finir dans un putain d'arbre, vas-y, le Prof avait lâché le paysage des yeux pour fixer le beaujolais, attendant la suite. Kriss ne put s'empêcher de se faire la réflexion qu'il avait un regard juste intimidant : Deux grands yeux d'un marron presque noir, et une intensité de regard tellement forte…

Une putain de rage sourde, mélangée à une profonde désapprobation envers le monde qui l'entoure et l'envie de faire changer les choses même si cela devait passer par un art aussi subtile que les écrits d'hommes oubliés Voilà ce qui habitait naturellement l'enseignant de philosophie.

- Tu sais, tu manques à pas mal de monde à la maison, même s'ils n'osent pas te le dire le trois quart du temps. Donc, je me disais que si parfois tu veux passer à la maison, avec le Présentateur, il n'y a pas de souci, ça fera plaisir à tes frères en plus. C'est pas parce que tu ne vis plus avec nous que tu n'es plus de la famille.

- Je me suis habitué à la solitude et la maison me rappelle de trop mauvais souvenirs. Mais ton attention me touche.

- Prof, tu n'es pas seul, tu as-

- Hors sujet.

- Hn. Tu es têtu, tu le sais ça ?

- Le blondinet en costard me le répète souvent. On arrive bientôt ?

La voix soudainement douce du Prof déstabilisa quelque peu Kriss. Minute, il avait bien entendu là ?

- Oui, guère plus de deux kilomètres.

Le Prof parut se renfrogner et retint un chapelet d'injures, ce qui fit sourire le créateur de Minute Papillon. Décidément, il ne changerait vraiment jamais.

- En tout cas, tu as beau faire la sourde oreille, je vois très bien que tu tiens à lui. T'auras beau parler de lui comme si tu t'en fichais, il suffit de te voir pour comprendre qu'il te sert de protégé et que mine de rien, tu prends ce rôle très au sérieux. Alors, si jamais il venait à y avoir quoi que ce soit… Parce qu'on sait jamais malheureusement… La porte te sera ouverte. Je ne suis peut être pas le meilleur schizophrène qui soit et j'ai peut être pas toujours la possibilité de m'occuper de tout le monde, mais je reste un homme. Et je sais ce que ça fait, quand on touche à quelqu'un qui représente quasiment tout ce à quoi l'on tient le plus. Bref, on arrive.

Le Prof ne répondit pas, se contentant de hausser les épaules, ayant de nouveau reporté son attention sur la route, et notamment sur l'hôpital qu'il voyait se dessiner au loin. Il n'aimait pas cet endroit. Il était synonyme de mauvaises nouvelles. Il ne supportait pas de devoir y aller, que ce soit pour visiter quelqu'un ou pour sa propre santé.

Et surtout, il supportait encore moins le fait de savoir que le Présentateur s'y trouvait actuellement.

Il serra le poing et se remit à agiter sa jambe, désormais nerveux. Et il se surprit à espérer qu'il ne soit rien arrivé de grave à son collègue durant la route, une énième fois de plus.


Des bandages. Partout.

Chambre 254, deuxième étage. Pas un bruit, ni même un mouvement et pourtant il était là, à le regarder dormir.

Le Présentateur dormait depuis leur arrivée, et Kriss ainsi que le Hippie avait préféré aller tuer le temps en se promenant dans le parc de l'établissement et en buvant un café plutôt que de rester avec lui, dans ce silence de mort et cette chambre qui sentait le désinfectant et les médicaments. C'était tout à leur honneur après tout, mais le Prof de philo avait décliné leur offre, préférant rester au chevet de son acolyte, au cas où il se réveillerait. Et c'était ainsi qu'il attendait, assis sur sa chaise, en se sentant plus impuissant que jamais.

Il aurait du être là. Et l'en empêcher.

Cette pensée ne l'avait pas quitté depuis qu'il avait aperçu le blond, si pâle dans le lit blanc, l'air complètement vulnérable. Il s'en voulait, c'était plus fort que lui, même si les regrets et les remords, c'était pas son truc, il aurait donné n'importe quoi pour remonter le temps !

Tout pour le protéger, et l'empêcher de refaire une connerie aussi grande.

Il eut soudain l'impression d'avoir une énorme boule de coincée dans la gorge, l'empêchant de déglutir correctement. Il se sentait mal, coupable d'une certaine façon, il n'aurait pas du sortir vaquer à ses occupations habituelles, qui n'étaient jamais bien différentes d'une heure ou deux de ballade dans la campagne ou les sous-bois de la région pour se ressourcer, non, il aurait du rester là pour une fois, et se montrer plus attentif. Être à l'écoute de son cadet, au lieu de s'accaparer toute l'attention comme à son habitude avec sa grosse voix et ses réactions à chaud.

Ouais, en fait il aurait du agir en ami pour lui, tout simplement. Peut être n'en auraient-ils pas été là, qui sait.

Il eut soudainement envie de hurler et de tout fracasser sur son passage, tout anéantir pour oublier ce sentiment de culpabilité qui ne le quittait pas d'une semelle. Ça le rendait fou à lier cette histoire. Il n'était jamais triste, jamais mal pour quelqu'un, toujours en colère, alors pourquoi l'était autant aujourd'hui ? Était-ce parce que le Présentateur avait essayé de…

Bah quoi, ait des couilles pour la première fois de la journée et dis-le, bordel !

… Se suicider ?

Le Prof de philo se remis à lisser les plis sur sa chemise, méthodiquement. Ouais, voilà, appelons un chat un chat. Il avait voulu mourir, le laisser planté là comme un abruti de première, sans même un au revoir ou une explication.

Et surtout, sans un avertissement, ce qui mettait l'enseignant hors de lui. C'était donc que des conneries, ces séries télévisées dans lesquelles ils disaient que les personnes suicidaires se mettaient à laisser des messages et des marques d'affection à leurs proches avant de tirer leur révérence ? Non parce qu'il avait rien vu de tout ça.

Ou alors il était complètement aveugle, auquel cas il avait besoin de consulter un ophtalmologue de toute urgence. Mais aux dernières nouvelles ses yeux se portaient encore bien : Piste à écarter, donc.

Le Présentateur ne lui avait rien laissé, rien dit. A part la lettre.

La lettre, et des flaques de sang sur le parquet. Génial. D'ailleurs, en parlant d'elle.

Le Prof sortit la feuille de sa poche, soigneusement pliée comme s'il s'agissait d'une relique. Il n'y comprenait toujours rien, c'était terrible ça. Des diplômes, un master, des connaissances diverses et variées pour rien. Le néant. Il n'y comprenait goutte, hormis qu'il était désolé de l'abandonner.

Et savoir ça, ça faisait mal au Prof, même s'il ne pouvait le reconnaître. Si Kriss et le Hippie n'étaient pas passés à temps, inquiets de ne pas voir leur frère arriver…

Il serait mort, et depuis longtemps. Ça aussi, tu pourrais y penser un peu, te voile pas de nouveau la face. Tu leur dois une fière chandelle !

Mort. Le Présentateur.

Sa vue se brouilla à cette pensée et il soupira bruyamment en se levant pour faire les cent pas. Se calmer, et ne pas y penser. Il allait bien, la preuve, il l'avait sous les yeux ! Pas de quoi en chialer quand même !

Alors pourquoi se sentait-il aussi mal, aussi triste ? Aussi désarmé par cette pensée ?

Son regard se posa de nouveau sur le convalescent, sur ses bandages. Le poids dans sa poitrine fit son grand retour.

Les poignets, les avant-bras, le cou aussi… Il avait même lu sur le rapport des médecins que l'abdomen avait été endommagé par endroits, allant parfois à des plaies assez inquiétantes pour nécessiter des points de suture. Au cou aussi, car celles-ci avaient bien failli l'avoir…

Les marques seraient définitives par contre. Ça aussi, c'était stipulé sur les papiers.

«Je dois m'en aller, je n'arrive pas à être heureux en vivant dans l'optique que la situation ici présente n'évoluera jamais... »

Etait-il donc si malheureux que ça, en vérité ? Le détestait-il assez pour pouvoir envisager la mort plutôt que de devoir le supporter ?

Ce constat lui donna l'impression que le monde volait en éclats, jusqu'à se dérober sous ses pieds. Il le haïssait donc ? C'était ça, sa seule raison à tout ça ?

«J'aurais aimé que les choses soient différentes. Que toi tu ouvres les yeux, et que moi j'ose parler et dire ce qui me ronge tant. Pardonne-moi. Je sais, c'est une excuse de merde, mais pardon, j'ai du mal à trouver les bons mots.»

Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal au fond, l'amenant à rester planté là comme un yuka dans son pot en terre cuite : Savoir qu'il avait failli y passer, ou qu'il ne pouvait pas le blairer ?

A bien y penser, la deuxième option était pas mal dans son genre… Retenue.

Et lui, il avait pensé à ce qu'il pouvait ressentir pour lui ?

Parce que ouais, il était un emmerdeur de première, le Prof de philo le savait et le reconnaissait parfois, mais bon, de là à en arriver là, y avait de la marge… Non ? Et puis il l'aimait bien, le Présentateur TV . Même s'il le disait pas, même s'il donnait plus l'impression de le subir qu'autre chose d'habitude, mais dans le fond, il y tenait. En même temps, il n'avait que lui à l'école, quand le stagiaire rentrait chez lui.

Sa seule famille. Un blond en costard à qui il avait toujours demandé de fermer sa gueule et d'obéir sans rechigner durant les tournages.

Soudain c'était comme si on lui avait abattu son marteau sur le crâne, le laissant le souffle erratique alors qu'il perdait d'un coup le contrôle sur tout. Fini, le pseudo self contrôle, là il en avait sa claque. C'était trop pour lui, trop en une journée, putain et l'autre là, il avait pas le droit de lui faire ça !

Il allait le pourrir quand il allait se réveiller, ça il se le garantit. Il allait amèrement regretter de s'être raté pour le coup, le Présentateur, obligé. D'où il pouvait se permettre de l'abandonner comme ça avec l'émission sur les bras et l'école toute entière pour lui seul ! Non, mais, c'était n'importe quoi cette histoire !

Raaaah, arrête, t'énerve pas, il n'a rien fait de mal le cadreur, tu n'as pas à l'enguirlander, c'est déjà assez complique comme-

- C'est dingue que tu ne saches pas te tenir tranquille cinq minutes quand même.

Une voix plus douce, similaire à la sienne mais posée en même temps, quoi qu'un peu faible. Le cœur du Prof rata un battement.

Le Présentateur.

- Ecoute-moi bien sale enfoiré, t'as intérêt à savoir encore courir car je te jure que je vais te faire la peau, c'est clair ?

- Toujours aussi aimable à ce que je vois, ça rassure.

Le Prof de philo s'était rapproché à grandes enjambées du lit du Présentateur, l'attrapant par le col de sa blouse verte jusqu'à avoir son visage tout près du sien. Et en plus il se permettait des blagues et d'en rire ?

- Prof, lâche-moi.

- Non, pas tant que tu me diras pas pourquoi. Vas-y, accouche, je perds patience !

- Je t'ai déjà dit pourquoi dans une lettre, tu n'as qu'à la-

- Oui et tu me détestes, merci j'avais compris. Alors finies les simagrées, soit franc.

Les yeux du Présentateur s'agrandirent sensiblement, alors qu'il fixait son homologue, sans comprendre. Il était encore légèrement drogué par les médicaments, certes, mais là, il n'y comprenait plus rien. C'était quoi cette histoire ?

- J'ai jamais dit ça, Prof. Et jamais je ne pourrais dire une chose pareille, même si t'as un caractère de merde et que tu ne veux pas le reconnaître.

Un ange passa, prenant tout son temps avant que le Prof de philo ne finisse par doucement relâcher le Présentateur, abasourdi par la dernière phrase du blond devant lui. Pourtant, c'était écrit, sur son putain de bout de papier ! Il n'avait pas eu la berlue quand même…

Si, un peu?

La colère était repartie aussi vite qu'elle était venue, laissant place à un homme complètement paumé, bien loin de la force de caractère qu'on connaissait en temps normal. Tout échappait à son contrôle, absolument tout. Et là, même la philosophie ne saurait l'aider.

- Attends… T'es sérieux là ? Tu me détestes pas ?

- Tu n'as rien compris n'est-ce pas ?

Le silence de son interlocuteur voulut tout dire. Le Présentateur soupira avant de sourire, d'une manière presque tendre. L'exact opposé du Prof de philo, y avait pas à dire.

- Écoute, déjà arrête de crier, ça sera cool, tu me donnes mal à la tête. Le Présentateur se redressa comme il le pouvait, jusqu'à s'asseoir, grimaçant de douleur : Et ensuite, tu t'assois.

- Je crie pas, je-

- T'as la voix qui porte, mec. Assis-toi s'il te plaît.

- Non réponds-moi avant ! C'est vrai ce que tu dis ? Insista le brun, soudain incapable de penser à quoi que ce soit d'autre, ne lâchant pas le Présentateur des yeux.

- Bah oui, mais mainte- Hmpf !

Le Présentateur ne put continuer sa phrase, interrompu par le Professeur de philo qui le prit aussitôt dans ses bras, l'étreignant maladroitement, un peu trop fort aussi, comme s'il avait soudainement cru qu'il allait disparaître. Une étreinte entre deux hommes que tout opposait, deux frères. De plus n'importe qui issu du clan Langue de Pub aurait halluciné en voyant la scène tant elle semblait surréaliste, le Prof qui enlaçait quelqu'un, le serrait contre lui, c'était inenvisageable ! Impossible ! Il était incapable d'autre chose que de gueuler sur les gens, c'était bien connu !

Et pourtant. Et pourtant…

Deux bras vinrent entourer les épaules du Prof, tout aussi maladroitement, le trop plein de force en moins, essayant de lui rendre son câlin comme ils le pouvaient.

Ce fut comme si on donnait un coup de poing dans le ventre du professeur, laissant comme souvenir une étrange chaleur qui le prenait aux tripes. Il ne savait pas ce qu'il lui arrivait vraiment, ni même ce qui se passait. C'était pas prévu, il s'était attendu à tout sauf à ce que l'autre lui réponde. Déjà que lui même ne savait pas ce qu'il faisait… !

Un sanglot attira son attention, l'arrachant brusquement à ses réflexions. Le Présentateur pleurait à chaudes larmes contre son épaule, sans qu'il en sache le pourquoi du comment.

- Pardonne-moi, j'ai été tellement stupide… Si égoïste… Pardon…

- Hé, ça va c'est bon, t'as pas besoin de pleurer tu sais !

- Je peux pas m'en empêcher, je… Le Présentateur toussa entre deux sanglots, s'agrippant à la chemise blanche de l'autre, comme si elle pourrait l'aider. Le voir dans un état pareil fendait littéralement le coeur du Prof : Je n'ai pas réfléchi aux conséquences, j'étais si mal… Si triste… Putain, excuse-moi, je t'en supplie ! Je m'en veux si tu savais !

Le Présentateur semblait irraisonnable dans l'immédiat, prenant conscience de ses actes et de ce qui aurait pu arriver. Le Prof n'osa pas répondre, préférant se taire pour une fois et continuer de serrer son cadreur tout contre lui, l'enveloppant de sa force et de son imposante carrure, passant lentement une main le long de son dos. Il ne savait plus quoi penser, mis à part qu'il était étonnamment bien et soulagé d'entendre l'autre lui parler. Il ne voulait pas que ce moment cesse, le laisser, se séparer de la petite chose qui pleurait contre son épaule, cet humain qui avait réussi à le rendre fou d'inquiétude et qui comptait un peu trop pour lui, selon Kriss.

Rien à foutre de son avis. C'était comme ça.

- Allez, c'est rien… Calme-toi, je t'en veux pas regarde. Je suis là.

- Non, tu comprends pas, j'aurais pas du, je t'ai inquiété pour rien, tu dois me haïr pour ça et au final je suis pitoyable parce que même ce que j'ai entrepris, ça n'a pas marché !

- Heureusement d'ailleurs !

- Hein ?

Le Prof lâcha pendant quelques secondes son ami, pour le fixer avec un doux sourire sur les lèvres. Ça aussi c'était un exploit. Cette tendresse, ces attentions…

- Je t'aurais ramené à la vie pour mieux te défoncer derrière, crois-moi. Heureux d'enfin te retrouver !

- Moi aussi… Moi aussi… Je n'aurais jamais du te faire ça, ça t'aurait fait du mal-

- Rien à foutre de moi, et toi, comment vas-tu ?

- Ça tire…

Regard plein de sous -entendus, désolé, triste, fixant un point invisible au loin. Le Prof ne releva pas, revenant serrer contre lui l'autre homme pour son plus grand bonheur. Il se sentait toujours aussi bien, aussi complet, aussi rassuré de le savoir là, à l'abri du monde entier. Protégé, blotti contre sa personne.

C'était bizarre comme sensation, grisant d'ailleurs. Il n'arrivait pas à l'expliquer, c'était unique.

- L'important c'est que tu sois en vie, le Prof prit la parole, hésitant et soudain mal à l'aise. Que convenait-il de faire ? Son esprit lui jouait des tours, il devait délirer, forcément… Sa voix se fit plus basse, plus grave aussi : Je sais pas ce que j'aurais fait si je t'avais perdu… Ne me refais jamais ça putain, plus jamais !

Le Présentateur ne sut quoi faire de plus, se contentant de hocher la tête, pensif.

- Je te le promets… Et non je ne te déteste pas, si tu savais !

- Si je savais quoi ?

Le Présentateur se tut brusquement, amenant le Prof de philo à se reculer pour fixer l'adulte devant lui. S'il savait quoi, hein ? Qu'est-ce qu'il ne savait pas déjà au juste ?

Une idée commençait à germer dans l'esprit tordu de l'enseignant, malgré lui, les morceaux du puzzle se mettant doucement en place. La lettre, les mots à son attention, la photo, l'étreinte… Et si…

Il se surpris à laisser échapper un rire franc, incapable de s'en empêcher, s'attirant le regard inquiet de l'autre. Ah, si lui aussi il savait.

Deux âmes en peine, incomprises, ensemble. Réunies.

Le Présentateur sembla être pris d'un autre accès de panique, et il attrapa les mains du professeur sans réellement le penser, les serrant entre les siennes alors que les émotions remontaient en lui, affluant par dizaines dans son cœur.

Et le Prof ne bougea pas, les lui laissant, attendri par la situation même si elle était un peu étrange.

Il se sentait si serein maintenant, après tout le stress enduré dans la journée… Enfin un peu de calme et de réconfort… Ou plus ?

Non, rien de plus normal, c'était évident ! Juste un ami qu'il avait failli perdre et qu'il voulait garder captif de ses bras de peur qu'on le le lui enlève à nouveau. Il en était terrifié même !

- Donc ? Si je savais quoi, cher Présentateur ?

- Oh rien, t'en fais pas. En tout cas tu m'as manqué, et je promets que c'est fini tout ça…

- Toi aussi. Et ouais vaut mieux sinon tu auras affaire à moi, vu ? Ça me met hors de moi, les abandons des gens auxquels je tiens !

« Les gens auxquels je tiens ».

Le Présentateur faisait donc partie de ces gens là, chez le Prof ? Lui qui s'était cru si mal vu, mal aimé et non reconnu, il s'était lourdement trompé à l'évidence.

Et cette nouvelle plut au Présentateur TV. Bien assez pour le faire rougir en tout cas, et resserrer sa prise sur les grandes mains de son collègue, qui vint inconsciemment entrelacer ses doigts aux siens.

- Tu… Tu tiens à moi, c'est vrai ? Je pensais que tu n'aimais que la philo et ton émission…

- Je pensais que tu aimais tout sauf des trucs vraiment importants, tu me déçois !

- C'est faux. Je crois en quelque chose d'important, même si je le dis pas.

- Ah ?

Nouveau silence gêné, et l'air autour d'eux semblait différent d'un coup. Le Prof et le Présentateur ne savait plus qu'en penser, tout était trop loin de leur contrôle, trop intense, trop malhabile...

Et puis, il fallait qu'ils arrêtent d'agir comme des ados prépubères. Kriss et le Hippie n'allaient pas tarder à revenir… Certes c'était cool de retrouver quelqu'un qui avait failli mourir mais quand même…

- Ahem, bon je pense qu'on devrait se calmer, ça commence à devenir un peu trop niais et bizarre cette histoire. Pardon.

- Si Platon avait éludé un problème de la sorte, on l'aurait déjà lapidé. Accouche, les autres sont pas encore là et-

- Je crois que je t'aime.

Et le temps sembla soudainement s'arrêter. Non, il avait mal entendu, encore une fois. Le trop plein d'émotions, comme d'habitude…

Ouais c'était ça, il avait mal entendu. Obligé.

Mais dans le fond… Si c'était vrai, n'en était-il pas plus heureux, lui aussi ?

La boule de chaleur dans son ventre était revenue, plus forte que précédemment. Curieux.

Puis soudain les choses devinrent claires dans son esprit, et son cœur s'emballa agréablement à son tour, contre son gré : Le Présentateur l'aimait. Genre, comme un homme aimait une femme, sauf que là ils étaient deux hommes.

Et bien sûr, il avait fallu que ça tombe sur lui, le Prof de philo, le mec le plus insupportable du monde ! Et il lui disait ça, naturellement, tout en finesse. Le fou…

Ouais c'était fou. Timbré même. Mais il fallait un putain de culot pour oser lui lancer ça sans ciller.

Ou être amoureux, au choix…

- Si jamais je te dégoûte, je peux faire mes valises sitôt rentré à la maison… Je comprendrais ton refus de me garder sous le même toit, et je t'en voudrais pas. On s'arrangera pour l'émi-

- Ça fait longtemps ?

- Environ six mois je dirai mais là n'est pas la question, je te disais que-

- La ferme, tu parles trop pour quelqu'un qui a frôlé la mort.

- Oui mais-

- J'ai dit quoi ? Tu te tais et tu m'écoutes, je t'ai pas dit ça quand on a décidé de monter les Hors Sujet ensemble ?

- Euh, si mais je vois pas le-

- Bah voilà c'est pareil. Le Prof de philo ne lâchait pas des yeux le Présentateur, sans réellement saisir ce qu'il était en train de dire. C'était fou. Juste inenvisageable : C'était un truc improbable, et pourtant t'as eu l'audace de me suivre alors que tu m'avais jamais adressé la parole. Et bien… A moi de faire preuve d'audace. Je sais pas, je sais juste qu'avec tes conneries, j'ai failli mettre à sac l'école et nous condamner à vivre dans la rue, c'est moyen. Mais ça veut peut être dire que tu comptes plus à mes yeux que le trois quart des énergumènes qu'on a dans la famille. Alors pourquoi pas…

- Pourquoi pas quoi ?

- Pourquoi pas essayer. Je veux plus prendre le risque de te perdre, et puis mince, c'est dur de trouver un bon cadreur en ce moment ! J'ai vraiment eu peur pour toi, et ça me fait réaliser pas mal de choses je crois. Enfin, je sais pas, c'est encore un peu le bordel là dedans, mais-

- Tu serais près à faire ça… Pour moi ?

- Ça peut s'envisager, si tu en as envie et que tu me laisses un peu le temps d'y réfléchir.

Le Présentateur ne lui répondit pas, trop surpris pour dire quoi que ce soit. Il avait dit ça au culot, parce qu'il avait ressenti le besoin de le dire après avoir failli se taire à tout jamais, mais il n'aurait jamais pensé que le Prof réagisse de la sorte ! Au pire il aurait pété un plomb le connaissant, mais pas ça !

Lui. Le Prof de philo… Le Prof de philo. Lui.

Il allait se mettre à pleurer, ce n'était pas possible… C'était réalisable… Ce qu'il avait tant imaginé…

Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, l'enseignant l'avait de nouveau repris dans ses bras, après s'être assis au bord du lit cette fois, l'enlaçant avec une étonnante tendresse qui pouvait tout dire en cet instant. Il était aux anges, et sentir son cœur battre contre le sien était un sentiment si enivrant…

Il n'osait presque plus respirer, de peur que ce ne soit qu'un rêve. Et si c'en était un, que deviendrait-il ?

- Merci, Prof… Merci.

- De rien, je promets rien, je suis pas forcément très doué pour les relations humaines, mais je crois que tu le sais depuis le temps. Faudra pas s'attendre à des miracles du coup, désolé d'avance.

- T'en fais pas je serai là pour te donner des cours en relations humaines.

Le Présentateur avait sorti ça avec une spontanéité telle qu'ils éclatèrent de rire, ensemble, le rire plutôt discret du blond contre celui à s'en casser la voix du Professeur. Enfin un vrai rire en ce jour. Un peu de bonheur dans cette longue journée de peur et de larmes.

Et ils étaient bien, si bien…

Une série de coups contre la porte les ramena à la réalité, et ils se regardèrent, un peu affolés : Kriss. Ils l'avaient complètement oublié ! Comment allait-il réagir ? Le prendrait-il bien ? Ou au contraire…

Le regard que le Prof lança à celui qu'il pourrait désormais appeler son compagnon fut la réponse à tout, se voulant rassurant : Le temps propice viendrait. Pour l'heure, qu'ils se laissent le temps de s'y retrouver, et de se découvrir, dans cette foule de sentiments nouveaux qui les assaillaient. Ce serait leur petit secret, en attendant.

Une idée qui fit sourire le Présentateur, comme jamais. Et alors qu'il osait s'approcher du Prof pour poser ses lèvres sur les siennes en un premier baiser, il se fit la réflexion que parfois, le destin avait du bon. Comme quoi il avait du manquer de tout perdre pour enfin obtenir, par hasard, ce qu'il avait le plus rêvé de vivre.

Et cette pensée, ainsi que le baiser qu'ils échangèrent, avaient le goût du Paradis et du bonheur, du sucre et de l'accomplissement de quelque chose d'important. Les meilleures choses qui puissent exister, en bref.


Huu, j'ai cru que je finirai jamais. x_x

Bon ben si OOC y a, qu'on me jette des pierres j'insiste et j'y tiens ! Je ne maîtrise pas du tout ces personnages, alors c'était un peu la prise de risque de la semaine. XD

M'enfin, j'espère que vous avez aimé quand même un peu, hein… é/è

Bref n'hésitez pas à tout me dire via les reviews, elles sont là pour ça et me sont précieuses pour m'améliorer !

Sur-ce votre dévouée Lavi' vous abandonne, le repos, ça a été mérité je crois ! *^* Rendez vous très bientôt pour la suite de mes fanfics ! Clémentines, coco et petits rubans, je vous aime, vous êtes tous géniaux !

Tendrement, Lavi'.